L’été a beau être présent, ma gourmandise l’est tout autant. Nous savons tous, que nous les femmes, nous aimons faire une espèce de régime avant tous les étés. Ce n’est pas vraiment un régime. C’est juste notre façon de manger qu’on change. On fait encore plus attention à ce qu’on le met dans la bouche, juste pour avoir un beau ventre plat à la plage. Et cela même si on n’y va pas. Juste parce que l’été est signe de nudité, et on aime se savoir aussi belle que les autres femmes que l’on croise. Alors oui, ça fait bien quelques semaines que je fais attention à ce que je mange, mais aujourd’hui j’ai décidé d’enfreindre les règles. Je m’offre des donuts ! Et je n’en ressens aucune gêne. J’en ai tellement pas honte, que je me prends une boite de neuf. Neuf donuts que je vais manger évidemment, mais pas tous maintenant. Je vais en garder pour ce soir, et demain. Pour que mon plaisir ne dure pas si peu longtemps. Après, je me remettrais aux fruits, amen. J’ai décidé de passer mon été à New York, pour plusieurs raisons : m’éloigner de Las Vegas (ville de tous les péchés à mon goût), mais aussi pour en connaitre un peu plus sur cette ville dans laquelle je vais vivre la moitié du temps. Parce que oui, j’ai décroché ce job de professeur de mathématiques à l’université de New York. Je l’ai eu, et j’ai accepté, après de longues hésitations. Mais au fond je pense que New York est plus une ville pour moi que Vegas. Seulement je me suis endettée jusqu’au cou avec cette maison, alors je ne pourrais pas partir tout de suite de cette ville. J’y suis prisonnière. Je profite donc de mon séjour dans cette autre grande ville pour m’évader. Et si cela inclut de manger des donuts, alors allons-y. (…) Après quelques heures sous le soleil, je me retrouvais au Dunkin Donuts du Bronx. Personne n’y était, malgré que ce soit l’heure du goûter. Je ne vais pas me plaindre d’être la seule cliente et donc de ne pas avoir à faire une queue infernale. Je déteste attendre. Une fois à l’intérieur, je me poste devant le vendeur, pour lui dire ce que je souhaite. Avec neuf donuts, j’ai l’embarras du choix. Je jette un coup d’œil aux choix après avoir retiré mes lunettes de soleil. Tellement de choix, que je ne sais pas du tout quoi choisir. N’ayant personne derrière moi, je décidais de prendre tout mon temps pour choisir. Pour une fois que l’on ne sent pas pressée dans ces villes, autant prendre tout notre temps. Je prenais environ une minute trente pour choisir un goût. Jusqu’au moment, où j’entendis quelqu’un râler derrière moi. « Dépêchez ! On n’a pas tout votre temps. » Je n’y fis même pas attention. Heureuse devant tous ces donuts, je répondis même avec un sourire « C’est dommage parce que moi j’ai tout mon temps. » Je ne daignais même pas me retourner vers l’homme derrière moi. Il n’en valait pas le coup. Et pour l’emmerder, je pris encore plus mon temps. Ce qui eut l’effet de l’agacer encore plus. Un sourire diabolique vint se poser sur mon visage. Après avoir payé, je me retournais enfin. Prête à dire au revoir à l’homme. Mais là, quelle surprise. David. Je n’avais pas du tout remarqué sa voix. Eh merde. Je posais mon paquet de donuts, pour lui faire un gros câlin. « T’aurais dû me dire que c’était toi, je me serais dépêchée pour ta belle tête ! » Je le regardais. Il n’avait pas dû me reconnaitre non plus. Pas possible. Et avant même qu’il ne puisse répondre quoique ce soit, je posais mon doigt sur ses lèvres. « Et ne me dis pas que tu ne m’as pas reconnu. Personne d’autres n’a de si belles fesses que celles-ci. » Je me retournais pour les lui montrer. « Ne les oublies plus maintenant ! » Et rinces toi l’œil, je te l’autorise.

Si j’avais pris tout mon temps c’est bien parce que j’étais en vacances et que rien ne me pressait. J’aime bien New York, mais les habitants je ne pourrais pas en dire de même. Ils sont si pressés. Comme tous les citadins de toutes les grandes villes. Ils sont stressés, et impatients. Alors oui, je faisais la chieuse, je prenais encore plus mon temps en entendant un autre client râler derrière moi. Ça lui apprendra à me presser celui-là. Il comprendra qu’on ne me presse pas moi. Si j’ai du temps, je prends tout le temps qu’il me faudra. Je m’en fichais pas mal de me faire détester par cet autre client. De toute façon, je ne risque pas de le revoir d’ici-là. Il y a tellement d’habitants et de touristes  New York. Combien y a-t-il de chance que je le revois celui-là ? Beaucoup ! Je pourrais vous faire le calcul en bonne mathématicienne que je suis, mais je suis trop occupée à choisir mes donuts en cet instant. Et il faut croire que cette journée n’était pas en ma faveur, car en me retournant je vis qu’il s’agissait de David. Quelle coïncidence. Je lui dis alors que si j’avais su que c’était lui derrière moi je me serais dépêchée, mais ce n’était pas la vérité. J’aurais surement agis de la même façon, juste pour l’embêter. Je ne suis pas une femme pour rien. On se taquine, et je me serais amusée à agir telle une tortue juste pour l’agacer. Et apparemment il se vengeait en me disant que j’avais grossis. Pas besoin de tes yeux pour l’apprendre, je le sais-même. C’est une des conséquences lorsqu’on tombe enceinte. Non pas que je le sois encore. J’ai perdu l’enfant, encore une fois. « Je t’emmerde David. » Parce que même si je savais que j’avais grossis, je n’acceptais tout de même pas que quelqu’un d’autre me le dise. Encore moins un homme. Et en plus David, un aussi bel homme que lui. Je le regardais, et cherchais un truc à lui sortir. Quelque chose de méchant, mais je ne trouvais pas. Il était presque parfait, et ça m’agaçait. Je pris mes donuts dans les bras, j’ouvris la boite, et j’en mis un dans ma bouche. Je le mâchais bien, devant la tête de David. « Mmmhh… ch’est bon. » Je fis même exprès de m’en mettre partout autour de la bouche. Oui je faisais la grosse, après tout, il m’avait bien dit que j’étais grosse maintenant. Je peux agir telle qu’elle. Je le laissais commander ses donuts, et pendant ce temps je posais ma bouche sur son bras gauche, juste pour lui mettre du donut partout sur le bras. Oui c’est puéril, mais c’était ma façon de me venger. On aurait du mal à croire que je vais sur la trentaine. La vendeuse devait me prendre pour une folle, mais qu’est-ce que j’en ai à faire. Je ne reviendrais donc plus dans ce Dunkin Donuts. Ce n’est pas comme si on en manquait à New York. « Aaaaah, t’es sale. Tu connais la douche ? » Et sur ce, je sortis du magasin. Je me cachais sur un côté, en l’attendant. J’ai vraiment du arrêter de grandir après dix ans.