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Outside ♦ Stanislav & Elizabeth

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MessageSujet: Outside ♦ Stanislav & Elizabeth Outside ♦ Stanislav & Elizabeth EmptySam 15 Aoû - 10:47

Outside ♦ Stanislav & Elizabeth Las-vegas


Une douche. De l’eau fraiche et propre. Elizabeth se croyait au paradis. Peu importe si elle avait franchi un cap qu’elle n’aurait jamais cru avoir à passer. Squatter une maison laissée meublée dans l’attente d’acheteur. Ici, les biens immobiliers se vendaient comme des petits pains. On laissait les meubles, l’eau et l’électricité, parfois même internet pour que le nouveau propriétaire n’ait plus qu’à poser ses valises. Bref, ce genre de propriété attendait un portefeuille fortuné, habitué aux déménagements. Il ne resterait qu’à peine un an avant de repartir.

Alors Elizabeth profitait de la brève occasion offerte par cette fenêtre mal fermée pour s’accorder un peu de repos. Les sols durs des autres squattes qu’elle avait fréquentés ne lui avaient pas offerts de bons repos. La vie n'accordait que rarement des occasions comme celles-ci. Alors, Eli se prenait au jeu, jouant les princesses, profitant de la télévision et du lit géant. Le piège s'enclencha à peine la tête posée sur l'oreiller. Comme aspirée par le matelas, son petit corps refusa de bouger de ce coin moelleux. Non, elle allait rester là-dedans toute la nuit. Un soupire de contentement consenti à cette idée! Le paradis...

Aux premières lueurs, un cliquetis en contre bas attira l’attention de la demoiselle. Rien qu’un chat ou un chien, songea son esprit endormi. Inutile de s’alarmer. Dans son sommeil, sa paresse lui interdisait de sortir de sa torpeur. Pour une fois que ses muscles pouvaient réellement se détendre, qu’ils trouvaient un réel repos, hors de question de le gâcher. Pourtant, les bruits de pas dans l’escalier inquiétèrent rapidement Elizabeth.

« Merde. » Murmura-t-elle en bondissant hors du lit pour attraper ses quelques affaires au sol et les balancer dans son sac.
Comment elle allait sortir du deuxième étage sans se casser la figure par la fenêtre ? Il n’y avait ni arbre, ni toiture, ni quoique ce soit qui lui permettait de s’évader par là. Impossible de quitter la chambre sans faire face à la personne qui approchait. Au pas, l’anglaise dirait que l'individu était de sexe masculin, ou une demoiselle fort potelé ou encore le genre rugbygirl armoire à glace. Pitié pourvu que ça ne soit pas le cas ! Vite ! Une cachette !!! Alors qu’Elizabeth se précipitait à pas de loup vers l’armoire, la porte de celle-ci à peine ouverte lui déversa l’ensemble de son contenu sur le coin de la tête. Aussitôt, Elizabeth bascula en arrière, sonnée par le poids de couvertures ou de draps. Trop tard, l’étranger venait d’entrer dans la pièce pour la trouver à terre, les quatre fers en l’air, en petite culotte et débardeur et les cheveux en pagaille. Risquant un œil sur ce visage qui risquait de lui passer un savon, Elizabeth écarquilla les yeux. Merde alors…

« Stanislav ! »

Comme toujours l’accent british de la demoiselle avait écorché le prénom de monsieur et la surprise n’arrangeait rien à l’affaire. Depuis le sol, il avait l’air plus grand encore, plus impressionnant aussi. A moins que la situation ne lui octroie qu’un peu plus de charisme qu'à l’accoutumée.

« Dis donc…quel que soit l’angle, t’es toujours aussi sexy. » Tenta Elizabeth en repoussant quelques couvertures pour se délivrer.

Bon sang, elle n’avait pas vu Stan depuis des lustres. Son orgueil aurait souhaité le faire d’en d’autres circonstances. Dernièrement, elle avait tendance à fuir ses proches, ses amis ou n’importe qui qui se souvenaient d’elle, qui l’avaient connue dans une meilleure passe. La honte la rongeait mais le sourire persistait. Il ne lui restait plus qu’à faire bonne figure. Ses mensonges s’accumulaient pour la laisser garder la tête haute. Un voyage pour suivre la tournée d’un groupe avait camouflé des mois de prisons à Las Vegas. Un faux job dans un casino laissait penser à sa famille qu’elle possédait assez d’argent pour subvenir à ses besoins. Tout ça, c’était du vent, juste pour ne pas devenir le boulet qu’elle craignait tant de devenir. Mais cessons d’être aussi sérieux et revenons-en à la principale situation : Elizabeth entortillée dans une montagne de couvertures et draps, la gueule enfarinée et trop peu vêtue.
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MessageSujet: Re: Outside ♦ Stanislav & Elizabeth Outside ♦ Stanislav & Elizabeth EmptyMer 26 Aoû - 22:08

Les doigts d'Ilya cherchèrent à tâtons son téléphone, qui traînait quelque part sur le sol. Il était dix heures du matin, et la sonnerie stridente de son réveil venait de le tirer, à regret, d'un sommeil réparateur. Il mit fin à ce bruit dérangeant et se retourna dans ses draps, profitant des quelques instants de répit qu'il lui restait. Il avait du pain sur la planche – trois visites de villa dans Henderson, et une rencontre avec Jo pour leurs petites affaires illégales. Il avait d'ailleurs hâte que ce dernier rendez-vous ait lieu, puisqu'il savait que les sommes en jeu dépassaient, et de loin, son salaire en tant qu'agent immobilier. Ilya s'était donc fait violence pour se lever, et se préparer. N'ayant pas fait visiter la villa depuis de longues semaines, Ilya avait décrété qu'il serait mieux pour lui d'y être à l'avance, afin de faire un rapide état des lieux. Il ne le savait pas encore, mais il se féliciterait mentalement plus tard pour cette brillante idée.

Il était arrivé sur place aux alentours de onze heures du matin. Il avait fait un tour des extérieurs et avait constaté, avec satisfaction, que l'employé de l'agence faisait son travail à merveille, même en l'absence de propriétaire. Il était ensuite entré dans la maison, et avait fait le tour du bas. Comme prévu, tout était impeccable : la cuisine était propre et rangée, tout comme le living-room. Il avait vérifié qu'aucune miette ne traînait sur le billard américain dans la salle du fond, puis était monté pour vérifier les chambres. Lorsqu'il poussa la porte de la première chambre, il remarqua tout de suite le capharnaüm : une armoire dont le contenu s'était déversé sur le sol, et des mèches blondes dépassant anarchiquement de sous une couverture. Ilya sentit son sang ne faire qu'un tour, et alla s'accroupir auprès de l'intrus. Pour mieux lui faire sa fête, évidemment. Il tira sur l'un des draps qui masquait encore son visage, et fronça les sourcils. « Eli ? » Dit-il, incrédule. Des semaines, voire même des mois, qu'il ne l'avait pas croisée. Il se redressa sans l'aider, et lissa le pli qu'il avait fait sur son costard hors de prix en se penchant. Il soupira, à la fois blasé de savoir la chambre dans un bordel monstre, et en même temps soulagé de voir une tête familière. L'état des lieux aurait pu être pire. « Je sais. » Répondit-il simplement en haussant les épaules. La modestie ? Il ne connaissait pas. Ilya avait une confiance en lui aveugle, et se fichait bien de l'opinion des autres à son égard. Il savait qu'il ne pouvait compter que sur lui-même ; il était son plus fidèle allié. « Merci pour l'accueil, au fait. » Fit-il remarquer, arquant un sourcil en laissant son regard dériver vers les parcelles de peau nue d'Elizabeth, sans aucune gêne. Après tout, elle n'avait qu'à être plus adroite ; il ne lui avait pas demandé de se vautrer comme une débutante. Être sympa et l'aider à se relever ? Ça ne lui avait même pas effleuré l'esprit. Elle s'était mise toute seule dans ce pétrin, donc Ilya supposait qu'elle serait en parfaite mesure de s'en extirper seule. Œil pour œil, dent pour dent. Il alla s'asseoir sur le lit, dont les draps étaient défaits, et profita qu'Elizabeth soit occupée pour l'interroger. « Je peux savoir ce que tu fous ici ? » Il n'était pas vraiment énervé – il lui aurait sans doute laissé les clés, si elle avait fait l'effort de lui demander. Lui-même ne se privait pas pour aller squatter dans les villas des autres, lorsque sa situation sentimentale devenait trop complexe – ou qu'il avait besoin d'une garçonnière discrète. « Tu as une chance inouïe d'être tombée sur moi. Ça aurait pu être n'importe qui d'autre... » Fit-il remarquer en haussant les épaules. Ni son associé, ni leurs employés auraient été aussi compréhensifs : ils étaient bien trop rigides, bien trop droits dans leurs bottes pour comprendre une situation pareille. Un intrus dans la maison, pour eux, rimait forcément avec vol ou dégradation. Il y avait du vrai dans cette théorie, mais Ilya avait foi en l'humanité – ou plus exactement, foi en ceux qui, comme lui, aimaient transgresser les lois pour leur petit confort. « Et les flics seraient déjà là pour t'interroger. Voire pour t'embarquer. » Par chance pour Eli, Ilya n'aimait pas beaucoup les uniformes, qu'il associait avec les ennuis. Ses quelques mois dans les geôles russes ne devaient pas être étrangères à cette impression. « D'ailleurs, t'étais où au cours des derniers mois ? » Demanda-t-il, prenant la place des enquêteurs.  
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MessageSujet: Re: Outside ♦ Stanislav & Elizabeth Outside ♦ Stanislav & Elizabeth EmptyVen 4 Sep - 22:01


Le destin s’amusait souvent de deux vies. Dans des villes aussi peuplées que Las Vegas, Stan avait été celui à pousser la porte de cette chambre. Un mal pour un bien ? Un bien pour un mal ? Elizabeth ne cherchait plus à décrypter les folies du hasard. A l’instant, un rire préférait se faufiler hors de ses lèvres humides. A force de passer et repasser nerveusement sa langue dessus, le rouge de ses lippes s’accentuait. Ce tic ne semblait plus la quitter depuis qu’elle était sortie de prison. Mais la blonde se concentrait sur un autre détail : les paroles de son ami. Qu’avait-il à redire sur l’accueil ?

« Tu veux rire, j’espère. Tu sais que des mecs tueraient pour me voir par terre en petite tenue. » Taquina Elizabeth en attrapant une nouvelle couverture pour la jeter maladroitement sur Stan.

Sa force de mouche, ou la faim, permit à l’objet d’atterrir mollement sur les genoux de son interlocuteur. Diantre, ce n’était pas ainsi qu’elle parviendrait à le déstabiliser. La réplique suivante amusa la blonde. De la chance… Elle ne croyait pas à la chance, pas plus qu’à la malchance, d’ailleurs.

« Toi aussi tu as de la chance d’être tombé sur moi. J’aurai pu être un psychopathe prêt à te taillader en pièce avec les dents ! »

La phrase s’accompagna d’un claquement de dent puis d’un autre pour illustrer le psychopathe. L’imagination développée d’Elizabeth aurait pu lui permettre de continuer sur sa lancée et citer point par point les différentes façons dont les choses auraient pu tourner. L’idée de voir la police pointer le bout de son nez dans les parages fit frissonner la jeune femme. Non. Pas eux ! Les uniformes lui donnaient la nausée. Jamais plus elle en retournerait en prison. Son avenir demeurait déjà bien entaché par la présence de ces quelques mois passés derrière les barreaux. Trouver un travail, un logement alors que l’on était un repris de justice devenait complexe. Hors de question que son amitié avec l’homme face à elle soit aussi perturbée par cette erreur. Elle avait le droit à une nouvelle vie et peu importe si elle avait gardé certaines habitudes de sa vie carcérale. Impossible de se défaire de la manie de refaire son lit ou de se sentir perdue lorsqu’elle se retrouvait libre de ses mouvements. Parfois, elle n’avait plus l’impression d’être Elizabeth mais un matricule. Elle n’était plus que 393910Y. La femme que l’on avait fouillé, qui avait partagé une pièce minuscule avec trois autres filles et crevée de faim derrière des portes closes. Trêve d’apitoiement. La question qui suivi la remarque sur les forces de l’ordre offrit à Elizabeth la porte de sortie dont elle avait tant besoin. Repoussant la dernière couverture loin d’elle, l’anglaise fini par se relever.

« Mais visiblement la police est déjà là, Monsieur ! » Plaisanta Elizabeth en accentuant volontairement sur le dernier mot de sa phrase. « Si tu veux jouer la scène de l’interrogatoire, il faudra revêtir un uniforme. » Son corps s’approcha tel un félin. La main se tendit rapidement pour se glisser dans les cheveux impeccables de Stan et les ébouriffer.
Dans pivot vers l’arrière, Elizabeth s’exclama.

« Et bien alors Monsieur l’agent ! Vous avez l’intention de râler toute la matinée ou de profiter de l’occasion ? »

Un regard en arrière s’accompagna d’un sourire amusé. Finalement, la blonde disparaissait dans la salle de bain. Elizabeth avait toujours était joueuse. Aujourd’hui, elle jouait les séductrices avec Stan. Qu’il ne lui tienne pas rigueur. Il était plutôt séduisant et la jeune femme n’avait pas vu l’ombre d’un homme ou d’une caresse depuis des mois. Maintenant que la vie reprenait son cours, les vieilles habitudes refaisaient surface. Les coups d’un soir, les petits amis de passage et les amants secrets avaient toujours été monnaie courante. Néanmoins, son ami la connaissait assez pour savoir qu’elle aimait jouer avec le feu et attirer l’attention.

« Un petit bain ? La baignoire fait des bulles ! » Proposa la voix d’Elizabeth depuis l’autre pièce.

Ignorer volontairement l’emploi du temps de Stan lui permettait de le tenter ouvertement et le pousser à la débauche. Qui le surveillerait ? Qui saurait qu’il avait passé un peu plus de temps dans cette maison ? Personne, juste Elizabeth et ses nouvelles petites cornes rouges.
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MessageSujet: Re: Outside ♦ Stanislav & Elizabeth Outside ♦ Stanislav & Elizabeth EmptyLun 21 Sep - 22:47



Ilya n'avait pas prévu que sa ronde se solderait par une découverte surprenante. Il était agent immobilier à Las Vegas depuis quatre ans, et il avait eu l'occasion, au cours de sa pré-visite, d'observer des choses étranges et rarement ragoûtante. Mais là, en une fraction de seconde, Elizabeth venait d'effacer les mauvaises images auxquelles il avait parfois dû faire face. Il profita de la faiblesse apparente de son amie – étalée sur le sol, à moitié nue – pour se rincer l'oeil. Sans honte, sans gêne : pourquoi perdre une si belle occasion, après tout ? Alors, plutôt que de lui prêter main forte, Ilya se délecta du spectacle. « C'est leur problème. Ne pas avoir besoin de me salir les mains me convient parfaitement. » Fit-il remarquer, un petit sourire narquois aux lèvres. En gros, merci d'y avoir mis du tien, j'en suis ravi. L'occasion était trop belle pour ne pas la taquiner un peu. « Et puis en ce qui me concerne, je n'ai qu'à claquer des doigts pour que les filles se déshabillent. » Répondit-il en haussant les épaules, peu impressionné par les dires d'Elizabeth. En toute modestie, bien évidemment. Ilya avait une qualité (ou un défaut, au choix) : il ne doutait pas de lui-même. Jamais. Il attribuait d'ailleurs la plupart de ses succès à son arrogance. Il avait osé, là où d'autres avaient préféré se taire, voire faire marche-arrière. Il esquissa une grimace de dégoût à l'évocation presque apocalyptique d'Eli. « Je sais me défendre. » Assura-t-il, sans aucune once de doute. Des années de pratique d'escrime et de boxe, ça peut parfois servir. Agile et souple, Ilya pouvait facilement battre en retraite si le danger se faisait trop présent. Ses poings, ainsi que sa précision et sa rapidité, se révélaient être des avantages non-négligables au cours d'un échange musclé. Certaines personnes qui avaient croisé sa route pouvait en témoigner ; ce n'était pas toujours le plus musclé ou le plus épais qui gagnaient un combat. « Et puis qui voudrait s'en prendre à moi et à ma gueule d'ange ? » Demanda-t-il, d'une voix volontairement doucereuse et innocente. Il connaissait la réponse à sa question : tout un tas de gens, plus ou moins puissants, plus ou moins dangereux. Ilya menait une vie franchement dissolue, et savait qu'un jour ou l'autre, il pourrait parfaitement en faire les frais. Il prenait des risques, mais il aimait ça. Il aimait l'adrénaline et l'excitation qui découlaient des incertitudes qui ponctuaient ses journées. « Mouais. Dans l'attirail du flic, ce sont plutôt les menottes qui me plaisent. » Déclara-t-il. Joueur, lui ? Plus que ça encore. Il la laissa s'éclipser vers la salle de bain, toujours confortablement installé sur un lit qui ne lui appartenait pas. « Quelle occasion ? » Demanda-t-il, pivotant légèrement pour pouvoir regarder Elizabeth. Il comprit à quoi elle faisait allusion lorsqu'il vit disparaître son épaule dénudée dans l'eau du bain. Il afficha un sourire gourmand, et se leva pour aller à sa rencontre. D'ordinaire, il aimait bien mener la danse, Ilya. Mais il n'avait aucun souci à déléguer, s'il avait affaire à une personne qui avait le goût du risque. Il s'arrêta à quelques pas de la baignoire, et fit une grimace en constatant que la mousse recouvrait la surface. « Il y a tromperie sur la marchandise. Sans moi. » Grommela-t-il. Il combla la maigre distance qui les séparait toujours, et s'accroupit pour être à sa hauteur. Les doigts de sa main droite pianotèrent sur son épaule dénudée pendant quelques secondes – juste le temps qu'Elizabeth baisse sa garde. Lorsqu'il comprit que le moment était idéal, sa bouche vint remplacer ses doigts. « Maintenant ma chère, si tu pouvais te dépêcher... » Murmura-t-il d'une voix suave. Sa main droite appuya soudainement sur le sommet de son crâne, et Elizabeth, perdue dans ses pensées, n'eut pas le temps d'esquiver. Ilya se redressa rapidement, et se recula d'elle le plus possible, hilare. « Il y en a un qui doit bosser, chérie. » Son client ne tarderait plus à arriver, et la chambre restait à ranger. « Mais si tu tiens absolument à avoir un cinq à sept torride, je suis disponible en fin de journée. » Ajouta-t-il, ponctuant sa phrase d'un clin d'oeil appuyé.
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MessageSujet: Re: Outside ♦ Stanislav & Elizabeth Outside ♦ Stanislav & Elizabeth EmptySam 3 Oct - 15:09


Des baisers et des caresses suffirent à distraire la blondinette. Plongée dans un bain de mousse parfumée, l'anglaise se laissait submerger avec facilité. Ce climat de confiance et de détente lui avait manqué. Enfin, jusqu'à ce qu'une main plonge sa bouille sous l'eau. Surprise, Eli manqua de boire la tasse.Quoique l'on puisse en dire, ses origines anglaises ne lui offraient aucunement un goût démesuré pour l'eau chaude, même imbibé de thé, alors l'eau du bain...

Dans une quinte de toux effroyable, la jeune femme reprenait autant son souffle que son calme. Difficile. Les vieilles habitudes avaient la vie dure et l'envie s'étrangler Stan ne manquait pas à l'appel. Son sang bouillait si fort qu'il menaçait de faire entrer en ébullition toute la baignoire et son contenu. Le rouge aux joues, Elizabeth fini par se rappeler que l'enferment était loin, qu'elle devait à présent se comporter comme un être humain normal.

Dans un silence presque religieux, son corps se hissa hors de la mousse et qu'importe le regard de l'agent immobilier. L'eau de la douche  chassa les nuages de savon perdu contre sa peau humide. Un corps mince, élancé, sportif et parfois abimé se présentait sans offrir d'angle de vue trop avantageux. Les bras cachaient en partie la poitrine et les jambes l'intimité. Pour finir, la position de profil évitait la vulgarité d'une vision d'ensemble sur son postérieur. A se laver en communauté, on finissait par apprendre à faire avec les moyens du bords et la notion d'intimité s’amenuisait avec le temps.

"Dommage." Finit par annoncer la voix d'Elizabeth.

Maintenant enroulée dans sa serviette molletonnée, la blondinette se sentait fraiche et reposée. Le pas léger approcha de Stan s'arrêtant à sa hauteur pour la suite du propos.

"Je ne prends pas de rendez-vous avec le désir, Stan." Souffla-t-elle avant de prendre la direction de sa tenue égarée au sol.

Pourtant sa carence en affection et en rapport physique la pousserait à accepter n'importe qui, n'importe quand et n'importe où. L'orgueil et le doute l'aidaient à prendre sur elle. Enfilant ses sous vêtement sous sa serviette, elle continua à parler, dos à Stan.

"C'est ça ta vie maintenant? Un horaire pour tout et tout dans un cadre précis. Si j'avais dis oui tu m'aurais même donné rendez-vous dans un petit coin tranquille et calme, peut être même avec les violons ?" Ricana Elizabeth en terminant d'enfiler son jean.

Et puis quoi encore? Des roses? Maintenant habillée, Elizabeth avait bien envie de taquiner plus encore son ami. Depuis le temps qu'elle ne l'avait pas vu...

"T'as entendu le bruit? " Demanda-t-elle en redressant la tête. "Il devait arriver à quelle heure ton client?" Chuchota-t-elle à l'oreille de son compagnon d'infortune.

Bien sûr, c'était une fausse alerte, une petite plaisanterie réalisé par les bons soins de l'anglaise. En clown émérite, son jeu d'acteur demeurait parfait, sans la moindre fausse note. Figée, l'oreille se tendait pour mieux percevoir la suite.
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MessageSujet: Re: Outside ♦ Stanislav & Elizabeth Outside ♦ Stanislav & Elizabeth EmptySam 17 Oct - 16:36

« Respire, chérie. » Qu'il dit, se retenant difficilement d'éclater de rire. Il osa même tapoter légèrement son dos, pour aider ses poumons à récupérer un minimum d'air. Ilya ne se priva pas d'une vue exceptionnelle sur le corps dénudé d'Elizabeth. Pourquoi aurait-il fait le timide, après tout ? Ça allait totalement à l'encontre de sa personnalité, et de ses habitudes. Il la regarda s'envelopper dans une serviette molletonnée, les bras croisés sur son torse. « Tu ne sais pas ce que tu loupes. » Déclara-t-il en souriant, fier de son petit effet. À bien des égards, on pouvait considérer qu'Ilya n'avait jamais été un homme comme un autre. Il n'avait jamais su, ou plus exactement jamais voulu, composer avec les cartes qu'il avait eu en mains ; il avait toujours voulu plus, et il s'était toujours surpassé pour avoir plus. Se complaire dans son univers n'avait jamais été suffisant – il estimait, à tort ou à raison, qu'il méritait mieux. Beaucoup mieux. Il éclata de rire, amusé par l'idée saugrenue d'Elizabeth. « Certainement pas. » Dit-il en ricanant. Le Russe ne s'était jamais épanoui dans une relation stable et exclusive. Il avait aimé les moments passés avec Cece, pour la simple et bonne raison qu'ils ne duraient jamais trop longtemps. Il avait aimé cette complicité, ses étreintes chaleureuses, le sourire qu'elle affichait sur son visage lorsqu'elle le voyait apparaître à l'aéroport. Il avait su se tenir à carreau pendant quelques semaines, parce qu'il pensait que le résultat pourrait être intéressant. Mais comme le proverbe le disait si bien : chasser le naturel, il revient au galop. Ilya vivant à Las Vegas, il n'avait pas mis longtemps à être à nouveau tenté. « Je ne suis pas du genre romantique, pétales de rose et drague à deux balles. » Avoua-t-il en haussant les épaules. Son truc à lui, c'était plutôt les situations improbables et compliquées, les parties de jambes en l'air au petit jour, et les orgies de champagne qui menaient forcément à la débauche. Il aimait s'amuser, prendre des risques, et outrepasser les règles. Une vie tranquille ne le satisfaisait en rien. « Non. » Murmura-t-il, baissant automatiquement la voix. Il posa un doigt sur ses lèvres, invitant Elizabeth à se taire. « Si c'est lui, il est en avance. » Grommela-t-il en regardant sa montre. De quinze bonnes minutes, ce qui n'était pas pour arranger les affaires d'Ilya. Surtout aujourd'hui, puisque la blonde avait décidé de s'inviter pour bénéficier d'un repos bien mérité. « Reste là. » Ordonna-t-il d'une voix autoritaire, avant de filer vers le couloir à pas de loup. En soi, la présence d'Elizabeth pouvait être justifiée par l'agent immobilier – il trouverait bien quelque chose, comme d'habitude. Mais il n'avait tout simplement pas envie de se justifier ; il détestait ça. Être mis en cause, voire accusé, c'était forcément se mettre dans une situation un peu délicate, qui ne jouait pas en la faveur de son business. Il ne pouvait pas se permettre de jouer avec son gagne-pain régulier en toute impunité. Il descendit quelques marches de l'escalier, tendit l'oreille, et attendit de longues secondes dans le silence. Il rebroussa chemin, et constata qu'Elizabeth était désormais habillée. « Fausse alerte. » Déclara-t-il, relâchant la tension. « Mais ça ne m'explique pas ce que tu foutais ici. » Ilya ne comptait pas renoncer à une explication aussi facilement. Puisqu'ils avaient un peu de temps, autant en profiter. Il passa une main sur les draps du lit, tentant de les lisser le mieux possible. Tout était dans l'apparence, dans le monde immobilier. Il tira ensuite la couette, masquant définitivement les traces d'un passage humain dans cette maison témoin. « T'as eu des soucis dernièrement ? » Demanda-t-il, les sourcils légèrement froncés. Ilya n'était pas stupide ; qu'est-ce qui pouvait bien pousser quelqu'un à s'inviter dans une villa luxueuse en l'absence des propriétaires, à part les ennuis ? Le Russe n'était pas un enfant de cœur. Il savait que certaines situations nécessitaient des aménagements particuliers. « Je te proposerais bien de l'aide, mais je ne suis pas le mieux placé pour cela. » Avoua-t-il, sans pour autant trop en dévoiler. Ilya, c'était une personne insaisissable et compliquée. Tellement insaisissable que personne ne connaissait sa véritable identité, par exemple. Tellement compliqué qu'on ne savait jamais sur quel pied danser, en sa compagnie.  
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MessageSujet: Re: Outside ♦ Stanislav & Elizabeth Outside ♦ Stanislav & Elizabeth EmptyJeu 29 Oct - 22:10


Tient donc. Monsieur parfait mordait à l'hameçon. Allait-il gober le vers en prime? Elizabeth le regarda descendre et vérifier l'entrée en contre bas. Un sourire satisfait illuminait sa journée. Un ricanement lui échappa même devant cette mine sérieuse et les idées qu'elle s'imaginait trotter dans la tête de Stan.

"C'était quand même super facile de te le faire, ce coup là. Tu sais si un visiteur arrive, je peux toujours me faire passer pour une diva intéressée par la baraque."

Madame prenait la pause, mimant une starlette de bas étage, jouant des poses de femme se considérant trop important. Duck face et battements de cils à en faire pâlir de jalousie Daisy, femme émérite d'elle ne savait plus quel canard Disney.

"Le dressing est trop petit, de toute façon." Poursuivit-elle avant de pivoter en direction de son sac perdu au sol. La légèreté du moment lui avait manqué. Se moquer, plaisanter, rigoler et profiter d'une compagnie manquait sérieusement à sa vie dernièrement. Pourtant, le coup d'arrêt tomba sur le coin de son nez sans prévenir. La question de Stan la fit grincer. Pourquoi en revenir à ce point de détail? Elizabeth se sentait si stupide que la simple idée d'évoquer sa situation la plongeait dans une agressivité gratuite.

Durant un quart de second, Elizabeth s'était figée. Puis le geste se termina, mollement, presque déprimé. Que dire sans envoyer promener Stan?

"A t'entendre on dirait que je suis juste bonne à trouver et ramener des ennuis." Pesta la blonde en rapatriant son sac contre elle.

C'était tout ce qui lui restait en réalité. Autant dire que ce sac s'avérait plus précieux qu'un coffre de banque à ses yeux. Dans un grognement, son regard balaya la salle. L'attitude laissait croire qu'elle guettait de potentiels affaires personnelles oubliées dans les parages. En réalité, tout revêtait plus d'intérêt que de croiser le regard de Stan. Eli ne brillait pas. Grogner, se montrer agressive et envoyer sur les roses ne lui ressemblait pas. Habituellement, le rire constituait son arme de prédilection pour se sortir de mauvais pas. Mais son stock d'humour avait été écoulé et vu la merde dans laquelle elle pataugeait, il peinait à se renouveler. Elizabeth sentait tout lui échapper et petit à petit, elle se repliait sur elle-même, s'isolait tant de sa famille que de ses amis. La seule personne qu'elle voyait régulièrement n'était que son agent de probation. A la moindre bêtise, elle retournait en taule sans la moindre hésitation pour le système carcérale. On se foutait pas mal qu'elle trouve un boulot avant de sortir, qu'elle n'ait aucun toit au dessus de la tête. Tout ce qu'elle avait trouvé pour se faire un peu d'argent n'était que des combats de filles en petites tenues dans la boue, sur un ring ou dans toutes situations pouvant émousser les mâles à la liasse de billets conséquente. Actuellement blessée, le moindre hématome recalait les candidates, Elizabeth n'avait plus qu'à se trouver un autre job, probablement encore moins reluisant.

"C'est bon, je suis venue qu'une fois et j'ai rien abimé. T'auras qu'à me dire lesquelles sont tes baraques et je reviendrai pas dedans."

De toute façon, elle ferait mieux d'éviter de réitérer cette manœuvre, les alarmes silencieuses et autres systèmes de sécurité menaçaient sérieusement sa liberté. Pour palier au problème, Eli lui aurait bien offert une bière mais honnêtement, le peu qu'il lui restait lui servirait à se payer de quoi être présentable pour un potentiel entretien d'embauche.
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MessageSujet: Re: Outside ♦ Stanislav & Elizabeth Outside ♦ Stanislav & Elizabeth EmptySam 7 Nov - 18:16

Ilya avait mis du temps à construire sa réputation d'agent immobilier à Las Vegas. Il avait toujours marché droit depuis qu'il avait commencé à exercer cette profession, et cela n'était pas sans arrière pensée. Il savait pertinemment qu'une bonne réputation lui permettrait de se faire connaître, et par conséquent, de rapidement grimper les échelons. Ilya ne voulait pas se contenter des miettes de ses rivaux – il voulait s'imposer, et régner en maître, sans partage possible. Son ambition débordante lui avait valu de nombreuses critiques de la part de la profession, mais Ilya n'en avait strictement rien à foutre : tant que ses clients étaient satisfaits, ça lui convenait. C'était eux qui lui construisait, petit à petit, son réseau. Pas ses rivaux. Alors quand Elizabeth avait mentionné un bruit suspect provenant de l'étage inférieur, Ilya s'était déplacé pour voir ce qu'il en était. Il était cependant vite revenu dans la chambre, après avoir compris que la blonde avait voulu lui jouer un mauvais tour. Il ne goûtait que moyennement à la plaisanterie, mais n'en fit pas part à voix haute : ç'aurait été donner trop de satisfaction à Elizabeth. « Mouais. T'as pas vraiment l'air d'une diva, mais bon... » Il faut dire qu'entre sa tenue débraillée, ses cheveux mouillés et désordonnés et ses cernes violacées sous ses yeux, elle avait plutôt l'air d'être rescapé d'un quelconque traumatisme qu'être une diva en puissance. Ilya ne put s'empêcher de sourire en la voyant prendre la pose et battre des cils. « C'est déjà mieux. » Commenta-t-il en secouant légèrement la tête. Une partie de lui avait toujours pensé qu'Elizabeth était dingue, et ses présents agissements ne l'aidait pas à changer d'avis. Elle avait un grain de folie indescriptible, qui se manifestait à une cadence régulière et qui avait tendance à mettre les victimes dans des situations, sinon compliquées, au moins stressantes. « Certaines ont du souci à se faire. » Ajouta-t-il, pensant aux nombreuses starlettes, sorties de nulle part et révélées par des programmes télévisuels peu réputés pour leur sérieux et leur côté culturel. La famille Kardashian en tête – à la différence qu'Elizabeth n'était visiblement pas refaite de partout, elle. « A quoi t'attendais-tu en choisissant la plus petite chambre de la propriété ? » Répliqua-t-il en haussant les épaules, alors qu'un sourire narquois glissait sur ses lèvres. Moqueur, lui ? À peine. Juste de quoi la narguer un peu, comme elle l'avait fait quelques instants plus tôt. Œil pour œil, dent pour dent : Ilya ne se laissait jamais dépasser par la situation, telle quelle soit. Il l'interrogea à nouveau sur sa présence en ces lieux, mais la réponse d'Elizabeth balaya la légéreté et la bonne humeur qui régnaient jusqu'à lors en maîtres. « Excuse-moi ? » Fit-il froidement. Aux dernières nouvelles, il n'avait rien fait de mal ; il avait simplement posé une question. « A quel moment ai-je dit un truc pareil ? » Demanda-t-il, toute trace de sourire ayant désormais disparu de son visage. Quand il avait quelque chose à dire, il le disait : le Russe n'avait pas franchement l'habitude de ménager les gens. Il était brut de décoffrage, n'essayait jamais d'arrondir les angles, et se fichait bien des répercussions que ses paroles pouvaient avoir – sans doute est-ce pour cela qu'il était plus solitaire qu'accompagné. Mais sa situation lui convenait bien ; il savait, au fond, qu'il ne pouvait compter que sur lui-même. « Tu me saoules avec ton air supérieur et méprisant. Remballe-le, ça ne prend pas avec moi. » Lâcha-t-il sans la quitter des yeux. Jusqu'à maintenant, il s'était montré plus que sympa avec elle. Il avait accepté sa présence sans trop de difficulté, mais s'estimait en droit d'obtenir des réponses à ses questions. « T'es chez mon client sans autorisation, tu t'appropries une partie des lieux et tu t'offusques dès que l'on te pose une pauvre petite question ? » Ilya ne comprenait pas le revirement de situation, et n'avait pas suffisamment de patience pour essayer de lire entre les lignes. « Tu croyais quoi ? Que tu pourrais éternellement crécher ici, sans que cela n'implique de conséquence ? » Si ce n'était pas lui qui l'avait trouvée, ç'aurait sans doute été son collègue. Ou le propriétaire. Ou la femme de ménage. Ou les mecs qui géraient le service de sécurité. Peu importe, en réalité : si ça n'avait pas été lui, elle n'aurait pas eu autant de chance. « T'as pas l'air de te rendre compte que les villas inoccupées ne sont pas au service des gens errants. Pour toi ce n'est peut-être qu'une piaule, mais pour moi c'est mon outil de travail. » Et s'il y avait bien quelque chose qu'Ilya ne supportait pas, c'était que l'on empiète sur son territoire. Il tenait à sa réputation, et ne laisserait personne l'écorner. Il ne laisserait personne se mettre en travers de son chemin. « Alors oui, si jamais je te retrouve dans une autre villa que je dois gérer, je t'assure que ça va se passer très différemment. » Il n'avait pas besoin d'en dire plus pour qu'Elizabeth comprenne que si la situation venait à se reproduire, elle ne tournerait pas en son avantage.
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MessageSujet: Re: Outside ♦ Stanislav & Elizabeth Outside ♦ Stanislav & Elizabeth EmptySam 7 Nov - 20:23


Le ton de la plaisanterie avait cédé la place à une ambiance plus lourde.  Tout avait muté si vite ! En un battement de cil, les positions avaient changé, les regards s’étaient transformés et les mots frappaient l’air autant que les oreilles. Aussitôt, Elizabeth croisait les bras sur sa poitrine. Le geste signalait son renfermement, une habitude dernièrement. Ses attentes envers Stan ne dépassaient pas celles d’un moment tranquille et d’une discussion distrayante. Peine perdue. Visiblement, la vie sociale d’Elizabeth s’arrêtait à des cas sociaux aussi désespérés qu’elle.

« T’en as pas marre de tes questions en l’air comme ça ? » Pesta Elizabeth en grinçant face aux répliques et théories fumeuses du russe.

Les questions rhétoriques de Stan agaçaient Eli. Ses maigres études ne lui permettaient pas de mettre un nom sur ce genre de procédé mais son ressenti lui suffisait.  Rester ici ne s’était jamais présenté comme une option. Elle avait vu une fenêtre ouverte, elle était entrée. Tout s’arrêtait là. Mais le reste acheva les nerfs de la blondinette. Les gens errants…. A croire qu’elle se situait au niveau d’un chien paumé dans la rue, un animal sans collier à qui on souhaitait mettre une muselière pour avoir grogné.

« Tu crois peut être que tu es bien placé pour me faire la leçon sur comment mener sa vie. Avoir une petite vie parfaite selon Stanislav. Mais surtout tu me prends pour quoi ? »

Elizabeth secoua la tête négativement dans un long soupir. Cette conversation ne menait à rien. Les relations sociales glissaient entre ses doigts sans qu’elle ne parvienne à en prendre le contrôle. Tous semblaient contre elle, ne rien comprendre à ce qu’elle disait et exprimait. Elle savait pertinemment que ce n’était que de sa faute à elle, qu’un regard biaisé sur la réalité. Cependant, la situation ne lui permettait pas de se calmer et de prendre du recul pour appliquer son raisonnement. Seule l’impulsivité d’Elizabeth comptait.

Stan et ses petites leçons avaient fini de coincer Elizabeth dans son propre jeu. Plus il parlait, plus elle devait répliquer et le ton montait doucement mais sûrement. Dans le fond, elle l'appréciait ce russe et ne lui souhaitait aucun mal, jamais. L’anglaise avait toujours eu bon cœur et bon fond, peut-être même trop.

« Ne t’avise pas de me menacer comme ça encore une fois. Surtout que je t’ai dit que je ne reviendrai pas dans tes baraques. Alors ne fais pas chier. » Grinça Elizabeth au dernier propos de Stan.

L’index se pointait en direction de son torse. Inutile de tergiverser, ils ne trouveraient aucun terrain d’entente. Les réflexes de prison reprenaient le dessus. Manger ou être mangé. Dans ce milieu, Elizabeth avait été obligée de combattre pour ne pas se faire dévorer. Des femmes plus grandes, plus grosses, plus baraquées, plus nombreuses… Même pas peur ou presque. Aussi, même si l’intention de Stan n’avait jamais été de la frapper, quoiqu’elle n’en sache rien, elle l’interprétait ainsi.  Pour elle, il lui disait clairement qu’il se montrerait violent ou pire encore avec elle en cas de litige. De toute façon depuis des mois, elle ne croisait plus que des êtres agressifs. Se battre tous les soirs pour gagner son beurre, subir les bagarres des poivrots pour lui mettre une main au cul, les insultes… Les hommes n’avaient plus vraiment de valeur à ses yeux et la violence ne constituait plus que son unique mode de dialogue.

« Mec ou pas, ça ne me dérange pas de coller des poings où il faut et quand il faut. Toi ton boulot c’est peut-être de vendre des piaules, moi c’est de coller des raclés ! »

Chaque mot poignardait un peu plus les restes d’humanité et d’amour qui lui restaient. La douleur dans sa poitrine devenait intenable et pour la faire disparaître, Elizabeth était prête à tout. Il lui fallait quelque chose contre la douleur. Les doigts crispés sur son sac tentaient de maîtriser la monter de la peine qui vrillait l’ensemble de son corps. Elle ne voulait pas de cette dispute, de cette agressivité et du froid qui s’installaient entre eux. Tout s’emballait trop vite et Elizabeth ne parvenait plus à calmer le jeu. Captive d’un rôle qu’elle détestait, elle se voyait reproduire inlassablement le même comportement dangereux. Super. Et maintenant ? Il ne lui restait plus qu’à partir et laisser encore une fois un ami derrière elle ? Non. C’était probablement pour cette raison qu’Elizabeth ne souhaitait pas s’éclipser. Ne pas mettre fin à tout comme la reine des connes. Mais comment?
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