Matt revenait tout juste du collège du coin, accompagné de sa filleule. Charlize lui avait confié la très importante mission de garder la petite fille toute la soirée, cette dernière ayant des choses à faire. Matt ne lui avait pas demandé de précisions, mais le brun n'avait pas pu contenir un sourire en coin, imaginant comment sa confidente allait occuper sa soirée. L'attendant au tournant, la Sigma lui avait bien précisé que ce n'était pas ce qu'il pensait, comme d'habitude. Il devait avoir l'esprit un peu trop déplacé. D'ailleurs, Charlize lui avait fait toutes les recommandations nécessaires : pas de cigarettes, ni de drogues, ni d'alcool et surtout pas de filles, ni d'hommes d'ailleurs. Bref tout ce qui ne convenait pas à la petite Lounna er qui était mauvais pour son équilibre. Bon, Matthew n'était pas un exemple de pureté, c'était prouvé depuis quelques temps déjà, mais loin de lui l'idée de pervertir sa chère petite filleule. Le canadien était persuadé qu'elle plaisantait en se comportant comme une mère avec lui. Si elle ne lui faisait pas confiance, Charlize ne lui aurait jamais confié son enfant bien aimé, ergo, il n'y avait pas de soucis à se faire. Dans sa tête et dans son coeur, le jeune homme espèrait ne pas rencontrer de connaissances, de grands amis ou pie, son petit copain. Ca allait être plutôt chaud sinon, dans les deux sens du termes. Mais à quoi il pensait là ? Zut alors. Rien que de penser à son cher et tendre lui infligeait de mauvaises images dans l'esprit, dans le sens perverses bien sûr. Ce n'était sûrement pas le moment en tout cas.
Le brun jeta un petit regard vers Lounna qui le suivait. Il y avait eu un petit silence pendant sa petite réflexion et ça ne plaisait guère au canadien. Il était avec la fille de sa confidente, et ce n'était sûrementpas pour rester silencieux comme une tombe, au contraire. Que lui dire ? Comment elle allait déjà, ce serait une bonne idée. Et ensuite ? Comment s'est passé l'école ? la petite demoiselle venait d'en sortir et ce n'était pas une bonne idée d'en reparler. Mais pourquoi se prendre ainsi la tête ? Il n'avait qu'à être naturel, comme il l'avait toujours été. D'un geste affectueux, le brun lui ébouriffa les cheveux et dit en souriant :

-" Alors tout s'est bien passé aujourd'hui ? T'as rencontré l'amour de ta vie ? "

Matt accompagna cette phrase d'un petit rire. 11 ans, c'était l'âge où on commençait à s'intéresser au sexe opposé, le canadien le savait très bien, pour en avoir fait l'expérience, comme tout le monde. D'ailleurs, sa première amoureuse, c'était à sa onzième année qu'il l'avait connue. Ce n'était qu'un amour d'enfance bien sûr, mais au moins, ça avait le mérite d'être trente fois moins compliqué que ceux que l'on connait vers 20 ans ... Car quand on est enfant, on est loin de toutes les histoires de tromperies en tout genre et ce n'est pas le grand et véritable amour, sauf dans de rares cas. Les petites lettres remplies de coeurs et arrosées avec du parfum, les fleurs cueillies pour les offrir à la petite princesse qui sera son amour du mois, ça le brun s'en souvenait comme si c'était hier. Que de bons souvenirs d'ailleurs, à l'époque de l'innoncence. Ces pensées lui arrachèrent un sourire paisible, pendant qu'il marchait d'un pas ni trop lent ni trop rapide, les mains enfoncées dans les poches de son pantalon. Puis, un marchand de glaces attira son regard. Il lui en avait promit une en sortant de l'établissement. Et une promesse est une promesse. L'adolescent montra l'échope d'un petit mouvement de la tête et lui lança avec un nouveau sourire :

-" Alors demoiselle, que voulez vous aujourd'hui ? Lui demanda t-il en prenant un faux ton aristocratique. Tu peux prendre autant de boules que tu veux ! "

Lounna avait bien de la chance, d'avoir un parrain pas radin pour un sou -ça tombe sous le sens-. D'ailleurs, lui même adorait les glaces et comptait bien s'en prendre une également ! D'un geste précis, le canadien tira son portefeuille en cuir de sa poche et regarda l'argent qu'il avait emporté. Plus de 20 dollars, c'était parfait. Bien plus que parfait d'ailleurs, c'était beaucoup trop. Bha au moins, le jeune homme pourrait lui payer un jus de fruit à côté. Matty remit son portefeuille dans sa poche de derrière et se dirigea avec la jeune fille vers le stand.

15h30, rues de San Fransisco

Matthew marchait tranquillement dans les différentes avenues, grandes et petites y passaient. Il n'était pas pressé. Le jeune homme était en avance même. Très en avance. Mais cela ne le dérangeait pas le moins du monde. C'était fait exprès. Non, ce n'était pas pour mater les jolies grandes sœurs qui venaient chercher leurs cadets, juste pour le plaisir de marcher doucement, sans accélérer, juste sentir le vent sur son visage ... Ça pouvait paraître cucul, mais ce genre de moment était très appréciables. Surtout par Matthew, qui était souvent aussi excité qu'une puce. Et aujourd'hui, Matt n'avait aucune raison de s'énerver. C'était la journée parfaite pour rester zen et cool face à n'importe quelle situation. Sauf en cas d'enlèvement de la petite bien sûr, mais il ne fallait pas penser à ce genre de choses horribles ! La soirée allait se dérouler tranquillement et exactement comme elle devait se passer. Sans aucun trucs spaces à côté. Juste un soir comme un autre avec sa petite filleule chérie. Donc le soir ne sera pas « comme un autre », mais dans le sens où la soirée allait couler comme un cours d'eau limpide, sans tempêtes ni orages. C'est ce que le brun espérait tout du moins. Malgré tout, avant d'arriver, Matty dégaina son paquet de cigarettes et en mit une dans sa bouche, l'allumant mécaniquement. Il est vrai que le jeune homme y était accro. Et d'après les recommandations de la belle Charlize, aucun pétard ne sera toléré pendant cette soirée. De toute façon, ce n'était pas dans les intentions de Matt de faire découvrir les joies du Sex, drugs & alcohol à Lounna. Même si ça aurait dû être le cas avec son statut d'homme assez irresponsable. Seulement, la vie lui a apprit qu'il ne fallait pas faire du mal aux gens proches, et Lou' était une personne proche, donc hors de question qu'elle ne gâche sa vie comme lui le faisait. Ce serait bien trop dommage. D'ailleurs, la manière classe dont l'adolescent fumait attira le regard de quelques jeunes filles. En profitant, il ralentit l'allure, en rendant ses gestes un peu plus sensuels. Mais ce n'était qu'une simple forme d'amusement, car Matty mettait toute son âme à rester fidèle, bien que ce ne soit pas toujours facile de résister aux magnifiques poitrines ... heu ! Filles qui peuplaient Berkeley et SF tout entier. Mais là n'était pas la question, l'école approchait. La moitié de sa cigarette était fumée, c'est donc à contre cœur qu'il l'écrasa de son pied sur le sol. Les mains dans les poches, il s'appuya contre le mur à côté du collège et patienta.
La sonnerie finit par retentir. Et après quelques secondes, le brun aperçu sa petite filleule sortir. Un grand sourire éclaira son visage. Elle était très mignonne, comme d'habitude. Cela n'étonnait pas Matt que Charlize ait recueilli un bout de chou pareil. Il la prit gentiment dans ses bras et lui fit signe de venir avec lui vers le parc, qui se trouvait à quelques pâtés de maisons.

16h10, au parc

Matthew, bien que plongé dans sa réflexion, arborait son sourire de toujours, les mains fourrées au fond des poches de son jean. Puis l'idée lui vint de faire à la petite comme son amant lui faisait. Non, non, ne pensez pas à des trucs pervers ! C'était juste un ébouriffement de cheveux des plus sympathique. Même si il était un homme, Matt était une vraie maman poule quand il s'y mettait, multipliant les marques d'affection diverses. Pourtant, lui n'était pas prêt à avoir ses propres enfants, pour on ne sait quelle raison. Peut-être parce qu'il n'est pas en mesure d'en avoir, ou alors parce qu'il ne possède pas encore le sérieux et l'engagement nécessaire pour ce genre de choses. Matty tenait à sa jeunesse ! C'était un bel effort de solidarité qu'avait fait Charlize et le brun approuvait totalement sa décision, bien qu'il avait un peu peur qu'elle ne puisse pas tout le temps être là pour Lounna, à cause de ses cours et de sa vie extérieure. Heureusement qu'elle avait des amis -et pas seulement Matthew- sur qui compter pour l'aider dans sa tâche. Son regard se reporta sur l'intéressée et se mit alors à rire.
-'' Bha, cherche pas, c'est toujours comme c'est les maîtresses ! Double sens dans cette phrase. C'était dans ses habitudes de sortir ce type de blagues scabreuses.Bha, tu as le temps, va ! L'amour et tout les problèmes qui vont avec, t'as encore quelques années avant de t'en préoccuper, profites-en !

Matt n'était pas surprit que les garçons ne s'intéressent pas encore aux filles. Mais ça devait venir plus tard, et quand ça arrivera, certaines regretteront l'époque où ils se tenaient encore tranquilles ! Le canadien connaissait bien les poussées d'hormones à un âge légèrement plus avancé que celui de Lounna que pouvaient connaître les garçons, ayant lui même passé par cette phase de recherche de soi, de l'amour, tout ça. Mais cela se faisait naturellement au moins, ne forçons pas la nature. En repensant à tout ce qu'il avait pu faire subir aux filles étant ado le fit sourire. Entre soulever leurs jupes, retirer leur soutien gorge à leur insu et faire semblant d'être poussé à la cantine pour les toucher comme il pouvait, Matthew était un bon exemple de l'homme en pleine croissance à la découverte sur sexe féminin. Il a gardé d'ailleurs quelques « séquelles » de cette adolescence mouvementée mais ça, c'est une autre histoire.

Voyant l'engouement de sa filleule pour les glaces, Matthew la suivit tout sourire vers le marchand qui devait être adulé par les enfants du coin, surtout avec la chaleur qui régnait. On était loin de la canicule, mais la température devait déjà taper dans les 24° à l'ombre ! Matt sortit quelques billets de son portefeuille en lançant un sourire tendre à Lounna, lui faisant signe qu'il acceptait avec plaisir de lui payer une glace.

-'' Alors donc, une glace deux boules chocolat fraise pour la demoiselle et une deux boules à la vanille pour moi s'il vous plaît ! '' récapitula t-il en tendant la somme d'argent nécessaire.

L'homme s'empressa de préparer la douceur aux deux gourmands et leur tendit après à peine une minute de préparation. Matthew attrapa les cornets avec les serviettes qui allaient avec et tendit la sienne à Lounna. Puis ils se dirigèrent vers un banc où Matt s'affala. De sa main libre, il sortit ses lunettes de soleil noires et les mit, puis commença à manger sa glace après un « bon appétit ! » enthousiaste.

Matt marchait tranquillement, rajustant son borsalino noir sur sa tête pour mieux se protéger du soleil qui était bien haut malgré l'heure. Il pensait à tout et à rien. A toutes ces petites choses sans importance de la vie quotidienne, sa liste de courses, ses corvées pour la semaine, etc. C'était là le problème quand on vivait seul, on devait tout faire soi-même, ce qui décuplait les trucs à faire pour vivre correctement. Il avait d'ailleurs prit sa soirée auprès de son boss pour pouvoir garder la petite Lounna, étant plongeur de nuit dans un bar. Quand bien même ses parents lui envoyaient quotidiennement de l'argent, Matthew ne voulait pas vivre à leurs crochets toute sa vie et il fallait bien qu'il travaille un peu, car ses géniteurs lui donnaient juste ce qu'il fallait pour pouvoir manger, ces derniers payant tout de même l'université à côté. Matt était tout de même conscient de la chance qu'il avait d'avoir de tels parents, qui n'ont fait que penser toute leur vie au bonheur de leurs enfants, si leurs enfants étaient heureux, cela faisait leur joie. Et rien que regarder sa filleule lui faisait comprendre cela. Lou avait subit beaucoup d'épreuves dans son enfance et Matthew avait eut la vie d'un petit bourgeois en attendant. Cela lui serra la coeur. Mais désormais, tout le monde était bien dans le meilleur des mondes, Lou avait trouvé une nouvelle famille, Matty un grand amour, enfin, c'était la belle vie même si un tout petit rien pouvait tout briser. La meilleure chose à faire était d'en profiter tant que tout allait bien. Oui, Matt avait le don de tout le temps penser au pire, mais la vie lui avait apprit à ne pas se voiler la face sur certains points. Quand on était encore gamin, on est insouciant et on peut tomber de haut. C'est arriver énormément de fois au brun, pourtant, il accorde encore facilement sa confiance aux autres, car il ne pourra jamais se dire que tout le monde est foncièrement mauvais. Penser qu'on ne peut faire confiance à personne ne fera jamais parti de lui, c'est quelque chose d'impossible pour quelqu'un qui déteste autant la solitude. Bien qu'il soit clair qu'une fois au sommet, le bonheur pourrait être trop chaud et faire brûler ses ailes de cire si chétives.

Puis il revint enfin à la réalité en parlant de ses amours si éphémères à Lounna, qui l'écoutait avec la plus grande attention. Lui n'y accordait plus tellement d'intérêt -à ses vieux amours- pour être honnête. On peut même dire qu'il s'en fichait, ayant déjà briser le coeur de beaucoup de filles bien trop naïves. Matthew savait qu'il avait été un enfoiré sur ces sujets mais après tout, c'était leurs fautes, elles n'avaient pas à se faire des plans sur leur comète après tout. Enfin ça, c'était sa raison pour ne pas culpabiliser. Il avait déjà passé ce cap depuis longtemps déjà. Ils arrivèrent ensuite devant l'échoppe du marchand de glace, ce qui n'était pas sans rappeler au canadien sa tendre enfance. Lui même adorait aller chez le marchand du coin, pour s'acheter une bonne grosse glace. Il les commanda rapidement et tendit soigneusement sa glace à sa petite filleule. Il lui fit un grand sourire, signifiant « de rien ! », heureux que ça lui fasse plaisir. Lui même reproduisait sur Lounna le schéma de ses parents sur lui. Le fait de l'avoir comme filleule le rendait un peu plus responsable, ce qui n'était que bénéfique pour l'Omega, bien qu'il reste assez libertin en dehors. Ils allèrent s'asseoir sur le premier banc venu et commencèrent à manger. Et Lounna lui posa une question à laquelle il ne s'attendait pas.

Il prit un moment pour réfléchir, pour ne pas lui répondre de bêtises. Après ce temps de réflexion, la réponse tomba, très claire.

-'' Bha je veux pas te mentir, j'étais assez ... hargneux étant gosse. Quand je suis arrivé en Amérique, tout les autres se moquaient de mon accent et j'étais pas du genre à me laisser faire alors, j'étais bien souvent impliqué dans des bagarres et autres petites guéguerres. A part ça, j'étais pas souvent à l'école, mon frère m'emmenait souvent dans des endroits « interdits » avec ses potes. Donc bon. En plus, j'étais le pire ennemi des profs, moins bosseur que moi, tu faisais pas ! Il se mit à rire. En fait, je cherchais les ennuis parce que je voulais qu'on me voit, qu'on me remarque. Mais à partir du collège, j'ai vu que j'étais plus ridicule qu'autre chose et j'ai décidé de devenir plus gentil et c'est à cette période que je me suis fait beaucoup plus d'amis, même si les cours me saoulaient à mort, je tentais tout de même d'être plus présent, juste pour voir mes amis. ''

Matthew avait bien sûr fait l'impasse sur toutes ses conquêtes, les drogues qu'il a pu s'injecter et tout l'alcool qu'il a ingéré avec son grand frère et ses potes. Ce type était son modèle et l'est toujours. Malgré tout ce qu'il lui a fait faire de dégradant et humiliant. Car malgré tout, il reste son grand frère adoré, qu'il a toujours respecté, et c'était pas maintenant que ça allait changer