Si Kirby avait toujours été du genre à faire passer le bonheur d'autrui avant le sien, il en était tout autrement depuis qu'elle était enceinte. Noah s'était lui-même chargé de s'occuper d'elle dans les premières semaines de leur relation, puis se fut au tour de James de prendre la relève suite à la disparition du médecin, mais jamais encore la jeune Iota n'avait réussi à prendre soin d'elle comme elle le devait. On ne parlait pas ici de soin de beauté ou d'autres choses dans le genre, mais bien du mental de la blondinette. Son esprit était plus attentif à ceux que les autres disaient plutôt qu'à ce que son propre corps demandait, mais depuis qu'elle avait appris qu'elle portait la vie, la donne avait changé. Certes, Kirby semblait s'être quelque peu éloignée des autres, mais elle se devait à présent de penser à elle et notamment à l'enfant qui grandissait jour après jour en elle. Il n'en restait pas moins qu'elle n'aimait pas se dévoiler à autrui, bien qu'elle soit un peu plus ouverte depuis que ses hormones n'en faisaient qu'à leur tête. « Oui, mais j'ai de nouveau pris du poids, alors ma garde-robe est un tantinet à refaire. » Pour ne pas dire que certains de ses vêtements actuels sont impossibles à enfiler alors que son ventre dépasse de tous les côtés. D'habitude, les séances shopping, c'est avec le neveu de Noah qu'elle les faisait, mais pour cette fois, Kirby saura se passer de la présence de son complice qui aura à nouveau l'occasion de dévaliser les boutiques dans les semaines, voir même les jours à venir. N'oublions pas non plus que même la garde-robe de Noah est mise à dure épreuve ces derniers temps. Une main plaquée sur son ventre pour lui offrir quelques douces caresses par-dessus les vêtements qu'elle portait, l'étudiante en médecine avançait dans les rues en compagnie d'Aengus qui semblait savoir où elle se dirigeait, au plus grand étonnement de son amie, certes, mais cette dernière ne put que sourire. « Ça lui fait très plaisir, mais j'ai quand même hâte que tout cela se termine. Les seins lourds, les coups dans le ventre, qui d'ailleurs commence à prendre de la place, cette sensation d'être souvent fatiguée... Mais c'est vrai que ces derniers temps, question sexualité, nous avons des relations vraiment épanouies. » Avoir hâte que la grossesse se termine. En voilà une bien grande expression alors que la jeune femme n'en croyait même pas un seul mot. Jamais la future mère ne s'est sentie aussi épanouie que ces dernières semaines, et ce, malgré les quelques tracas que la grossesse pouvait apporter. Lorsqu'elle se regardait tous les matins dans le miroir, elle rayonnait comme jamais. Puis son bébé, n'était-il pas bien, au chaud dans le creux de son ventre ? Oh que si. L'envie de le garder à tout jamais en elle était grande, mais restait impossible. « Je t'avais dit que le bébé ne cessait de faire de la gymnastique depuis plusieurs jours maintenant ? À tous les coups, il s'agira d'une future cheerleader. » Un mince sourire étira les lèvres de Kirby. Si son enfant ne s'était pas manifesté depuis qu'elle était sortie de l'université, voilà qu'il bougeait à nouveau depuis quelques secondes et quelle douce sensation pour la future mère. Elle s'en amusait, notamment lorsque son fils adoptif posait sa main sur son ventre pour sentir les coups que portaient le futur membre de leur petite famille. « Et toi, dis-moi. Pas de petit-ami en vu ? Pas de garçon en particulier auquel tu accorderais plus d'importance qu'à un autre ? », lança finalement la Iota après avoir poussé la porte d'une petite boutique, arpentant déjà les rayons à la recherche de quelques articles. Si le sujet de sa sexualité avait été d'aussi courte durée, c'était bien parce qu'elle avait promis de n'en parler à personne. Hormis Kenzo, amateur de détails croustillants depuis toujours, il était bien le seul à qui elle confiait tous les détails de sa vie intime.

Aengus avait fait le choix de se mettre à l’écart. Kirby n’avait rien fait et n’était pas en cause dans cette affaire. La gamma se connaissait maintenant assez bien pour comprendre qu’elle représentait une menace plus qu’une aide ou une amitié douce et solide. Même si elle aurait voulu jouer ce genre de rôle, elle s’en savait incapable. Elle finirait par dévorer Kirby, lui faire du mal. C’était inscrit dans son ADN. Sa nature la programmait à détruire et faire couler le sang. Kirby construisait son foyer et Aengus ne s’autorisait pas à prendre place dans cette construction. Sourire et rendre les moments avec son amie agréables restaient les seules choses qu’elle pouvait lui offrir.

Le sujet du sexe glissa rapidement et Aengus s’en voulu un moment d’avoir posé la question. La sexualité était un sujet tabou. On le lui avait dit et redit. Histoire que tout rentre bien dans sa petite tête, les leçons de moral s’accompagnaient de reproches bien sentis sur ses tendances homosexuelles. De plus, ses activités sur ce point restaient particulièrement malsaines et anormales. Si Kirby cherchait à éviter le sujet, il semblait logique que ses parents avaient raisons : sujet tabou. Parfois, pour provoquer, Aengus jouait sur ces thèmes mais pas aujourd’hui. Un moment de détente avec Kirby s’imposait.

« Tu ne veux pas savoir le sexe ? » Demanda Aengus en sachant pertinemment que Kirby était au stade où une échographie pouvait parfaitement bien renseigner le sujet.

Dans la boutique, Aengus observa les petits vêtements, si petits, si adorables et si cher. Mais elles étaient ici pour les vêtements de grossesse. Fouinant parmi les tuniques, histoire que le bandeau puisse soulager un peu le poids du ventre sur le dos de la mère, Aengus tira un cintre.

« Celle-ci est jolie. Tu devrais essayer. Regardes en plus tu auras de la marge pour quand le bébé aura un peu plus grandi dans ton ventre ! » Attention, ne jamais dire à une femme enceinte qu’elle était grosse et qu’elle prenait du poids. Avec les hormones les réactions pouvaient détonner !

Quand le sujet des amours tomba, Aengus haussa les épaules. Tony était mort 5 mois plus tôt. Evidemment, Aengus ne cherchait personne d’autres. Si elle s’était attachée à un homme en particulier, l’idée lui était rapidement sortie de la tête. Ce genre de garçon n’était pas fait pour elle de toute façon. Rester ami, c’était tellement mieux et bien plus rassurant. Quatre à cinq soirs par semaine, Aengus trouvait de l’intérêt à un voir deux garçons le temps d’un échange dans les toilettes d’un bar, d’une boite de nuit ou dans un recoin d’une ruelle. Comment pourrait-elle construire une relation alors qu’elle traversait une sévère dépression ? Aengus était sûre d’une chose : l’amour ne sert pas de remède. Il faut se reconstruire seule pour être assez stable et entamer une relation amoureuse. Autrement, elle serait capable d’entrainer son partenaire dans sa chute. Non, elle ne pouvait décemment pas se le permettre.

« Non personne. Je suis trop bien pour une seule personne. » Taquina Aengus avec un clin d’œil en tirant le rideau d’une cabine pour essayer une tunique qui n’avait absolument rien à voir avec les femmes enceintes. Enfermée dans la petite cabine, elle gonfla son ventre pour se regarder de profil et poser une main sur son ventre. « Y a des trucs sexys plus loin dans le magasin. Si tu veux y faire un tour… D'ailleurs, j'aurai un cadeau pour Noah.»

Non, elle n’encourageait pas Kirby à la débauche, elle maintenait son rôle de gamma et de femme sans tabou. Même si tout ça n’était qu’une image. La dernière fois, elle avait fini avec Rayan attaché au poignet.

Le sujet du sexe du bébé faisait polémique ces derniers jours, voir même ces dernières semaines. Noah avait déjà fait part de son envie de savoir s'il allait s'agir d'une fille ou d'un garçon, mais Kirby n'avait jamais cessé de maugréer lorsque le sujet de conversation arrivait sur le tapis. Quelle importance cela avait, après tout ? Ils allaient être parents et c'est tout ce qui comptait, non ? « Non, pas vraiment. Je sais que Noah aimerait le savoir, mais peu importe, qu'il s'agisse d'une fille ou d'un garçon, du moment qu'il ou elle sera bientôt parmi nous. » D'ici trois mois, ils sauraient de toute manière fixés, et si cela ne plaisait pas à monsieur, et ben... tant pis. À moins de la mettre sous sédatif et de l'entraîner jusqu'à l'hôpital pour une échographie, il n'obtiendra tout naturellement rien de la jeune étudiante en médecine. La fouille aux vêtements commençait et Kirby était heureuse de passer un moment aussi agréable en la compagnie d'Aengus. En règle générale, ces sorties se faisaient avec Kenzo et dans le délire le plus total, les deux blonds arrivaient telles des tornades dans les magasins, de quoi faire trembler tout un centre commercial. La manière si subtile d'annoncer à Kirby qu'elle allait encore prendre du poids fut bien trouver, si bien que la Iota n'y vît que du feu. Si elle-même acceptait le fait qu'elle allait encore grossir dans les semaines à venir, il en était autrement dés lors que c'était une personne extérieure qui lui faisait la réflexion. La jeune femme démarrait au quart de tour et le tout risquait de se terminer en bain de sang, même avec Noah. Il fallait également mettre une main sur la bouche du petit Amoun lorsqu'il s'y mettait. S'il n'en pensait pas mal et suivait les bêtises de son père, cela faisait malgré tout monter la Kirby sur ses grands chevaux. Attrapant la tunique, elle l'admira pendant quelques instants avec un sourire conquis. Alors que certaines ne cessaient de se plaindre de la grossesse, elle, elle en dévorait chaque instant. Certes, il y avait eu une période sombre, mais tout semblait aller pour le mieux ces derniers temps, alors pourquoi continuait à tirer la tronche encore et encore ? « C'est vrai. », affirma la Iota avec un sourire avant de voir son amie disparaître dans une cabine. « Un cadeau pour Noah dans la même phrase que y'a des trucs sexys plus loin dans le magasin ? Qu'est-c'que tu as encore été comploté ? » A tous les coups, il s'agissait d'un truc dont Noah aurait très certainement honte, connaissant très bien Aengus et ces cadeaux plus ou moins... particulier. Au retour du médecin, elle lui avait férocement léché la joue, alors bon. « Non, en fait, venant de toi, je ne vais même pas savoir. » Autant arrêter la jeune femme avant que le tout dégénère. « Je vais faire un tour ! », annonça finalement la blondinette avant de filer à travers la boutique, direction... les sous-vêtements. Quelques instants suffirent à la Iota pour dénicher son bonheur un ensemble rose et noir, ainsi qu'un autre de couleur rouge sang. Se précipitant finalement jusqu'aux cabines, elle arriva devant celle d'Aengus, apparemment, toujours en admiration devant son reflet. « Bah alors, toujours pas sortie ? Essaie un peu ça ! Sûre que ça t'ira mieux qu'à moi ! », lança-t-elle tout en jetant par-dessus la cabine les sous-vêtements rouges tout en se faufilant à son tour derrière le rideau d'à côté. Sur qu'il n'y aurait rien de sexy chez elle avec une telle tenue, mais pensons donc à l'après-naissance.

Quelle vie les amis ! Même le ventre rond son ami était plus sexy qu’elle ! Aussi, Aengus gonflait son bidon dans une tentative d’imitation ratée. Mouais, elle allait plutôt essayer la jolie petite robe qu’elle enfilerait pour aller voir Rayan. Mouais pas trop mal …

« Kirby ? »

Alors qu’Aengus commençait à enfiler son jean, un sous vêtement lui passa sous le nez. Hum ? La voix de son amie la rassura aussitôt. Ce n’était pas un pervers détracté qui essayait de lui faire enfiler des trucs étranges en douce. Après avoir tourné et retourner la chose, Aengus consenti volontiers que le vêtement demeurait parfait, sauf la couleur. Le rouge ne lui plaisait pas, pas seul sur sa peau si pâle. Peut être qu’elle devrait essayer. Sait-on jamais ! Aussitôt, le chemin inverse s’exécuta dans une lenteur affligeante. Le temps de défaire son corsage…

Voilà, elle venait de fermait l’agrafe du soutien gorge pour mieux s’admirer dans la glace. Se tournant sur le côté pour admirer ses fesses, elle négligea les corsages sur le sol dans lequel, elle se prit les pieds. Aussitôt, elle bascula pour mieux tomber l’arrière et finir en sous vêtement dans le magasin. Un ou deux sifflements plus tard et la gamma se redressait. Bien sûr qu’elle était jolie. Qu’ils admirent bien et se marrent bien parce qu’elle ferait plus attention à l’avenir.

« La photo, c’est payant, monsieur ! » Taquina Aengus en arrachant un téléphone des mains d’un beau gosse.

Autant sortir le grand jeu plutôt que de se précipiter dans sa cabine. La nudité ne lui posait pas de soucis dans certains cas. Une petite marche pour défiler et elle tournoya sur elle-même pour… se planter de cabine. Après tout, quand on commence mal pourquoi bien terminer ? Il fallait bien admettre que toutes les cabines se ressemblaient non ?

Voilà qu’elle se retrouvait nez à nez avec Kirby. Une chance ou non ? Aengus ouvrit de gros yeux ronds pour finalement froncer les sourcils.

« Il te va super… Tu veux faire un petit défilé toi aussi ? »

Hop, elle prenait une photo avec le téléphone qu’elle avait en main avant de pivoter pour retourner à l’extérieur. Une chance, elle connaissait le numéro de Noah par cœur. Il fut donc aisé de l’envoyer à Noah dans un rire idiot. Pas sûr que Monsieur apprécie de voir sa copine en sous vêtement sur un numéro inconnu, la photo prise par une main tout autant inconnue. Bien sûr, on pouvait admirer Aengus dans le reflet, en petite tenue aussi. Il aurait de quoi se poser des questions plus tard.

Les sous-vêtements venaient d'être enfilés et Kirby était en train de s'admirer dans le miroir. Enfin s'admirer était un bien grand terme, puisque l'étudiante faisait plutôt une fixation sur son ventre rebondi. Elle glissa une main par-dessus, caressant délicatement cette partie de son corps avant de sentir un coup provenant de l'intérieur, lequel la fit sourire. Un second coup s'en suivit, puis se fut un énorme vacarme à l'extérieur, suivit par quelques sifflements. « 'Guuus... », murmura-t-elle sans oser hausser la voix, de peur d'attirer l'attention et de voir des inconnus débarquer dans sa cabine. Oui, il s'agissait bien de son amie qui râlait après un homme. Une photo ? N'allez pas me dire que... et bien si, elle devait se trouver au beau milieu du magasin en petite tenue, quelle autre explication y avait-il quant à ses sifflements ainsi qu'à la remarquer de la Gamma ? Aucune, celle-là était la seule plausible. À deux doigts de dégrafer son soutien-gorge, l'étudiante en médecine poussa un cri strident lorsque que quelqu'un se faufila dans sa cabine, et la voilà qui se tenait en face d'Aengus. Heureusement, le soutien-gorge était toujours bien attaché autour de sa poitrine, pas de panique. « Oh la vache, tu m'as fait peur ! » D'où le cri qui a dû déchirer plus d'un tympan. Les deux femmes se dévisagèrent de la tête aux pieds, sans la moindre gêne aucune. « Non merci, mais non merci. J'veux pas avoir affaire aux vieux pervers qui sont là dehors. » Autant dire que Kirby était prête à laisser Aengus sous les feux des projecteurs. En couple, mais surtout enceinte, se donner en spectacle devant de parfaits inconnus était un passe-temps qu'elle avait mis de côté pour éviter toutes embrouilles avec son compagnon déjà bien possessif. Sans plus attendre, une photo fut vite prise, moment au cours duquel Kirby ne comprit pas grand-chose à ce qui se passait. « Eet, c'est le portable à qui ?! » Certainement pas celui de son ami, alors un instant plus tard, la Iota s'empara du téléphone. Trop tard, le mal était fait. Kirby reconnut bien rapidement le numéro de son compagnon et écarquilla les yeux sur le coup. « T'as envoyé ça à Noah ?! Mais t'imagines un peu ce qu'il va dire ? » Sa compagne et Aengus en sous-vêtements, mieux valait ne pas s'imaginer ce qu'il allait dire ou bien même penser. Le téléphone glissa sous le rideau de la cabine jusqu'aux personnes qui patientaient toujours, dans l'espoir de pouvoir encore admirer la marchandise, sans nul doute. « Allez, retourne chez ton public que je puisse me changer. », lança la future mère tout en poussant son amie à l'extérieur de la cabine. Allez, file dans la cage aux fauves. Finalement, Kirby en profita pour se débarrasser de ses sous-vêtements et remettre et ses vêtements initiaux avant de sortir de la cabine, ses futurs achats sur le bras. « Circulez messieurs, le spectacle est terminé, merci ! » Allez, débarrassez le plancher, bande de psychopathes ! Et après quelques secondes, Aengus fit à nouveau son apparition dans le magasin, le regard de l'étudiante en médecine se promenant rapidement sur son amie. « Il faudra quand même penser à faire quelques séances d'UV, et crois-moi, tout le monde voudra te croquer avec tes sous-vêtements. »

Accueillie par un cri strident, Aengus redressa un sourcil. Pourquoi est-ce que Kirby se trouvait dans sa cabine ? Bref, la photo de prise et la gamma sentait le téléphone lui échapper. Evidemment qu’elle l’avait envoyé à Noah ! James n’aurait pas autant apprécié la vu. Surtout qu’avec le genre de fille qu’il avait choisi, Aengus était certaine qu’il les préférait plate et fade. Enfin qu’importe, Benedikt se serait fait étrangler par Tacha… quoique l’idée aurait pu être marrante à tenter, Rayan aurait réagit comme… bah Rayan et Zayn se serait payé sa tronche. Tous ca n’était pas le centre de ses préoccupations. Bien au contraire, lorsque le téléphone passa sous le rideau, Aengus redressa un sourcil.

« T’es au courant que j’ai pas eu le temps d’effacer la photo et le numéro de Noah ? » Demanda Aengus avant de pivoter pour ressortir de la cabine.

Hors de question de laisser un parfait inconnu se trimbaler avec la photo de son amie presque à poils et le numéro de Noah ! Un détraqué sexuel serait bien capable de réclamer un plan à trois ou une connerie du genre. Quoique ça aussi ca pourrait être marrant. Elle devrait proposer à Noah pour voir quelle réaction il aurait. Ca pourrait être amusant !

« C’est vrai que ca fait longtemps que j’ai pas vu Noah. » Déclara-t-elle en avançant dans le magasin sans se préoccuper de sa nudité. Aengus n’avait jamais réellement compris le principe de se cacher sous des vêtements. Il fallait avouer qu’il lui fallait récupérer d’importantes données toutes oubliées pour réaliser l’entière complexité de la vie. Comment est-ce qu’on faisait un enfant ? Pourquoi est-ce qu’un bébé dans le ventre d’une femme n’était pas comme un poisson rouge dans un aquarium ? Aengus se moquait bien de tout ça. Elle, elle savait pertinemment qu’elle n’aurait jamais d’enfant. Un médecin lui avait expliqué qu’elle ne pourrait jamais en avoir. Alors pourquoi se renseigner sur la façon d’obtenir un enfant, si, elle, elle ne pouvait pas en obtenir un ? Pour Aengus les relations intimes étaient soit une façon de se prouver son amour et c’était pour ça que certains étaient « réservés », soit un moyen de sociabiliser et obtenir ce que l’on désirait. Bref, la blonde voyait le monde de façon bien étrange et tout ça lui convenait.

La gamma utilisa son pied pour repousser l’homme qui s’était penché sur le téléphone. Un brave homme peut-être mais un pervers pour Aengus. Pas touche le petit, elle efface, il récupère. Alors qu’elle se trémoussait doucement pour attirer l’attention le temps d’effacer les informations compromettantes de l’appareil, d’autres bavaient autour. Tellement stupide ses hommes. Les femmes, elles ne cachaient pas leur indignation, récupérant leur mâle pour les forcer à sortir. Dans toute son indifférence, Aengus balança le portable sur le garçon qui ne cessait de protester puis retourna dans sa cabine.

De retour à la normal, ou presque, Aengus rejoint Kirby. Comment ça des séances d’UV ? Est-ce que c’était une forme nouvelle de torture féminine comme l’épilation à la cire ou à la pince à épiler ? Hors de question !

« Je suis déjà à croquer. Regarde, tout le monde a bavé. » Déclara Aengus en accordant un clin d’œil à Kirby. « En plus, je ne sais même pas ce que c’est moi, ces machins UV. »

Reposant le sous vêtement en magasin, Aengus haussa les épaules. Son porte monnaie ne lui autorisait pas de telles dépenses. Erwan serait extrêmement fâché s’il apprenait qu’elle avait claqué presque deux semaines de paie pour de la lingerie. De toute façon, elle n’avait ni carte de payement, ni chèque, ou presque aucun liquide.

« Ils ont pas assez bavé pour que je l’achète. » Justifia Aengus en hochant la tête de haut en bas d’un air docte et pensif.

Si Kirby désirait s’acheter quelque chose, elles pourraient passer au paiement. En attendant, Aengus ne cesserait de s’agiter, remuant toutes les babioles réunies autour de la caisse dans l’espoir de savoir à quoi tel ou tel « truc » pouvait bien servir. La caissière serait probablement soulagée de les voir quitter les lieux. Ignorant les sourires en coin ou les regards détaillant sa petite personne comme un animal en vente, Aengus termina dans la rue au côté de Kirby.

« Bah dépêche-toi de les enlever !!! », lança une Kirby affolée par le fait qu'un homme puisse avoir une photo d'elle et Aengus en sous-vêtements, ainsi que le numéro de téléphone de son compagnon qui se fera sans nul doute harceler pour qu'il l'autorise à revoir les deux blondes. Inutile non plus de préciser que si la Gamma désirait voir Noah, elle était la bienvenue dans la demeure de ce dernier. Après tout, elle connaissait la route, ou un simple coup de fil au médecin suffirait pour que ce dernier vienne chercher la jeune étudiante histoire de ramener ses fesses à la maison. Il était vrai que tous les deux étaient assez pris ces derniers temps. Entre l'arrivée du petit Amoun dans leur vie et ce bébé qui pointera le bout de son nez dans plusieurs semaines, ils avaient encore tant de choses à entreprendre au sein de la demeure familiale. Changée en quatrième vitesse et sortie de la cabine pour chasser cette bande de pervers toujours immobile devant les cabines, ne restait plus qu'à attendre Aengus afin de quitter la boutique et de passer à autre chose. Un sourire se dessina sur les lèvres de l'étudiante en médecine. Évidemment, que son amie était à croquer, personne n'allait dire le contraire. « On se prendra une fois une après-midi pour se faire bichonner. Tu verras, ça va te plaire. » Ou pas. Rester enfermé dans une cabine de bronzage pendant quelques minutes, cela ne risque peut-être pas d'être au goût de la Gamma. Mais Kirby avait déjà ses idées pour compenser, massages, SPA et compagnie, peut-être qu'elle invitera Kenzo pour se joindre à la partie. Passant à la caisse histoire de régler les deux vêtements que la Iota avait choisi, difficile de rentrer les mains vides et encore moins de sortir d'une boutique sans le moindre article, la jeune femme ne put s'empêcher d'adresser des regards noirs à tout bout de champ à ceux qui se trouvaient à proximité et qui ne cessaient de voir en Aengus un simple morceau de viande qu'ils seraient tous prêts à s'engloutirent. Les achats dans un sac et nos deux blondes se retrouvèrent bien rapidement à l'extérieur de la boutique suite à de derniers sifflements. « Alors, t'as déjà vu le petit monstre de notre Benichou national ? », demanda la future mère tout en avançant d'un pas lent. Le Benedikt, communément appelé Benichou par nos deux blondes, passait presque inaperçu ces derniers temps, sauf lorsqu'il s'agissait de ramener la petite Angelina à la maison. Noah et elle, faisaient de sacrés baby-sitters pour la petite. « Tiens, tiens, la gamine. » Arrêt net. Kirby agrippa le poignet d'Aengus tandis que son sang n'avait fait qu'un tour dans sa tête. Occupée à faire attention à où elle mettait les pieds, la Iota n'avait pas vu l'homme qui venait d'en face. Son père, Neal Fitzgerald, irlandais d'origine et pire ordure que la tête ait pu porter. Après Joe Shark et William Clives, ceci dit. Cela faisait des semaines, voir même des mois qu'elle ne l'avait pas vu. La dernière fois fut lorsqu'il a été placé en garde à vue après que James lui ait réglé son compte. « Faut qu'on parte, 'Gus... », annonça-t-elle dans un souffle. La peur, voilà le sentiment qui venait de s'emparer d'elle. « T'es pas content de voir ton vieux père ? » « J'ai des choses à faire. » Le ton était froid, il ne pouvait être autrement. Elle n'avait toujours pas passé l'éponge sur ce qui s'était produit la dernière fois où ils se sont rencontrés. Il l'avait cogné, pour la première fois après maintes tentatives. Il continuait à avancer dans leur direction et décidée à prendre les initiatives, Kirby lâcha son amie pour se placer entre les deux. « Espèce de petite... » Le mot trainée n'aura guère échappé à Aengus, mais la Iota ne l'entendit guère. Une fois encore, la main de son père venait de s'abattre sur elle en une claque qui a dû résonner jusqu'au pâté de maisons plus loin. Elle n'entendit pas le reste de ses paroles, mais il se contentait de hurler encore et encore. Une main de la Iota était venue se réfugier sur son ventre. Il pouvait la frapper, encore et encore, du moment qu'il ne touchait pas à l'être qu'elle portait en elle. Riposter ne servait à rien, Neal aurait toujours le dessus.

Une après midi pour se faire bichonner ? L’idée pouvait être tentante. Après tout, un moment de détente serait le bienvenu. Dernièrement, Aengus avait subit des évènements perturbants. Si, les autres savaient comment ouvrir les vannes pour faire descendre la pression, la solution lui échappait encore.

« Ca dépend ? On mangera des gâteaux ? » Demanda-t-elle malicieusement.

Bah quoi ? Noah était un excellent cuisinier. Il aurait probablement dû les vendre ses petits cookies. Sûre que la fortune lui serait tombée sur le coin de la figure. Parfois, Aengus ne comprenait pas comment un seul être pouvait réunir autant de qualité : médecin, écrivain, cuisinier… combien de talents possédait il encore alors qu’elle cumulait divers défauts ?

Le bébé de Benedikt était malheureusement aussi le bébé de Tacha. Aengus avait fait le choix d’éviter toutes rencontres avec elle afin de permettre à Benedikt d’évoluer tranquillement dans sa vie de famille. Après la montagne d’ennuis qu’elle avait causés à Benedikt, elle pouvait bien lui accorder ça. A quoi bon provoquer des conflits où ils pouvaient être évités ? De toute façon, Aengus préférait le voir en terrain neutre. La vie de famille la rendait malade.

Comme pour la conforter dans son idée que les familles pouvaient être particulièrement nocives pour un individu, le père de Kirby venait de débarquer. La suite fut rapide. Une dispute. La main d’Aengus qui plonge dans son sac pour chopper ses clefs. Kirby qui s’avance. Aengus suit. La baffe. Et puis, plus rien. Rien qu’un sifflement violent. Un tambour battant. Un roulement puissant contre ses tempes. Le plastique de son Kubotan entre les doigts, Aengus ne réfléchit plus. Le tout restait parfaitement bestial, comme si son humanité, ses convenances et tout le reste avaient disparu pour ne laisser place qu’à la violence. Le poing fermé sur la petite arme improvisée, Aengus utilisa ses clefs comme fléau.

« Cours ! » Ordonna-t-elle à Kirby.

Aussitôt, le métal frappa ce qui aurait dû être la mâchoire de l’agresseur. Le sang appelle le sang. L’adrénaline montait en flèche. Il avait reculé, tangué et Aengus en profitait. La réplique ne se ferait pas attendre maintenant  que quelques points de suture s’imposaient à cet homme pour se remettre. Sans comprendre la suite, les coups s’enchainèrent entre elle et lui. La douleur augmentait la dureté de ses frappes. La respiration saccadée, emballée et brulante, la blonde ne souhaitait plus que ressentir son adversaire se plier et mordre la poussière. Plus rien n’avait d’importance que la maîtrise de cet individu.

La situation tourna au drame plus rapidement que prévu. L’homme à la joue fendue et au genou droit douloureux semblait tanguer. Les clefs avaient été sans pitié avec lui. La poupée désarticulée, elle se démenait, gagnait du terrain. C’était plus facile avec une arme, même improvisée. Aengus, elle, avait reçu trop de coups pour comprendre qu’elle souffrait. A la regarder, la folie aurait pu se croire contagieuse. Aussi, lorsque l’homme, plus résistant et endurant qu’elle, s’empara de sa gorge de ses deux mains. La blonde redoubla d’effort pour enfoncer les clefs contre son épaule ou loger le dos de son kubotan dans la chair. Finalement, les deux au sol furent séparés avec force. Telle une furie, Aengus hurlait et se débattait. Hulk signait son retour. Quand elle se retrouva plaquée contre la paroi froide d’un camion de pompier, Aengus eut la vue idéale pour remarquer Kirby, à terre. Merde !

« Qu’est-ce qu’elle a ? Qu’est-ce qu’il a fait ? »S’écria une voix cassée de trop avoir hurlé – ou d’avoir été étranglée.

La voix la transperça de part et d’autre, saisissant sa tête pour mieux la plonger dans de l’eau glacée. Les yeux écarquillés, elle revoyait la scène. Cette main dans son dos qui tentait de la retenir. Cette voix qui cherchait à l’apaiser. Soudain, son bras avait repoussé la voix de sagesse pour mieux la laisser à terre.

La Iota allongée sur un brancard montait dans le camion. Aussitôt, Aengus courut la rejoindre à l’intérieur. L’un des pompiers la maintenu d’un côté du camion, comme pour s’assurer qu’elle ne créerait aucun souci à Kirby.

Après ce incident, personne ne souhaitait voir la blonde approcher de sa victime enceinte. Aussi, Aengus hurla pour être certaine que Kirby l'entendrait.

« J’appelle James, Kirby. Et Benedikt… il ira chercher Noah… »