“...while finding true love was one of the most splendid things that could happen to you in life, finding a friend was equally splendid.” félix j. palma, the map of the sky

La répétition de vibrations à intervalles réguliers tira Ollie des bras de Morphée. Alors qu’il ouvrait péniblement les yeux, des douleurs lancinantes frappaient son crâne, lui donnant l’envie de se replonger sous la couette, dans l’obscurité la plus totale. Tentant de résister à la lumière du jour, il garda tant bien que mal ses yeux ouverts et déchiffra avec la plus grande peine du monde le message que Rosy venait de lui envoyer. Oui, un dimanche matin, il dormait. Du moins, c’était le cas jusqu’à ce qu’elle lui envoie ce message, Ollie se fendit d’un simple "Plus maintenant." Il reposa son téléphone et prit de longues gorgées de la bouteille d’eau qui se trouvait sur sa table de chevet. La bouche pâteuse, il regrettait désormais les excès de la veille. Entre consommation d’alcool dépassant la raison et manque de sommeil, la journée allait être longue et éprouvante suite à ce réveil imprévu et bien trop matinal. Merci Rosy. Le téléphone vibra à nouveau et Ollie ne put s’empêcher d’échapper un long soupir en lisant le nouveau message de son amie. Elle arrivait chez lui, sans même lui demander si cela ne dérangeait pas ou même s’il était tout simplement chez lui. Ollie ne prit même pas le temps de répondre à son message, il connaissait Rosy, ça ne servait probablement à rien. Il y avait de grandes chances qu’elle soit partie de chez elle au moment où elle avait appuyé sur le bouton envoyer. Se levant péniblement de son lit, Oliver se dirigea vers la douche. Il empestait encore l’alcool et la moindre des choses à faire était d’être propre lorsque Rosy arriverait. Pour elle mais aussi pour lui, pour ne pas se sentir crasseux. Une fois sous la douche, il se mit à regretter d’être sortie si tard la veille au soir. Il avait profiter des quelques jours de repos que la production avait accordé pour sortir avec ses collègues du cast. L’ambiance était plutôt tendue depuis l’accrochage de June avec Karl et Ollie avait voulu profiter de la situation pour arrondir les angles avec les autres acteurs de la série. Et alors qu’il redoutait que la soirée devienne rapidement pesante, tout s’était passé à la perfection, tout le monde avait déconné, oubliant tous les soucis qui pouvait polluer l’environnement sur le tournage. C’était bon de passer de tels moments, de voir que malgré tous les conflits, la bonne entente pouvait toujours perdurer si on lui donnait l’occasion de se manifester. Surfant sur cette vague de joie et de bonne humeur, il s’était laissé emporter par le mouvement et avait poursuivi la soirée jusqu’au petit matin, accompagné de quelques irréductibles pour qui le sommeil ne semblait jamais avoir d’emprise. Néanmoins, Ollie ne se faisait pas vraiment d’illusions, il savait pertinemment que dans une semaine, lorsque tout ce beau monde sera de retour sur le plateau de tournage, l’heure ne sera plus aux éclats de rire et au soirée jusqu’au petit matin. L’ambiance serait toujours pesante jusqu’à ce que la production prenne une décision au sujet de Karl. Ollie, lui serait toujours en porte à faux, couvert de louanges par June, secrètement détesté par Karl. Le bruit de la sonnette de l’appartement tira Ollie de ses pensées. A réfléchir, il n’avait pas vu le temps passé et le bout de ses doigts fripés témoignaient des trop longues minutes qu’il avait passé sous la douche. Prenant rapidement une serviette pour se sécher, puis se saisissant du premier caleçon qui lui tombait sous la main, il s’en alla ouvrir la porte à Rosy, qui devait probablement s’impatienter devant la porte d’entée. Une fois la porte ouverte, Ollie ne put dissimuler un léger sourire à la remarque de son invitée - ou plutôt de celle qui s’était invitée toute seule - avant de répondre sur un ton un peu moins détendu et un peu plus cassant. « Comme quelqu’un qui n’a dormi que quatre heures, fatigué. » Oui, s’il était toujours heureux de la voir, il n’oubliait par pour autant qu’elle était en partie la cause de la souffrance que son manque de sommeil lui causait. Mais en la regardant d’un oeil un peu plus attentif, il laissa échapper un rire franc et massif. « T’es venue jusqu’à chez moi en pyjama ? » C’était typiquement le genre de truc dont seul Rosy était capable, et c’était aussi pour ça qu’il l’appréciait autant. Si pendant un temps, il avait voulu aller plus loin que le stade de la simple amitié avec elle, elle lui avait vite fait comprendre que cela ne serait jamais possible vis-à-vis des sentiments qu’avait pu éprouver Mary-Jane - sa meilleure amie - quelques années auparavant. Alors Ollie s’était contraint d’accepter cette amitié. Au début, simplement par défaut, puis il avait finalement appris à vraiment chérir cette amitié, pour des petits moments comme ceux-là. « Ca va, c’est pas grave, je rattraperai mon sommeil cet après-midi. » répondit-il simplement à ses excuses, avant de répondre directement à la question qui suivit. « Etant donné que je dormais, tu ne peux pas déranger grand chose d’autre que mon sommeil non. » Ollie ne voyait pas vraiment où elle voulait en venir. A ses yeux, il n’y avait pas grand chose de plus important que son sommeil à l’heure actuelle, alors il ne voyait pas bien ce que sa venue pouvait déranger d’autre, un dimanche matin, si tôt. Puis, Rosy débarqua comme une tornade dans l’appartement, se précipitant dans la cuisine, décrétant qu’elle allait à faire à manger. La simple idée d’avaler quelque chose lui donna une envie de déglutir. Il avait encore l’alcool ingurgitée la veille sur le ventre, la seule chose lui faisant envie était de l’eau, un torrent d’eau. « C’est pas la peine Rosy… » Elle ne semblait pas vraiment l’écouter, et poursuivit dans sa lancée, lui demandant ce qu’il voulait manger. Rien, rien, rien. Il soupira longuement avant de lui adresser à nouveau la parole. « J’ai pas faim… Mais si tu veux, je dois avoir des oeufs et du bacon dans le frigo. » Pourvu qu’elle ne se mette pas à cuisiner pensa-t-il. Les odeurs du bacon et des oeufs lui donneraient assurément une envie de vomir accrue et il finirait probablement la matinée au toilette, la tête au fond de la cuvette, à régurgiter tout ce qu’il avait consommer la veille. Il se dépêcha donc de changer de sujet, la questionnant sur la raison de sa venue ici, avec ironie. « Qu’est-ce qui t’amènes de si bonne heure ? Je te manquais tant que ça ? Avoue-le, tu ne peux plus te passer de moi. » C’était un petit qu’il avait mis en place unilatéralement depuis qu’elle avait refusé ses avances. Il s’amusait à la chercher à ce sujet, à enchaîner les sous-entendus sur le fait que lui aussi lui plaisait, il en était persuadé. Prenant deux tickets qui traînaient sur la table basse du salon, il les regarda avant de les tendre à Rosy. « Tiens, j’ai deux places pour une avant première ce soir si t’as rien de prévu. » C’était un des traits de caractère principal d’Ollie, il ne supportait pas d’être seul. Alors maintenant que Rosy était venu le voir si tôt, elle allait devoir assumer et lui tenir compagnie jusqu’au soir, c’était non négociable.