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| i think i've finally had enough, i think i maybe think too much - esmeralda&matthias | |
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Invité Invité
| Sujet: i think i've finally had enough, i think i maybe think too much - esmeralda&matthias Dim 18 Nov - 22:35 | |
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i think i've finally had enough, i think i maybe think too much.
Troisième étage, chambre deux. Allongé sur mon lit, les bras croisés derrière la nuque, je fixais le plafond sans moufter. Je profitais du calme paisible qu’offrait la chambre en ce moment, conscient que ça ne durerait qu’un temps. Déjà, quelques bruits provenant des couloirs se faisaient entendre. Les premiers élèves rentraient de l’université, et envahissaient notre désormais bâtiment de confrérie commun. Encore une idée à la con d’un doyen à la con, tiens. D’une humeur massacrante, je prenais tout à la négative depuis ce matin. Les sourcils froncés et les lèvres pincées, je ruminais la maudite rencontre que j’avais faite ce matin. Pour la première fois depuis bien longtemps, je m’étais retrouvé nez à nez avec mon frère jumeau, Nattéo. Si d’ordinaire, cette rencontre aurait dû me réjouir au plus haut point – nous avions toujours été proches et complices – aujourd’hui, elle me laissait un goût amer, une amertume profonde. Il était là, à San Francisco. Il était rentré, mais n’avait pas jugé utile de me prévenir, moi ou ma sœur. Je me souvenais du regard que j’avais lancé à ma sœur, Thaïs : mi-peiné, mi-agacé. D’un geste à la fois protecteur et rassurant, elle avait posé sa main sur mon avant-bras. Elle avait anticipé sur ma réaction et mon tempérament colérique. Pour le coup, Nattéo pouvait bien la remercier. Si notre sœur jumelle n’avait pas été dans les parages, je me serais montré bien moins civilisé, et bien plus communicatif. Moi, impulsif ? Si peu, si peu. Je m’étais contenté de faire demi-tour, délaissant les yeux écarquillés et la mâchoire décrochée de mon frère. Qu’il aille se faire voir, qu’il aille au Diable. S’il voulait me faire payer mon départ pour l’Afghanistan, soit : je ne serai pas le premier à céder, qu’il se le tienne pour dit. J’ai soupiré en entendant des pas se rapprocher dans le couloir. Pitié, pitié, pitié, faites que ce ne soient que quelques étudiants qui aillent à la douche. J’avais encore besoin d’un peu de temps seul ; le temps de me calmer, et de me montrer sous un meilleur angle. D’une main hésitante, mes doigts effleurèrent l’écran tactile de mon téléphone. Que devais-je faire ? Appeler Thaïs, et lui parler de cette rencontre matinale imprévue ? Je me suis rapidement ravisé ; ma jumelle n’avait pas besoin d’être mise au courant de tous mes maux. Elle devait avoir suffisamment de mal à gérer ceci de son côté ; je ne voulais pas lui rajouter des tracas supplémentaires en allant pleurer dans ses jupes. J’ai soupiré ; moi qui pensais que mon retour à San Francisco allait bien se dérouler, je m’étais lourdement trompé. J’ai retenu mon souffle un instant, alors que des pas précipités se faisaient entendre dans le couloir ; par chance, personne ne franchit la porte de notre dortoir. Comme si mes colocataires avaient eu vent de ma prière, personne ne se manifesta avant vingt heures. Le soleil commençait à tomber sur San Francisco, et Keyllan Hermès-Cador – jusque là parfait inconnu au bataillon – entra dans notre chambre commune. Il me salua poliment, et je lui répondis sans grand enthousiasme. Je ne partageais pas des relations passionnées et fusionnelles avec mes camarades de chambre, mais la politesse était de mise. A vrai dire, il s’agissait d’une règle plus ou moins tacite que nous avions établie lorsque nous avions pris nos quartiers dans l’ancien pavillon des français. Sérieusement, moi, partager ma chambre avec d’autres étudiants ? Ça relevait plus de la fiction que de la réalité ; je n’étais pas fait pour vivre avec mes semblables. Je n’étais pas prêt à renouer avec une existence normale. Pour être tout à fait honnête, mon sommeil était encore très perturbé, très haché. Les cauchemars rythmaient mes nuits, et je ne tenais pas franchement à ce que ça se sache. Si pour le moment, j’avais réussi à passer entre les mailles du filet, je doutais que ça ne puisse durer encore longtemps. Je préférais encore rester aux yeux de tous le froid, l’incompréhensible, le flippant Matthias. M’enfin, en attendant, je créchais parmi les autres étudiants. Encore une « brillante » idée du doyen. Vu que ces saletés d’Oméga avaient saccagé nos pavillons respectifs, nous avions tous été punis, et logés sans grand confort dans la Victor Hugo’s Residence. Et comme si cela ne suffisait pas, tous les élèves devaient participer au ménage et à la reconstruction des pavillons qui avaient été saccagés. Keyllan ressortit rapidement, sans ajouter le moindre mot. J’avais encore un peu de répit.
Allongé dans mon lit, j’avais à peine bougé depuis la fin de l’après-midi. Je regardais les heures défiler, incapable de trouver le sommeil. Trop perturbé par ma rencontre avec mon frère jumeau, trop inquiet de revivre une énième fois les mêmes cauchemars. J’étais pourtant épuisé, pour ne pas dire crevé ; mais un cercle vicieux semblait s’être mis en place, et je n’en sortais pas. Je me suis redressé, avant de m’extirper de mon lit, tout en prenant soin de faire le moins de bruit possible. Autour de moi, tous mes colocataires dormaient profondément, depuis quelques heures déjà. En même temps, à quatre heures du matin… A part une insomnie ou une soirée clandestine, toute la Victor Hugo’s Residence devait être en train de dormir. J’ai enfilé mon sweat, qui traînait au pied de mon lit, avant de quitter ma chambre. Mes pas me menèrent vers les escaliers, que j’ai rapidement dévalés pour aller m’affaler sur l’un des canapés de la salle commune. Mais apparemment, je n’étais pas le seul à avoir eu cette brillante idée ; une fille était déjà là, assise sur un fauteuil en cuir. Tant pis Matthias, t’as plus qu’à faire demi-tour et à attendre que l’aube se pointe ! « Excuse-moi, je ne pensais pas qu’il y aurait du monde ici à une heure pareille. » Déclarais-je, un peu surpris de trouver une âme vive dans la salle commune. Un peu contrarié, j’allais faire demi-tour, mais elle m’arrêta. Ma présence ne la dérangeait pas. Ma journée se terminait mieux qu’elle n’avait commencé. Je suis allé m’asseoir – me vautrer aurait été plus correct, à la réflexion – sur l’un des sofas, face à l’inconnue. Un silence s’installa ; j’en profitais pour l’observer du coin de l’œil. Son visage me disait quelque chose, et pourtant, je n’étais pas foutu de remettre un nom, ou un lieu de rencontre. Cédant finalement à mes questions intérieures, j’ai pris la parole. « On s’est déjà rencontré, non ? » Demandais-je en fronçant les sourcils. Conscient que ma question pouvait s’apparenter à de la drague à deux balles, j’ai explicité. « Enfin, je veux dire, j’en suis presque sur. Mais je n’arrive pas à remettre un contexte. » Expliquais-je en haussant les épaules. Ferme-la Matthias, ferme-la : t’es en train de t’enfoncer. Pitié, faites que Watch-Out ne soit pas dans le coin, ou ma réputation serait faite.
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| Sujet: Re: i think i've finally had enough, i think i maybe think too much - esmeralda&matthias Mar 27 Nov - 15:57 | |
| ESMERALDA & MATTHIASϟ « Begin again ~ Colbie Caillat » « Oh this is not the way that it should end. It's the way it should begin. It's the way it should begin, again. No - I never wanna fall apart. Never wanna break your heart. Never wanna let you break my own. Yes - I now we said a lot of things. That we probably didn't mean. But it's not to late to take them back. So before you say you gonna go. I should probably let you know. I never knew what I had. I never knew what I had. » J’ignorais encore comment j’avais fait pour me retrouver à vivre dans la résidence suite aux derniers évènements. Ma confrérie, les Omégas, avait eu la brillante idée de tout saccager, poussant le Doyen Fredericksen à prendre des mesures radicales. La situation me semblait encore plus bizarre maintenant que je me retrouvais mêlé aux autres étudiants. Depuis mon arrivée à San Francisco, quelques années plus tôt, j’avais mis un point d’honneur à ne jamais habiter les maisons de confrérie, encore moins partager mon appartement avec une autre personne. On pouvait croire que je détestais me mélanger aux autres mais, ce n’était guère le cas. J’avais pris l’habitude de vivre seule, que ce soit à New York ou à mon arrivée à San Francisco. J’avais encore du mal à me faire à cette nouvelle situation et comment aurais-je pu ? Me retrouver à partager ma chambre avec cinq autres personnes, une première pour moi. Qui plus est, ne pas pouvoir avoir ma petite Eleanore avec moi me dérangeait au plus haut point. Etre séparé d’elle n’était pas pour me plaire mais, avais-je réellement le choix ? Je voulais le meilleur pour elle et la confier à mon parrain était ce qu’il y avait de mieux à faire. Je devais avouer que la présence de Stefano à San Francisco m’avait ravi, il était la seule famille qui me restait. Et avec la mort de mon père, il m’était plus facile de vivre pleinement ma vie, sans avoir à constamment regarder par dessus mon épaule pour m’assurer qu’il ne me suivait pas. Cela dit, j’étais habituée à ce style de vie, contrairement à aujourd’hui, où je me retrouvais avec une nouvelle famille, un demi-frère pour être exact. Pour la fille unique que j’étais, ce genre de nouvelle me laissait sans voix. Apprendre que l’homme que j’ai détesté pendant de longues années pour ne pas avoir joué son rôle de père comme il le devait était en réalité tout sauf un père me consternait. D’un côté, je comprenais que ma mère avait préféré taire ce secret, nos vies n’auraient été que plus en danger mais, elles auraient pu être meilleures. On n’aurait peut-être pu espérer plus de la vie que justement rester en vie. Je soupirais pour la énième fois en me retournant dans mon lit. Sujette, depuis toujours, aux insomnies, les choses s’étaient calmées pendant quelques mois avant de reprendre de plus belle. Pour mon plus grand malheur. Il fallait croire que changer d’environnement n’aidait pas non plus. Je gardais mes yeux clos dans l’espoir que le sommeil me gagne, sans grand succès. Je décidais donc de quitter le dortoir que j’occupais, dernièrement, sans faire le moindre bruit. Je n’avais pas besoin de m’attirer les foudres de mes camarades de chambre, mes problèmes de sommeil et de santé me suffisaient amplement. Rejoignant donc la salle commune après un petit détour en cuisine, je pris place dans l’un des fauteuils, appréciant le calme qui m’entourait et savourant ma tequila. Dans mon état, l’alcool était déconseillé, j’aurais mieux fait de me reconvertir à la tisane mais, jusqu’à présent, suivre les règles ne m’avaient attiré que des ennuis, autant essayer autre chose. Pensant être seule à une heure aussi tardive de la nuit – ou devrais-je dire de la journée –, je fus surprise de voir une silhouette faire son apparition. « Tu peux rester, il y a assez de place pour nous deux. » Répondis-je lorsqu’il s’excusa. Un peu de compagnie ne pourrait me faire que du bien. Du moins, je l’espérais. Je lui offris l’un de mes plus beaux sourires avant de lui répondre. Je me souvenais de cette soirée comme si c’était hier, ce n’était pas tous les jours que je m’évanouissais en pleine rue et que je me réveillais à l’hôpital avec un parfait inconnu à mes côtés. « Il y a quelques mois, dans les rues de San Francisco, j’ai perdu connaissance et tu as eu l’amabilité de me conduire à l’hôpital.. » Dire que ce n’était pas le pire pour moi. Le médecin avait eu l’intelligence de lui parler de mon insuffisance cardiaque sans prendre la peine de savoir qui il était. Je désignais la bouteille de tequila qui trônait sur la table tout en lui proposant un verre. Ou plus. « Du mal à dormir? » Lançais-je avant de vider mon verre.
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| Sujet: Re: i think i've finally had enough, i think i maybe think too much - esmeralda&matthias Mar 4 Déc - 21:20 | |
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I've got that summertime, summertime sadness.
Depuis que j’étais rentré d’Irak, je crois que je n’avais jamais autant détesté ma condition d’étudiant. Il faut dire que depuis quelques jours, le sort semblait s’être acharné sur ma pauvre personne. La rencontre surprise, aussitôt suivie de la violente altercation avec mon frère jumeau, la cohabitation avec des inconnus… On ne pouvait pas franchement dire que c’était la panacée. Néanmoins, je tentais vaguement de me consoler, me berçant avec de petites illusions rassurantes. Comment ça, je n’étais pas foutu de faire face à la réalité ? S’il y avait bien quelqu’un dans cette foutue université qui avait fait face à la réalité, à la vraie vie, c’était bien moi. J’ai soupiré, pestant intérieurement contre moi-même. Prenons les choses positivement : à mon humble avis, les choses ne pouvaient pas être pires qu’actuellement. Désormais bien réveillé à cause de mes mille pensées parasites, j’ai décidé d’aller faire un tour. Qui sait, peut-être qu’une petite marche nocturne – ou matinale, tout dépendait du point de vue adopté – me ferait du bien.
Sauf qu’apparemment, avoir un quart d’heure de calme, de repos, et de solitude n’était pas envisageable, dans un cadre comme celui-ci. Pour mon plus grand malheur, d’ailleurs : s’il y avait bien quelque chose que je chérissais tout particulièrement, c’était ma solitude, mais aussi ma tranquillité. La vie en groupe, parmi des étudiants qui m’indifféraient parfaitement, très peu pour moi. Mais en attendant le retour chez les Iota, je composais avec ce que l’on me proposait. Par chance, la seule âme vive que j’ai croisé ne semblait pas être une chieuse finie. Finalement, peut-être que je le trouverai, mon repos tant espéré. Sauf que cette rencontre imprévue soulevait quelques questions, dont je n’étais pas foutu de me rappeler la réponse. Bad joke, j’allais devoir interroger la jolie brune qui me faisait face, mettant ainsi fin à une réputation de mec froid, distant, et inaccessible. Mais qu’importe ; ne pas savoir m’énervait trop. « Exact… L’inconnue de la rue. » Acquiesçais-je en hochant la tête. Vu mon manque de discernement, on aurait pu penser que je passais mes journées entières à jouer les bons samaritains, et à sauver les jolies filles en détresse. Sauf que non, ce n’était pas tout à fait le cas ; j’étais juste un peu – pour ne pas dire complètement – à l’ouest, incapable de remettre une scène sur notre rencontre. Shame on me, j’allais passer pour le Iota le plus ingrat, le plus indifférent et le plus odieux de la confrérie, pour ne pas dire de l’université entière. Tip-top, voilà de quoi redorer mon blason ! « Je suis désolé. Tu dois vraiment me prendre pour un connard, non ? » Demandais-je en tournant légèrement la tête vers elle, jusqu’à croiser son regard. Tu peux l’avouer sweety, je ne vais pas t’en vouloir. Pas du tout, même. D’ailleurs, tu auras au moins le mérite d’être la première, à Berkeley, à le reconnaître. « Je veux dire, parce que je n’ai pas été foutu de tilter instantanément qui tu étais. » Précisais-je. A croire que je passais mes journées entières à écouter les bilans négatifs d’un quelconque médecin, à propos d’une fille que je ne connaissais ni d’Adam, ni d’Eve. « Tu peux le dire, je ne vais même pas m’énerver. Ni me vexer. Je n’en ai même pas envie. Les gens pensent que je ne remarque pas leurs messes basses et leurs regards appuyés quand je suis dans les parages. » Lâchais-je, vidant mon sac. Si d’ordinaire, j’étais plutôt réservé – pour ne pas dire carrément mystérieux et secret – là, je me montrais étonnamment bavard. « Mais c’est faux, je vois tout ça. Je ne dis rien, mais je n’en pense pas moins. Et d’ailleurs, je pense que je ferai mieux de me taire maintenant, parce que déballer ma vie à une inconnue, ça ne me ressemble vraiment pas. » Soupirais-je, penchant la tête en arrière. J’ai fermé les yeux un court instant, le temps de reprendre mes esprits. Mon Dieu, ce que je pouvais détester mon soudain goût pour la parole et pour la confidence. Je n’étais pourtant pas du genre à m’épancher – au plus grand dam de ma mère, de ma sœur, et de mon psy – mais il fallait croire qu’à quatre heures du matin, j’étais plus apte et enclin à faire des confidences. J’ai acquiescé alors qu’elle désignait la bouteille qui traînait sur la table, avant de m’en emparer, avec son verre. Je m’en suis servi un, avant de le vider d’un trait. Depuis combien de temps n’avais-je pas fait ça ? Ah oui, ça me revenait. Depuis cette fameuse soirée, en France, où mon taux d’alcoolémie et mon mal être m’avaient purement et simplement poussé dans les bras d’une fille qui n’était pas ma petite amie. Rien qu’en pensant à ça, j’aurais dû savoir que descendre des verres de tequila n’était pas une bonne idée. Mais tant pis ; après tout, ce n’était que de vieux souvenirs, qui dataient d’une vie antérieure. « Je ne savais pas que ce genre de chose était permise dans ton état. » Déclarais-je en souriant légèrement, moqueur. Je la charriais, sans lui faire la morale : ce n’était pas mon genre. D’ailleurs, je savais pertinemment que l’alcool ne lui n’était pas autorisé ; mais l’interdit avait un goût tellement délicieux. « Je crois que c’est l’histoire de ma vie. » Maugréais-je en me resservant un verre, alors qu’elle me demandait si j’avais du mal à dormir. « Et toi ? » L’interrogeais-je. Une fraction de seconde passa, puis je me suis souvenu d’un détail qui pouvait avoir son importance : si j’étais familier de son état de santé, je ne savais en revanche rien d’elle. Pas même son prénom. « Au fait, moi, c’est Matthias. » Mais si tu écoutes les ragots, je suppose que tu le sais déjà, songeais-je, amer. « Et je voulais clarifier un point sur ce qu’il s’est passé, à l’hôpital… Sois rassurée. Avec moi, t’es tranquille. » Déclarais-je en haussant les épaules. Il faut dire que contrairement à Watch-Out, je n’étais pas du genre à aller clamer la vie des autres au reste du campus.
Dernière édition par Matthias D. De Calendre le Dim 16 Déc - 17:54, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: i think i've finally had enough, i think i maybe think too much - esmeralda&matthias Lun 10 Déc - 23:27 | |
| ESMERALDA & MATTHIASϟ « Love will come through ~ Travis » « If I told you a secret. You won't tell a soul. Will you hold it and keep it alive. Cause it's burning a hole. And I can't get to sleep. And I can't live alone in this lie. So look up. Take it away. Don't look da-da-da- down the mountain. If the world isn't turning. Your heart won't return. Anyone, anything, anyhow » Cela faisait plus d’un an que Victoire m’avait annoncé ma maladie et pourtant je m’en souvenais comme si c’était hier. Je me souvenais de cette lueur dans ses yeux lorsqu’elle avait dû prononcer ces quelques mots qui avaient changé ma vie pour toujours. Aujourd’hui encore les choses n’avaient fait que se détériorer, pour mon plus grand malheur. Cela dit, j’avais décidé de vivre ma vie, quel qu’en soit le prix à payer. Faire tout correctement semblait ne servir à rien alors, autant en profiter un maximum avant de passer l’arme à gauche. Je ne voulais plus avoir de regrets et c’était peut-être l’une des raisons qui faisait que j’étais là. Seulement, cela ne changeait rien à la donne, mes problèmes me rattrapaient encore et toujours. Et si –la journée – je réussissais à tout oublier, mes démons ne me laissaient guère de répit la nuit venue. Cependant, je devais avouer que pouvoir me retrouver avec une bouteille de tequila dans la quiétude de cette salle n’était pas pour me déplaire. Rejointe quelques minutes plus tard par l’inconnu qui m’avait conduite à l’hôpital plusieurs mois auparavant, je ne m’attendais pas à le revoir un jour, j’ignorais même qu’il était étudiant, encore moins à Berkeley. A croire que ceux qui disaient que le monde était un petit village n’avaient pas totalement tort. Je le vis peu à peu se souvenir de cette fameuse nuit. Je ne pouvais lui en vouloir de ne pas me reconnaitre, ce n’était pas comme si nos chemins s’étaient croisés à nouveau suite à cet incident. Je parlais d’incident parce que je n’avais guère apprécié la bourde de mon médecin. Je n’avais absolument rien contre ce beau blond mais, je devais avouer que me réveiller dans un lit d’hôpital, ayant du mal à remettre un contexte à ce qu’il s’était passé avant de comprendre qu’un parfait inconnu savait de moi ce que je ne permettais à nul autre de savoir me dérangeait un peu. Pour ne pas dire beaucoup. Seulement, cette histoire ne semblait pas avoir fait le tour de San Francisco, cela ne pouvait signifier qu’une chose : il était digne de confiance. Tellement rare de nos jours. J’ouvris la bouche pour lui répondre mais, il ne m’en laissa pas le temps. J’écoutais ses paroles poignantes dont le contenu ne m’était pour ainsi dire pas inconnu. Je ne savais que trop bien ce qu’on pouvait ressentir lorsqu’on se retrouvait au centre de toutes les attentions et les conversations. Néanmoins, je gardais ce même sourire tandis qu’il continuait sur sa lancée. « Si ça peut te rassurer, j’ignorais que tu étais à Berkeley alors de là à savoir ce qui se dit sur toi… » Je n’aimais pas les ragots, ça ne faisait que plus de mal que de bien. « Je préfère me faire ma propre opinion, si ça ne te dérange pas ! » Continuais-je sans me départir de mon sourire. A nous deux, je ne donnais pas cher de la bouteille de tequila. Boire seule c’était bien, boire à deux c’était encore mieux. Je jetais un regard au bipper qui m’avait été remis à l’hôpital pour me prévenir quand j’aurais droit à un nouveau cœur. Six mois déjà qu’on me l’avait donné et toujours rien. Il fût un temps où la situation m’aurait fait flipper mais, j’avais compris avec le temps que monter sur ses grands chevaux ne servait à rien alors, autant profiter de la vie. J’éclatais de rire à ses paroles, il n’avait pas totalement tort mais, qui s’en souciait. « Disons que ça ne peut pas être pire que ça ne l’est déjà…Je suis arrivée au point de non-retour alors… » Une greffe de cœur n’était pas rien. Il fallait tout d’abord trouver un donneur compatible sans que cela ne signe pour autant notre victoire. Il fallait encore attendre si je ne rejetais pas ce nouveau cœur. Les probabilités étaient minces. « Bien sûr, mon médecin et mon psy auraient un autre avis sur le sujet mais, j’estime qu’arriver au stade de la greffe me donne un certain droit de décider ce qui est bien ou non pour moi ! » Ou du moins, je tentais de m’en convaincre. Faire face à la mort n’était jamais facile à accepter et c’était la seule manière que j’avais trouvé pour le faire. Je posais mon regard sur mon vis-à-vis, j’appréciais le fait qu’il ne s’étale pas plus sur la question alcool-insuffisance cardiaque. Je n’avais guère besoin qu’on me rappelle que la mort pouvait me rappeler à son bon vouloir quand bon lui semblerait. C’est-à-dire n’importe quand, n’importe où. « Enchantée Matthias ! » Je lui tendis ma main tout en me présentant à mon tour. « Esmeralda. » Ses paroles me rassurèrent. Savoir qu’on pouvait connaitre mes faiblesses ne me plaisait guère. « Tu me rassures, je n’aurais pas voulu te tuer pour garder mon secret… » Dis-je en riant. Lui prenant le verre des mains, je le remplissais avant de le porter à mes lèvres. « Et pour répondre à ta question, insomnies aussi…Moi qui m’était fait à l’idée de ne plus en avoir voilà que ça revient… » Ne jamais rien prendre pour acquis. Je devrais penser à en faire ma devise dans la vie. « Et qu’est-ce qui te préoccupe à ce point pour t’empêcher de dormir ? » Je m’installais plus confortablement. A défaut de ne pouvoir bénéficier de quelques heures de sommeil, on pouvait prendre le temps de faire plus ample connaissance. Du moins, on pouvait toujours essayer.
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| Sujet: Re: i think i've finally had enough, i think i maybe think too much - esmeralda&matthias Lun 17 Déc - 0:25 | |
| « Vraiment ? » Demandais-je, les yeux écarquillés, franchement mais agréablement surpris. A vrai dire, je n’avais pas l’habitude de passer inaperçu ; entre ma taille, mon passé, et mes relations familiales sur le campus, j’avais l’impression que ma vie était d’une transparence profondément agaçante. Mais il faut croire que je me fourvoyais ; après tout, peut-être que j’étais un peu parano. Peut-être qu’au final, je n’étais tombé que sur les mauvaises personnes, celles qui me connaissaient, et les autres, qui colportaient des rumeurs. L’inconnue de la rue, comme je me plaisais à l’appeler, était peut-être l’exception qui confirmait la règle. Tant mieux pour moi. « Pour être tout à fait honnête… Ça m’arrange. » Avouais-je en souriant légèrement. Clairement, je préférais rencontrer une personne qui ne connaissait rien de moi, plutôt que quelqu’un qui avait entendu des tas de rumeurs. S’il y avait bien une chose que j’exécrais tout particulièrement, c’était que des gens ne se fient qu’aux apparences : je savais pertinemment qu’elles étaient trompeuses, et souvent mensongères. Certes, comme on dit, « il n’y a pas de fumée sans feu » : prétendre que j’étais blanc comme neige dans tout ce qui se disait pour moi aurait été mentir. Bien sur, j’aurais préféré être discret, en retrait, transparent. Je n’étais pas – ou plus exactement, je n’étais plus – le genre de mec à courir après le vice et la popularité ; je laissais cette activité aux autres étudiants. « Moi qui pensais que toutes les filles étaient des commères… Je suppose que tu es l’exception qui confirme la règle. » Notais-je en souriant, généralisant à outrance. J’avais bien conscience de me montrer sous un angle presque machiste, mais je ne faisais que la taquiner. Quiconque me connaissait au-delà des apparences savaient parfaitement que j’étais quelqu’un de respectueux, mais de profondément moqueur. Cependant, j’étais aussi tout à fait capable de redevenir sérieux quand c’était nécessaire. « Je suis sincèrement désolé pour toi. » Déclarais-je, la voix plus douce. « Mais si j’étais toi, je ne serai pas aussi défaitiste. Tu sais, personne n’est à l’abri d’une opportunité. Ou d’un miracle, appelle ça comme tu veux. » Enchaînais-je en haussant les épaules. J’adoptais une attitude détachée, décontractée pour parler de sa maladie. Après tout, je n’étais pas directement touché, et faire semblant de compatir ne me ressemblait pas. Ecouter, aider mon prochain, prendre soin de mes proches… D’accord, j’acceptais de le faire. Et de bon cœur. Mais me demander de compatir, d’avoir de la pitié pour une personne que je ne connaissais pas, ça, je n’en étais foncièrement pas capable. Est-ce que cela faisait de moi un monstre ? Je ne pensais pas. « Je suppose que tu as raison… Philosophie du carpe diem, hein ? » Notais-je en souriant. Je ne jugeais pas son comportement, ou ses choix : j’imagine que si j’avais été dans la même situation qu’elle, j’aurais réagi d’une façon tout aussi extrême. Certains ont un courage débordant, un sens des responsabilités à toute épreuve : mon inconnue préférait s’amuser jusqu’en perdre la tête, et moi, je partais faire la guerre à l’autre bout du monde. Chacun sa façon de gérer sa peine, sa douleur, ses maux. « Je déteste tellement les médecins, et leurs théories bien pensantes, si tu savais… » Précisais-je en esquissant un léger sourire, songeant à ma propre situation. Spéciale dédicace pour mon connard de psychologue, qui semblait apprécier tout particulièrement le fait de m’emmerder dès qu’il en avait l’occasion. Il était toujours là, dans mon ombre, à me rappeler que je revenais de l’Enfer, que je n’étais pas aussi guéri que je prétendais l’être. A croire que me saper le moral était pour lui un sport national. Cependant, contrairement à moi, mon inconnue prenait apparemment le sujet avec légèreté et philosophie. Je me suis donc permis un ultime écart : « Quoiqu’il en soit… A ta santé. » Lâchais-je avant de vider mon verre de tequila cul-sec. Et si ça pouvait te porter bonheur, ça me ferait vraiment plaisir. L’alcool me brûla l’œsophage le temps d’un instant ; mais très vite, je renouais avec mes vieilles habitudes. Difficile à croire qu’il y a quelques années de cela, j’étais un fêtard invétéré, et sans aucune limite. A croire que mon séjour prolongé dans le désert m’avait assagi – au moins en apparence. Parce que comme tout le monde le sait, chassez le naturel, il revient au galop… Et je ne peux qu’approuver ce dicton, alors qu’Esmeralda se présentait. Déjà, je sentais revenir mes vieux réflexes de coureur de jupons. « De même, enchanté. » Déclarais-je en saisissant avec délicatesse la fine main qu’elle me tendait. Sa main chaudement logée au creux de la mienne, je souriais en voyant notre différence de taille. La belle et la bête ; j’avais l’impression de pouvoir la broyer en serrant à peine les doigts. « Je ne veux pas te sous-estimer, mais… Je pense que tu n’aurais pas eu la moindre chance. » Ricanais-je, toujours aussi moqueur. Désolée ma chère, mais physiquement, j’ai l’air nettement supérieur. Bon, certes, je n’étais pas à l’abri d’une championne de karaté ou d’une séductrice en puissance, mais il n’empêche que je doutais peu de mon succès. J’étais définitivement trop grand, trop large, trop monstrueux pour ce poids plume. La belle et la bête, songeais-je en souriant, amusé par cette comparaison qui sortait de l’ordinaire. « Mais bon, galant que je suis, je te laisse le bénéfice du doute. » Précisais-je, atténuant mes précédents propos. Nous sommes ensuite repassés sur un sujet beaucoup plus sérieux, à savoir les raisons de notre présence ici, à cette heure tardive. Il semblerait qu’elle et moi partagions un point commun : nos insomnies. J’ai soupiré en haussant les épaules, blasé. « Tellement de choses, si tu savais. » Avouais-je, tout en restant évasif. Je ne tenais pas à lui confier ce détail intime de ma vie ; j’estimais que mes insomnies, dues à mes cauchemars, n’appartenaient qu’à moi. Depuis le décès de mon petit frère, j’avais toujours souffert de troubles du sommeil. Et mon engagement en Irak n’avait pas arrangé les choses, je devais bien le reconnaître. « Et puis je ne sais pas toi, mais perso, j’aime pas trop l’idée de dormir avec d’autres personnes. J’sais pas, j’trouve ça tellement… Etrange. » Précisais-je en haussant les épaules. Ou peut-être que c’était moi qui était trop réservé, trop pudique, et pas assez fait pour la vie en communauté. Too bad ! J’allais devoir supporter la cohabitation pendant encore de longues semaines. « M’enfin si j’avais su qu’il y avait quelqu’un en bas pour m’accompagner au cours de mes nuits blanches, je serai descendu plus souvent. » Lâchais-je en souriant, plantant mon regard dans le sien. Arrête Matty, arrête avec ta drague subtile, arrête : t’es en train de redevenir l’adolescent – version plus âgé – que tu étais quand tu as rencontré Nastassia. Cruelle régression.
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| Sujet: Re: i think i've finally had enough, i think i maybe think too much - esmeralda&matthias Lun 31 Déc - 22:22 | |
| ESMERALDA & MATTHIASϟ « Next to me ~ Emeli Sande » « When the money's spent and all my friends have vanished. And i can't seem to find no help or love for free. I know there's no need for me to panic. Cause i'll find him, i'll find him next to me. When the skies are grey and all the doors are closing. And the rising pressure makes it hard to breathe. Well, all i need is a hand to stop the tears from falling. I will find him, I'll find him next to me. » Je me contentais de hocher la tête, un sourire ornant mes lèvres, en signe d'approbation. Je devais avouer que depuis l'annonce de ma grossesse et de ma maladie, je n'avais guère prêté attention aux bruits de couloirs qui avaient tendance à me donner la migraine. Je savais pertinemment que certaines rumeurs me concernaient et si j'avais eu la mauvaise idée de les écouter, je serais surement redevenue cette fille dépressive qui avait fait son apparition suite à mon agression, quelques années plus tôt. Je ne me faisais aucune illusion, je restais - malgré les apparences - assez fragile et même si je faisais tout pour ne rien laisser paraître, je ne pouvais pas me mentir à moi-même. « Tu m'en vois ravie ! » Les rumeurs avaient tendance à fausser les jugements et - dans bien des cas - nous faire passer à côté de belles choses. J'estimais que dans le cas actuel cela aurait été un véritable gâchis d'avoir une idée préconçue de la personne qui me faisait face. Je posais mes prunelles sur la bouteille de tequila qui se vidait plus vite que je ne l'aurais cru sans que cela nous mette dans un état d'ébriété. Il nous fallait surement bien plus qu'une simple bouteille pour avoir raison de nous. Du moins, c'était mon cas. J'imaginais sans mal la tête de ma mère si elle avait été parmi nous. Elle aurait sans doute trouvé que je n'étais pas la fille qu'elle avait élevé, celle pour qui elle avait tout donné, y compris sa vie. Elle n'aurait pas eu tort mais, cette fille là était morte depuis bien longtemps. Elle avait commencé à mourir avant d'arriver à San Francisco et elle avait finit par l'être complètement un an auparavant. Triste réalité, je l'admettais sans problème. Seulement, le temps des regrets était révolu, je n'avais plus le temps de me poser des questions. « Et moi qui croyais que les machos avaient disparus de la surface de la terre. » L'ambiance était légère, nos sourires plaqués sur nos visages comme si nous nous connaissions depuis longtemps, comme si nous n'étions pas deux parfaits inconnus qui tentaient par tous les moyens de faire passer les heures qui défilaient et que le sommeil ne voulait pas combler. « Réaliste, je dirais… » Si au départ, mon état n'avait nécessité qu'une simple médication à suivre au pied de la lettre afin d'éviter une quelconque complication, ce n'était plus le cas à présent. J'avais pourtant suivit les recommandations du médecin au mot près. Malheureusement, cela n'avait rien changé, bien au contraire. De complication en complication, je me retrouvais aujourd'hui à devoir espérer la mort d'un individu lambda si je voulais voir ma fille grandir et peut-être même faire la connaissance de ses enfants à elle. « Les miracles n'existent pas ! » Soufflais-je alors qu'un voile de tristesse apparu dans mon regard. Non pas que je n'y croyais pas mais, jusqu'au jour d'aujourd'hui, les seuls miracles dont je fus témoin concernait les autres. « Cela dit, personne ne sait de ce que demain sera fait.» Continuais-je l'air plus léger, le regard à nouveau enjoué. Je n'aimais pas faire étalage de ma faiblesse, surtout pas devant un parfait inconnu qui en savait déjà assez à mon sujet. « Exactement. Vivre au jour le jour reste la meilleure thérapie…Quoi qu'en dise les médecins et compagnie…Surtout que même en bonne santé et sans problèmes, personne n'est à l'abris d'un accident…Alors, autant vivre sa vie. » Dire qu'il fût un temps où ce genre de discours me déplaisait, trouvant que cela n'était qu'une porte de sortie, une solution de facilité pour ne pas affronter les problèmes. Aujourd'hui, tout était différent, j'étais épuisée de me battre contre l'inconnu et l'imprévu, fatiguée de devoir me démener comme une folle pour atteindre des sommets qui ne seront jamais miens. Je m'étais faite une raison, tout avait un prix dans la vie et j'en faisais amèrement l'expérience. Je le vis vider son verre et j'eus l'impression que le temps autour de nous s'était arrêté. Je ne savais pas pourquoi mais, avec lui, je n'étais plus cette jeune femme malade qui pouvait - à tout moment - y rester, celle qui ne savait pas ce que les heures à venir lui réservaient. La chaleur de sa main se propagea dans tout mon corps, atteignant même la froideur qui régnait depuis quelques temps déjà dans mon cœur. J'éclatais de rire, me souciant peu de l'heure tardive. « Si j'étais toi, je n'en serais pas si sûre… » Commençais-je un sourire espiègle sur les lèvres. « J'ai plus d'un tour dans mon sac…Tu en serais surpris ! » Bien sûr, je n'étais pas complètement folle, je savais qu'il n'aurait besoin que d'une main pour me briser en deux. Il faisait le double de ma taille, si ce n'était plus mais, la force physique n'était pas tout. Et puis, je ne faisais que le taquiner, pouvoir parler sans être éternellement sérieux me faisait un bien fou et mon interlocuteur ne semblait pas s'en plaindre. Passant de la taquinerie à un sujet bien plus sérieux, je regrettais un instant d'avoir posé la question. Parler d'insomnie n'était surement pas la meilleure façon de faire plus ample connaissance. N'appréciant pas, moi-même, parler de mes problèmes de sommeil qui m'accompagnaient depuis tellement d'années, je pouvais très bien comprendre sa réserve d'en parler à une parfaite inconnue. Je préférais de loin la légèreté des propos que nous avions quelques minutes plus tôt. « Si tu veux tout savoir, c'est bien la première fois que je partage ma chambre avec d'autres personnes. » J'omettais bien sûr de parler de mon défunt fiancé. Seulement, avec Duncan, les choses étaient différentes et la cohabitation différait de celle dont nous étions victimes aujourd'hui. Ca me rassurait de savoir que je n'étais pas la seule à trouver cette initiative quelque peu déconcertante. Même après tous ces jours à m'adapter à ma nouvelle situation, je n'arrivais toujours pas à comprendre comment on pouvait apprécier ce genre de vie en groupe. Non pas que j'étais trop bien pour ce style de vie mais, j'avais tendance à apprécier mes moments de solitude, mon espace vital en somme. J'étais peut-être bizarre mais, c'était ainsi et je ne comptais pas changer. « Tu le sais maintenant, tu n'as plus aucune excuse. » J'appréciais soudainement mes insomnies de toujours, comme si toutes ces nuits passaient à espérer le sommeil avaient enfin de compte un sens et j'avouais que ce n'était pas pour me déplaire. « Dire qu'il nous fallu mettre les confréries sans dessus dessous pour que nos chemins puissent se croiser à nouveau ! » Let's get the party started.
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| Sujet: Re: i think i've finally had enough, i think i maybe think too much - esmeralda&matthias Ven 11 Jan - 15:35 | |
| Sourire amusé alors qu’elle répondait, sur un ton badin, à ma petite provocation. « Eh non ! Comme tu peux le constater, ce n’est pas le cas. » Déclarais-je, faussement peiné pour elle. Moi, macho ? Si peu, si peu. Bon, d’accord, je voulais bien reconnaître que parfois, je l’étais un peu, sur les bords. Mais au fond, c’était mes propres principes qui me dictaient cette conduite, plus qu’une prétendue supériorité du genre masculin. Il y avait là tout un débat possible, que je ne comptais définitivement pas avoir ce soir. Non, là, en ce moment précis, nous avions mis à faire. Comme vider la bouteille de tequila, par exemple. Mais apparemment, quelques gorgées d’un liquide ambré très alcoolisé ne suffiraient pas à me faire oublier mes soucis, ou mes problèmes de sommeil. Mais soudainement, mes tracas me parurent bien faibles, bien ridicules : au fond, ce n’était pas grand-chose, comparé à ce qu’Esmeralda traversait. Je me plaignais à cause de quelques heures de sommeil perdues ? Elle devait me trouver bien prétentieux, bien superficiel. Sa malade était bien plus grave que quelques insomnies répétées. J’ai hoché la tête alors qu’elle me disait être simplement réaliste quant à son état de santé. D’ailleurs, c’était peut-être ça le pire dans toute cette histoire : elle savait parfaitement ce qui l’attendait, ce qu’elle allait devoir subir. Être réaliste c’est bien beau, mais ça peut vous briser complètement. J’étais bien placé pour le savoir. « Non, c’est vrai. » Concédais-je en hochant la tête. Les miracles n’existent pas, vraiment pas. Sinon, à mon avis, ni elle ni moi ne serions là ce soir. Parfois, il m’arrivait de me demander ce qu’il serait advenu si le décès brutal de mon petit frère n’était pas survenu. Serais-je venu à Berkeley ? Ma sœur serait-elle en fauteuil roulant ? Mon frère jumeau et moi serions-nous en froid ? La réponse à ces questions me semblait évidente : non. Bien sur que non. « C’est sur. Mais très franchement, je n’aime pas beaucoup cette idée. » Avouais-je en soupirant. « Je planifie tout, toujours, tout le temps. » Précisais-je. Aucune place pour l’imprévu dans ma vie, en principe. “I am the master of my fate: I am the captain of my soul.” J’étais fidèle au poème de William Henley jusqu’au bout des ongles, chérissant l’idée de pouvoir tout contrôler. Certains diront que je manque de fantaisie ; d’autres penseront que je m’inquiète de l’inconnu. La vérité se situait probablement entre ces deux extrêmes. « Absolument. » Acquiesçais-je. Qu’y avait-il de plus à ajouter à cela ? Rien du tout. A travers ses mots, je supposais des blessures autres que sa maladie ; sans doute avait-elle vécu d’autres drames, d’autres tourments, qu’elle avait apparemment réussi à surmonter. Cependant, je respectais son silence et son apparent détachement : c’était tout à son honneur. Nos mains finirent par entrer en contact, pour des présentations polies et faites en bonne et due forme. Bon, j’avais une petite longueur d’avance sur elle, à cause d’une bourde d’un médecin. En effet, lorsque je l’avais amenée à l’hôpital, un interne m’avait révélé quelques informations concernant la mystérieuse brune. Il avait fini par plaquer sa main sur sa bouche lorsque je lui avais révélé ne pas la connaître, honteux d’avoir fait une erreur aussi grossière. Je l’avais rassuré d’un regard, avant d’aller m’assurer qu’elle allait bien. Puis, sans un mot, j’étais parti. Ma place n’était pas à ses côtés. « Vraiment ? » Questionnais-je en arquant un sourcil, peu convaincu par ses propos. J’en doutais fortement, vu la taille de guêpe qu’elle avait. Mais je savais que parfois, mieux valait se méfier des apparences ; elles pouvaient être trompeuses. « Je ne vais pas tenter le Diable, alors. » Dis-je en souriant, légèrement moqueur. Comme on dit, mieux vaut prévenir que guérir. Nos instants légers s’envolèrent, à l’instant même où elle me demanda ce qui m’empêchait de dormir ? Par où commencer ? Il y avait tellement de choses qui étaient susceptibles de perturber mon sommeil déjà bien léger. Seulement, je gardais bien précieusement mes dirty little secrets – ce n’était pas une question de confiance en elle, mais plutôt de pudeur : je n’avais pas l’habitude de me révéler facilement. « Pas moi. » Avouais-je en secouant légèrement la tête, restant pourtant évasif. Nastassia, mon frère, ma sœur… Mais ça, c’était avant que les drames ne s’enchaînent dans ma vie. Avant que je ne commence à cauchemarder sur le décès de mon petit frère, sur des événements qui s’étaient passés en Irak. Avant l’Enfer, en d’autres mots. « Mais entre temps, des choses ont changé. » Beaucoup de choses, au point que le fêtard invétéré que j’étais c’était finalement rangé, et était devenu studieux et sérieux. Un comble pour quiconque avait pu me connaître à Paris. Mais il me restait quand même quelques « séquelles » du personnage que j’étais avant ; la preuve, j’abondais dans le sens d’Esmeralda. Ça pouvait sembler être une petite phrase innocente, lancée au hasard : mais ce n’était pas le cas, et je le savais pertinemment. « Ok, je note, rendez-vous demain. Même heure, même endroit. » Et voilà que j’enfonçais le clou, tout sourire, avec une facilité déconcertante. En sa présence, je me sentais mieux. J’étais plus calme, plus serein, moins tendu. J’avais l’impression que je pouvais renouer avec une attitude plus légère, plus badine, sans m’en sentir coupable. La roue était-elle en train de tourner ? Peut-être bien. Et ce n’était pas pour me déplaire. « Pitié, dis-moi que tu n’étais pas dans le coup. » Dis-je en souriant. « Parce que je sais pas si tes comparses s’en rendent compte, mais là, c’est la dèche. » Ajoutais-je en repensant aux mots du Doyen. Nous allions être obligés de réparer les dégâts, par nous-mêmes, en plus d’être obligés de tous crécher ensemble. Oléééé, voilà de quoi nous amuser pour les prochaines semaines ! « M’enfin, il y a au moins un point positif à tout cela : j’ai enfin quelqu’un pour me changer les idées pendant mes insomnies. » Fis-je remarquer en souriant. Ce qui n’était pas le cas quand j’étais chez les Iota. Too bad. J'ai vidé un énième verre, avant de lui faire remarquer l'horrible vérité : « On est à sec, et on est encore parfaitement conscient. La sort s'acharne contre nous, je crois. » Lâchais-je en soupirant, regardant d'un air navré la bouteille vide. |
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| Sujet: Re: i think i've finally had enough, i think i maybe think too much - esmeralda&matthias Sam 26 Jan - 22:46 | |
| ESMERALDA & MATTHIASϟ « Guillaume Musso » « On la connaît tous, cette solitude qui nous mine parfois. Qui sabote notre sommeil ou pourrit nos petits matins. C'est la tristesse du premier jour d'école. C'est lorsqu'il embrasse une fille plus belle dans la cour du lycée. C'est Orly ou la gare de l'Est à la fin d'un amour. C'est l'enfant qu'on ne fera jamais ensemble. C'est quelquefois moi. C'est quelquefois vous. Mais il suffit parfois d'une rencontre ... » Je laissais échapper un rire sonore qui aurait pu réveiller les morts, me souciant peu de mes camarades qui dormaient à poing ferme et qui seraient perturbés par tant de vacarme à une heure pareille. Je devais avouer qu’en cet instant, c’était le dernier de mes problèmes. Je me trouvais en charmante compagnie, à parler de la pluie et du beau temps, à rire et à sourire. Que voulais-je de plus ? Absolument rien. C’était bien plus que tout ce dont j’avais jouis ces derniers mois. Bien sûr que les fêtes me faisaient oublier mes tourments, que les journées passer à m’occuper de ma fille ou d’assister aux cours m’éloignaient de mes idées noires mais, tout cela ne changeait rien à la situation. J’en étais bien consciente. Le beau blond nia à son tour l’existence des miracles. Au moins, on était d’accord sur ce point là, je ne craignais pas de le choquer comme aurait pu l’être d’autres personnes. A son ton, je compris que lui non plus n’avait pas dû avoir la vie facile. On n’avait pas de telles certitudes par pur plaisir ou par simple conviction, je le savais mieux que personne. Un autre point commun. « Et tout se passe toujours comme prévu ?! » Demandais-je réellement intéressée par sa réponse. Si oui, la recette d’un tel exploit me plairait bien. Et si non et bien…On était deux à ce compte là. Toutes ces années passées à planifier ma vie dans les moindres détails, à faire des projets et à ne laisser aucune place pour l’imprévu pour qu’au résultat, rien de tout ce dont j’avais prévu ne se réalise. Triste réalité qu’était la mienne. Je ne connaissais que trop bien le goût amer de la déception. Tant de rêves et tant de projets n’ayant jamais aboutis parce qu’au bout du compte, je ne semblais pas être seule maitresse de ma destinée. Il avait fallu que je sois à l’article de la mort pour le comprendre mais, aujourd’hui, il était bien trop tard. Et le pire dans tout cela était que mes jours étaient bien trop précieux pour que je perde mon temps à m’apitoyer ou à me laisser aller. Même si l’envie ne manquait pas. « Pourtant, l’imprévu est tellement plus agréable à vivre… » Bien sûr, cela signifiait prendre des risques inconsidérés, perdre ce à quoi on tenait le plus mais, parfois cela s’avérait être nécessaire pour pouvoir avancer. Je me revoyais encore adolescente à programmer chaque seconde de ma journée dans le but de faire de ma vie et de celle de ma mère un paradis. Paradis qui jamais vint à notre rencontre. Je comprenais parfaitement Matthias, fût un temps où sa devise était mienne mais, de l’eau avait coulé sous les ponts. Les temps avaient changé et – malheureusement – moi aussi. J’ignorais si j’étais devenue une bien meilleure personne ou pas mais, mes priorités avaient changé et je ne regrettais pas mes choix. « Sage décision. » Continuais-je sans me départir de mon sourire. « Ca me ferait mal de devoir me débarrasser de toi alors qu’on vient juste de faire connaissance… » La bouteille de tequila se vidait à perte de vue et je devais avouer qu’elle était bien meilleure en cette nuit. « Enfin, officiellement ! » Parce qu’il était vrai que notre rencontre remontée à bien des mois et je m’étonnais encore que le secret de mon insuffisance cardiaque ne soit pas encore découvert. J’étais – pour la première fois de ma vie – assez chanceuse. Tomber sur le seul étudiant de Berkeley qui n’était pas avide de ragots. Je devrais penser à entourer cette date au marqueur. Peut-être que les miracles pouvaient exister. Ou du moins, s’en rapprocher. La conversation se tourna vers la décision du Doyen de faire cohabiter toutes les confréries. Pour ma part, cette cohabitation s’avérait bien plus houleuse que je n’aurais pensé. Comment Diable pouvait-on vivre les uns sur les autres quand chacun faisait ce que bon lui semblait, quand bon lui semblait. Mon appartement me manquait, ma solitude me manquait et plus que tout, mon intimité me manquait. « J’ai toujours été fille unique et à mon arrivée à San Francisco, j’ai préféré garder les bonnes habitudes d’antan. » On ne change pas une équipe qui gagne. Et ce nouvel environnement ne faisait que me prouver ma décision passée. La cohabitation entre deux être ne devait subsister qu’en de rares occasions et pour d’excellentes raisons. « Mais entre temps, des choses ont changé. » Ces mots auraient bien pu être les miens. Des choses ont changé. Cette phrase voulait tellement dire que je ne pus que hocher la tête en acquiesçant. On avait tous deux notre part d’ombre, un passé qui semblait nous peser plus qu’il ne devrait. « Et intelligent en plus d’être mignon…C’est mon jour de chance. » Je me sentais plus légère en sa présence et je comptais bien en profiter. Je me laissais prendre au jeu, bien trop habituée à avoir le malheur comme meilleur ami. Je pressentais un air de changement et j’espérais que mon intuition ne me trompait pas. « Non ! J’avoue qu’ils ont fait fort mais, saccager les affaires des autres ne fait pas partie de mes dons. » S’amuser était une chose, tout mettre sens dessus dessous en était une autre. Qui plus est, je me mettais à leur place. Je détestais l’idée de rentrer chez soi et de retrouver toutes ses affaires éparpillées. Ca aurait eu le don de me mettre hors de moi. « Je penserais à remercier mes camarades alors. » Répondis-je tout en me délectant de son sourire. Il devrait penser à sourire plus souvent, pensais-je. Suivant son regard, je vis sans surprise que notre amie la tequila nous avait fait défaut. Me levant de mon siège, je lui tendis ma main sans prendre plus de temps pour réfléchir. « On va trouver notre bonheur ailleurs… » Marcher nous ferait le plus grand bien et nous éloigner de cet endroit ne pouvait être que bénéfique. « J’espère que ça ne te dérange pas si je te kidnappe pour le reste de la nuit ?! » Où on allait ? Qu’est-ce qu’on ferait ? Aucune idée. Mais, l’inconnu était bien plus stimulant.
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| Sujet: Re: i think i've finally had enough, i think i maybe think too much - esmeralda&matthias Mer 6 Fév - 21:35 | |
| Avachi sur l’un des canapés qui composaient notre salle commune, je parlais de tout et rien avec une fille que je ne connaissais ni d’Adam, ni d’Eve. Pendant une fraction de seconde, j’ai imaginé la réaction de ma sœur jumelle, si elle nous avait vus. Elle aurait sans doute écarquillé les yeux de surprise, étonnée de me voir en train de me sociabiliser un minimum avec d’autres étudiants. Moi qui, depuis mon retour aux Etats-Unis, avait toujours mis un point d’honneur à ne pas lier d’attaches. La tendance était-elle en train de s’inverser ? Peut-être bien que oui. Tiens, voilà un parfait exemple qui illustrait notre conversation actuelle. Encore une chose que j’avais prévu, et qui risquait fortement de tomber à l’eau. « Pas franchement. » Finis-je par déclarer, après quelques secondes de méditation. Pour mon plus grand désespoir, d’ailleurs. Pour une fois, j’aurais aimé que quelque chose se déroule exactement comme je l’avais envisagé : ça m’aurait changé. « En fait, c’est plutôt le contraire. » Explicitais-je en haussant les épaules. Blasé ? Pas vraiment : je n’y pouvais pas grand-chose, au final. Il y avait toujours un élément imprévu qui venait mettre à mal mes plans. « Genre m’engager dans l’armée, ce n’était vraiment, vraiment pas prévu. » Avouais-je à voix basse, avec une certaine pudeur. Pour l’une des premières fois, j’acceptais d’évoquer ce sujet avec une – presque – inconnue. L’Oméga devait sans doute être au courant de cette particularité me concernant – en même temps qui, à Berkeley, ne le savait pas ? Les ragots se propageaient à une vitesse incroyable, et les rumeurs allaient bon train. Je concevais bien qu’il était peu ordinaire d’avoir un ancien militaire, parti en mission qui plus est, comme nouvel étudiant. Mais cette attention et cette focalisation sur mon passé m’avaient vite mis mal à l’aise. Jusqu’ou les gens iraient-ils pour connaître vos petits secrets ? Au final, je pense qu’il vaut mieux rester ignorant, et ne pas le savoir. « Peut-être bien que tu as raison. » Déclarais-je, sans pour autant être totalement convaincu. Tout planifier avait quand même un aspect plus que positif : c’était rassurant. On avance d’un point A à un point B, on sait où on va. « Tu l’as déjà regretté ? D’avoir arrêté de tout préparer à l’avance, je veux dire. » Demandais-je, sincèrement intéressé par sa réponse. Il fallait peut-être temps que j’arrête de me poser des questions, et que je commence à vivre sans trop me soucier du lendemain. Un peu de légèreté, ça ne pouvait pas me faire de mal. « C’est trop d’égard, sincèrement. » Murmurais-je en souriant, posant de manière théâtrale une main sur ma poitrine. Si jamais je ne réussissais pas les études, j’avais une voie d’acteur toute tracée. Ou pas. « Ça me touche, vraiment. » Lâchais-je, sans quitter mon habituel sourire narquois. « Officiellement, c’est vrai. » Approuvais-je en hochant légèrement la tête. Si quelques semaines plus tôt, on m’avait dit que je ferai connaissance avec la fille que j’avais amené à l’hôpital, je ne l’aurais jamais cru – une fois de plus, je me trouvais face à un événement que je n’avais pas prévu. Nous avons dévié vers un sujet beaucoup plus léger – celui de la cohabitation, imposée par le Doyen. J’abhorrais cette situation, et l’idée de crécher avec les autres étudiants. Je me sentais bloqué, pris au piège parce que je ne pouvais pas faire ce que je voulais, quand je le voulais. Je ne pensais jamais en arriver là, mais l’intimité de ma chambre chez les Iota me manquait cruellement. « Ça peut se comprendre. » Acquiesçais-je en souriant. « J’ai un frère et une sœur, mais crois-moi, j’attends avec impatience de retrouver ma chambre chez les Iota. » Avouais-je, sincère. Notre conversation dévia sur un sujet beaucoup plus léger, beaucoup plus jovial. Nous nous éloignions de nos tourments, profondément liés à notre passé, à nos décisions. Et ça me faisait du bien. Vraiment beaucoup de bien, à tel point que j’avais l’impression de progressivement renouer avec une vie normale – ou presque. « Eh attends, tu crois quoi ! » M’exclamais-je, affichant un sourire narquois. « Bac scientifique mention bien, c’est pas négligeable. » Précisais-je, jouant volontairement et à outrance la carte du narcissisme et de l’égocentrisme. Me moquant ouvertement de mon propre comportement, j’ai ajouté : « Mais n’en dis pas plus : je risquerais de prendre la grosse tête. » En effet, je n’étais pas quelqu’un de particulièrement expressif, qui aimait se mettre en avant par rapport aux autres. J’avais une certaine confiance en moi, je le concevais, mais je n’étalais pas mes succès (ni mes échecs, d’ailleurs) aux yeux de tous. Un minimum de modestie ne pouvait faire de mal à personne, à mon sens. « Tu m’en vois ravi. Je n’avais pas franchement envie de te faire la morale. » Dis-je en souriant légèrement. Il n’empêche que si je tenais les emmerdeurs qui avaient saccagé les pavillons… Well, mieux valait ne pas y penser, à la réflexion. J’ai regardé l’Oméga se lever de son fauteuil, puis faire un pas vers moi. J’ai légèrement froncé les sourcils, surpris par cette spontanéité à laquelle je ne m’étais pas attendu. « Du bonheur, carrément ? Tu m’intrigues. » Avouais-je en souriant, convaincu par tant de mystère, et conquis par cette main qu’elle me tendait. Ce soir, un lien s’était peut-être créé. Bien sur, ça n’allait pas être révolutionnaire, ni même vraiment creusé. Mais les faits étaient là, c’était indéniable : à mes yeux, elle n’était déjà plus la malade que j’avais aidé. Elle n’était plus non plus une simple Oméga insomniaque. Elle était devenue plus. « Non, non, aucun problème. Je suis curieux de voir où tout cela va nous mener. » Acceptais-je en hochant légèrement la tête, alors que mon corps, lui, avait déjà fait son choix. En effet, j’étais déjà debout, prêt à me laisser entraîner dans le sillage de l’Oméga. Ses doigts s’emparèrent des miens, et elle m’entraîna à sa suite. Ma soirée, que j’avais imaginée bien plate et morose, prenait une tournure des plus intéressantes. Tout doucement, petit à petit, je renouais avec une certaine forme d’insouciance et de légèreté – « comme avant », songeais-je avec nostalgie. Je ne me préoccupais ni des remarques ou des regards éventuels des autres, je me fichais de savoir où elle allait m’entraîner. J’obéissais, simplement, sans trop me poser de question. De toute façon, ni elle ni moi n’avions quelque chose de mieux à faire. Et quitte à tuer le temps, autant le tuer à deux : les heures défileront plus vite, et on n’aura même pas le temps de dire ouf que l’aube colorera le ciel de San Francisco. « Tu m’entraînes où ? » Demandais-je alors que nous franchissions la porte du pavillon de la Victor Hugo's Residence.
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