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| one tragedy can bring a friendship ∞ roxane&perdita | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: one tragedy can bring a friendship ∞ roxane&perdita Lun 1 Oct - 23:13 | |
| J’avais poussée Roxane dans la confidence et la seconde d’après, je m’en voulais. Je n’aime pas remuer des souffrances, surtout quand on les traine derrière soi. Oui, parce qu’un décès, une absence, ça ne peut jamais s’oublier. Quand on perd des personnes que l’on aime, à qui l’ont tient tout particulièrement, on se sent comme démunis. Il nous manquera toujours quelque chose. Je n’avais pas eu de sœur, ni de frère. Etant fille unique, mes parents se sont satisfaits de moi, uniquement. Et pourtant, j’aurais tant voulu former un binôme avec une sœur ou un frère. Dans mon enfance, du coup, j’ai été livrée à moi-même. Je n’avais personne sur qui me retourner. Personne qui devait suivre mon exemple et aucun exemple à suivre. Très limitée. A cet instant, je me sentais mal à l’aise. Je ne savais pas comment prendre la discussion. J’avais trop vite parlé et je m’étais perdue sur une terre assez fragile. J’avais poussé Roxane à parler, sans me rendre compte de ce qu’elle pourrait me confier. Si j’avais su.. Si j’avais su, peut-être que je me serais retenue. Enfin, c’était trop tard pour en parler, trop tard pour revenir en arrière. Elle m’avait confié un sacré secret et je ne pourrais jamais en parler. Jamais je ne pourrais évoquer cette conversation. Elle est complétement privée. Elle est entre nous et cela ne regarde personne. Je ne veux pas la blesser. Je l’avais déjà poussé dans ses tranchées. Je ne voulais pas être davantage responsable. Mais, si elle avait besoin de parler, besoin de se libérer, elle pouvait compter sur moi. Maintenant, j’étais dans la confidence et j’étais prête à l’aider quand elle en ressentirait le besoin. Roxane est une personne à qui on s’attache plus vite que prévu. Ces mimiques sur son visage ou encore ces réflexions qui me font sourire. Je ne pensais pas que je deviendrais comme ça. Je m’attache parfois trop vite. Mes yeux devenaient humides et je pouvais me remettre en question. Je n’aurais pu dû lui demander, je n’aurais pas dû lui forcer la main. Je détournais le regard. Je ne suis pas du genre à montrer ce que je ressens et encore moins à dire ce qui me touche, ce que j’ai dans le fond ou même mes sentiments. J’essayais de me ressaisir parce que tout changeait très vite dans une vie. On pouvait être deux. Former un duo. Ne pas s’imaginer l’un sans l’autre et la seconde d’après, se retrouver seule. Sans repère. Sans explication. Je ne suis pas le genre de personne qui accepte la fin. Je ne veux pas être immortelle. Je ne voudrais jamais l’être. Voir tous ceux avec qui on se lie, partir, les uns après les autres. Très peu pour moi. Finalement, je ne suis pas aussi forte, aussi solide que je le croyais. Alors, arrive-t-il un moment de la vie où le bonheur est passé, où l'on n'attend plus rien ? Est-ce cela vieillir ? Lorsqu’aujourd’hui ne parle que d'hier, quand le présent n'est plus qu'un trait de nostalgie que l'on cache pudiquement par des éclats de rire ? En une petite seconde, je retournais là-bas. Je retrouvais Matthew, Steven et Sisley. Je sortais en courant pour les rejoindre. Il n’y avait pas eu d’accident. Je prenais l’avion pour aller retrouver mon meilleur ami, Dmitri. Il venait d’être papa. Il était avec cette fille et il semblait si heureux. Un court instant, je revenais sur ces instants qui n’existaient pas. Sur une vie où le malheur ne s’était jamais abattu.
« Si je t’ai parue désagréable, ailleurs, je m’en excuse. A cause de tout ça, j’ai… comment dire… des troubles du comportement. » Ses bras m’encerclaient et je ne savais pas comment réagir. Je ne suis vraiment pas douée. Finalement, je la tenais contre moi. Je me demandais comment j’avais pu être méchante et froide avec elle. J’étais donc ravie qu’elle n’ait pas fuie, qu’elle m’ait tenu tête pendant ces longues semaines et je vous assure, je ne suis pas facile à vivre. « Non, mais tu n’as pas à t’en vouloir. Tu ne dois pas t’excuser. Je n’ai pas été facile à vivre, non plus. Loin de là. » Je me décidais donc à m’ouvrir un peu, à lui parler un peu de moi. Pour la peine, je lui tendais cette photo. Je lui montrais que je n’étais pas sans cicatrice. J’avais mes propres plaies, des vides qui ne seront jamais combler. Sa présence qui me manquera toujours, parce que nous n’avons pas eu assez de temps. Nous n’avons jamais assez de temps. On pense au début qu’on pourra lui dire je t’aime plus tard, qu’on pourra lui dire ce qui nous pèse. Finalement, le cours de choses s’en mêle avec le destin et il est parti avant que j’aie eu le temps de lui dire merci. Merci de m’avoir changé. Merci de m’avoir montré qui j’étais. Mes parents disaient qu’il m’avait changé mais ce n’était pas du tout cela. Il m’avait juste mis face au mur. Il m’a laissé faire mes choix et je me suis découverte. Alors, je regardais ma colocataire et nous étions sur la même longueur d’onde. « Comment est-ce que tu as surmonté ça ? » Je n’étais pas certaine d’être à la hauteur pour lui donner des conseils. Mon deuil n’avait pas les mêmes facettes que le sien. Roxane avait perdu sa sœur, une personne de sa famille, son reflet. J’avais perdu un petit ami. On se connaissait depuis beaucoup moins de temps qu’elles. On ne vivait pas au quotidien ensemble. Les choses étaient différentes et désormais, je la voyais plus forte. Alors, est-ce que je pouvais avoir de bons conseils ? Je n’en étais pas certaine. Cependant, je pouvais essayer. Je pouvais lui raconter mon histoire. Après tout, elle savait l’essentiel maintenant. « Je ne l’ai pas surmonté. Je vis juste avec. C’est ma force ou plutôt c’est devenu ma force. Je me dis qu’il n’a pas eu le temps de profiter. Alors, je le fais pour deux. » Je suis nulle pour les conseils. J’aurais dû la prévenir avant. Si elle m’avait vu au début, les mois qui ont suivi le décès de Matthew, je n’avais rien de la fille que je suis devenue. Oh non, j’étais complétement différente. Complètement l’opposée. Cette fille qui vit la nuit, traine dans les rues, parle aux mauvaises personnes et fait de nouvelles expériences. Aucunes constructives, en plus. Souriant à la brune, je continuais de parler. « Sérieusement, je trouve que tu te débrouilles pas mal. Si tu m’assures que tu profites, que tu ne laisses pas la vie te filer entre les doigts. Il n’y a rien à faire en particulier, à changer. Tu es sur la bonne voie. » Je la poussais d’un coup d’épaule. Comme un geste amical, une nouvelle ère commençait pour le duo de choc. Nous apprenions à nous connaitre et pour l’instant, ça fonctionnait. Si ça se trouve la colocation allait avoir une nouvelle facette. J’étais prête à le voir, à le découvrir. « Ça te dis qu’on ait prendre l’air ? » C’était l’occasion, pour reprendre sur de nouvelles bases. Pour recommencer, là où on a échoué, là où on avait placé ces murs hauts et solides pour se protéger.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: one tragedy can bring a friendship ∞ roxane&perdita Mer 10 Oct - 15:51 | |
| •• J’avais bien fait de me confier. Au fond de moi, je le pensais vraiment. Il y avait cette petite voix, que j’appelais ma conscience, qui me disait d’aller vers elle. Certes, en parlant ouvertement de ça, les souvenirs remontaient facilement à la surface. Mais malheureusement, il m’était impossible de les bloquer. Si on me proposait de tout recommencer à zéro, je ne le ferai pas. Drôle de chose pour quelqu’un qui vivait dans la souffrance à cause de son passé. Cela faisait partie de moi, j’étais comme ça. Si on m’enlevait cette douleur, j’aurai probablement été une autre personne. Vivre dans ma douleur c’était aussi pour garder mon authenticité. Je n’étais pas une fille qui sur-jouait quelque chose. C’était mon cœur et mon âme qui parlait à chaque fois que je pensais à elle. J’avais affronté ma souffrance de la mauvaise façon, en accusant tout le monde avant de m’accabler. Je recommençais à sortir la tête de l’eau, même si je savais qu’il me fallait un temps considérable avant que je ne devienne une fille « normale ». Normale entre guillemets parce que, j’en étais vraiment loin. Je ne serais jamais normale, de toute façon. Je n’avais peur que d’une seule chose, c’était de retomber là-dedans. Là où j’étais prisonnière pendant plusieurs années. Certes, je l’avais voulu. Je me l’étais infligée. Mais je ne pouvais plus m’arrêter. Mon passé d’alcoolique, droguée me pourchassait. A chaque fois que l’occasion se présentait, j’avais envie de craquer. De replonger dedans. Mon jeton des alcooliques anonymes m’aidait à ne pas oublier pourquoi j’avais ça et pour qui. Pour moi. Pour une fois, je n’avais pas accordé ce geste pour ma sœur. Je pensais à moi. Un geste parmi peu d’autres que je m’accordais. Je réalisais petit à petit que je n’avais pas vraiment de personnalité, parce que j’essayais de me calquer sur une personne décédée. Ce n’était pas facile à avouer, mais je commençais à peine à ouvrir les yeux. Le travail était lancé, désormais. Peut-être que Perdita pouvait m’aider à faire ce travail sur moi-même. Elle ressentait la même chose que moi, enfin presque. Ce n’était pas la même histoire. Mais se sentir détruite de l’intérieur, livrée à toi-même. C’était obligé, elle était passée par là. Je sentais qu’elle n’avait pas vraiment envie de parler de ce qui lui était arrivé. C’est normal. Je m’étonnais d’avoir eu la force de lui raconter une grande partie de ce qui me touchait. Désormais, Perdita savait pourquoi je pleurais la plupart des soirs en regardant la lueur de la lune dehors. Pour moi, c’était elle qui me regardait et m’éclairait de sa pureté. Non Roxane, ce n’était que la lune. Ce n’était rien que ça. Peut-être qu’un jour, j’allais réussir à lâcher cette caméra. Un jour peut-être, j’allais arrêter de parler à cet objet comme si c’était une personne. Comme si Laurane était près de moi. Même si être près d’une caméra était mon futur métier et que je prétextais un tournage dans les murs de Berkeley pour mon examen, je parlais comme si c’était à ma sœur. J’avais presque honte en y réfléchissant, les gens devaient me prendre pour une folle. Probablement Perdita, vu que j’étais en train de la serrer dans mes bras. Un geste complètement propulsé par mes émotions. J’en avais terriblement besoin. Besoin de parler, besoin d’un réconfort. Je m’étais excusée de mon comportement, ce qui me paraissait être une chose logique. Elle vivait avec moi sous le même toit, dans la même confrérie, et dans la même chambre. Je ne devais pas être facile à vivre tout le temps avec ce comportement étrange. Mais désormais, elle comprenait pourquoi. Elle se laissait finalement étreindre, m’encerclant aussi dans ses bras. Je me sentais rassurée, qu’elle comprenne. Les gens s’étaient trop souvent moqués de ce que je ressentais. Alors voir une personne comme ça qui compatissait et qui comprenait presque ce que je vivais, c’était complètement inédit pour moi. Elle s’excusait aussi de son comportement, envers moi. C’est vrai, elle avait un sacré caractère mais bizarrement ça me faisait plus rire qu’autre chose. C’est vrai, c’était une princesse. Je pouvais maintenant y coller le nom Princesse avec un cœur en or. J’étais sincère, plus que sincère avec elle. « Tu n’as pas à t’excuser. On aurait juste… du prendre le temps d’avoir cette discussion. Mais l’occasion n’était jamais là, jusqu’à aujourd’hui. » disais-je, en me reculant pour la regarder puis je la relâchais timidement. L’occasion était bel et bien là, le moment le plus difficile était derrière nous. Il ne nous restait plus qu’à construire la suite, patiemment. La confiance ne se gagnait pas d’un claquement de doigts ou même en une seule discussion. Il nous fallait très certainement du temps à toutes les deux avant d’installer cette relation de confiance. Mais je sentais qu’avec elle, ça pouvait venir très vite. Je me sentais soulagée, apaisée. En regardant la photo de Matthew, je comprenais ce que faisait Perdita. Vivre pour deux. Profiter du temps qu’il nous restait pour deux. C’était exactement la même chose pour moi avec Laurane. « C’est exactement ce que je fais. Enfin, pas vraiment de la même façon. » disais-je, en regardant ma caméra. Chacun continuait à faire vivre le souvenir de sa façon. La mienne était particulière, celle de Perdita devait être encore plus surprenante. Mais c’était ça, l’être humain qui restait sur Terre. Perdita me surprenait à me dire que j’étais forte. J’étais loin de l’être. « On va plutôt dire que je suis une bonne comédienne. Championne du monde de la carapace. » disais-je, en tentant de blaguer un peu. Mais comme le disait Perdita, j’étais certainement sur la bonne voie. Une voie qui était longue, avec de nombreux périples. Mais si j’étais accompagnée sur cette voie, cela ne pouvait m’être que plus bénéfique. Je me laissais légèrement pousser par le coup d’épaule de Perdita, me surprenant même à sourire de mes belles dents. Je ne savais pas ce qu’allait donner cette colocation mais elle me promettait des surprises. J’avais envie de découvrir un peu plus, de commencer à changer les choses. Certes, je voyais peut-être un peu trop grand mais mon soulagement me donnait presque des ailes. « Oui, sortons d’ici. Montrons notre suprémacie au monde entier. » en parlant des iotas bien sûr. Je me levais, attendant Perdita puis sortais de la chambre. Pour la première fois depuis bien longtemps, ma caméra était restée sur mon lit et bizarrement je n’avais pas envie de faire demi-tour pour la chercher. C’était un pas en avant de plus, avant la longue voie de la guérison. Ou plutôt de l’oubli. Mes éclats de rire mêlés à ceux de Perdita résonnaient dans les couloirs de la maison de confrérie iota. Le soleil s’est levé, et la réalité s’était enfin installée. ••SUJET TERMINÉ. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: one tragedy can bring a friendship ∞ roxane&perdita Mer 10 Oct - 15:58 | |
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