Dans la vie, nous n'avons que deux seules grandes missions : faire des erreurs et apprendre de nos erreurs. J'avais réussit, à New York, à apprendre de plusieurs de mes erreurs et par le fait même, en faire plusieurs autres. Quand on essaie d'arranger les choses, mais que nous sommes déjà au point de non-retour, alors il est très difficile de retourner sur le droit chemin. C'est ce que je considère être une erreur; le moment où on se rend tellement loin qu'on ne peut plus revenir et que ça nous emprisonne. On apprend alors de cet emprisonnement et c'est ce qui finit par nous rendre bien plus fort qu'au départ. Une des grandes erreurs que j'avais faite, là-bas, fut de ne pas m'assumer plus tôt. Dix sept ans, c'est jeune. Surtout quand on se fait enlever celui qu'on aime à 20 ans... Si j'avais été plus fort et plus courageux, j'aurais pu tout lui avouer bien plus tôt qu'à dix sept ans et j'aurais pu vivre un peu plus de temps à ses côtés. Puis, une autre de mes plus grandes erreurs fut de ne jamais avoir réussit à affronter et à confronter mon père. Il ne m'a jamais respecté, il n'a jamais su m'écouter et me supporter comme un père doit forcément le faire pour son fils. À la place, il avait préféré noyer sous l'alcool ses regrets d'avoir un fils aussi compliqué que je le suis. Et aussi gay que je le suis. Si j'avais pu, je lui aurais tellement dit ses quatre vérités et j'aurais fait du reste de sa vie un vrai enfer, comme il l'a fait pour moi depuis le décès de ma charmante et magnifique mère. Pourquoi c'est lui qui devait conduire, ce jour-là ? Si ça avait été ma mère, c'est lui qui se serait fait écraser par la voiture frappant à plein fouet la porte du côté passager. J'ai encore de la difficulté à croire tout ce qui a pu se passer en si peu de temps, depuis que ma mère n'est plus là. Dix sept ans, c'est jeune. Surtout quand on se fait enlever celle en qui on a tellement confiance depuis notre naissance. Elle, elle a toujours cru en mes rêves et en mes passions. Mes passions étaient les siennes et mes peurs devenaient les siennes. Lorsque je lui avoua avoir des sentiments pour Josh, quelques mois avant l'accident, elle me mentionna qu'elle s'en doutait, qu'elle l'avait remarqué depuis quelques temps et que pour rien au monde ça changerait la vision qu'elle avait de moi. Pourquoi a-t-il fallu que ce soit la plus compréhensive des deux qui partent en premier ? Mis à part le fait que nous n'ayons que deux seules missions ultimes pendant notre vie, je m'en étais fixé une troisième: réussir haut la main mes études en danse contemporaine. Ce n'était pas mon rêve, mais celui de Josh. Puis, comme je l'aimais et qu'il est décédé au suite du cancer sans même avoir pu s'inscrire à l'université de ses rêves –Berkeley–, je me fis la promesse de réaliser son grand rêve à moi seul. Honnêtement, maintenant que j'y repense, je ne me voyais pas faire autre chose que de la danse et je trouve que cette université est la mieux quoté dans le domaine des arts de la scène. Ça fait donc deux mois que je suis ici et que je m'y plais comme un petit prince. Je ne me serais pas vu marcher dans les traces horrible de mon père et de reprendre l'affaire familiale en devenant moi-même un avocat chez MORRISSON LAWYERS. Vraiment, ça, ce serait la pire des choses du monde entier.

Depuis mon arrivée ici, j'avais déjà fait beaucoup de chemin. Non seulement je m'étais fait de bon pote –dont un avec un petit plus–, mais j'avais aussi réussit à me faire pleins d'amies filles. Ça, ça n'avait jamais été un problème pour moi, mais je ne m'attendais pas à ce qu'elles soient tous aussi sympathique avec un petit américain bourgeois comme moi. Il y avait mon mentor de deuxième année qui m'apprenait à l'avance les numéros qui devaient rester strictement exclusif qu'aux deuxièmes du programme. On se voyait sur une base très régulière et j'adorais passer du temps avec elle, dans les locaux. Elle était magnifique à regarder et elle enseignait vraiment bien. J'avais aussi plusieurs bonnes amies de New York que j'avais retrouvé par pur hasard une fois arrivé ici. Dans ce cas-là, ça me surprend de voir que même si beaucoup d'eau a coulé sous le pont qui nous relit, nous avons encore beaucoup de chose en commun et c'est ce qui rend nos relations enrichissantes. Puis, il y avait Arizona. Magnifique Arizona. Elle et moi, on s'est rencontré lorsqu'elle avait intégrée l'association étudiante de danse de Berkeley. Elle avait eu besoin de quelques cours privés et j'avais su être disponible pour elle, sachant que la responsable de l'association avait entendue dire qu'un élève de première pourrait l'aider à être plus... douée ? On avait donc été jumelé ensemble et le courant passa tout de suite. Pendant environ un mois, j'avais été disponible presque à tous les jours de la semaine pour elle. On se voyait très régulièrement pour partager ce moment intime que nous procurait la danse corps à corps. Vous savez... C'était plus que ça. Quand on danse l'un près de l'autre, c'est tellement délicat et sensuel. À quelques reprises, même, mes mains se posèrent sur ses hanches et mes doigts parcouraient le long de son dos... Plus tard, au fil de nos rencontres, cette « liaison » devint un peu plus forte et on commença à échanger quelques baisers et se faire des caresses plus... passionnées ? Jamais nous ne sommes allés plus loin parce que je ne ressens pas l'envie ni le besoin de mettre le sexe en cause. C'est plus que ça, je dirais. C'est de l'attirance et du désir, mais pas pour le sexe... Uniquement pour elle et pour ses beaux yeux.

Elle avait quitté l'AES de danse, mais avait voulu continuer nos petites rencontres privés. Je n'avais pas pu refuser une si belle offre et j'étais tellement fier de pouvoir poursuivre son apprentissage. Elle était devenue réellement bonne, avouons-le. D'ailleurs, aujourd'hui, nous devions nous rencontrer vers dix sept heure pour se faire une petite séance. Je savais comment tout ça finirait et honnêtement, ça ne me posait aucun problème. J'étais donc arrivé, vers seize heure quarante, dans le local de danse qui nous avait été alloué par la régisseuse de l'AES. Je portais un jogging gris et un chandail à manche courte noir assez moulant. J'avais préparer une petite chorégraphie que nous pourrons facilement apprendre en moins de deux heures. Ce serait parfait et pas trop stressant. Je m'installa par terre, sortant mes feuilles de mon classeur et les éparpilla devant moi. Je les regarda avec attention lorsque j'entendis des pas venir vers moi. Je leva la tête et aperçu la belle Arizona devant moi, élégante, même dans cette tenue de sport. Je me leva, la serra dans mes bras et lui murmura à l'oreille quelques mots doux. Il faisait bon de la voir.
NATE | Tu es magnifique, comme d'habitude.

Ce n'est pas tous les jours qu'on vous offre l'opportunité de travailler en étroite collaboration avec une sublime jeune femme qui, avouons-le, danse aussi bien qu'elle marche. Même si Arizona est convaincu de ne pas être la meilleure danseuse, à mes yeux elle se débrouille très bien et ce sont tous les efforts qu'elle y met qui vont la rendre aussi loin qu'elle le désire. Ceci est valable pour tout, pas uniquement que pour la danse. Je pense que tous nos efforts finissent par être récompenser, un jour. Quand on étudie d'arrache-pied pour un interrogatoire de biologie et qu'on se retrouve avec un A+, je pense qu'à ce moment, nos efforts nous ont été rendus. Je pense que cette leçon s'applique à tout ce qu'on entreprend. Celui ou celle qui essaie continuellement de s'améliorer et d'avancer dans ce monde cruel qui est le nôtre finira forcément par s'en sortir plus gagnant que celui ou celle qui n’essaie jamais rien pour s'en tirer. C'est la loi de la vie et nous n'avons pas besoin d'un doctorat pour le comprendre. Elle était là, près de moi, déjà toute emballée à l'idée d'apprendre les nouveaux pas que je lui avais réservé. Je pense qu'elle ne sera pas déçue de ce que nous allions voir aujourd'hui puisqu'il s'agissait là d'une de ses demande spécial. Lors d'une de nos séances, elle m'avait présenté l'idée de faire un duo un peu plus élaboré, un genre de danse de couple. Quelque chose d'assez romantique, de solide et de... sensuel. Comme je suis un bon professeur et que je porte attention aux demandes de mes étudiantes –ah, et dire que là je parle vraiment comme un professeur !–, je m'y étais pris d'avance pour réussir à inventer un petit quelque chose qui saura lui plaire, je l'espère. Quand j'étais plus jeune, j'avais suivit des cours de danses en duo. Une session d'environ quinze semaines de danse à deux. J'avais donc appris un bon nombre de chorégraphie et surtout, beaucoup de techniques pouvant s'appliquer à toutes sortes de numéro comportant un danseur qui guide et un danseur qui se laisse guider. J'avais donc essayé de recréer un truc similaire à ce que j'avais appris, quelques années plus tôt. Je savais que ça plaira à Arizona et honnêtement, la seule envie que j'avais en ce moment était de lui faire plaisir. Ce n'est pas un comportement de mec amoureux, ne confondez pas la réalité avec les illusions. J'agis de la sorte avec n'importe qui, malgré qu'avec elle se soit bien différent. Nous entretenons ce que j'aime appeler une relation « inclassable ». C'est un peu plus intime que de simple amis, un peu moins sensuel qu'un vrai couple, mais ça n'a rien à voir avec de simple connaissances. C'est quelque chose de poussé, de détaillé, mais qui reste carrément dans le néant et dans l'indéchiffrable. Malgré le fait que nous ne soyons pas capable d'y mettre de nom, cette relation nous convient parfaitement et elle ne sème pas de doute entre nous. Tout est clair. Tout est parfait ainsi et c'est pour le meilleur.
ARI | Alors tu nous as prévu quoi de beau pour aujourd’hui ?
NATE | Eh bien, très chère. Tes souhaits ont été réalisés !
Dis-je en lui montrant les croquis qu'elle semblait déjà avoir zyeutés. Je savais qu'elle n'y comprendrait rien et c'était parfaitement normal. J'avais fait ses croquis de façon très rapide, voire même aléatoire, pour figurer un peu mieux les positions de chacun des danseurs, mais encore là, ça restait très vague et il y aurait toujours possibilité de changement et de laisser un peu notre imagination nous guider. À vrai dire, la base de cette chorégraphie était bien simple : le but principal était de faire une danse en quatre temps bien normal, mais ce sont les mouvements des deux danseurs s'y rattachant qui amène un tout nouveau cachet à la danse. Du coup, Arizona n'aurait pas de difficulté avec les pas puisqu'on en a déjà fait de nombreuses, comme celle-là. Ce sont seulement les autres gestes qui changent, la façon dont les bras se déplacent ou les jambes s'allongent. –les petites fantaisies, quoi.– Je ne voulais pas arriver avec une danse particulièrement complexe puisque nous n'avons que deux heures pour réaliser une telle chose et comme j'aime bien arriver avec du matériel nouveau à chaque rencontre, je ne voulais pas que cette danse s’étalent sur deux semaines.
NATE | Alors, c'est très simple.
Je me lève d'un bond, comme si j'avais eu des ressorts sous mes talons. Alors qu'elle est encore assise par terre, comme une adolescente si charmante, je lui tends ma main et elle la prend avec un certain empressement. Je la serre un peu entre ma main. J'aime bien sentir sa présence, c'est quelque chose d'essentiel quand nous sommes tous les deux. Le toucher, c'est un de mes sens favoris, je dois l'admettre. Elle se lève donc et vient se mettre tout près de moi, alors que nos corps commencent à former une position de danseur en duo. Je commence à faire les quelques pas et instinctivement, comme si ça s'était fait tout seul, elle suit le rythme aussi. Ce n'est pas mon qui guide, ni elle. Ce sont nos corps. Je lui souris, la tenant par la taille alors qu'elle a maintenant ses mains sur mes épaule. Et comme si j'avais toujours fait ça ainsi, mes mains vinrent se blottir dans le creux de son dos, la ramenant ainsi un peu plus près de moi. Nos visages sont tout près, mais je n'ai aucune envie de lui voler un baiser... Pas maintenant, pas tout de suite. Je fais glisser mes mains à nouveau sur ses hanches, mais elle garde sa position très près de moi. Rien de désagréable, avouons-le.
NATE | Il s'agit en fait de pas de base, comme ceux que nous avons vu au courant des dernières semaines. C'est pas compliqué. dis-je, à voix basse, comme pour ne pas brusquer le silence si paisible qui nous englobe. On fait encore ce mouvement deux ou trois fois avant que j'immobilise nos deux corps, d'un simple geste délicat dans son dos. Mais ce sont nos visages et les gestes que nous allons faire avec nos bras et nos mains qui ajouteront de la complexité à la chorégraphie. Ce sera un peu abstrait, mais ça rendra le tout très harmonieux. Tu me suis ?
Plongeant mes yeux dans les siens, attendant un quelconque signe de compréhension de sa part, elle hocha légèrement la tête. J'appréhendais un peu la suit de la chorégraphie, car elle pourrait bien prendre deux chemins : soit la sensualité et la douceur à laquelle je m'attendais un peu ou alors ce serait le truc un peu saccadé et irréfléchis qui rendra vite la danse qui au départ devait être agréable et romantique en quelque chose d'un peu plus difficile à saisir. Je ne voulais pas lui exiger de faire tel ou tel mouvement puisque je ne veux pas être celui qui demande les marques d'affections ou qui lui demande de faire ce qu'elle n'a pas envie. Elle est libre de choisir et je la suivrais dans ses choix, quoi qu'il en soit. Le but étant d'abord de nous amuser et de lui faire découvrir différente alternative à la danse contemporaine et moderne. Ce n'est pas la quête de la perfection ou une compétition. Tout cela doit rester dans l'optique d'une simple activité entre deux amis...