the great escape
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -16%
Aspirateur balai Dyson V15 Detect Absolute (2023)
Voir le deal
669 €
-50%
Le deal à ne pas rater :
WiMiUS S27 – Mini projecteur portable rotatif à 270° Full HD 9000 ...
69.99 € 139.99 €
Voir le deal

Partagez

This is an all British Christmas, darling.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4, 5  Suivant
AuteurMessage
Invité
Invité
avatar

This is an all British Christmas, darling. - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 2 EmptyDim 9 Déc - 19:36

Le visage au dessus du lavabo, à demi-plongé dans l’eau, Benedikt n’avait pas entendu la porte de la salle de bain s’ouvrir, puis se refermer, après avoir laissé un invité surprise – mauvaise surprise d’ailleurs – prendre place à ses côtés. Ce n’est que lorsqu’il entendit le son de sa voix qu’il s’était vivement relevé, pour s’essuyer, et se dépêcher de tout ranger, sans lui adresser un seul regard, pour éviter qu’ils ne se retrouvent dans la même pièce trop longtemps. A croire que ce bain d’eau froide avait suffi à le calmer. « Quoi ? » Finalement, il n’eut pas le choix. Joe avait engagé la conversation le premier. Avisant sa cicatrice du menton, le Russe détourna les yeux, et se dirigea vers la porte. « Nulle part. » maugréa t-il avant d’appuyer sur la poignée. Il s’apprêtait à s’en aller, il y était presque, et pourtant, un reste de jugeote le retint en arrière. Son père venait de faire un pas vers lui. Même si ce n’était que de la curiosité, il ne s’était pas mis en colère, ni n’avait cherché à le blesser. Il ferait donc un effort aussi de son côté. Juste un tout petit, ne sait-on jamais ce que la suite des évènements nous réserve. « A Bogotol. Ca fait longtemps. C’est pas important. » articula le Russe en cherchant à dédramatiser la situation. Il avait des souvenirs assez flous de cette scène à dire vrai. Flous au sens où il n’y avait que la douleur de l’instant qu’il n’avait pas oublié, et la scène dans sa globalité. Pour ce qui était des détails, il ne s’en rappelait pas avec exactitude. La faute à sa mère, voilà ce qu’il pensait. Un accident délibéré. Et si ce n’était pas le cas finalement ? Depuis qu’il était aux Etats-Unis, Benedikt avait tendance à voir tous les mauvais côtés qu’il avait connus en Russie. Il avait quand même de bons souvenirs, comme sa rencontre avec Tacha, par exemple. Ou le fait que sa mère faisait les meilleures boulettes de viande du pays. Ou qu’il lui arrivait de le border le soir, l’un de ses plus beaux souvenirs, lorsqu’il était sage. Au fond, une partie de lui-même s’en voulait terriblement de croire encore à tout ce que Joe lui avait insufflé sur cette femme lors de leur première rencontre. Il y croyait, parce qu’il avait connu Sophie. Sa façon de traiter Connor avec respect et amour. L’autre partie pourtant, maudissait son ingratitude. Face à celle qui lui avait donné la vie, il ne pouvait lui reprocher tous les maux de la Terre. Il n’avait pas été un enfant sage non plus, oh ! Voilà pourquoi, sans excuser son geste, il l’excusait elle, aujourd’hui. Parce qu’elle n’avait pas voulu, qu’elle n’avait pas eu le choix à cette époque. Il ne lui en voulait pas. Il regrettait. Peut-être que s’il avait été un meilleur fils, rien ne se serait produit. Pareil pour son père. Il devait apprendre à se montrer sous son meilleur jour, à ne pas prendre la mouche à chaque fois qu’il était dans les parages. A croire en lui, à avoir confiance. Mais c’était si dur. Ils ne se connaissaient que depuis un an et quelques mois et déjà, Benedikt avait manqué de le faire enfermer, de faire tuer son oncle, que sa société soit en faillite par sa faute. Il n’avait pas le droit d’être aussi égoïste. « Comment tu t’es fait ça ? » demanda t-il soudainement après s’être retourné et avoir remarqué le pansement que son père était en train de coller sur son doigt blessé. Changeons de sujet, ça vaut mieux. Il n’avait ni envie de parler de sa mère, ni de cette cicatrice, ni de tout autre sujet qui pourrait les éloigner un peu plus l’un de l’autre.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

This is an all British Christmas, darling. - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 2 EmptyLun 10 Déc - 5:35



Encore raté, me disais-je. Je baisse le regard pour reprendre consciencieusement la mise en place du pansement sur mon entaille, avant de finalement abandonner pour essayer de bloquer le saignement un tant soit peu auparavant. Benedikt préférait ne rien dire à ce sujet. A ce sujet comme à d'autres, cela dit. Dès que j'essayais de faire un pas dans sa direction, j'avais l'impression d'avoir affaire à un jeune louveteau qui cherche à se dérober, qui fait tout pour ne pas se trouver seul avec moi. Et ça remonte à un peu plus longtemps que cette affaire avec Tacha. Je reste silencieux, comprenant en un sens qu'il n'ait peut-être pas envie d'en parler. Il a connu les horribles geôles russes, chose qui me restait en travers de la gorge, au passage. J'imagine qu'il a dû se faire cette cicatrice près de ces hanches là-bas. Oui, ce doit être ça. Je ne pouvais m'empêcher de le voir, errant derrière ces barreaux comme un fauve en cage qu'on aurait enfermé pour ne pas être entré dans le rang. Ca me rend malade, fou de colère d'imaginer que mon fils ait pu être traité de la sorte. Inhumain pour le reste de la planète, j'avoue sans remord ne pas me soucier un seul instant du reste de la population carcérale russe. Mais que Benedikt y ait fait un tour, là, ça change tout. Et ce n'est pas après lui, que j'en avais. Dans des instants pareils, je me jurais parfois de retrouver ces ordures, de les traquer comme des bêtes sauvages pour les abattre de sang-froid après leur avoir fait goûter à leur première vraie torture. Sadique ? Non, un père, tout simplement. A Bogotol. Je hoche la tête en silence, me figurant une fois encore qu'il doit s'agir d'un de ses souvenirs "marquants" - jeu de mots très moyen - avec les autorités là-bas. Je suis à mille lieux de me figurer que c'est sa mère qui lui a causée cette cicatrice. Celle-ci comme sans doute certaines autres. Je me souviens sans cesse de cet air effrayé qu'il avait eu à l'hôpital en pensant que je venais pour le tuer alors qu'il était mourant. Cette vision hantait sans arrêt mes cauchemars, me réveillant parfois la nuit, en sursaut. Ces deux grands yeux écarquillés, ce visage livide, cette allure osseuse. Un frisson me parcourut le dos. J'ai vite compris qu'il avait peur d'être battu, d'être enfermé... et je mettais tout ceci sur le dos des forces de l'ordre russes. Si seulement j'avais su. Je reste muet, comprenant qu'il ne veut pas en parler. De toutes manières, à moins d'être au bord de la mort, nous ne parlons pour ainsi dire jamais. Et encore moins de son passé à lui. Le mien n'est pas intéressant, puis il pourrait l'entendre de la bouche de Noah, un peu de Sophie, etc... mais le sien n'appartenait qu'à lui. J'avais vingt-et-un ans de sa vie à découvrir, mais mon fils se refermait toujours comme une huître. Alors, comme c'était le cas maintenant, je laissais tomber, mimant de ne pas être déçu ou vexé. "Ca ? C'est juste en coupant le bois, tout à l'heure." Bon, d'accord, c'est un mensonge. Mais un mensonge de rien du tout ! Disons que ça fait plus viril de se couper avec du bois qu'en taillant une carotte. Là, c'est le seul macho primaire qui s'exprime pour sauver l'honneur. Puis une entaille comme celle-ci ne laissera pas de cicatrice aussi importante. "Benedikt, je... - A table !" Me voilà coupé en plein élan par la voix de ma mère qui rameutait la maison dans le salon d'une voix forte. Suivie de très près par un bruit de cavalcade par le petit ogre sans cesse affamé qu'était Connor. J'étais presque sur le point de lui parler, de m'excuser pour tout à l'heure, mais j'avais été stoppé... et je ne reprendrais pas la parole. Je me lève du bord de la baignoire puis marche jusqu'à la porte pour l'ouvrir. Je reste dans le couloir, stoïque, je tourne légèrement la tête sans croiser le regard de mon fils. "Il n'est pas si laid, ton sapin. Enfin, votre sapin." Ca, c'était ma façon toute particulière de faire un minuscule pas en avant pour au moins rattraper une part de l'incident tout à l'heure. Ma fierté exacerbée me hurle que ce n'est pas à moi de faire des excuses, mais lorsqu'on est parent, on doit faire des concessions. Je ne cherche pas les fleurs, juste à essayer de calmer le jeu sur la dernière dispute. Cela n'effacera pas notre discorde perpétuelle depuis quelques semaines, mais c'est toujours mieux que rien. J'avance sans attendre de réponse, comme si j'avais eu honte de sortir une telle chose. Je descend rapidement les escaliers et parviens jusqu'au salon où Connor adopte une mine renfrognée. "Oh non... on mange de la soupe ? - Ca fait grandir, la soupe. Regardes ton père !" Connor me jeta un regard suspect et scrutateur, puis finit par s'asseoir. La soupe était loin d'être son plat favori, vraiment loin. Il avait toujours l'impression que ça manquait de consistance pour faire un vrai plat. "C'est qu'de l'eau et des légumes... ça nourrit pas ! - Connor, ta grand-mère a fait une soupe, alors tu t'assois, tu manges et tu lui dis merci." L'enfant soupira, balançant ses jambes dans le vide une fois sur sa chaise, puis grommela un remerciement du bout des lèvres. C'est mieux que rien. Une fois installés, nous commençons à manger. Connor met un temps infini à tremper sa cuillère, tourner dans le velouté de légumes comme dans l'espoir d'y trouver un morceau de viande. Puis il tourna la tête vers son frère. "Dis Beni, comme t'es super grand, t'as mangé beaucoup de soupe ?" Les regards des deux adultes convergèrent vers lui, enjoignant l'aîné de la fratrie à berner le plus jeune pour essayer de lui faire avaler au moins son assiette. "Et tu mangeais quoi, à Noël ?" enchaina-t-il. Typique de l'enfant qui cherche à détourner l'attention par le biais d'une conversation, afin de ne pas avoir à manger son assiette.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

This is an all British Christmas, darling. - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 2 EmptyLun 10 Déc - 6:50

Peut-être un jour. Peut-être qu’un jour il lui parlerait de cette cicatrice, de son histoire. Lorsqu’ils seraient plus ‘proches’. Il avait peu d’espoir hélas, en ce sens, puisque Joe dissimulait la moindre de ses émotions comme personne, et que lui de son côté, refusait de parler des sujets sensibles, de son enfance. Et pour cause, parce qu’il n’aimait pas se plaindre, qu’il estimait que le passé appartenait au passé, qu’il ne voulait pas ennuyer les gens, surtout sa propre famille avec des souvenirs qu’elle ne comprendrait ni ne partageait, et enfin, qu’il n’était pas doué pour faire étalage de son vécu. En un sens, ils étaient bien tombés tous les deux à adopter la politique de l’autruche. Finalement, alors qu’ils se jaugeaient, aussi mal à l’aise l’un que l’autre, Joe avait ouvert la bouche. Il lui avait semblé que quelque chose d’important allait sortir, mais il fut interrompu. Sa mère qui les appelait pour le dîner. Alors forcément, Joe s’était tû, et n’avait repris, face à son fils qui, après avoir froncé les sourcils, paraissait déçu de ne rien avoir entendu de ce qu’il avait à lui dire. Il avait presque espéré que ce soit … Non, laisse tomber Ben, ne pars pas dans tes espoirs, ça ne sert à rien. Au compliment sur LEUR sapin – parce que ce n’était pas le fait de l’avoir décoré qu’il gardait en mémoire, mais bien cet instant avec son petit frère, et leur franche partie de rigolade – Benedikt avait levé les yeux vers lui, surpris par sa sincérité, par sa … gêne. Il mit du temps avant de rassembler ses idées, et de comprendre qu’un ‘merci’ les aiderait sûrement à se rapprocher davantage. Trop tard. Il avait déjà descendu les marches des escaliers, apparemment pressé de le fuir. Et après, c’était lui qui devenait une huître. Il avait de l’ascendance. Même si au fond, le compliment de son père l’avait touché, et qu’un sourire avait envahi ses lèvres. Sourire qui, naturellement, disparut aussitôt qu’il fut à table – aux côtés de Connor, forcément – pour laisser place à une moue indéfinissable. Mi inquiète par la discussion qui allait être engagée et à laquelle il ne pourrait se dérober sans passer pour impoli, et songeur de ce qu’allaient être ses ‘vacances anglaises’ pour les fêtes, ce qu’il n’avait jamais connu jusqu’ici.

Il devait être devin, puisque c’était Connor lui-même qui lança la conversation. Petit monstre. Pourquoi s’adresser à lui ? Parce qu’il était le grand frère et qu’il savait tout, évidemment. « Euh… oui oui, on en mangeait tous les jours. D'ailleurs, ta ... grand-mère a raison tu sais. Il faut manger beaucoup de soupe pour devenir aussi grand et fort que p... que ton père. » articula le Russe en se rattrapant au dernier moment, après une première gorgée de soupe qui lui réchauffa la gorge. Ce qui était la vérité par ailleurs, puisqu’en Russie, Benedikt et sa mère se contentaient des restes de la veille ou de ce qu’ils pouvaient bien trouver au marché – autant dire pas grand-chose lorsqu’il avait fait mauvais temps toute la semaine – ou par ci par là, dans la forêt alentour, ou encore, dans les poches des riches de la ville. Non, ils ne volaient pas. Pas toujours. Ils mendiaient pour survivre. La nuance était de taille. L’espoir qu’il avait que son frère s’adressa à un autre convive que lui fut de courte durée. Il parvint cependant à replacer correctement sa serviette sur ses jambes, pour éviter qu’il ne se salisse en mangeant comme un gamin de 9 ans – c'est-à-dire pas très proprement – et de lui tendre un morceau de pain qu’il le voyait regarder depuis qu’il s’était mis à table. « J’aime pas le tour. » Le tour, c’était la croûte. « Tiens… » Détourant le morceau de pain en séparant croûte pour lui, et mie pour son frère, Benedikt reprit une cuillère de soupe, sans faire attention à Joe ou à Martha, jusqu’à la seconde question de Connor. Il ne savait pas quoi répondre. Enfin si, il savait. Mais il fallait y mettre la forme. Il n’avait pas envie que l’enfant sache qu’il avait mendié, ou qu’il ne se nourrissait parfois que de racines ou de feuilles de choux. Connor était parfois si sensible. Aucun enfant ne devrait savoir ce genre de choses. Il saurait largement en temps voulu à quel point la vie pouvait être dure dans d’autres parties du monde. « Ca dépend. Parfois des légumes, parfois …de la viande. » Parfois rien, aussi. La viande, c’était quand ils avaient quelques sous, ou que le riche avait été généreux. En gros, il n’en avait mangé que deux fois au cours de son enfance. Ca non plus, Connor n’avait pas à le savoir. Plus encore, Benedikt évitait soigneusement le regard de Joe et de Martha, par peur qu’ils ne puissent lire dans son regard, la honte d’avoir été un jour si pauvre qu’on ne pouvait lui prêter que le nom « d’enfant des rues ». Il ne voulait pas de leur pitié, ni de toute autre émotion sur laquelle il n’aurait aucune emprise. « Et toi alors, tu manges quoi en général à Noël ? » Peut-être que si la cible changeait, Connor interrogerait une autre personne après ça. Espérons-le en tous cas.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

This is an all British Christmas, darling. - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 2 EmptyLun 10 Déc - 8:01



Que Papa, allait-il dire ? Ah non, encore manqué. J'avais gardé le nez dans mon assiette, ne préférant rien ajouter quant au fait que Benedikt faisait encore une séparation voulue entre ma paternité avec Connor et celle avec lui. Comme si j'étais deux pères différents... Un silence de plomb s'installait un peu autour de la table, je sentais le regard de ma mère posé dans ma direction comme pour m'enjoindre à participer à la conversation. Mais rien à faire, je préférais me murer dans le silence. Comme le disait souvent Noah, je faisais "du boudin". Me replier et rester muet, c'est quelque chose que je sais très bien faire. C'est ainsi que le regard bleu azur de la matriarche Shark glissa vers la fratrie qui semblait au centre de la conversation ce soir. Elle prenait un plaisir évident à les voir échanger, l'un étant particulièrement attentif et l'autre aux petits soins. Un spectacle touchant pour une femme qui avait mis un temps infini à reconstruire sa vie familiale. Elle émit même un léger sourire en voyant ce partage de pain qui, malgré une banalité hors normes, demeurait quelque chose de particulièrement adorable à ses yeux. Ravi d'avoir trouvé un interlocuteur qui pouvait lui faire passer le temps - et faire oublier aux adultes qu'il n'avait pris qu'une seule gorgée de soupe - Connor hocha la tête puis fronça un peu les sourcils. "Et c'est tout ? Tu mangeais rien d'autre pour Noël ?" Cette fois-ci, je levais la tête, mais pas pour observer Benedikt. J'adressais un regard sévère à mon fils cadet. "Connor, arrêtes un peu avec tes questions et manges ta soupe." L'enfant n'avait pas compris que ce n'était pas par choix que son Russe de grand frère et sa mère n'avaient jamais mangé grand chose à Noël... moi si. Bien sûr, le petit blond n'avait pas pensé à mal et n'avait pas souhaité mettre les pieds dans le plat, mais je ne souhaitais pas que ce repas devienne une source de trop grande gêne pour l'aîné des deux frères. L'un avait toujours mangé à sa faim, l'autre non. Inutile de remuer le couteau dans la plaie, je voulais que Benedikt puisse goûter - dans tous les sens du terme - à son premier vrai Noël. Sans avoir à se soucier d'argent à dépenser ni même de possibles restrictions alimentaires, exception faite de son régime particulier que nous suivrons tous au pied de la lettre. Connor mangea docilement de son côté avant de répondre à son frère sur un ton plus mesuré. "Maman, elle aimait bien nous faire de la truite saumonée, des petits toasts et une bûche glacée... Mais après, elle a fini par commander chez le traiteur parce qu'elle avait mis le feu au moins deux fois à la maison en essayant de cuisiner." Martha pouffa de rire, non par moquerie mais par pur amusement, Connor également. De mon côté, je me contentais d'un vague sourire en imaginant Sophie s'activer pour appeler les pompiers à cause d'une truite trop braisée. Car indirectement, Connor remuait à nouveau le couteau dans la plaie, mais cette fois, il s'agissait de la mienne. Cela me rappelait les neuf Noël que j'aurais pu passer avec lui si sa mère ne s'était pas enfuie sans me dire qu'elle était enceinte. J'avais passé neuf Noël de fête et de débauche... sans famille. Justement, j'avais agi de la sorte uniquement pour ne pas avoir à penser à la mélancolie qui m'envahissait toujours à cette période. "Je vais chercher de l'eau et le dessert." Je préférais sortir de table, le visage sombre et fermé. Martha me regarda quitter ma chaise en baissant légèrement les yeux, puis elle sourit à nouveau aux deux frères. "Cette année, c'est votre père qui va cuisiner. - Première nouvelle." lançai-je sans détour. J'étais revenu à table, l'air surpris. Je déposais quatre yaourts, quelques fruits de saison et une bouteille d'eau. Comment ça, JE cuisine ?! Non non, j'ai horreur de ça. Hors de question. Je trouverai bien un paysan dans le voisinage à menacer de mort pour qu'il nous prépare un repas dont je m'attribuerai les mérites. Ca, c'est déjà plus logique. "Oui, c'est toi qui cuisines." Bon, aucune discussion, apparemment. J'attrapais un dessert en soupirant, surveillant l'assiette de soupe de Connor qui commençait enfin à s'amenuiser depuis que son frère lui avait certifié qu'il en avait mangé pour être aussi grand. C'est pas bon, mais tant pis. Cela m'exaspère parfois de le savoir aussi influençable, ce petit... même si ça nous sauve tous la mise dans des moments gênants. "Mummy, on pourra aller se balader, demain ? Y a encore les chevals du... - CONNOR !" Argl, les chevals, Seigneur, pitié, enfoncez-moi une lame dans la poitrine, et vite ! Ces fautes me tuaient à petit feu, moi, l'éditeur et le professeur de littérature. "Euh... les chevaux de m'sieur Golden, hein ?" La grand-mère hocha la tête en déposant sa main sur l'épaule du jeune blondinet, pendant que je terminais rapidement mon yaourt. Je me levai ensuite pour commencer à débarrasser la table. Je l'avoue, je suis pressé d'aller me coucher car mine de rien, ce voyage m'a claqué. Sans parler des premières accroches familiales, cela va de soi. Martha se leva à son tour pour m'aider. D'ici peu, tout le monde regagnerait sa chambre.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

This is an all British Christmas, darling. - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 2 EmptyLun 10 Déc - 8:37

Ce n’était pas volontaire. Enfin si, ça l’était, mais pas pour les raisons auxquelles Joe pouvait bien croire. Si Benedikt ne l’appelait pas ‘papa’, c’était par peur qu’il ne rejette ce nouveau nom affectif. Peut-être aussi parce qu’il n’était pas encore prêt à le faire. Mais surtout parce que Joe lui-même ne lui avait jamais recommandé ce surnom. Normal me direz-vous, il avait vingt-et-un ans, il savait forcément ce qu’il devait ou ne devait pas faire. Et bien non. A ce niveau-là, Benedikt restait encore un enfant. Il avait peur de déplaire, qu’on se fâche contre lui, d’être rejeté. En attendant, Connor poursuivait son interrogatoire de police avec circonspection. Heureusement, il fut rapidement mis en déroute. Benedikt lui, avait fait mine de ne pas avoir entendu, gardant les yeux rivés sur son bol de soupe, droit comme un I, quoique les épaules légèrement voûtées en songeant que, non, effectivement, il ne mangeait rien d’autres à Noël. Au fond, il se rendait compte de la misère qu’il avait endurée, avec de plus en plus de poids à mesure des années qui passent. Il ne s’imaginait pas un seul instant, en revanche, que son premier Noël parmi les siens, n’aurait rien à voir avec ceux qu’il avait déjà passés auprès de sa mère. A ces Noëls là, elle ne changeait rien à ses habitudes. Et il ne parlait pas seulement de cuisine, mais aussi de son quotidien. Il y avait toujours des hommes qui venaient dormir à la maison. Toujours différents. Ils restaient moins longtemps, forcément, parce que pendant les fêtes, on était censé être avec sa famille, par peur sans doute que leur femme ne s’inquiète et ne s’interroge trop de leur longue absence. Il n’oublierait jamais le jour où l’un d’eux, plus gras et porcin que tous les autres, lorsqu’il avait fini sa petite affaire, passa sa main dans ses cheveux, et lui avait souhaité une bonne nuit de Noël en riant et remontant la braguette de son pantalon. C’était la première fois qu’il avait autant haï le jour de Noël, et encore aujourd’hui, il lui arrivait de repenser à ce jour comme celui où le père Noël avait été … une ordure.

Mis le feu à la … Il savait Sophie pas très douée en cuisine, mais de là à mettre le feu à la cuisine, pardon, à la maison ! Le rire de Connor, accompagné de celui de sa grand-mère le contamina lui aussi, tandis qu’il essayait de cacher derrière son index replié, son sourire. Seul Joe avait gardé le silence, et semblait plus sombre que tout à l’heure. Une gravité qui le toucha, plus que de raison, et qui lui rendit son sérieux presque aussitôt, jusqu’à ce qu’il revienne avec le dessert. Chacun portait sa croix. Joe aurait-il été différent s’il avait connu Connor plus jeune ? S’il avait dû élever son fils alors qu’il n’était encore qu’un nourrisson ? S’il avait eu … une famille, si Sophie ne l’avait pas quittée ? Il le pensait en tous cas. Et parce qu’il avait lui-même souffert de l’absence de famille, Benedikt le comprenait et respectait sa douleur.

Sa mère faisait autorité. Joe avait fini par capituler, de mauvais gré. Aussi surprenant que cela puisse paraître, sur le moment, le regard de Benedikt était resté sur la personne de son père, puis sur celle de sa grand-mère, faisant le rapprochement maladroit avec sa propre mère. Il n’aurait jamais pensé que Joe obéirait à qui que ce soit, et pourtant, le constat était là. Il retirait de cette leçon que les aînés ont la primeur sur la volonté des plus jeunes. Et malgré la fausseté de cette réalité, qu’il n’avait que trop mérité les punitions infligées par sa mère, pour lui avoir désobéi. Heureusement, Connor rattrapa son retard de paroles, ce qui le sortit aussitôt de sa léthargie passagère.
« Les chevAUX… » murmura son grand frère entre ses dents pour éviter que Martha ou Joe ne l’entende. Une fois les desserts avalés et le ventre bien plein, Benedikt se leva de table, attrapant Connor par un bras, avant qu’il ne file à l’étage, pour lui débarbouiller la bouche et les mains. « C’est bon, vas-y. Et t’oublie pas d’te brosser les dents surtout, je vérifierai ! » Attentionné envers son cadet, comme toujours. Sur ce, il aida à son tour à débarrasser la table, déposant les bols dans l’évier, en attendant sagement qu’on lui donne l’autorisation de faire la vaisselle, ou d’essuyer les couverts. Il n’avait pas encore sommeil. Trop de pensées se bousculaient dans son esprit, la plupart concernant bien évidemment, sa relation toujours conflictuelle avec son père.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

This is an all British Christmas, darling. - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 2 EmptyLun 10 Déc - 10:41



Si je faisais si peu de difficultés envers ma mère, c'était avant tout par respect, et non par une cécité sentimentale complexe. Elle avait souffert et je voulais la ménager, d'autant plus qu'elle ne nous voyait que trop rarement dans l'année, ayant refusé de déménager elle aussi à San Francisco malgré mon insistance. Rien à faire, cette Lady anglaise ne jurait que par ses origines et rien d'autre. Un patriotisme de famille, cela va de soi. Lorsque je voyais mon père dépasser les bornes, physiquement et moralement, j'étais le premier à la rejoindre et la consoler même si elle refoulait parfaitement ses émotions. Depuis ce temps-là, je gardais ma volonté propre, mais je n'objectais que rarement ses demandes. Faire la cuisine, bien que cela m'ennuie, n'avait rien d'insurmontable lorsqu'on y pense. Il y a pire, pour une fois dans l'année. Le dîner touchait à sa fin, nous étions rassemblés autour de l'évier pour la vaisselle. Seul Benedikt rattrapa son frère pour veiller à ce qu'il n'ait rien autour de la bouche ou sur les mains... une attention qui fit à nouveau sourire Martha, mais qui m'échappa tandis que je leur tournais le dos. Le Russe vint nous rejoindre et, toujours en silence, je lui tendis un torchon pour qu'il essuie les verres et les couverts que je finissais de laver. Dans un silence religieux, je songeais à acheter un lave-vaisselle à ma mère la prochaine fois que nous viendrons ici... Seul le bruit de l'eau s'écoulant du robinet rompait l'absence de paroles. Arrivé à la dernière assiette, je fermai le robinet puis m'essuyai les mains. "Je vais me coucher, bonne nuit tout le monde." Oui, bonne nuit général, ça va plus vite et c'est un peu moins gênant. Clairement, cette soirée avait été pénible. Alors que je montais l'escalier, Connor déboula comme un dingue pour se planter devant son grand frère en lui servant le smile de la mort qui tue tout sur son passage... juste pour lui montrer qu'il s'était brossé les dents. Je les regardais faire en poussant un léger soupir et une fois dans ma chambre, je m'accordais un sourire. Je fermai la porte puis m'allongeai sur mon lit en fermant les yeux. Qui sait, peut-être que demain, la journée sera un peu plus propice à la supposée bonne humeur de Noël. Mais si Benedikt est décidé à me faire la tête jusqu'à ce que je cède sur le sujet "Tacha", nous ne nous réconcilierons pas avant au moins quelques années. And merry Christmas.
Quelques minutes plus tard, Martha se servit un thé au citron pour dormir un peu mieux. Elle s'était assise dans un des deux fauteuils face à l'âtre de la cheminée où dansaient les flammes d'un feu apaisant. Lorsque Benedikt passa à proximité, elle tourna la tête vers lui puis le gratifia d'un sourire qui se voulait rassurant. "Benedikt ? Assieds-toi, mon garçon, j'aimerai discuter un peu avec toi, apprendre à te connaitre." Juste tous les deux. Sans père à surveiller ni paroles à mesurer en présence d'un petit frère souvent trop curieux. La vieille dame tournait très lentement la cuillère dans son thé en regardant le feu brûler dans la cheminée, attendant sagement que son petit-fils s'installe à son tour dans l'autre fauteuil près du sien. Elle avait bien intégré que c'était un endroit rassurant pour lui, signe subtile qu'elle souhaitait le mettre un tant soit peu mal à l'aise. Sa timidité à son égard ne lui avait pas échappé, et elle préférait rompre la glace maintenant plutôt que la laisser gagner du terrain. Intégrer Benedikt dans le cercle familial, au lieu de le considérer comme un invité étranger. "J'ai cru comprendre qu'il y avait quelques... noeuds, entre ton père et toi." Nœuds ? Choix de vocabulaire intéressant... les noeuds peuvent toujours se défaire. Elle préféra ne pas le regarder, ayant aussi remarqué que son regard le mettait mal à l'aise, pour le moment. Quand je vous disais que la matriarche Shark était perspicace. "J'aimerai bien que tu m'en parles, si ça ne t'ennuies pas. Tu ne me connais pas encore très bien, mais moi, en revanche, j'ai l'impression de retrouver... un Joe plus jeune." Un fin sourire à mi-chemin entre la malice et le mystère gagna ses lèvres fines alors qu'elle buvait une mince gorgée de thé sans détacher le regard de l'âtre. "Je ne suis pas là pour constamment le défendre, ou accuser quelqu'un. Je souhaite simplement vous aider et faire plus ample connaissance avec mon petit-fils." Cette fois-ci, elle le regarda brièvement mais avec ce genre d'amour maternel particulièrement subtil. Rien de débordant, comme c'était parfois le cas avec Sophie, mais tout aussi fort. Patiente, elle attendait que le jeune homme veuille bien se confier. Ne serait-ce qu'un peu. Car puisqu'il lui rappelait tant son père dans sa façon d'être, lui tirer les vers du nez ne serait pas une mince affaire, loin de là.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

This is an all British Christmas, darling. - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 2 EmptyLun 10 Déc - 16:22

« ‘nuit. » murmura Benedikt en suivant un à un les pas de son père qui montait les escaliers, murmure qui se mua en un long soupir dépité une fois qu’il eut fini de tout essuyer et ranger dans la cuisine. Vint ensuite Connor, et son sourire colgate, qui contribua à le mettre de bonne humeur pendant plusieurs secondes, et qui disparut à l'étage, après son bisou de "bonne nuit" sur le front. Plus aucun bruit dans la maison. Seulement les flammes de la cheminée qui crépitaient dans l’âtre et l’attiraient irrésistiblement vers le canapé du salon. Il croyait que tout le monde était parti se coucher. C’était sans compter Martha qui semblait l’attendre, au coin du feu. Il eut beau faire le moins de bruit possible, il avait bien fallu qu’il la salue une dernière fois avant d’aller se coucher pour ne pas paraître impoli. Il ne s’attendait pourtant pas à ce qu’elle veuille lui parler, seule à seul. Sa réaction ne se fit d’ailleurs pas attendre. Sourcils froncés, surpris mais obligé de répondre par l’affirmative, d’un bref hochement de tête, le Russe contourna le fauteuil, pour aller s’asseoir le plus loin possible de la Lady Anglaise, priant les cieux que la leçon de morale ne soit pas trop longue. Une fois dans le fauteuil, les jambes et les mains jointes, le regard baissé sur ses genoux, Benedikt attendit la sentence, bien loin de penser que la suite de la conversation l’amènerait à connaître davantage sur son père, mais plus encore sur lui-même. Martha avait beau sourire, lui témoigner de l’intérêt, il ne serait jamais moins méfiant à son égard. Elle paraissait trop lisse, trop douce, exactement comme Alexandra, sa propre mère. N’importe qui la voyait croirait en un ange tombé du ciel. Preuve en est que Joe Shark ne s’intéressait jamais à des femmes prétendument laides. Sa mère était très belle. Une beauté glaciale, envoûtante. Exactement comme Martha qui respirait pourtant la chaleur et la bonté. Hélas, deux traits de caractère qu’il avait bien du mal à capter pour l’instant. « Oui, madame. » Pourquoi mentir ? L’animosité qu’il éprouvait à l’égard de son père, et réciproquement, était perceptible de tous, même de Connor qui pourtant, ne voyait en général pas plus loin que le bout de son nez. En outre, Benedikt avait relevé les yeux, très lentement, pour s’apercevoir que Martha ne le regardait plus. Une attention qui le toucha, et lui permit de l’observer à son tour, prêt à rebaisser le regard en cas d’attaque visuelle frontale. « Vous avez tort. » Les mots lui avaient échappé. Il n’avait pas voulu dire cela. Pas à haute voix pour qu’elle puisse l’entendre en tous cas. « Excusez-moi. » Non, il ne pensait pas ressembler à son père ou que Joe lui ressemble. Comment était-ce possible ? Joe était une énigme à lui tout seul. Il savait juger son monde, les écraser sans que nul n’y trouve rien à redire, il ne montrait jamais ses sentiments alors que lui était incapable de rester de marbre plus de dix secondes d’affilée … Non décidément, il ne voyait vraiment pas ce qu’ils pouvaient avoir en commun. Et pourtant, elle était sa mère. Elle devait donc le connaître mieux que lui, non ? « C’est de ma faute. Chui désolé pour ce qui s’est passé tout à l’heure, d’ailleurs. Je savais pas que … vous nous aviez entendu. » Ils avaient parlé tellement fort aussi. Et puis elle habitait ici, logique qu’elle soit là. « En fait, je pense que tous nos problèmes viennent de mes origines. Je sais qu’il m’a dit qu’il …m’aimait … » Devait-il poursuivre, sachant que son père aurait massacré quiconque aurait parlé de sentiments à son propos ? Sa mère elle, ne pouvait ignorer qui était réellement son fils. « …qu’il serait là et tout ça mais … j’arrête pas de me dire que si ma mère … » Là encore, le sujet était sensible. Qu’est-ce que Joe lui avait raconté sur celle qu’il avait mise enceinte ? Que c’était une traînée ? Qu’elle avait été humiliée parce qu’elle l’avait bien cherché ? Même si certains faits étaient avérés, il s’agissait tout de même de sa mère, et en tant que telle, Benedikt refusait qu’on parle d’elle de cette manière. « …enfin, vous voyez, si elle était pas tombée enceinte, ou si elle lui avait tout dit dès le départ, on en serait pas là aujourd’hui. J’ai l’impression qu’il cherche à se racheter depuis qu’il sait ce que j’ai vécu à Bogotol. Et j’déteste ça. Je veux pas qu’il culpabilise ou se sente redevable. Il m’doit rien, je veux rien de lui. » Excepté peut-être qu’il m’aime comme un fils, mais ça, il ne fallait pas compter sur lui pour l’admettre. « Et puis, y’a Tacha que j’ai retrouvé y’a à peu près un mois de ça. » Finalement, ce n’était pas si dur de parler. Ca venait naturellement. Parce qu’il n’avait pas l’impression d’être jugé, qu’elle lui inspirait confiance, d’une certaine manière. « Tacha, c’est mon amie d’enfance. On a été tous les deux à l’orphelinat, on a pratiquement grandi ensembles. » ajouta le Russe alors qu’un sourire envahissait ses joues, sourire qu’il ne put réfréner à temps. Il passerait sur les détails de leur histoire. Martha n’avait pas besoin de savoir qu’elle avait été son amante, qu’ils avaient fait les quatre cents coups ensembles, ou que leur relation était plus complexe qu’il n’y paraissait de prime abord. « Joe veut pas que je la vois parce que, soit disant, elle serait ‘dangereuse.’ » Oups, un léger détail : son casier judiciaire. Etait-ce prudent d’en faire étalage devant une femme qui portait le nom de Shark. Il n’était plus très sûr tout à coup. Et si elle lui répétait tout ce qu’il venait de dire ? Et si tout ceci n’était qu’un subterfuge ? Il s'était tout à coup tû, conscient de son erreur, regrettant aussitôt ses dernières paroles, et espérant de tout coeur que Martha ne relèverait pas. Ne chercherait pas à en savoir davantage sur la dénommée Tacha Kovalevski.Voilà maintenant qu'il était fâché contre elle. Parce qu'elle avait été son confesseur, sa confidente, alors qu'il s'était juré de se taire au sujet de Tacha au cours de ses vacances. Il ne la connaissait même pas ! Pourquoi avait-il eu besoin de se lâcher tout à coup ?! Quel idiot il faisait ! « D'toutes façons, vous pouvez pas comprendre. » On se calme, Ben. N'oublie pas à qui tu t'adresses. « J'f'rais mieux d'aller me coucher... » marmonna t-il en se levant du canapé, soucieux par dessus tout, d'en avoir trop dit, et que cela lui porte préjudice dans l'avenir. « Vous allez rien lui dire, hein ? A Joe ? » Voilà ce qui l'inquiétait le plus. Qu'il apprenne qu'il n'avait toujours pas oublié celle qu'il n'était pas censé voir. Tacha. Qu'il apprenne qu'il s'était confié. Qu'il connaisse ses faiblesses et en joue, comme bon lui semble. Raison pour laquelle Benedikt s'était toujours tû jusqu'ici, préférant de loin la dispute aux confidences. C'était toujours ainsi qu'il avait fonctionné, depuis la Russie. Pour se protéger, il devait non seulement tout garder pour lui, mais faire semblant de ne rien ressentir. Oui, elle avait raison finalement : il était bien comme son père.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

This is an all British Christmas, darling. - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 2 EmptyLun 10 Déc - 18:07



Le déni prompt de Benedikt surprit un peu Martha, mais celle-ci ne se montra pas offusquée pour autant. Joe ne lui avait pas trop parlé de son fils aîné, à peine quelques mots sur un tempérament de feu... sans doute parce qu'il peinait à reconnaitre lui-même certaines similitudes. Oh non, le Russe et l'Anglais ne se ressemblaient pas complètement aujourd'hui. Mais si on prend un Joe de vingt ans et un Benedikt de vingt ans, on obtient quasiment de parfaits jumeaux sur le plan de la personnalité, à quelques détails près. Et ça, c'est une chose que nulle autre que Martha Shark pouvait observer, ayant l'expérience nécessaire pour cela. La vieille dame demeura silencieuse et attentive à chacun des mots de l'adolescent, ne cherchant pas à l'interrompre ni même à l'embarrasser une seule fois. Comme promis, elle ne défendait pas Joe, n'accusait personne. Elle écoutait, tout simplement. C'est sans doute l'une des choses qui doit manquer le plus à ce garçon : la confiance envers une personne à qui on peut parler. Lui comme son père ne sont pas loquaces concernant leur vie privée ou leurs sentiments. Ils sont même quasiment muets. C'est donc dans des moments aussi particuliers que la Lady faisait preuve d'une grande écoute en s'abstenant d'un commentaire déplacé. Martha arqua toutefois un sourcil lorsque l'étudiant en chimie préféra partir, jugeant qu'il devait en avoir trop dit. Notamment à propos d'une certaine Tacha. Joe lui avait-il dit qu'il travaillait pour le MI6 ? Non, bien sûr que non. Personne, pas même Noah n'était au courant, sachant que l'écrivain se serait fait un sang d'encre à l'idée que son frère de coeur puisse travailler en parallèle pour les services secrets britanniques. Une fois encore, le paternel préférait garder ses secrets pour protéger les autres et se protéger lui-même. Moins vous en savez, moins on vous en demandera, voilà sa politique. Martha recula légèrement la tête en prenant une mine étonnée. "Non, bien sûr que non." Joe n'était pas au courant de cette discussion et il n'y avait aucune raison pour qu'il le soit. D'ailleurs, il aurait très mal pris qu'on parle de lui de façon si "intime" sans qu'il soit là pour mettre son veto. Avant qu'il ne cherche à partir, la vieille dame le retint d'une seule parole. "Tu es un jeune homme très perspicace, Benedikt. Tu as pointé toi-même plusieurs traits de caractère de ton père sans l'ombre d'une hésitation. A commencer par la culpabilité qu'il ressent en te regardant." Et la perspicacité, ça, c'est une affaire de famille. En un sens, Connor en avait également hérité... sauf qu'à son âge, la perspicacité s'apparente davantage à une franchise trop embarrassante pour les adultes qui, eux, savent se modérer. Elle tourna à nouveau son thé en regardant la cheminée. "Sais-tu pourquoi Joe se montre aussi froid, aussi exigeant et aussi dur envers toi ?" Question à valeur purement rhétorique, la vieille dame poursuivit sur un ton lent et parfaitement mesuré. Une sagesse calme et apaisante se dégageait d'elle. Sous des dehors parfois fragiles physiquement, se cache en réalité une dame de fer incroyablement consciente de tout ce qui l'entoure. "Les gens ont tendance à penser que le business l'a rendu aussi... insensible. Qu'il ne vit que pour son plaisir sans se soucier des autres. Qu'il contrôle la vie de sa famille pour assouvir un ego assez démesuré. Ces gens-là n'ont pas tort, en ce sens que les affaires ne l'ont pas ouvert sur le monde. Mais ce n'est pas la raison originelle de son comportement." Elle soupira puis baissa un peu les yeux. Martha n'était pas honteuse, juste triste. Triste de voir qu'elle avait peut-être un peu 'trop' réussi son rôle de mère. "Si Joe est ainsi, c'est principalement de ma faute. Quand son frère Bradford est parti de la maison familiale, Joe n'avait qu'une dizaine d'années. Nous nous sommes retrouvés seuls avec son père. Celui-ci venait de perdre son emploi. Alors, il a commencé progressivement à déprimer, à cesser de chercher un nouveau travail... puis à boire. Son fils aîné lui avait échappé, alors il voulait faire de Joe le fils qui serait à son entière dévotion, en le forçant à suivre ses traces. J'ai voulu intervenir et empêcher mon mari d'agir... alors c'est là qu'il a commencé à me battre. Régulièrement. J'ai donc changé mon fusil d'épaule." Parler de cela était moins douloureux qu'on peut se l'imaginer. Martha était âgée, l'eau avait coulé sous les ponts. Même si cette époque n'était pas heureuse, elle en parlait plus facilement. "Je me suis tournée vers Joe pour prendre son éducation un peu plus en main. Je l'ai élevé de manière à ce qu'il soit de plus en plus indépendant, détaché des autres. Assez détaché pour s'arracher à l'influence de son père. Joe a grandi en suivant mon exemple et en se servant de mes conseils... et malgré sa volonté, un enfant ne peut empêcher un adulte de se montrer violent. Alors, il a attendu. Longtemps." Martha baissa la tête en caressant le bout de sa petite cuillère, songeuse. "Le jour de ses dix-huit ans, son père est rentré à la maison, à moitié débraillé et complètement ivre. Il a voulu coucher avec moi et, devant mon refus, il s'est mis à me battre. Joe est sorti de sa chambre, a frappé son père à de maintes reprises puis l'a jeté hors de la maison après l'avoir traîné par le col. Et je crois que si les voisins n'étaient pas intervenus pour les séparer, Joe l'aurait tué." Elle se souvenait de cet épisode. De cette lueur assassine dans le regard d'un enfant devenu homme. De ce visage froid et haineux qui avait hanté ses traits. Ce jour-là, elle avait compris que son fils avait suivi ses conseils. Qu'il était devenu l'homme qu'elle avait voulu qu'il devienne. Mais aujourd'hui, elle s'apercevait que Joe en avait presque oublié sa sociabilité et sa sensibilité. La vieille dame tourna à nouveau la tête vers Benedikt, l'invitant d'un regard à venir s'asseoir à nouveau en espérant avoir capté son attention. "Dis-moi, Benedikt : est-ce de la colère que tu ressens lorsque ton père ou quiconque vient à parler de ta mère d'une façon déplaisante ? Même si elle n'a pas été parfaite, elle est celle qui t'a élevé tant bien que mal et rien que pour ça, je suis certaine que tu ne saurais tolérer qu'on lui porte préjudice." Alors ? Le père et le fils étaient-ils si différents, maintenant ? Silencieuse, elle attendit de voir la réaction du Russe face à une première révélation concernant Joe et, par extension, concernant la ressemblance entre eux.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

This is an all British Christmas, darling. - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 2 EmptyMar 11 Déc - 15:26

Après s’être levé, Benedikt avait foncé droit sur les escaliers qui menaient à l’étage du dessus, sans un regard en arrière. Tout juste une boule de culpabilité qui lui lacérait la gorge, mais il n’y fit pas attention, jusqu’à ce que Martha ne l’interpelle à nouveau. A défaut de son fils, qu’il aurait immédiatement envoyé sur les roses, Benedikt respectait suffisamment sa mère pour s’immobiliser aussitôt, la gorge sèche, et les poings serrés. Il était allé trop loin, elle allait sans doute lui faire la leçon et lui demander à l’avenir, de lui témoigner un peu plus de respect. Et bien non, il l’avait cru, mais non, son discours ne fut pas celui-là. Aux premiers mots qu’elle prononça, surtout en insistant sur la culpabilité de Joe, Benedikt avait baissé les yeux au sol, fermant les yeux plusieurs fois, peiné par ce qu’il apprenait ce soir. Ainsi, Joe l’aimait … parce qu’il n’avait pas le choix. Par obligation. Tu n’es qu’un boulet pour lui, Ben, quand est-ce que tu vas t’en rendre compte ? A sa question posée, - même si elle n’était que purement rhétorique – la logique de Beni voulut qu’il réponde, au moins pour lui-même. « Parce qu’il ne n’aime pas. » fut étrangement la première pensée qui le traversa alors, conscient de la différence de comportement que Joe avait envers lui, et envers son frère cadet. Ils n’étaient pas du même monde, ils n’avaient pas le même âge. N’importe qui serait plus ‘protecteur’, plus ‘coléreux’ envers le plus jeune, qui avait tendance à faire plus de bêtises que son aîné. Leur famille fonctionnait à l’envers. Non seulement, celui qui faisait des bêtises, c’était lui, mais en plus, il avait de plus en plus l’impression que l’amour que portait Joe à Connor, n’avait rien à voir avec celui qu’il éprouvait pour lui. Il ne saurait dire en quoi, mais la question de Martha prouvait justement son raisonnement, tout autant qu’elle attisait sa curiosité. Allait-elle répondre pour lui ? Beni avait gardé le silence, contournant peu à peu le grand fauteuil du salon pour s’arrêter derrière un autre, toujours éloigné de sa grand-mère mais très attentif à ce qu’elle allait lui annoncer.

De sa faute ? Comment pouvait-elle être responsable de ce qu’il était devenu ? A vrai dire, même si Martha avait une ressemblance frappante avec son fils au niveau de la dissimulation de ses émotions, Benedikt ne leur trouvait mis à par cela, rien en commun. Remarquez, il ne la connaissait pas encore, c’est vrai. Mais à la différence de son père, Martha n’avait pas peur d’affronter ses sentiments, elle ne les montrait pas. La nuance était importance. Joe lui, s’énervait dès qu’il était question de faire dans le sentimental. Il repoussait alors quiconque tentait de se frayer un chemin jusqu’à son cœur réputé de pierre. Inaccessible. Alors non, Beni ne pensait pas qu’il était aussi froid qu’on le disait. Après tout, Joe était venu de lui-même le ramener de sa Russie, là où il était mourant. Il l’avait soigné, ils avaient eu une petite discussion qui lui avait permis de comprendre que son père n’était pas aussi abrupt qu’il le laissait paraître. Ceci dit, il y avait sa volonté expresse de le ‘surprotéger’ – de l’étouffer selon lui – depuis qu’ils étaient rentrés. Certains verraient dans son comportement, une nature bienveillante, volontairement attachée à son fils. Benedikt lui, ne pouvait s’empêcher de croire que Joe n’agissait pas seulement pour son bien, mais pour avoir le contrôle sur son esprit, et sur sa vie. C’était ça, son problème. Il n’avait pas confiance en lui. Preuve en est qu’il n’avait même pas paru surpris, malgré la colère qu’il ressentait sur le moment, lorsqu’il avait fallu venir le tirer de sa cellule. Et depuis, il lui interdisait de voir la seule personne qui lui aurait apporté un peu de réconfort. Son dernier lien avec son passé, ses origines. C’était injuste. Encore une fois, un père qui aimait son fils lui aurait fait la leçon, peut-être même le laisser une nuit enfermé pour lui montrer le sens et la valeur de la vie. Joe avait choisi une autre solution : empêcher toute récidive par la restriction pure et simple. Le contrôle, encore.

L’écoutant sans l’interrompre, Benedikt gardait les yeux baissés sur ses mains jointes. Il retenait le nom de son oncle, en venait à se demander ce qu’il devenait par ailleurs, puisque nul ne lui en avait jamais parlé jusqu’ici. Pas plus de son père, d’ailleurs. Et c’est à ce moment-là qu’il comprit. La raison de ce caractère si particulier. Son père. Il avait voulu s’excuser, lui dire qu’il était désolé, mais dans un coin de sa tête, le Russe pensait que de vagues et simples excuses ne seront jamais suffisantes face au calvaire qu’avait enduré la famille Shark. Que Martha serait reconnaissante en apparence, mais qu’elle ne comprendrait dans ses mots que les paroles d’un enfant. Une politesse, rien de plus. Alors qu’au fond, Benedikt la comprenait mieux que personne. Battre un être humain était un acte horrible, au sens où l’on traite ce dernier comme un moins que rien. Une chose, un objet, un animal. Un esclave. Pour avoir enduré toutes ces choses, Benedikt savait qu’il était difficile de remonter la pente après cela. De se dire que l’on n’est pas ce que l’autre a voulu qu’on soit. De retrouver sa liberté, sa dignité. Mais il n’en parlerait pas. Jamais. Ni à elle, ni à Joe, ni à personne d’autres. C’était son jardin secret. L’une des seules choses qui le traumatisait encore. La peur au ventre à l’idée que sa mère revienne un jour le chercher. La joie de la revoir serait bien moindre en retour.

Lorsqu’elle lui raconta comment Joe avait mis fin à des années de souffrance en jetant son propre père à la rue, un sourire empli de fierté égaya son visage, sans qu’il en soit parfaitement conscient. Il y avait au moins une qualité que nul ne pourrait jamais lui rapprocher : son sens de la dévotion envers ses proches. Il l’avait vu avec Noah, il le voyait de temps en temps avec Connor et Sophie. Même avec lui. Et lorsque ces moments avaient lieu, ils étaient si précieux à ses yeux qu’il les gardait en mémoire à jamais. « Oui. » Enfin, il reparlait. D’une voix froide et grave, qui prouvait bien à quel point elle avait raison à ce propos. Personne, personne n’avait le droit de jeter la pierre à celle qui l’avait élevé. Il avait beau avoir souffert, elle l’avait nourri, protégé parfois, éduqué du mieux qu’elle pouvait, et c’était cela au fond, qui lui importait plus que tout autre chose. En outre, il comprenait maintenant la ressemblance entre Joe et lui. Ce besoin de protéger ceux qui leur sont chers, à n’importe quel prix. « Même si je conçois que Joe et moi sommes … pareils sur certains points, j’aimerai qu’il me laisse respirer de temps en temps, vous comprenez ? Depuis qu’il m’a ramené aux Etats-Unis, il me traite comme si j’étais … » Non, il n’avait pas le droit de dire ça. Joe avait été la meilleure chose qui lui était arrivée en vingt et un ans, et il n’avait aucun regret à formuler. « …j’aimerai juste vivre ma vie comme tout le monde. » Tout ça à cause de cette saleté de maladie ! Il était persuadé que sans elle, Joe aurait été beaucoup plus souple. Du moins, il aimait à le croire. Le silence si'nstalla après quoi, et dura plusieurs minutes, sans que nul ne vienne l’interrompre. Pensif, Beni songeait à tout ce que Martha venait de lui confier au sujet de Joe. L’intimité est un privilège, et le principal intéressé n’aurait sans doute pas accordé la moindre importance à ses propos, jugeant qu’elle allait trop loin. « J’peux vous poser une question ? Pourquoi est-ce que vous me dîtes tout ça ? Enfin, j'sais pourquoi mais ... c'que je veux dire c'est... qu'est-ce que je dois faire, à votre avis ? » Sa question pouvait paraitre stupide ou inutile. Elle voulait qu’ils se réconcilient, naturellement. Sauf que ces choses-là ne se font pas dur jour au lendemain. Sauf que si lui savait la vérité, Joe ignorait tout de son côté. Cela signifiait que l’effort d’engager la conversation, de se montrer moins amer et rude, lui revenait. « Je veux pas qu'il finisse par me détester ... » soupira Beni pour finir, en détournant les yeux vers le feu de la cheminée. Elle n’avait pas tort. C’était bien à lui de réparer les dégâts. Sauf qu'il ne savait pas comment faire. Au final, elle avait encore une fois raison sur toute la ligne : il avait besoin de conseils, d'un confident, qu'on lui fasse confiance.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

This is an all British Christmas, darling. - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 2 Empty

Revenir en haut Aller en bas

This is an all British Christmas, darling.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 2 sur 5Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4, 5  Suivant

Sujets similaires

-
» British versus Irish : who's gonna win ?
» All I want for christmas it's you [Pacey ]
» hold me darling just a little while. (jackson)
» We're sick ... Oh Darling. [PV Ishana <3]
» Si je te rappelle Darling, c'est qu'il y a une raison ...

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
the great escape :: flood and trash :: corbeille rp-