« He was the kind of young man whose handsome face has brought him plenty of success in the past and is now ever-ready for a new encounter, a fresh-experience, always eager to set off into the unknown territory of a little adventure, never taken by surprise because he has worked out everything in advance and is waiting to see what happens, a man who will never overlook any erotic opportunity, whose first glance probes every woman's sensuality, and explores it, without discriminating between his friend's wife and the parlour-maid who opens the door to him. »

Les gens se contentent des apparences. Ils jugent sans savoir, sans connaître, sans même essayer de comprendre. Les stéréotypes deviennent la vérité de ceux qui ne sont pas fichus de penser par eux-mêmes. C’est ridicule quand on y réfléchit bien. Mais à vrai dire, ça m’est égal. Ça m’est égal d’être mal jugé, d’être regardé de travers. Les associés de mon père ne me connaissent pas, pourtant ils font tout ce qu’ils peuvent pour hériter de la direction à ma place. Sous prétexte que je disparais trois jours par semaine, que je drague à longueur de journée. Mais je serai à la hauteur. Je serai à la hauteur, et eux, ils iront cracher dans le dos de quelqu’un d’autre. Je les virerai les uns après les autres. Et je sens que ça va drôle de les voir s’inquiéter de plus en plus au fur et à mesure que l’étau se resserrera. En attendant, je fais mine de ne pas les entendre. La seule chose à laquelle je pense, c’est à ce soir. Il faut que je parte d’ici. Que je prenne un peu l’air. Allongé sur le canapé de mon bureau, je finis par sortir mon téléphone et composer ce numéro que je connais par coeur. « Paul, prépare le jet pour la Nouvelle Orléans. » « Très bien monsieur. » Paul est un chauffeur que mon père a mis à ma disposition. Il fait ce que je dis, au moment même où je le dis. « Cassandre ! » Toujours allongé, j’hausse la voix pour me faire entendre par mon assistante. « Cassandre ! » Elle déboule finalement dans mon bureau. « J’ai bien cru que j’allais devoir vous appeler une troisième fois. » Je finis par me relever. « Annulez tous mes rendez-vous de la semaine. Je m’envole pour la Nouvelle Orléans dans quelques minutes. » J’enfile ma veste tout en jetant un dernier coup d’oeil à mon bureau. « Oh, et faites le tri dans mes dossiers. Ça vous occupera le temps de mon absence. » Je lui offre un sourire innocent, et quitte les lieux en moins de temps qu’il n’en faut. Bien sûr, Paul a prévenu un hélicoptère pour m’emmener à l’aéroport. Peut-être que si ma mère avait été là, elle m’aurait appris à ne pas profiter de tout ça. Peut-être qu’elle m’aurait appris à garder les pieds sur terre. Parce que sans elle et d’où je suis, j’ai l’impression que le monde est à mes pieds. Et qu’il m’appartient. New York n’est plus une ville si impressionnante vue du ciel. On se sent rapidement supérieur à tout ça. Aux buildings, et aux hommes qui disparaissent au fur et à mesure que l’appareil prend de la hauteur. On se sent surpuissant, inébranlable. Hors d’atteinte et hors du temps. Puis l’hélicoptère atterrit. Les choses reprennent leur place, leur taille, leur importance. Pourtant, tout est toujours sous mon contrôle. « Bonjour monsieur. » « Bonjour Paul. » Pas un mot de plus, nous nous envolons presque immédiatement pour la Nouvelle Orléans. J’aurais pu choisir n’importe quelle ville, n’importe quel pays, n’importe quel continuent. Le monde est à ma portée. Le monde est à ma portée maman. J’aurais aimé que tu sois là. On aurait visité l’ancienne Égypte, puis l’Europe entière. Et surtout, surtout j’aurais tout fait pour te sauver. Je ne sais pas si Leïla aurait apprécié tout ça. Elle ne supportait pas mon père et sa prétention. Elle disait qu’il n’était plus vraiment humain à cause de tout ça. Je préfère ne pas imaginer ce qu’elle dirait de moi si elle était là. Alors j’essaie de l’oublier dans les bras d’autres filles. Et parfois, je me contente d’essayer de séduire celles qui n’ont pas encore cédé. Comme Cassandre. Ou Teddy. Teddy, ancienne amie de ma soeur. Teddy, devenue si jolie. Je n’avais aucune idée d’où aller en choisissant la Nouvelle Orléans. J’ai d’abord pensé à Cece. Inévitablement. Mais j’ai finalement opté pour Teddy. Ce qui ne m’empêchera pas de dormir dans les draps de la jolie Wildworth un peu plus tard si l’envie m’en prend. Armé d’une bouteille de champagne hors de prix (le champagne étant l’un de mes points faibles), je sonne finalement à la porte de l’heureuse élue. Porte qui s’ouvre en à peine quelques secondes. Mon visage affiche alors son plus beau sourire séducteur. « Bonsoir Teddy. J’avais envie de te voir. J’espère que ce n’est pas un problème ? » Je fais mine de jeter un coup d’oeil à l’intérieur de chez elle. « Aucun petit-ami dans les parages j’espère ? »

Je suis là, sur le pas de la porte de Teddy, alors qu’elle semble hésiter à me faire entrer. Mes yeux se plissent, par curiosité, tandis qu’elle jette un regard à l’intérieur de son appartement. De toute évidence, je tombe au mauvais moment. Mais ce n’est pas un soucis. Je veux dire, depuis quand je me soucie de déranger ou non les filles chez lesquelles je débarque sans prévenir ? Je continue donc de sourire, l’air de rien. « A vrai dire si. J’étais en plein rendez-vous romantique avec Jon Snow et tu gâches un peu tout. » C’est donc ça. Game of Thrones. Je lâche un léger rire. Je n’imaginais pas Teddy accroc à ce genre de séries, même si « GoT », comme il est coutume de l’appeler, a conquis le coeur d’énormément de personnes. Pas le mien par contre. Premièrement parce que je n’ai pas vraiment le temps de suivre des séries, mais également parce qu’elle ne m’a jamais emballé. C’est un détail dont j’éviterai de parler à Teddy, je vois déjà le discours de la mordue arriver autrement. « Jon Snow ? Je pensais que tu avais meilleur goût. » Je ne me souviens que vaguement de la tête de l’acteur. Brun, barbu, des yeux de chiens battus (c’est ce qui m’avait marqué). Mais j’essaie seulement de la taquiner. Après plusieurs secondes d’hésitation, Teddy finit par m’inviter à entrer. Je ne me fais pas prier, et entre donc, avant qu’elle ne change d’avis et me laisse dehors. C’est la première fois que je me rends chez elle. D’habitude, on se voit plutôt à l’extérieur. Dans des cafés ou bien dans des parcs. Elle pourrait donc trouver cela culotté, que je me pointe ici sans prévenir. Mais je dois avouer que c’est un peu l’effet escompté. « Qu’est ce que tu fais à la Nouvelle-Orléans, tu as quelque chose à fêter ? » Elle désigne ma bouteille, que je regarde à mon tour. Je secoue alors la tête, avant de répondre. « Pas vraiment non. » J’avance vers la table de sa cuisine (enfin vers l’unique table qui se présente à moi), et y dépose ma bouteille. « Mais je me suis dit qu’il était préférable de ne pas débarquer les mains vides. » D’autant plus que ce champagne est l’un des meilleurs qu’il m’ait été donné de goûter, et heureusement, c’est ce qu’on attend d’un champagne quand on le paie le prix fort. Mais il n’est pas utile que je lui vende ce délice, elle tombera sous son charme dès qu’elle l’aura goûté. Je jette finalement un regard vers sa télévision, toujours allumée, bien que le programme soit actuellement en pause. « Tu ne fais pas les choses à moitié dis-moi. » D’un coup de tête, je désigne le pot de glace qu’elle avait sans doute prévu de déguster pendant l’épisode. C’est extrêmement cliché, le pot de glace devant la télé. Mais je trouve ça amusant. Je trouve ça amusant de m’immiscer dans l’intimité de Teddy. Voici donc comment elle a l’habitude de passer ses soirées. Il faudrait que je passe plus souvent, histoire de briser un peu sa routine. Je m’approche alors de mon hôte, sourire séducteur accroché aux lèvres. « Mordue de Game of Thrones, adepte de crème glacée… » Je prends un air amusé. « Quel autre secret se cache derrière la jolie Teddy Harrison ? » Je m’arrête à moins d’un mètre d’elle, l’interrogeant du regard. Bien sûr, je ne fais tout ça que dans un seul et unique but : la séduire. C’est devenu un jeu, avec elle. Essayer de la faire craquer. Surtout que j’ai l’intime conviction qu’elle en meurt d’envie. Alors je ne baisse pas les bras. Je continue mon petit jeu de séduction, mais sans tomber dans le vulgaire ou dans l’acharnement. J’essaie de rester assez subtil. Je finis donc par m’écarter d’elle, pour retourner près de la table et de la bouteille de champagne. « Tu as des coupes ? Pour le champagne ? »

« Je ne suis pas certaine d’avoir eu raison de te faire rentrer finalement. Mais bon, on va mettre ça sur le compte de l’ignorance, tu ne t’y connais pas vraiment en mecs sexys après tout. » Je laisse échapper un rire en secouant la tête. Je prends ça pour de la bonne taquinerie de la part de Teddy. Décidément, sa répartie est surprenante. Ça me plait. Je ne serais pas ici si ce n’était pas le cas à vrai dire. Je ne m’encombre jamais des gens peu intéressants, de ceux qui ne me plaisent pas. Et Teddy elle, elle me plait. Peut-être un peu trop ces derniers jours, puisqu’elle représente pour moi un défi à relever. Un défi que je ne suis pas prêt d’abandonner. Je n’abandonne jamais de toute façon. Si j’ai un objectif en tête, je m’y accroche jusqu’au bout. Alors ce jeu de séduction avec Teddy, il ne prendra fin qu’au moment venu. « C’était pas la peine, t’aurais juste pu ramener des chocolats ou des fleurs… En fait non, oublie les fleurs. » Mes yeux s’écarquillent, par surprise. Alors je prends un air amusé, tout en souriant. « Tu peux l’avouer, ça te plairait que je t’offre des fleurs. » Je lui lance un clin d’oeil. « Je sais quoi t’apporter la prochaine fois. » Je ne suis pas un amoureux des fleurs. Je n’en ai jamais offert, à part à Leïla, et à Elizabeth. Le romantisme, ce n’est pas fait pour moi. Surtout pas actuellement. C’est à mille lieues d’être ce que je recherche. Alors je préfère le champagne aux fleurs. Mais si Teddy en veut, elle en aura. Je ne cède devant rien, surtout quand il s’agit d’un défi comme celui-ci. Je confierai à Paul la mission d’aller acheter le bouquet, et je me contenterai de le lui donner. « Faut bien trouver une raison pour faire du sport ensuite. » Ne fait-elle donc du sport que pour éliminer sa crème glacée ? Elle m’amuse, et ça me plait. Teddy est le genre de fille qui a de la répartie. Impossible de prévoir ce qu’elle va faire ou dire. Elle est surprenante. « Je suis une serial killer qui a tué ses trois colocataires avant de les mettre au congélateur. (…) Mais je ne suis pas certaine que ça se marrie bien avec le champagne ceci dit. » La preuve. Surprenante et amusante. Je laisse échapper un rire, reprenant l’air faussement pensif qu’elle avait quelques secondes plus tôt. « Je n’en suis pas sûr non plus. Tu es pleine de surprises. » Je secoue alors la tête, profitant légèrement de notre proximité. Je sais que Teddy se donne du mal pour résister. Peut-être que son défi à elle, c’est de ne pas céder. Et elle s’en sort très bien pour l’instant je dois dire. Elle représente un vrai challenge, ce n’en est que plus stimulant. Je la regarde finalement s’éloigner pour jeter un oeil à l’intérieur d’un meuble de la cuisine. « Des mugs à café, ça le fait ? » Aucune coupe de champagne, vraiment ? Après tout, ce n’est pas vraiment surprenant. Des mugs à café ? J’haussais les épaules. « On s’en contentera. » Je commence donc à ouvrir la bouteille de champagne, tout en m’approchant à nouveau de Teddy. Comme il se doit, je laisse le bouchon s’envoler de lui même, avant de verser le liquide doré dans chacun de nos mugs. « C’est la première fois que je bois du champagne dans un tel récipient. » J’attrape donc ma tasse, avant de la lever légèrement en l’air, pour trinquer. « À nous, Teddy ! À nos retrouvailles hasardeuses, et à cette soirée qui nous attend. » Oui, j’ai l’intention de rester au moins plusieurs heures, qu’elle en soit consciente. J’imagine que Jon Snow devra patienter un peu. Teddy est à moi ce soir.