the great escape
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This is an all British Christmas, darling.

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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 5 EmptyJeu 10 Jan - 9:17



"C'est plutôt joli, comme pays. Les Français sont arrogants et chauvins, mais le pays est appréciable." Dixit le patriote Britannique par excellence. Mon meilleur ami est Français, et il en a autant au service des Anglais... bien qu'il soit même en couple avec l'une de mes compatriotes. Si les opposés ne sont pas faits pour s'attirer, c'est à n'y rien comprendre. Je réalise que Benedikt n'a jamais voyagé, jamais en dehors de la Russie et de San Francisco, tandis que j'ai déjà parcouru une petite partie du globe rien qu'en termes de voyages d'affaires. Du coin de l'oeil, je l'observe scruter la nature environnante avec une curiosité semblable à celle d'un jeune garçon qui s'éveille. Intérieurement, je me fais la promesse de lui faire découvrir les pays de son choix, ou au moins lui en donner l'opportunité un jour. Certes, je me sentirai moyennement rassuré de la savoir à l'autre bout du monde, mais s'il est heureux, alors pourquoi pas. Ce qu'il y a de plus surprenant, c'est que nous avons vécu pas moins de vingt-et-un ans à des milliers de kilomètres l'un de l'autre, et j'étais en toute quiétude. Aujourd'hui, le simple fait qu'il soit à l'autre bout de la ville me poussait à me demander si tout allait bien pour lui. L'instinct parental, je l'avais développé avec Connor et peaufiné avec Beni. Sa bouche reste peut-être muette sur ses réels sentiments envers Tacha, mais son attitude parle bien assez pour que les mots semblent obsolètes. J'ai horreur de me sentir coupable, c'est un sentiment que je préfère laisser aux faibles qui se fient uniquement à leurs affects. J'ai passé ma vie à me rendre insensible, autant qu'un rocher que les rouleaux de l'océan ne pourraient faire trembler. Être le requin qui broie sans la moindre pitié... et mes deux fils mettent cet équilibre à mal sans le savoir, me poussant à une chose que je déteste : m'interroger. Me demander si mes actions ont un bien-fondé. Je l'observe du coin de l'oeil, j'ai envie de poser une main sur son épaule, lui sourire, lui dire qu'il peut finalement faire ce qui lui chante avec Tacha tant qu'ils ne me font pas un petit-fils ou une petite-fille. Que s'il est amoureux, il doit foncer. Parce qu'il mérite le bonheur après une vie morne dans laquelle il semblerait qu'elle ait été sa seule bouée de sauvetage. Cette envie me ronge, mais je détourne le regard, retrouve un visage neutre, je m'enferme derrière un mur de détachement et d'indifférence. Non. Elle est dangereuse, trop dangereuse. La passion pousse à des extrémités bien de trop incertaines pour que je le laisse risquer quoique ce soit. Quelle est l'extrémité qui m'effraie le plus ? Qu'il m'échappe. Qu'il disparaisse avec elle, que je ne le revois plus. Qu'il puisse se soustraire à mon contrôle. Noah doit lui avoir dit que pour que je me sente à l'aise avec quelqu'un, il faut que je puisse avoir le contrôle sur certaines choses. Noah ou peut-être même ma mère... Mais comment retenir un jeune loup aussi fougueux que Benedikt ? J'enfonce les mains dans mes poches, un sourire amusé sur les lèvres. "Ah oui, Breton, j'oubliais." Le voilà qui se met à rougir devant cette discussion typiquement masculine. Pudique ? Amusant. "Je ne le saurais jamais... mais je peux me faire ma petite idée." Il n'y avait qu'à voir la façon dont certaines étudiantes se retournaient sur son passage à Berkeley. Gardant toujours un oeil sur lui, de près ou de loin, je sais qu'il fait tourner les têtes, qu'un sourire suffit à les faire glousser, que son côté mauvais garçon doit alimenter bien des fantasmes. Je garde un sourire mystérieux en coin avant de redevenir sérieux lorsqu'il aborde le sujet Tacha. A demi-mot, les paroles sont choisies avec un soin particulier, comme pour dévoiler son passé tout en jetant un voile fin sur ses pensées les plus intimes. C'est un scientifique et pourtant, il manie les mots avec une adresse qui me laisse penser que le gène de la répartie s'est bien installé chez lui. Précautionneux et habile, il esquive les points les plus sensibles tout en m'apprenant du bout des lèvres que Tacha a rythmé sa vie depuis toujours. Que la séparer de lui ne fait qu'assombrir son existence et créer un manque que nul, pas même sa famille, ne saurait combler. Je me contente d'opiner, silencieux sur les mesures qui ont éloignées Tacha de la caste des Shark. "Je vois." Je l'ai déjà dit, ça. Mais qu'importe, je vois où il veut en venir. Comme l'enfant qui chercher à amadouer ses parents pour les conduire à lui offrir le cadeau de son choix sans jamais leur demander directement, je reconnais le génie de mon fils. Cependant, bien que mon sentiment concernant la Russe soit plus mitigé qu'il a pu l'être auparavant, et même si l'esquisse d'une négociation peut faire son chemin depuis que j'ai vu Beni aussi 'sensible' sans l'avouer, je ne peux me permettre de donner mon aval. La situation ne me concerne pas uniquement. Si contact il peut y avoir, je dois en discuter avec le MI6. Cependant, je ne peux pas lui parler de cela, je suis sous serment. "Et ta bande est restée en Russie ? Vous faisiez quoi, tous ensemble ?" 7 au total. Et vu le passé de Benedikt ainsi que celui de Tacha, je suppose qu'ils n'étaient pas du genre à jouer sagement au parc. Rien qu'à sa façon de parler de conduite de moto, j'ai une vague idée de leurs occupations. Lorsqu'il attaque bille en tête sur Sophie, je tourne la tête pour regarder les arbres, les traits fermés. La mère de Connor est toujours un sujet extra-sensible. J'ai mis neuf ans avant d'en parler réellement à Noah... et pourtant, je n'ai pour ainsi dire aucun secret pour mon frère de coeur. Mais puisque Benedikt a fait un effort, apprendre à se connaitre repose sur un échange. "Le plus ironique, c'est que je n'ai jamais quitté Sophie." concédai-je sans sourire. Nombre sont ceux qui partent du principe qu'en salaud intégral avec les femmes, elle n'a été qu'une conquête plus durable parmi tant d'autres avant que je ne me lasse, comme toujours... mais non. C'est tellement plus complexe. "Nous avons passé deux ans ensemble. Je l'ai rencontrée dans un bar, je jouais à la guitare et elle écoutait. Mais quand je me suis approché, elle m'a lancé son cocktail à la figure en m'accusant d'avoir séduit sa meilleure amie avant de la quitter au petit jour. Son aplomb m'a..." séduit. Non, trouves un autre mot, Shark. "... diverti. Je l'ai rattrapée, nous avons dîné ensemble le lendemain, et nous nous sommes progressivement rapprochés." Rien à voir avec une femme que je chasse pour ensuite la faire tomber dans mes bras, m'en repaître comme un prédateur se satisfait de sa proie avant de l'abandonner une fois sa faim assouvie. Dans mon regard, on peut lire une mélancolie muette sur laquelle aucun mot ne peut venir se greffer. "Puis un jour, après l'enterrement de la femme de Noah, nous avons discuté. De tout et de rien... elle m'a demandé si je comptais avoir des enfants et je lui ai répondu que non. Que j'étais trop égoïste pour vouloir la partager avec qui que ce soit." Dire que je parlais ainsi devant mon propre fils. Mais cela remonte à neuf ans... il m'a vu dans cet avion, il m'a vu tout à l'heure en lui offrant cette moto. Ma position est différente, et elle l'a toujours été de ce que j'ai pu involontairement dégager. "Le lendemain, je me suis réveillé seul. Elle avait disparu, avec ses affaires. Et j'ai compris huit ans plus tard, en me rendant à l'hôpital et en voyant un petit garçon au chevet de Sophie qu'au moment où elle m'avait posé cette question apparemment innocente, elle était enceinte de Connor. Et elle ne m'a pas laissé l'opportunité de répondre différemment si j'avais eu toutes les données." Je tourne la tête vers Benedikt et le regarde droit dans les yeux, avec sincérité, lui parlant d'égal à égal car, au fond, c'est ce que nous désirons l'un comme l'autre. "Je ne suis plus avec Sophie car je ne peux pas tolérer une personne qui m'échappe sans laisser derrière elle la moindre explication. Depuis, je me suis promis que je ne laisserai aucune femme me barrer la route et me distraire. Aucune." Et il en savait quelque chose, m'ayant fait mettre en prison pour une femme que j'avais abattu de sang-froid après avoir eu l'audace de s'en prendre à Connor. "Sophie a été une étape, un flirt passager au milieu d'autres femmes plus éphémères, c'est tout. Aujourd'hui, c'est la mère d'un de mes fils et ça s'arrête là." Pourtant... non. Non, Shark : tu t'es fait avoir une fois, pas deux. Soudain, je pose mon bras sur son torse pour l'arrêter et lui fait signe de se taire en posant mon index sur mes lèvres. De mon autre main, je pointe quelque chose dans les fourrés, sur notre gauche. Un cerf, parfaitement redressé, qui nous fixe avec majesté. Un spectacle formidable que nous observons avec respect.
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 5 EmptyJeu 10 Jan - 10:42

Aussi surprenant que cela puisse paraître, Benedikt n’avait jamais porté plus attention que cela aux filles qui le trouvaient à leurs goûts. Les filles, c’est pour les garçons. Lui, c’était déjà un homme. Mais oui, biensûr, on y croit tous. Disons surtout que son cœur était déjà pris depuis fort longtemps, et que les seules donzelles qui entraient dans sa vie n’étaient là que pour une nuit, maximum trois jours, avant qu’il n’aille se reposer sur d’autres rivages. Il n’était pas exactement comme son père, à rechercher le plaisir d’une galante compagnie pour le sexe. Il prenait ce qui venait, et ne faisait aucun effort pour séduire. Car à la différence de Joe, il n’était pas doué pour ça. Les sourires aguicheurs, le mot bien placé, la caresse près des hanches, le compliment au bon moment. C’était trop superficiel, trop différent ce qu’il était. Un jeune loup. Son père l’avait bien compris. « Ouais, j’pense. Je les ai pas revus avant de partir, la première fois. Ca faisait six mois qu’on était séparés. » Je n’entrerais pas dans les détails avec lui concernant la cause de notre séparation soudaine, mais on était tous recherché par la police, et une bande de 7 gamins de 15 ans à peine, ça passe peu inaperçue. Ce pourquoi on avait tous décidé de prendre la poudre d’escampette chacun de son côté. « Des trucs, par ci par là. » Un sourire avait envahi mes lèvres que j’avais beaucoup de mal à dissimuler. « Je crois que ça te plairait de savoir ce que ton fils faisait de ses journées. » Passe pour les courses de moto ou les insultes à agent, mais j’avais fait bien pire. Dissimulation de preuves, cambriolage de hauts fonctionnaires, vols d’informations de haute sécurité, agressions sur membres des forces de l’ordre. Heureusement qu’il n’avait jamais vu mon casier judiciaire. Il n’était pas aussi détaillé que celui de Tacha, mais tout de même. « On était que des gosses, il fallait bien qu’on passe le temps. » dis-je finalement en levant les yeux vers lui. Je n’avais pas envie qu’il me croit plus délinquant que je ne l’étais au fond. « Mais on a jamais fait de mal à personne, j’te le promets. » Ca comptait pour moi. Qu’il me croit. Je n’étais pas un mauvais garçon, j’étais juste un peu paumé à cette époque, j’avais besoin de faire mes épreuves. La crise d’adolescence, vous savez ce que c’est…

Je l’écoutais, attentif, et gardais en mémoire chaque information. Il jouait de la guitare. Bienvenue au club. Classique ou électrique ? Il faudrait qu’on gratte en duo un de ces quatre. Je riais même en imaginant la Sophie, douce et patiente, que je connaissais aujourd’hui, lui envoyer son verre en pleine tête. Tu l’as bien cherché, remarque. Diverti ? Rien que ça ? Je ne suis pas dupe. Je vois bien comment tu la regardes parfois, quand tout le monde a le dos tourné. Menteur. Tu l’aimes toujours, avoue… Leur rencontre était digne d’une scène de films d’amour, avec une touche de comique, pour parfaite le tableau. L’enterrement de … Je ne savais pas que Noah avait été marié. Et qu’elle … était morte. Mon regard se perdit dans les feuilles jonchées au sol. Voilà qui expliquait bien des choses. Je l’avais toujours cru naïf au sujet des femmes, trop coincé. En vérité, il avait juste du mal à avancer, après la perte de sa moitié. Je comprenais, ça. J’avais de plus en plus de mal à supporter que Tacha soit loin de moi, alors la perdre tout à coup … Au fond, ce que Joe avait répondu à Sophie, était plutôt mignon, pour un œil extérieur. Cela prouvait bien à quel point il tenait à elle. Même si j’avais du mal à concevoir mon père en homme jaloux, je le reconnais. Peu à peu, mon sourire s’éteignait. Je l’écoutais toujours, mais mon esprit était ailleurs. Songeant à ma mère, comparant l’histoire de Connor à ma propre histoire. Ce petit garçon, ç’aurait pu être moi. Sophie et ma mère, Alexandra, avaient, inconsciemment, gâché la vie de mon père en disparaissant du jour au lendemain, enceintes de sa descendance. Sauf que Sophie lui était revenue, qu’il avait eu le temps d’élever et d’éduquer son petit garçon, qu’il aimait toujours sa mère. Je le découvrais sensible, et attachant. « Elle voulait pas que tu restes par obligation, c’est pour ça qu’elle est partie. » Là encore, ce n’est pas à Sophie uniquement que je faisais référence, mais à ma propre mère. Au fait que, malgré toutes les méchancetés qu’elle avait pu dire sur lui, elle l’avait toujours aimé. Qu’elle aurait voulu le garder auprès d’elle. Auprès de nous. « …au milieu d'autres femmes plus éphémères… » Avait-il conscience que je le prenais directement pour moi ? Non, il était blessé, et je comprenais sa peine, même si la mienne n’avait fait que grandir en l’entendant parler ainsi de celle qui m’avait mise au monde. Il ne l’avait jamais aimé, au fond. Elle aurait dû le savoir. Ce n’était pas de sa faute, mais je ne le détestais pas pour sa franchise. Plus maintenant. J’avais appris dès le départ qui était Joe Shark, et je devais me faire à l’idée que je n’aurais de parents que mon propre père, à l’avenir. Quelques minutes plus tard, il me bloque la route, pointant du doigt un animal qui venait de surgir des buissons. Je n’avais rien vu de plus majestueux depuis l’étalon sauvage que j’avais un jour croisé dans les forêts de Russie. En silence, je me baisse alors, m’approchant en rampant au sol dans le but de prendre une photo du roi de la forêt. Ne t’enfuis pas. Attends encore un peu. Ne bouge plus. Il ne semble pas effrayé de nous voir. Sans doute n’a-t-il pas l’habitude de voir de tels animaux, dans cette partie de la forêt. On n’a rarement peur de notre ignorance. « Je l’ai eu. » soufflai-je à mon père en lui montrant l’appareil. Un bruit qui le fit fuir aussitôt, pour ma plus grande déception. Mais quelque chose d’autre attira mon attention. On venait de contourner le lac, et je ne m’en étais même pas rendu compte. Devant moi, se dressait l’île, plus proche encore que je n’aurai pu l’espérer. Il y avait peut-être d’autres cerfs, là-bas. « Tu viens ? » Sans attendre sa réponse, je me dévêtis en vitesse, enlevant ma veste, et le reste de mes vêtements, ne gardant sur moi que mon simple boxer. Il fait froid, mais je ne sens rien. J’ai l’habitude. Mes muscles se contractent, mes lèvres se fendent en un sourire, et je fais le grand plongeon. L’eau est glacée. J’adore ça. « Allez viens papa, elle est bonne ! » - 10°, et pour moi, elle est tout juste tiède.
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 5 EmptyJeu 10 Jan - 17:22



J’avais esquissé un léger sourire en l’entendant rester plus ou moins vague sur la teneur des activités qu’il avait pu faire étant jeune. A-t-il honte de tout ceci ? Non, j’en doute fort. Mais je le soupçonne de ne pas avoir envie de m’en parler pour que je ne me mette pas à le juger. Pourtant, je ne peux retenir une petite remarque sarcastique sur un ton pourtant très sérieux. « Je me figure que le tricot ne devait pas être dans vos activités favorites. » Je le vois plutôt adolescent rebelle, bravant les interdits, se jouant sans cesse des forces de l’ordre. Je ne peux m’empêcher de revoir sa tête effrayée après s’être fait attraper puis embarquer dans cet hôpital macabre de Bogotol, ces marques sur son corps, dissimulées en partie par ses tatouages. La vie dure, il connaît, l’envie de dépasser les bornes aussi. « Détrompes-toi, j’aurais été ravi de connaître ces anecdotes, sans émettre de jugement. C’est comme pour apprendre une langue étrangère : on démarre toujours par les insultes, avant d’attaquer la partie plus complexe. » annonçai-je avec un air détendu. Qu’il ne se sente pas vexé, il devait avoir compris où je voulais en venir. C’est avec des anecdotes qu’on appréhende mieux la personnalité de quelqu’un. « Mais, je n’ai jamais dit le contraire. Tu n’es pas foncièrement quelqu’un de méchant, Benedikt. » Tu es un garçon à qui il est arrivé de mauvaises choses, c’est différent. De mon côté, je me suis endurci, entraîné des années pour me laver de toute humanité, de tout scrupule. De Shark, je n’en avais pas que le nom, loin s’en faut. La panoplie complète, avec dents acérées et instinct de tueur au compteur. Je fais même implicitement référence au fait qu’il m’ait mis en prison… du jour où j’ai mis un pied à Alcatraz, je suis certain qu’il s’en voulait déjà d’avoir agi de la sorte, mais qu’il était trop fier pour le reconnaître dans l’immédiat. Je l’avais remarqué plus précisément quand il avait demandé à me voir en cellule. Percé à jour, il avait tout fait pour garder la face, ne pas montrer ses remords ou la prise de conscience de son erreur. Il m’avait impressionné aussi bien pour sa détermination, que pour sa détermination à faire quelque chose qui allait contre son intérêt. Il avait d’abord pensé à sa mère, à la vengeance de petit garçon qu’il nourrissait comme une chimère trop envahissante.
Parlant de Sophie, il était resté pour le moins silencieux. En parlant davantage d’elle, je ne venais pas un instant à parler de sa mère, Alexandra. Je pars du principe qu’il sait que je n’ai jamais rien éprouvé pour elle, hormis de l’amusement à la mettre dans mon lit pour faire miroiter ses espoirs ridicules, et du mépris d’avoir élevé mon propre enfant dans une misère pareille. Je n’ai jamais aimé cette femme et cela ne changera pas, je ne m’en suis jamais caché. Toutefois, je n’oublie pas qu’il a aimé sa mère… et que pour lui, j’avais peut-être un atout en poche pour espérer lui rendre ce lien qui lui a été arraché. « Je ne serai pas resté par obligation. » Mon ton était abrupt, presque sec. C’est là où tout le monde avait faux, où tout le monde maniait mon manque d’intérêt flagrant pour la condition humaine avec une interprétation brouillonne, inexacte. Si elle m’avait dit qu’elle attendait un enfant, tout aurait été différent. Et je n’aurais peut-être même pas accueilli l’arrivée surprise de Benedikt d’une façon aussi méfiante, loin de là. « Il n’empêche qu’élever mes enfants dans mon dos et sans que je le sache, c’est quelque chose qui me reste en travers de la gorge. Et ça, rien ne pourra le changer. » C’est aussi bien valable pour Sophie que pour Alexandra. Bien que j’ai tout de même quelques sentiments pour la mère de Connor, mon orgueil a été piétiné. Elle est partie du principe que je ne me serai pas occupé de cet enfant, que je l’aurais laissée sur le carreau… Je suis certain que sans être le père le plus compétent comme peut l’être Noah à mes yeux, j’aurais été un père présent et attentif. En bientôt trois ans avec Connor, l’enfant n’avait jamais eu à se plaindre de quoique ce soit. Mais c’est du passé, on peut refaire l’Histoire avec des « si » et je ne suis pas un homme qui s’enferme dans le passé. Face à ce cerf, nous restons muets et Benedikt se tapit sur le sol afin d’immortaliser la bête magnifique. Il me rappelle ce manoir en Ecosse, acheté par Bradford, de son vivant. Avec une magnifique sculpture de cerf pour marquer l’entrée du domaine. Feu mon frère avait fait cette acquisition pour avoir un pied-à-terre, un repaire au cas où quelque chose arriverait… en théorie, Sydney devait en hériter, mais j’avais fait main basse dessus avant. Ca ne se fait pas, mais puisqu’elle n’était pas au courant, on ne peut manquer de ce qu’on ignore. J’opine lorsqu’il m’annonce avoir réussi à le prendre mais malheureusement, le cerf en profite pour nous fausser compagnie. Je suis son échappée du regard… heureusement que Noah n’est pas avec nous : en inconditionnel de la nature, il nous aurait fait cavaler dans les bois, espérant trouver la trace de son troupeau. Dieu merci, Benedikt n’est pas fou au point de… « Pardon ? » Comment ça, « tu viens » ? Tu viens où, déjà ? Je le vois commencer à se dévêtir, je fronce les sourcils… puis je comprends en observant la surface de l’eau. « C’est hors de question, n’y penses même pas. Benedikt, tu ne plonges pas dans ce lac, sinon… » Sinon, rien du tout. Sinon, trop tard, en fait. Il plonge dans le lac à l’eau claire mais sans doute gelée. Je reste bouche bée lorsqu’il revient à la surface, allant jusqu’à m’inviter à le rejoindre. « Tu es fou, ou quoi ?! Reviens ici tout de suite ! On n’a rien pour te sécher, tu vas attraper froid ! » Pneumonie, bronchite, je ne sais quoi… un lexique médical me passe par la tête alors qu’il semble parfaitement en osmose avec l’eau malgré sa température. « Elle doit être à -10°C, tu vas tomber malade tout à l’heure, sur la moto en plein courant d’air ! Benedikt, reviens ! » Sur le moment, j’ai l’impression d’être un père de famille bien installé qui ordonne à son gamin turbulent de ne pas monter sur une attraction dangereuse au square. Me baigner, oui, pourquoi pas… mais pas en dessous de 14 ou 15 degrés. Je ne suis pas frileux, mais c’est pour éviter de tomber malade. Je n’irai à l’eau que s’il se noie. Et encore. Bon, si, j’irai le chercher quand même. Je sais, je suis vraiment trop gentil.
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 5 EmptyDim 13 Jan - 7:40

« Non, pas pour tout le monde. » répondis-je avec le plus grand sérieux du monde. Le tricot n’était pas un loisir pratiqué par beaucoup d’hommes, sauf que dans la bande, l’un de nous avait des passe-temps qui dépassait parfois l’imagination. Mais je ne vous en dirais pas plus pour l’instant, c’est vraiment trop humiliant. Heureux de voir que mon père ne me considérait pas comme un voyou de seconde zone, je finis par lui répondre, jouant parfois avec les mots, lui épargnant le plus de détails possibles, mais restant franc sur toute la ligne. « Des courses illégales. Surtout de motos. C’était ça qu’on faisait le weekend, avec la bande. Et puis, on volait de temps en temps. Et pas seulement pour nous nourrir nous, mais … pour tous ceux qui avaient rien. Et on emmerdait les flics. Ca, c’était mon passe-temps préféré. Quand ils nous pistaient soit disant à travers la ville, et qu’ils finissaient la course dans un poteau. » avais-je soupiré, rêveur. C’était le bon vieux temps. « Y’avait des bagarres parfois, mais on avait toujours le dessus. Faudra que je te présente Boris, un jour. » Dire que je m’étais promis de ne pas lui en dire trop. Je ne pouvais plus m’arrêter parler. Comme si cette époque, mon enfance et une partie de mon adolescence était tellement encrée en moi qu’il m’était difficile de ne pas la conter. Surtout à lui, que j’avais tant envie de connaître. De comprendre. « Il mesure dans les deux mètres, et c’est une vraie montagne de muscles. » Je riais, en songeant que tous ceux qui le croisaient, faisaient dans leur pantalon dès qu’il leur adressait la parole. Il faut dire qu’il avait le physique de l’emploi, et pas une gueule d’ange comme certains. « Mais il est pas méchant, au fond. Juste incompris, comme nous tous. » C’est ça, Beni. On y croit tous. « Je… j’voulais pas dire que t’aurai pas été un père. Un BON père. C’était juste … je pense pas qu’elles le savaient, c’est tout. Vu que tu lui as dit que tu voulais pas d’enfant… elle a pas cherché plus loin. J’voulais pas te vexer, désolé. » Je m’en voulais de l’avoir blessé. Tout le monde, et même ceux auxquels il tenait s’étaient toujours imaginés qu’il ne ferait pas un bon père. Ils s’étaient tous trompés. Et je ne disais pas ça pour me rassurer, ou parce que j’avais découvert à quel point il tenait à son fils cadet lors du procès en détruisant cette femme qui avait cherché à lui faire du mal. Je le savais, parce que c’était mon père. Parce qu’on était lié lui et moi, même si on ne s’était pas tellement connus. Parce que je lui ressemblais trop pour ne pas comprendre sa colère.

Moi ? Attraper froid ? Meuh non, voyons. Tu l’ignores peut-être, mais j’avais souvent l’habitude de plonger dans les lacs glacés de Russie. Alors c’est pas en Angleterre que le froid va avoir ma peau ! Je plonge à nouveau, et remonte à la surface, incitant mon père de m’accompagner, nageant toujours plus loin jusqu’à cette fameuse île, faisant mine de ne plus l’entendre, lorsque je mis pied à terre. Finalement, elle était beaucoup plus petite que ce que j’avais cru voir, à la base. Trois tours suffirent pour me décevoir, et je nageais à nouveau en direction de mon père. Pendant ce temps, le temps que dura mon exploration, j’avais réfléchi à une tactique pour le faire venir à l’eau. Je n’allais pas lui faire croire que j’étais en train de me noyer, c’était cruel, et non crédible vu ma façon de me déplacer dans le lac, qui suggérait que j’étais un excellent nageur. « Pa… papa… j’crois que … » Tu es ho-rrible, Ben. Je sais, je sais. Merci. Ce n’était pas un compliment ! La ferme. « …ma hanche me fait mal. Je... crois que t'avais raison, pour le froid. J'ai l'impression que ça fait encore plus mal maintenant. Tu peux... m'passer ma veste, s'te plait ? » Je me déplaçais difficilement, jusqu’à la berge. Traînant les pieds, une main posée sur mes reins, les sourcils froncés et le visage grimaçant, comme si la douleur était réellement insupportable. Là, je me suis assis sur le rivage, à moitié courbé. Attendant que le piège ne se referme sur ma proie imprudente. Allez approche … oui c’est ça … plus près … Dès qu'il sera à côté de moi, je lui saute dessus, je lui arrache sa veste, et je le pousse dans l'eau !
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 5 EmptyDim 13 Jan - 9:10



Voilà pourquoi il appréciait tant la moto. Des courses officielles, c'est d'un ennui pour un jeune garçon comme lui... et il ne faut pas sortir de nulle part pour y participer. Non pas que je cautionne ce qu'il avait pu faire, mais au lieu de le juger, je le comprends. Il n'avait pas été élevé de la même manière, n'avait pas grandi dans le même milieu. Je ne jetterai pas un oeil critique sur un enfant qui s'est débrouillé pour s'offrir une vie acceptable dans des conditions aussi difficiles. Alors, je hoche la tête, je lui offre un léger sourire. Dans un sens, même si c'est pour avoir fait un nombre incalculable de bêtises plus ou moins graves, je suis content qu'il ne se soit pas retrouvé tout seul. Dans des milieux comme celui-ci, le système de la bande permet à chacun de se sentir au coeur d'un groupe d'importance, il avait appris la vie à sa manière, avec ces gens-là. "Il me tarde de le rencontrer, alors." annonçai-je avec un mince sourire au coin de la bouche/ C'est pour des anecdotes de ce goût que je me dis qu'il est grand temps de lui offrir une vie où il n'aura pas à batailler au quotidien. Je ne parle pas d'en faire un nanti, loin de là. Je mène un train de vie élevé, mais uniquement pour faire un pied de nez à la vie qui m'a fait naitre dans un milieu précaire. Pour enfoncer moralement ce père, aujourd'hui sans abri ni emploi, qui m'avait toujours asséné que je ne ferai jamais carrière dans quelque chose aussi "frivole" que la littérature. Benedikt ne voudrait pas vivre au crochet de la fortune d'un autre, quand bien même il s'agirait de son père. Il avait acquis un sens de la débrouillardise que je ne pouvais que respecter. Mais je veillerai toujours à ce qu'il n'ait pas à se soucier des à-côtés qui peuvent vite ralentir une personne sur le chemin de la réussite. Lui offrir les moyens d'accomplir ce à quoi il aspire, voilà mon but avec lui. Je me contente de rester silencieux et hoche la tête pour lui signifier que j'accepte ses excuses, bien que je ne me sois pas senti vexé par ses propos. C'est surtout l'attitude d'Alexandra et, au-delà de ça, celle de Sophie. On croit connaitre une personne, mais en vérité, il s'avère que certaines réactions sont imprévisibles. Et depuis qu'elle m'avait quitté, je ne cessais de penser qu'on m'avait assimilé sans le savoir à ce monstre de géniteur qui m'avait engendré. Qu'on avait pensé que mon égoïsme avéré me pousserait à être un mauvais père. Cette rancoeur, je la porterai à vie. Elle finirait seulement par s'apaiser un peu avec le temps.
Pour l'instant, je restais sur la berge, à fulminer et crier sur Beni pour qu'il revienne et sorte de cette eau glacée. Il est Russe, habitué aux températures polaires, mais de là à le laisser mettre sa santé en danger sans qu'il en prenne conscience, c'était hors de question ! "Benedikt, je te préviens que si tu ne..." Pas le temps d'achever cette menace qui s'annonçait sans doute très sadique, le voilà qui nage avec plus de difficulté vers la rive du lac. Je fronce les sourcils et d'un coup d'un seul, sa voix fait bondir mon coeur dans ma poitrine. Et voilà, il va se faire mal. Téléphone, hôpital, examens en pagaille, menace sur le personnel médical s'ils mettent trop de temps, renvois immédiats en cas de résultats insatisfaisants... tout commençait à se mettre en place dans ma tête. "Attends, attends... assieds-toi, respire profondément, je m'occupe de tout." Ma voix est calme, sérieuse. Même si je m'inquiète toujours pour la santé de mes fils - et plus particulièrement celle de Beni - je ne suis pas le genre de parent qui panique, comme aurait pu le faire Sophie. Souvenons de ce match mémorable dans lequel Connor s'était fait un bleu au genou... et pendant lequel Sophie avait littéralement manqué de faire une attaque en tombant dans les pommes. Au final, c'est pour elle qu'on a dû appeler les secours. Enfin, bref. Je ne prends même pas la peine d'aller chercher sa veste : j'enlève la mienne et la pose sur ses épaules avant de le frictionner avec vigueur sans pour autant lui faire mal. "Fais pareil, ça va te réchauffer. Essayes de rapprocher tes genoux de ton corps pour concentrer la chaleur, je m'occupe de tout. Ca va aller, respires..." Je garde une main sur son épaule pour lui faire comprendre que je le soutenais tandis que je sortais mon téléphone de ma poche pour appeler la maison. "Allô, Maman ? C'est moi. Est-ce que tu peux prendre le pick-up pour venir nous chercher, s'il te plait ? Benedikt a un problème, il faut..." Je sens la main de Beni se resserrer sur mon épaule et je fronce les sourcils, inquiet. C'est quoi, cette lueur dans son regard ? Et ce sourire en coin, qu'est-ce que ça veut dire ?
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 5 EmptyVen 18 Jan - 8:50

« Hum, faudrait déjà qu’on se revoit. » avais-je répondu d’une voix nostalgique. La bande était-elle au moins au courant que j’avais quitté la Russie ? Que je ne comptais pas y revenir ? Chacun devait faire sa vie de son côté, même si on restait très soudé. Je savais en outre que mes meilleurs amis allaient me faire toute une scène, comme Tacha l’avait fait le jour où l’on s’était retrouvé, lorsque nous nous reverrons. J’attendais ce moment avec impatience.

Intérieurement, j’étais mort de rire. J’avais l’impression de voir un petit bonhomme de dessin-animé gesticuler dans tous les sens sur la berge, criant à pleins poumons que je revienne à lui. C’était aussi comique que touchant, au fond. Puisque je ne l’écoutais que d’une oreille, et que je faisais un effort dont vous n’avez pas idée pour ne pas mourir de rire dans l’eau gelée du lac. Finalement, je nage dans sa direction, en me concentrant sur la première partie de mon plan : réussir à l’amadouer. Seconde partie : le pousser dans l’eau. Troisième partie : Fuir à toutes jambes. J’arrive sur la berge, je tousse un peu – il faut bien donner le change pour le côté glacé – tiède pour moi – de l’eau du lac – je m’assied comme il me le conseille en gardant la tête baissée, plus pour qu’il ne me surprenne pas la lueur malicieuse que j’avais dans le regard que pour paraître plus handicapé encore que je n’étais censé l’être, et je me prépare, en riant sous cape. Son attitude protectrice à mon égard eut tout de même le don de me faire hésiter le temps de quelques secondes. Est-ce que ce n’était pas mal de jouer avec ses nerfs comme je le faisais ? De lui faire croire que j’allais mal alors qu’il s’inquiétait sincèrement pour moi ? Non. Non, parce que je me ferai pardonner ensuite. Et que je voulais qu’il vienne nager avec moi, c’était quelque chose qui me tenait à cœur, allez savoir pourquoi. J’exécutai tous les gestes qu’il me demandait de faire, jusqu’à ce qu’il ait le dos tourné. Là, je me lève, incapable de garder mon sérieux plus longtemps. Je pose une main sur son épaule pour l’obliger à se retourner et lui prend son téléphone des mains. Inutile d’alerter la cavalerie, p’pa. « Babou ? C’est Beni. Tu peux dire à Connor que j’aurai une histoire drôle à lui raconter quand je rentrerai ? Hum ? Non non, je vais bien, t’inquiète. J’ai juste voulu jouer un p'tit tour à papa. A tout à l’heure, Babou. » Je raccroche, m’approche de mon père, et sans prévenir, le pousse soudainement dans le lac. Il était plutôt lourd. S’il n’avait pas été surpris, jamais je n’aurai réussi cet exploit. Attendant qu’il remonte à la surface, je m’assieds sur un rocher, en retirant au passage le blouson qu’il avait posé sur mes épaules, afin de ne pas le tremper. Etant donné que j’avais poussé Joe, encore tout habillé dans l’eau, il allait avoir besoin de vêtements chauds en sortant. J’avais d’ores et déjà prévu de lui donner mon jean et ma chemise. Et oui, j’avais tout prévu pour que mon pôpa n’attrape pas une pneumonie. « Alors, elle est bonne, hein ?! » Euh...minute. Pourquoi il m'regarde comme ça ? Je sens que ça va être ma fête...
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 5 EmptySam 19 Jan - 10:51



Ma mère commençait à son tour à s'inquiéter de ce qui avait bien pu se produire et, pour éviter de tergiverser pendant des heures sur mes qualités parfois plus que moyennes en tant que père responsable dans certains domaines, je décidais de ne pas trop en dire afin de ne pas subir ses remontrances. Et puis, au lieu de passer mon temps au téléphone, j'allais devoir absolument trouver un moyen de réchauffer ce grand garçon complètement inconscient qui allait se baigner dans un lac à l'eau complètement glacée. C'était ça, le passe-temps des Russes ?! A quand la pêche dans un petit trou comme les Esquimaux, à ce rythme-là ? Soudain, Benedikt me rejoint et me prend le téléphone des mains, sous mon regard ébahi. "Beni, je t'ai dit de rester…" Je m'interromps en pleine phrase alors qu'il annonce à sa grand-mère qu'il aura une histoire drôle à raconter à Connor en rentrant. Quelle histoire ? Parce que c'est le moment de plaisanter avec la santé, peut-être ?! J'allais lui retirer purement et simplement mon téléphone des mains quand il précisa vouloir me jouer un tour. Il n'aurait pas osé, tout de même ? Pas avec moi ? J'admets être un peu hébété, sur le coup, ne sachant quoi faire ou quoi répondre dans l'immédiat à ce genre d'aplomb typique des adolescents. Il raccroche et, à l'instant, où je pris une profonde inspiration pour débuter un formidable sermon dont j'ai le secret, il me pousse de toutes ses forces. Malgré mon poids et mes appuis, il n'a aucun mal à jouer sur la surprise pour me déstabiliser et c'est sans la moindre résistance que je bascule en arrière et tombe directement dans le lac. Les ondes courent sur la surface alors que je plonge vers le fond. Passée la surprise, je reprends mes esprits et nage pour regagner l'air libre. En sortant la tête, je tousse l'eau qui est rentrée dans ma bouche sans que je ne le veuille puis secoue la tête afin de chasser les gouttes d'eau qui rendent ma vue difficile. Benedikt est là, à me narguer dans son seul boxer sur la berge, un sourire diabolique sur le visage. Je ne réponds rien, je me contente de le fixer sans ciller un instant. Un requin face à sa proie. A bien y regarder, on aurait presque pu voir l'eau se mettre à bouillonner autour de moi... Satan dans son bain. Voilà une image qui colle parfaitement à ce que je renvoie à mon fils aîné. Je nage jusqu'à lui en faisant en sorte d'oublier le froid mordant qui attaque mes muscles, puis je sors de l'eau pour m'approcher de lui d'un pas lent. Sans cesser de le fixer. Le prédateur s'approche de sa chétive petite victime. Si Marc ou n'importe quelle autre personne se serait trouvée à la place de Benedikt, cette personne se serait déjà fait dessus. Je campe devant lui, dégoulinant des pieds à la tête, mes vêtements complètement collés à mon corps. Et aucune femme dans le secteur pour me vénérer, quel dommage. Les traits serrés, je donne l'impression d'être sur le point de lui passer la pire soufflante de toute sa vie… je pose ma main sur son épaule avec fermeté. Silencieux. Puis finalement, une lueur diabolique hante mon regard et je souris en coin. "J'aimerai avoir ton avis, d'abord." Je serre ma prise sur son épaule et je le pousse à l'eau avec davantage de force. Pendant qu'il tombe, je retire mon pull et mon t-shirt puis je plonge à mon tour. Quitte à être trempés, de toutes manières. Lorsqu'il remonte à la surface, je l'éclabousse et secoue la tête. "Tu devrais avoir honte de m'avoir fait paniquer comme ça ! Et maintenant, nous sommes complètement mouillés !" Puis disons qu'avec une eau aussi glacée, mon entrejambe se fait ridiculement petite et me fait sentir tout particulièrement la fraîcheur. Appelons ça le bain de Noël ou du premier de l'an. Mais après avoir procédé à l'engueulade d'usage, je finis tout compte fait par me prendre au jeu. Sale gamin ! Au fond, plus les secondes passent, plus je me dis que c'est un moment privilégié entre nous. Juste nous deux. "Tu sais que ta grand-mère va nous gronder en rentrant ?" En disant cela, nageant sur le dos pour rester en mouvement et ne pas attraper froid, je me met à sourire. J'ai l'impression d'avoir vingt ans de moins… l'exaltation des bêtises d'adolescent, l'insouciance. Je partage quelque chose qui rythme le quotidien de mon fils aîné.
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 5 EmptyDim 20 Jan - 19:27

J’avoue que je n’en menais pas large. Au départ, c’était drôle. Au début, je riais. Mais quand vous avez l’impression d’être un steak face à un grand requin blanc, vous avez tôt fait de perdre votre sourire colgate et de vouloir vous transformer en petite souris pour le restant de vos jours. Joe s’approchait, lentement, sournoisement. J’aurai pu être devant un véritable requin que je n’aurai fait aucune différence. Je n’avais même pas bougé. Je ne tremblais pas non plus, mais j’étais bloqué. Mes pieds refusaient d’obéir à ma cervelle qui me criait de foutre le camp avant de servir de dîner aux poissons. Du calme, Beni. Si ça se trouve, il te fait marcher. Il a trouvé ça très drôle et il veut juste te remercier. Alors pourquoi est-ce que j’ai l’impression que ma dernière heure est arrivée, alors ? « P’pa ? Tu m’en veux pas, hein ? C’était juste pour rire, tu le sais, hein ? T’es pas fâché au moins ? » J’aurai essayé toutes les tactiques du monde que ça n’aurait pas marché avec un homme comme lui. Bordel, mais qu’est-ce qui m’est passé par la tête pour le pousser dans l’eau ? Fallait être suicidaire. Ouais, c’est ça. J’avais contracté la Marcolepsie. Marc étant son assistant et pissant presque dans son pantalon à chaque fois que son boss sortait du bureau, c’était l’option la plus probable, vu que lui et moi, on passait beaucoup de temps ensemble, ces temps-ci. « Mon… mon avis ? Ok. » Sur quoi, au fait ? Il ne m’avait encore rien demandé. Hum, ça sentait le piège à plein nez. Dommage que je ne sois pas plus lourd que ça. Il n’avait eu aucun mal à me pousser à l’eau comme je l’avais fait avec lui. Faut vraiment que je fasse plus de sport, moi ! « Chui désolé. » Finalement, il n’était pas fâché. Ouf, le ciel soit loué. Je n’aurais pas aimé rentrer à pied. « …mais j’savais pas comment t’obliger à rentrer dans l’eau autrement. T’es tellement borné, faut dire ! » Inutile de vous demander d’où je tenais cet insignifiant défaut. « Les vêtements, ça sèche à un moment donné, tu sais. » Bon, ça prenait plus de temps quand il faisait -20°, mais ça finissait quand même pas sécher un jour, non ?! Bah alors, de quoi on s’plaint ?! « J’t’ai fait justement retiré ton blouson pour pas que t’attrapes froid en sortant, et tu peux prendre ma chemise et mon pantalon, s’tu veux. Pas mes shoes par contre, j’en ai besoin pour conduire. » Oui, je prends soin de toi, papa, parce que ta santé m’importe autant que toi pour moi. « Ah bon ? Pourquoi ? C’est de ta faute aussi, pourquoi tu t’effraies toujours d’un petit rien, franchement ! » grognai-je gentiment en m’allongeant à mon tour sur le dos pour l’imiter, finissant par lui balancer de grosses rafales d’eau en riant comme un gosse de quatre ans. Je n’avais pas pressenti le danger d’une telle conduite, à vrai dire. Et j’avais réellement du mal à comprendre pour quelle raison Babou allait nous en vouloir.

Une heure plus tard, et nous sommes ressortis du lac, trempés comme des canards. Mon père frissonnait, si bien que je culpabilisais un peu de l’avoir obligé à entrer dans cette eau glacée alors qu’au départ, il n’en avait pas exprimé le souhait. Mais après tout, nous nous étions amusés ? Et cette journée resterait à jamais graver dans ma mémoire. Mon premier Noël, en famille. La première fois que je partageais un moment intime avec mon père. J’avais hâte de rentrer, pour tout raconter à mon frère. Et de goûter au repas que Babou avait préparé, et d’apprendre à Connor de rouler en patins, sans se prendre un panneau stop au passage. Vive les vacances, adieu la pénitence !

THE END
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 5 EmptyDim 20 Jan - 19:50

:out:
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