the great escape
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

Partagez

entends-tu l'écho de mon coeur ? (lalou)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
AuteurMessage
Invité
Invité
avatar

entends-tu l'écho de mon coeur ? (lalou) Empty
MessageSujet: entends-tu l'écho de mon coeur ? (lalou) entends-tu l'écho de mon coeur ? (lalou) EmptyJeu 2 Avr - 18:48

lalou & zeljko

(+++)



Le métro s’arrête et il apporte avec lui sa déferlante humaine. Un flot continue de personnes disgracieuses, envahi par l’instinct primaire de trouver la première place libre. Les cris des rails s’échappent et se mêlent à la symphonie hurlante d’un trop-plein, qui paraît habituel. Prostré en retrait, Zeljko regarde. Il observe ces marionnettes qui convergent tous vers un point commun, l’unique but de leur vie. Comme des moineaux vers un morceau de pain. Une envolée de moineau vers les portes, oui voilà ce que c’est. Pourtant, il n’y a rien de beau et il a beau tenter de s’en convaincre, il ne voit rien d’autre qu’un trou angoissant dans lequel il va devoir se plonger sans aucune bouteille d’apnée. Dans la tête du violoniste, un compte à rebours se met en marche. Celui qui le sépare du moment où il devra, lui aussi, passer les portes et rejoindre ce monde qui lui échappe tant. Trois. Deux. Les retardèrent se pressent. Un. Une longue inspiration d’oxygène polluée suffit à le faire rentrer précipitamment à l’intérieur, là où enseveli par cette masse pesante, il se sent aussitôt étouffé. Quelques regards curieux se tournent alors vers lui. C’est vrai qu’il est en désaccord avec eux avec son trois-pièces bordeaux et ses mains tremblantes, pâles comme un jour d’hiver. Avec ses yeux qui sautent de tête en tête pour éviter de se poser. Il attire les regards, à cause du magnétisme terrestre pour les choses anormales. Comme une loi universelle. . D’un clignement de paupière, il fait deux pas de plus alors que son cœur s’affole déjà dans sa poitrine, à le faire presque basculer vers la tachycardie. Ce même cœur qu'il entend lui hurler de sortir maintenant, d’éviter l’attentat de sa propre angoisse qui se dessine au loin entre les rangées. Juste là-bas. Alors, il fait un pas en arrière. Demi-seconde trop tard. Son dos se heurte à la porte qui vient de se fermer et son pouls s’affole de plus bel, étirant ses lèvres en un rictus inquiet. Sa respiration s'accélère, ses muscles se crispent. Panique qui se met en marche alors qu'il est pris au piège parmi les gens normaux. Et parce que l'éternel, inspire-expire est une utopie pour lutter contre l'invisible, il lève les yeux au ciel. Il essaye de trouver une soupape de sécurité ; juste un petit air frais qui viendrait caresser son visage blafard. Mais rien d'autre que la chaleur ambiante ne s’insère dans ses poumons. Maudit chauffeur. Oui, sous terre, il n'y a rien. Rien d'autre que l'attente et les bribes de lumières qui illuminent parfois par les vitres. L'angoisse se presse contre lui. Appuyé contre les portes qui tremblent sous les secousses, le serbe resserre ses bras contre lui pour se donner le courage qui lui fait tellement défaut. C’est pas très loin pourtant. C’est qu’à trois stations, trois petites stations mais trois surplus d’être humain. C’est qu’un métro. C’est qu’un métro qu’il se répète en boucle en fermant les yeux pour éviter de croiser le regard des affolés. Peine perdue. Il sombre déjà, dévale la pente à toute allure vers le gouffre après seulement quelques minutes. L'idée du métro : stupide. Et finalement, le destin. Subitement happé par un bruit sourd, sûrement le métro qui déraille, il réouvre les yeux. Et c’est là. Ici, dans l’halo de la nuit souterraine qu’il la remarque. Elle. Elle. Elle. Il penche un peu la tête sur le côté pour mieux la voir, admirer son coup de vent. Il ne se trompe pas, jamais. C'est bien elle qui est assise un peu plus loin dans le wagon. Entourée par une vieille dame et un adolescent aux yeux bridés, il croit voir qu'elle lit un livre. Il croit parce que ce n'est pas ce qu'il regarde. Les yeux plissés, critiques, il retrace de mémoire (et surtout de passion) les traits de son visage comme si il les avait toujours connus. Il ne se trompe pas, jamais. C’est simplement elle. Elle qui habite son âme sans même qu'il ne sache son prénom, sans même qu'elle n'existe vraiment. Elle, le fantôme de ses songes, qui fait chanter ses doigts sur ses partitions depuis des nuits. Ses pensées s’emmêlent et les notes de sa propre symphonie se mettent à tanguer devant ses yeux. L'angoisse a beau le manger de l'intérieur, il diminue la distance qui les sépare. Poussé par la mélodie enchantée qui détraque sa boussole. Six enjambées et il se plante devant elle, en se maintenant à une barre pour éviter le mal de mer. Pendant une brève seconde, il ne fait que la regarder sans se soucier un seul instant de la gêne qu'il pourrait lui causer. Il est si prêt d'elle. Ses pensées déraillent, les mots s’entrechoquent bien trop dans sa gorge et finalement s'échappent tels qu'ils sont pensés. « Ton nez est si parfait. » qu'il lui souffle à demi-voix, aussitôt caché par le bruit ambiant. Il est tout droit son nez. Parfaitement droit, ligne linéaire qui n'échappe pas aux yeux demandeurs de perfection de Zeljko. Tout le monde devrait lui dire à quel point, il est parfait. Lui y compris. Sa voisine tourne un visage suspect sur le serbe qui ne le remarque pas, absorbé dans la contemplation d'un visage qu'il a trop rêvé. Et qu'il rêve encore malgré ses yeux grands ouverts.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

entends-tu l'écho de mon coeur ? (lalou) Empty
MessageSujet: Re: entends-tu l'écho de mon coeur ? (lalou) entends-tu l'écho de mon coeur ? (lalou) EmptySam 4 Avr - 22:34

OH ! COMBIEN DE MARINS, COMBIEN DE CAPITAINES
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis !
Combien ont disparu, dure et triste fortune !
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l'aveugle océan à jamais enfouis !


Le miroir immense lui renvoie son image et elle l’imprime sur ses rétines sans le faire vraiment, détaille les détails de son corps nu sur lequel rebondissent les rayons d’un soleil glacé. Dans son habit de lumière Lalou attend, mais attend quoi, elle ne sait pas. Et dans son attente qui s’étire dans un temps rouillé elle se tourne, se tord, apprend de ses mouvements, mais surtout, surtout cherche dans son dos abandonné les vestiges des ailes dont Abi a parlé dans sa dernière lettre. Elles sont passé où, tes ailes, Lalou ?
Ses ailes, elle les a laissé tomber y longtemps, elle n’en voulait plus des plumes d’acier et elle a abandonné, comme à chaque fois. Elle a laissé choir leur carcasse abîmée, elle ne les a même pas regardé, à quoi bon, hein, à quoi bon regarder des morceaux d’un passé qu’on a jamais pu que toucher du bout du doigt. A quoi bon s’acharner à maintenir deux enclumes de plumes quand elles sont défaillantes de naissances ? Ça ne sert à rien, ça. Rien.
Vaut mieux abandonner, tout lâcher, et puis laisser traîner dans la poussière de tous les maux du monde ces grandes choses qu’on a jamais su actionner, elle du moins, les autres elle ne sait pas. Abi, elle sait si bien voler. Et puis Millie, aussi, même si y a toujours des arbres aux feuilles couleur échec pour pousser sur sa route qui devrait être pavée d’étoiles plutôt que de doutes et de ratés. Lalou elle voudrait tous les récupérer dans son grand panier de malheur, pour alléger un peu son amie, parce qu’elle en a tellement que ça ne fait plus rien, ça ne fait plus rien et elle sait, qu’elle, elle ne les regardera jamais que du sol. Elle espère seulement que les fées-soleil ne voleront pas trop haut.
Faut pas l’oublier.
Faut pas m’oublier, pas me laisser. S’il vous plaît.
Tout ce qu’elle voudrait pourtant Lalou, c’est nager entre les arcs en ciel, elle aussi. Mais elle est terrifiée, Lalou, d’abandonner tous ses maux, elle a peur parce qu’elle se dit que s’ils s’en allait il ne resterait que le vide et elle ne veut pas, Lalou, y basculer. Elle est déjà en équilibre tout en haut de la colline de ses soucis, d’un côté c’est l’ouragan de pleurs et de l’autre l’océan infini des riens. Elle a peur des deux, Lalou. Elle a peur de tout.
Peur de mourir et puis peur de vivre, peur d’aimer et peur d’avoir le cœur givré, juste capable de pleurer à chaque fonte des glaces, peur que le soleil ne brille plus jamais dans sa caboche très-trop lourdes de pensées. Alors elle oublie, tout le temps. Elle s’oublie, aussi.
Mais c’est pas grave, ça, pas vrai Lalou, c’est pas grave et on fait avec, alors elle continue de tirer les cadavres de ses ailes difformes entre les ombres des gens légers qui savent encore voler en soulevant son gros paniers plein de leurs problèmes, pour les aider, eux aussi, à oublier. Elle peut leur apprendre, ça. Elle marche, funambule sur le fil tendu au-dessus de vide de sa vie, et elle les suit, de loin. Elle peut leur apprendre à oublier sans l’oublier elle, parce qu’elle a peur de ça, aussi. Elle a peur qu’un jour le grand juge de l’existence lui dise que tout ce qui l’attend au tournant, c’est la solitude, parce que les gens ne veulent pas, ne veulent plus d’une pluie de petits-grands malheurs. Du moment qu’elle garde les leurs.
Alors il faut oublier mais seulement à moitié.
Mais la vérité, et elle le sait, Lalou, c’est que même si un jour on la laissait, elle comprendrait, elle serait triste un temps elle serait triste longtemps mais elle se dit souvent que c’est ce qui arrivera parce qu’elle n’aime pas s’imposer, elle a peur de gêner.
Elle n’ose pas trop marquer.
Pourtant elle ne demande que ça, Lalou, qu’on enclenche la machine et qu’on se mette à l’aimer, peut-être que certains le font déjà, certains avec des noms comme Millie, Abi ou même Alexis même si lui, il l’aime pas comme il faudrait, pas comme elle voudrait. Il l’aime d’un amour souvenir mais ça lui va parce qu’elle n’a que ça, ça lui va ce drôle d’amour-pitié et même si ça lui retourne le cœur elle le prend à pleine main pour le glisser dans ses valises de songes. Mais elle a peur de les lasser, elle se sent comme une maladie aux allures de gris qui s’installe dans leurs vies. Alors très lentement elle se laisse distancer, même si parfois Millie revient et la prend par la main, elle traîne des pieds et elle les regarde voler vers des ailleurs emplis de bonheur qu’elle ne peut que rêver.
Faut oublier. Faut plus penser.
Enrayer la machine infernale d’un esprit malmené et puis se rouler en boule au fond du bateau qui l’emporte sur les vagues de son océan de vie qui ne sait jamais s’il faut être très agité ou s’il ne faut surtout pas tanguer.
Les rayons dorés du soleil viennent nimber ses courbes amaigries et elle s’étire, dans tous les sens, pour tester ou juste réveiller son corps fatigué. Puis jetant un regard sur la vieille horloge de grand-mère qui pend au mur, elle soupire et passe des habits piochés au hasard, puis, attrapant son sac en passant elle quitte l’appartement. La porte claque dans son dos et elle à l’impression qu’en même temps c’est celle qui donne sur les vannes de son palpitant qui s’ouvre en grand. Ça aussi, elle l’oubli, parce qu’elle les aime bien, enfin plus que certains, les jours où elle va poser. Elle s’essaye à un sourire parce qu’une fois sortie elle va encore devoir faire semblant et fait glisser son sac sur son épaule en dévalant les escaliers de l’immeuble aux murs humides d’argent. Sourire à la dame qui lui tiens la porte, dire merci, ça va très bien et vous, s’échapper avec le vent qui s’engouffre dans le hall d’entrée. La rue s’étire jusqu’au métro et elle se laisse bousculer sans un mot, Lalou, parce qu’ici personne ne regarde sur les pieds de qui on a marché, parce qu’ici les gens sont pressés, qu’il faut marcher-courir pour aller travailler, pour aller chercher les enfants, parce qu’il faut bien vivre, tu sais. Elle s’essaye un peu à ce grand jeu des gens légers, Lalou, en travaillant et en étudiant et tant pis si elle ne connait pas les règles elle fonce, mais fonce lentement. Elle se laisse porter, plus exactement. Elle se mue en ombre et elle fait comme eux, se presser dans les couloirs étroits à dix-mille pieds sous le soleil et travailler, travailler, faire tourner la mécanique même si quand elle y pense, et elle y pense un peu trop souvent, elle n’en voit pas l’intérêt. Elle avance les yeux fermés, portée par la foule et elle n’a aucune idée d’où ça va la mener. Elle voudrait bien qu’on l’abandonne en chemin.
Qu’on la dépose et qu’on lui dise tiens, tu reste là. T’en a assez fait, tu peux abandonner.
Qu’on lui dise qu’elle a triché et qu’on ne peut pas jouer à moitié, qu’au poker de la vie elle a tout perdu et qu’elle n’a plus qu’à s’allonger sur le côté en attendant mais attendant quoi, ça non plus elle ne sait pas.
Ça ne serait pas la première fois.  
En attendant elle continue à se laisser bousculer jusque dans la cabine de métal et elle se glisse jusqu’à une place vide pas loin des portes déjà fermées. Ils ont dit quatorze heures.
Le trajet est long et elle regarde les couloirs noirs défiler à toutes vitesse derrière les vitres sales puis lassé de contempler ce qui lui semble être un reflet effrayant de ce qui se cache à l’intérieur de son cœur elle fouille dans son sac en espérant y trouver quelque chose pour passer-tuer le temps.
Surtout tuer.
Elle trouve un livre, elle le connait, c’est pas grave c’est pas pour de vrai.
Les pages et les mots défilent sous ses yeux, elle les laisse tourner en boucle dans le manège qu’abrite son crâne, elle s’y plonge avec une passion mobilisée pour l’instant, une passion intéressée parce qu’il faut oublier les gens. C’est pas grave, pas vrai. En attendant les gens ils se succèdent, jamais les mêmes et tous pareils, les stations aussi défilent inlassablement. Elle se barricade derrière ses barrières de papier.
- Ton nez est si parfait.
Les murailles tremblent un peu et en relevant la tête les yeux plissés y a son cœur qui leur balance un grand coup de pieds et elles s’effondrent dans un bruit très violent d’invisible. La voix étouffée par les fracas de la ferraille qui file dans les boyaux de la ville s’habille d’un visage lunaire et elle cligne des paupières. Une fois. Deux fois. Mille fois elle va le faire, qu’elle se dit, mille fois cligner pour se persuader que c’est à elle qu’on a parlé. Elle n’a pas l’habitude, Lalou, que les inconnus lui parlent dans la rue ou dans le métro. Mais le regard de l’homme-lune l’emprisonne et elle rougit en balbutiant :
- Mer…merci.
Elle a la voix qui tremble un peu, Lalou, mais elle n’a pas l’habitude, des compliments. Elle n’a pas l’habitude des regards qui s’attardent comme ça, sauf de ceux des vieux, des moins vieux ou des étudiants, qui détaillent son corps nu, n’a l’habitude que de ces regards désintéressé au travers desquels elle a appris à exister. Un peu moins courbée, Lalou, s’il te plait. Tu nous dit si tu as froid, surtout. On va éteindre la lumière, le soleil c’est plus joli.
Mais dans son cœur y a quelqu’un qui enclenche l’interrupteur de la surprise et la lumière brille très fort, ça remonte le long de sa gorge et ça se dépose très doucement sur sa langue pour faire brûler ses joues. Elle ne contrôle pas Lalou, et surtout pas ça. Elle fronce un peu les sourcils, aussi, mais pas parce que le compliment la surprend ; c’est que le visage très pâle du garçon lui semble familier, mais très vaguement, un peu comme une trop vieille photo qu’on déterre du cimetière des albums à souvenirs. Elle essaye de se souvenir mais rien ne vient et elle sent son cœur qui encore s’agite parce qu’elle ne sait pas quoi dire, elle entrouvre et ferme la bouche pour libérer des mots qui ne viennent pas et elle se fait l’effet d’un poisson. Le regard de sa voisine glisse de son visage couvert d’écailles roses à celui un peu gris de l’homme en costume qui refuse de remonter l’échelle de ses souvenirs. Elle s’agite et le train s’emballe dans son esprit à mesure qu’elle réfléchit à des phrases qui ne veulent pas s’éveiller. Vous voulez vous asseoir ? Vous êtes étudiant en art ? On s’est croisé quelque part ? Lalou-dedans les envoie valser à grand coups de pieds. Elle voudrait que les pages qu’elle presse encore entre ses doigts se défassent de leurs mots-encre pour venir éclore sur le bout de ses lèvres mais ne vient que le silence et elle se laisse enfermer par le regard perçant de l’homme aux allures de lune bordeaux qui se décroche d’un ciel-plafond métallique.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

entends-tu l'écho de mon coeur ? (lalou) Empty
MessageSujet: Re: entends-tu l'écho de mon coeur ? (lalou) entends-tu l'écho de mon coeur ? (lalou) EmptyDim 5 Avr - 19:07

Un instant, il s’imagine le son de sa voix. Peut-être qu’elle est sans couleur, semblable à une marée d’écumes ? Ou qu’elle est si douce qu’on ne peut pas l’atteindre, juste la rêver ? Un instant, il craint de l’entendre, de peur de faire chasser toutes les images colorées dans lesquels il la voit danser. Finalement, elle met fin à son supplice. Et c’est.. un peu de plus vers le vide. « Mer…merci. » qu’elle répond, en faisant chanter sa voix tremblante. Mais ça n’a pas d’importance ce qu’elle dit, ça n’effleure même pas l’esprit volatile du serbe. Les mots ne sont que des mots. Et Merci.. Merci, ce n’est pas vraiment parfait, ni vraiment nette. Son nez a beau être celeste, ce qui s’échappe de ses lèvres en est tout le contraire. Un peu moche. Zeljko soupire, déçu de l’hésitation avant même qu’il n’attrape en plein vol le merci qu’elle lui tend. Les gens sont parfois si décevants quand il parle, surtout là quand les murs tremblent. Instinctivement, la tristesse l’assaille. Pourquoi, elle aussi l’est malgré son visage sorti d’un tableau de maitre ? Énième soupire et ses épaules s’affaissent à bout de vie. « Pourquoi tu me remercies ?! » demande-t-il finalement, d’un ton (trop) assuré, un peu abrupt, on ne comprenant pas vraiment pourquoi elle le fait. « C'est totalement absurde. On ne remercie pas quand les choses sont ainsi, parfaites. Elles le sont, c'est tout tu sais. » ajoute le serbe, en mettant un point à définir ce qui semble lui avoir échappé. Tout leur échappe toujours. A ces gens du métro. A ces gens du monde. A ces gens, tout court. Même aux oiseaux, comme elle. C'est un peu triste. Alors, il efface ce petit mot, cette parenthèse, d’un geste invisible, comme il le fait toujours pour oublier la déception qui s’accroche à lui. C’est bête, parfois de ressentir ça. Surtout pour un mot, un simple mot. Il balaye les lettres devenues poussières, de quelques doigts jetés dans le vent. Sa bouche s’entrouvre et se referme, l'oiseau se fait poisson. Quelque chose veut sortir, mais rien ne vient. Il attend qu'elle chante encore parce qu'il a besoin de plus que ça pour savoir la colorier. Mais attendre le temps, les secondes et les minutes, c'est pas ce qu'il aime. C'est vrai que son nez est si parfait, mais qu'attend t-elle pour refaire tinter le son imparfait de ses cloches vocales. La main de Zeljko se resserre et se crispe sur la barre de fer, s'accrochant à elle pour ne pas faire sortir l'angoisse de tous les instants. Elle est toujours là, tapis dans l'ombre. Une deuxième peau qui l'habille et jamais ne se dissipe. Pas même là qu'il a la poésie à bout de regard. Alors, il attend encore. Jusqu'à faire éclater les bulles de pensées qui veulent s'envoler. Chante encore. Chante encore s'il te plait. « Mais j'aime bien la couleur de ta voix quand même. Elle n'est pas très jolie et elle ne va pas vraiment avec tes yeux tristes, mais on dirait du diamant. » Parce que le diamant est délicat, d'une pureté infini. Il brille et on peut voir à travers. Le polir et en faire quelque chose de beau. Un peu comme sa voix pas vraiment jolie qu’il va faire devenir symphonie. « Et il n'y a rien de plus parfait que le diamant n'est-ce pas ? » Hein qu'il n'y a rien de plus magique qu'un diamant à l'état brut comme toi ?! Aucun sourire ne se frayent un chemin sur les lèvres du violoniste, pas même l'esquisse d'un sentiment pendant qu’il parle. Simplement neutre, le visage impassible. Simplement, ses éclairs bleus qui s'arrêtent sur sa bouche si facilement dessiné. Il veut juste entendre cette voix cristalline, juste le timbre pas les mots, qui tambourine à la porte de son génie, qui ouvre grand les portes et laisse entré sa mélodie à elle. Il veut sentir ces courants d’être qui oscillent, parcourent sa peau et s’arrêtent à la terminaison de ses doigts. Écrire, maintenant, est une nécessité. Parce que l'inspiration arrive. Elle se jette à l’instant en lui, au moment où il y a ce choc yeux-bouche. Sa prosodie a fait vaciller sa curiosité et les noirs se mêlent aux blanches, comme s’il avait une partition devant lui. Ils les voient danser devant ses yeux, se lier entre elles. Le métro s’oublie totalement à lui et il dérive. Il dérive loin de la réalité, s’imaginant tracer sur les lignes de son cahier, la voix de sa belle du métro. « Tu dois être soprano. Violoncelles et flûtes traversières iront bien. » qu’il pense à haute-voix, en fronçant un peu des sourcils. Oui. Il acquiesce pour lui-même, s’échappant du regard de son obsession des nuits. Sa voix de soprano, il le sait, va bien se marier avec les cordes et les vents. Maintenant, elle n'a plus besoin de chanter.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

entends-tu l'écho de mon coeur ? (lalou) Empty
MessageSujet: Re: entends-tu l'écho de mon coeur ? (lalou) entends-tu l'écho de mon coeur ? (lalou) EmptySam 11 Avr - 14:05

FUYANT, LES YEUX FERMÉS, JE LE SENS QUI REGARDE
Avec l'intensité d'un remords atterrant,
Mon âme vide. Où fuir ? Et quelle nuit hagarde
Jeter, lambeaux, jeter sur ce mépris navrant ?


L’homme soupire et dans ses yeux passe comme une lueur de déception. Lalou fronce un peu plus les sourcils. Elle ne le prend pas mal, le soupir, ni même toutes les choses qui traversent son regard déçu, elle se demande juste ce qu’elle a fait et pourquoi ça créée tout ça chez l’inconnu céleste qui soupire une deuxième fois et ça fait l’effet d’un ballon-lune crevé parce que ses épaules s’affaissent d’un coup, très doux, très doux. En Lalou ça s’affaisse aussi, beaucoup plus fort et avec beaucoup moins de douceur. Y a tout qui se multiplie toujours parce qu’elle a comme un amplificateur dans le cœur et elle ne sait pas, n’a jamais su comment en réglait les trop nombreux boutons aux noms comme bonheur et pleurs.
Elle a juste dit merci, pourtant.
- Pourquoi tu me remercies ?!
Elle a juste dit merci, mais ça suffit.
Pourquoi tu gâches toujours tout, Lalou. Elle sait faire que ça, la poupée ratée, elle sait faire que ça et tout ce qu’elle touche finit toujours pas s’écrouler comme des millions de cartes à jouer, parce qu’elle ne connait pas les règles ni le fonctionnement du grand jeu des gens. Alors elle se contente la plupart du temps de l’effleurer seulement, la vie, sa vie, du bout des doigts, pour ne pas lui refiler sa grande maladie qui s’appelle le toujours-gris. Elle se colore seulement comme ça, Lalou, en noir et en blanc, et elle a peur qu’un jour les gens chers à son cœur perdent leurs arcs en ciel de peau et d’émotions pour ne devenir plus que des grandes vagues de riens et de vides-tristesse, comme elle, à force d’être aspergés trop souvent par les déluges de son chagrin. Elle a beau le retenir à l’intérieur, Lalou, y a toujours un moment où son corps-bocal de verre se fissure puis pète complètement.
Elle se crispe sur le siège inconfortable du métro, tassée par les mots sévères du garçon qui avant qu’elle ne puisse répondre reprend de sa voix glaçon :
- C'est totalement absurde. On ne remercie pas quand les choses sont ainsi, parfaites. Elles le sont, c'est tout tu sais.
C’est des mots incroyablement doux qui tombent en flocons de la bouche cracheuse de neige. Des flocons un peu coupants mais Lalou les prends quand même parce qu’elle prend tout, Lalou, le bon et le mauvais, elle prend tout et elle enfourne sans s’arrêter dans le grand four à sentiments. Elle rougit de plus belle, assaillie malgré elle de culpabilité innocente parce qu’elle ne pouvait pas savoir, pas vrai, comment on sait, hein, qu’on ne remercie pas quand y a personne pour lui dire qu’il y a en elle des choses parfaites ?
- Pardon. qu’elle souffle automatiquement.
Et puis elle réalise, Lalou, les mots qui ont éclot au bout de sa langue, ou plutôt le mot, seul et inconscient, et elle regrette, parce qu’elle devine que la tempête de neige d’où émergent seulement deux grands rayons lunaires qui se resserrent autour de son corps agité risque d’encore balancer de grandes bourrasques de mots violents. Même si de cette violence-là ne fait pas aussi mal que la violence des mots éteint de Leïla. Font mal autrement.
Ne font pas mal du tout.
C’est ce qu’ils créent qui fait des bleus en dedans.
Y a pire. Pas vrai, Lalou ? Y a pire que des flocons de mots juste un peu coupants.
Mais la machine de ses pensées est bloquée et ses mots à elles n’arrivent pas à affluer encore vers ses lèvres qui dansent inlassablement sur la grande musique de ses silences, qui s’unissent pour mieux se séparer, sans s’arrêter, sans s’arrêter. Les deux rayons de lune se font barreaux de prison et elle ne sait plus où poser les yeux, gênée. Elle a du mal à regarder les gens trop longtemps. Un temps et la cage comme son geôlier lunaire tremblent un peu.
- Mais j'aime bien la couleur de ta voix quand même. Elle n'est pas très jolie et elle ne va pas vraiment avec tes yeux tristes, mais on dirait du diamant.
Elle se raidit et la commissure de ses lèvres trésaille légèrement. Son cœur dans sa poitrine s’affole et elle ne peut qu’esquisser un demi-sourire parce que la voix-cascade s’élève encore une fois alors qu’elle se demande si ça, c’est un compliment.
- Et il n'y a rien de plus parfait que le diamant n'est-ce pas ?
C’est quoi quand on aime quelque chose qui n’est pas vraiment beau, Lalou ? C’est un compliment ou une moitié seulement, hein, Lalou, c’est quoi quand ont dit ça, quand on dit c’est pas joli mais j’aime bien, c’est de la politesse pour faire semblant, mais semblant de quoi, d’aimer, d’aimer pour ne pas heurter ? Lalou sourit aussi faiblement que nerveusement et à l’intérieur son cœur fonceur s’affole encore, elle voudrait le retenir lui dire attend, attend juste un petit moment mais il s’emballe et elle s’étale contre la paroi de ferraille dans son dos. Elle n’a pas l’habitude, des compliments.
Elle ouvre les lèvres pour glisser un merci, encore, parce son palpitant tremblant il choisit avant l’esprit. Ça sera compliment, Lalou. Surtout pas faux-semblants.
Faut savoir les prendre même s’ils sont tordus, c’est tout. Suffit de tendre les mains et de tendre son cœur, aussi. Suivra peut-être l’esprit.
Mais l’esprit freine brusquement et le merci s’essouffle avant la fin de la course, percute ses dents pour ne pas, ne jamais franchir la barrière de ses lèvres qui se referment en un sourire, encore. Elle sourit toujours, Lalou, quand elle n’a rien à dire.
Elle sourit toujours, Lalou, parce qu’elle ne sait pas, jamais quoi dire.
C’est tellement plus simple, hein, les demi-sourires. Ça donne l’air d’un con.
Mais Lalou elle s’en fout, elle a l’habitude, de ça, de tout, alors elle continue et c’est plus fort qu’elle, de se taire et juste tirer les coins de sa bouche en grimaces couleur bonheur un peu très-trop fanés.
Elle ravale le merci avant qu’il ne se réveille parce qu’elle se sent déjà si bête, Lalou, et elle ne veut pas que l’inconnu s’énerve encore d’un merci automatique qu’on n’aurait pas su retenir. Elle baisse la tête vers son livre encore ouvert, pour le fermer lentement. Faut cacher tout ça, Lalou, faut cacher ton visage d’automate raté, faut surtout pas montrer trop longtemps ton sourire crispé. Y a des millions de pics teinte nervosité qui agitent des traits déjà tirés.
Le temps s’étire, se tord, elle sait qu’elle devrait dire quelque chose mais y a rien qui remonte et sous son crâne ça siffle. Le visage de l’inconnu est toujours coincé au milieu de l’échelle de ses souvenirs qui refusent d’affluer. Elle redresse la tête en même temps qu’il se remet à parler.
- Tu dois être soprano. Violoncelles et flûtes traversières iront bien.
Il dit ça un peu pour elle beaucoup pour lui et en Lalou c’est le grand flash de ses pensées tandis qu’il acquiesce et ouvre d’un coup les portes-pierre de lune de sa prison de regards argentés.
- Ah ! je me souviens, vous êtes le violoniste !
Les mots se déversent et elle regrette déjà de les avoir laissé sortir mais ça, encore, elle n’a pas su contrôler parce que n’a rien senti venir. Ça fait toujours ça quant à l’intérieur son cœur fonceur embrasse son esprit. C’est ça aussi quand on enraye trop longtemps la mécanique des mots, ils sortent très violemment. Ils sortent bruts et irréfléchis parce que pas le temps, pas le temps d’y penser, juste le temps de créer, faut toujours créer et puis anéantir les silences aussi, surtout. Lalou ça ne la gêne pas, les silences, parce qu’elle les connait, les connait trop bien, mais elle sait que les autres, les gens, souvent n’aiment pas trop leur danse. Alors quand elle les laisse durer un peu trop longtemps, ses silences immobiles, ils finissent toujours par trébucher parce qu’elle a peur de lasser, les autres, ceux qui ont plein de cœur des mots plein de couleurs.
- Enfin je… je…
Mais c’est ancré en elle et elle traîne ça dans son dos, les silences reprennent toujours le pas sur les mots, et elle les laisse toujours faire, Lalou, parce qu’elle leur fait plus confiance qu’aux phrases qui franchissent toujours bancales la porte de ses lèvres. Leur impulsion s’éteint et elle ne peut que ravaler ses regrets d’avoir parlé trop vite à défaut de parler assez.
Mais elle se souvient, Lalou.
Se souvient vaguement mais se souvient quand même de la nuit, la nuit d’il y a quand, combien de temps ? Elle se souvient des gens autour d’elle, des connaisseurs connaissant justement la lune et son violon et louant son talent à grands coups de murmures. Elle avait écouté en attendant et l’avait attendu lui, le prodige dont ils parlaient. Elle se souvient sans se souvenir de la suite mais c’est pas important, Lalou, c’est pas important et on s’en fout. Elle oublie en se rappelant violemment.
Les milles petites épées des soldats de sa nervosité déploient leurs armées et elle sent ses joues qui s’enflamment encore sous les coups de leurs lames nimbées de gêne empoisonnée.


Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

entends-tu l'écho de mon coeur ? (lalou) Empty
MessageSujet: Re: entends-tu l'écho de mon coeur ? (lalou) entends-tu l'écho de mon coeur ? (lalou) EmptyDim 10 Mai - 14:10

:out:
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

entends-tu l'écho de mon coeur ? (lalou) Empty
MessageSujet: Re: entends-tu l'écho de mon coeur ? (lalou) entends-tu l'écho de mon coeur ? (lalou) Empty

Revenir en haut Aller en bas

entends-tu l'écho de mon coeur ? (lalou)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Sujets similaires

-
» les yeux au ciel (lalou)
» Faisons les choses bien et surtout, comme je l'entends [Gwendolyn]
» pourquoi battait mon coeur. (samillie)
» Chronique d'un coeur brisé
» Ecoute ton coeur. -Aaron-

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
the great escape :: flood and trash :: corbeille rp-