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This is an all British Christmas, darling.

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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 3 EmptyMar 11 Déc - 16:56



A nouveau, Martha fit preuve d'une grande écoute vis-à-vis de son petit-fils. Son sourire ne lui avait pas échappé en ce qui concerne l'attitude que Joe avait eu envers son père. Ce jour-là, l'Anglais avait grandi de façon spectaculaire. A compter de ce jour, il était devenu cet homme froid et distant qui ne jure que par la protection des siens et qui ne laisse personne se dresser en travers de sa route. Extrémiste et protecteur à la fois, un curieux mélange typiquement familial. Tout ce dont avait besoin le Russe, c'était de liberté. Sans rien connaitre de son histoire, elle voyait dans son attitude certaines marques prouvant qu'il avait besoin qu'on le laisse tranquille. Au milieu des adultes, il s'isolait, parlait peu, s'effaçait presque. Il n'y avait qu'avec son frère qu'il paraissait capable d'être un peu plus détendu, comme si la présence des autres l'effrayait un tant soit peu. Sa condition devait avoir provoqué ce besoin de retrait que Joe n'arrivait pas à lui accorder. Et ce, pour une raison très simple qu'elle allait bientôt lui expliquer. Soucieuse du bien-être de l'étudiant et de sa bonne intégration à une famille qui lui était encore étrangère, elle hocha la tête en le regardant, comme si elle lui promettait par avance que tout irait pour le mieux dans l'avenir. Ce qui, vu l'influence qu'elle avait sur son fils, n'était forcément pas absurde. Vivre sa vie comme tout le monde. Cette remarque la toucha. "Dans sa façon d'être, j'imagine que ton père te rappelle sans le vouloir forcément que tu es malade... chose que tu essaies de ton côté d'oublier." Ce n'était pas une question, juste un constat. L'un voulait vivre normalement et l'autre, à force de le surprotéger pour lui épargner le moindre désagrément, ne cessait de lui prouver qu'il était bel et bien malade. Deux attitudes contradictoires qu'il faudrait corriger, pour une assurer une entente efficace.
Martha, qui faisait pourtant l'effort d'être mesurée en toute circonstance, ne put s'empêcher de sourire de façon plus qu'affectueuse en entendant les mots de l'étudiant. "Ca me touche, ce que tu dis là. Que peux-tu faire pour améliorer les choses ? Même si ce n'est pas toi le fautif, ou pas complètement, tu veux faire en sorte que les choses s'arrangent... tu vois, même à une vingtaine d'années, tu pourrais apprendre deux ou trois petites choses à ton père." glissa-t-elle avec une pointe d'humour anglais, avant de poser ses lèvres sur le rebord de sa tasse de thé. En revanche, le fait qu'il ait peur d'être déteste la frappa. Non. C'est une chose qui ne se produira pour ainsi dire jamais. Qu'elle intervienne ou non, elle avait compris dans le regard de Joe que jamais celui ne pourra un jour haïr complètement son fils. Pas même lorsqu'il avait séjourné en prison. Pour qu'il y ait de la haine pure, il en fallait davantage. Elle se tourna vers Benedikt puis le regarda droit dans les yeux avec franchise. "Il faut que tu comprennes ceci. Ton père ne te déteste pas et ne te détesteras jamais. Plus je l'observe en ta compagnie, et plus je suis sûre d'une chose : il t'aime profondément et il essaie désespérément de trouver un moyen pour créer une vraie relation entre vous." Désespérément. C'est le mot. Malgré les apparences, Martha connaissait assez son fils pour savoir qu'il ne prendrait pas la mouche aussi facilement avec son fils aîné s'il ne lui accordait pas autant d'importance. Parce qu'il voulait trouver une façon d'exprimer ses sentiments, Joe patinait, se trompait et prenait très mal la moindre petite critique de la part du Gamma. Parce qu'à chaque tentative, il était hanté par la peur de ne pas savoir s'y prendre. "Tu crois vraiment que c'est parce que tu es malade que Joe se montre aussi étouffant avec toi ?" demanda-t-elle en souriant. La Lady secoua négativement la tête avec un air mystérieux. "Sa culpabilité ne réside pas dans le fait que tu aies été pauvre ou que tu sois souffrant, loin de là... il se sent coupable d'avoir passé vingt-et-un ans de sa vie à ne pas avoir pu s'occuper décemment de son propre enfant. Tu n'y es absolument pour rien." Elle posa son regard azur sur les flammes et poursuivit lentement. "Il faut savoir une chose, chez Joe : plus il cherche à prendre le contrôle de la vie de quelqu'un, plus il l'aime. Il a longtemps voulu diriger la vie de Noah, il le fait encore aujourd'hui. Idem pour Connor, qui est bien plus malléable. Et toi... je n'ai jamais vu Joe aussi étouffant avec une autre personne que toi." Eh oui, Beni. Malgré les apparences, il se pourrait bien que tu sois la personne que Joe aime le plus en ce bas-monde. Plutôt surprenant, n'est-ce pas ? Elle tourna la tête vers Benedikt puis soupira légèrement. "Joe a perdu son frère très tôt, il a vécu dans une famille où il n'a pas pu empêcher la violence avant sa majorité, il a dû confronter la tentative de suicide de son meilleur ami, la femme de sa vie l'a quitté alors qu'il en était fou amoureux, il s'est retrouvé père à deux reprises sans le savoir... Tu commences à comprendre ?" demanda-t-elle avec un léger sourire. Sans ce contrôle et cette maitrise en permanence, Joe est un homme complètement dépassé. "Il a de l'argent, une belle carrière, des femmes tant qu'il veut... mais au fond, sans ces personnes sur lesquelles il exerce son contrôle, il a une peur panique de se retrouver tout seul." Martha termina son thé puis croisa ses mains pour poursuivre la conversation avec intérêt. "Je te dis tout ça parce que je vous vois vous apprécier sans le dire, vous vous cachez derrière des paroles acerbes pour dissimuler la peur d'être déçu ou trahi. Et je te parle uniquement à toi car je pense que tu es le mieux placé pour arranger les choses et faire le premier pas, comme on dit. Tu dois aller vers lui, essayer de passer du temps ensemble. Vous avez une vingtaine d'années à rattraper et tu as un père qui ne demande que ça. Plus tu essaieras d'accepter une partie de son caractère contraignant, plus il te laissera de liberté."
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 3 EmptyMar 11 Déc - 18:27

Effrayer, c’était le mot. Martha l’avait bien cerné. Parce qu’il avait toujours vécu dans un monde d’adultes. Des adultes qui n’avaient que faire de son enfance, la piétinaient littéralement. Même sa mère, qui avait pourtant fait de son mieux, n’aurait pas reconnu son fils si elle le voyait aujourd’hui. Il n’avait plus rien de l’enfant joyeux qu’il avait été, jusqu’à ses dix ans. Aujourd’hui, il les craignait, les respectait parfois, les méprisait presque toujours. Benedikt n’avait plus confiance, parce que ces mêmes adultes ne lui avaient jamais offert la seule chose qu’il avait toujours ardemment désirée : la liberté. Il avait été prisonnier de la prostitution et des coups de sa mère. Des prisons de Bogotol. De la famine. De la rue. Et voilà qu’aujourd’hui, la maladie prenait le dessus. Alors qu’il avait envisagé son avenir sous un ciel plus serein auprès de son père, elle l’avait rattrapé, et l’empêchait à nouveau de vivre comme il l’entendait. Joe ne pouvait pas comprendre. Ou il refusait de le faire. Dans les deux cas, la conséquence restait la même : il ne pourrait pas vivre enfermé dans une prison dorée. Hochant la tête en signe d’assentiment, Benedikt était heureux d’avoir enfin trouvé quelqu’un à qui se confier. Quelqu’un qui le respectait en tant qu’enfant, qu’il était resté au fond de lui-même, mais surtout en tant que personne capable de faire ses propres choix. Elle ne le jugeait pas, ni n’essayait d’encourager l’instinct protecteur de son père à son égard. Elle faisait preuve de ce que peu d’adultes réussissent à maîtriser, passés un certain âge : le sens de l’écoute, et du conseil. « Si seulement … mais j'crois pas qu’il m’écouterait. » répondit-il à son tour en toute ironie. Joe n’aimait pas qu’on le contredise. Même quand il avait tort, il avait raison. Ou tout du moins, il ne fallait pas le lui faire remarquer. Encore moins lorsque l’on était son cadet. Pire s’il s’agissait de son fils, forcément. « Je … n’en sais rien. » Il n’était pas certain de comprendre. Pas certain qu’elle ait totalement raison sur ce point. Biensûr que Joe l’aimait, mais cet amour-là, était-il le même que celui dévolu à Connor ? Ou n’était-ce qu’une conséquence de sa maladie ? « Oui. » Mais non. Non, pas pour Martha. Elle le connaissait mieux que lui, elle l’avait élevé, l’avait fait. Ce pourquoi il redoubla d’attention en l’écoutant lui expliquer le pourquoi du comment. Le fonctionnement de Joe Shark. A chaque mot qu’elle prononçait, Benedikt se sentait encore plus coupable, plus démuni encore qu’il ne l’était déjà. Il n’avait rien à se reprocher, certes. Mais de savoir que son père culpabilisait autant lui faisait penser qu’il n’avait pas les armes pour combattre sa peine. Que quoiqu’il dise ou fasse, il ne pourrait jamais changer ce que Joe pensait de lui, de ce qu’il avait ressenti en le découvrant dans cet hôpital russe, affamé et complètement terrorisé à l’idée d’être battu à nouveau. Il n’avait pas envie que son père garde en mémoire ce qu’il avait été par le passé. Il n’était plus le même désormais. Et Joe avait le droit d’être heureux, de savoir que c’était LUI qui contribuait à son bonheur. « Vous… vous croyez qu’il m’aime ? » Les mots s’étaient échappés, sans qu’il ne puisse les retenir. Une voix faiblarde, craintive. Une voix d’enfant, pleine d’espoir. Plus tard, il regretta cette intervention, jugeant qu’il aurait mieux fait de se taire plutôt que de lui laisser croire qu’il était ‘sensible’. Un ado de 21 ans n'est pas censé dire ce genre de choses. Sans compter que Joe n’aimait pas la sensibilité. Il ne devait jamais savoir qu’il en faisait preuve, parfois, en de rares occasions. « Oui, je comprends. » Seul. Ce mot résonnait dans son esprit, comme la cloche de l’Enfer lui-même. Jamais il ne laisserait son père seul, comme elle le disait si bien. Benedikt avait beau le traiter de tous les noms, se disputer avec lui sur des sujets parfois insignifiants, il n’en était moins fier de ce que le business man avait accompli, de ce qu’il était devenu aujourd’hui. Comme pour sa mère, Benedikt ne supportait pas qu’on dise du mal de lui. Combien de fois avait-il pris sa défense dans les couloirs de l’université lorsqu’on le traitait de ‘monstre’, de ‘cœur de glace’ et j’en passe … Joe ne l’avait su, il ne devait jamais l’apprendre, mais Beni serait toujours là pour le protéger. Ironique lorsque l’on sait le peu de pouvoirs qu’il avait en ce bas monde. « D’accord. D’accord, je vais essayer … » La liberté, c’est tout ce qu’il réclamait. Et de pouvoir s’approcher de ce père si énigmatique. Juste d’entrer dans sa bulle de contradictions, laisser son empreinte, et repartir. « Merci … babouchka. » acheva Benedikt, le rouge lui montant aux joues, conscient d’avoir passé une étape, et espérant de tout cœur qu’elle ne lui en voudrait pas pour ce nouveau surnom affectif, maintenant qu'il lui faisait confiance, et savait qu'elle ne lui ferait aucun mal. 'Mummy' lui avait paru trop … puéril, trop britannique.
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 3 EmptyMar 11 Déc - 20:46



Effectivement, Joe ne l'écouterait pas. Pas officiellement, en tout cas. Bien qu'elle soit sa mère, Martha savait également reconnaitre les défauts de son fils... l'obstination en faisait partie, le rendant parfois imbu de sa personne. Cependant, elle trouvait en Benedikt un interlocuteur agréable, attentif. Un garçon qu'elle prenait plaisir à écouter et à essayer d'aider. Contrairement à Joe, elle ne cherchait pas à s'imposer ou à l'obliger à quoique ce soit. L'expérience d'une mère, dirons nous. Elle scruta son visage avec tout de même une part de retenue, curieuse d'en apprendre toujours un peu plus sur ce jeune homme qui lui rappelait un Joe légèrement plus ouvert d'esprit. Pas forcément plus simple à amadouer, mais déjà plus courageux, en un sens. L'éditeur était si rongé par la peur de l'échec avec son fils aîné qu'il n'arrivait jamais à concentrer ses efforts là où il le faudrait. Au fond, s'occuper de la santé de ses fils, c'était ce qu'il savait faire des mieux. Les choses matérielles. Car dès qu'il s'agit de sentiments, le grand requin blanc perd tous ses repères et devient aussi efficace que s'il se retrouvait à nager en plein désert. Voilà sans doute pourquoi il choisissait toujours des amis qui ne lui ressemblaient pas. Noah, Sophie, même Logan... des gens avec des valeurs et une forte humanité qui s'exprime avec bien plus de vigueur que sa petite part de sentimentalité. Oui, il aimait très profondément Benedikt, c'était une évidence. Mais il semblait incapable de parvenir à mettre cet amour paternel en pratique sans éprouver une gêne particulière. Martha se contenta de hocher la tête pour le signifier à son petit-fils puis sourit en l'écoutant affirmer qu'il tenterait de faire un effort en suivant ses conseils. La matriarche avait conscience d'en avoir beaucoup dit sur un personnage qui demeurerait toujours une grande énigme du genre... mais pas à un seul instant elle n'avait demandé au Gamma de ne rien répéter en retour. Elle lui faisait confiance silencieusement et n'éprouvait pas le besoin de le lui signifier à voix haute. Comme il l'avait prouvé, Benedikt n'avait rien d'un idiot, au contraire. Sa perspicacité le pousserait à faire des efforts sans jamais dire d'où cet élan lui venait. Et Martha ne chercherait pas à les obliger à quoique ce soit. Elle se leva de son fauteuil puis s'épousseta lentement avant de ramener sur elle les pans de son gilet de laine. "Essayer est déjà un pas en avant dont tu peux te réjouir." La matriarche se rendit près de son fauteuil en déposant une main affectueuse sur ses cheveux. Notez que malgré son élégance et sa classe, elle n'avait fait aucune remarque sur l'épaisse tignasse bouclée du jeune homme ou bien de son style vestimentaire... chose que ne manquait jamais de faire Joe. "Et n'hésites pas à venir me voir pour discuter quand tu en as besoin." Babouchka. Un surnom venu de sa Russie natale. Elle lui servit un sourire ravi, c'était plutôt à elle de le remercier d'essayer. Avant de monter les escaliers pour rejoindre sa chambre, la vielle dame se retourna puis l'observa une dernière fois. "Je suis très heureuse de faire ta connaissance, mon garçon." C'était tout simple, sans fioritures inutiles, mais bien plus percutant, à son sens. Elle monta les escaliers puis referma la porte derrière elle pour aller dormir, laissant Benedikt seul devant la cheminée pendant un instant avant qu'il aille se coucher lui aussi. Avec peut-être des idées plein la tête, quelques interrogations, sait-on jamais. Tout ce qui était à espérer, c'est que le réveillon et la journée de Noël seront propices à un réel rapprochement entre le père et le fils. Parlant de fils, rappelons au passage que Connor avait quitté sa chambre ni vu ni connu pour rejoindre celle de son aîné et se glisser dans son lit. Pourquoi ? Parce qu'il dormait toujours mal la première nuit quand il n'était pas dans son lit et, en Bisounours patenté, l'enfant n'avait pas de grosse peluche contre laquelle se blottir. Tant pis, le frangin ferait très bien l'affaire. D'où qu'il ressemble à sa mère, ce gosse, d'où...?
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 3 EmptyMer 12 Déc - 17:21

Essayer n’était que la seule option qu’il avait, de toutes façons. Parce qu’il ne se voyait pas, et qu’il n’était pas dans sa nature d’être comme Connor. Trop expansif dans ses sentiments. Il essaierait, mais il ne fallait pas que Joe comprenne la raison de son comportement. Sinon, ce serait lui qui serait dans l’impasse et se refermerait comme une huître. Cette ‘mission’ promettait d’être à la fois passionnante et dangereuse. Enfin bon, il avait fait une promesse à Babouchka. Il saurait la tenir. Aujourd’hui ou dans deux ans, il finirait par connaître qui se cache derrière le visage de Joe Shark. « Oui … merci. » Cette manie qu’elle avait eu, et que Sophie et Noah avaient eux aussi, de passer leurs mains dans ses boucles. Au départ, il avait détesté le fait d’être considéré comme un gamin de 8 ans. Aujourd’hui, il avait baissé les yeux, rouge et heureux pour la première fois d’être entendu, écouté, estimé. Même si ce n’était que les paroles d’un enfant perdu. « Moi aussi… vraiment …. » sourit à son tour Beni en la regardant monter les dernières marches des escaliers. Et elle ignorait encore à quel point il était sincère. Elle était désormais son pilier, son roc. La seule à même de l’aider à se rapprocher de ce fils si imprévisible. La seule à connaître son secret. Plusieurs minutes passèrent, durant lesquelles l’étudiant resta là, sur le tapis du salon, à contempler le feu de la cheminée grisailler, ressassant dans son esprit tout ce qui avait été dit, fomentant des plans dans sa tête pour le lendemain, et le surlendemain. Comment allait-il se rapprocher de Joe sans passer pour un autre ? Sans qu’il ne se doute de rien ? La tâche n’était pas facile. Heureusement, la nuit porte conseil. A son tour, il retourna à sa chambre, là où se trouvait déjà une petite chose blonde qui n’avait même pas bougé lorsqu’il s’engouffra sous les draps, le sourire aux lèvres. « Bonne nuit, p’tit monstre. » Un baiser sur son front, et il replaçait les couvertures sur son petit frère afin qu’il n’attrape pas froid, avant de s’endormir à son tour, ne rêvant que de requin, et d’une mer déchaînée jusqu’au matin levé. Une semaine passa, sans qu’il ne fasse beaucoup de progrès dans son affaire. La fois où il avait cherché à s’asseoir à côté de Joe, s’était soldée par un cuisant échec et une humiliation qui faisait encore rire son jeune frère aujourd’hui. Il était carrément tombé de sa chaise, et avait passé la matinée à bouder, tout seul dans son coin. Le soir, nouvelle tentative. Cette fois, en courant chercher le manteau de son père, alors qu’il devait sortir couper du bois. Une fois au rez-de-chaussée, ce dernier ne l’avait pas attendu, et était sorti avec un vieux pull trouvé sur le porte-manteau de l’entrée. Au bout du compte, il avait fini par abandonner l’idée d’y parvenir par des moyens ‘légaux’ ou ‘naturels’. Et non, je ne parle pas de magie ici. Quand viendrait le temps, il saurait quoi faire. Inutile de tout précipiter, il n’était pas doué à ce jeu-là.

****

« Beni, beni, debout !! Lève-toi ! Allez, debout ! Dépêcheee ! » Un cri strident retentissait depuis trente minutes dans ses oreilles. Malheureusement, ce n’était pas le réveil. Celui-là, il aurait pu l’écraser d’un bon vieux coup de poing en pleine face. Non, là, c’était un objet animé qui gesticulait dans tous les sens, qui sautait sur le lit et faisait crisser les ressorts du matelas, qui avait rejeté ses draps pour l’obliger à abandonner l’idée de retrouver le sommeil, j’ai nommé : Connor. « Humppphhh, quelle heure il esttt ? » grogna le Russe, les yeux encore fermés. « Six heures ! six heures !! » Euh, Connor, t’es pas obligé de tout répéter en double, en single, j’entends tout aussi bien ! « Sukatraduction : merde !- Connor, il est QUE six heures, et il fait encore nuit dehors ! Rendors-toi et laisse-moi dormir ! » Autant s’adresser à un mur. Sans se départir de sa bonne humeur légendaire, l’enfant avait en effet commencé à souffler dans ses oreilles, plusieurs fois de suite, échappant à chaque fois à ses tentatives pour l’attraper et l’obliger à se recoucher. « AHHH, c’est bon, t’as gagné p’tit monstre, j’me lève ! Pffff … » « Ouuuiiii, allez dépêche-toi un peu ! Pourquoi tu es lent comme ça ? Allez viens ! » Comment on l’arrête ce môme ? Faut débrancher quelque chose ou … dîtes-moi, j’signe tout de suite ! « Mais * baillement * pourquoi t’es aussi pressé ? » Trois…deux…un…. « MAIS PARCE QUE C’EST NOEL !!! » Hein, quoi ? C’était aujourd’hui ? Non, c’est vrai ? Tout à coup, il n’avait plus aussi sommeil lui non plus. « Viiiitteeuhh, viens voir, y’a plein de cadeaux sous le sapin !! » Le sapin … les cadeaux… il avait presque oublié ce ‘léger’ détail. C’était aussi ça, le fameux jour de Noël. « Oui oui, j’arrive. Cours pas dans les escaliers, tu vas te faire maaaaa… iieee ! Connorr !! » « Oups, disolé. » Oui, ben tu peux. Le traîner de force dans les escaliers pour qu’il manque la dernière marche, fallait le vouloir quand même. « Tu t’es pas fait trop mal, dis ? » « Non, ça va, t’inquiète. Oh ben ça ! » Le sapin illuminait de milles feux. Le feu dans l’âtre donnait l’impression d’un décor de conte de fée, avec le petit canapé qui faisait face, les photos, les cadeaux qui reposaient sous le sapin, la bonne odeur qui émanait de la cuisine. Martha était sans doute déjà levée. Mais il faisait encore nuit ! « C’est beau, hein ? » Non. Non, ce n’était pas beau. « C’est magnifique. » murmura Benedikt en serrant son frère fort contre lui, sincèrement ému par un si beau spectacle, dont l’attention se porta bientôt sur … « CONNOR, il neige ! les flocons, regarde !! » Oui, il neigeait. Des flocons entiers, par milliers tombaient du ciel. En Russie, il n’y avait que de la neige, et de la grêle. Rien d’aussi majestueux. « Tiens, enfile ça. Non, attends, bouge pas… » « Mais je veux voir moi aussi !!! » Il aurait mieux fait de se taire. Connor ne tenait déjà plus en place. « Attends j’te dis. Tu vas pas sortir en pyjama quand même ! » Lui, c’était une autre histoire. Il était habitué au froid. Mais pas question que son petit frère sorte sans avoir enfilé écharpe, bonnet, botte, et doudoune. « C’est bon là, je suis prêt, allez viens ! » Deux minutes plus tard, et les deux frères étaient dehors, sous la neige. Admirant le ciel étoilé. Avalant les flocons qui échouaient dans leur bouche en rigolant comme des enfants. Tournoyant en dessinant des formes dans le sol immaculé. « Je veux faire un bonhomme de neige ! » « Excellente idée ! Tu sais comment on fait ? » lui demanda Beni en commençant à entasser la masse poudreuse devant lui, bientôt imité par Connor. Il ne leur fallut pas plus de vingt minutes pour confectionner le plus beau bonhomme de neige – à leurs yeux en tous cas – au monde. Ne manquait plus que la carotte pour le nez, une écharpe pour le cou, un bonnet pour la tête, et il serait parfait. « Je vais chercher ce qui manque ! » s’exclama aussitôt Connor en courant à l’intérieur de la maison.

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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 3 EmptyJeu 13 Déc - 7:16



Des bruits sourds parvenaient à mes oreilles alors que j'étais tranquillement en train de rêver de Sophie. Sophie ? Oui, vous avez bien lu. Cette ex que j'essaye de tenir à distance de mes sentiments s'invite maintenant dans mon sommeil. Et en petite tenue, s'il vous plait. Elle avait enfilé ce fameux ensemble qu'elle s'était offert lorsque nous étions ensemble, pour mon anniversaire. Le meilleur anniversaire de toute ma vie, difficile de ne pas l'imaginer autrement. Alors que nous travaillons ensemble à l'étude pratique de la procréation naturelle - terme technique pour parler d'ébats amoureux - Connor s'invita dans notre chambre avec une sorte de mégaphone à la main, un paquet cadeau dans l'autre, en nous hurlant que le sapin avait pris feu et qu'il fallait vite aller chercher les cadeaux en dessous. Futé, le gamin. Puis c'est à ce moment que Benedikt arriva en déboulant les escaliers dans notre chambre - oui, dans mon rêve, on a le droit d'avoir un escalier qui part du plafond pour arriver dans la chambre - sous les rires de son cadet.
Je me décidai à ouvrir une paupière en grognant, le rêve fut arrêté brutalement. Dommage, Sophie et moi étions bien partis, pourtant... Un air mécontent prit empire sur mes traits. Non, Shark, pas elle. Pas de ça chez nous. Je m'étirai légèrement sous la couette avant de pousser un soupir. Un Noël de plus, mais cette fois avec un membre de la famille en plus. Je me lève puis m'étire à nouveau comme un félin après une sieste, grondant à nouveau. J'enfile mes chaussons, passe un peignoir puis me gratte la tête en baillant. De la buée se dépose sur la fenêtre face à laquelle je me trouve. Des flocons tombent au ralenti dans la nuit noire, c'est un spectacle relativement apaisant. Ce sensible de la nature qu'est Noah aurait adoré. Lui qui est capable de rester sous la pluie avec un sourire béat... jusqu'à ce que je l'attrape par le col pour le forcer à aller à l'intérieur afin d'éviter qu'il n'attrape un rhume. Quoi ? Il est petit, Noah, il a besoin qu'on l'encadre un peu. Et arrêtez de sourire, je suis très sérieux. C'est un enfant de 34 ans, c'est tout. Parlant d'enfant, je baisse la tête en fronçant les sourcils, il y a de l'activité dehors. DEHORS ?! J'étais prêt à bondir pour aller leur dire de rentrer pour qu'ils n'attrapent pas froid, mais j'aperçus Connor blindé comme un cosmonaute. Quant à Beni, ma foi, il était habillé de façon plus légère... et même si ça me démangeait de lui prendre un manteau à coller de force sur ses épaules, je me retenais. D'après ma mère, il fallait que je le couve un peu moins. Déjà, je ne le couve pas, je le surveille, nuance ! J'observais mes deux fils jouer dans la neige et s'atteler à la préparation d'un bonhomme de neige. Comme pour le sapin, un sourire rêveur se dessina sur mes lèvres. Je ne me lasse pas de les voir s'amuser ensemble, de les voir partager des moments comme ceux-ci. Chacun à leur manière, je me doute qu'ils se sont toujours sentis seuls et qu'ils se sont mutuellement apportés du réconfort depuis le jour où ils se sont découvert leur lien de sang. Les mains dans les poches de mon peignoir sombre, je pratique la politique du voyeurisme parental en assistant à la confection du bonhomme de neige, bientôt affublé d'une carotte - pour le nez, évidemment - d'un bonnet et d'une écharpe écossaise. Je quitte enfin ma chambre pour descendre au salon et à la cuisine. Les cadeaux s'empilent sous le sapin parfaitement illuminé par les guirlandes et le feu de cheminée. Je rejoins ma mère qui, en cuisine, prépare un chocolat chaud fait maison pour tout le monde - allégé en sucre, évidemment, mais non moins délicieux. "Bonjour, Maman." Je l'embrasse sur le front, ce moment dure très peu de temps car un diablotin en doudoune fit irruption dans la cuisine pour m'attraper par la manche. "P'pa, p'pa, p'pa !! Viens voir, viiite !" Est-ce que j'ai le choix ? J'ai beau ancrer mes pieds dans le sol, Connor fait preuve d'une force herculéenne. Je me fais donc traîner jusqu'à l'extérieur pour découvrir le bonhomme de neige. J'hausse les sourcils et m'arme d'un léger sourire. "Il est... il est vraiment beau, ce bonhomme, les garçons." Je regarde Benedikt et lui adresse un clin d'oeil bref. Cette fois, je ne nierai pas comme pour le sapin. "Connor, tu as quelque chose à ta chaussure." L'enfant se baisse immédiatement et, du bout du pied, je le pousse doucement aux fesses pour qu'il tombe puis roule dans la neige, sans se faire mal vu les couches de vêtements qu'il porte. "Eeeeh !! - Quoi ?" Je m'arme d'une tête d'escroc innocent. En se relevant, Connor attrape de la neige, forme une boule et me l'envoie dessus. "Beni, aides-moi !" Qu'à cela ne tienne, je m'arme également de munitions en poudreuse et bientôt, c'est un vrai capharnaüm de neige qui s'installe. La bataille fait rage, tout le monde en prend pour son grade et les rires ne tardent pas à envahir la cour dont les bruits sont étouffés par la masse de poudreuse. Depuis l'intérieur, Martha serre une tasse de chocolat en observant son fils et ses petits-fils dans cette bagarre de boules de neige, un sourire sur les lèvres.
Au bout de cinq bonnes minutes d'une guerre sans merci, je m'aperçois que tout le monde a les vêtements recouverts de trace de neige compacte ou fondue. "Stooop, pause !" Immobilisation totale. Ca, c'est de l'obéissance. Nous sommes essoufflés d'avoir autant ri et de s'être dépensés autant si tôt le matin. "Allez, tout le monde à l'intérieur pour se réchauffer et ouvrir les cadeaux !" Il n'en faut pas plus pour que Connor se précipite à l'intérieur en entraînant son frère avec lui. Je ferme la marche en m'époussetant un peu, refermant la porte derrière moi. Et je suis déjà impatient d'assister à la remise des cadeaux et à la découverte de ces mêmes présents.
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 3 EmptyJeu 13 Déc - 17:36


Il en met du temps, le petit, à revenir de la cuisine ! Ah si le voilà, c’est pas trop … tôt. Joe ?! Un peu gêné par tout l’attirail qu’ils avaient rapporté dehors – notamment la carotte, l’écharpe et le bonnet – en songeant que peut-être son père allait lui demander de ramener tout à l’intérieur de la maison – vous avez déjà vu une carotte sous la neige, vous ? – Benedikt patienta, en trouvant tout à coup, extraordinairement intéressant les empreintes de pas qu’avait laissées son frère dans la neige. Vint le compliment de Joe, auquel il ne s’attendait absolument pas, et qui eut pour effet qu’un immense sourire de fierté et de reconnaissance, flotta sur ses lèvres pendant deux bonnes minutes, tandis qu’il ne se lassait plus d’admirer leur chef d’œuvre. C’est vrai qu’il était beau, notre bonhomme de neige, n’empêche. « Quoi ?! » Il ne l’avait pas vu venir. Cette boule de neige sur son père, ni sur Connor. Et celle qui passa tout près de son oreille non plus. Il était là, immobile, plus que surpris par ce dénouement inattendu. Joe qui joue dans la neige, il fallait le voir pour le croire. « Heyyy !! » Cette fois, il ne l’avait pas loupé. Une boule de neige grosse comme un ballon de volley – j’exagère à peine – qui l’avait heurté de plein fouet. Pas le temps de réfléchir à cette nouvelle donne qu’il s’était déjà jeté sur son assaillant, le bombardant à son tour de neige, riant aux éclats en se cachant derrière les maigres arbres du jardin, fuyant à chaque fois que son père s’approchait trop près de sa cachette, et bientôt complice d’un frère qui avait décidé de ne plus le lâcher. Dans un coin de sa tête, Benedikt retint pourtant son rire. Ce rire si particulier de son père, qu’il n’avait jamais entendu jusque-là, et qui faisait tout son bonheur, par ce beau matin de Noël. Il ne l’oublierait jamais. « Aieeuhh ! » « Oups, désolé. » Il avait dit stop, alors moi j’ai stoppé. Alors que Connor lui, avait continué de lui courir après, pour se prendre sa hanche en pleine figure, et de se retomber dans la neige, sur les fesses. Bof, avec la tonne de vêtements qu’il avait sur lui, il n’avait pas dû se faire très mal. « Ouiii, les cadeauuuxx !! Viens Beni, viens vite ! » Ah bah vous voyez ? Il a rien senti ! « Attends, attends… que je te débarrasse de tout ça pour que tu salisses pas le canapé de Babouchka. » lui intima son frère aîné en l’aidant à retirer sa montagne de vêtements. « C’est qui Boubouka ? Elle s’appelle Martha, mummy ! » Hum, ok, on reprend à zéro. Toi tu es Connor, d’accord ? Moi je suis Benedikt, d’accord ? Et lorsque je te dis Connor, c’est Babouchka … « Ca veut dire ‘grand-mère’, en russe. » énonça Beni avec un sourire attendri devant la moue étonnée de l’enfant. « C’est vrai ? Mais c’est trop long ! » Oui, quand on le prononçait à sa façon, avec toutes les syllabes, effectivement. Pour lui en revanche, c’était tout à fait normal. « C’est bon, tu peux y aller. » Inutile de le répéter deux fois que Connor avait déjà le nez sous le sapin, à vérifier qu’il avait bien tous ses cadeaux – le nombre et la grandeur sont très importants à son âge – et les séparant en tas. Un pour Mummy, un pour Dady, et l’autre pour Beni. « Je… j’ai aussi des cadeaux ? » Il paraissait surpris. Rouge, même. « Bah oui, évidemment. T’as jamais eu de cadeaux ou quoi ?! » soupira Connor en fronçant les sourcils, sans même lever les yeux vers lui. Non poussin, j’en ai jamais eu. Pas comme ça en tous cas. Il était heureux maintenant. Mais pas du même bonheur que son frère. D’une joie affligée, nostalgique. Qu’il tentait de dissimuler derrière une neutralité qui ne trompait pourtant personne au vu de la lueur qui brillait dans ses yeux. Ses premiers cadeaux, pour son premier vrai Noël. « Papa, toi tu te mets là. Là oui… Mummy, toi tu t’assois là, et Beni sera à côté de moi, sur le tapis... » Et pas question de dire non ou de vouloir se lever du canapé pour aller aux toilettes. Faire dans son pantalon paraissait moins dangereux vu le ton de Connor. « Mummy, c’est toi qui ouvres tes cadeaux en premier. » Ramenant les cadeaux sur les genoux de sa grand-mère, l’on devinait à l’air tout excité du petit, qu’il avait du mal à ne pas arracher lui-même le paquet cadeau pour aller plus vite. On se détend Connor, ton tour viendra aussi…

Le comportement de Benedikt venait de changer, presque aussitôt que sa grand-mère avait eu ses cadeaux en main. Comme s'il avait honte ou un sentiment de culpabilité latente. Il n'avait pas beaucoup d'argent, et n'avait osé en demander à son père. Tout ce qu'il avait offert à sa famille, il l'avait créé de ses propres mains. Grâce à ses études de chimie et de physique appliquée, il était d'ailleurs très doué pour travailler la matière. Et connaître leurs propriétés. Ce qui lui avait permis de confectionner, avec l'aide de son frère, le cadeau de leur père. Pour Martha, Benedikt avait dû faire quelques boutiques, avant de dénicher ce qui tiendrait lieu de support, pour le bijou qu'il avait l'intention de lui offrir. De l'Alexandrite. Une pierre précieuse de son pays, qu'il avait ramenée avec lui, la première fois qu'il avait posé les pieds, sur le territoire américain. Une pierre qui avait une valeur symbolique et affective à ses yeux, mais qu'il s'était pourtant juré de vendre, en cas de soucis financiers. Finalement, il avait trouvé son père, et la vente n'avait plus eu lieu d'être. De la part de Connor, qu'il avait tenu à payer avec son argent de poche, et qui représentait un paysage verdoyant, un ravissant châle fait main. Et pour finir, celui de son fils : un billet pour la Californie. N'allez pas essayer de comprendre comment Joe s'était débrouillé pour que la date et l'heure du vol soient modifiables à souhait, mais ils l'étaient. Sans doute en avait-il assez de savoir sa mère dans ce 'trou paumé' et voulait-il qu'elle se rende compte par elle-même de ce qu'elle perdait au change, elle qui avait toujours refusé de mettre les pieds aux Etats-Unis. Blanc comme un linge, Benedikt attendait le verdict de Martha, n'arrêtant jamais de se répéter qu'il aurait mieux fait de lui prendre un vêtement, ou une paire de chaussures, plutôt que d'avoir voulu jouer les sentimentaux, alors qu'il ne la connaissait ni d'Eve, ni d'Adam. Car tous les cadeaux, exception faite de celui de Connor qui l'aimait déjà à l'en étouffer - n'avaient été créés et offerts que dans un seul objectif : être bien perçu de sa famille. Particulièrement par son père.
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 3 EmptyVen 14 Déc - 11:05



Babouchka ? J'avais froncé les sourcils un bref instant en entendant Benedikt parler de sa grand-mère avec ce surnom tout droit venu de Russie. Je ne connais pas encore très bien les attitudes de mon fils aîné concernant son rapport avec les autres adultes, mais quelque chose me dit qu'il n'est pas passé de "Madame" à "Babouchka" par simple coïncidence. J'avoue être assez curieux de savoir ce qui a bien pu les rapprocher l'un comme l'autre, mais j'ai l'intime conviction que cette explication restera un mystère. Puis, tout compte fait, ce n'est peut-être pas plus mal. J'avais amené Benedikt ici afin qu'il se familiarise avec un nouveau membre de la famille Shark, peut-être valait-il mieux que je les laisse tous les deux faire plus ample connaissance à leur manière plutôt que de m'en mêler pour vouloir tout savoir et tout contrôler. Comme d'habitude. Quoiqu'il en soit, si rapprochement il y a, cela ne pourrait pas me faire plus plaisir. Entre nous deux, cela mettra sûrement plus de temps, mais tant que l'étudiant ne se sent pas isolé et coupé de sa famille, c'est tout ce qui m'importe pour l'heure. Assis sur un fauteuil près du sapin, comme me l'avait "ordonné" cet impertinent blondinet de neuf ans qui se fait passer pour mon fils cadet, j'observe la réaction de Beni devant ses propres cadeaux. Une fois encore, j'ai un petit pincement au cœur. Si, vingt-et-un ans auparavant, j'avais appris que j'allais avoir un enfant, il aurait éprouvé une joie similaire à celle de Connor, sinon plus mesurée. Je voyais dans son regard l'étonnement, la joie mais aussi la tristesse. L'espace d'un instant, j'eus envie de poser ma main sur son épaule et le réconforter en la serrant très doucement. Mais une fois de plus, la pudeur et la peur qu'il le prenne mal m'en empêchaient. Je gardais cette image traumatisante de lui, dans cet hôpital de Bogotol, fuyant le moindre contact physique de peur que je le tue. Ca m'avait brisé le cœur, sincèrement. Ou du moins, ça avait fendu le bloc de pierre glacée qu'on m'avait greffé à la place du cœur. Comme quoi, c'est possible. En trois Noël passés avec Connor - eh oui, trois sur neuf, ça aussi ça m'embarrasse - je constate qu'il est toujours aussi impatient le matin de Noël face aux cadeaux… Et attendez de voir sa tête demain matin, quand il va se rendre compte qu'il va falloir attendre encore un an avant le prochain Noël… un cocker aurait l'air joyeux, à côté de lui. Bref, j'attendais sagement que ma mère ouvre ses présents. Et lorsqu'elle déballa le cadeau de Benedikt, ma bouche s'entrouvrit légèrement de surprise. Non, il n'avait pas acheté ça. Pour offrir moi-même des bijoux à la dizaine aux conquêtes qui circulent dans mon lit, je sais reconnaitre un bijou de main de joailler et un bijou fait main. Etait-il moins beau ? Au contraire. J'étais incroyablement étonné. "C'est toi qui a fait ça ?" demandai-je en regardant mon fils, incrédule. Soyons francs en termes de vocabulaire : j'étais sur le cul. Je m'aperçois que je n'ai pas encore accordé l'importance méritée au potentiel de Benedikt dans le domaine de ses études et de la chimie. Je l'avais dénigré au départ, étant moi-même un littéraire pur sang, quoique très bon avec les chiffres également, mais ce fut une autre erreur à ajouter à la liste. Impressionnant. Vraiment très impressionnant. Lorsque ma mère ouvrit le paquet contenant son châle, elle le passa immédiatement autour de ses épaules afin de tempérer Connor qui la fixait presque méchamment. C'est qu'il l'aurait mordu, le petit animal, si elle ne l'avait pas mis tout de suite. Et enfin, mon cadeau arriva : un billet pour San Francisco, le jour de son choix. Et un aller-simple (comme ça, JE décide du retour… pas bête, le Shark). Comment m'y étais-je pris pour obtenir ce sésame à disposition ? Travailler au MI6 et pouvoir faire pression comme businessman sur quiconque, ça aide, croyez-moi. Martha se lève et m'embrasse tout en m'adressant un regard entendu. "Toutes les occasions sont bonnes, Joe, n'est-ce pas ? - Moi aussi, je te souhaite un joyeux Noël." répondis-je avec un sourire évasif. Elle embrassa également Connor très fort avant de s'arrêter face à Benedikt. Elle avait déjà mis le bijou qui s'accordait à merveille avec le bleu de ses yeux. "Merci beaucoup, mon garçon, c'est vraiment le plus beau bijou qu'on m'ait jamais offert." Parce que celui-là, il est fait, pas acheté. Elle serra le Gamma dans ses bras avant de déposer un baiser sur sa joue, suivi d'une caresse furtive au même endroit, signe de son affection toute particulière. Sans plus. Pas de démonstration exubérante, elle avait compris que Benedikt comprenait souvent mieux les marques d'affection subtiles mais sincères, plutôt que les trop grandes embrassades publiques.
"Boooon, j'peux avoir mes cadeaux, maintenant ?!" Quelle patience. Je regarde ma montre puis j'esquisse à peine un sourire ironique. "Trois minutes et douze secondes… tu t'améliores, fils, tu arrives à te contenir de plus en plus." Connor me tira la langue, ce qui me fit sourire de plus belle, avant d'agripper les cadeaux à côté de ses chaussons, comme le veut la tradition. Avec une sauvagerie débordante qui démoraliserait n'importe quel commerçant chargé des paquets cadeaux en période de fêtes, il déballe d'abord mon cadeau : la toute dernière console de jeux Nintendo, ainsi que plusieurs jeux qui vont aussi bien avec l'ancienne qu'il a à la maison, qu'avec la nouvelle. "Troooop cool, y a Mario, Zelda, Sonic et tout… trop bien, merci p'pa !!" Il me saute au cou et, puisque c'est Noël, je le réceptionne en le serrant dans mes bras, avec un baiser sur le front. Pas très compliqué, de satisfaire un enfant de son âge, en même temps. Puis si je lui avais offert des livres, il les aurait jetés à la cheminée dès que j'aurais eu le dos tourné. Connor attaque ensuite le paquet de sa grand-mère pour le déballer avec la même véhémence, découvrant ainsi une grande boîte de jeux de construction Lego, puisque c'était sa grande trouvaille du moment. Et autant dire que la chambre du petit était devenue un mausolée de la construction de plastique. Il embrassa également sa grand-mère, puis continua de déballer nos autres cadeaux. Chose qui, vu le nombre de paquets, dura au moins dix bonnes minutes… mais la remarque finale ne rata pas. "Mais y a pas tout ce que j'avais mis sur la liste !" Je pousse un soupir d'exaspération en levant les yeux au plafond. Non, petit. Papa ne va pas non plus dévaliser tous les magasins pour te faire plaisir… surtout à un moment où il a besoin d'argent pour remettre sa compagnie entièrement à flots. Puis, honnêtement, je me suis arrêté au milieu de la liste par pure flemmardise vu le nombre de cadeaux "commandés". Martha, plus diplomate, préfère prendre la parole avant que je ne m'en charge. "Oui, mais tu as eu tes préférés, non ? Et puis à partir de maintenant, il faut apprendre à partager avec ton grand frère, lui aussi il a le droit d'avoir de beaux cadeaux, tu ne crois pas ?" Touché. Elle est forte, je le reconnais. En touchant la corde sensible du frangin, Connor baisse les yeux et hoche doucement la tête, conscient de cette nouveauté. "Mouais, c'est vrai… d'ailleurs, il est super, ton cadeau !" lança-t-il avec une joie pleinement revenue, en regardant son aîné. Une planche de skate neuve pour apprendre à en faire avec lui. Qu'importe qu'elle ne soit pas de marque ou un truc du style… vous savez pourquoi ? Parce que pendant tout le temps où l'enfant avait ouvert ses cadeaux, il était resté assis sur cette fameuse planche. Signe qu'elle faisait déjà partie de ses présents préférés, sinon LE préféré. "Bon, à Papa, maintenant ! On gard'ra le meilleur pour la fin !" lança Connor avec un clin d'œil vers son grand frère. Oui, il voulait que Benedikt soit le dernier à avoir ses cadeaux, histoire de pouvoir bien s'arrêter sur lui quand il les ouvrirait. Si c'est pas mignon, tiens…
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 3 EmptyVen 14 Déc - 14:26

Il avait complètement occulté ce détail. A savoir que son père ne devait surtout pas apprendre – au risque que la fin du monde soit avancée – qu’il avait une longue conversation à son propos, avec sa propre mère. Au fond, Beni était même un peu gêné de l’appeler Babouchka, alors qu’il éprouvait tant de difficultés à appeler son père ‘papa’. Quoiqu’il en soit, amusé par la démonstration d’autorité de son jeune frère sur l’ensemble de la famille Shark, Benedikt se laissa guider jusqu’au tapis, près du sapin, et s’y assied à ses côtés, les jambes croisées, son petit tas de cadeaux juste sous son nez, également répartis par Connor qui avait tenu à, non pas faire du plus grand au plus petit, mais de grand-mère, à Joe. Celui qui lui semblait le plus précieux – et il n’avait pas tort – pour son grand frère. Lorsque Martha commença à ouvrir ses cadeaux, le sien en premier, Benedikt fronça les sourcils en attendant son verdict. Il aurait préféré lui acheter quelque chose de ‘commun’ – même si ce n’était pas dans ses habitudes de faire comme tout le monde et de manquer d’originalité – mais pour éviter que le premier Noël qu’il passa en sa compagnie, soit gâché parce qu’il n’avait pas su faire le bon choix. Sauf qu’il ne connaissait rien de ses goûts non plus, ni de sa taille, ni de sa couleur préférée, ni si elle aimait les bibelots. Rien du tout. La réaction de son père fut l’élément déclencheur. Sans prévenir, et aussi surpris lui-même d’avoir été aussi prompt à lui répliquer, Benedikt fronça les sourcils, avant de s’exclamer : « Non, je l’ai pas volé ! » Une réaction défensive, parce qu’il avait eu l’impression d’une accusation, sur le moment. Et il s’était bel et bien trompé, en découvrant sur les traits de son père, non pas de quoi l’accuser, mais de la fierté. Encore une fois, il venait de gâcher l’ambiance. Bravo, Ben. En même temps, il avait eu tellement l’habitude depuis tout môme qu’on l’accuse de tout et n’importe quoi, même si dans les cas de vols – notamment de nourriture – ce fut avéré, qu’il n’avait pas songé une seule seconde qu’il puisse s’agir d’un compliment. Honteux, il s’excusa à demi-mot, baissant les yeux sur le tapis de sol, jouant avec ses doigts, avant de lui fournir l’explication qu’il attendait. « Non, je l’ai pas fait. Enfin, pas vraiment. En fait, cette pierre précieuse vient de Russie, c’est de l’Alexandrite. Je l’ai trouvé un jour, dans une mine. » Ce qu’il faisait dans une mine ? C’était le terrain de jeu habituel des gamins du quartier. « Je savais pas ce qu’elle valait avant de l’examiner grâce à mes études de chimie. » Il continue, en relevant les yeux et observant sa grand-mère. « Cette pierre a des propriétés réfléchissantes que j’ai réussi à isoler pour la rendre plus condensée. Elle … elle a tendance à changer de couleur à la lumière, et selon certaines légendes, selon la personnalité de la personne qui la porte. » Ce qu’il omettait de dire surtout, c’est que cette pierre était aussi rare et chère que le diamant, et qu’elle symbolisait l’harmonie, la justice et la sagesse, dans le cœur de nombreux russes. « Enfin bref, j’ai demandé à un bijoutier pour le support après avoir fini de travailler sa matière et … voilà… j’espère que ça te plait, même si… c’est pas le plus beau …cadeau qui soit. » finit-il par dire, en se risquant à lever à nouveau les yeux vers Martha. Il suivit son avancée, vers son fils d’abord, son petit-fils cadet ensuite, et … lui. « De rien, Babouchka. » Un soupir de soulagement s’échappa de sa poitrine, tandis que son sourire revenait, progressivement, touché par sa douceur naturelle, autant que parce qu’elle n’avait pas hésité une seule seconde à porter la pierre à son cou. Signe qu’elle l’appréciait vraiment. Vint ensuite le tour de Connor, qui déclencha plusieurs fois son rire devant l’énergie qu’il déployait à déballer ses cadeaux, à faire la moue lorsqu’il se rendit compte que sa liste avait été partiellement oubliée, et l’entrain qu’il manifesta plus encore devant ses jeux vidéo. Benedikt n’avait jamais compris ce que les jeunes – non, il était grand lui, maintenant – pouvaient trouver à ce genre d’activités. Lui préférait largement passer son temps à l’extérieur, à grimper aux arbres, faire du skate ou photographier les gens qui passent. A chacun ses goûts, comme on dit. Ce n’était pas la même génération. « Oui, mais tu as eu tes préférés, non ? Et puis à partir de maintenant, il faut apprendre à partager avec ton grand frère, lui aussi il a le droit d'avoir de beaux cadeaux, tu ne crois pas ? » ….. on parlait de lui, encore. Ne pouvait-on pas l’oublier deux minutes ? Non, il ne voulait pas de cadeaux. Ce Noël en famille lui suffisait amplement. « Chui content que ça te plaise. J’ai repéré un super skate parc pas trop loin de la maison. J’me suis dit que tu devais posséder ta propre planche si tu voulais un jour apprendre. Une planche à ta taille. » lui expliqua son aîné en passant une main dans ses cheveux pour les ébouriffer. Il n’avait pas oublié la fois où Connor avait tenté de faire du skate, pour au final, se prendre le panneau sens interdit qui arrivait en face. Un secret qu’ils avaient décidé de garder au risque que leur père ne les empêche définitivement de pratiquer ce ‘dangereux’ sport, mais qui trouvait sa cause dans la longueur du matériel par rapport au petit. Au moins maintenant, il n’y avait plus de raison qu’il se fasse attaquer par des objets plantés au sol. « …. » A papa maintenant. Non, pas ça. Surtout pas. Tout à coup, ses souvenirs coulaient à flots. Le premier jour qu’ils s’étaient rencontrés, sa première arrestation, les mots qu’il avait prononcés dans l’avion, ce voyage pour l’Angleterre. Il aurait dû refuser. Non, ce n’était pas ça le problème Ben. T’es trop sentimental, mon vieux. Va pour ta grand-mère, mais Joe ? T’aurais dû lui acheter une chemise et basta. Mais non, il a fallu que là encore, tu prouves que t’existes. Que tu nous fasses le remake de Love Actually version papa noël. Pendant ce temps, Joe commençait à déballer ses cadeaux. De la part de sa mère, un pass familial pour la station de ski de Raise, située dans le Lake District, Angleterre. Comme quoi, elle aussi pensait au retour au pays de son grand garçon. De la part de Connor, qui n’en était pas peu fier par ailleurs, et s’était instinctivement rapproché de son père, en sautant sur le canapé, pressé de savoir à l’expression de son visage, si ce qu’il avait créé de ses propres mains, avec l’aide de son grand frère, lui plairait ou non : un porte clé magnétique. Décoré avec des matières rigides et particulièrement colorées que Beni avait travaillées, et qu’il avait laissées ensuite au bon soin de Connor. Le porte-clé en lui-même avait peu d’intérêt aux yeux de l’enfant. Ce qu’il avait voulu, c’était que son père ne l’oublie jamais. Qu’il emporte un souvenir de lui, partout où il irait. Deux photos étaient pour l’instant – car il prendrait prochainement une de sa mummy, forcément – accrochées au porte-clé. « Là c’est maman, toi et moi. Et là, c’est Beni et moi. Mummy, tout à l’heure on prendra une photo de toi aussi pour mettre avec les autres ! » ajouta l’enfant avec un air de conquérant sur le visage. « Tu aimes dis, papa ? » Benedikt ne l’avait pas quitté des yeux une seconde. Un sourire ému flottait sur ses lèvres. Si Joe savait le temps que son fils avait passé sur le fameux porte-clé … « Maintenant, ouvre celui de Beni ! Il a pas voulu me dire ce que c’était ! » marmonna l’enfant en fronçant les sourcils après avoir lancé un regard entendu à son aîné. « Je … euh… il faut que j’aille … aux toilettes… » Il avait l’impression d’étouffer. Le regard de son frère, suivis de ceux des deux adultes. Il avait presque envie de s’excuser maintenant, et de prendre le premier avion en partance pour les Etats-Unis. La peur, mes enfants. La peur de décevoir, toujours. « J’savais pas quoi t’offrir … chui désolé … » furent ses derniers mots avant qu’il ne coure se réfugier dans sa chambre, à l’étage. Son attitude n’était pas celle d’un adolescent de vingt et un ans. Ce matin, il avait retrouvé l’âme d’un enfant. Il se revoyait, six ans en arrière, lorsque sa mère avait fini par céder à ses plaintes, et par lui apprendre qui était son père. Juste un nom, et cette photo. Celle qu’il tenait au creux de sa main en cet instant. T’es bête, Beni, c’est rien qu’une photo ! Non, ce n’était pas rien qu’une photo. C’était la seule chose qui l’avait fait espérer en un avenir meilleur alors qu’il était haut comme trois pommes. C’était son étoile, son modèle. Au rez-de-chaussée, Connor n’avait pas compris la réaction apeurée de son grand frère. Il s’apprêtait même à le rejoindre, pour tenter de comprendre et le ramener à la raison. Les enfants sont souvent une source de réconfort. Ils sont si innocents qu’on ne peut leur en vouloir d’essayer de nous remonter le moral, et souvent, ils nous font rire de leur naïveté si touchante. « C’est quoi ? Un livre ? » Sur les genoux de Joe, reposait maintenant un album. La couverture était en vieux cuir verni. Une odeur de papier flottait dans l’air. Les premières pages s’ouvraient sur des photos. Un petit bonhomme aux boucles blondes riait aux éclats en courant derrière ce qui semblait être un ballon. Plus loin, le même enfant qui boudait parce qu’il n’avait pas réussi à rattraper son cerf-volant. Son premier amour, sa première arrestation, les fois où il jouait dans la neige… Je vous présente Benedikt, à quatre ans. Des photos sans doute faites par sa mère, du temps où elle prenait encore soin de son fils. Il y en avait de toutes les tailles, de toutes les couleurs. Quant il avait 8, 9, 10 ans. Même une qui avait été prise dans l’orphelinat, auprès de tous les enfants. Il avait alors 15 ans passés. Sur celle-ci, il ne souriait plus, mais ses souvenirs demeuraient parmi les plus beaux de son existence. A chaque coin de page, Benedikt avait laissé une empreinte. Un petit commentaire. Quand il fut en âge d’écrire, il relata les moments de sa journée, ou commentait les photos prises. Certains mots étaient pour Joe. Ce père qu’il aurait tant aimé voir, toucher .. à qui il aurait voulu parfois, se confier. Cet album, c’était son journal intime. Une façon pour lui de faire sa connaissance au fil des pages…
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. - Page 3 EmptyVen 14 Déc - 21:19



Il y a encore quelques mois, j'aurais effectivement balancé qu'il allait me faire le plaisir de rapporter ce bijou à la personne à qui il l'a volé... mais aujourd'hui, ça ne m'avait même pas effleuré l'esprit. En l'écoutant raconter la manière dont il s'y était pris pour fabriquer ce bijou, je réalisais que Benedikt n'était effectivement pas comme son frère. Sans faire de la peine à Connor, je le vois mal s'investir dans les études. La seule matière dans laquelle il se donne à fond, c'est le sport. Et un peu l'art plastique, quand sa mère lui pousse à la roue. Mais j'ai beau me saigner pour essayer de lui inculquer la valeur de la littérature ou même des sciences, il n'écoute rien. Benedikt, lui, est né avec ce goût pour le travail des matériaux, la curiosité intellectuelle et un sens pratique particulièrement affiné. Partir d'une pierre trouvée dans une mine au petit bonheur la chance pour en faire un aussi remarquable objet... Mon visage restait stoïque, comme d'habitude. Mais mon regard, en revanche, luisait d'une surprise mêlée à une fierté sans bornes. Sur le moment, même si la physique ou la chimie n'étaient pas deux domaines qui me passionnaient, j'avais eu cette étrange envie de lui demander d'aller plus loin dans ses réflexions, de me parler de ce qu'il faisait, des manipulations chimiques auxquelles il avait déjà procédé, s'il envisageait d'être prix Nobel... Oh oh oh, doucement Shark ! Voilà aussi le problème, j'ai toujours tendance à être un peu trop exigeant. A trop tirer vers le haut, dirons-nous. Pourtant, je n'avais qu'une politique : mes enfants peuvent choisir leur domaine d'activité de prédilection, pour leur avenir professionnel. Même danse, chant, journaliste, physicien, scénariste, peu importe... Je n'attends qu'une chose en retour : qu'ils soient les meilleurs de leur discipline. Chez les Shark, on vise l'excellence, pas le plaisir de participer. La perfection, c'est une affaire de famille.
Vint alors le moment pour moi d'ouvrir mes présents. Soyons honnêtes, j'adore ce petit quart d'heure de gloire du vingt-cinq décembre, comme si j'avais le même âge que Connor. J'ouvre le premier et je découvre un pass familial pour une semaine au ski. Ben voyons. Je souris de façon étrange à ma mère, elle comprend le message : entre moi qui veut qu'elle pose ses bagages à deux pas de chez nous, puis elle qui veut tout faire pour que je passe plus souvent... le plus simple, ce serait qu'on se mette d'accord sur une destination à l'exact milieu de San Francisco et de l'Angleterre. Mais à part une île en Atlantique, je ne vois pas. Je l'embrasse affectueusement, puis je passe au suivant. Un... un porte-clefs. Là aussi, quelques mois plus tôt, j'aurais lancé à la cantonade que la crise économique n'a pas épargné le Père Noël... mais mon regard remarque immédiatement le travail particulier des matériaux utilisés, ça n'a rien à voir avec un banal objet qu'on trouve dans le commerce. Et encore moins quand je vois les photos que Connor ne manque pas de me décrire. Oui, tu as raison, fils. Papa, Maman et toi. Comme une famille. Mon pouce s'égare sur le visage de Sophie, mon regard semble tout à coup lointain... mais je me reprends en voyant la photo de mes deux garçons. J'aime bien les appeler ainsi, désormais. Mes deux bonhommes. La relève, si on peut dire ça comme ça. Ils sourient, le cliché est aussi bien choisi que l'objet est bien conçu. Bien trouvé, je les baladerai toujours sur moi. "A défaut de pouvoir vous enfermer tout le temps dans vos chambres, je vous aurais au moins dans ma poche." lançai-je avec un sourire ironique mais non moins ravi. J'attrape Connor par la nuque puis je l'embrasse sur le front pour le remercier.
C'est alors que la réaction de Benedikt me surprit au plus haut point. "Attends, mais où vas-tu comme ça ?" Inutile, il s'est déjà envolé. Je baisse presque bêtement les yeux sur mes genoux puis j'ouvre le paquet. Un vieux bouquin, je le reconnais davantage à l'odeur, le réflexe de l'éditeur. J'ouvre pour arriver à la première page et soudain, j'ai l'impression que cette image me saute au visage. Un enfant. Un enfant souriant, jovial, qui course un ballon avec détermination. Des boucles adorables, un regard rieur. "Il a le même sourire que toi..." souffle Martha en regardant les photos. Les pages se tournent, les souvenirs s'enchaînent. Entrelacement délicat et méthodique de pensées intimes, de moments capturés sur papier glacé. De mémoire d'éditeur, c'est le manuscrit le plus précieux qu'on ne m'ait jamais remis. Cet enfant qui se développe, cette écriture qui prend en assurance à mesure que le temps passe. Des mots écris dans une langue étrangère que mon oeil exercé n'a aucun mal à traduire. Les mots et les images me frappent d'un coup au coeur. Les pages continuent à se tourner, mais mes mains restent immobiles. L'un de mes poings est fermé, posé sur mes lèvres pincées. "P'pa... - Joe, ça va ?" Pour la première fois depuis au moins... la tentative de suicide de Noah, j'ai envie de pleurer. Et je ne sais même pas pourquoi. Peut-être parce que ce cadeau me touche bien plus que je n'aurais pu l'imaginer ? Des mots m'ont particulièrement saisi, et pourtant, je n'ai eu le temps que de lire en diagonale. Ce sourire, ce regard si intense, ses boucles blondes et parfois brunes. Sa frimousse ternie par de la terre lorsqu'il s'amuse à jouer avec des amis... J'ai raté tout ça et Benedikt, en un cadeau, essaie de rattraper le temps perdu. "Excusez-moi, je reviens..." marmonnai-je à peine, la gorge serrée. Il en faut, pourtant, pour me faire pleurer. Noah a essayé tant de fois de m'émouvoir ne serait-ce qu'un peu et sans jamais y parvenir. Je sors, sur le palier, sans me préoccuper des flocons qui continuent de tomber lentement. Le poing sur ma bouche, je ferme les yeux, quelques larmes à peine perceptibles s'échappent. Je me hais d'avoir raté tout ça, de ne pas être sur toutes ces photos, de ne pas avoir été ce père présent à ses côtés, de ne pas lui avoir offert tous ces Noëls... Plus qu'un album souvenir ou même un journal intime, c'est toute sa vie que Benedikt vient de me livrer. Je le vois plus que comme un simple cadeau, je vois là-dedans la plus grande preuve de confiance et d'amour qu'il m'ait jamais offert. Nous sommes similaires, très pudiques sur notre passé ou notre vie privée, mais pour améliorer les choses et marquer le coup, il vient de faire un bond de géant en avant. Je rentre à l'intérieur, sans prêter attention à Connor qui me demande où je vais, puis je monte jusqu'à la chambre de Benedikt. J'entre sans frapper, doucement, pour ne pas l'effrayer. Je referme la porte au passage puis je me plante face à lui... enfin, un sourire égaye mes traits. Un sourire ému, vrai. Sans la moindre retenue made in England, c'est la joie d'un père qui s'installe sur mon visage. "Merci, fils... merci beaucoup. Allez viens-là..." Je m'approche et le serre dans mes bras. L'étreinte est chaleureuse et sincère, je colle ma tête contre la sienne et entoure son corps de mes bras. Comme pour rassurer Connor lorsqu'il vient de faire un cauchemar. "Ca me touche beaucoup, ce que tu viens de faire... pour moi, pour ta grand-mère, pour ton frère..." Chaque cadeau a été pensé, aucun n'est la preuve d'une impersonnalité complète. C'est fait avec peu de frais, mais ils sont particulièrement touchants. Je décolle ma tête pour le regarder droit dans les yeux, je passe une main paternelle à l'arrière de sa tête. "Je suis fier de toi, Benedikt. Sincèrement. Je suis très fier de toi." Et pas que pour ce séjour, ça vaut pour tout le reste. Pour la manière dont il se conforme à son nouveau régime de santé, à mon caractère, qui n'est pas très facile... J'ai repoussé un Russe étranger, au départ, et je serre aujourd'hui un fils digne de ce nom dans mes bras. Au fond, Noah a raison. C'est pas si nul, les enfants.
Je l'embrasse également sur le front puis je me détache un peu de lui. Mes yeux brillent, ce doit être la première fois que je suis dans un tel état face à lui. Je m'essuie le regard du revers de la main, puis je souffle. "Bon, allez... bonne séquence émotion, mais nous sommes des hommes, des vrais." Je lui mets une petite claque légère et paternelle sur la joue avant de passer mon bras autour de ses épaules pour redescendre au salon. "Cet album, je veux le parcourir avec toi." lui glissai-je avec un sourire. Si je devais en apprendre plus sur le passé de mon fils, je voulais le faire avec le principal intéressé. Rien que nous deux.

"A Beni, maintenant !!" lança Connor en lui collant son propre paquet dans les mains. Au choix, tu commences par le petit, sinon il te chope à la jugulaire et il te vide de ton sang. A l'intérieur du carton, il y avait un carton complet de petites décorations de Noël faites à la main, signe encore que Maman Gallagher était passée par là. "T'as dit que t'avais jamais eu de Noël avant, alors comme ça, je t'ai fait plein de choses pour que tu puisses avoir tes propres décos à toi ! Puis Maman m'a aidé à te faire ça !" dit-il en montrant une partie des décorations. Des tubes à essais customisés avec chacun une trainée de peinture élégante et de couleur différente, refermés soigneusement et contentant un liquide aqueux ainsi que des paillettes. Vous savez, comme les boules qu'on secoue pour remuer la "neige" à l'intérieur ? Eh bien là, c'était la même chose, mais version chimiste, avec des tubes à essais.
Martha offrit à son tour un cadeau avec un air légèrement contrit. "Du coup, je me sens moins originale..." En effet, il s'agissait aussi d'un album de famille. De sa propre enfance à elle jusqu'à l'année dernière avec Connor. Trois générations de Shark et toute une vie de famille en photos, soigneusement rangée. "Et en voilà un autre." dit-elle en tendant le second album. Celui-ci avait une couverture nettement plus neuve. A l'intérieur, une seule photo : celle de Benedikt, Connor et Joe pendant la semaine, à l'extérieur, prise à leur insu. "Tout le reste, ce sera à toi de le remplir." Un album pour le passé dans lequel il était inclus, puis l'autre album pour le présent ainsi que l'avenir.

Lorsqu'il fut question de mon propre cadeau, je tendis un paquet minuscule à Benedikt. Le plus petit de toute la tripotée de présents. A l'intérieur, une clef, d'apparence légèrement polie par le temps, mais pas trop non plus. Je me lève de mon siège puis fait signe à mon aîné de me suivre, sans un mot. Tout le monde se rend à l'extérieur jusqu'à la grange d'à côté. J'allume la lumière et montre une forme cachée sous une bâche noire à Benedikt. "Allez, soulèves donc ça pour voir ton cadeau." Un bruit de froissement plus tard, la voilà révélée. Une moto. "C'est une Triumph Daytona 1991. L'année de ta naissance." Je m'avance en même temps que lui pour m'expliquer un peu, l'air embarrassé. "Je sais, elle n'est pas toute jeune, mais... enfin, c'est la toute première moto que je me suis offert avec mes économies à l'époque. Je crois savoir que tu adores les motos, alors je me suis dit que... peut-être... Je l'ai retapée entièrement cette semaine pour qu'elle soit comme neuve et qu'elle fonctionne à nouveau sans le moindre accroc. Ah, et puis, tiens..." Dessus, je prends un blouson de cuir parfaitement conservé et je lui tends. "Mon premier blouson qui allait avec. Je sais que ce n'est pas une moto dernier cri, mais... enfin, voilà... je pense qu'elle a un peu plus de caractère que le dernier bolide à la mode." Et c'est une pièce de collection, en prime. A mes yeux, c'est de la symbolique à l'état pur. Nous n'avions encore jamais partagé de virée ensemble, mais les motos étaient un fort point commun entre nous. J'avais l'impression de lui transmettre un héritage que seul lui pouvait mériter, car Dieu sait que cette moto, j'y tiens comme à la prunelle de mes yeux. C'est le premier gros achat que je me suis fait, ma première récompense de dur labeur, j'avais à peine vingt-et-un ans. L'âge de Benedikt. L'histoire se répète et le bijou se transmet du père au fils, avec blouson inclus. Je me recule un peu de la moto, soudain gêné à mon tour, ne sachant pas comment il le prendra. A mes yeux, ce n'est pas un cadeau hors de prix. J'essaye de rattraper en partie vingt-et-un ans de cadeaux jamais offerts. Et j'avais tenu à la retaper entièrement de mes mains, pour ne pas passer pour l'insensible businessman pingre qui ne se casse pas la tête...
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