Mains dans les poches, debout sur le trottoir j’attendais tranquillement qu’Alice sorte du bâtiment situé juste en face de moi. Elle m’avait envoyé un message plus tôt tandis que j’étais encore au travail, apparemment elle avait envie de sortir, alors en quelques messages on avait fini par en conclure que je viendrais la chercher chez elle. Les sorties, c’était mon truc, je n’aimais pas rester enfermé à moins que ce soit pour une soirée enfermé à m’en mettre plein le nez. Cependant, cette dernière option ne collant pas du tout avec mes efforts pour garder la tête hors de l’eau, je sortais la plupart du temps. Mais ce soir, étant donné que je serais avec Alice je devrais faire un minimum d’effort. Alice me semblait assez posée donc j’étais assez calme en sa présence. Pas trop d’alcool ni de drogue, je doute qu’elle aurait apprécié. Quoi qu’il en soit, cette soirée allait au moins me changer les idées et la présence d’Alice était toujours agréable.

En parlant de la jeune femme, la voilà qui arrive vers moi. Comme à son habitude elle était parfaitement apprêtée. Cela faisait quelques temps déjà que nous ne nous sommes plus vu ni parlé, elle avait fini par ne plus donner aucune nouvelle et courir après les femmes, ou les gens en général, c’est vraiment pas mon truc alors je n’avais pas cherché à en avoir plus que ça non plus. Je lui adressais un sourire lorsqu’elle fut d’avant moi, quand même satisfait de passer un petit moment avec elle. « Et toi ? Ravi de voir que tu es toujours en vie, Williamson ! » Je me mis à rire rapidement suite à ma remarque, mais elle restait quand même un petit pic adressait à Alice au sujet de sa disparition. Il fallait se douter que je dirai quelque chose là-dessus, maintenant ou plus tard dans la soirée, mais autant commencer d’entrée. Je ne me serais pas permis de lui dire quelque chose sur son manque de nouvelles si je ne fréquentais pas son frère. Dans le cas présent, je savais qu’Alice allait très bien, il arrivait à son frère de s’en plaindre clairement, comme quoi tout roulait pour elle, elle était juste occupée. L’entente entre le frère et la sœur n’était pas top d’après ce que j’avais pu apprendre, des deux côtés. De mon côté j’étais plus ou moins partagé entre les deux, Aiden était un collègue de travail ainsi qu’un bon amis tandis que je m’entendais aussi très bien avec Alice. J’avais plus tendance à me ranger de son côté, je devais bien l’admettre. Mais pas sûr que j’étais très très objectif face à une jolie femme. C’aurait été quelqu’un d’autre, je n’aurai peut-être pas pris la peine de répondre à ses messages et encore moins de passer une soirée avec, du moins jusqu’à que je le décide, mais c’était Alice. Et je voulais aussi voir ce qu’elle allait me dire à ce sujet. « Rassure moi, c’est pour moi que tu t’es faite aussi belle ? »

Après lui avoir adressé un sourire amusé, j’exerçais une petite pression de la main dans le bas de son dos pour l’inviter à me suivre jusqu’à ma voiture garée un petit peu plus loin. Généralement je n’utilise jamais de taxi à moins de savoir que je vais rentrer complètement bourré, dans ce cas le taxi est non négociable. Sinon j’aime avoir mon propre véhicule, j’aime trop conduire pour abandonner complètement cette idée. Sachant que j’allais passer la soirée avec Alice, je rentrerais sobre. Après avoir déverrouillé la voiture, j’accompagnais la jeune femme jusqu’au côté passager avant d’ouvrir la portière pour la laisser entrer. « Mademoiselle. » J’abusais volontairement, c’était pas mon genre à la base d’ouvrir la porte de la voiture à une fille et tout ça, les filles ont des bras comme tout le monde, elles sont censées pouvoir s’en servir. Mais je trouvais ça marrant. J’avais toujours été naturellement prévenant avec Alice. Après avoir refermé la portière et fait le tour de la voiture pour prendre possession de mon siège. Ceinture mise, moteur allumé, j’attendais qu’elle mette sa ceinture aussi. Encore une chose non négociable. Avant de démarrer. « On va boire un verre, alors ? Ou deux ou trois, quoi. Pas plus ! » Puis je levais la main droite pour jurer que je ne boirais pas plus de deux ou trois verres, de son côté je suppose qu’elle pouvait en boire autant qu’elle voulait.

Avant de partir de chez moi j’avais pris soin de me poser un moment pour me détendre en fumant mon joint devant la télé. Un petit, juste de quoi entamer une bonne soirée dans le calme, mettre le stress de la journée de côté. Si j’avais pu être raisonnable, c’est bien parce que je savais qu’en rentrant je pourrais m’y remettre. Avec Alice, je ne voulais pas prendre le risque, je voulais qu’elle garde une bonne image de moi. Je me dis que ce n’est peut-être pas complètement honnête de ma part, mais d’un autre côté ce n’est pas comme si c’était un truc énorme et puis c’est pas le genre de choses qu’on raconte aux gens. En même temps, j’aimerai bien savoir qui ne touche pas à tout de nos jours. Quoi qu’il en soit, si je restais raisonnable avec Alice, c’est bien parce que je l’appréciais. Généralement je n’apprécie pas grand-monde, alors quand c’est le cas, autant que je prenne un minimum soin de la relation. Alors d’accord, je ne prenais peut-être pas soin de notre relation au point d’essayer de garder le contact avec Alice quand elle ne faisait plus cet effort là, mais je tiens aussi à ma relation avec ma fierté, quoi. En entendant ça remarque, j’hausse les épaules, comme si c’était sans importance. C’est toujours moins grave quand ça vient de moi. « Il parait que tu étais très occupée. » Je ne savais pas à quoi elle était très occupée comme je l’avais vaguement appris, mais j’espérais bien le savoir ce soir. Je l’écoutais me décrire son rendez-vous de ce soir, soit moi, j’affichais un air sceptique avant de lui répondre. « Tu aurais précisé un beau brun, j’aurai presque pu me sentir visé ! » J’avais insisté sur le beau. A mon tour de rire de ma connerie.

Alors que je prenais déjà la route pour nous rendre à destination en lui disant que nous allions boire quelques verres, je l’entendis me répondre qu’il lui faudrait peut-être une bouteille. Je me doutais bien que son travail pouvait être fatiguant et qu’elle avait besoin, comme tout le monde, de se détendre. Je n’y voyais aucune objection. Mais ce qui me préoccupait c’était son silence radio passé et son besoin de se détendre à présent. Je suppose que j’aime bien être tenu au courant de ce qu’il passe dans sa vie. Mais le but principal de ce soir étant de lui changer les idées, je n’allais pas poser trop de question, du moins pas maintenant. En plus les gens sont beaucoup plus bavards après quelques verres, c’est beaucoup plus simple. Mais je sais qu’on ne fait pas boire les gens pour obtenir des infos, c’est mal. Donc si elle voulait se bourrer la gueule, qu’elle se bourre la gueule, ça allait la détendre. Tant qu’elle ne finissait pas la soirée malade du moins, c’est tout de suite moins glamour. « Va pour une bouteille, c’est moi qui conduis ! » Que je sache, Alice et moi on ne s’est jamais bourré la gueule ensemble, d’un côté ça pourrait être marrant, puis d’un autre un petit peu moins. Moi, je préfère garder le contrôle de la situation.  Sur la route, même si j’avais toujours un petit peu tendance à trop appuyer sur l’accélérateur je savais quand même me modérer. Accélérer parce que c’est un plaisir, mais sans jamais en abuser. J’hochais la tête pour lui confirmer que j’avais une idée d’où aller, c’est pas les idées qui pouvaient me manquer, sachant que je passais pratiquement toutes mes soirées dehors, j’avais eu l’occasion de tester pas mal d’endroit. Avec Alice, j’opterais pour un endroit amusant et calme et où je n’ai peut-être pas trop fait de conneries, on ne sait jamais, un endroit dans lequel je vais rarement, en gros.

Arrivés sur place j’entrais accompagné d’Alice, dans le bar choisit pour l’occasion, il n’y avait pas de monde à s’en bousculer, l’endroit était assez classe et tranquille, le genre de lieu appréciable pour une soirée à deux. J’aurai pu songer à un endroit beaucoup moins respectable juste pour ennuyer Alice, c’aurait pu être fun et carrément mon genre, mais à croire qu’être avec elle me rend un petit peu plus sérieux. Un petit peu, seulement. Première chose à faire, ma routine, le rituel de début de soirée : direction le bar pour commander un verre. Une fois ça fait, nos verres devant nous, la soirée pouvait commencer. Je levais mon verre de whisky pour trinquer avec elle, toujours en abusant volontairement. « A ta réapparition ! » Même si je le disais sur un ton amusé, je reconnaissais avoir une légère tendance à être rancunier. Un légère. Après avoir trinqué avec elle, et apprécié ma première gorgée de whisky je me retournais vers elle. « Alors, ton frère m’a dit que tu étais débordée ? Vu son ironie à ce moment-là, il était ravi. » C’était ironique de ma part aussi. Je souris en terminant ma phrase, la guerre entre le frère et la sœur avait tendance à m’amuser tant qu’Alice n’en était pas trop touchée. Là, d’après ce que j’en savais c’est Aiden qui était agacé par Alice, alors sans savoir toute l’histoire je pouvais me permettre de trouver ça marrant.