Et hop, une nouvelle journée qui commence dans la paisible Université de Berkeley. Un soleil radieux planait dans le ciel et les petits oiseaux chantaient l’amour par la fenêtre tandis que… Okay non, en fait, lorsqu’Arsène ouvrit les yeux, il remarqua tout de suite les torrents d’eau qui dégoulinaient le long du carreau de l’unique fenêtre qui tranchait le mur principal de la chambre de Roxanne ainsi que les morceaux de branches qui venaient frapper contre la charpente. Ecarquillant péniblement ses paupières, il frémit doucement rien qu’à l’idée de quitter son confort merveilleux. Allongé sous les couvertures chaudes, la tête de sa maitresse reposant paresseusement sur son épaule et la continuité de son bras droit. Il n’osait pas bouger. Tic-tac, tic-tac… Le réveil n’annonçait pourtant rien de bon étant donné qu’il devait être à son travail d’ici même pas 2 heures, sachant qu’il lui faudrait bien 3 minutes de toute en moto dans ce temps glacial pour parvenir jusqu’à la maison où il allait jouer la nounou jusqu’au petit matin, les deux parents ayant décidés de s’accorder une journée en tête à tête ainsi qu’une nuit de folie dans un hôtel prestigieux. Ahhh… Il détestait les gosses… Mais alors pourquoi avait-il accepté un tel boulot ? Parce qu’il n’avait plus de sous tout simplement, et ce depuis le début de sa 3ème année. Quel malheur… Et non, il n’allait en aucun cas en réclamer ni à ses parents et ni à la belle blonde qu’il tenait en ce moment même dans ses bras. Nom d’un chien, encore une fois il n’avait pas mesuré sa fatigue du petit matin en faisant « la fête » en compagnie de la douce une bonne partie de la nuit. C’était ça que de jongler avec une éternelle insatiable… Remarque, de ce côté-là il n’était pas mal non plus dans le genre. De vrais chauds lapins ces deux jeunes gens ! Il en fallait peu pour qu’ils s’allument à toute heure de la journée et ce, même lorsqu’ils se croisaient dans les couloirs. Résultat ? De grosses cernes et parfois même, des courbatures. Arsène soupira, détendit ses doigts un à un et se détacha de la demoiselle Dickens en même temps qu’il s’étira les bras. La tête encore dans le brouillard, il l’embrassa délicatement sur la joue puis sur le front avant de quitter le lit et de se diriger vers la salle de bain – sans oublier de se cogner le pied dans son ‘encadrement au passage. Ravalant son couinement de douleur il préféra s’en prendre à son rasoir qu’il empoigna avec force en le jetant fermement dans le lavabo lorsqu’il remarqua que la lame était déjà complètement usée. Bon, no stress, ce n’étaient que des enfants après tout, pourquoi se mettre de si mauvaise humeur pour si peu ? Ramassant une par une ses affaires, il se rasa, retira son caleçon afin de prendre une douche brûlante, comme à son habitude. En sortant, il fut surpris de constater que pour une fois, il n’avait pas oublié ses vêtements dans la chambre, se sécha rapidement et enfila à la suite son jean, une chemise, un gilet et enfin se coiffa. Il attrapa son eau de toilette bon marché pour les jours ordinaires et s’en aspergea la nuque. Enfin prêt, il sorti de la petite pièce et retrouva sa belle au bois dormant qui… Pionçait toujours. Comme il l’enviait… Pouvoir ainsi profiter de quelques heures de sommeil en plus alors que lui devait bosser 60 heures par semaines. Néanmoins il ne lui en voulait pas, l’aimant bien trop pour ça… Au lieu, son cœur se mit à battre tout bon et il ne put s’empêcher de lui dérober un dernier baiser, s’emparant de ses lèvres cette fois, sans pour autant la sortir de ses songes. Se redressant à contrecœur, Arsène empoigna son sac et son casque, sortit de la confrérie jusqu’à emprunter le chemin du parking.
Le temps était encore plus pourris qu’il ne l’avait imaginé, car non seulement il pleuvait, mais il ventait encore en plus. Le moral du jeune homme dégringola en flèche. Pénétrant l’entré de parking, il traversa plusieurs rangées de voitures jusqu’à parvenir à son bolide, un deux roues qu’il entretenait assez pour la garder encore longtemps. Une moto de couleur noire, équipée seulement du nécessaire qu’il avait réussit à se payer au bout de deux ans de travail acharné à la boutique de mode. Empoignant le guidon, il retira la béquille, enfila son casque en soulevant la visière histoire d’y voir quelque chose et grimpa sur l’engin, prêt à démarrer. Il était en avance, de quoi s’acheter un milk shake sur la route non ? Après tout, il n’avait même pas prit le temps de petit déjeuner… Tournant la poignée de droite, le moteur rugit comme un lion avant de s’éteindre lamentablement. Le Franco-russe fronça les sourcils, quoi, elle n’allait pas lui faire le coup de la panne pile le jour où il devait être à l’heure ?! Agacé, il recommença et ce jusqu’à ce que enfin la moto veuille bien partir. Réajustant les rétroviseurs, il s’apprêtait à quitter les lieux lorsqu’une autre présence attira son attention. A l’origine, il était seul… Quelqu’un d’autre devait partir si tôt ? Il n’était que 8 heures ! Bon après tout, peut être. Il n’en resta pas là jusqu’à ce qu’il comprenne que cette fameuse personne le regardait intentionnellement. Quoi ? Un problème ?? Tournant son visage – ou plutôt son casque – vers elle il la toisa avec un certain mépris : Kendall… Qu’est-ce qu’elle lui voulait celle-là ? Après lui avoir valu un sacrée dispute avec Roxanne elle osait encore se pointer à ses côtés ? Il ne lui faisait plus confiance, d’ailleurs… Il ne l’appréciait même plus. Arrêtant le moteur de sa bécane d’un coup de main nerveux, il retira sa protection qu’il garda sous le bras, secoua ses cheveux aplatis d’une main et prit la parole :

« Qu’est-ce que tu m’veux ? T’excuser encore ? Je t’ais déjà dis que c’n’était pas la peine… Tu peux rentrer te sécher maintenant. »

Ah oui… Shiri, drôle d’histoire que celle-ci… Sauf que Kendall était complètement à côté de la plaque et c’est justement ça qui avait agacé le jeune homme… En effet, la Bêta au visage aguicheur avait fait un pari avec des amies – au moins aussi stupides – comme quoi elle devrait embrasser le premier Alpha qui passe… Or c’était évidemment tombé sur notre intellectuel préféré… Elle l’avait embrassé mais comme ça, sans même lui adresser la parole ni l’interpeler. Un tout petit baiser d’une demie seconde qui avait tout de même suffit à éveiller les soupçons de mademoiselle Walford. Depuis lors, Arsène avait d’abord été quelque peu outré par ce comportement jusqu’à ce qu’il apprenne à connaître un peu cette blondinette et qu’ils sympathisent. Il n’y avait rien entre eux… Et si Shiri ressentait quelque chose pour le Franco-russe, elle se gardait bien de le montrer. Non, en rien elle n’était sa maîtresse sachant que de toute façon, il était bien trop épris de la belle Roxanne pour aller voir ailleurs… Néanmoins, cette idiote de Kendall eut l’idée d’aller tout raconter à son amie Dickens afin qu’elle sache tout de même qu’une bitch tournait autours de son dandy. Sauf que ça, elle le savait déjà qu’une tonne de nénettes dans cette école rêvaient de mettre le jeune homme dans leur lits ne serai-ce que pour profiter de ses charmes au moins une fois pour ensuite viser quelqu’un d’autre. Inutile de le lui rappeler… Hélas, la mannequine était aussi extrêmement jalouse ! S’en était parfois maladif ! Ainsi, grâce à madame-je-sais-tout-et-je-fais-tout-bien-pour-out-le-monde, nos deux tourtereaux s’étaient pris la tête des heures durant, le petit prince tentant de ramener sa chère et tendre à la réalité des choses… Oui, il en voulait à cette cafteuse d’avoir faillit faire disparaître une idylle comme la leur… Oh mais il était aussi parfaitement conscient qu’elle s’en voulait ! D’ailleurs, elle avait tout intérêt à s’en vouloir ! Sauf qu’il n’avait pas envie de lui céder son pardon. Quelque chose l’en empêchait : la confiance. Il n’avait plus confiance en elle, ni même en ses excuses… Qu’est-ce qui lui certifiait qu’elle n’allait pas encore gaffer innocemment et reproduire une pareille engueulade dans le jeune couple ?

Arsène avait stoppé le moteur de sa moto et retiré son casque afin de jeter à son interlocutrice un regard froid et distant. Il écouta ce qu’elle avait à lui dire avec mépris tandis que sa main le démangeait de lui jeter sa protection crânienne dans la figure. Mais encore ? Donc elle était là, en train de se faire misérablement tremper par la pluie, à le supplier presque à genoux d’accepter ses excuses ? Et puis quoi encore ?! Décidément, Kendall avait du mal à comprendre ce qu’on lui disait… Malgré tout, elle n’avait pas affaire à un homme sans cœur et macho, plutôt tout l’inverse d’ailleurs… C’est ainsi que le petit russe décida de se dérider un peu et de lui accorder une chance… Il prit un moment de réflexion lorsque l’eau qui dégoulinait sur son visage albâtre lui rappela qu’il pleuvait et que c’n’était pas le bon moment pour s’enrhumer…

« Okay… Approche, ‘faut qu’on discute. »

Il la laissa se diriger vers lui et en attendant, remit en marche sa bécane avant d’ouvrir le coffre arrière et d’en sortir un second casque qu’il lui tendit :

« Montes, j’suis en avance de toute façon, on va se prendre un petit dej’ en ville ? » Lui demanda-t-il en esquissant un demi-sourire histoire de la décompresser un peu.

Il se replaça correctement sur son engin, attendit patiemment que la belle en fasse de même après l’avoir aidé à ajuster le casque qu’il venait de lui donner puis enfin ils purent partir vers la ville… Arsène n’était pas très prudent en moto et il roulait souvent trop vite. D’ailleurs, ses amis ne manquaient pas de le lui faire remarquer chaque fois qu’ils montaient à bord de la fusée en lui disant qu’à cette allure, il allait mourir avant 30 ans sous les roues d’un camion citerne. Enfin… Il n’y faisait pas tellement attention mais rit intérieurement en sentant les bras de son inviter lui enserrer fortement la taille. Ah, un peu peur peut être ? Okay il pleuvait, okay le trafic était carrément énorme mais, à force d’entraînement on arrive à passer entre les voitures à une allure constante… De temps à autres, l’étudiant déplaçait son rétroviseur histoire de voir si la jeune femme était toujours là et s’amusait de constater qu’elle était tout de même moins peureuse que certains de ses potes masculins.
Ils arrivèrent au centre ville en moins de 15 minutes et même, Arsène avait trouvé une place pour se garer juste en face d’un café qui leur offrirait de quoi ravitailler leurs estomacs. Tous les deux descendirent et le conducteur noua l’antivol avant de retira son casque tout en faisant signe à Kendall de retirer le sien et de le lui donner afin qu’il puisse le remettre à sa place. Finalement, ils pénétrèrent le fameux bâtiment et prirent place à côté de la vitre où ils pouvaient observer les rues inondées, la pluie s’écraser sur le bitume et les passants courir s’abriter. Le dandy retira son blouson qu’il fit sécher sur le siège derrière ainsi que ses gants puis remis en ordre ses cheveux foncés par l’humidité. Un serveur vint leur proposer le menu breakfast mais le garçon se contenta d’un café et d’un croissant. Il laissa son dos reposer sur la banquette, profitant de la chaleur du lieu puis enfonça son regard dans celui de la donzelle :

« On va faire simple : Ne te mêle plus jamais de mes affaires même si à tes yeux cela peut entraver mon couple, combien de fois et à combien de personnes vais-je devoir le répéter ? J’aime Roxanne plus encore qu’elle ne m’aime, je n’compte pas la laisser tomber aussi bien pour une groupie que pour une super chercheuse en biochimie. Tu sais au moins ce que ça m’a valu ton ragot ? Roxanne est super jalouse, tu devrais le savoir ça… »

Il n’avait pas parlé méchamment, juste franchement et sans hausser le ton. Au contraire, sa voix était grave, comme d’habitude, et mélodieuse. On apporta leurs commandes et Arsène versa son sucre dans son café avant de sourire à la jeune femme tout en apportant la tasse à ses lèvres :

« Enfin, je n’ais jamais été capable de faire la gueule longtemps à quelqu’un… Je suis trop indulgent pour ça. Mais, tu me le dirais par contre si un jour Roxy allait voir ailleurs sans m’en informer ? »

Arsène se remémorait encore la dispute que l’écart de Kendall lui avait value… Il avait bien cru que son souple allait en être détruit, et tout ça pour quoi ? Pour un ridicule petit baiser que lui-même n’avait même pas voulu et encore moins vu passer. Oh ça il lui en voulait, à cette jeune femme… Il lui en voulait même beaucoup. Mais il n’était pas de ceux qui préfère la guerre aux discutions. Il n’était pas Mme de Merteuil confrontée à l’amoureux Vicomte de Valmont… Les liaisons dangereuses… Son histoire avec la belle Roxanne en était un véritable emblème. Comme quoi, la littérature peut s’avérer fort utile même dans les cas les plus désespérés… Arsène était fou amoureux d’elle, fou amoureux de cette fille que la moitié de l’école considérait comme une traînée, une pute de luxe, une geisha et j’en passe… Lui ne voyait pas ça… Il considérait sa beauté d’une part mais aussi son tempérament de feu qu’il régulait par la puissance de ses propres fonds marins. L’eau et le feu… La terre et la foudre… Deux antithèses, deux marginaux… Chacun à sa manière. Mais ça, comment l’expliquer à cette bande d’ignare ? Comme leur dire que l’amour ne se réduit pas à des baisers, à des caresses et à des mots doux ? Comment expliquer combien il est difficile d’adorer quelqu’un sans faire d’erreur. Mieux vaut en faire, le plus possible même… Ainsi vous saurez mieux que les autres quelles sont les limites à ne pas franchir. Qu’est-ce qu’elle en savait, cette Kendall ? Pourquoi avait-elle envoyé ce fichu SMS à sa maîtresse en plein bal de la Saint Valentin ? N’avait-elle pas mieux à faire très franchement ? Arsène fronça les sourcils à ce souvenir et planta directement son regard dans celui de son interlocutrice. Elle prétextait avoir déjà mangé et refusait autre chose qu’une boisson que le serveur apporta bien rapidement. « Mais Arsène, je n’ai pas dis ça à Roxanne pour te mettre toi dans la merde, la visée était Shirri, je la supporte pas, ce n’est pas de ma faute. Roxanne n’était pas sensé s’en prendre à toi, mais à cette pouffiasse ! Sauf que Roxy ne ferait jamais ça, elle n’est pas du genre, de plus, elle t’aime » Ayé, elle l’énervait à nouveau avec ses dires stupides prouvant au garçon qu’elle n’avait aucune matière grise ou du moins, qu’elle oubliait parfois de s’en servir. Ce dernier ravala sa grimace et encore plus son envie de lui balancer son café à la figure. Au lieu de cela, il se contenta d’afficha un large sourire orné de sarcasme et de reposer sa tasse sur sa coupelle en croisant ses bras contre sa poitrine. Il la toisa un moment sans rien dire lorsqu’un brutal coup de tonnerre dehors mit le feu aux poudres.

« Rappelles-moi, t’es dans qu’elle confrérie déjà ? « Débilicus profundius » ou « hors service » ? »

Il eut un rire jaune… Non décidemment, cette fille n’avait aucune idée de ce que son geste avait eut comme impacte ce soir là. Aucune ! Et elle semblait s’en moquer tant que son ami lui pardonne son geste. Pourquoi ? Pour pouvoir dormir tranquillement ? Pour se sentir mieux ? Dans tous les cas elle le faisait pour combler son narcissisme et son égoïsme et non pour véritablement entrer dans le cœur du Franco-russe qui fulminait de l’intérieure. Il reprit, d’un ton plus sec et cassant…

« Regarde ma joue pauvre cruche ! – il tourna son visage de façon à ce qu’elle puisse remarquer les écorchures qui s’y trouvaient encore – Voilà une petite partie de ce qu’a engendré ton petit message alors que nous étions tranquillement installés devant un film, au moment où je venais de lui dire que je l’aimais ! Tu comprends ça ?! T’as pas l’impression d’avoir franchement gaffé sur ce coup ? Pas l’impression d’avoir juste emmerdé ton monde ?! Tu ne m’as même pas demandé ce que signifiait le baiser de Shiri, tu n’as rien fait de logique ou de cohérant mas tu as foncé tête baissé comme toutes ces commères qui ne cherchent qu’à répandre des saloperies !! »

Il se recula sur sa chaise en inspirant profondément avec un air de mépris. Quelques personnes autours d’eux s’étaient retournées, intrigués par la conversation, mais très vite elles reprirent le cours de leurs occupations lorsqu’elles aperçurent le regard tranchant du jeune Parisien.

« Roxanne est on ne peut plus jalouse tu m’entends ? Elle devient rapidement folle lorsqu’il s’agit de moi. Tu ne dois pas ignorer qu’elle a eut mal, l y a longtemps de cela… Avec un certain Josh… Bref, à cause de ça, mademoiselle s’est renfermée et a décidé de devenir un véritable garage à bites ! Or maintenant qu’elle est avec moi, elle veut reprendre confiance, elle veut être soulagée et pouvoir vivre sans craindre mon départ. Et toi, tout ce que tu trouves à faire c’est de lui raconter qu’une nénette vient de m’embrasser sans même chercher à comprendre ! Non mais qu’est-ce que tu crois ?! Que je fais tout pour me montrer incorrecte ? Que je ne cherche qu’à la blesser ? Que je ne l’aime pas ?? Merde j’ai même plus le droit de saluer mes amiEs avec vous j’hallucine ! »

Il posa fébrilement sa main sur son casque et tenta de se calmer un peu en fermant les yeux… Ras-le-bol de ces petites chieuses au QI inférieur à celui d’une poule qui passaient leur temps à observer le moindre de ses faits et gestes à la recherche d’un scoop…