the great escape
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le deal à ne pas rater :
Display Star Wars Unlimited Ombres de la Galaxie : où l’acheter ?
Voir le deal

Partagez

on the edge.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
AuteurMessage
Invité
Invité
avatar

on the edge. Empty
MessageSujet: on the edge. on the edge. EmptyJeu 24 Sep - 15:20

Ilya n'était pas souvent malade, mais lorsqu'il l'était, il ne faisait pas semblant. Il avait déjà épongé son front à quelques reprises et désormais, et c'était désormais ses trippes qui faisaient des bons dans son estomac. Devinant que son état n'irait pas en s'améliorant, il appela un taxi et se fit ramener chez Caroline, à Henderson. Le trajet lui sembla étrangement long ; il gardait les yeux rivés sur son téléphone, et regardait chaque minute défiler. Lorsqu'enfin vint le moment de la délivrance, il tendit un billet vert de vingt dollars au chauffeur, et sortit sans demander son reste. Il traîna sa carcasse jusqu'à l'étage, et retira ses vêtements avant de s'affaler sur le lit. Il ne prit pas la peine de se glisser sous les draps – de toute façon, son corps irradiait. Ses yeux se fermèrent rapidement, et il se laissa happer par le sommeil, épuisé. Son corps sombra, et son esprit se déconnecta de toute réalité.

Il était face au miroir de la salle de bain, et finissait de se raser. Il se pencha vers le lavabo, passa de l'eau sur son visage, et s'empara d'une serviette pour essuyer les gouttes d'eau qui glissaient le long de son cou. Il fronça les sourcils en se regardant dans le miroir, apercevant dans l'angle une silhouette étrangement familière se rapprocher de lui. Il ne se retourna pas – il n'avait que peu de doute sur l'identité de l'intrus. Ilya chercha à comprendre comment tout cela était possible, mais il comprit bien vite que le phénomène était inexplicable, et resterait probablement inexpliqué. Il se voyait se rapprocher, toujours un peu plus, jusqu'à discerner les moindres traits de celui qu'il était, il y a de cela quelques mois à peine. Le vieux Ilya rencontrait le jeune, qui se rasait, et qui était aux yeux de tous Stanislav. « Tu t'es coupé. » Son double parlait, et pointait sa mâchoire d'un doigt. Ilya sursauta, et essuya la goutte de sang qui menaçait de rougir son cou. « Qu'est-ce que tu fais là ? » Demanda le russe, le regard dur. « Et pourquoi suis-je en train de parler avec moi-même, comme si nous étions en réalité deux ? » La question était intérieure ; jamais Ilya ne l'avait prononcée à haute voix. Pourtant, et contre toute attente, les mots qui sortirent de la bouche de Stanislav répondaient exactement à son interrogation intérieure. « Nous sommes deux, en réalité. Il y a toi d'un côté, et moi de l'autre. Moi, ta pièce maîtresse. L'image que tu as construite, façonnée, créée de bout en bout. Moi, Stanislav, à qui tu as donné vie. » Ilya resta silencieux, comme interdit. Il osa finalement se retourner pour faire face à son double, et tomba nez à nez avec son petit sourire narquois. Il tendit la main pour toucher son exacte représentation, mais ce dernier fit un pas en arrière. « Je n'existe pas. C'est toi qui m'a fait venir. » Qu'il expliqua en haussant les épaules. Ilya s'apprêta à demander pourquoi, mais comme d'habitude, Stanislav avait anticipé sur sa question. « Tu as besoin que quelqu'un te remette les idées en place. » Ilya fit la moue, et exprima clairement son manque d'entrain et d'intérêt. Il n'avait besoin de personne, jamais. Il le croyait dur comme fer, et le répétait à qui voulait bien l'écouter. « Tu voulais le monde a tes pieds, et d'une certaine façon, tu l'as mis. Mais dans ta quête du succès, as-tu jeté un œil sur les cadavres que tu laissais derrière toi ? » Ilya acquiesça, mais Stanislav secoua négativement la tête. « Non, c'est faux. Tu n'as jamais regardé derrière toi, parce que tu es profondément égoïste. » Ça, ce n'était pas un scoop. Ce fils unique, qui avait certes vécu dans la précarité mais dans une stabilité certaine n'avait jamais eu aucun égard pour les autres – exception faite de ses parents. Il repensa à tout le reste – ses combines russes pour se faire un maximum d'argent en un minimum de temps, qui l'avaient mené tout droit dans une geôle. Il songea à ses plans actuels sur Las Vegas, qu'il menait habilement avec Jo. Ça aussi, ce n'était pas sans risque. Il repensa à ses conquêtes féminines : Cece, Caroline, Marie, et toutes celles qui n'avaient jamais eu d'importance. Il avait menti, joué et trompé chacune d'elles. Il avait mis son propre plaisir au centre, et ne s'était même pas posé la question des dommages collatéraux. « Tes petites expérimentations ont peut-être fait leur temps, Ilya. Tu as été trop loin avec la fille. » L'air impassible d'Ilya se modifia légèrement, alors qu'il comprenait sans difficulté qui était visé. Marie, évidemment. Stanislav, tout double qu'il était – qu'il prétendait être, plus exactement – risquait fortement de se prendre la branlée de sa vie s'il continuait sur cette pente glissante. « Tes poings ne seront pas toujours là pour résoudre tes problèmes, Virkarov. » Il détestait ce donneur de leçon, ce moraliste à deux balles, cet imposteur d'un genre nouveau. Il refusait qu'on le critique, qu'on lui dicte sa conduite, ou qu'on l'apostrophe sur des sujets sensibles. Le Russe dirigeait son monde en despote, et faisait taire les voix dissidentes. Point final. « Tu voulais voir le monde. Tu voulais changer d'air. Tu voulais de l'argent et une situation enviable. Tu as tout, désormais. Tu n'as plus besoin de faire semblant. » Ilya n'était pas de cet avis : s'il en était arrivé là où il en était, c'était parce que justement, il avait su faire semblant. Il avait su construire et s'approprier un personnage, au moins en partie. Il avait su tirer son épingle du jeu, lorsque cela s'était avéré nécessaire. Il avait su se sortir de situations inextricables, grâce des ruses et des tromperies en tout genre. Mais s'il baissait sa garde, il savait que toute cette notoriété pourrait retomber comme un soufflé. Il savait que tout pouvait s'achever en un claquement de doigts. « Le monde n'est pas tout noir ou tout blanc, Ilya. Il est fait de nuances plus ou moins sombres. » Ilya ricana, mais s'abstint de commenter les propos de son double. Il n'y croyait pas, et ne cachait pas son scepticisme. Tous les jours, des gens mouraient, souffraient, se faisaient trahir. Tous les jours, des drames culturels, écologiques et humains se produisaient. Tous les jours, les actualités montraient l'enfer dans lequel chaque être était plongé ou pourrait être plongé. Chaque jour, le tableau d'Ilya se noircissait. « Penses-y. Une fois de plus, tu as tout à y gagner. » Cette dernière phrase servit de conclusion à Stanislav, qui s'évanouit à l'instant même où un bruit de fond – une porte qui claque, sans doute – fit se retourner Ilya. La seconde suivante, seul le néant vint l'happer.

Il se réveilla en sursaut, et ouvrit grand les yeux. Ses mains se portèrent aussitôt à sa tête, qu'il encadra brutalement. La fièvre l'avait fait délirer, mais les images qu'il avait toujours en mémoire lui paraissaient étrangement réelles – comme s'il avait vraiment assisté à l'opposition entre son double et lui. Et la conclusion de cet interlude étrange lui apparut clairement : peut-être qu'il y avait un fond de vérité, dans ce que Stanislav disait. Peut-être que le monde n'était pas aussi sombre et tranché, comme il le percevait actuellement. Peut-être qu'il devait donner, à chacun, une chance. À commencer par lui-même.
Revenir en haut Aller en bas
Cameron Eynsford
there's no place like berkeley
Cameron Eynsford
prénom, pseudo : noémie
date d'inscription : 20/04/2014
nombre de messages : 5713
disponibilité rp : cameagan
avatar : julian schratter

on the edge. Empty
MessageSujet: Re: on the edge. on the edge. EmptyVen 5 Fév - 16:54

:out:
Revenir en haut Aller en bas

on the edge.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Sujets similaires

-
» « the edge of glory » → LEANDRO.
» “living on the edge” gabriel&autumn
» your eyes are the mirror, to take me to the edge again. ✣ (lennia)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
the great escape :: flood and trash :: corbeille rp-