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pourquoi battait mon coeur. (samillie)

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MessageSujet: pourquoi battait mon coeur. (samillie) pourquoi battait mon coeur. (samillie) EmptyVen 27 Mar - 16:11

millie et samson,
Moi j'attendais qu'on se délite, rien ne viendra plus, je le sens. Comme la vie a passé vite, comme désormais tout semble lent. Tu n'es plus là, rien n'a changé, le problème est le même tu sais : je peux vivre sans toi, oui mais ce qui me tue mon amour c'est que je ne peux vivre sans t'aimer.

Il est seulement onze heures du matin à New-York et déjà, Samson se rend compte qu'il n'a pas la carrure pour la journée qu'il est en train de vivre. Il se voyait comédien, pigeon voyageur aux quatre coins du monde, funambule, amoureux des nuits blanches, chercheur à la recherche de l'inspiration. Il imaginait qu'on finirait par entendre ses talons claquer sur les planches d'un théâtre, que sa langue fourcherait pendant l'acte sept mais qu'il improviserait. Il s'imaginait tout un tas de choses, tout un tas de choses à des années lumières de PDG d'une entreprise de traiteurs en pâtisserie. Il avait bien évidemment pensé au fait qu'il serait peut-être amené à reprendre ce que son père avait construit, un jour, mais jamais ses parents n'avaient fait de cette hypothèse un sujet de discussion à table. Ils l'avaient laissé libre de ses choix, toujours, pourtant, il avait senti comme un étau autour de sa gorge le jour où il avait accepté la proposition de sa mère, un mois plutôt, suite au décès de son père. Cet étau ne s'était jamais desserré depuis. « Je vais aller jeter un coup d'œil dans les couloirs, elle s'est peut-être perdue. » Samson regarde sa montre -plus de dix minutes que lui et Eleonore attendent la douzième candidate de la journée- et se décide enfin à se lever. « Je peux m'en charger. Vous avez des tonnes d'obligations, tâches et devoirs, mais chercher une candidate perdue dans un building de dix-neuf étages n'en fait pas partie. » Il passe les mains sur sa chemise pour en retirer les légers plis qui s'y sont installés. « Comme vous l'avez si bien fait remarquer, j'ai déjà une tonne de choses à accomplir, je ne suis pas à une près. Je vous apporte un café ? A deux choses près, maintenant. » Il lui sourit, sincèrement, et s'éloigne après avoir vérifié que les revers de ses manches sont parfaits. « Monsieur Osborne ? Vous allez y arriver, vous savez. Votre père a toujours cru en vous et il avait raison. » « Merci Eleonore. » murmure-t-il finalement avant de quitter la pièce. Une fois dehors, il vérifie qu'il n'y a personne autour et inspire profondément, déboutonnant le premier bouton de son col avec une certaine fébrilité. L'étau autour de sa gorge, il le sent encore comme au premier jour, quand il a signé le document qui ferait de lui le successeur de son père. Ce bureau, pourtant si grand, l'oppresse du matin jusqu'au soir. Lui qui aimait New-York se met lentement à la détester. Il rêve de rentrer retrouver Abi, à la nouvelle Orléans. Il rêve de rentrer chez lui parce que, bien qu'Eleonore pense qu'il est fait pour ça, lui est certain qu'il n'y parviendra pas, qu'il ne s'habituera jamais à toutes ces responsabilités qui pèsent sur ses épaules et le font traîner du pied. Il se perd dans un déguisement trop grand pour lui, attrape froid mais tait tout ça, pour préserver sa mère, pour ne pas décevoir Abi et aussi parce que, quelque part, il a l'impression que faire prospérer cette entreprise, c'est continuer de faire vivre un peu son père qui lui manque terriblement. Alors au fond, tant pis pour l'étau qui l'empêche de respirer correctement, tant pis pour toutes ces nuits où il ne parvient pas à trouver le sommeil, tant pis s'il attrape froid parce que son manteau n'est pas assez étanche pour tout ça, il y a des morceaux de son père éparpillés partout autour de lui et c'est tout ce qui compte. Il finit par distinguer une silhouette, au loin, qui lui paraît si petite, si frileuse. On dirait une jeune adulte à qui on a arraché les ailes. Elle est assise, ses cheveux lui dissimulant le visage et déjà, Samson l'imagine boiteuse. Il presse le pas, impatient d'en finir avec ce dernier entretien avant le déjeuner. « Madame Baker ? » Dit-il en lui tendant la main, assuré. La jeune femme, quant à elle, sursaute, comme une feuille morte dans laquelle on met un coup de pied, et lorsqu'enfin, elle relève la tête pour laisser apparaître son visage, Samson retire instinctivement sa main. Il lui faut plusieurs secondes pour réaliser que c'est bien elle, qui se tient là, et au fur et à mesure que la réalité s'imprime en lui, il sent quelque chose se décrocher. Son cœur s'emballe, c'est la première fois depuis longtemps qu'il le sent taper contre sa cage thoracique. La dernière fois, c'était en la quittant, elle, Millie, sa comète perchée là-haut, si haut qu'à l'époque, aucun homme n'avait réussi à la coincer dans ses poches, à part lui, peut-être, le temps de quelques mois. « Emilie ? » Son prénom reste suspendu à ses lèvres. Comme une fausse note. Pourtant, il ne se résout pas à l'appeler Millie, pas après tout ça, pas après eux. « Ca fait... » Deux ans, huit mois et quatre jours. « Longtemps. »  Pas assez longtemps, pourtant, puisqu'une éternité loin d'elle lui semblerait toujours trop court. « Est-ce que tu es là pour le poste d'assistante ? Je n'ai pas vu ton nom sur la liste, et on ne prend pas de candidatures de dernière minute, navré. » Navré, il ne l'est même pas. Tout ce qu'il est, là, tout de suite, c'est secoué, noyé, paumé... Et enterré dans cette colère dont il pensait s'être enfin débarrassé. Il est onze heures neuf et désormais, Samson est certain qu'il n'a pas la carrure pour la journée qu'il est en train de vivre.

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MessageSujet: Re: pourquoi battait mon coeur. (samillie) pourquoi battait mon coeur. (samillie) EmptySam 28 Mar - 0:00

" There are so many fragile things, after all.
People break so easily, and so do dreams and hearts. "

millie colman & samson osborne
~



    Elle attend sur une chaise, inspire profondément pour se donner du courage. Elle a déjà attendu sur des tas de chaises, et même par terre, elle attendait des rôles qui ne sont jamais tombés, elle attendait comme un gosse guette le Père Noël. Elle attend toujours. Mais à New York c'est pas grave si elle attend, il lui suffit d'être là, assise, présente, déterminée, il lui suffit de ça pour croire qu'elle y arrivera. Millie fait partie d'un tout, d'une ville sans compromis, qui vous marche dessus et vous écrase si vous osez perdre la cadence. Vite, vite, toujours plus vite. Même pas le temps de respirer, seulement celui de vivre. New York, elle voudrait l'affronter les yeux fermés. Dans la marée des corps, elle tente de ne pas se laisser emporter, d'être solide et entière, ancrée dans le sol. Dans cette ville tsunami, ravageuse de rêves et créatrice de fantasmes, Millie se voudrait guerrière. Alors elle traverse quand le feu est encore rouge, en dehors des passages piétons, cours pour ne pas louper le métro, se précipite pour prendre un taxi. Elle est dans une course éternelle, une danse effrénée, celle de sa vie qui, parfois, lui donne le tournis. Debout dans le métro, elle observe les autres, tous ces visages qu'elle ne reverra jamais, qui vont et qui viennent, des touristes ou des habitués, des guerriers ou des vaincus. Dans le métro la vie est là, dans tout ce qu'elle a de plus fragile, tendue, à un fil, funambule. Faites attention à la marche en descendant : ne tombez pas, ne vous laissez pas piétiner. Faites attention à votre sac, des pickpockets peuvent se trouver dans votre wagon : ne donnez pas trop de votre personne, vous allez vous faire dépouiller. Une voix la surprend et la fait sursauter, une voix qu'elle connaît, qu'elle avait enfoui et qui refait surface. C'est drôle comme les gens réapparaissent, sans qu'on ne s'y attende, comme ça, pour faire marrer le destin. Un bon gros coup de passé dans la gueule qui fait tituber. Tiens, prends ça. La main de Samson reste quelques secondes dans le vide avant qu'il ne la retire vivement. Cette main qu'elle n'a jamais su prendre. Son prénom dans sa bouche sonne comme un injure. Il met de la distance. Millie se relève d'un bond. « Samson ? » Elle ignorait que New York pouvait abriter cet homme et qu'en son sein il se cachait. Elle se tient devant lui, droite, vers le ciel, tentant de se faire étoile imperturbable, et il dit ça fait longtemps. « Un peu plus de deux ans. » Comme un écho à la voix de Samson, la sienne se glisse entre eux et dans la brèche de leur mémoire. Un sourire doux caresse pendant quelques secondes le visage de la jeune femme. Millie n'a pas effacé Samson, elle qui se souvient de tout, elle a juste appris à meubler le vide qu'il a laissé à côté d'elle. Un matin, comme un oiseau il s'est envolé. Sauf que Samson n'est pas revenu au printemps, ni même en été. Il a dû trouvé un endroit où il fait mieux vivre, là où aucune gamine ne picore son cœur, là où il est aimé à plein temps, sans distance, sans pellicule de protection, sans entracte, sans figuration. Quand il est parti, Millie a travaillé des jours durant sans s'arrêter, jusqu'à l'épuisement, pour ne pas avoir le temps d'y penser. Maintenant à défaut d'avoir une place pour Samson à côté d'elle, Millie traîne derrière elle des rêves gigantesques. Ceux faits pour deux. Ceux trop imposants pour une femme comme elle. D'habitude ce sont toujours les quittés que l'on plaint, on jette la pierre à ceux qui partent, mais dans leur amour Millie a le mauvais rôle. C'est pas qu'elle ne l'aimait pas, c'est juste qu'elle ne savait pas le montrer. Encore aujourd'hui, les marques d'amour la dépassent. Se tenir la main de la rue, partager son assiette au restaurant, échanger ses clés, emménager ensemble, parler de l'avenir, à deux, adopter un chien et puis émettre l'idée d'avoir un gosse. Comment ils font les autres ? Elle, elle a toujours été incapable, c'est au dessus de ses forces, hors de sa portée. Dans l'amour elle est toujours plus loin, un peu à côté, en retrait. Présente elle est absente. « Assistante ? » Elle ricane presque. Est ce qu'elle a vraiment une tête d'assistante ? « Je suis venue pour une audition mais apparemment je me suis trompée d'adresse. Génial. Et toi, qu'est ce que tu fais là ? » Et toi tes rêves ils sont où Samson ? Ca y est, tu m'as quitté et puis tu les as rangé au placard, dans une petite boîte où ils étouffent ? Tu les as brûlé quand tu t'es jeté dans le premier avion ? Et toi, t'as choisi la facilité ? Elle n'est pas sûr de savoir si ça va. Elle a chaud et elle a froid. Elle tangue et s'accroche avec véhémence. A l'intérieur, la tristesse, la colère, les souvenirs, les petits bouts d'eux, le vide et les grands morceaux de leur rêve se mélangent pour former une bouillie. Millie a le cœur en compote.

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MessageSujet: Re: pourquoi battait mon coeur. (samillie) pourquoi battait mon coeur. (samillie) EmptySam 28 Mar - 15:43

millie et samson,
You were a moment in life that comes and goes, a riddle, a rhyme that no one knows, a change of a heart, a twist of fate. We couldn't fix it, it's too late... 'coz we don't, we don't need to talk about this now, yeah we've been down that road before, that was then and this is now.

Ca fait un peu plus de deux ans, qu'elle lui dit, en écho à ses propres mots. Oui, c'est bien ça, un peu plus de deux ans, un peu moins de trois ans, si on veut être exact. Mais ça n'a jamais été son truc à elle, l'exactitude. Millie, elle a toujours été cette fille floue qu'on découvre au travers d'un miroir, cette feuille qui virevolte autour de vous mais jamais ne se pose. Elle est cet oiseau sauvage, celui qu'on capture pas, quand bien même on le veut de toutes nos forces, quand bien même on fabrique les plus grands pièges. Samson, lui, il avait fabriqué un piège d'amour mais ça n'avait pas suffi. Parce que ça ne suffit jamais, quand on en vient à Millie. Il manque toujours quelque chose, ou peut-être qu'il s'agit d'un truc en trop, plutôt, d'un truc en trop qui lui fait faire deux pas en avant pour neuf pas en arrière. Elle ne sait pas, elle, combien exactement il y a de jours entre eux, désormais. Combien de nuits, combien de rires échoués, de femmes passées dans ses draps et d'heures à l'espérer, puis à la détester. Un peu plus de deux ans, voilà ce qu'il en reste, voilà ce qu'il leur reste. « Assistante ? » Elle se met à ricaner, avec ce rire si fluet dont il avait oublié l'élégance. Sans savoir pourquoi, puisqu'il devrait s'être remis de tout ça, le son de son rire lui picote douloureusement l'intérieur. Il réalise qu'il l'avait presque complètement oublié, qu'on oublie toujours tout, et que si l'on s'en sent incapable, le temps s'en charge pour nous. Il dégringole, vous met des rides au coin du coeur et noie doucement vos souvenirs. On oublie peu à peu la forme de ce grain de beauté qu'on avait pourtant effleuré si souvent, l'odeur d'un parfum. Les moments qu'on a tant aimés, peu à peu, prennent le large pour ne laisser que de vagues traces que la mer finira par faire disparaître. Lui qui pensait se souvenir de Millie toute entière, pose ses yeux sur elle et la redécouvrir. Il avait oublié sa bouche, un peu de travers, et l'arrête de son nez qu'il adorait embrasser. Il avait même oublié ces vingt-deux centimètres qui lui manquaient pour arriver à sa taille, qui lui manquent encore. Il a l'impression qu'elle n'a pas grandi, qu'elle est restée minuscule, comme à l'époque, quand il l'appelait petite et la portait sur son dos pour traverser la route. « Je suis venue pour une audition mais apparemment je me suis trompée d'adresse. Génial. Et toi, qu'est ce que tu fais là ? » Il n'est qu'à moitié surpris. Ils s'étaient promis d'y arriver ensemble ou de ne pas y arriver du tout, mais elle continue, toute seule. La colère, sournoise, s'insinue tout doucement en lui. Comme des miettes de main. Il essaye de se rappeler à quel moment, exactement, il est tombé amoureux d'une égoïste. Mais il ne remet pas la main sur la date et l'heure. Tout ce dont il se rappelle, c'est du jour où est apparue cette colère, lancinante. C'était il y a longtemps : il avait choisi de ne plus croire en elle et s'était mis à la détester. « T'as continué, évidemment t'as continué. Pourquoi t'aurais arrêté, après tout ? C'est moi qui suis parti. » Il murmure pour lui même plus que pour elle. Il ne veut pas de réponse parce que de Millie, il a appris à ne plus rien attendre. C'est un simple constat, un simple constat qui transforme la colère en lui en ras-de-marée prêt à tout balayer. Elle a brisé ses rêves à lui pour nourrir les siens. « Moi ? Je porte des costumes à mille thunes, et ça -dit-il en désignant du menton l'espace autour d'eux- je crois que ça m'appartient. » Il soupire, avant de poursuivre.   « Tu reçois un coup de fil, un jour, dans lequel on te dit avec de plates excuses que ton père a été victime d'un accident de voiture et qu'il ne s'en est pas sorti. Après ça, tu cours à l'hôpital, même si t'as pas envie de voir ça, même si tu t'en sens incapable, tout ça parce que ce serait indécent de laisser un mort tout seul. Tu dis au revoir, pour la forme, alors qu'il est déjà trop tard et qu'il n'entend plus rien. Et puis tu te réveilles trois semaines plus tard, à la tête d'un empire dont tu te serais bien passé et dans un costume qui te gratte. » Il a dit ça d'une traite, sur un ton tellement détaché qu'on pourrait croire qu'il raconte des histoires. En vérité, il est fatigué, fatigué de devoir donner des explications à tout le monde, tout le temps, fatigué de cette vie rangée qu'il a espéré si longtemps n'être qu'un vieux cauchemar. Et déjà fatigué d'elle et de ses espoirs ridicules. « Ce que je fais là, Emilie ? Je grandis. Tu devrais essayer. »

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MessageSujet: Re: pourquoi battait mon coeur. (samillie) pourquoi battait mon coeur. (samillie) EmptySam 28 Mar - 21:46

" People or stars regard me sadly, I disappoint them. "

~




    Il a l'air en colère Samson comme si elle était responsable de tous les maux de la Terre. Les attentats, les injustices, les meurtres, les coeurs brisés, les bébés qui meurent, le réchauffement climatique, la disparition des ours polaires, le cancer et les tsunamis. C'est trop facile. « Bien sûr que je continue. Qu'est ce que t'aurais voulu Samson ? Que je plaque tous mes rêves quand tu m'as quitté ? T'aimerais que je te dise que sans toi je ne peux plus avancer ? Ca t'ferais plaisir ? » Elle omet évidemment de raconter tous les catings ratés, toutes ces heures d'attentes, tous les rôles qu'elle ne décroche pas. Elle omet de dire que ça fait deux ans déjà qu'elle est là et qu'elle n'est pas encore une star, juste une petite étoile qui tente de se faire une place dans une constellation déjà surpeuplée. Une miette. Une poussière. Un grain de sable. Une goutte de pluie. Une rien du tout. A peine. Elle aussi elle est en colère maintenat, à en devenir méchante. Elle voudrait lui crier à la figure, le pousser, lui envoyer des coups de pieds, lui faire mal, le secouer, pleurer aussi, laisser couler les larmes qu'elle n'a jamais versé sur leur amour, tout cet océan qui dans sa poitrine se déchaine à présent. Son coeur il bat tellement fort que ça oculte tous les autres sons autour d'elle. Il disait qu'ils allaient faire de grandes choses à deux, être heureux, fouler les planches, briller sous les projecteurs, s'aimer et se tenir la main pour l'éternité. Elle, elle savait dès le départ qu'à la longue il ne pourrait pas l'aimer. Parce qu'on ne peut pas aimer une étoile, trop lointaine, trop inatégniable, trop fatiguante. Parce qu'elle savait déjà qu'elle serait une tempête qui ravagerait sa vie. Dans son silence et sa distance il est tombé et jamais elle ne l'a aidé à se relever. Et de la même manière, elle n'a pas su retenir Samson. A aucun moment elle ne lui a tendu la main, ne lui a prêté son coeur, ne lui a murmuré reste, surtout ne pars pas, j'ai besoin de toi. Parce que c'était trop, ça aurait été demander et elle n'a rien à demander, ça aurait été lui promettre quelque chose et elle n'a rien à offrir. Parce qu'elle n'est pas de ces femmes qui s'accrochent, de celles avec qui on peut construire un avenir, de celles qui acceptent un jour d'abandonner leur rêve, de celles qui se résignent et se contentent de ça, de l'amour, pour se rendre compte des années plus tard que malheureusement l'amour ne remplace pas tout. Et maintenant Samson lui balance tout son malheur à la figure, comme une claque ou un coup de poing dans le ventre. Son père est mort : ses yeux s'accrochent aux siens comme pour ne pas tomber. L'information glisse avec une voix monotone. Elle, ça fait des années qu'elle attend la mort de Grand Père, des années qu'à chaque fois que le téléphone sonne elle sursaute et décroche la peur au ventre, terrifiée d'entendre à l'autre bout du téléphone la voix de Maxim lui annoncer l'irréversible. Sa langue claque sur son palais, désagréable. C'est déjà la deuxième fois qu'il utilise son prénom en entier. « Arrête de m'appeler Emilie. Tu m'as jamais appelé comme ça alors commence pas maintenant. » A le regarder comme ça, c'est vrai que Millie se dit qu'il a grandi. Est ce que ça veut dire ça être adulte ? Jeter ses rêves à la poubelle, mettre des costumes qui grattent et renoncer, renoncer à tout ? Si c'est ça elle n'en veut pas. Garde la ta vie d'adulte Samson, moi je préfère l'enfance parce qu'au moins je suis vivante et conquérante. Peut-être que Millie n'a pas grandi, qu'elle est restée cette gamine de dix sept ans dont il est tombé amoureux, parce qu'entre un grand père qui tombe et des rêves gigantesques, c'est difficile de pousser. « Je suis désolée. Je suis désolée pour le costume qui te gratte. Mais c'est toi qui l'a choisi. Et puis, moi, je t'aimais mieux en tee shirt. » Elle offre à Samson un sourire un peu soleil, sincère et généreux. Elle ne dit pas, je suis désolée pour ton père, mes condoléances, parce qu'elle sait que ça ne changera rien et que ses mots là ne viendront pas apaiser sa peine. Millie découvre tout d'un coup à quel point il est fragile, fissuré et bancal. Elle est persuadée que si elle le poussait du bout du doigt il tomberait en mille morceaux. Samson n'est plus qu'un grand mec cassé dans un costume qu'il n'a jamais demandé.

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MessageSujet: Re: pourquoi battait mon coeur. (samillie) pourquoi battait mon coeur. (samillie) EmptyMar 31 Mar - 18:55

millie et samson,
On parle toujours du chagrin de ceux qui restent mais as-tu déjà songé à celui de ceux qui partent ? Moi, je suis tombé amoureux comme on attrape une maladie. Sans le vouloir, sans y croire, contre mon gré et sans pouvoir m'en défendre, et puis... Et puis je l'ai perdue. De la même manière.  

« Bien sûr que je continue. Qu'est ce que t'aurais voulu Samson ? Que je plaque tous mes rêves quand tu m'as quittée ? T'aimerais que je te dise que sans toi je ne peux plus avancer ? Ca t'ferait plaisir ? » Il hoche la tête négativement, c'est un geste instinctif. A l'intérieur, les mots se bousculent, se déchirent, le déchirent mais aucun ne vient remplacer le long silence qui s'installe. Il aimerait lui dire tais toi Millie, pire, il aimerait lui dire d'un ton glacial ferme ta grande gueule de rêveuse et dégage, dégage de cet immeuble parce qu'ici, c'est chez moi et que toi, tu n'as plus ta place nulle part chez moi. Il aimerait lui dire va-t-en, retourne t'accrocher à tes rêves même si on sait tous les deux que tu vas continuer à enchaîner des emplois minables parce que t'as pas ta place parmi les étoiles. Ca boue en lui, il aimerait qu'elle entende que même lui, il a fini par ne plus croire en elle alors qu'il avait toujours mis tous ses espoirs en elle, que même lui, il a fini par croire les gens d'à côté, ceux qui disent qu'elle ne restera qu'une comédienne pour spectacles d'enfants, qu'une artiste poussière, qu'une artiste bibelot qu'on pose sur une étagère et qu'on oublie. En vérité, il ne sait pas quoi lui répondre, ne sait plus. Ca fait longtemps qu'il a arrêté de se poser toutes ces questions, parce qu'il est inutile de se questionner au sujet des fantômes. Ce qu'il aurait voulu, lui, c'est qu'elle oublie les regards autour pour attraper sa main en pleine rue, il aurait voulu qu'elle l'embrasse n'importe quand, n'importe comment, qu'elle fasse quelque chose de fou ou juste qu'elle sorte déguisée du placard en lutin ces matins où il avait eu le coeur lourd. Par dessus tout, il aurait voulu qu'elle ne laisse pas l'horizon grandir entre eux et qu'elle lui court après. Mais Millie ne court jamais après le monde, c'est le monde qui lui court après, toujours. « Tu t'es jamais intéressée à ce qui me faisait plaisir, ce serait con de t'y mettre maintenant que tu ne fais plus partie de ma vie, non ? » Son ton, on dirait de la pierre. De la pierre lourde, pour écraser la blonde juste en face, et l'enterrer tout au fond de la terre, si loin qu'il pourrait enfin la confondre avec un ver de terre, un truc de rien du tout. Si loin de lui que de sa vie, elle ne ferait vraiment enfin plus partie. Il n'est pas méchant, Samson. Il n'a jamais été de ces hommes égoïstes qui ne pensent qu'à eux et blessent, trompent, insultent et font pleurer. Il a toujours été ce type droit, bien élevé, qui ne voulait pas faire pleurer sa mère et qui, en grandissant, s'est promis qu'il ne ferait pleurer aucune fille. Alors là, tendu tout près d'elle, il la hait de le transformer en homme faiseur de pluie. Parce qu'il voit bien que, même après tout ce temps, il se passe quelque chose. Comme un fil invisible qui relie ses mots au coeur de Millie, et chaque fois qu'ils se font trop durs, l'électricité traverse le fil à toute vitesse pour venir se décharger dans le coeur de la blonde, le serrant, l'essorant. « Je suis désolé, Emilie. » finit-il par dire avant de se reprendre parce qu'elle souhaite qu'il tire un trait sur ce prénom qu'il ne lui a jamais donné. « Millie. » Il est désolé parce qu'il ne veut pas être un faiseur de pluie, même pour elle. Il ne veut pas noyer ses joues, y laisser de grandes trainées noires qu'il aurait envie d'effacer du bout des lèvres ensuite. Il y a tous ces kilos de colère, quand il en vient à Millie, mais tous ces kilos de colère ne suffisent pas à faire de lui un monstre, un monstre gigantesque qui cache le soleil et fout du noir partout, sur tout le monde.   « Je suis désolée. Je suis désolée pour le costume qui te gratte. Mais c'est toi qui l'a choisi. Et puis, moi, je t'aimais mieux en tee shirt. » Elle l'a déjà changé trop de fois, trop profondément. S'il a troqué ses vieux T-shirt confortables pour des costumes au prix exorbitant, c'est un peu de sa faute, même si elle ne l'admettra jamais et qu'il ne veut plus se battre avec elle. Millie l'a changé, l'a terni, elle  l'a tellement transformé qu'il ne se rappelle plus très bien de Samson avant Millie, alors elle ne fera pas de lui un monstre, jamais, il l'en empêchera. « Ouais, moi aussi je préférais mes T-shirts...  » Il soupire, passe à nouveau ses mains sur sa veste, vieux réflexe qu'il a depuis quelques mois. « C'est bizarre, tu ne trouves pas ? Qu'on tombe l'un sur l'autre, après presque trois ans ? Et qu'on ait plus rien à se dire quand on avait, à l'époque, tout l'univers à se raconter. Moi, je trouve ça bizarre.  » Et très triste. C'est Millie qui, d'eux deux, fait la pluie. C'est elle qui les mouille à torrents, elle qui les couvre de flotte alors qu'ils n'ont aucun parapluie sous lequel s'abriter. Avec ses rêves qu'elle ne garde plus que pour elle, et cet amour qui ne part pas. « J'imagine que toi aussi, tu aurais préféré ne plus jamais me croiser, nulle part. Je me demande comment ce sera, après aujourd'hui. Différent, j'imagine.  »

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MessageSujet: Re: pourquoi battait mon coeur. (samillie) pourquoi battait mon coeur. (samillie) EmptyMer 1 Avr - 23:30

" Please don't expect me to always be good and kind and loving.
There are times when I will be cold and thoughtless and hard to understand."

~





    Samson bombarde le cœur de Millie avec des mots meurtriers aux sourires carnassiers. Ca lui coupe le souffle, la pique et la fait saigner, à l'intérieur elle sent que ça part en déroute. En Millie il pleut un peu. Les larmes à défaut de rouler sur ses joues, glissent le long des parois de sa poitrine et bousillent tout l'intérieur, son cœur et puis tout le reste. La douleur, comme une vieille cicatrice qui démange, se rapproche. Elle a peur tout d'un coup d'avoir transformé Samson en monstre. C'est pour cela que toujours elle s'en va comme une voleuse, pour éviter de changer les princes charmants en monstres terrifiants qui pourraient creuser des trous dans son cœur si solide. Parce qu'elle sait qu'elle leur fait du mal parfois, qu'elle en a surtout fait à Samson, car la distance qu'elle leur oppose devient tôt au tard insupportable, tel un objet de torture qui leur broie le cœur. « T'es injuste... Et puis je t'avais prévenue, tu savais dès le départ que je ne pourrais jamais t'offrir tout ça, la maison, le mariage, le chien, les enfants et le reste. Tu le savais mais t'es resté. Tout ce que j'avais c'était mes rêves, nos rêves, je croyais que ça suffisait. Tu peux pas signer le contrat et après venir te plaindre des conditions, ça marche pas comme ça, Samson. » Sa voix tremblante et fluette ressemble à celle d'une gamine. Elle se fait boudeuse et frondeuse, croisant les bras sur sa poitrine dans un effort vain de se protéger. Il l'aimait là où elle n'était pas et ne serait jamais, il l'aimait la nuit lorsqu'elle s'offrait sans retenue et le matin lorsqu'elle s'échappait, il l'aimait de la même manière en mai qu'en décembre, il l'aimait conquérante et vulnérable, il l'aimait même distante. Mais elle sait à présent qu'il y a toujours un moment où ils veulent plus, parce que s'accrocher au radeau ne suffit pas. Il lui avoue que lui aussi préférait les tee shirts, Millie hausse les épaules et un sourire un peu triste nait sur ses lèvres. « Rien ne t'empêches de les porter à nouveau. » Allez viens Samson, prends ma main, ils sont pas encore morts nos rêves, moi j'étais là pour les maintenir en vie, je les ai arrosé. Allez viens, regarde, on est là, tous les deux dans cette ville dont on parlait si souvent. « C'est bizarre ouais, comme tu dis. » Bêtement, au début, Millie avait cru qu'il reviendrait, que c'était juste une histoire de quelques jours, qu'il avait besoin d'air, qu'il se pointerait à sa porte, lui dirait surprise, c'était une blague et elle l'aurait traité d'idiot et puis elle lui aurait fait promettre de ne plus l'abandonner comme ça. Mais les jours et les semaines sont passés et il a bien fallu se rendre à l'évidence : Samson ne reviendrait pas. Il était parti mais il était partout, dans son cœur, les photos et leur rêve. Trois ans c'est quoi ? Trois ans de vie, trois ans sans l'attendre, trois ans de détérioration pour Grand Père, trois ans à courir après des rêves, trois ans à courir devant des hommes essoufflés qui tôt ou tard abandonnaient. Trois ans sans Samson. Elle se disait qu'elle avait laissé son amour mourir lentement, sans douleur. Comment avait-elle pu croire à cette bêtise ? Maintenant qu'il est face à elle, elle le sait, elle le sent, son cœur ne l'a jamais délogé, il est resté là pendant trois ans, tentant de se faire tout petit, souvenir discret qui ne demandait rien. Elle l'aime encore. Et rien n'est plus violent que ça : son palpitant battant à toute vitesse, à la limite d'exploser dans sa cage thoracique, menaçant de faire des dégâts qu'elle n'ose même pas imaginer. « Je sais pas... Je suppose que c'est comme ça quand quelqu'un s'envole sans explications à des milliers de kilomètres de celle qui était supposée être sa petite amie. Alors ouais, c'est compliqué de faire comme avant. » Elle dit ça d'une voix sereine parce qu'avec le temps la rage s'est envolée mais la violence réside dans ses mots, savamment choisis et posés entre eux avec une incroyable précision. La violence est silencieuse, sourde et sournoise, elle glisse dans son cœur et l'enserre, s'immisce sous sa peau et fait trembler sa voix. Au silence Millie aurait préféré les cris, aux nuages les tempêtes, aux courts d'eau les déluges et au vide les déchirures. Ca aurait peut-être été plus facile de se quitter à grand fracas, de sortir les griffes, de tout déballer, toutes les petites blessures cachées sous le tapis. Mais Samson a choisi pour eux et il avait préféré la fuite. Leur histoire, Millie ne sait jamais vraiment comment la raconter, elle se perd, ne sait pas vraiment où elle finit, seuls leurs yeux laçant des éclairs et leurs mots assassins racontent cette histoire inachevée, la leur. Tout d'un coup tout son corps se tend vers lui dans un élan impulsif duquel Millie est trop souvent la victime. « Tu... Tu es avec quelqu'un ? J'veux dire, est ce qu'il y a une autre femme dans ta vie ? » Elle dit une autre femme comme si sa présence à elle voulait toujours dire quelque chose. Longtemps, elle l'avait rêvé malheureux, trainant des pieds et bouffé par le vide, homme aux rêves cassés qui reviendrait vers elle, qui se trainerait à ses pieds, suppliant de le reprendre. Aujourd'hui, elle ne sait pas vraiment ce qu'elle attend de cette question, parce qu'elle le rêve heureux mais elle aurait préféré qu'heureux, il le soit près d'elle. Moi, tu vois Samson, malgré mes silences, ma demi-présence et ma main vagabonde, il n'y a personne d'autre que toi dans mon cœur.

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MessageSujet: Re: pourquoi battait mon coeur. (samillie) pourquoi battait mon coeur. (samillie) EmptyMar 7 Avr - 21:57

millie et samson,
Il y a bien les souvenirs mais quelqu'un les as électrifiés et connectés à nos cils, dès qu'on y pense on a les yeux qui brûlent.  

Millie est restée cette fille à discours. Samson avait toujours pensé que l'adolescente ouragan laisserait place à une adulte silencieuse, qu'après avoir trop parlé et usé tous les mots du dictionnaire, Millie finirait par se taire. Mais il l'écoute s'agiter et réalise qu'il s'est trompé. Il s'est trompé sur tellement de choses à propos d'elle, peut-être même n'a t-il fait rien d'autre que ça : se tromper. Ses mots, il les écoute à peine. A l'époque, lorsqu'ils étaient ensemble et prêts à tout pour le rester jusqu'à leurs quatre-vingt ans, Samson dévorait ses discours. Il s'emmêlait dans ses vocables, buvait ses mots comme il boit ses silences depuis presque trois ans. A grandes gorgées, en s'y noyant. Ses discours, aujourd'hui, ne valent plus rien, qu'ils ne racontent plus le ciel mais le terre à terre, qu'il les a entendus des milliers de fois, dans la bouche d'autres gens. Au restaurant, avant une séance de cinéma, dans le métro, au cours d'une réunion, à la sortie de l'école. Millie est devenue comme toutes les autres femmes, utilise le mot contrat pour parler d'amour et à ça, il ne veut pas répondre. « C'est bizarre ouais, comme tu dis... Je suppose que c'est comme ça quand quelqu'un s'envole sans explications à des milliers de kilomètres de celle qui était supposée être sa petite amie. Alors ouais, c'est compliqué de faire comme avant. » Samson avait toujours su qu'il emporterait un peu de Millie s'il venait à la quitter. Un peu de ses secrets, de ses rires, de ses discours, de ses rêves mais aussi de ses cauchemars. Il avait toujours su qu'il décrocherait un bout de soleil en elle, qu'elle fanerait, s'éteindrait, pas assez pour en mourir, mais suffisamment pour être cabossée durant les soixante prochaines années de sa vie. Samson était quand même parti. Sans se retourner. Parce que des morceaux de lui, Millie n'avait pas hésité à en voler des dizaines, jour après jour. Elle avait picoré ses rêves, et quand ça n'avait plus suffi, elle s'était attaquée au reste : à l'amour qu'il lui portait -lui porte encore-, au bâteau mouche qu'il envisageait de lui offrir, plus tard, après ces dix ans de mariage qui ne seraient, de toute façon, jamais venus.  Il s'était réveillé un matin, avait écrit une lettre comme on écrit une note sur un post-it. N'oublie pas d'acheter du pain. Il y a les enfants qui t'attendront à la garderie à dix-huit heures. Tu dormais, j'ai pas voulu te réveiller, à ce soir, je t'aime. Peux-tu ouvrir les fenêtres pour qu'on ait le souvenir du chant des oiseaux en rentrant tout à l'heure ? Je suis venu t'écrire que je m'en vais. Il avait écrit une lettre de cinquante-quatre mots sur un post-it, recto verso, et l'avait collé sur le frigo. Au lieu d'une liste de courses, il lui avait laissé une liste d'adieux, cinquante-quatre mots qu'ils banniraient sûrement tous les deux de leur vocabulaire pour en avoir trop souffert, cinquante-quatre mots de bêtises, de non-dits. Cinquante-quatre mots pour presque trois ans de silences. « Oui, tu as sans doute raison. » Il jette un énième coup d’œil vers elle, s'attarde sur la grande plante verte, un peu plus loin, et revient à elle. « Je ne regrette pas, tu sais. D'être parti. J'ai hésité à t'appeler, après, chaque jour pendant des semaines. J'ai composé ton numéro, je t'ai laissée décrocher le téléphone, demander plusieurs fois qui étais à l'appareil avant de raccrocher. J'ai hésité à revenir, aussi. Mais je crois que ça n'aurait servi à rien : j'aurais fini par partir une deuxième fois. » Samson ne cherche pas à être blessant, il sait pourtant que c'est ce qu'il fait, en lui disant tout ça : la blesser. Encore aujourd'hui, il est perméable à son chagrin. Il se déverse, en lui, griffe ses organes, broie un de ses poumons et s'écrase au fond de son estomac, lourd comme du plomb. Il aimerait lui éviter tout ça, même s'il la déteste la plupart du temps, il aimerait lui éviter tout ça parce que même elle ne mérite pas de souffrir autant. Il tente simplement de lui faire comprendre que de lui, elle ne doit plus rien attendre. Qu'après aujourd'hui, il va falloir tout recommencer depuis le début. Il va falloir oublier le son de sa voix, l'odeur qu'il y a après son passage, il va falloir qu'elle oublie cette manière si particulière qu'il a de la dévisager, tout doucement, pour ne pas l'abîmer, oublier cette discussion, les cafés qu'ils auraient pu prendre de temps en temps ensemble mais qu'ils ne prendront pas. Il va falloir qu'ils s'entraînent à nouveau à se passer l'un de l'autre, jusqu'à ce que la douleur devienne sèche de ne pas avoir été arrosée quatre fois par jour. « Je ne regrette pas de t'avoir quittée, non, mais je regretterai toujours la façon dont je l'ai fait. Lâchement. Je suis désolé. » Il s'était fait courant d'air parce qu'en se faisant autre chose, elle aurait réussi à le rattraper et à le convaincre de rester. Il était parti comme un lâche pour être certain de ne partir qu'une fois, mais il savait que ça, elle ne le comprendrait jamais.« Tu... Tu es avec quelqu'un ? J'veux dire, est ce qu'il y a une autre femme dans ta vie ? »  Comme elle ne comprendrait jamais le fait qu'il y ait eu une autre femme, après elle, après leurs promesses et leurs échecs, et qu'elle est encore là, à balayer, nettoyer, replanter des fleurs du bout des lèvres partout sur sa peau. « Non. » Il inspire, très fort, mais à l'intérieur pour qu'elle ne remarque rien. Il inspire tout l'air qu'il peut pour entasser Abi tout au fond de ses entrailles, pour qu'elle se fasse encore plus petite que d'habitude, pour qu'elle devienne miette de pain. Juste le temps d'un mensonge.  « Il n'y a personne. » Il ne sait même pas pourquoi il lui ment, pourquoi il ne lui parle pas d'Abi qui l'arrose d'amour et de douceur du matin jusqu'au soir pour faire refleurir tout ce que Millie a piétiné. Il a conscience qu'il fait mal, pourtant, il lui semble que c'est la meilleure chose à faire. « Et toi ? Tu as quelqu'un ? » Il réfléchit puis se reprend. « Non, tu sais quoi ? Me dis pas, j'veux pas savoir. » Et c'est vrai qu'il s'en moque, ça fait des années qu'il s'est fait à l'idée qu'il y aurait sûrement quelqu'un d'autre dans le lit de la blonde, qu'un jour, un homme prendrait sa place, éteindrait l'incendie en elle pour lui offrir un peu de répit. Qu'elle retomberait amoureuse, après lui, parce qu'une fille comme Millie ne peut pas mourir seule. Parce qu'une fille comme Millie ne peut pas mourir. 

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MessageSujet: Re: pourquoi battait mon coeur. (samillie) pourquoi battait mon coeur. (samillie) EmptyVen 10 Avr - 1:30

" J'te d'mande pardon, pardon excuse-moi. J'voulais pas t'faire de mal, j'voulais pas.
J'pensais pas que ça irai aussi loin cette histoire. J'ai pas fais gaffe, ça m'arrive parfois. J'te d'mande pardon, pardon excuse-moi. "

~




    Peut-être n'ont ils jamais su faire que ça, du mal. Avant c'était Millie qui menait la danse de leurs jours pluvieux. Reine du silence, de la distance, des soirs électriques et des après midi à l'écart, de l'amour par petit bout, de rêves plus grands que tout. Maintenant, c'est Samson qui blesse chaque fois qu'il ouvre la bouche, ses mots sont des petits couteaux aiguisés qui se plantent dans sa chair comme une vengeance amer, un vieux compte à rendre, un truc qui reste sur l'estomac, qui ne se digère pas. Je ne regrette pas de t'avoir quitté, Millie. Elle croise les bras contre sa poitrine dans un effort vain pour se protéger des mots de Samson. Elle se tait et il reprend, en rajoute. Tu vois pas que tu fais mal Samson ? Tu vois pas que son cœur bat tellement fort dans sa poitrine qu'elle ne s'entend plus respirer ? Tu vois pas qu'elle n'est même plus sûre de respirer tout court ? « Ca sert à rien d'être désolé, ça change rien du tout. » On ne refait pas le passé avec des désolés, on fait rien d'autre que d'étaler un peu plus le passé. Ils se tiennent là, tous les deux, droits, tendus vers le ciel, fiers et idiots au milieu des ruines de leur histoire, des débris de leur amour. Il dit non, non je n'ai personne à mes côtés, personne dans mon cœur, personne quand je rentre le soir ou quand j'ouvre les yeux le matin et Millie sourit, un peu malgré elle. Elle n'y peut rien, c'est le soleil qui s'échappe de son cœur et qui teinte ses lèvres. Le non dans la bouche de Samson semble si joli. Elle n'aurait sans doute pas pu accepter une autre réponse que celle qu'il vient de lui murmurer parce que Millie est égoïste et refuse de penser qu'une autre femme puisse venir chasser son souvenir comme les vagues effacent les traces sur le sable. C'est une consolation un peu stupide mais à laquelle elle se raccroche. C'est déjà ça. Ca pourrait être pire. « Non. » qu'elle rajoute en écho à celui de Samson. Bien sûr qu'il y a eu d'autres hommes en trois ans, dans ses bras et dans ses draps, d'autres qui l'ont fait rire et rêver, d'autres à qui elle n'a rien promis, rien donné, à peine parlé, même pas aimé. Dans l'amour, Millie refuse de tout y laisser. Elle ne sera jamais de ces femmes naufrages, chavirés et noyés, qui ont mal et qui en redemandent. Très peu pour elle. Alors elle vit en bordure du cœur des autres et refuse toujours aux hommes de mettre les pieds dans son cœur. « Moi non plus je n'ai personne. » Que peuvent-ils faire de ces aveux ? Et est ce que cela a un sens, se retrouver, comme par enchantement, au milieu de New York, et décider de se rassembler à nouveau ? Est ce que ça marche ? Mais de Samson, Millie ne veut rien exiger, même pas un café. Elle lui a déjà trop pris, son amour d'absente a grignoté les rêves de cet homme et les a laissé pourrir sans jamais le réaliser. Elle voit bien qu'en Samson il y a un truc en moins, que quelque chose lui fait défaut, que son ciel est tout noir, qu'il a rangé au placard les étoiles et les espoirs, qu'il avance tout droit, recourbé et aveugle. Un élan inattendu la fait s'avancer pour venir enserrer Samson de ses tous petits bras, incapables d'en faire le tour. « Prends soin de toi Samson. » Millie parle bas, juste pour eux, surtout pour elle. Dans les bras de Samson, il fait bon vivre. C'est comme rentrer à la maison après un long voyage. Un voyage de trois ans. Le voyage de toute une vie. Dans ses bras, toujours, il lui avait toujours sembler que le monde s'envolait, que l'essentiel était là, dans cette chaleur, contre son corps, au milieu de toute cette tendresse. Elle aimerait être capable de dire, reprenons tout, on peut le faire, on en a encore la force, et puis de caresser son visage, de lui murmurer, retiens moi, me laisse pas partir, New York pourrait être notre plus belle chance. Mais elle ne peut pas. Parce que leur vie n'est pas un film ou un livre, parce que cette ville ne répare pas tout, parce qu'il semble y avoir entre Millie et Samson un océan de silence. Dans ses bras, la tête appuyée contre son torse, elle cherche un sens, une réponse. Il n'y en a pas. Pour eux, sans doute, il n'y aura jamais de deuxième chance. Elle reste là quelques secondes, immobile, les yeux fermés, plongée dans le souvenir de ses bras. Millie cherche à retenir les petits bouts de Samson qu'elle possède encore, l'odeur de son parfum, la douceur de ses étreintes, la couleur de ses sourires et le noir et blanc de ses colères. Et puis, au bout d'un moment, doucement, son corps s'éloigne comme un bateau quittant le port qu'il verra peut-être pour la dernière fois. Un dernier sourire et Millie s'en va. C'est l'au revoir qu'elle s'octroi, celui auquel elle n'a jamais eu le droit il y a trois ans. Elle ne se retournera pas. Elle est assez forte pour ça.





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MessageSujet: Re: pourquoi battait mon coeur. (samillie) pourquoi battait mon coeur. (samillie) EmptySam 13 Juin - 14:42

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