the great escape
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" what happens next ? - bury me deep inside your heart and I'll carry you through everything "

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AuteurMessage
Constance La Tour Dubois
there's no place like berkeley
Constance La Tour Dubois
prénom, pseudo : julia.
date d'inscription : 15/04/2010
nombre de messages : 36874
avatar : nina dobrev.

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MessageSujet: " what happens next ? - bury me deep inside your heart and I'll carry you through everything " " what happens next ? - bury me deep inside your heart and I'll carry you through everything " EmptyDim 10 Fév - 11:45

❝.I am with you, I will carry you through it all. I won't leave you, I will catch you when you feel like letting go "cause you're not alone. And I'll be your hope when you feel like it's over. I will pick you up when your whole world shatters. ❞

Chap. 1
❝.I'll hold on to this moment, you know
As I bleed my heart out to show and I won't let go
. ❞


'' Vous avez un nouveau message sur votre répondeur. '' Son téléphone portable affiche le numéro, le nom et la photo du colocataire. Elle décide d'éluder le message vocale, puisqu'il sait que ses classes terminaient plus tard que les siennes et que donc, elle est occupée. A moins qu'il n'ait oublié, ce qui est fort probable. Si c'est urgent, il rappellera, songe-t-elle, le connaissant sur le bout des doigts. Si c'est vraiment urgent, il n'aura de cesse d'appeler jusqu'à ce qu'elle ne daigne décrocher. Pour l'instant il n'a laissé qu'un seul message et ne semble pas insister. Puis elle, grande insolente, n'est pas non plus impatiente d'écouter son message, puisque de toute façon elle est sur le chemin du retour et que comme elle vient de l'expédier sur répondeur, elle va très probablement avoir l'immense bonheur de l'entendre ruminer par téléphone interposé. Elle a une bonne heure de retard, elle terminait les cours à dix-huit heures et s'est surprise à flâner dans le pavillon Iota durant une autre petite heure, jusqu'à décider de rentrer bien sagement au domicile. Le voisinage en ébullition lui indique que le quartier est en pleine foire. Prodigieusement agacée par la foule de curieux s'amassant non loin de son portail, une lumière rouge et bleu attire néanmoins son attention et arrive à captiver sa curiosité assez pour qu'elle n'élude le capharnaüm gigantesque dressé devant sa porte. Elle se gare rapidement dans la rue, ouvre sa portière, laisse son téléphone dans sa voiture. Les sirènes lui crispent les tympans et ce qu'elle croyait n'être qu'une simple lueur au fond du paysage n'est en fait qu'une parmi tant d'autres. Ambulances, polices et elle peut presque jurer voir un gilet estampillé FBI passer par-là. Intriguée par la cohue, elle se fraye un chemin vers sa propre maison, source de tout les quolibets alentours. Elle pousse sans vergogne, s'apprête à grogner sur ceux qui ne voudraient pas s'écarter devant la marche royale de sa majesté, avant de constater que tous s'écartent en silence à son arrivée. Un mutisme quasi religieux qu'elle aborde avec anxiété. Point de mire de tout les regards, elle perçoit une once d'appréhension, de compassion et presque de pitié dans toutes les prunelles qui la scrutent timidement. Qu'est-ce qu'ils ont tout ces paysans encore. Baignant dans l'incompréhension, elle se laisse arrêter par le premier policier qu'elle croise et qui la reconnaît sans peine. Il lui adresse un air hébété, quelques paroles catastrophées incompréhensibles qui ne manquent pas de l'agacer plus qu'elle ne l'est déjà. Toutefois, cette interlude n'est que de courte durée puisqu'un cortège bien armé escorte une petite silhouette trapue de chez elle, jusqu'à l'endroit même où elle se trouve. Perdue dans une histoire qu'elle peine à comprendre, c'est le regard d'un vieil ennemi qu'elle croise parmi la foule et qui, la voyant si incomprise, ne tarde pas à lui sauter à la gorge. Elle recule d'un pas, les gardiens de la paix font reculer le tristement célèbre Jeff avec poigne, qui lorsqu'il l'a vu, s'est littéralement jeté sur elle. Toutefois, cela ne l'empêche pas d'afficher un sourire malsain, conquérant, mais surtout satisfait. « .J'ai gagné, sale garce. » ricane-t-il, jusqu'à même se tordre d'un rire maléfique écœurant. Je vais t'en montrer une moi de sale garce, pense-t-elle. Ses lèvres lui miment un '' Poum '' insolent bien que silencieux jusqu'à ce que ses commissures ne s'étirent en un sourire narquois. « .Constance est toute seule maintenant. » chantonne-t-il à son adresse, bienheureux. Elle retient son souffle, serre les dents pour ne pas lui arracher la tête d'un geste vif. Que raconte-t-il cet insecte ? Elle peine à comprendre. Ou bien, elle ne veut pas comprendre. Il ne gagnerait jamais contre elle, Constance La Tour Dubois ne perd jamais, dans tout les jeux de la vie, même les plus extrêmes. Pourtant, la liesse, l'allégresse insultante dont fait preuve ce vaurien, elle ne peut que s'en méfier. Elle fait volte-face, mais alors qu'elle décide de l'ignorer et incite la police à l'embarquer avant qu'elle ne lui brise les côtes d'un coup de talons, la voix posée et assurée du criminel lui intime une vérité poignante. « .Il est mort, ton précieux Italien. » Et toi tu es le prochain sur la liste. Sans même croire à ses balivernes, elle s'apprête à se retourner et à offrir sa tête en guise de ballon de football aux gamins du quartier. On ne tue pas mon précieux Italien, il est invincible. Excepté que rapidement, elle se retrouve immobilisée dans l'étreinte vigoureuse de Sandro. Sandro. Chez elle. Sandro. L'infamie sous sa forme la plus personnifiée. Sandro ici. Plongée dans un flou intégral qu'elle n'arrive pas à discernée, elle manque de s'énerver sur lui. Il a fait, en croisant Jeff, une crise cardiaque comme il sait si bien le faire et voilà pourquoi il y tant d'ambulance dans les parages. Problème résolu. Toutefois, elle n'en oublie pas les paroles venimeuses de Jeff et constate rapidement que l'italien qu'elle convoitait manquait à l'appel. Et qu'en plus, elle se tartine son jumeau. Prodigieusement énervée, au bord de la crise de nerf, elle repousse le Pelizza Da Volpedo d'un geste brusque, non sans grondements irrités. « .Enlève tes pattes de là, sombre idiot et dis-moi où est ton frère. » Et plus vite que ça. Désormais, Constance, elle ne fait plus dans les formes et n'opte plus pour le légendaire calme olympien et énervant. Ses prunelles chargées d'un regard luciférien plantées dans celle de Sandro, elle attend une réponse clair, net et précise. « .Où est-il. » insiste-t-elle, presque en criant cette fois. Et si elle devait s'égosiller des heures pour obtenir réponse, elle le ferait sans hésiter. Elle voulait savoir où était passé Augusto et la seule réponse qu'elle obtenait émanait du conspirateur croisé assassin le plus pitoyable de l'humanité. Pour l'instant, la seule donnée qu'elle a en main, c'est que son précieux Italien n'est plus. La panique s'empare de ses veines, son sang nn fait qu'un tour précipité, au point où elle menace d'exploser le quartier et chacun de ses habitants si jamais Sandro ne lui donne pas une réponse, et la bonne réponse. Qu'Augusto soit parti ? Sous les coups de ce bedonnant, assoiffé de vengeance, médiocre de naissance de Jeff ? Jamais de la vie. In-envisageable. Insoutenable. Pourtant, il réfléchit encore, Sandro. Il cherche ses mots, son visage est affublé de cet air malheureux dont elle si souvent s'est moquée, ce visage triste, affligé, accablé. Elle manque de lui hurler dessus, excepté qu'il accepte enfin de lui délivrer le message le plus important de toute son existence, le pire d'entre tous. « .Jeff l'a vraiment... Il a dit la vérité. » Puis soudain, le silence, le blanc, le noir, le néant. Une vie, un instant tournant au ralenti, presque figé dans le temps. Aveuglée par la surprise, abasourdie par une nouvelle qu'elle peine à croire, elle n'entend désormais plus que le fracas de son cœur et la tornade de son souffle. Elle se retourne, esquisse un pas en arrière, scrute le visage de Sandro comme si elle cherchait dans ses yeux, dans ses traits, une preuve. Quelque chose qui lui prouverait qu'il mentait, qu'il s'amusait avec elle, qu'il la torturait pour le plaisir et que ce n'était qu'un tissus de mensonges. Mais rien. Il est abattue et ça, elle ne peut pas lui enlever. Un second pas en arrière, elle glisse un regard vers sa droite, vers sa maison. Les prunelles vide de toute émotion, le souffle court. Elle comprend que tout se tient, que la police, les urgences sont là, pour lui. Elle croise le regard de son frère, Zachariah, qui ne sait comment réagir, comment l'aborder. Elle est si compliquée, Constance. Il n'y a que Augusto qui sait s'y prendre avec elle. Elle continue son inspection et croise Camélia du regard, en train de pleurer. Adriel, serrant dans ses bras une silhouette fine et frêle, dont le visage est dissimule dans ses mains, dans l'étreinte d'Adriel et entre ses cheveux bruns, mais qu'elle reconnaîtrait entre mille. « .Manon. Dis que ce n'est pas vrai. » supplie-t-elle presque, d'une voix enrouée. Manon ne lui mentirait jamais. Pas sur ça. Son visage esquisse une négation vive à l'adresse de Manon, refusant cette possibilité envers et contre tout. Pourtant déjà dans le fond de ses prunelles se glissent une rivière de larmes sur le point de s'épancher sur son visage, qu'elle retient tant bien que mal. Ses lèvres se retroussent en un rictus accablé, elle cherche dans le regard éploré de sa meilleure amie la vague de soulagement dont elle a désespérément besoin. Soulagement qui ne viendra jamais. Les chaudes larmes de Manon se déverse plus encore sur sa figure, lui prouvant ainsi que tout est vrai. Une dague en plein cœur aurait été plus douce épreuve à ses yeux que cette nuit macabre, cette vérité abominable. Elles restent à se regarder pleurer un instant, en silence, sans crier, hurler ni même oser esquisser un pas l'une vers l'autre. Comme ankylosée par l'improbable, l'impossible et cette douleur instantanée qui déchire son palpitant en un millier d'éclats. C'est donc ça, avoir le cœur brisé. Qui s'éparpille en un torrent, de ses iris à ses joues rosies. Elle n'accepte pas. Comment le pourrait-elle ? Puisque lui et elle son invincible, éternel. Qu'un monde sans lui n'existe pas, qu'une réalité sans son Augusto serait fade, amère et dénuée d'intérêt. Pourtant elle va devoir s'en contenter, mais à ses yeux, il ne peut être un souvenir relégué au placard. La réalité bafoue l'utopie parfaite qu'ils s'étaient jusqu'alors construite. Désormais laissée seule pour gouverner un monde ennuyeux et insignifiant, le présent lui agrippe la gorge alors que ses prunelles se déposent sur une civière s'échappant de la maison qu'ils ont longtemps partagés. Elle suit d'un regard pétrifié la dernière escorte de sa majesté l'emporter vers un univers différent, auquel elle n'a pas accès. Là où elle n'est pas reine et où il trône désormais parmi les anges. Elle regarde, tétanisée, les prunelles tuméfiées de détresses, ce présent, mais aussi futur qui lui est désormais interdit et qui s'éloigne sur un brancard, inerte et sans vie. Plongé dans un néant dont elle ne pourrait jamais l'extirper, même en s’agrippant à lui de toutes ses forces. Cette fois elle ne peut pas gagner, elle l'a perdu. Il appartient désormais à un monde différent du sien, suit un chemin qu'elle n'est pas autoriser à arpenter, à son plus grand désarroi. Il a déjà parcouru le chemin vers un au-delà qui lui est défendu, à elle pauvre vivante. De rares perles, mais pourtant si abondante, dessinent un masque de douleur sur ses traits épouvantés. Une succession de sanglots révoltés et abattus, quelques paroles accablées et navrées s'étouffent dans son souffle saccadé. Navrée de ne pas avoir été là à temps, consternée de ne pas avoir été là en première. Deux bras l'emprisonne dans une étreinte dont elle essaye de se dépêtrer sans succès. Zachariah est largement plus fort qu'elle est résolument décidé à ne pas la laisser s'échapper, faire n'importe quoi. Elle se met à littéralement lui hurler dessus, lui dire que c'est de sa faute à elle, de sa faute à lui, de la faute des autres, de la faute au monde, à se débattre jusqu'à battre des poings sur ses épaules, le griffer et pleurer. Pleurer, comme elle n'a jamais pleuré. Son regard, son chagrin, ne se détache pas du spectacle odieux que la vie lui inflige. Leur inflige. Elle se morfond dans les bras de son cadet qui resserre son étreinte toujours plus. Elle souille ses habits d'une nappe qu'elle n'arrive plus à arrêter. Lentement, elle se laisse glisser au sol, sans jamais détacher son regard de l'ambulance qui baigne le quartier d'un tintamarre assourdissant. Ses doigts frêles serrent la taille de son frère avec poigne et lorsque le cortège macabre à quitté les lieux, tous se sont amassés autour d'elle lorsqu'elle sombre. Et si Constance n'a jamais souffert de sa vie, maintenant elle est anéantie pour perpétuité. Inconsolable, le seul qui sache comment l'apaiser, c'est lui, qui lui manque déjà cruellement.
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Chap. 2
❝.Holding on just don't make sense. ❞


Je respire. Du moins je crois. Je ne suis plus sûre de rien à présent, perchée sur un fauteuil en velours, enveloppée dans sa couverture, vêtu de ses habits, à lui. Je porte une veste haute couture pour homme comme on porterait un pyjama et cache mon teint blême derrière les manches, imprégnées de son parfum. Son short préféré pour rester à la maison et flemmarder sur le sofa. Vérité étant, je ne porte plus rien à moi. Tout lui appartient. J'ai l'impression qu'en m'emmitouflant dans ses habits, j'arriverais encore à sentir son étreinte. Sauf que j'ai tort, ce n'est jamais assez. Mes doigts jouent avec une gourmette épaisse gravé de son prénom, enroulée autour de mon poignet, mais que je tiens toujours dans l'étau de mes doigts tant j'ai peur de la faire tomber et de la perdre. Elle est trop grande, au moins quatre crans de trop. Un collier en argent orné d'un médaillon autour du cou qu'il m'a offert à Noël dernier. Et je pourrais faire l'inventaire de tout ce que je porte et qui n'appartienne qu'à lui. Tout ces vestiges de lui que je peux emporter avec moi, à chaque seconde, chaque endroit. Le regard rivé sur l'extérieur, j'attends que le temps passe en silence, sans bouger, recroquevillée sur moi-même. J'ai le sentiment que si je bouge, mes os vont se briser. A peine en vie, subsistant à mes pires jours. Encore en vie, mais respirant à peine, comme si toute volonté s'était envolée et que donner un sens aux miettes de mon existence n'a plus aucun intérêt à mes yeux. Quelques jours à peines sans lui, pourtant j'ai l'impression d'être jetée dans un trou noir, sans fin et que ces quelques journées d'agonie sont en réalité une éternité cuisante qui s'amuse avec ma tristesse sans jamais se lasser. Je n'ai jamais été triste de ma vie. Je me fiche de tout. La famine dans le monde, la guerre, les attentats, la pauvreté, les maladies. Je m'en fiche. Tout ce qui importe, c'est moi. Tout ce qui importait, c'était moi. Moi et lui. Nous. Je ressens chaque seconde de son absence, comme si l'horloge me tiquait dans l'esprit, me rappelait que je vivais un instant de plus sans lui, que je qualifiais d'instant gâché. Certains me disent qu'il n'était qu'un chapitre de ma vie et qu'en tournant la page, ça ira. Ils ont du voir ça dans un mauvais film à la con. Que ce n'est pas parce que la page est tournée que je vais forcément oublier le chapitre puisque maintenant, c'est ancré. Sauf que moi, c'est le livre entier qu'on m'a volé. Lui, il est ancré dans ma peau, dans mes gestes, ma nature, ma façon de parler, de me comporter. Lui c'est tout, c'est moi, c'est comme ça. Je me sens vidée, constamment fatiguée pour rien, inutile. Une poupée de chiffon usée et désabusée. Et je me fatigue plus encore à espérer qu'il ne revienne, à m’agripper inconsciemment à lui. Je m'épuise à ne penser qu'à lui, à le voir partout, me rappeler de lui et nous en frôlant des objets qui nous appartiennent. Je me crève un peu tout les jours, pour un fantôme qui hante mes jours et mes nuits, que je pourchasse et qui se contente de m'échapper. Et si je pensais que ce n'était pas possible d'être autant en manque de quelqu'un, je me trompais. Presque léthargique, mes prunelles restent seules émissaires de vie. Je regarde l'extérieur, sans but. Je guette le portail, sans savoir que faire ou qu'espérer. Un retour ? Arrête Constance. Pourtant, les larges portes noirs s'ouvrent et laissent entrer un visiteur. J'entends la Petrov-Versier bouger, se lever et descendre les escaliers en trombe. Manon, elle fait toujours un remue-ménage infernal. Pourtant, je sais que depuis, elle fait l'effort pour être discrète dans la maison. Et je crois surtout que l'hystérie l'a quittée. Mais je l'entends se précipiter vers l'extérieur. Curiosité attisée, je jette un regard hagard et sans vie au jardin où je croise une silhouette qui me brise un millier d'éclats. Chevelure foncée, presque noir. Barbe naissante. Deux grands yeux bleus qui scrutent ma fenêtre, dans ma direction. Mon cœur loupe un battement, puis deux, puis trois. Ma couverture tombe au sol. Gusto. En bas, en train de me regarder. Avec un regard différent, une allure différente. Pourtant, je devrais le reconnaître. Ça n'a jamais été d'une grande difficulté pour moi. Et puis, le mien, je le reconnaîtrais entre mille. Au fond je sais que ce n'est pas lui. Mais je le veux tellement. Tellement que j'en deviens folle, pathétique à crever, aveuglée par ces pâles utopies et ces scénarios grotesques de retour que je me façonne dans l'ombre de son absence. Mais je le veux, lui et c'est tout ce qui importe. Machinalement, je repousse le fauteuil d'un geste vif et entame une course effrénée vers l'étage inférieur, quitte à repousser les murs afin qu'ils puissent me laisser le champ libre. Arrivée dans la cuisine, je rejoins Manon qui fait barrage et qui me dis de retourner dans ma chambre, de pas y aller, que ce n'est pas ce que je crois. Qu'est-ce que je crois ? Je crois ce que je veux. Je ne pense plus, je ne réfléchis plus. Devant notre maison, sur l'allée qui conduit à la porte, il est là. C'est lui parce que j'ai envie que ce soit lui, parce que je meurs d'envie que ce soit-lui et j'ouvre la porte. « .Gusto. » Une petite voix effrayée, chargée d'appréhension, rapidement masquée par le claquement de la porte contre le mur. Je découvre pourtant un visage que je connais par cœur, une carrure qui m'est familière. L'espoir bête que ce soit vraiment lui me donne des fourmis dans les doigts. Nous nous contentons de nous regarder bêtement, éberlué par le comportement de l'autre. Qu'est-ce qu'il attend pour me prendre dans ces bras celui-là ? ce n'est pas comme s'il avait l'habitude. Ce n'est pas comme si ça faisait des jours qu'il me torturait et qu'il revenait comme une fleur se poser sur le pas de ma porte. Ce n'est pas comme si je venais de taper un sprint magistrale à presque bouffer les murs de notre maison pour aller l'accueillir. Ce n'est pas comme s'il me manquait tellement que j'avais envie de m'arracher la peau, les veines, le cœur rien qu'à y penser. Ce n'est pas comme si je mourrais à petit feu, comme une idiote. Qu'est-ce qu'il attend ? Figée, le cœur au bord des lèvres, la respiration haletante, je scrute ces traits familiers, mais pourtant si lointain, qui me fixe précautionneusement. Des doigts fins se glissent le long de mes avant-bras afin de me faire reculer et rentrer dans la maison. Manon. Et sa petite voix frêle. Et son hésitation. Et sa vérité. « .Constance, c'est pas Gusto. » Comme une baffe. Une bonne baffe en plein visage. Réalité étant, j'aurai préféré qu'elle m'en colle une, la douleur aurait été moindre en comparaison à ce que je ressentais. Aussitôt, il me regarde avec un air navré. Augusto, il n'est jamais navré. C'est le regard de sa pâle copie, cette abomination de jumeau. Sandro. Bien sur que non, ce n'est pas Augusto. Puisque mon Gusto, il est parti pour de bon. Il m'a laissée seule, sans prévenir, sans avoir le choix et de la façon la plus injuste. Esseulée comme jamais, je m'en rend compte que non, vraiment, il ne reviendra jamais. Que mes espoirs resteront vains jusqu'à la fin, que son temps est passé, révolu. Je me sens tellement idiote, d'avoir encore fait passer mes enfantillages avant le rationnel. Il est parti. C'est fini maintenant, il ne reviendra plus. Le déni s'estompe, le calvaire s'intensifie plus encore. La porte se referme sur le double et aussitôt, prenant conscience dans une claque que tout est terminé, que la vie telle que je la connaissais s'achevait, je m’effondre en larmes dans les bras de mon seul réconfort encore en vie, la seule qui vaille encore la peine et qui mérite de contempler mon profond désarroi.
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Chap. 3
❝. There's a light, there's the sun taking all the shattered ones
to the place we belong and his love will conquer all
. ❞


« .Take him and cut him out in little stars, and he will make the face of heaven look so fine that all the world will be in love with night and pay no worship to the garish sun. - William Shakespeare ; Romeo and Juliet. » La terreur sourde qui n'a aucun répit, celle qui vous torture de l'intérieur et qui s'en délecte. Sous ses allures de fleur fanée que l'on peut piétiner, Constance mène une bataille sans merci contre elle-même. Sa peau, ses muscles, son esprit, son palpitant mutilé lui ordonne de s’effondrer. C'est comme si son corps en entier l'appelait, lui grondait sa douleur. Elle serre les dents, même si elle sait que ce n'est pas suffisant. Elle manque de tressaillir à chaque brise qu'apporte le froid californien, à chaque fois que Manon ose bouger d'un centimètre l'étreinte de ses doigts autour des siens. La respiration haletante, elle sent son cœur s'agiter et la supplier d'arrêter ses caprices. Constance elle ne veut pas vaciller, pleurer, montrer signe de faiblesse. Elle se supplie de rester courageuse et d'affronter ce calvaire. Ne pleure pas, le monde se moquerait de tes larmes et de tes faiblesses, s'intime-t-elle. Un discours bien pensé qu'elle se répète inlassablement, au point d'en occulter les mots gravitant autour d'elle, ces simagrées agaçantes, les discours bien pensants dévoué au sien, à son éternel, son gardien. Elle s'entend parfois murmurer qu'elle n'en peut plus, d'être triste et elle espère que la vie l'entendra, lui répondra que ça passera, que tout ira mieux, éventuellement. Au fond, Constance est assez terre-à-terre pour comprendre que non, ça n'ira jamais mieux. Entendre de vive voix qu'il est mort, c'est comme si on faisait glisser des lames de rasoirs sur sa peau, jusqu'à l'entailler férocement. L'impression de plaie ouverte est là, en tout cas. Elle a l'agonie silencieuse, elle souffre dans son mutisme, face à ce cérémonial pompeux et trop solennel. Des enterrements, elle en a vécu à la pelle. Pourtant celui-ci lui est insurmontable. Constance elle ne pleure jamais, mais en ces lieux, sa seule envie et de laisser la tempête ravageuse dans ses prunelles ruisseler sur ses joues rosies par le froid. Ou la tristesse. Elle pense que la monotonie des lieux n'est pas digne de son italien, qu'il mérite meilleure dernière demeure. En même temps, il méritait aussi meilleure destinée. Ses doigts martyrisent la rose rouge qu'elle tient dans l'étau de ses doigts, celle qu'elle est supposée déposer sur son cercueil. Cercueil d'ébène qu'elle fixe inlassablement, comme pour se punir, se forcer à contempler sa tragédie et se faire plus mal encore. Comme si la douleur lancinante de cette disparition lui est désormais essentielle, vitale. Constance, elle sait jouer la fille indifférente, insensible et que rien ne peut atteindre. Elle sait se défendre contre les attaques de la vie, mais pas contre celles qui viennent de l'intérieur. Le mal-être irradie tout son corps, incendie son cœur, son estomac pour se répandre ses veines et venir lui brûler les paupières. Son être entier quémande la crise de larmes, alors que son étreinte gauche dépose sur le bois noir sculpté cette rose éclatante, mais flétrie qu'elle s'est évertuée à torturer toute la cérémonie durant. Rose à l'image de sa détentrice. Magnifique, mais usée. Sa main caresse le cercueil dans un dernier au revoir, jusqu'à ce qu'il ne soit emportée et ne termine en contrebas. Ses dents se serrent plus encore. « .Au revoir, mon gusto. » murmure-t-elle, bouleversée, accroupie devant une motte de terre grandissante. Ressentir, c'est un mot qu'elle déteste, un fait qu'elle abhorre. Constance, ressentir, elle n'a pas l'habitude et elle n'aime pas ça. Pourtant elle n'a plus le choix, elle est à la merci du monde, de tous. Le prénom de son illustre colocataire lui est suffisant pour flancher littéralement vers ces abysses qu'elle redoute tant. Une perle salée glisse le long de sa pommette. Elle l'essuie d'un revers et dissimule aussitôt sa bouche, son visage, dans la paume de sa main. Le silence pensant, seulement trahis par une légère brise, vient lui glacer le sang. Impassible, elle se contente de contempler le chapitre chute du livre passionnant qu'est sa vie. Mille questions lui tourmentent l'esprit, alors que les lieux se vident peu à peu de présence. Elle est dernière âme vivante au milieu des sépultures, enveloppée dans le sordide de l'endroit, mais pourtant pas effrayée. Elle a autre chose de bien plus effrayant à affronter qu'un endroit aussi inquiétant que le cimetière. La perspective de faire des au revoir moins solennels et plus personnels, par exemple. Et si ce n'était que ça. Résolue à restée accroupie, sans bouger, elle dépose une main hésitante sur la pierre froide gravée de son nom. Augusto Pelizza Da Volpedo. Le bout de ses doigts dessinent les lettres capitales incrustées de doré. Étrangement, elle se sent en sécurité, apaisée pour un court moment sans pour autant que le tourment ne soit effacé. Elle sait qu'il est là, qu'il la protège. « .J'envisage de m'installer ici. Quitter notre maison et rester sur ce coin de marbre jusqu'à la fin des temps. » Ils penseront tous qu'elle est folle, mais elle s'en fiche. Qui se préoccupe d'elle maintenant ? Elle se prépare à l'indifférence. Celle qui a la servie à ses congénères toute sa vie durant et qu'elle va désormais récolter. Elle sait qu'ils avaient tous peur d'elle, parce qu'Augusto était toujours là pour la défendre, la protéger. Et inversement. Constance, sans Augusto, c'est juste une petite peste égocentrique, un stéréotype bâclé parmi d'autres, l'œuvre inachevée d'un artiste en manque d'inspiration. Elle a un intérêt moindre, finalement. Du moins, c'est ce qu'elle pense. Il faut dire que depuis qu'il n'est plus, depuis qu'elle a découvert que sans lui, elle n'est qu'une ombre sur un tableau éclatant qu'il suffit de gommer, son estime d'elle-même s'est perdue. Elle reviendra, incessamment sous peu, puisqu'elle reste l'insaisissable et impétueuse Constance La Tour Dubois. Elle le sait, mais aujourd'hui c'est plus simple de se dénigrer et de n'être rien du tout. Quitte à être au fond du gouffre, autant l'être pleinement. Elle hésite, ses doigts dessinent toujours maladroitement la pierre, elle écrit ''napoléon'' nerveusement du bout de son index, va savoir pourquoi. « .Je dois être avec toi. Ma maison c'est toi. » avoue-t-elle à voix basse, comme s'il s'agissait là de paroles interdites. Elle n'a pas honte, loin de là. Elle a seulement l'impression qu'elle n'a pas le droit de lui dire des choses pareilles, puisque leur attachement mutuel a toujours été tabou, implicite. Elle a surtout du mal à l'admettre, mais à quoi bon réfuter maintenant. La vérité est là et il n'y a rien de plus vrai que ceci : Constance doit toujours se trouver avec Augusto. C'est la vie qui veut ça, le monde, la gravité, tout. Autrement, ce n'est pas possible. Pourtant, elle va devoir composer avec sa solitude. Elle a envie de lui faire un caprice, à ce fantôme. Comme si cela l'aidait à se raccrocher au passé, où elle pouvait se la jouer emmerdeuse afin de lui imposer ses désirs. Reviens ici, ou bien je reste plantée ici jusqu'à ce que tu ne viennes me chercher. Pathétique petite Constance, qui perdue dans ses tourments, en perd aussi la raison. « .Nous avons tout partagé durant toutes ces années et maintenant je suis contrainte de dire au revoir ? Moi je ne sais pas faire ça. Dire au revoir. Ça ne s'apprend pas. Je ne sais que m'accrocher, m'agripper jusqu'à obtenir ce que je veux. » Elle se résigna, se révolta presque. Un regard noir teinté d'agacement sur le visage, ses lèvres dessinent une moue contrariée atroce. Elle a envie de taper le premier qui passe, même de mettre un grand coup de pied dans la tombe voisine. Qu'est-ce qu'elle s'en fiche, qu'on soit là pour se recueillir. Constance, elle fait ce qu'elle veut. C'est elle qui décide. Et si elle décide qu'elle a envie de s’agripper à Gusto, elle le fera. S'accrocher à un souvenir, une chimère peut-être, c'est toujours mieux que de sombrer dans un néant inquiétant. « .C'est toi que je veux. » enchaîne-t-elle, comme un décret. Le message est clair. Nothing else matters. Presque aussitôt sa voix dérailla, sans qu'elle ne puisse la contrôler. Elle a envie de pleurer, encore, comme une idiote. « .J'ai si peur, si tu savais. » Elle lève les yeux au ciel, se pincent les lèvres de désarroi. « .C'est insupportable. Cette sensation d'être malade, sans l'être vraiment. De mourir à petit feu, de rien, de tout, de toi qui hante la maison et de moi qui constate que tu n'es plus là lorsque je te cherche.  » Elle déteste lorsque ça se produit. Lorsqu'elle entend un bruit dans la maison, qu'elle pense que c'est lui et qu'elle sillonne chaque couloir à sa recherche, pour finalement tomber sur un rien décevant. Elle se rend compte à quel point elle est esseulée, sans repère et qu'en plus, elle est désespérée au point de quand même le chercher en premier lieu. Rien de plus atroce. « .Dans ces moments-là, j'ai juste envie de m'arracher le cœur, pour que tout s'arrête. » Quand elle parle, on a l'impression qu'elle suffoque, qu'elle va vraiment le faire. Du moins, qu'elle en meurt d'envie. Elle se frotte les yeux, résignée, cherchant à chasser les perles qui s'essayeraient à l'échappée et voudraient gâcher son teint. Elle soupire, tant elle s'agace elle-même, tant elle ne supporte plus d'être comme ça, si faible. Elle a envie de se griffer, de se baffer, de tout casser autour d'elle. En parlant de cœur, elle se rappelle que ce matin, elle s'est mise en quête d'un trésor inestimable. Quelque chose de bien particulier, caché dans une boite en carton rose et rouge, au fond de son placard. Accroché autour de son cou, elle tire dessus avec véhémence. Dans le creux de sa main se loge un médaillon bien particulier, un minuscule cœur scintillant doré, qui appartient à une petite fille qu'elle n'était plus depuis bien longtemps. « .Relique de famille. Ma mère m'a donné ceci lorsque j'étais enfant. Elle disait que je devrais le donner à la bonne personne, que je saurais à qui il appartiendrait quand je le verrais. Je n'ai pas compris, sur le moment. Penses-tu, ma mère était comme Fleur. Elle avait foi en tout un tas de balivernes. Je lui ai rigolé au visage et je suis partie avec son collier, j'étais contente d'avoir un cadeau. » Les mémoires de Constance, elle repensa un instant à son enfance et au moment où sa mère lui offrit le bijou. Un pendentif de gosse, assez petit pour se nicher dans le creux de sa main. Elle le contempla un instant en silence, repensait à ses propres mots, mais surtout à ceux de feu, sa mère. Feu Fleur. Constance, elle a vu beaucoup de personnes importantes quitter sa vie sans crier gare. Mais pour lui, elle a l'impression que c'est mille fois pire. Son propre récit provoque le déclic, dans son esprit. Elle songe . Cela ne l'empêche pas de trouver ça ridicule, mais elle comprend le sens de chaque mots que sa mère a employé maintenant. Poussant un soupir, elle se décide enfin à se redresser. La nuit tombe, le froid commence à dangereusement entamer sa peau, tarder et se répandre en paroles ne feraient qu'entamer plus son moral déjà au plus bas. « .Je ne peux pas rester ici éternellement, mais je vais venir te voir chaque jour. Je ne vais jamais t'oublier, jamais t'abandonner. » Et jamais, c'est très très long. Elle attendrait sagement l'heure de leurs retrouvailles et se contenteraient de discuter avec un fantôme, faire la conversation à quelqu'un d'invisible, mais qu'elle sentait. Comme si sa main frôlait son épaule au gré de la brise, comme s'il était là et l'observait. « .Nous nous appartenons, toi et moi. » assure-t-elle sans sourciller. Elle le savait, depuis toujours. Réalité étant, ils devaient tous le savoir. Augusto et elle étaient seulement les deux derniers à refuser de l'admettre. Désormais il n' y avait plus qu'elle et son silence en guise de réponse. « .Du moins, après des années à refuser de l'admettre, moi je t'appartiens. Personne ne changera ça. C'est ma dernière promesse. » Une promesse que le crépuscule recueille timidement, précieusement et qu'elle murmure telle une enfant. Les promesses d'enfants sont les plus véritables, les plus sincères. Et celle de Constance n'ont aucun prix, tout comme sa loyauté, qui lui est entièrement dédiée. La valeur de son cœur non plus, n'a aucun prix. Elle n'hésite plus, ses doigts frémissants au dessus de sa stèle, elle dépose l'illustre bijou présenté, celui auquel elle tient vraiment, une rareté. « .Tiens. Il n'appartient qu'à toi. » Le bout de son index dessine le contour du cœur doré, elle lui offre un message tacite qu'il comprendra de là où il est. Elle a murmuré, parce que les anges, il paraît qu'ils ne peuvent entendre que les murmures sincères. Constance La Tour Dubois à un cœur, souvent recherché, éternellement absent jusqu'à présent. Il est contrit, parfois figé dans la pierre ou dans la glace, maintenant effrayé. Elle aime à penser qu'il est en cristal, ou en diamant. Précieux, beau, figé, mais bel et bien là. « .Ce sera notre petit secret. » ponctue-t-elle, avant de déposer un baiser sur le bout de ses doigts, qui à leurs tours viennent poser une emprunte tiède sur la pierre froide. Elle viendra chaque jours refleurir sa tombe, balayer d'un revers de main toutes les feuilles venues se déposer sur cette immense pièce de marbre foncé, lui parler.

❝.And I've lost who I am. And I can't understand why my heart is so broken, rejecting your love. Without love, gone wrong. Life. Less words. Carry on. But I know, all I know is that the end's beginning. Who I am from the start, take me home to my heart. Let me go and I will run I will not be silent. All this time spent in vain. Wasted years, wasted gain. All is lost, hope remains and this war's not over. There's a light, there's the sun taking all the shattered ones to the place we belong and his love will conquer all.❞
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Chap. 4
❝. Just remember, you are
the one thing I can't get enoug of
. ❞



FLASHBACKWe have the story of the impossible. A tale passed on so frail. One of make-belief, maybe impossible to achieve and really close. La pluie battante s'écoule sur le toit, jouant une mélopée douce sur les tuiles et agissant comme une véritable berceuse sur elle. Pourtant, elle est trop captivée par ce qu'elle regarder pour même envisager de dormir. Dans la vie, Constance n'aime vraiment pas grand chose, mais s'il y a bien une chose qu'elle se targue d'apprécier, c'est bien un bon dimanche pluvieux emmitouflée sous un plaid de velours à regarder un bon film français. Le visage et les magouilles de Romain Duris, son français natale, l'essence de l'Arnacoeur. Elle se délecte de regarder ce film, une fois de plus, une fois parmi tant d'autres surtout, elle n'en lasse jamais. Et surtout d'avoir converti son illustre colocataire à ce qui devient un rituel. L'Arnacoeur, le dimanche après-midi, lorsqu'il ne fait pas beau et qu'on est trop paresseux pour jouer. Pour lui, elle a mis le film en anglais, l'Arnacoeur se transforme en The Heartbreaker. Ils en font de beaux eux deux, d'arnacoeurs. Ils se jettent des regards entendus dès qu'une réplique leur plaît, dès qu'un de leurs passages favoris est projetés. Augusto la regarde avec son regard amusé et son rictus sarcastique dès que Juliette se fait traiter d'emmerdeuse par Alex et qu'il menace de faire sauter son air conditionné. Combien de fois il l'a traitée d'emmerdeuse et que l'envie de lui faire péter la maison à la tronche rien que pour rigoler lui a sauté en mémoire. Faut dire qu'elle est souvent horrible avec lui, mais c'est parce que c'est plus drôle de s'en faire voir de toutes les couleurs et de se réconcilier sous la couette après. C'est l'essence même du duo, le ciment du mythe qu'ils incarnent. Constance, elle, elle attend toujours la scène du dîner au restaurant Italien pour rappeler à l'Italien en présence que cela fait longtemps qu'il n'a pas cuisiné. Ou bien qu'ils ont été au restaurant. Mais par-dessus tout, sa scène fétiche, c'est la danse. Musique maestro. Un rictus amusé se dessine sur ses lèvres. Juliette regarde Alex, Alex range une chaise et charge ses prunelles d'un feu passionné délicieux. Aussitôt, c'est Constance qui glisse ses doigts dans les cheveux de son colocataire. Cette scène, c'est la scène ultime. Combien de fois ils ont plaisantés dessus. Quel dragueur. Le mec capable de se couper en quatre pour prouver qu'il sait tout faire, même danser la célèbre valse endiablée de Dirty Dancing, même si sur le fond c'est un gros mensonge. Elle trouve ça pathétique à crever, d'être obligé de se taper une danse aussi conne juste pour pousser la fille à ne pas se marier. Même l'histoire d'amour, elle la trouve grotesque. Mais l'idée qui puisse être payé pour briser des couples ? Constance elle ferait ça gratuitement, rien que pour le plaisir de savourer le malheur des âmes en peines et le bonheur intense de savoir que c'est de sa faute. Connasse. Augusto, c'est pareil. Monsieur & Mademoiselle Connard Connasse, regarde l'Arnacoeur et se retrouve en un business qu'ils pourraient complètement posséder. Enfin. Retour à la scène. La danse. 'Cause I had the time of my life. Un jour, elle arrivera à le faire bouger, le Augusto et apprendre cette danse, juste pour le plaisir. Rien que l'idée qu'il puisse danser un truc pareil, rien que d'y penser, de se l'imaginer, elle en frissonne. Augusto, c'est son Alex. Et en tout Alex qu'il est, il doit apprendre la danse de Dirty Dancing. Un jour. Et ce jour est arrivé. Elle l'entend pousser un soupir, moitié amusé, moitié saoulé et comprend par son soupir prétentieux qu'il se pense trop bien pour faire ce genre de connerie. Ce qui n'est pas faux. Mais comme la danse en elle-même n'est pas à la portée de tout le monde, tant elle est difficile, alors pour quelqu'un qui ne danse jamais, bonjour. « .Tu n'y arriverais pas. » siffle-t-elle, pointant l'écran d'un regard. Le ton insolent, presque défiant. Constance, elle sait toujours comment réveiller le démon, attiser l'ardent, le mordant italien qui l'habite et obtenir ce dont elle a envie. L'air de rien, elle préfère concentrer ses prunelles sur son écran, comme s'il ne méritait pas que la conversation ne continue. Histoire de le gonfler un peu plus. « .Plait-il ? C'est à la porté de n'importe qui. » Regardez-le, monsieur je sais tout faire, je suis capable de tout, je suis bon en tout. Ses prunelles se déposent sur son visage sérieux et anxieux. Je t'énerve Augusto ? Pense-t-elle, affublée d'un sourire lorsqu'elle lui lâche un ricanement audacieux en plein visage. « .Prouve-le. » répond-t-elle dans un tac au tac claquant, toujours aussi défiante. Repoussant sa couverture au sol, elle lui fait face, lui tend la main en guise de dernière incitation. « .Je t'apprends. » If your dare. Quelle peste, mais quelle joueuse. Son sourire gourmand et narquois lui font comprendre qu'elle le pense incapable de cette prouesse. Réalité, elle pense qu'il est capable de tout, elle sait qu'il est capable de tout. Elle a juste envie d'être Bébé ou Juliette le temps d'un après-midi et de rire. Rire d'une façon différente. Et Augusto, pour la faire rire, c'est le maître. « .Pas besoin d'apprendre, je suis parfait. » en d'autres mots je sais tout faire, la perfection est innée chez moi et danser cette ritournelle ridicule ne sera rien de plus qu'un jeu d'enfant pour mon illustre magnificence. Une main dans la sienne, la seconde sur son épaule, la sienne sur sa hanche. L'exercice s'avère plus compliqué qu'elle ne le pensait de prime abord. Elle lui découvre un côté maladroit insoupçonné lorsque deux ou trois fois, il manque de la piétiner. Elle lui grogne dessus lorsqu'il soupir d'agacement, qu'il tape du pied parce que ça l'énerve. Ils commencent à se disputer lorsqu'elle se moque de lui et de son allure un peu pataud, puis elle résout le problème d'un bisou. Il s'énerve parce qu'elle va trop vite et prétend qu'elle est mauvais professeur. Bah dis ! Constance, c'est le meilleur professeur de danse possible. Il râle parce que dans le film, la danse n'a pas l'air aussi compliquée que ça, puis surtout parce qu'elle lui paraît plus longue en vrai. Finalement, il prend le pli. Ils virevoltent en cadence dans le salon, réchauffés par leur éternelle proximité, la chaleur de leurs peaux apposées, la façon qu'ils ont de se faire danser sous le regard enflammé de l'autre. Mieux que dans le film encore. Un mouvement vers la droite, Augusto la fait virevolter vers la gauche, elle relâche son étreinte autour de son épaule et libère sa main pour s'éloigner. Moment de vérité, porté ! Elle s'élance vers lui et se retrouve dans les airs quelques secondes, baby style, avant de retomber lourdement sur lui, qui les entraînent dans sa chute sur le sofa. Elle lâche un rire amusé, une rareté. « .Tu avais raison. » assure-t-elle. Ses doigts dessinant la courbe de sa joue jusqu'à glisser dans sa nuque et jouer du bout du doigt avec quelques mèches. Ses lèvres à l'orée des siennes, sans l'embrasser, elle confirme. « .Tu es parfait. »
[ . . . ]
Comme perdue en plein océan, nageant sans bouée dans une eau glaciale. Comme prise dans une tempête de sable noir, divaguant au milieu du désert, sans espoir d'en réchapper. Le monde est une perpétuelle apocalypse, une catastrophe sans borne et sans espoir de salut, que je me construis un peu plus chaque jours au gré des crises. Silencieuse au milieu de nos draps, je regarde le plafond sans jamais sourciller, puis laisse mes traits, mes cheveux imprimer sa couverture. Je respire son parfum, serre dans mes bras les dernières effluves de sa présence éphémère et bientôt effacée par la force de mes larmes sur son oreiller. J'ai l'espoir qu'à force me noyer dans ses vêtements, dans son lit, ses draps, ma peau s’imprégnera de son parfum pour qu'il puisse vivre avec moi éternellement. Je gaspille mon énergie à enlacer son absence, essayer de ressentir cette étreinte dont j'ai longtemps profité et qui n'est désormais plus que légère brise sur ma peau. Je me bats contre moi-même à présent. Mon ennemi c'est moi. Un instant je veux me rappeler de tout, savourer chacun des moments que nous avons passé ensemble comme s'ils dataient encore d'hier, l'instant d'après je me meurs d'avoir ces souvenirs en mémoire. Une minute et je veux ressentir sa présence, l'autre je ne veux plus rien ressentir de toute ma misérable existence. Je la sens, la plaie béante, s'ouvrir encore et encore alors que je respire. Plus encore lorsque je pense à lui, pire encore lorsque je pense à nous. Je sais qu'il me manque, par cette douleur continue, cette terreur stridente qui m'accable lorsque par malheur je m'imagine ce que sera la vie sans lui. Je sais qu'il me manque et cela prouve que j'ai existé et lui aussi. Du coup je m'habitue à vivre avec cette atroce sensation, à l'adopter, puisque je ne pourrais jamais m'en dépêtrer. Pire, je ne voudrais jamais m'en dépêtrer. Je veux vivre avec, du moins subsister avec cette punition déchirante, cette peine incurable, ce manque insolent qui me sature l'esprit et le coeur. Piégée dans l'histoire de quelqu'un qui n'est plus et que je cherche désespérément ici et ailleurs. Son emprise m'étreint de plus en plus et je m'accroche à lui avec poigne, décidée à ne jamais laisser tomber. J'ai l'espoir que quelque part dans l'au-delà, quelqu'un qui me manque à présent démesurément veille et me contemple me consumer. Je suis perdue dans cette tristesse affligeante, visible aux yeux du monde et sans envie de la dissimuler. Une partie de moi s'est échappée, envolée. La restante se meurt un peu plus chaque jours. Je me sens complètement seule, comme un objet de décoration dans ma propre maison, une pâle ombre dans un dessin à moitié raté. Je me sens malade, malade de tristesse. Lorsqu'on ne peut pas se sentir pire, que ça ne peut pas empirer et que cela ne s'arrangera jamais. Jamais, puisque ma cure n'est plus, reposant sous une pièce de marbre gravé de son nom. Malade de tristesse, d'une mélancolie chronique. Mes prunelles harassée de chagrin s'accoutume à la pénombre de sa chambre et dans un moment de perdition, la brise glissant au travers des rideaux me murmure une illustre ritournelle. « .Just remember. » Ma voix se brise en un crissement, un dérapage maladroit et mal contrôlé, attisant ma surprise. Mon timbre m'était inconnu, comme une musique assourdissante, surprenante, que je n'avais pas entendu depuis des siècles. De rares mots s'échappaient de ma bouche depuis son départ et ils n'étaient rarement plus que des chuchotements maladroits, parfois agacés. Je ne parlais plus, je respirais à peine, je vivais partiellement. Et pourtant cette mélopée entêtante vint me rappeler que lors de nos instants de perditions, nous nous plaisions à fredonner ces quelques-mots symboliques. « .you're the one thing. » Le reste de ce vers me restait coincé dans la gorge, me brûlait la bouche. Un incendie du coeur aux lèvres, un brasier intérieur me poussant à me tordre d'agonie. Une agonie morale, sentimentale, psychologique montée de toutes pièces. « .I can't get enough of. » Je bafouille, bredouille avec difficulté. Un courant d'air me chatouille les traits, mes sourcils se froncent. Sans l'expliquer, la brise me calme. Je pousse un soupir profond. Reprends. « .Because I've had the time of my life. » Je marmonne, plus clairement, une voix d'enfant au milieu d'un silence auquel je suis accoutumée. Ma propre voix m'insupporte et pourtant je persiste à murmurer cette chanson si particulière à mes yeux. La notre, l'une des notre. Les souvenirs reviennent. Je nous vois nous défier de réaliser une chorégraphie, s'essayer à un porté. Virevolter avec grâce, tomber avec fracas. Nous énerver à faire trembler les murs, rire à s'en décrocher la mâchoire. Beaux comme toujours. « .No I never felt like this before. Yes I swear, it's the truth. » Ces images dansants dans ma tête n'appartiennent désormais plus qu'au passé. Je suis terrifiée, à l'idée qu'elles ne deviennent que brume et que son rire, sa voix soit remplacé par un écho insaisissable m'interpellant au loin. Je me rappellerais, toujours. Puisqu'il ne me restait plus que ça. Je suis seule et pourtant je jure, j'ai l'impression qu'il est là, qu'il écoute, à défaut de soutenir ma voix rocailleuse et brisée de son timbre rassurant. Cette sensation m'apporte un réconfort désespéré, délicat, mais miteux et insuffisant à mon gout. Je le voulais entier, ses grands yeux bleu scrutant mes traits consciencieusement, même sévèrement s'il le voulait. Ses cheveux bruns hirsutes et décoiffés de mes seuls jeux tactiles. Ses doigts experts courtisant ma peau. Sa bouche cherchant la mienne avec délice, par-dessus tout. Non une impression insaisissable, une sensation interdite. Et flirtant avec ma décadence, je jurais être capable de le supplier de revenir. Son absence m'était insupportable, la séparation insurmontable. J'offrirai mon existence à un gâchis intolérable. « .And I owe it all to you. »
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Chap. 5
❝.Light up, light up as if you have a choice
Even if you cannot hear my voice, I'll be right beside you dear
. ❞


La porte d'entrée se referme timidement, en bas. Elle attend les claquements inévitables, mais pourtant timide, de talons annoncer une arrivée dans la maison. Toujours pas décidée à accueillir un invité, elle reste dans son lit. De toute façon, cela ne peut-être qu'une personne. Ils n'ont à l'époque donné la clef qu'à une seule personne, les autres ne sont pas conviés à pénétrer dans leur palais. Manon Julia Petrov-Versier monte les escaliers avec prudence, presque à pas de loup, même si avec ses escarpins griffés créateurs, elle est loin de passer aussi inaperçue qu'elle le voudrait. Constance pense que Manon prend son temps pour venir parce qu'elle ne veut pas la brusquer. Manon, ça fait des jours et des jours qu'elle fait ce qu'elle veut. Elle entre dans la maison, enlève ses chaussures, regarde la télévision. Elle va dormir dans le lit que Constance ne veut plus, puis lorsqu'elle en a marre, elle va faire un bisou à sa meilleure amie et se couche avec elle. Puis comme elle en a marre rapidement, elle fait ça tout le temps, chaque soir. Constance, elle ne réagit jamais. Ou si peu. Il se contente de serrer les doigts de sa préférée dans les siens et de la couver de son étreinte lorsqu'elles veulent s'endormir toutes les deux. Et ça suffit. Quand on est meilleures amies, on a pas besoin de plus. Un regard, un geste et on est comblées. Manon, c'est la seule personne qu'elle a envie de voir, c'est la seule dont elle a besoin. Elle a parfois peur qu'elle ne s'évapore, qu'elle s'en aille, comme Augusto. Pour ça, parfois la nuit, elle la serre plus fort encore dans ses bras, pour s'assurer qu'elle est bien là. Des fois, Manon doit se dire qu'elle la prend pour un oreiller. En dehors des affaires qui lui restent de l'italien, Manon, c'est son seul trésor. Aujourd'hui, elle arrive avec un cadeau particulier. D'habitude, elle enlève toujours ses chaussures avant de grimper dans le lit, mais aujourd'hui, elle se contente de poser ses deux genoux dans le dos de Constance et de se pencher vers elle, sans enlever ses chaussures. Elle ne va pas rester, devine-t-elle. L'une de ses petites mains déposée sur son épaule, elle se sert de l'autre pour tendre un objet oublié à Constance. Son téléphone portable. Aussitôt, elle se rappelle que le jour de l'accident, elle l'a oublié dans sa voiture et que depuis, elle n'est pas allée le chercher. Comme elle est intelligente, Manon la rechargé avant de lui donner et c'est affublé d'un faible sourire se voulant réconfortant qu'elle précise un fait remarquable. « .Il a laissé un message pour toi. » Au fond, Constance sait très bien qu'elle a envie de rester pour l'écouter avec elle, mais qu'elle n'ose pas. C'est un message pour elle, qui lui est dédié. Sait-on jamais s'il lui dit quelque chose d'important. Quoi qu'à y réfléchir, il pourrait très bien s'agir d'un bruit de poche, d'une mauvaise manipulation. Mais rien que l'idée que ce soit lui, elle est curieuse de savoir ce que ce message vocal contient. Il a ce don, pour lui rappeler qu'il a existé et que ces années n'étaient pas un mirage. Pour lui rappeler qu'il est là, à veiller sur elle et qu'elle doit se rappeler qu'elle ne sera jamais seule puisqu'il l'accompagne. Qu'elle vit désormais une vie partagée, que chaque jour et un chaque jour qu'elle gagne pour eux deux. Ses prunelles scrutent l'écran de son téléphone bien dix minutes. Une photo d'elle, lui et Manon. Un milliard de texto, qu'elle efface sans même lire. Elle s'en fiche des paysans qui lui envois des messages de condoléances. Plusieurs appels en absence, effacés. Et au milieu de ça, un appel en absence qu'elle garde. Augusto Pelizza Da Volpedo. Avec une photo d'eux deux. Appel. Composez le 2 pour écouter vos nouveaux messages. Un crépitement. Elle retient sa respiration, paupières closes. « .Tu rentres quand ? Je t'attends. » Tu rentres quand ? Je t'attends, qu'il dit. Elle se répète ces quelques mots, plusieurs fois, comme abasourdie par le message. Il le fait exprès. Ou bien il est encore plus puissant qu'elle ne le pensait. Tu rentres quand ? Je t'attends. Moi aussi figure toi et depuis trop longtemps. Il a très certainement été agacé sur le début et impatient sur la fin, probablement sarcastique tout du long. Réalité étant, il a probablement dis au début du message qu'elle l'énervait prodigieusement et qu'elle payerait pour l'avoir expédié sur répondeur. Il a aussi probablement ajouté à la fin de son message vocal qu'il l'attendait pour aller dîner au restaurant, qu'elle avait donc grand intérêt à se dépêcher. Mais tout ce qu'elle a entendu, ce sont ces quelques mots, sa voix digne des mélopées les plus douces. Celles qui sillonnent tout votre ensemble, de vos oreilles jusqu'à votre esprit et qui vient se nicher dans votre cœur comme une petite promesse. Pourtant, le message la laisse pantoise. Silencieuse, elle l'est depuis des jours déjà. Elle n'élève le son de sa voix que lorsqu'elle se retrouve en face de sa tombe. Ce soir, elle lui parlera de ce message. Lui demandera « Et toi Augusto, quand est-ce que tu rentres à la maison ? » Parce que finalement, c'est elle qui l'attend. Et elle trouve que sa torture n'a que trop durée. Elle rappelle inlassablement sa messagerie, compose les même chiffres de façon machinale et se laisse envoûter par sa voix immortalisée sur son répondeur, sans sourciller et ce jusqu'à s'endormir paisiblement, son timbre suave en guise de berceuse. Lors de leur prochaine rencontre, ils s'enlaceront parmi les étoiles. Cette seule perspective, ajoutée à la symphonie répétitive de sa voix rassurante suffit à faire apparaître une vague risette sur les traits faussement sages d'une belle endormie.

" For years, Ive gotten to know who you are. We became good friends, and it"ll be hard when I have to say goodbye. You and I shared a lot of good memories together, but one I will never forget is every time I get to see your beautiful smile. I will miss hearing the sound of your voice, but I know that deep within my heart I can hear you calling out to me. And someday, you and I will meet again, as if we were meant to be together. "
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" what happens next ? - bury me deep inside your heart and I'll carry you through everything "

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