the great escape
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This is an all British Christmas, darling.

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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 4 EmptySam 15 Déc - 6:59

Assis sur son lit, ou celui de Connor, il n’avait pas vraiment réfléchi sur le moment à la chambre vers laquelle ses pas le menaient, Benedikt semblait abattu. Pas triste, mais perdu dans ses souvenirs, son passé. Pourquoi avait-il voulu lui offrir son bien le plus précieux ? Joe avait vu juste : parce qu’il voulait partager un pan de sa vie, de son enfance, avec son père. Biensûr que cet album ne boucherait jamais les trous, ne serrait jamais qu’un livre, mais c’était mieux que rien, à ses yeux. Depuis qu’il avait eu cette discussion avec sa grand-mère la semaine passée, Benedikt faisait tout pour se rapprocher de son père, sans résultats. Il avait l’impression que son échec était encore plus cuisant que son cœur se brisait à l’idée de le perdre définitivement. Une fois, mais pas deux. Il ne voulait plus. Ne pouvait pas. Quant il était petit, il avait si souvent rêvé de ce moment où son père débarquerait à la maison, où il embrasserait sa mère et où l’enfant qu’il était aurait couru dans ses bras pour le serrer fort contre son cœur. Sur l’instant, rien n’avait plus d’importance que le sourire de Joe, sa main dans la sienne, l’impression qu’il regrettait de l’avoir abandonné. Mais ce n’était qu’une histoire. Joe ne l’avait pas abandonné. Pas plus que Benedikt n’avait voulu grandir sans son père. Pour rattraper le passé, ils devaient aussi vivre dans le présent. Vouloir changer, pour mieux tout recommencer. Etait-ce possible ? Après vingt ans de séparation ? Il avait envie de le croire en tous les cas. Parce qu’il n’aurait jamais imaginé que son père serait aujourd’hui la personne la plus importante dans sa vie. Celle pour laquelle, il aurait tout donné. Juste pour un regard, un sourire. Sa fierté. J’ai essayé, Babouchka. Par ce cadeau, je t’ouvre mon cœur, père.

De dos, il ne l’a pas entendu entrer. Ce n’est que lorsque sa voix s’élève dans la chambre que Benedikt se retourne. Il ne parait même pas surpris de le retrouver. Il n’est plus effrayé, mais il espère. Sans lui en toucher un mot, mais son silence répond suffisamment de lui-même. Finalement, il se lève, prêt à lui présenter des excuses qu’il ne pensait pas, juste pour que son père ne se fasse pas trop d’idées, qu’il soit le fils qu’il attendait. Non, il n’a toujours pas compris. Il soulève le menton, croise son regard et là … Ce sourire. Celui qu’il attendait. Non, c’est impossible … à moins que … Les bras de Joe s’ouvrent devant lui. Alors que d’ordinaire, Benedikt répugnait à de telles démonstrations d’affection, là, il ne peut en détacher le regard. Joe n’a pas besoin de l’appeler à nouveau qu’il le serre fort contre lui, comme un enfant à son père, un père à son fils. Pudique malgré tout, il n’ose enlacer sa taille, repliant simplement ses bras contre son torse lors de l’étreinte. Des larmes de joie roulent sur ses joues sans qu’il ne puisse rien faire pour les retenir. Pourquoi l’aurait-il fait d’ailleurs ? Ce moment, cela faisait vingt ans qu’il l’attendait. Même lorsque Joe se détache pour le regarder en face, Benedikt soutient son regard, sans un mot, sans un sourire. Mais peut-on encore douter de l’affection qu’il lui portait … Il hoche ensuite la tête. Des hommes, des vrais. Parle pour toi… moi, j’ai encore envie de rester un enfant, près de toi. Il n’a toujours pas dit un mot, prononcé une seule parole. Sa joie est encore trop grande pour qu’il accepte de la partager avec qui que ce soit d’autre. Plus tard, dans le salon, la voix lui revient. Il a tout fait pour que nul ne remarque la rougeur de ses joues, ses mains tremblantes et son ton hésitant lorsqu’il était redescendu au salon, avec son père. « C’est super beau ! Merci, p’tit frère. » Il Connor sur ses genoux, Benedikt n’a plus qu’à poser ses lèvres sur le sommet de son crâne, déclenchant la fierté faite homme de l’enfant. Celui de sa grand-mère le fait à nouveau déglutir, comme tout à l’heure, dans la chambre, son sourire laisse place à une émotion trop forte pour qu’il puisse y mettre un nom. Il ouvre le premier album. Les premières photos sont pour la famille Shark, et d’un petit bonhomme qui lui rappelle étrangement quelqu’un. C’est vrai qu’ils se ressemblaient quand Joe était plus jeune. Quant au second album, c’est à ce moment-là qu’il s’était levé pour aller embrasser Martha sur la joue. Cette unique photo, c’était sa famille. « Merci Babou… c’est …. Merci. » Vint ensuite LE cadeau. Celui qu’ils attendaient tous, celui qu’il devait admettre, être impatient de découvrir. Fronçant les sourcils devant la petitesse du paquet cadeau, tout autant que Connor qui était même passé en mode veille pour l’occasion, Benedikt suivit son père au dehors, curieux de savoir à quoi cette clé pouvait bien correspondre. Il ne s’attendait pas à ça. Au départ, immobile devant la bâche, il patiente, surpris. Lorsque Joe la découvrit enfin, leurs voix se coordonnèrent au même moment. « Une Triumph Dakota de 1991, c’est pas vrai !!! » Personne ne pouvait plus douter de son enthousiasme. Un ressort sur pattes qui avait déjà couru sur l’engin, le contournant plusieurs fois en caressant la surface, des étoiles plein les yeux, et la bouche grande ouverte. « Pas toute jeune ? PAS TOUTE JEUNE ? Elle est magnifique, tu veux dire !! » l’interrompit son fils en s’agenouillant pour vérifier le moteur et les autres pièces avec le professionnalisme de l’expert habitué à une telle mécanique. « Tu l’as … retapé ? Quand ? » Il ne l’avait jamais vu faire. Sans doute qu’il avait dû travailler la nuit, pendant que tous dormaient, pour éviter de se faire repérer. Ah, et il y avait le blouson. Et pas n’importe lequel : c’était le sien. Celui qu’il portait plus jeune, avec lequel il avait dû séduire les filles plus d’une fois. « Tu m’offres ça ? » murmura Benedikt en attrapant le blouson pour en caresser le cuir vieilli. Il avait compris que cette moto, ce n’était pas simplement de la mécanique. C’était là aussi, une partie de la vie de son père. Joe ne devait pas s’attendre pas à sa réaction. Il n’avait rien prémédité, tout était allé si vite. A peine avait-il prononcé son dernier mot que Benedikt avait couru vers lui, le serrant contre son torse, les bras autour de son cou. Il se fichait pas mal de savoir si cette nouvelle marque de tendresse arrivait trop tôt après l’ancienne. Que Joe n’ait pas envie qu’on le voit recevoir un câlin de son fils aîné. « J’t’aime, p’pa. » murmura t-il à son oreille, avant de reculer de quelques pas pour lui offrir son plus beau sourire. Enfin, il l’avait dit. Avec une sincérité touchante, sans trembler, sans honte. Juste parce qu’il voulait qu’il le sache, une bonne fois pour toutes.Pas seulement pour la moto, mais pour tout le reste. Parce qu'il était aussi fier d'être son fils que lui d'être son père. Parce qu'ils avaient du temps à rattraper. Parce qu'il s'en voulait pour toutes leurs disputes. Parce que c'était vrai. Et pour parer à l’éventualité d’une gêne quelconque de la part de son père, il ajouta aussitôt, en posant sa main sur son épaule. « J’en prendrais grand soin, j’te l’promets ! » Et encore, c’était peu dire quand on savait à quel point Beni faisait attention à ses affaires. Un collectionneur n’était pas plus maniaque que lui, c’est vous dire …
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 4 EmptyDim 16 Déc - 15:01



Lorsque la bâche tombe sur le sol, un regard légèrement mélancolique se place dans mes pupilles lagon. Le premier vrombissement de ce moteur m'avait déclenché mille et un frissons dans l'échine lorsque j'avais eu son âge. Cette moto était, dans ma collection d'objets divers, ce qu'il y avait de plus symbolique à mes yeux. D'une vie sans grande prétention dans une classe très moyenne voire pauvre, j'avais travaillé comme un acharné pour me payer ce bijou mécanique hors de prix pour l'époque. Les premiers fruits de mon labeur étaient passés dans cette Triumph Dakota. Aujourd'hui, ils n'en fabriquaient plus aucune, c'était devenu un modèle unique? Je me souvenais des balades que Bradford et moi avions fait à cette époque, parcourant les routes de campagne au milieu des plaines verdoyantes de l'Angleterre. Jamais je n'aurais consenti à vendre cette moto, pas même si un jour, ma fortune devait disparaitre. Elle représentait beaucoup trop pour moi. Tellement qu'il m'avait été impossible de l'emmener à San Francisco, j'avais préféré la laisser ici, chez ma mère. Mais aujourd'hui, je lui ai trouvé une raison pour la sortir de l'ombre. Je veux la transmettre à la seule personne qui, à mes yeux, saura prendre conscience de sa valeur. Rien qu'à l'exclamation qu'il avait eu en voyant l'engin, j'avais souri, comprenant ainsi qu'elle ne tombait pas dans la main d'un adolescent irrespectueux, au contraire. Cette moto, c'est l'héritage de Benedikt, et de personne d'autre. Un peu en retrait, je le laisse "faire connaissance" avec son nouveau bolide. Sa remarque me fait sourire. En effet, elle a vingt-et-un ans, mais elle est comme neuve. Je ne suis pas très doué pour tenir une maison - la femme de ménage s'en occupe - mais en ce qui concerne la mécanique, je touche plutôt pas mal. Assez pour me passer d'un garagiste qui voudrait me prendre pour un pigeon de l'année. Un sourire léger étire le coin de ma bouche. "Quand tu avais le dos tourné. La nuit, aussi." Il devait savoir, à présent, qu'au niveau de la discrétion, j'étais l'un des meilleurs. Quitte à passer quelques nuits blanches et être exténué le lendemain matin, j'avais mis les mains dans le cambouis pour la bonne cause. A chaque boulon que je resserrais, il me suffisait d'imaginer le sourire de mon fils pour dissiper le moindre élan de fatigue éventuel. J'avais sué sang et eau pour arriver à ce résultat mais au moins, ça valait davantage qu'une vulgaire moto sortie de l'usine que j'aurais payé par simple chèque. Ce bolide avait une valeur inestimable. Le voir avec mon blouson et près de ma moto me fait un petit quelque chose. Je n'avais jamais pensé un instant que j'aurais un jour un fils d'une vingtaine d'années à cet endroit et à ce moment. Mais maintenant qu'il était là, j'en profitais à m'en brûler la cornée. Cet élan émotionnel le conduit droit dans mes bras, à me serrer comme jamais. Surpris, je ne le repousse pas un instant. Mieux : je le serre en retour, déposant affectueusement une main sur sa nuque pour le garder le plus longtemps près de moi. Sa déclaration, aussi brève soit-elle, est le plus beau cadeau de Noël qu'on m'ait jamais offert. Je me suis planté dès le départ avec Benedikt et il aura fallu attendre ce Noël pour que je change enfin mon fusil d'épaule. Je dépose un baiser sur sa tempe et je ferme les yeux en prenant une profonde inspiration. "Moi aussi, fiston." Pas besoin de grande déclaration, sa pudeur en ces termes est aussi grande que la mienne : ces quelques mots seront toujours plus signifiants que n'importe quelle autre preuve. P'pa. Je me tournais ce mot en boucle, douce berceuse d'un père en apprentissage de ce rôle. P'pa. Je me rappelle d'une comptine que Bradford chantait seul, lorsqu'il avait appris qu'il allait avoir une petite fille... « Deux petites syllabes, un mot usé, et te voilà réinventé. Quand pour la première fois, ta petite fille t'appelle papa. » C'est exactement ce que je ressens sur le moment, à ceci près que c'est mon fils qui m'appelle ainsi. Nous nous détachons, j'enregistre son sourire comme une marque au fer rouge dans ma mémoire. Je lui fais un clin d'oeil puis pointe un index taquin dans sa direction. "T'as plutôt intérêt !" Mais inutile d'insister, c'est un trait que nous avons en commun : que personne ne touche à nos affaires, autrement nous montrons les dents. Qu'il s'agisse d'objets ou de personnes. Je lui avais demandé d'arrêter les courses effrénées à moto pour son coeur, mais en lui offrant cette Triumph Dakota, c'est aussi une façon de lui dire que je suis loin de l'empêcher de s'offrir de belles virées à moto. Je passe une main sur le cuir du bolide, un sourire de requin sur les lèvres. "Puis si tu savais combien de filles j'ai pu emballer sur ce... - Joe !" Je tourne la tête vers ma mère qui a haussé le ton avec un air mécontent. Quoi ? Faut bien le former un peu, le petit. Cette moto, c'est une arme de séduction comme une autre... même si j'augure que Benedikt n'a clairement pas besoin de cela pour faire scintiller le regard des demoiselles. Il n'y a rien de mieux pour ça : elles sont à l'arrière, la poitrine pressée contre le dos du pilote, les bras autour du corps... et avec un manche de maintien si elle baisse un peu les mains. Ok, elle est limite. "J'espère que tu me garderas une petite place pour un road trip. J'ai toujours eu envie de remonter le Royaume-Uni à moto du Sud de l'Angleterre jusqu'au Nord de l'Écosse. Enfin, si ça t'intéresse, évidemment..." C'est un projet que je n'ai jamais eu l'occasion de faire avec mon frère aîné, descendu trop tôt... alors, l'accomplir avec mon fils pendant un long congé, voilà qui pourrait sans doute être intéressant et travailler à notre rapprochement. Les deux Shark sur la route, chacun sa moto et un sac sur le dos en tout et pour tout. Je me détache un peu de lui tandis que Connor s'approche timidement de la moto, avec une main baladeuse. "Oooh... Dis, Beni, tu m'emmèneras faire un tour...?" Avec un petit air de bandit, l'enfant mit une main pour cacher ce qu'il lui chuchotait. "Même que j'te prête un peu ma Wii si tu viens m'chercher à l'école sur ta moto..." Ca, c'est du deal qui envoie du bois. J'esquisse un sourire amusé en laissant les deux frères négocier, sachant que Connor ne ratera pas l'occasion de crâner à mort avec un grand frère tatoué et biker à ses heures perdues. De quoi faire tomber les filles de l'école dans ses bras. De mon côté, je décrète que c'est le plus beau Noël que j'ai passé en quarante-et-un ans. Un sourire sur le visage de mon fils aîné et me faire appeler P'pa, ça vaut toutes les belles inconnues qui auraient bataillé dans mon lit comme les années précédentes. Ca vaut vraiment tout. Je dépose un bras autour des épaules de ma mère qui n'a rien manqué de ce rapprochement et dont le regard pétillant trahit sans mal le contentement qu'elle ressent.
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 4 EmptyLun 17 Déc - 18:56

Je me souviens encore de ma première moto. Comme mon père, j’ai sué sang et eau pour me la payer. Rien à voir avec cette magnifique mécanique qui me faisait face. C’était un tas de ferrailles à l’époque. Mais c’était MON tas de ferrailles. Que j’avais retapé comme j’avais pu. Les outils en Russie, n’ont rien à voir avec ceux que l’on peut trouver aux Etats-Unis. Ici, il y a de tout, on peut tout faire. Là-bas, chacun se démerde avec ce qu’il a. Et vu que tout le monde a rien, on est tous dans la même galère. Je l’ai trainé sur plusieurs mètres, je me suis trouvé un rondin de bois sur lequel je me suis assis, et là, j’ai commencé à réparer, dévisser, repeindre. J’étais fier de moi, même si jamais ce cadeau que je m’étais fait n’aurait eu la moindre valeur. Je le possédais, c’était ça qui avait de l’importance à mes yeux. J’avais économisé pour un bien qui m’appartenait, dont personne ne voulait, mais que personne ne me prendrait non plus une fois qu’elle serait comme neuve. Elle a jamais été comme neuve, ma bécane. Mais j’me foutais pas mal de la tête qu’elle avait, je l’aimais, c’est tout. Et elle devait m’aimer aussi vu toutes les virées qu’on s’est faites toutes les deux, avant qu’elle rende l’âme. Je lui ai fait un bel hommage, ma bécane. Si si, j’vous assure. Mes affaires, j’en prends soin, même dans la mort. Et là, Joe qui m’offre son propre passé. Une vie sur les routes, à nouveau. Je pleure pas, j’peux pas pleurer. Ca fait pas homme de pleurer. Et ça pique les yeux. J’me retiens parce qu’il est là, mais je sais que ce soir, j’arrêterai pas d’y penser, à ma nouvelle moto. A ça et… à papa. Tu m’as tellement manqué, t’imagines même pas. Bon ok, on arrête de faire dans le sentimental, j’sais que t’es pas doué pour ça et j’dois tenir de toi. Mais p’tin, qu’est-ce que c’est bon d’avoir un père ! Dire qu’il l’a retapé pour moi. De nuit, d’arrache-pied, sans un mot, essoufflé. Je sais pas comment te remercier. J’le saurais jamais vraiment. Dans tes bras, je me laisse aller, j’écoute ton cœur qui bat à milles à l’heure, comme le mien. Ta respiration ralentir. Moi aussi j’ai du mal à trouver les mots. J’ai souri, lorsqu’il m’a menacé au cas où je ne prendrais pas soin de sa moto. T’inquiète p’pa, cette moto, c’est ma vie maintenant. Grand-mère est arrivée, suivie peu de temps après de Connor. Je rigole encore lorsqu’elle prend cet air-là. T’inquiète, Babou, je connais l’animal. Vu qu’on a ce point en commun. Bon d’accord, j’admets que je ne coure pas les filles avec autant de facilité, et que ce n’est pas un besoin naturel chez moi. Mais bon, les filles, c’est une histoire de famille, pas vrai Connor ? Il ira loin ce petit. Sur ce point-là, il te ressemble comme deux gouttes d’eau papa. Bien plus que moi.

Il l’a dit. Comme si un simple regard échangé avait suffi, Joe avait compris. J’avais cette même lueur dans les yeux, que le jour où il m’avait dit qu’il m’aimait, dans cet avion qui me ramenait sur le territoire américain. L’espoir, l’envie de tout recommencer …« Tu… t’es sérieux ? Oui…. Oui, ce serait génial ! Faudra qu’on le fasse, c’est clair ! » répéta plusieurs fois Benedikt, incapable, pour une fois, de maîtriser sa joie. La conquête du Far Ouest, c’est à ça qu’il songeait. Ca y ressemblait, vous ne trouvez pas ? Et puis, ce sera l’occasion d’en apprendre plus l’un de l’autre. En dehors de la vie citadine, j’veux dire. Je suis sûr que papa est un vrai bout en train si on le laisse faire. Arrive Connor, tout aussi émerveillé que moi par le cadeau que je venais de recevoir. T’emmener faire un tour, faut voir … Tu sais poussin, maintenant qu’elle est à moi, cette moto, s’agit de pas la rayer, de faire attention où tu mets tes pieds, de pas abîmer la peinture. Bah oui, chui chiant quand il s’agit de mes affaires, et le petit le sait très bien ! « Hum… j’sais pas … » Je fais mine d’hésiter. Au fond, je sais très bien que je pourrais pas m’empêcher de le faire monter à l’arrière, rien que pour qu’il sache la sensation que ça fait. Le vent dans les cheveux, la vitesse, l’impression d’être un dieu parmi les insectes … « Ta Wii ? » Mouais… « Mais chui nul à tes jeux, moi ! » rouspète Benedikt avec un sourire en demi-lune. Encore un petit effort ... « Et si j’te laisse gagner une fois ? » « Ca marche ! » Bah quoi ? Les négociations chez les Shark, c’est fondamental si vous voulez survivre plus de deux jours. Bon, en tous cas, c’est pas que mais … « Elle est belle, hein ? Tu sais que la marque Triumph, à la base, c'est Anglais ? Et qu'au départ, c'était rien que des vélos ? C'est seulement en 1902 que la première moto est née. Et encore, c'était pas du tout les mêmes moteurs que maintenant ... » Et blablabla et blablabla. Je pourrais en parler durant des heures. Et Connor, de sombrer immédiatement dans un coma profond en m'écoutant. A ce propos, je pense que je vais élever une tente dans la grange cette nuit, c’est plus sûr. Quoi ? C’est pour éviter les cambrioleurs, c’est tout !
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 4 EmptyJeu 20 Déc - 4:47



Bien sûr, que je suis sérieux. Ce voyage en moto, j'ai passé des années à ne pas le faire car je ne trouvais jamais la personne idéale pour m'accompagner. Noah ? Même pas en rêve. Un jour, il s'était même jeté devant moi avec un casque pour m'empêcher de monter sur mon bolide, prétextant qu'il n'y avait pas plus dangereux que la moto pour avoir un accident. Précautionneux, trop précautionneux. Dans notre "couple", il faut croire qu'il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Initialement, j'aurais dû le faire avec Bradford. Tout comme ces sorties entre frères que nous faisions lorsqu'il revenait de mission. Les gens ne le remarquent jamais, mais quand je vais dans un pub, je commande toujours deux verres. On met ça sur le compte de la gourmandise, mais c'est faux. J'en commande un pour moi et l'autre pour Bradford. Même si je finis toujours par le boire moi-même, c'est une habitude qui ne me quitte pas. Alors, ce road trip, je ne voyais personne d'autre que Benedikt avec qui le faire. Et je ne voulais voir personne d'autre, d'ailleurs. Ma mère me gratifie d'un regard appréciateur. Remonter le Royaume-Uni à moto risque fort de nous prendre un certain temps... Et il nous faudra encore plus de temps pour apprendre à nous connaitre. J'observe mes fils négocier dur pour que le plus jeune puisse grimper sur le bolide avec l'autorisation de son aîné. Benedikt est nul ? Tel père tel fils. Je ne sais pas si j'ai eu un jour l'air aussi ridicule qu'avec une télécommande de jeu vidéo dans la main. J'avais souvent été tenté de dire à Connor que tous ses jeux ne valaient pas la sensation d'un 9mm court qui tire une balle réelle, mais ce n'est pas le genre de choses qu'on dit à un enfant de neuf ans. A un enfant tout court, d'ailleurs. Le seul qui arrivait à être un challenge pour Connor, c'était le fils Salaun lorsqu'il venait quelquefois avec son père à la maison. Souvenons-nous ensemble de la volée impitoyable que Kilian avait infligé à Connor au jeu Super Smash Bros Brawl... la console avait failli voler par la fenêtre si le Breton ne l'avait pas arrêté à temps. Il est adorable, quand il pique ses crises, ce petit bonhomme blond. J'écoute d'une oreille l'historique de la moto par Beni, non sans émettre un petit sourire en coin. Ce bolide n'est pas tombé dans les mains d'un impotent : sa passion n'a rien d'un coup de tête d'adolescent... et c'est quelque chose qui m'a toujours plus chez Benedikt. On a beau se prendre la tête, faire preuve d'antipathie, de paroles blessantes ou de silences froids, il n'en reste pas moins un jeune homme avec des convictions. Des principes implantés auxquels il se conforme. Les frères continuent à discuter - Connor écoute d'une oreille distraite et Beni ne s'arrête plus de jacasser - et je m'éloigne de la grange pour retourner dans la maison. Sur le chemin, Martha passe son bras autour du mien d'une manière distinguée et maternelle à la fois, avant de lever la tête vers moi. "Tu souris, Joe." Je ne réponds pas, je me contente de prendre une mine un peu plus mesurée. Oui, je souris et il y a de quoi.
Quelques heures plus tard, tout le monde est occupé avec ses cadeaux. Je suis assis face à la cheminée, un thé chaud à la main avec une cuillerée de miel, feuilletant très lentement les premières pages de l'album que Benedikt m'a offert. J'entends à peine les quelques pas très faibles sur le carrelage, en direction de la porte menant sur la cour. Sans me retourner ni même lever les yeux de la photographie, je pousse un soupir exaspéré. "Connor, tu poses ta planche de skate à côté de moi, je t'ai déjà interdit de l'utiliser pour le moment." L'enfant sursauta et poussa un léger grognement de mécontentement. Par moments, il a l'impression que j'ai des yeux derrière la tête ou des pouvoirs de télépathie. "Mais P'pa... - Connor, le sol est gelé et neigeux, et je n'ai pas le temps de t'emmener à l'hôpital. Alors pour nous épargner tes jérémiades lorsque tu te seras cassé le bras ou la jambe, poses ce skateboard et vas t'amuser autrement." J'ai l'air d'un bourreau le jour de Noël, mais c'est uniquement pour son bien. L'enfant lâche la planche en tapant du pied sur le sol et fonça devant la télé du salon pour aller mettre sa console en route. Voilà, va donc faire mumuse avec Mario, c'est plus sûr. Je me lève de mon canapé et passe à côté de lui... tout en récupérant sa planche de ma main libre pour la placer contre le mur, à côté du fauteuil où est assise ma mère en pleine couture. "Juste au cas où." murmurai-je à la vieille dame avec un clin d'oeil complice. Après avoir passé un manteau et une écharpe, je sors pour rejoindre la grange. Beni est encore à l'intérieur, devant sa bécane, à bidouiller je ne sais trop quoi. "Tu vas finir par t'abîmer les yeux, tu sais." lançai-je avec un mince sourire au coin de la bouche. Je m'approche de lui en m'asseyant sur l'établi et je lui montre l'album que j'ai gardé avec moi sous le bras. "Jolies photos. C'est très... enfin, c'est un beau cadeau. J'en suis à cette photo où tu louches sur un papillon qui s'est posé sur une fleur." Un air mélancolique et appréciateur prend place sur mes traits. Je regrette de n'avoir pas pu passer tous ces moments avec lui. De ne pas avoir pris cette photo moi-même pour lui offrir un album le jour de ses dix-huit ans. Pour couper court à toute discussion trop sentimentale en ces lieux, je lève la tête vers lui. "Ca te dit, une petite virée en moto ? Il y a un lac à quelques kilomètres, c'est un endroit très beau à cette période de l'année." Derrière le citadin par excellence, il y a bien un homme qui sait apprécier certains paysages. Rarement, ceci dit, mais tout de même. Et puis cela pourra lui permettre de tester son cadeau. Sa moto.
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 4 EmptyDim 23 Déc - 9:09

Un road trip. J’en avais toujours rêvé. Et je suis sérieux, malgré les problèmes d’argent, le fait que je n’avais pas de transport si ce n’était mes deux jambes, pas de carte, rien du tout, j’ai toujours eu envie de voir le monde. Bon ok, papa voulait visiter les pays anglophones, mais c’était déjà pas si mal. Et puis, faire ça avec lui, alors que je l’avais attendu toute ma vie ! Ce serait l’occasion de faire connaissance, de voir une autre partie de sa personnalité si contrastée. Ce qui me posait le plus problème, c’était Connor. Mon p’tit frère. J’aurai aimé qu’il nous accompagne. Parce qu’il n’avait que 9 ans, et qu’il aurait du mal à comprendre qu’on l’abandonne en arrière. T’en fais pas, je te ramènerai de beaux souvenirs pour me faire pardonner mon absence. J’imaginais déjà tous les paysages qu’on allait voir, les parties de fou rire, de réparer la moto quand elle serait HS, de filer dans le vent, de faire la course. J’aurai pas pu trouver meilleur compagnon de route que lui pour ce voyage. Mais quand ? Quand est-ce qu’on le fera, p’pa ? Une question qui me brûlait les lèvres et que je m’efforçais de passer sous silence. J’étais tellement excité de passer du temps avec lui. Seuls. On en avait eu si peu, des moments comme celui-là. Oui, j’étais égoïste, je le voulais pour moi tout seul. C’est mal, vous pensez ? La ferme, vous y connaissez rien, d’abord ! Enfin bref, finalement, papa est retourné à l’intérieur de la maison, avec babouchka, et moi, je suis resté en arrière, dans la grange, avec Connor. On a passé plusieurs minutes à contempler LA moto. Surtout moi en fait. Lui, il voulait simplement que je rentre à l’intérieur, essayer la planque de skate avec lui. « Tout à l’heure, Connor. J’veux rester encore un peu. » Un enfant n’aurait pas employé d’autre mot. Le même timbre nostalgique, la même petite voix. Ce qui avait suffi pour qu’il fronce les sourcils et s’éloigne en me laissant seul dans ma bulle. « ARGHHH, y’a une rayure ! C’pô vraiii !!! » Quelle idée de tourner autour aussi longtemps ! C’était sûrement mon bracelet, à force de la tripoter devant et derrière. Ah… ah non, c’est rien. Juste une petite tâche de boue. J’le savais, hein ! Passant et repassant un chiffon sur la mécanique de LA moto, je n’avais pas entendu Joe revenir à l’intérieur de la grange. Il devait me trouver ridicule, tout du moins encore très gamin, à rester immobile comme une statue devant un objet inanimé. Même devant mes expériences de chimie, je n’avais jamais été aussi concentré. « Hum… » soupira Beni en esquissant un sourire. Je suis sûr que t’étais pareil à mon âge, quant tu l’as vu pour la première fois ! Je n’avais pas vu ce qu’il avait ramené avec lui. L’album que je lui avais offert. J’avais toujours ce creux dans l’estomac lorsque je le voyais tourner les pages. Comme si je retournais dix ans en arrière. J’étais heureux de l’avoir près de moi, mais triste de savoir qu’il m’avait fallu attendre aussi longtemps. « Ah, celle-là … Connor m’a dit que t’avais peur des papillons au fait, c’est vrai ? » Sur le moment, lorsque son petit frère lui avait annoncé la nouvelle, il avait tiqué. Comment un homme de la trempe de Joe pouvait avoir peur d’une si petite chose ? Et ce n’était pas une guêpe qui piquait ou une araignée avec ses pattes velues ou encore un hanneton qui vous fonçait dessus sans prévenir. Un papillon. L’insecte le plus inoffensif qui existe sur Terre. J’avais pas pu m’en empêcher. Je m’étais écroulé par terre, mort de rire. Et Connor m’avait suivi. On s’était même promis qu’un jour, on lui jouerait ce mauvais tour de lui offrir un joli papillon dans une belle boîte surprise. « En fait, t’es super fragile, toi. » J’aimais le taquiner. Enfin, aujourd’hui, je n’avais plus peur de ses réactions. Je les espérais, impatient. « Une virée ? Tu plaisantes, un peu que j’veux ! Deux s’condes… » Le temps que j’enfile mon blouson – que j’avais retiré à cause de la chaleur : si si, il faisait très chaud pour moi, à -8° - , que je fasse le fier comme un coq avec, et que je réfléchisse à la manière dont je devais m’y prendre pour rejoindre ce fameux lac. Grr, pas vraiment le choix. J’connaissais rien de cette région. Bon, comme je connais pas l’endroit, je te laisse conduire. Mais ce sera moi au retour, j’te préviens ! » J’allais enfin savoir quel genre de conducteur de bécane était mon cher père. Les voitures, je savais déjà. Aucun respect des feux rouges, des vieilles dames avec leur chariot de course, ou des sens interdits. Mais il n’avait jamais eu d’accident. Par quel miracle, je n’en sais rien. « Ohh, attends, j’reviens, j’ai oublié quelque chose. » Direction, la chambre, sa valise, et son appareil photo. Il adorait prendre des photos. De tout et de n’importe quoi, c’est vrai, mais c’était comme ça. La photographie était sa deuxième passion après la chimie.
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 4 EmptyLun 24 Déc - 11:48



Oh oui, j'avais été exactement comme lui lorsque j'avais acheté cette moto et qu'elle avait passé ses premières heures dans le garage. Mieux que ça : j'avais dormi à côté, une barre métallique à la main pour agresser le premier qui aurait voulu trahir ma vigilance de tous les instants. Son comportement m'amusait et me conduisait à penser qu'il y avait toutes les chances pour que le bolide soit bien mieux entre ses mains plutôt qu'à prendre la poussière dans le garage de mon cottage londonien. Je relève d'un seul coup la tête en l'entendant faire cas de ma phobie des papillons… et immédiatement, mon regard se durcit. De la menace ? Non, simplement la façon qu'a un Shark d'être vexé lorsqu'on pointe ses faiblesses. "Fragile ?" relevai-je en arquant un sourcil. Tu peux répéter, demi-portion ? Mon visage marque une certaine vexation, mais je suis convaincu que Benedikt n'aura aucun mal à lire une certaine fierté dans l'abîme de mon regard lagon. Enfin du répondant "amical". Enfin de la taquinerie sans chercher à blesser. C'est un court moment de complicité que je savoure en silence. J'observe ce grand garçon aux boucles blondes, au tempérament de tigre et au regard vif, et j'ai enfin la joie d'affirmer fièrement que Benedikt est de loin - au même titre que son frère - la plus belle chose que j'ai réussi de toute ma vie. Pourquoi ? Parce qu'ils ne sont pas parfaits, justement. Ce que j'ai réussi de plus beau n'est pas cette carrière irréprochable, ce n'est pas cette réputation forgée à coups d'années de travail acharné. Ce que j'ai engendré de plus beau sont ces deux garçons qui, dotés chacun de qualités et de défauts, assurent la continuité de la lignée Shark tout en apportant leur propre personnalité à l'affaire. Pour Connor, c'est la sensibilité extravertie. Pour Benedikt, c'est une généreuse détermination. Il fait peut-être partie des Gamma, ce qui tente à souligner ses multiples exploits dans l'art et la manière de se rebeller contre l'autorité. Mais ce que je vois chez lui, ce n'est pas le plaisir de briser les convenances seulement pour semer le chaos : il cherche sa place et tente de s'affirmer. Par cette simple vanne, il ne fait que confirmer ce qui force le plus mon admiration chez lui… l'audace. C'est de loin le garçon le plus audacieux que j'ai connu. Tout comme son paternel au même âge, désireux de conquérir le monde de l'édition. "Ce sont les fragiles comme moi qui ont inventé la bombe insecticide." J'affiche un sourire de prédateur sadique et impitoyable. Face aux papillons, deux écoles : ceux qui fuient… et ceux qui exterminent. Et selon la situation, les deux me vont, même si l'une est forcément plus humiliante que l'autre. "Il faudra que je songe à corriger cette manière d'être un peu trop bavard chez ton petit frère." J'hoche la tête pour ce deal de conduite, lui mettant une petite tape dans l'épaule pour lui certifier mon accord. Après tout, cette moto est la sienne, désormais.
Pendant qu'il part vers la maison, je l'observe dans ma - ou plutôt sa - veste de cuir avec un air amusé et presque rêveur. Avec son visage carré, ses cheveux désordonnés, il ne lui manque plus qu'une paire de lunettes noires et ce sera la cohue féminine aux portes de la maison Shark. Raison de plus de bomber fièrement le torse en me disant que je suis loin d'avoir engendré un 'mou' de ce point de vue là. Tant que je ne deviens pas grand-père avant l'âge, il fait ce qu'il veut. Je referme un peu plus mon propre blouson et sors la moto de la grange. Je m'installe à califourchon dessus, les suspensions accuseront sans mal nos poids combinés. Quand je pose mes mains gantées sur le guidon, je souris. Je ressens quelque chose au ventre, une sorte de petite vague inexplicable. Que de souvenirs… "Alors, ma jolie… tu vas changer de main, pas vrai ? Ne lâches pas, ton nouveau conducteur vaut bien ton acquéreur." Est-ce essentiel de préciser que j'avais souvent eu l'habitude de parler à mes bolides, voitures et motos confondues ? Les femmes parlent bien aux plantes, chacun son truc. Après avoir mis un casque sur ma tête, j'avise Beni qui revient avec un appareil photo qu'il glisse dans son sac à dos. Décidément, les photos sont plus que jamais à l'ordre du jour. "Accroches-toi bien à moi pour ne pas tomber. D'ordinaire, j'ajoute aux demoiselles qu'elles peuvent aussi s'agripper au manche un peu plus bas, mais je te demanderai de t'abstenir." L'humour anglais à la sauce salace made in Joe. Inimitable. Je souris derrière la visière du casque et d'un coup, le moteur se met à vrombir, crachant une puissance faisant vibrer les deux passagers. Une seconde plus tard, nous voici sur la route. A bonne vitesse, nous traversons la campagne enneigée, ne croisant que très peu de voitures - ou tracteurs - sur la route, les chasse-neiges ayant déjà fait leur œuvre. Ma conduite est souple, rapide et particulièrement fluide. Même en ville sur un terrain sec et dégagé, je n'ai rien du nerveux de service qui s'amuse à faire du bruit avec son engin… ma conduite est toujours très bien maitrisée, sans exagération. Sobre, classe, élégante : so british. Et croyez-moi, ça marche à merveille dans les embouteillages, pour zigzaguer comme un serpent entre les autres véhicules. Il m'arrive bien sûr de me la raconter un peu avec certaines figures, mais puisque la chaussée est encore incertaine dans une zone aussi rurale et isolée, je ne veux pas tenter le diable et risquer d'abîmer ce beau cadeau. En une dizaine de minutes de voyage, nous arrivons enfin au grand lac. En son centre, une île d'une cinquantaine de mètres de circonférence avec quelques arbres et une végétation endormie pour tout revêtement. L'eau est gelée, mais en chassant la neige, les éclats doux du soleil nous permettent d'observer une eau étonnamment claire. Tout autour, une forêt massive et plusieurs fois centenaire. Je me gare et invite mon fils à descendre en premier. Lorsque je retire le casque, je passe une main dans mes cheveux courts avec une mine arrogante. "C'était ta première leçon de conduite avec un vrai pilote, gamin. Elle est cadeau, les prochaines seront à tarif réduit, je suis dans mon jour de bonté." C'est lui qui a commencé à se moquer avec les papillons, d'abord ! Je le gratifie d'un sourire cynique avant d'avancer un peu pour admirer le paysage. La lumière dorée de l'astre solaire baigne la nature dans une atmosphère à la fois brumeuse, dégagée et presque mystique. Un régal pour les yeux, encore plus profitable avec cette sensation de fraîcheur qui vous monte gentiment au front. Je l'invite à me suivre pour une petite randonnée improvisée dans la forêt, où le gibier est particulièrement présent en cette saison. De quoi faire de belles photos, si nous sommes chanceux. "Pour ce road trip, pourquoi ne pas se garder les vacances de février ? A mon avis, c'est largement faisable, dans ce laps de temps. Connor passera les vacances avec sa mère." Et ça tiendra Sophie éloignée pendant la Saint Valentin. Ce jour me met toujours dans une humeur massacrante. Elle adorait cette fête, je la rendais par les yeux. Tout ce débordement d'affection me rend plus irritable que jamais… j'ai horreur de devoir me sentir "obligé" par une date pour être charmant avec une femme. Ou pour être charmant tout court, d'ailleurs. "A moins que tu aies des projets, peut-être ?" Ne me dis pas que tu passeras cette journée en amoureux avec Tacha, fils. Avec un peu de subtilité à l'anglaise, c'est clairement ce que je cherche à savoir.
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 4 EmptySam 29 Déc - 18:27

Non quand même, j’irai pas jusqu’à dormir dans la grange. Y’a de la paille partout, aucun coussin, des bestioles que j’avais jamais vu, sans compter que Connor a pris l’habitude de dormir avec moi depuis le jour où je suis venu m’installer à la maison et qu’il risquerait de ne pas fermer l’œil de la nuit. Non, je suis désolé de te le dire comme ça, mais y’a qu’une seule solution à ce problème. Tu crois que la moto passe à travers la porte d’entrée ? … Quoi ? C’est juste pour la faire monter dans ma chambre, t’en fais, je comptais pas la laisser toute seule dans le salon. Tel père, tel fils. En attendant, évidemment que j’avais remarqué la différence d’intonation et le regard changeant de mon père. J’en aurai même ri si je n’avais pas peur de réellement le vexer par mon attitude. C’est que je voulais tout faire désormais pour préserver l’équilibre qui venait de s’instaurer au sein de la famille Shark. « Quoi ? Tu tues des papillons ? Ces pauvres bêtes inoffensives ? Tu devrais avoir honte ! » répliquai-je en pinçant les lèvres à moitié. Non, ne ris pas, ne ris surtout pas. « Faut surtout pas que Connor ou Noah soient au courant. » Deux sensibles comme ces deux là dans les jambes et Joe était sûr de ne plus jamais approcher une bombe insecticide de sa vie. « C’est grâce à lui que j’apprends à t’connaître, alors s’te plait, lui dis rien… » J’étais sincère, et profondément touché quand j’y pense. Toutes ces fois où j’allais chercher mon petit frère à l’école. Joe ne se doutait pas un seul instant de mon but premier. Parler de lui. De ce qu’il aimait, de ce qu’il détestait. De ses amis, ses ennemis. Comme la première fois où je l’avais vu, dans son bureau, et qu’ensuite, avait commencé des mois de recherches sur son compte. Oui, j’avais cherché à lui nuire, mais une partie de moi avait toujours rêvé depuis que j’étais môme, de faire des comparaisons. Est-ce qu’on se ressemble, est-ce qu’il aime le violet lui aussi, est-ce qu’il est allergique aux chiens, comme moi ? Bien des réponses provenaient de Connor. Et il m’avait même promis de ne jamais en faire part à notre père, et voilà que c’est moi qui le lui avoue.

« On revient vite. Promis, je me ferai pardonner quand on ira en balade tous les deux. Je pourrais t’emmener à l’école avec, par exemple. T’imagines ce que dirait Charlotte ou Louna si elles te voyaient débarquer en blouson de cuir et lunettes noires, sur ce genre d’engin. » Un argument qui avait réussi à convaincre Connor, qui m’en avait évidemment voulu de le laisser derrière pour courir les routes avec notre père, de me lâcher la manche, et de nous observer ensuite par la fenêtre du salon. Pauvre petit cocker. Enfin, il accuserait sûrement le coup devant le plat que Babouchka avait préparé pour ce jour si spécial. Deux assiettes n’y suffiront pas, je puis vous l’assurer. « A toute à l’heure ! » Je n’avais jamais été aussi empressé de retrouver quelqu’un depuis le jour où j’avais revu Tacha. C’est dire l’importance que cette balade avait à mes yeux… Appareil photo dans la poche de sa veste, je me glissai derrière mon père, ceinturant sa taille en levant les yeux au ciel après la blague salace qu’il venait de sortir. Décidément, certains ne changeront jamais. Je n’avais pas eu le temps de répliquer que déjà, le vent sifflait dans mes oreilles, et qu’un sourire étirait mes lèvres. J’avais presque le visage dans son cou. J’adorais cette sensation de n’appartenir à aucun monde, d’être libre. Et par-dessus tout, de le découvrir lui. C’était un bon conducteur, c’est vrai. Un peu classique, classe même, pour moi qui faisais toujours fi du danger en dépassant les limitations autorisées, mais ma présence, ainsi que le véhicule y était sûrement pour quelque chose. Après tout, j’avais déjà été dans sa voiture, et croyez-moi que dans une boîte de conserve, Joe se montre beaucoup moins respectueux du code de la route.

Enfin, nous étions arrivés. J’avais à peine mis pied à terre que déjà, je mitraillais le paysage de mon appareil. Paisible. Verdoyant. Isolé. Tout ce que j’appréciais dans la nature. L’île, tout particulièrement, m’attirait en son sein. Si bien que je devais faire un gros effort pour ne pas me jeter à l’eau afin de la rejoindre. « Mouais, c’est pas mal. Pour un Anglais. » Œil pour œil, dent pour dent. « Au retour, je te montrerai ce que c’est qu’un VRAI pilote de moto. » Et accroche-toi bien parce que ça va secouer ! En attendant, je photographiais tout. Les sapins, les champignons recouverts par une fine couche de neige, le lac gelé, l’île qui renfermait sûrement d’autres secrets … On avance dans la forêt. Je flashe encore, distrait à tout ce qui touche à autre chose que mes prises de vue. « Hum ? » Jusqu’à ce que la voix de Joe ne me ramène sur la planète Terre. « En février, ça fait loin n’empêche… » Oui, je suis pressé, et alors ? « Faudra lui ramener plein de cadeaux au retour, parce que tu peux être certain qu’il va bouder. » énonçai-je non sans rigoler en m’imaginant la moue de mon petit frère. Je n’avais en revanche aucune idée de ce qui avait conduit Joe à songer à ce mois-ci plutôt qu’un autre. Surtout pas parce que c’était en février qu’avait lieu la Saint-Valentin. Cette fête m’indifférait plus jeune, parce que je n’ai jamais été très sentimental. Mais, depuis que Tacha était fiancée à ce ‘Merk’, je la détestais. Je les détestais tous. « Quels projets ? » Son insistance me fit froncer les sourcils. De quoi parles-tu ? Février, projets … projets, février…. Je mis un temps considérable avant de faire le lien entre le jour des amoureux, et le sens de sa question. Sourcils froncés, je regardais l’évolution d’un écureuil sur un chêne lorsque je finis par lui répondre. Froidement. Ce n’était pas contre lui. « Si tu veux parler d’elle, laisse tomber. On s’est parlé qu’une seule fois depuis la dernière fois, et elle m’a annoncé qu’elle était fiancée à un abruti qui s’appelle Marc. Sûrement un Français, pffff … » Je savais que je n’aurais pas dû montrer ma rancœur au grand jour. Mais je n’y pouvais rien. La jalousie faisait toujours cet effet là. On a du mal à réfléchir et on devient revêche. « De toutes façons, on est pas en couple, on a même jamais été proches. C’était que pour du sexe elle et moi. » Et voilà que je mentais maintenant. Tout en confiant à mon père une partie de ma jeunesse. Celle que j’avais vécu auprès de Tacha, et qui ne m’avait jamais quitté depuis. « Et toi, t’as pas envie d’être avec une bombe latine ce soir-là ? » lui demandais-je avec un sourire amusé.
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 4 EmptyLun 31 Déc - 8:34



Tandis que nous marchons dans la poudreuse tombée en masse sur le chemin en pleine forêt, je jette de temps en temps des regards en biais vers Benedikt. Je l'imagine rentrer de l'école avec Connor, parler de moi. Pourtant, je n'ai jamais vraiment trop parlé avec mon plus jeune fils, alors comment peut-il savoir tant de choses sur mon compte ? Je ne vois que trois possibilités : Noah, Sophie... et le regard, tout simplement. Sous des dehors pipelettes et tête-en-l'air, Connor a toujours eu cette étrange curiosité envers les gens en général, tant et si bien qu'il mémorise énormément de choses (qu'il lui arrive souvent de ressortir au moment le moins opportun). J'ai horreur qu'on parle de moi dans mon dos, mais l'image de ces deux grands garçons échangeant de façon complice le long d'un trottoir m'apparait d'une telle manière qu'il m'est impossible de leur en vouloir. Et moi, combien de fois avais-je glissé une ou deux questions sur le Gamma dans la conversation avec Noah, le sachant bien plus proche de lui que je ne le suis ? En toute innocence, avec une pudeur anglaise qui n'appartient qu'à un Shark digne de ce nom, mais tout de même. Je chiffonne ses boucles blondes avec un air de prédateur quand il me dit que je conduis bien pour un Anglais. "Tu es à moitié anglais, soit dit en passant, alors sois un peu fier de tes origines !" Bien sûr, je le taquine, mais je ne peux pas empêcher ces élans patriotiques de surgir dès que l'occasion se présente. Et gare à celui qui oserait entacher la réputation de la Reine : avec ma mère et Sophie, ce doivent être les deux seules femmes pour qui je montrerai les crocs sans hésiter une seconde. Après tout, vingt ans de service au MI6 ne font que confirmer de profondes convictions ancrées depuis bien longtemps. J'ai hâte de le voir conduire, de le sentir aux commandes d'un bolide. Je n'ai jamais eu l'occasion de le voir piloter et s'il est aussi passionné de motos qu'il est bon pilote, cette virée risque fort d'être mémorable. Toutefois, je fronce un peu les sourcils avec un regard entendu. "Mais attention à ne pas prendre trop de risques, tout à l'heure. La route est glissante, et je ne veux voir aucune éraflure sur cette carrosserie." Et je ne veux pas que tu te fasses mal, surtout. La carrosserie dont je parlais était en réalité celle de Beni... quoi ? Oui, je suis un père poule surprotecteur et étouffant sous des dehors particulièrement distants. Je l'observe se mettre à photographier tout ce qui bouge, m'abstenant de sourire malgré mon agréable surprise. J'ai l'impression de me balader avec un enfant qui veut immortaliser chaque image qui lui passe devant pour ensuite en faire un immense album souvenir. Je le laisse à sa passion, sans faire de commentaire, de peur qu'il le prenne mal. Même si ce séjour nous aide à avancer ensemble sur un même chemin, je ne peux m'empêcher de vouloir le prendre avec des pincettes, l'angoisse de faire un pas de travers est toujours présente. J'enfonce mes mains gantées dans les poches de mon manteau tout en réfléchissant à ses remarques. Oui, c'est loin, mais j'ai une compagnie à gérer. Je veux bien prendre ce long congé car notre lien père/fils vaut bien tous les manuscrits de ce monde, mais c'est une longue absence que je dois organiser minutieusement pour que rien ne dérape lorsque je ne serai pas là. Non pas que je n'ai pas une grande confiance envers Marc, mais c'est mon côté businessman consciencieux. Bon, d'accord : maniaque. Mais si on n'est pas maniaque, un autre le sera à votre place et vous dirigera droit vers la sortie. Manger pour ne pas être mangé, c'est la dure loi de la jungle. "Il partira en France avec sa mère, ça l'occupera un peu..." répondis-je à mon tour sur un ton pensif. Et puis plus Sophie sera loin pour la Saint Valentin, mieux ce sera. Elle et son romantisme... je ne veux pas lui laisser cette occasion pour tenter de se racheter. Ce serait trop évident. Chacun chez soi, c'est ce qu'il y a de plus sage. Je fais preuve d'une attention soutenue lorsque je perçois qu'il comprend que je parle implicitement de Tacha. J'avais menacé directement cette jeune fille d'un emprisonnement à perpétuité - dans le meilleur des cas - et hors de ce pays si jamais elle s'avisait de continuer à fréquenter mon fils. C'est radical, mais c'est pour son bien... Elle est dangereuse, surveillée par les autorités. Beni n'a pas besoin de ça, surtout pas en ce moment. Je l'ai tiré d'une Russie hostile, hors de question qu'il rencontre le moindre problème dans tout autre pays. Sa froideur me surprend mais ses paroles ne me vexent en aucun cas. Au contraire : si je n'étais pas si mesuré, j'en aurais eu un large sourire. Fiancée, bien sûr... tant que mon aîné y croit, c'est tout ce que je demande. Finalement, elle n'est pas si incapable : elle a réussi à se faire suffisamment détester pour qu'il ne veuille plus la voir. C'est d'une cruauté sans nom et je prends conscience que si Beni apprend un jour la supercherie, j'en verrais de toutes les couleurs... alors il fallait faire en sorte que cela n'arrive jamais. "Je vois..." Je ne pousserai pas l'hypocrisie au point de lancer un 'désolé' qui lui mettrait la puce à l'oreille. Mais lorsqu'il m'annonce qu'ils ne se voyaient que pour le sexe, je détourne le regard. Dear God, ce garçon parle exactement comme moi. Qu'avais-je dit à Noah le jour où il m'avait demandé qui était la mère de Connor, quand j'avais recueilli le petit ? Que Sophie et moi, cela n'avait jamais été qu'une banale histoire de sexe parmi tant d'autres. Et pourtant, cela avait été exactement l'inverse. Je me remémore la réaction de Tacha dans le parking, celle de Benedikt au commissariat, son attitude aujourd'hui. Il en est amoureux. Il ne le reconnaitra jamais, mais il l'est. Pour l'une des rares fois dans ma vie, je ressens de la culpabilité. Je détourne le regard vers la forêt et continue à marcher en silence. Pourquoi ne peut-il pas s’amouracher d'une fille qui corresponde à mes critères et qui ait un casier judiciaire complètement vierge ? Parce qu'il s'ennuierait d'une fille aussi fade. J'arrive même à répondre aux questions que je me pose intérieurement. Benedikt est un fauve, un tigre qui a besoin d'une relation tumultueuse, passionnée, intense. Avec Tacha, ça avait peut-être commencé uniquement par du sexe, je n'en sais rien... mais aujourd'hui, c'est devenu bien plus. "Une chance pour toi : il y a des milliards de femmes célibataires sur cette planète. Il y en a bien quelques unes dans le lot avec qui tu pourras te distraire." Même si ça ne suffira sûrement pas. "En tout cas, je note que ta rancoeur envers les Français ne s'applique pas à tout ton entourage..." ajoutai-je en glissant un regard amusé dans sa direction, faisant allusion à un certain Breton farouche. Et encore, je ne savais encore rien de la complexité de leur relation. Sa remarque sur ma soirée de Saint-Valentin me fait sourire. "J'ai déjà donné avec deux bombes latines il y a trois ans, pour ce soir-là... Le carnaval de Rio dans ma chambre, c'était grandiose." Un léger pétillant anima mon regard en repensant aux festivités qui avaient animé la chambre de Shark senior. Deux brésiliennes pour mon plus grand plaisir, mémorable. Devrais-je avoir honte de parler de mes conquêtes avec mon fils ? Peut-être, mais je n'y songe pas réellement. Combien de fois Noah m'a repris quand je voulais expliquer à Connor que les bébés ne sortaient pas des choux... plus tôt il le saura, moins il y aura de risques pour que je devienne grand-père trop vite. "Tu sais, nous allons sûrement passer un moment sur ce road trip... et plus on monte vers le Nord, plus elles sont sauvages. Je t'avertis maintenant que je ne passerai pas toutes mes nuits à dormir sagement près de toi pour que tu ne fasses pas de cauchemar." Je lui décoche un sourire qui se veut un brin taquin. "Je serai d'ailleurs curieux de savoir si le fils se débrouille aussi bien que le père, à ce sujet." Un défi ? Et comment. Mais je ne me fait pas trop de souci : rien qu'avec son sourire charmeur, elles doivent tomber dans ses bras sans avoir à fournir trop d'efforts. Nous continuons à marcher et j'essaye d'en savoir un peu plus sur son passé, m'intéresser à lui quitte à être peut-être indiscret et me prendre une veste. "Sinon, tu connais cette fille depuis longtemps ? Enfin, je veux dire, tu avais des amis là-bas, en Russie ?" Non, je ne l'appelle pas par son prénom, juste pour éviter qu'elle ne prenne trop d'importance. Pour l'instant, je souhaite juste qu'il me parle un peu de lui.
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 4 EmptyJeu 10 Jan - 6:46

« Mais j’en suis fier. Mais n’empêche que les Russes sont meilleurs conducteurs. Enfin, meilleurs au sens qu’ils conduisent plus vite, plus dangereusement, et font moins d’accidents. » ricanai-je en en tentant de me dégager lorsque sa main s’était rapprochée de mes boucles blondes. Le geste me touchait, sincèrement. Mais j’avais encore du mal à l’accepter, surtout vis-à-vis d’un homme, même mon propre père. Pour l’instant, seule Sophie avait réussi cet exploit. Et encore. Elle devait d’abord m’appâter avec des friandises préparées exclusivement par Noah, des mots doux pour apaiser ma crainte, et s’asseoir à mes côtés pendant au moins trente minutes et dix secondes. Après quoi, pendant que j’engloutissais goulûment la nourriture, elle passait ses doigts dans mes boucles dans le but évident de les discipliner – ce qu’elle ne parvenait jamais à faire, soit dit en passant – et continuait jusqu’à ce que je décide qu’il était temps de reprendre ma fierté d’adolescent, et ne la quitte, sans lui avouer qu’au fond, ses caresses me manquaient déjà. Vous avez dit compliqué ? « Oh non, ça c’est sûr ! » avais-je aussi réagir en tournant la tête vers ma Triumph, de peur qu’elle n’ait déjà souffert d’une feuille qui serait tombée d’un arbre alentour, et aurait atterri sur sa carrosserie. Quoi ? Les feuilles, ça peut griffer, j’vous signale ! Peu habitué aux démonstrations d’affection de mon père, surtout qu’il était très bon acteur pour le cacher, je n’avais pas compris que sa peur n’allait pas du tout pour l’engin, mais bien pour son fils aîné. « J’connais rien de la France, moi. » soupirai-je sans lâcher des yeux une feuille rouge et jaune, qui tirait sur le vert kaki. « Enfin, à part Kilian. » Oups, aurais-je dit une bêtise ? Non, Joe ne pouvait pas comprendre que la connaissance à laquelle je faisais référence à propos du Breton n’avait rien à voir avec sa culture, sa cuisine ou son passé, mais de son corps. Les Français sont d’excellents amants, p’pa, tu le savais ? Quoiqu’il en soit, j’avais bien l’intention d’embêter mon jeune frère jusqu’à ce qu’il cède à tous mes caprices. « Je veux une carte postale TOUS LES JOURS. N’oublie pas de me ramener du fromage ! Oh, et c’est quoi le plat de ta région, j’en veux aussi ! Tu peux demander à Sophie de rapporter un porte clé de la tour Eiffel ? … blablabla blablabla… » Shootant dans un caillou, les sourcils froncés à présent, une moue boudeuse sur le visage, je voyais distinctement le visage de Tacha devant moi. L’impression d’avoir perdu plus qu’une amie me crevait le cœur, mais il était hors de question que je me lance dans de telles confidences avec mon père. D’une, parce que je ne mec confiais à personne en général, je préférais tout garder pour moi pour mieux exploser quand la marmite serait pleine. De deux, parce que c’était quand même lui qui était à l’origine de mon problème de ‘communication’ avec la jeune femme. Je ne savais pas ce qu’il lui avait dit, mais je savais qu’ils s’étaient revus, après le commissariat. Car, c’était depuis l’instant où Tacha avait rencontré mon père, que tout avait changé entre nous. Je m’imaginais des tas de choses. Qu’il lui avait interdit de me revoir, qu’il l’avait menacé de la renvoyer de la faculté, ou de la remettre en prison, mais jamais je n’aurai cru qu’il avait tout un dossier sur elle, qu’il lui avait fait part de son mépris à son égard, ou qu’il la renverrait dans les geôles russes si jamais elle s’avisait de m’adresser à nouveau la parole. « Ouais, sûrement… » avais-je murmuré en soupirant. Tu ne comprends pas, papa. Tu ne comprendras jamais. Même moi j’ai du mal à le croire, mais toutes ces filles ne sont rien, face à elle. Je me fous de toutes les avoir, c’est elle que je veux. On appartient au même monde, on respire le même air, on a vécu les mêmes drames. Elle est ma dose d’héroïne et même toi, tu pourras jamais rien y changer. C’est ça, que j’aurai dû lui dire. Mais je ne savais pas l’importance qu’elle avait à mes yeux. Enfin si, je le savais, mais je refusais de croire qu’elle puisse avoir un quelconque impact dans ma vie. « Pardon ? Ah, tu parles de Kilian ? Bah il est pas français, c’est pour ça. Il est Breton. » avais-je corrigé en souriant. Je savais que l’étudiant tenait beaucoup à cette nuance, ce pourquoi je la ressortais aujourd’hui, en toute ironie. Je l’écoute parler de ses conquêtes, riant intérieurement. Ca ne me dérangeait pas qu’il y fasse référence, même si de mon côté, il n’en saura jamais rien. L’orgueil, et le fait que Joe ignorait toujours tout de ma sexualité différente de la sienne. « Pappaaa !! » grognai-je ensuite en roulant des yeux dans leurs orbites. C’est quoi cette question ! C’est qu’il me mettait mal à l’aise en plus ! « Ca, tu le sauras jamais ! » Armé d’un sourire et de mes joues qui avaient viré au rouge pour l’occasion, je flashe à nouveau ce qui se dresse sur ma route, plus pour éviter qu’il ne me questionne à nouveau sur ma vie sexuelle qu’autre chose. « J’la connais depuis qu’elle a … 8 ans, à peu près. En fait, on s’est rencontré une première fois alors que je vivais encore chez ma mère. Elle habitait pas très loin alors on passait toutes nos journées ensembles. » Je baissais les yeux. Je devais faire attention aux mots que j’emploierais dorénavant. Joe ne devait jamais savoir la relation que j’avais entretenu avec Tacha à cette époque. Même si cela pouvait la racheter à ses yeux. « …et puis ensuite, à l’orphelinat, quand elle avait quinze ans. Elle a été mon premier … » Amour. J’avais failli le dire. Mais encore une fois, ma pudeur m’avait stoppé dans mon élan. « …baiser. » Quant aux amis, je souriais en imaginant la tête que ferait mon père le jour où il les rencontrerait. Rien à voir avec des gens biens sous tous rapports, riches ou habillés en préchi-précha. Ils faisaient tous dans l’illégalité, avaient tous une passion interdite, des capacités incroyables, et tous étaient soudés, pour la vie. Ils me manquaient terriblement, d’ailleurs. « On était une bande de 7, en fait. Trois filles, quatre garçons. Et Tacha en faisait partie. » ajoutai-je en lui lançant un regard en biais. Si tu savais combien de temps j’ai passé aux côtés de cette fille, p’pa, tu ne perdrais même pas ton temps à essayer de nous séparer. « Et toi, pourquoi t’es plus avec Sophie ? » Le rapport n’était plus à faire, même s’il n’en avait pas conscience. Joe + Sophie = ancien amour. Tacha + Beni = amour enfoui. Il avait l’impression d’avoir franchi une limite. Peut-être que cela ne le regardait pas après tout, mais puisque lui se confiait petit à petit à son père, il estimait qu’il pouvait y avoir un juste retour des choses, non ?!
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