Comment dire non lorsque, d'un geste nonchalant, un blond charmant quoiqu'inconnu vous offre, en plein milieu d'un après-midi ensoleillé, un petit tract vous invitant à une fête? Impossible. Cecil accepta donc avec un grand sourire le trac sur lequel il espérait que monsieur Blondinet avait écrit son numéro à son attention. Qu'il l'ait fait ou pas lui importait en réalité peu puisque grâce aux précieuses informations contenues sur le petit rectangle de papier, il saurait quoiqu'il advienne où se rendre pour espérer apercevoir l'objet de ses convoitises de l'après-midi. Il prit le prospectus de la main du garçon avec un immense sourire aux lèvres –un sourire d'affamé déguisé derrière la politesse charmeuse. Cecil poursuivit son chemin en mettant le tract dans sa poche, sans y prêter plus d'attention, et alla s'asseoir dans l'herbe en compagnie de ses autres amis de la CLYKE pour profiter du soleil et du reste de l'après-midi de repos qui s'annonçait à eux. Au bout de quelques minutes cependant il sortit le papier de sa poche et sans se rappeler de quoi il s'agissait, il le jeta à la poubelle... Il fallut plusieurs minutes à Cecil pour se rappeler que de ce papier dépendait sans doute une partie de sa soirée... Aussi, il décida donc de partir à la recherche de nouveaux tracts, ce qui n'eut rien d'une tâche difficile puisqu'en ces temps de distribution intensive de prospectus, bon nombre d'étudiants laissaient trainer par terre ce qui les encombrait et ne les intéressaient pas outre-mesure; qui plus est, les poubelles elles-mêmes dégorgeaient des dizaines et des dizaines de prospectus et le jeune homme n'eut qu'à tendre la main pour se saisir de l'un d'entre eux. Il ne l'avait pas remarqué lorsque il l'avais pris des mains du blondinet mais l'artwork du flyer était particulièrement mauvais et beaucoup trop simple. Les couleurs juraient d'une horrible manière entre elle et les polices choisies ne correspondaient pas du tout à l'image qu'aurait dû vouloir la boite qui accueillait l'évènement... Cecil hésita pendant plusieurs minutes à se rendre au Bionart, pensant que des organisateurs ayant aussi mauvais goûts ne devaient pas mériter que le jeune Oméga se déplace pour eux, mais il se rappela par la suite que la soirée CLYKE hebdomadaire avait été avancée de deux heures, ce qui lui laissait donc le temps d'aller jeter un œil au Bionart par la suite afin de chercher son St Graal blond.
Cecil me préparait depuis plusieurs minutes déjà, le cœur battant comme celui d'une midinette se préparant à aller voir un concert des Fall Out Boy. Il sentait les minutes le séparant de son eldorado fondre comme neige au soleil. Plus que quelques heures avant que Cecil ne se rende au Bionart –accompagné de Kayleigh qui avait bien besoin de sortir tant l'attitude de Leath et Yohann commençait à les écœurer tous les deux. Ils avaient vraiment envie de s'éloigner de la maison de Omégas, aller prendre en l'air en ville.
Les voilà en ville; elle était vêtue d'une robe trop courte pour elle parce que Kayleigh, même si elle était sublime n'a jamais eu la classe de Leath; quant à lui Cecil portait un jean slim taille basse, une petite chemise bleu pâle, une cravate dorée et des souliers vernis. Il était parfait. Kayleigh et lui entrèrent dans la boite de nuit sans problèmes et ils allèrent directement vers le bar. Il ne fallut à Cecil que quelques secondes pour repérer l'objet de ses convoitises qui était serveur au bar mais très vite il se rendit compte qu'il n'était pas fait pour lui et il laissa donc Kayleigh prendre le relais.
Elle l'avait laissé seul depuis quelques minutes déjà quand Cecil repéra la jeune femme de l'autre côté du bar. Kayleigh était partie avec son barman qui était donc le sien, le laissant moitié ivre et depuis le temps il était complètement bourré... Il ne voyait plus très droit et de petites lumières scintillaient devant ses yeux qui ne distinguaient plus grand chose dans la boite. Aussi quand il aperçut cette brune qui le fixait, Cecil se dit qu'un peu de compagnie ne lui ferait pas de mal et il se leva avec difficulté et se dirigea vers elle en titubant. Lorsqu'il l'eut atteinte, il s'appuya contre le bar avec soulagement et l'aborda:

« Hey! Euh... Je... Comment te dire... Je viens pas te draguer hein, je suis... »

Cecil se retint à grand peine de vomir en détournant la tête puis lorsque ce fut passé, il se tourna à nouveau vers elle, l'air hagard. Elle semblait un peu surprise de le voir là, étonnée de ce qu'un idiot ivre vienne lui parler...

« Je suis ivre, poursuivit-il. Et homo. Je viens juste pour chercher un bouche-trou –ne le prends pas mal!– parce que ma pote m'a abandonné pour aller flirter chez le barman, tout ça tout ça... »