Comme à son habitude, après son cours d’Art Plastique, Arsène descendait les marches en sautillant et en bousculant les rares utilisateurs du moment sans même faire attention à leurs insultes avec sous son bras sa pochette customisée et quelques ustensiles qu’il n’avait pas encore perdu. Non pas qu’il ne soit pas soigneux de ses affaires… Disons surtout qu’il était un peu tête en l’air et qu’il avait tendance à quitter un endroit sans les emmener avec lui. Mais passons… Il sifflotait une chanson à la Walt Disney (c) (c’était toujours les premières qui lui venaient à l’esprit avant d’enchaîner sur une symphonie de Beethoven) et, habillé d’une chemise blanche surmontée d’un gilet bien trop grand pour lui mais pourtant qui lui seyait à merveille avec contraste blanc/noir ; d’un jean usé qui sentait l’acrylique avec aux pieds d’originales chaussures d’écolier/Lycéen japonais et autours d’un cou un foulard rayé immaculé. Ses cheveux un peu trop longs à son goût et éparpillés en bataille tout autour de sa nuque lui donnait pour ainsi dire, un air négligé tout à fait adorable sans qu’il en fut voulu ainsi… Rapidement, le jeune homme tourna à gauche, puis à droite puis une nouvelle fois à gauche afin d’atteindre une rangée de casier parmi lesquels se trouvait le sien. Il ralentit le pas le temps de fouiller dans sa poche afin d’en ressortir un petit trousseau de clefs qu’il fit voler en l’air le temps d’atteindre le bon numéro puis, ceci fait, put enfin ouvrir le bon compartiment.
Au même moment, son ventre gronda, aucun doute là-dessus, la faim se faisait savoir et son estomac réclamait au moins un double cheeseburger avec triple ration de ketchup et une portion de café bien sucré. Il sourit à cette pensé gourmande lorsque le bruit sourd d’un poing frappant jusqu’à côté de sa tête sur le casier de droite le sortit de ses rêveries…

« Alors le p’tit Russe, tu t’occupes pas de tes brebis aujourd’hui ? C’est papa qui va pas être content… »

Ça… C’était un boulet de seconde zone qui s’amusait à interrompre Arsène au moins une fois dans la semaine, à croire qu’il n’avait que ça à faire. Pourquoi ? Aucun idée… Peut-être avait-ce un lien avec le fait qu’il lui ait renversé l’intégralité de sa limonade bleu chimique sans faire attention en début d’année. M’enfin… De toute manière, l’étudiant commençait à avoir l’habitude c’est pourquoi il fit volte face pour se retrouver nez à nez avec un grand gaillard d’au moins une demi-tête de plus que lui.

« J’me disais bien aussi que ça sentait bizarre… » Lança-t-il ironiquement en grimaçant légèrement.

Son interlocuteur paru surpris de cette réponse et empoigna brutalement le Franco-russe par le col pour le plaquer contre le casier faisant vibrer l’intégralité des cloisons et s’en aller une élève qui allait ouvrir son compartiment.

« Tu déconnes ? Tu sais à quel âge je l’ais entendu pour la dernière fois celle-là ?? Tu t’prends pour un rebelle c’est ça ? Tu crois que c’est avec tes crayons que tu vas démonter un type comme moi ? Si t’as l’intention d’avoir des ennuis et bien c’est plutôt bien parti Von Gergavda ! »

« Gergiovden. »

« COMMENT ??? »

« C’est… Von Gergiovden mon nom. » Repris malicieusement le jeune homme en tentant de toucher le sol du bout de ses chaussures.

« Pauv’triso… » Finit par cracher le killer en laissant tomber tel un vieux sac à patate l’étudiant qui ne fit pas tellement l’effort de se rattraper non plus.

Il les regarda s’éloigner tous les trois, toujours les fesses sur le carrelage avant de se redresser à l’aide de ses bras. De nouveau face à son casier il reprit comme s’il ne s’était rien passé en songeant à ce qu’il allait bien pouvoir manger pour calmer sa faim. Il ne mangeait pas souvent… Une fois par jour à peu près, mais quand il mangeait c’était hallucinant O_O Ou alors, il mangeait tout du long de la journée mais en petites quantités de choses diverses et variées.

« бедные дурак, остатки используются презервативы и трехместные чесноком колбасу я научить его заниматься меня, он посмотрел, по крайней мере? morons порочных импотент и стерильные, плохой парень! » Murmurait-il alors tout bas en Russe comme multiples insultes destinée au glandu qui venait de lui faire perdre son temps tandis qu’il attrapait ses livres de psycho et sexologie.

Une carapace ? Lui ? Oh mais il n’en avait même pas besoin. Les insultes tout comme ce genre de réaction lui glissaient dessus comme le vent. Il n’y faisait jamais attention et ça l’amusait presque. D’ailleurs, tandis que ces gars partaient, il riait intérieurement en les imaginant détaler devant une bête sauvage ou s’évanouir à l’accouchement de leurs futurs femmes. Ah… ça voulait faire le dur, mais ça n’en avait pas tellement les moyens. Mais passons… Il s’apprêtait à ramasser ses lèvres et cahiers tombés lorsqu’une main vint l’interrompre. Il crut d’abord qu’il s’agissait des boulets de tout à l’heure et voulut mordre dedans (geste enfantin, certes) quant une voix suivit le geste… une voix grave qu’il ne connaissait pas. Levant les yeux vers le plafond il se sentit alors ridiculement petit, lui, assis par terre avec ce géant qui le surplombait de son importante masse de chair. Comment ça ? Bien sûre que ça allait ! Pourquoi ça n’irait pas ? Il venait simplement de se faire déformer le col de la chemise par un sportif aux neurones inexistants et plaqué contre des casiers en métal pur et dur. Non vraiment, rien à redire sinon qu’il était un peu fâché à l’idée que son jean serve de serpillère au carrelage sur lequel il se trouvait avachis tel un pantin désarticulé. Son regard bleuté suivit l’index parmi les doigts qu’on lui présentait pour remonter sur la main, une veine saillante de l’avant bras, l’épaule, la clavicule et enfin, la jugulaire jusqu’à ce que son champ de vision atteigne le visage de son interlocuteur. Il était grand, plus grand que lui en tout les cas… Bien battit de toute évidence et blond. C’était tout ce qu’il pouvait apercevoir pour le moment…

« Oh ! Ce que je trouve le plus pitoyable, c’est que même les chèvres n’ont pas un comportement aussi agressif et primaire envers leurs semblables. Ça craint. » Répondit complètement à côté le jeune Russe en s’appuyant sur ses genoux.

Ignorant l’aide de l’étudiant, il se mit à quatre pattes pour glisser entre les jambes de ce dernier afin d’attraper les dernières feuilles qui s’était éparpillées un peu plus loin. A le voir, on aurait dit un enfant insouciant de sa réputation et complètement décomplexé. En vérité, Arsène n’en avait rien à faire si ça ne se faisait pas de ramper entre les jambes de quelqu’un pour passer, il ne savait même pas que c’était impoli. Cependant, la phrase Russe attira son attention… Ainsi cet homme apprenait la langue de son pays natal ? Oui… En ce cas il avait dût comprendre les insultes de tout à l’heure… Le Parisien ne rougit même pas à cette pensé et aucun honte ne vint troubler son réassemblage de paperasse. Accroupi en plein milieu du couloir il ne semblait même plus prêter attention à son interlocuteur courtois. Du moins… En apparence… puisqu’il fallut quelques minutes avant qu’il n’ouvre une seconde fois la bouche :

« Eurkk… Quel accent ! On dirait un ornithorynque qui essaie de parler la girafe. » Lâcha-t-il comme ça, sans plus de cérémonie un sourire amusé aux lèvres.

Puis il se releva intégralement, ses livres et ses papiers plaqués contre sa poitrine. S’approchant lentement de l’autre étudiant il planta directement ses yeux d’un bleu pâle dans les siens et le dévisagea sans gêne.

« Arsène Von Gergiovden, enchanté. » Reprit le petit Russe en tendant furtivement sa main à l’intéressé.

C’est alors que le plus épais bouquin qu’il tenait s’échappa de son emprise pour s’écraser lourdement sur le pied d’Allan. Arsène abaissa son visage pour le regarder terminer sa course de nouveau par terre puis le releva, le plus sérieux possible cachant tant bien que mal son envie de rire.

« ça… ça doit faire mal. » Murmura-t-il alors en esquissant un tout petit sourire.

Ah oui ? Cela faisait mal ? Allons bon ! Ce n’était qu’un livre de psychologie comportant 299 chapitres de chacun au moins 15 pages ! Arsène reprit bien vite ce même livre que le dénommé Allan lui tendait et le replaça rapidement avec les autres sans même le remercier ni lui accorder un regard. Oh il ne fallait pas le prendre mal, c’était sa façon d’être tout simplement. La petite sourie chapardeuse, le rat qui court, le koala qui dort bref… Une véritable attraction humaine. Il plaisait… Ou il ne plaisait pas. Qu’elle importance ? On ne vit pas sur les jugements des autres ou dans ce cas, c’est que nous sommes bien artificiels… Tous ces gens qui portent un masque, tous ces gens qui veulent se faire passer pour les personnes qu’ils ne sont pas dans l’espoir d’être accepté. Tout ça par évidemment d’un bon sentiment… Ne pas être mis à l’écart est toujours agréable, mais si c’est pour se retrouver à jouer la pouffe alors qu’on est en vérité timide et réservée… voilà qui peut s’avérer frustrant. Arsène ne jouait pas ce jeu du miroir ou de la comédie. Il était – trop – franc, maladroit, impoli – parfois grossier – mais gentil et il assumait parfaitement sa personnalité. Cela faisait 3 ans qu’il était dans cette université et jusque là, il s’en sortait plutôt bien. Beaucoup enviaient cette intégrité dont il savait faire preuve, voilà pourquoi certain se sentaient obligés d’aller l’embêter un peu… D’où les macaques de tout à l’heure.
Le jeune homme n’avait pas changé de place ni même bougé d’un pouce même lorsque son interlocuteur se retourna pour aller farfouiller à son tour dans son casier. Il le regardait faire comme il aurait regardé n’importe qui. C’était amusant de voir les plis de sa chemise se faire et se défaire sous l’impulsion de la musculature en dessous à chaque mouvement de l’étudiant blondinet. Cela lui faisait toujours penser aux mouvements des corps qui s’enlacent et se délacent pour s’embrasser de plus belle. Et sur cette couleur rouge qui plus est, c’était la passion qui reluisait. Mais voilà, encore une fois c’était l’indiscrétion de son œil de dessinateur qui parlait pour lui. C’était affolant comme il pouvait passer du coq à l’Âne sans même s’en rendre compte. C’est alors que Mr Von Gergiovden prit conscience qu’on lui avait posé une question…

« Hein ? Woh hey ça va hein, t’es plus grand que moi on est d’accord, mais j’passe ma troisième année sciences humaines ici. Je suis ton aîné, respect SVP. » Lança-t-il d’une traite en grimaçant.

Non mais ! Voilà qu’on le prenait pour un gamin de première année ? Tutut ! Il avait eut le BAC avant tout le monde oui oui, mais un an seulement, et puis 1M85 ça n’était pas petit. Passons. Il se mordit un ongle en levant un sourcil étonner en voyant Mr Closer s’interrompre, figé comme par quelque chose, une découverte. Vaguement intéressé, Arsène tenta une approche futée et en moins de temps qu’il fut pour le dire, se retrouva juste derrière la statue humaine.

« Une lettre d’amour ? Un mot doux ? Un paquet de chocolat ? C’est vrai que c’est Noël, tu dois avoir la tonne d’admiratrice qui t’envoie des fleurs Ahah ! Non franchement moi je trouverais ça chi… Hé ? Qu’est-ce que t’as ?o_O »

Huhum… En vu de l’effondrement du colossal homme de granite, le jeune Russe songea alors à se demander s’il ne s’agissait pas d’autre chose de moins agréable… Il n’allait tout de même pas faire un infarc’ pour une simple boîte de caramels ??? De quoi ? Des… Des quoi ? Ah des pilules ! Oh mais, c’est qu’il était en train de tourner de l’œil celui-là ! O.O

« Hein ? De… Hééééé ??? :O.O: » Balbutia Arsène en laissant tomber à nouveau l’intégralité de ce qu’il avait ramassé.

Il se jeta alors vers le casier de monsieur-j’suis-en-train-ce-creuver-dans-l’couloir-la-gueule-ouverte et se coinça le doigt dans la porte en voulant l’ouvrir puisque celle-ci rebondit sur le casier d’à côté pour se refermé aussi vite. Le garçon se reteint de pousser un cri de douleur et au lieu de ça se mordit la lèvre inférieure pour finalement tirer de ces fichues étagères un flacon rempli de pilules rouges. Maladroitement il s’accroupis juste à côté de l’agonisant et ouvrit l’objet à la hâte pour le retourner dans sa main faisant par la même occasion tomber presque tout le contenu de la petite bouteille dans sa paume et sur le sol mais c’était bien là le cadet de ses soucis. Il en attrapa un, souleva la tête d’Allan (Ouh que c’est lourd une tête >_<) et le contraint à avaler ce fichu médicament en le lui mettant directement dans la bouche.

« Euh…C’est bon tu peux avaler ? Nan parce que ça je regrette mais… ‘Fin y’a qu’toi pour le faire quoi ! Youhou tu m’entends ?? Hey t’es mort ??? Oh my fuckin’ god Ô_Ô Je l’ais tué ????????? Allaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan !! » Bafouilla le Parisien en secouant les épaules du malade avant de lui coller une tarte.

C’est alors que son regard se colporta sur la photo qui avait planée juste sous la semelle de sa chaussure droite. Sans se douter de ce qu’il allait voir, il la ramasser et la plaça sous ses yeux qui s’écarquillèrent du même coup.

« QUÔÔAAA ?? Mais c’est… Mais c’est crado ma parole !! » S’indigna-t-il en la jetant derrière lui, quelque part… Là où il n’en entendrait plus parler. « Hey ? C’est un montage hein ? Hein dis, Vous faites des trucs aussi moches dans cette Université ?? Bon Allan j’te cause quand même là. »

Plus un mot, le soutenant toujours à l’aide de ses bras il attendait la moindre réaction.

Tout va b… ??? Oh ouiiii… Mais oui voyons, monsieur venait de tomber dans les pommes on ne sait trop pour quelle raison en réclamant en son dernier soupire ces fichues gélules rouges puis reste inanimé 5 minutes sans bouger et sans ouvrir les yeux comme un cadavre en putréfaction mais à part ça rien de grave ! Arsène tu t’inquiète vraiment pour rien. Sincèrement, qu’il s’agisse d’une maladie génétique ou vénérienne, le jeune homme n’en avait rien à cirer, tout ce qu’il voyait lui, c’était qu’il venait de sauver la vie d’un garçon qu’il ne connaissait même pas mais surtout, que s’il n’avait pas été assez rapide, ce serait un corps sans vie qu’il tiendrait en ce moment même dans ses bras. Ravalant sa salive il se reteint de frapper à nouveau Allan pour avoir osé lui faire une telle frayeur. C’était assez familier d’accord, mais imaginez-vous un peu à sa place ! Qui plus est, il avait vu quelque chose qu’il aurait préféré ne jamais regarder. Cette photo… C’était pire que du porno. C’était carrément du sadisme pur. De plus, il portait ce même homme là, tout de suite, celui qui était sur l’image, nu et dans une position vulgaire. Quant aux écritures qui se trouvaient dessus… La stupidité, la naïveté et le crétinisme de certain n’avait aucune limite. Ces gens-là pouvaient rire tant qu’ils voulaient… Ils n’en demeuraient pas moins plus bas que Terre. Mais ça n’était pas pour autant qu’Arsène éprouvait de la pitié pour l’étudiant de 18 ans, à l’inverse, il avait bien envie de le laisser par terre en lui gueulant de continuer comme ça s’il voulait finir vieux garçon.

« Que tu sois gay j’m’en tape tu vois, d’ailleurs, je ne suis sûrement pas le seul. Gay, Hétéro… Qu’elle différence ça fait ? Tout ça c’est dans les mœurs… Si l’homme avait aimé les hommes depuis le début, alors aujourd’hui nous devrions huer les couples hétéros… Pis merde estime-toi heureux quoi ! C’est pas comme si t’étais… J’sais pas moi… Zoophile et que tu couchais avec des vaches !! »

Il redressa un peu plus son interlocuteur qui commençait à glisser de sa poigne et en profita pour lui secouer un peu les neurones… Il semblerait qu’il en eut besoin… Sur ce il reprit de plus belle d’un ton presque agressif, hors de lui :

« Moi tout ce que j’vois c’est que tu t’apitoies carrément sur toi-même, et ça c’est nawak’ ! Tu dis en avoir rien à cirer de ce que les autres pensent de toi mais si t’avais un peu plus de personnalité, p’têtre que tu tomberais pas dans des situations pareilles ! Alors si t’en as marre de te faire… Voilà quoi, tu t’lèves, tu respire un grand coup et tu cris : FIGHTING !! »

Ah oui… Arsène n’avait pas que des mauvaises idées. Il savait aussi remettre les gens à leur place quand il le fallait. Cet Allan lui apparaissait tout mou, sans force de caractère. Oh que si il devait en avoir pour assumer son homosexualité aussi ouvertement, mais visiblement pas assez pour assumer jusqu’au bout. On a tous droit à des moments de faiblesses, mais si on reste dans le noir, on ne risque pas de trouver la sortie… Et plus on y reste, plus on oublie où se trouve l’interrupteur pour éclaircir tout ça. Mais bon… Le Parisien soupira un coup et ferma les yeux. Il lâcha Mr Closer et se redressa en tapotant son jean histoire de se débarrasser de toute cette poussière. Il retira alors son foulard qu’il renoua ensuite plus proprement puis s’inclina pour ramasser une énième fois ses affaires. C’est en attrapant le premier bouquin qu’il se souvint de sa blessure au doigt qui le lança à nouveau. Inutile d’en avertir la galerie, surtout quand la seule personne aux alentour vient de frôler la mort xD.

« ‘Fin bon, t’façon tu fais ce que tu veux hein, moi j’ai rien contre les garçons qui aiment les garçons ou les filles qui aiment les filles, j’que j’comprends pas trop trop c’est votre façon de vouloir paraître fort alors qu’au fond, vous êtes tous plus fragiles que les ailes d’un papillon. C’est un peu bête parce que y’a rien de honteux à dire qu’on ne se sent pas bien. Moi en tout cas j’le dis et même si tout le monde s’en fout j’le dis quand même ! Genre là j’ai mal au doigt, j’te l’dis et j’vais à l’infirmerie héhé (ouille). »

Fermant définitivement son casier il remit les clefs dans sa poche, renvoyant ses cheveux en arrière puis se tourna vers Allan.

« Désolé pour tes gélules… Je les ais un peu éparpillées. Et puis tiens – il lui tend la fameuse photo – garde-là moi je n’en veux pas. »

Responsable ? Responsable de quoi ? Ah ! De ce petit pincement de doigt ? Tu parles ! Ça n’était rien du tout, simplement que le jeune homme ne voulait pas que ce rien du tout devienne un panaris douloureux. Rien de pire que le panaris pour un dessinateur. Et s’il disait ça, c’est que ça lui était déjà arrivé… Essayez donc de tenir un crayon quand la moindre pression sur un doigt vous donne envie de le foutre dans le mixeur histoire de s’en débarrasser définitivement. Enfin, Arsène haussa les épaules et laissa l’étudiant de première année l’accompagner jusqu’à l’infirmerie qui n’était pas si loin. Il ne disait rien, ses livres serrer contre lui pour ne pas avoir à encore les ramasser (si ça continuait à ce rythme, il ne pourrait plus les utiliser d’ici le fin de l’année et encore moins les revendre.) Il réfléchissait surtout… A un problème de Maths qu’il n’avait pas eut le temps de résoudre encore et qu’il devrait faire d’ici avant 15 heures. Il avait le temps, surtout que les mathématiques n’avaient plus aucun secret pour lui… Enfin si, des milliards mais ça ne compte pas, on parle des maths universitaires.
Les deux hommes tournèrent à gauche et c’est là que les lumières révélèrent leurs ombres. Celle du jeune Russe était plus petite… Ah c’est vrai, ce gars était décidemment un géant ma parole ! D’habitude, il n’avait pas à se plaindre de sa taille au contraire, il est parfait dans le sens où il ne se paye pas les hauts de portes mais se trouve toujours plus grand que les filles. Sauf que là, ça dépassait des limites. Fronçant les sourcils à la blagues d’Allan il songea directement au fait que, de toute manière, lui était laid et que ça n’était pas demain la veille que l’on viendrait le violer derrière une poutre et de plus… Les Gays sont comme tout le monde et ne sautent pas sur n’importe qui.

« Bof… Fais ce que tu veux, mais si tu tiens à tes bijoux de famille, fait quand même attention. » Répondit le Parisien d’un ton ironique en tournant son visage albâtre vers celui de son interlocuteur.

Leur marche continuait… Plutôt silencieuse si ce n’est que le pas irrégulier d’Arsène rendait les choses plus distrayantes. Il aimait bien un coup trottiner, un coup marcher lentement puis plus rapidement etc… ça l’amusait tout simplement. Tout comme le truc du « fighting », évidemment que ça ne marchait pas… Sauf chez les gens à l’imagination débordante et pour qui il en faut peu pour les remettre d’aplomb. Lui et sa meilleure amie le faisaient chaque fois qu’ils allaient débuter un examen ou qu’il fallait passer une compétition de sport. Bref, à chaque défit c’était leur rituel.
Enfin ils arrivèrent devant la porte de l’infirmerie qu’ils ouvrirent, une infirmière vint directement s’adresser à eux et sembla naturellement amusée par l’écart de taille entre les deux étudiants sachant que le plus petit était l’aîné de deux ans tout de même.

« Houlà, qu’est-ce qui vous amène encore Mr Von Gergiovden ? Indigestion ? Trop mangé ? Encore une porte en pleine poire ? A moins que vous n’ayez glissé sur un caillou en sortant du réfectoire. »

« Oh mais oh ! Faites pas comme si je venais toutes les semaines, j’passe pour un crétin maintenant (c’était pas déjà fait ? xD) nan en fait je… Hem… Me suis coincé le doigtdans mon casier… » Répondit le Franco-russe en montrant son index endolori.

Il était facile de remarquer le rire étouffé de l’infirmière qui s’en alla dans l’autre pièce en leur demandant d’attendre 5 minutes le temps qu’elle aille chercher les pansements et qu’elle réponde au téléphone.

« No prob’… » Marmonna Arsène en s’asseyant sur le table d’auscultation et en commençant à balancer ses jambes dans le vide. Son regard parcouru d’abord l’intégralité de la petite pièce blanche jusqu’à se poser sur Allan qu’il dévisagea à nouveau.

« Quand même… ça doit faire mal de faire l’amour avec un homme non ? » Murmura-t-il de loin sans la moindre parcelle de méchanceté.

Encore une fois c’était sa naïveté qui parlait, sans savoir que cela pouvait être vexant.