the great escape
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elle est debout sur mes paupières. (alexis)

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MessageSujet: elle est debout sur mes paupières. (alexis) elle est debout sur mes paupières. (alexis) EmptyJeu 2 Avr - 21:00

(alexis/lalou)

TOUT SUFFOQUANT
Et blême quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure ;


- Oui maman, je vais bien. Et vous, comment ça va ? Je… oui je comprends. On se rappelle plus tard, d’accord. Je vous embrasse.
Lalou sent son cœur se serrer au creux de sa poitrine en raccrochant. Elle a les doigts qui tremblent et les yeux un peu humides, mais c’est pas grave, tout ça.
Elle connait.
Elle sait qu’avec maman et papa, ça sera toujours comme ça, qu’ils ne pourront jamais que l’aimer à moitié mais ça lui va, elle a appris, elle a compris que c’était comme ça, mais c’est comme ça qu’ils s’aiment et c’est comme ça qu’ils l’aiment, avec un peu d’amour et beaucoup de mensonges. Et parfois – souvent – le fantôme d’une Leïla qui refuse de s’évaporer dans le vent. Pourquoi tu restes, Leïla ? Laisse-moi, laisse-moi. Mais Leïla elle ne s’en va jamais. Elle reste là blottie au creux de ses reins ou assise en équilibre au bout de ses cils, elle se roule en boule dans ses iris et elle ne s’en va jamais. Peut-être qu’elle voudrait, elle aussi, qu’on lui foute la paix, mais c’est pas sa faute et c’est pas non plus celle de Lalou qui fille-miroir de mort ne peut qu’encaisser les regards d’un passé qui ne lui appartient pas, plus, ne lui a jamais (vraiment) appartenu. Mais c’est les autres, c’est alexis papa maman et même plein d’autres gens qui continuent à ranimer le feu d’une grande sœur partie trop tôt.
Lalou soupire en serrant entre ses mains couleur de mort le téléphone et se lève sans faire de bruit. Elle s’approche de la fenêtre fermée aux volets ouverts sur un matin où il fait encore nuit. Toujours avec des grands fracas de silences elle tourne la poignée et pose ses coudes sur le rebord glacé, les cheveux dans le vide bercés par le vent. Elle aime bien les matins comme ça, elle croit. Elle ne sait jamais trop et c’est ça le problème, elle sait jamais rien et c’est peut-être pour ça qu’on ne la retient pas. Mais aujourd’hui est un jour un peu moins gris, alors elle regarde la ville endormie qui se réveille, puis baisse les yeux vers le spectacle de la vie qui se joue dans la rue, toujours, parce que sa ville, en réalité, elle dort jamais. Elle regarde les comédiens défiler nimbé de la lumière claire et obscure de l’aube qui s’étire, elle les regarde et c’est ce qu’elle fait tout le temps, Lalou, regarder défiler la vie parce qu’elle est spectatrice, Lalou, de l’existence des autres et puis surtout de la sienne, même si ça, elle y arrive moins. Elle a essayé, une fois.
Juste une.
Mais ça n’a pas marché et on l’a poussé sur la scène pour nouvel acte, le deuxième ou le millième, qu’est-ce que ça change ? Rien, rien, ça ne change rien parce que dans cette vie qui tourne en rond y a jamais rien qui change, faut faire tourner la machine infernale et surtout, surtout ne pas l’arrêter. Mais doit y avoir un engrenage rouillé, quelque part dans son cœur ou dans son esprit, un boulon qui a sauté et la mécanique s’enraye un peu trop souvent. C’est très bancal à l’intérieur et ça tangue souvent, mais ça aussi, elle connait.
Elle a l’habitude.
De quoi ?
De tout, de la vie, et c’est triste quand on a vingt ans de se lever parfois (souvent) et de penser ça, de penser c’est bon, j’ai assez vu, reprenez là, j’en veux plus. Mais elle n’y peut rien, Lalou, et elle doit continuer. Alors elle continue. Tout doucement.
Elle soupire encore les yeux caressant les étrangers, ils ont l’air heureux, hein, Lalou, regarde un peu. Regarde un peu et entends leurs rires ; ils sont passé où les tiens, on les a perdus, ils sont passé où Lalou, tes bonheurs ? Je sais pas, c’est quelqu’un qui a mal dosé sur la balance, la vie. Je sais pas non plus où ils sont partis.
C’est toujours comme ça avec Lalou, et ce depuis longtemps, du vide partout au fond du cœur, à gauche du malheur, autour du rien et dans l’espace infime qu’il reste, un peu de bonheur, tassé, plié, roulé en une petite boule qu’on oublie, et c’est triste, parce que c’est la plus joli dans tout cet océan de gris.
Toujours sans faire de bruit elle referme les vitres et pieds nus se décide enfin à quitter la chambre trop grande. Trop vide aussi.
Comme elle.
Elle passe la main sur les meubles qu’elle connait par cœur, sans y réfléchir mais quand les pensées reviennent elle se souvient, et brusquement récupère son bras fugitif pour le plaquer contre une poitrine-rempart d’un cœur qui veut déborder. Elle marche au milieu du couloir, frôle la moquette en essayant de ne pas trop appuyer. Elle voudrait voler, Lalou, pour ne rien toucher. Elle voudrait se faire fumée, pour pouvoir s’évaporer.
Mais voler elle ne peut pas et ne pourra jamais parce qu’il y a dans son ventre une pierre qui pèse une tonne et demie, et que dans son dos il n’y a que des lambeaux d’ailes déchirées. Elle ne pourrait pas non plus se faire fumée, Lalou, parce qu’elle serait noire, noire et tellement opaque qu’elle aurait beau se disperser elle resterait voile sombre sur le monde, son monde mais pas seulement le sien, celui des autres aussi. Et Lalou elle ne veut surtout pas ça, gêner les gens ou les plomber. C’est pour ça qu’elle ne veut rien toucher, surtout pas ici, parce qu’ici c’est chez Alexis. Et qu’Alexis, elle le plombe déjà assez. La faute à une sœur qu’on a trop aimée.
Alors elle s’efface, pour qu’il oublie et qu’il l’oubli, elle, aussi.
Surtout.
Elle se sent de trop entre ces murs très blancs, trop, comme sa peau cireuse de malade-amoureuse. Se sent de trop dans cet appartement. De trop dans la vie d’Alexis.
Pourtant, elle, elle lui donne tout, toute la place de son cœur et entre ses mains qui caressent d’autres femmes elle vient placer son amour qui luit un peu trop fort mais pas assez cependant pour éclairer les aveugles d’un garçon qui n’a jamais su aimer que les souvenirs qu’il retrouve au fond de ses yeux ternes. Tant pis. Elle ne lui demande rien en retour, Lalou, et s’il l’héberge, c’est en mémoire de ces souvenirs, justement, qu’il déterre du fond de ses iris habités de la lueur-leïla qui ne veut (peut) pas s’en aller. Ça lui va, c’est comme ça. Elle a l’habitude. Encore, toujours.
L’habitude de rêver à des choses qu’elle n’aura jamais.
Elle pénètre dans le salon qui sommeille, fait glisser son regard sur les coussins des canapés, sur les rebords de la télé, fait glisser sa main, aussi, au creux du dos d’Alexis qui dort encore, derrière la porte fermée. Elle l’a entendu rentrer, avec pour seule compagne la solitude, elle se souvient d’avoir pensé tien c’est rare, ça n’arrive jamais.
Rarement. C’est plus juste.
Elle veut être juste avec lui, mais parfois c’est dur quand elle n’a que pour musiques les cris d’autres filles qui viennent meubler son lit. Elle hausse les épaules sans y penser, disparaît dans la cuisine.
Les chaises sont mal rangées et elle en tire une, s’assied, un temps, longtemps. Les premiers rayons du soleil viennent jouer avec ses traits creusés et elle sourit faiblement. Elle n’ose rien préparer, ça pourrait le réveiller. Comment c’est possible, ça, de réveiller quelqu’un quand on n’existe pas ? Comment, Lalou, comment tu fais ? Mais finalement elle se lève, cherche les œufs au fond du frigo, sort une poêle et en casse deux. Ca grésille et elle pince les lèvres, doucement, doucement le feu, chuchote s’il te plait. Elle les regarde pâlir en se demandant pourquoi, pourquoi elle a fait ça. Elle n’est même pas sure d’avoir faim, ce matin. Elle n’est jamais sure de rien. Elle glisse les œufs dans une assiette.
Elle se retourne pour voir la porte qui s’ouvre et ça lui suffit, ça, à son cœur pour s’emballer. Lalou panique et ne sait pas pourquoi, elle baisse les yeux sur son plat puis aussi vite les remonte pour mieux se pendre à ceux d’Alexis. Elle ouvre la bouche.
- Je… je suis désolée, je t’ai réveillé… je…
Dans sa poitrine son cœur s’affole et s’envole, très haut, trop haut, et elle suffoque. Lui aussi, le cœur, a du mal à respirer. Comme souvent, comme tout le temps. Lalou se reprend.
- Excuse moi.


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MessageSujet: Re: elle est debout sur mes paupières. (alexis) elle est debout sur mes paupières. (alexis) EmptySam 4 Avr - 23:08

« Every man has his secret sorrows which the world knows not; and often times we call a man cold when he is only sad. »


Il y a des jours avec, et des jours sans. Des jours avec soleil, avec bonheur, avec plaisir. Des jours sans soleil, sans bonheur, sans plaisir. Hier était un jour sans. Mais un jour avec chagrin. Ces jours-là ne m’épargnent pas. Ils sont là, guettant ma moindre faiblesse, et ils débarquent aux moments opportuns. Alors hier soir, en sortant du boulot, j’ai voulu rester seul. Seul avec moi-même. Et avec le fantôme de Leïla, aussi. Je me suis promené à Central Park. Je me suis perdu à Central Park. Entre les arbres encore nus et les arbres en fleurs, les chemins de pierre et les parterres verdoyants. Je me suis ensuite assis sur un banc, et j’ai regardé les passants. J’ai vu des gens heureux, des gens amoureux, et des gens malheureux. Il n’y a que les malheureux qui ont remarqué ma présence. Parce que les malheureux remarquent tout. Ils sont seuls et observent. Ils observent la vie autour d’eux. Cette vie qui ne les épargne pas. Par contre les gens heureux n’observent pas. Ils sont perchés sur un nuage, et volent plusieurs mètres au-dessus de nos têtes. Je les ai beaucoup regardé, ces gens heureux. J’ai regardé l’effervescence de leur existence, et j’ai trouvé ça beau. Beau et naïf. Je me suis dit qu’ils finiraient par s’asseoir sur un banc eux-aussi. Et qu’ils connaitraient les jours sans. Ce n’est pas ce que je leur souhaite. On ne peut souhaiter ça à personne. Mais c’est ce qui arrivera, inévitablement. C’est ce qui arrive toujours. Le nuage sur lequel nous volons devient pluie, et on s’écrase pour devenir flaque. J’ai été flaque les premiers mois après la mort de Leïla. On m’a piétiné avec des bottes en caoutchouc. Mais maintenant je suis goutte de pluie. Je choisis mon chemin. Parfois je prends celui de la solitude. Le plus souvent, j’opte pour celui des jolies filles. Et les jolies filles elles me font oublier ma chute. Les jolies filles elles m’aident à me relever, à ne pas couler plus bas. C’est comme ça que je me maintiens. Mais hier soir, je voulais pas voir de jolies filles. Hier soir je voulais être tout seul. Puis après ça, après mon moment de solitude, je suis rentré. Sans faire de bruit, bien sûr. Sans faire de bruit pour ne pas réveiller Lalou. Lalou, la soeur de Leïla. Elle lui ressemble, c’est sûr. Y’a Leïla un peu partout dans Lalou. Ça me fait quelque chose quand je la vois, c’est vrai. Ça me fait un peu de peine, mais beaucoup de bonheur aussi. Parce que je tiens à Lalou. Elle est ma porcelaine. Douce et fragile. Moi je suis un peu son papier bulle. Je la protège, je veille sur elle. Parce que c’est la seule chose que je puisse faire. M’assurer qu’elle ne se brise pas. Je suis rentré sans faire de bruit, hier soir. Puis j’ai posé mon oreille contre la porte de la chambre de Lalou. Je l’ai écoutée respirer plusieurs secondes, juste pour me rassurer. Et je suis allé me coucher.

J’entends le bruit d’une chaise qui glisse sur le parquet. Mes yeux s’ouvrent, assez difficilement, et se referment presque aussitôt. La fatigue me garde prisonnier encore quelques instants. Jusqu’à ce que la chaise glisse de nouveau, que la porte du frigo s’ouvre, puis celle du placard. Vient ensuite un bruit de grésillement assez léger. Et une odeur d’oeufs. Lalou cuisine. Ça lui arrive, parfois. Alors je m’éveille, doucement. Et je m’étire, machinalement. Je reste torse nu mais enfile tout de même un pantalon de survêtement, avant de sortir de ma chambre et de me diriger vers la cuisine. Lalou est là, plantée au milieu de la cuisine. Presque gênée. « Je… je suis désolée, je t’ai réveillé… je… » Je m’approche d’elle, doucement. « Excuse moi. » Je lui souris, avant de déposer un baiser sur son front. « Ne sois pas désolée. J’aime quand tu me réveilles. » Je lui souris à nouveau, tendrement, avant de poser ma main sur son bras. « Tu as bien dormi ? » Je finis par relâcher son bras, avant d’avancer vers la fenêtre de la cuisine. Le soleil est là aujourd’hui. Il éclaire la ville, et les passants minuscules qui se baladent, en bas. Alors je me retourne vers Lalou, une étincelle dans le regard. Une étincelle que je voudrais propager dans ses prunelles. « Est-ce que tu voudrais qu’on passe la journée ensemble ? On pourrait aller à Coney Island. Ou alors on pourrait lâcher quelques bombes à eau par la fenêtre, et terroriser les passants. » En fait, je voudrais te voir heureuse Lalou. Au moins un peu. Peut-être même qu’on pourrait essayer ça à deux. Je veux dire, essayer d’être heureux au moins un peu.
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MessageSujet: Re: elle est debout sur mes paupières. (alexis) elle est debout sur mes paupières. (alexis) EmptyLun 6 Avr - 19:32


Un instant Lalou laisse ses iris errer sur la peau nue d'un Alexis qui lui sourit.
Juste ça.
Juste ça et elle a le coeur qui s'emballe, Lalou, y a dans sa poitrine un palpitant trop grand et elle baisse rapidement lees yeux sur son assiette. Elle a peur, Lalou.
Elle a peur de le regarder, et il n'y a pas que sa peau-velours qui l’effraie. Y a ses cheveux, ses mains, sa bouche aussi. C'est poser sur lui ses yeux qui ne savent que trop l'aimer et puis se perdre entre ses traits, c'est sentir son cœur-fonceur qui s’essouffle à l'intérieur de battre si fort et surtout, de ne batte que pour lui. Elle n'ose pas se plonger entre les mèches toutes faites d'or et encore moins au fond de ses yeux, parce qu'elle sait, Lalou, elle sait qu'à chaque fois elle a des envies d'y plonger et puis de s'y noyer. Et quand ses lèvres se déposent sur son front c'est comme atterrissage d'un avion rempli d'étincelles qui se déversent un peu partout dans son cou. Il y a sous sa peau dix millions d'étoiles qui la chatouillent et ça pique-chaleur, mais c'est pas grave puisque c'est doux. Très doux, ça.
Mais non, non ! faut pas. Faut pas, Alexis, s'il te plait fait pas ça. Faut pas m'embrasser comme ça.
- Ne sois pas désolée. J’aime quand tu me réveilles.
Toujours sans lever les yeux Lalou sourit, faiblement, juste pour lui dire qu'elle a compris. Elle a peur d'ouvrir la bouche parce qu'elle a le cœur au bord des lèvres et que lui tout ce qu'il demande c'est qu'elle lui offre, tout ce qu'il demande c'est d'être aimé, et d'être aimé par lui.  Le contact de la main d'Alexis sur son bras et c'est l'oubli, elle retient son souffle automatiquement en retenant toujours un peu plus son palpitant-bombe à deux secondes de l'explosion.
- Tu as bien dormi ?
Non, Alexis. J'ai pas dormi.
Elle ne dort plus, Lalou, ou dort si peu. Ses nuits se meuvent en éternités d'attente et elle reste des heures ensevelie sous des draps qui ne lui appartiennent à dessiner sur le plafond noir des rêves qui ne veulent pas s'y fixer. Et puis parfois, quand son esprit est trop épuisé parce qu'il en peut plus, lui, de tout faire fonctionner, parce qu'il en peut plus, lui, de faire tourner la machine infernale d'un corps vidé qui ne fait que s'écrouler, et qu'il se laisse prendre par la nuit elle ne dort jamais bien, Lalou. Elle n'en peut plus, n'a jamais pu.
Elle est fatiguée, Lalou, si fatiguée... ça va aller, ça va aller.
Elle acquiesce doucement toujours sans oser poser sur son visage (trop) près du sien son regard éteint, laisse toujours traîner sur ses lèvres, à elle, des cadavres de sourires à défaut de baisers.  
- Ou... oui. Et toi ? tu es rentré tard. qu'elle souffle, laissant s'envoler les mots constat.
Elle se déteste de balbutier, et puis par dessus tout elle déteste ce cœur-fonceur qui toujours tapi derrière ses dents n'a pas besoin de d'accord pour se jeter dans le vide-Alexis, vide d'Alexis. Aussi.
La lueur des étincelles ne diminue même pas de moitié lorsqu'il rompt le contact entre leurs peaux et qu'il s'avance vers la fenêtre. Les rayons du soleil immédiatement se mêlent et s'emmêlent dans ses cheveux qui se battent entre eux dans leur si jolie façon d'être décoiffés. Ça vient nimber sa peau et il brille, Alexis, il brille si fort et Lalou a peur de se brûler les yeux, Lalou ose à peine le regarder. Et quand il se retourne finalement et que ses yeux surprennent les siens qui se perdent dans l'étendue de sa peau de lumière c'est comme si le temps s'arrêtait tant il accélérait et elle voudrait qu'il ne reprenne jamais sa danse de jamais. Il ne joue pas franc jeu, lui, avec ses attaques surprises à grand coup d'étoiles. Mais Lalou ça ne la gêne pas et elle se laisse heurter de plein fouet par la horde d'étincelles nouvelles - comme si les anciennes, qui n'ont même pas fini de briller, ne suffisaient plus.
Ne suffisaient pas.
Parce que c'est joli les étincelles mais c'est pas des étincelles comme elle voudrait.
Elle les voudrait découpée dans des ciels aux couleurs de l'amour et plus seulement de promesses de bonheur qui ne sont même pas vraiment faites pour elle. Parce que les promesses de joies qui ne viennent pas, Alexis, il les fait pour elle mais surtout pour Leïla et elle la voit, la belle Leïla, qui danse au fond de ses yeux par dessus son reflet au fond de ses iris noisette. Il lui fait des promesses pour lui dire que ça ira et qu'il veillera, veillera sur elle mais il faut pas, tu sais, Alexis, faut pas parce que Leïla elle s'en foutait de ta Lalou et que Lalou de toi elle ne se fiche pas assez, justement. Parce que Lalou son problème c'est qu'elle est malade, malade d'aimer et de ne pas l'être assez, surtout. Bien sur qu'il y a Millie, bien sur qu'il y a Abi, et puis maman et papa les jours où il ne fait pas trop gris, mais Alexis, lui ne l'aime(ra) jamais qu'à travers les fantômes de Leïla. Et elle en crève, Lalou, elle en crève mais elle n'y peut rien et son cœur garde ses mauvais réflexes de se donner et tout donner, trop vite et trop fort. Son coeur bat et ne bat que pour Alexis et lentement elle se consume, Lalou, coincée dans sa formule 1 qui file à mille à l'heure sur l'autoroute de l'amour.
Qui file à l'envers.
- Est-ce que tu voudrais qu’on passe la journée ensemble ? On pourrait aller à Coney Island. Ou alors on pourrait lâcher quelques bombes à eau par la fenêtre, et terroriser les passants.
Ô Alexis ! ce qu'elle voudrait Lalou, c'est pas seulement une journée mais toute la vie, et puis plutôt que d'éclabousser les passants avec des bombes à eau elle voudrait semer partout des grenades d'amour pour exploser partout, exploser entre vous. Mais en attendant des rêves bons juste à se casser la gueule avant même d'oser exister la mèche de son cœur se consume toute seule et contre ça même les grands seaux d'eau glacés qui se renversent et se déversent partout dans son intérieur trop perméable y a rien qui marche. Seulement Leïla. Parfois.  
Lalou laisse retomber ses yeux vers son assiette qui tremble un peu, réfléchis sans le faire en s'avançant vers la table pour la poser. Elle a les sourcils légèrement froncé et puis elle se demande comment on répond à ça, comment on fait avec les gens gentils, s'il fait mentir ou s'il faut dire vrai, parce qu'à dire vrai Lalou elle n'a envie de rien de tout ça et puis envie des deux tout à la fois. Envie de rien, de tout, de toi. De toi, surtout. Seulement ?
Seulement de toi. Sait pas.
Pas besoin d'aller se promener quand elle peut le faire sur sa peau, pas besoin de lancer des bombes sur les passants quand y en a une énorme au bord de ses lèvres qui ne demande rien d'autre qu'une grande explosion de couleurs qui n'arrivera jamais. tant pis pour ça, tant pis pour toi. Elle le regarde avec des regards moitié parce qu'elle ne veut pas l'abîmer, elle ne veut pas l'écraser avec un amour d'enfant, un amour trop grand. Elle pince les lèvres et hausse les épaules en répondant à sa question-choix qu'elle ne fait pas.
- Oh tu sais il ne faut pas que tu te déranges pour moi. Je veux dire, si tu as des choses à faire ce n'est pas grave, il ne faut pas te sentir obligé de rester avec moi.
Elle sourit faiblement. Un temps. Et puis elle réfléchis et elle s'affole encore, parce qu'elle fait toujours ça, Lalou, s'affoler de tout et s'affoler de lui, surtout. Elle a du mal avec les mots.
- Je veux dire que je... enfin ça ne veut pas dire que je ne veux pas ou que ça ne me ferais pas plaisir bien sur, en fait c'est que j'ai pas vraiment l'habitude, mais...
Elle s'agite, ses yeux trébuchent et sautent d'un trait de son visage à l'autre sans oser se poser.
- Mais c'est comme tu veux.
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MessageSujet: Re: elle est debout sur mes paupières. (alexis) elle est debout sur mes paupières. (alexis) EmptyLun 6 Avr - 23:56

Le soleil est là. Juste là. Dehors. Mais j’ai l’impression qu’il peine à rentrer dans l’appartement. Comme s’il n’était pas vraiment fait pour nous. Comme s’il ne voulait pas nous faire partager sa chaleur. Mais c’est pas grave Lalou. C’est pas grave, parce que si le soleil ne veut pas venir à nous, c’est nous qui irons à lui. Les choses ne sont pas faciles, mais nous sommes deux. Nous serons toujours deux. Je t’en fais la promesse Lalou. Je ne te laisserai jamais. Je ne te laisserai jamais dans le noir. « Ou... oui. Et toi ? tu es rentré tard. » Lalou souffle. Sa parole est légère. Comme du coton. Elle me regarde sans me regarder. Elle est là sans être là. Elle parle sans faire de bruit. Je suis rentré tard. À vrai dire, je n’en sais rien. Je ne regarde plus l’heure quand je rentre le soir. Je rentre, c’est tout. Mais j’aurais aimé ne pas faire de bruit. À moins que… « Tu ne dormais pas ? » Je pose un regard inquiet sur ma porcelaine. Je n’aime pas ça. Qu’elle ne dorme pas. Je voudrais lui offrir les bras de Morphée. Je voudrais lui offrir un sommeil profond et réconfortant, et des rêves à en faire sourire quelqu’un d’endormi. Mais je sais pas comment faire ça. Je sais pas comment l’aider. J’ai peur parfois. Peur d’être inutile, impuissant. Comment je peux faire Leïla ? Comment je peux faire pour aider ta soeur ? Est-ce que tu sais toi ? Si tu sais, aide-moi. Guide-moi. Je veux qu’elle soit bien ici. Avec moi. Qu’elle se sente heureuse. Est-ce que tu te souviens de ce qu’elle aimait faire quand vous étiez petites ? Est-ce que tu sais si elle réussissait à s’endormir ? Parce que j’ai l’impression qu’elle n’y arrive plus. Et je ne sais pas pourquoi. Alors je lui propose quelques plans pour aujourd’hui. Des plans pour s’approcher un peu du soleil. Peut-être que si Lalou passe de bonnes journées, elle parviendra à trouver le sommeil. Je la regarde poser son assiette sur la table, les sourcils froncés, et je me demande pourquoi. Pourquoi elle fronce les sourcils. Pourquoi elle semble tremblotante. J’ai peur que quelque chose n’aille pas, et que je ne m’en rende pas compte. J’ai peur d’être là sans être là. De la regarder s’éteindre à petit feu. Alors à nouveau, je m’approche d’elle. « Oh tu sais il ne faut pas que tu te déranges pour moi. Je veux dire, si tu as des choses à faire ce n'est pas grave, il ne faut pas te sentir obligé de rester avec moi. » Comment peut-elle dire ça ? Est-ce que c’est l’impression que je lui donne ? Je ne me sens obligé de rien. Je ne veux pas qu’elle pense ça. « Je veux dire que je... enfin ça ne veut pas dire que je ne veux pas ou que ça ne me ferait pas plaisir bien sûr, en fait c'est que j'ai pas vraiment l'habitude, mais...  » Ce sont mes sourcils qui se froncent cette fois. « Mais c'est comme tu veux. » Elle est attendrissante Lalou. Elle est attendrissante quand elle trébuche sur les mots, et que son regard valse sur mon visage. Elle est attendrissante quand elle est gênée. Quand elle est comme maintenant. J’ai l’impression qu’elle est à deux doigts de s’envoler. De s’envoler et de se transformer en coccinelle. Pour devenir minuscule et invisible. Et toute rouge. Alors je la regarde, ma Lalou. Je la regarde se débattre avec elle-même, et ça me fait sourire tendrement. Je me dis que j’ai de la chance de l’avoir. Que j’ai de la chance de veiller sur une si belle porcelaine. « Je ne me dérange pas pour toi Lalou. Je ne me sens obligé de rien. » J’attrape son visage entre mes mains, comme pour appuyer mes paroles. « Je veux passer du temps avec toi. Parce que tu comptes pour moi. C’est compris ? » Je garde son visage entre mes mains, tout en plongeant mon regard dans le sien. « Arrête de te sentir de trop. Arrête d’être mal à l’aise d’exister Lalou. Tu es une belle personne. Et tu devrais avoir confiance en toi. » Je la serre dans mes bras plusieurs secondes, avant d’ébouriffer ses cheveux d’un air légèrement taquin. « Je ne te lâcherai pas tant que tu n’auras pas confiance en toi. » Je reste près d’elle, sans la quitter du regard. « Maintenant, fais-moi un beau sourire. » Je lui en fais un, attendant que le sien fasse réponse au mien. Puis je m’approche du frigo, et en sors une bouteille de jus d’orange. J’attrape également deux verres, un pour Lalou et un pour moi, et m’installe à table. « Tu veux un verre ? » Je n’attends pas sa réponse pour lui en servir un et le poser face à son assiette. Je passe finalement une main dans mes cheveux, réfléchissant au programme de notre journée. Je veux qu’elle soit belle cette journée. Belle et pétillante. Je veux que Lalou s’en souvienne longtemps. Mais je sais pas trop comment faire pour qu’elle se sente présente. Pour qu’elle se sente à l’aise avec elle-même. Pour qu’elle se sente en vie. « Dis moi Lalou, quels sont tes rêves de petite fille ? Quelles sont tes envies les plus folles ? » Parce que je ferai ce qu’il faut pour les réaliser.
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MessageSujet: Re: elle est debout sur mes paupières. (alexis) elle est debout sur mes paupières. (alexis) EmptyDim 17 Mai - 11:15

ici s'il faut

Le problème avec Lalou c’est qu’elle a un corps bouteille-crevée ou un corps océan, y a toujours des vagues en dedans et c’est toujours prêt à déborder.
A exploser.
Lalou c’est un cœur et son cœur est une bombe, une bombe énorme qui palpite d’amour et de douleur, mais la douleur faut la taire pas vrai, faut pas pleurer, pas pleurer… elle a appris très vite à cacher le tsunami d’intérieur qui ravage les côtes et les falaises peau-calcaire de son être trop vide de vie et trop plein de rien. Elle a appris d’abord pour Leïla parce que Leïla n’aimait pas ça, de voir sa petite sœur pleurer, mais ce n’était pas le même rejet de la peine qu’ont parfois les aînés quand ils voient leurs cadets souffrir silence ou souffrir violence, c’était un rejet secret avec des accents de dégoût qui pétait souvent en grands éclats de couleurs haine. Elle n’a jamais vraiment toléré que sa petite sœur puisse avoir un cœur et que surtout ce palpitant déraille et qu’il n’y ai jamais rien qui aille. Alors Lalou qui ne brillait déjà pas assez a éteint ce qui lui restait de lumière pour mieux plaire à une aînée incapable de l’aimer, parce que Lalou ce qui la rend fée-brillante c’est sa peine, elle brille très faiblement et bizarrement, c’est un genre de lumière grise-rose tamisée naturellement. Elle ne brille que faiblement et puis elle le fait si fort en même temps, depuis toujours depuis longtemps, ça illumine les gens et quand on la voit on se dit : regardez là. Mais Lalou ne voit pas ça et devant elle n’aperçoit que les pavés arrachés du chemin de sa vie avortée. Tant pis.
Tant pis tant pis pour toi, c’est comme ça, ça ira.
Ca ira… ça ira c’est ce qu’elle dit, c’est ce qu’on (lui a) dit et elle n’y croit pas.
Elle a essayé pourtant.
Elle a essayé, essayé inlassablement de répéter : ça ira, ça ira, ça ira, mais ça n’est jamais allé, ça brûle-froid à l’intérieur et ça lui laisse de très grosses marques sur le cœur, ça crève son muscle volcan et des gros cratères alors, s’échappe la lumière.
- Tu ne dormais pas ?
La voix d’Alexis ressemble à un roulis de nacre, elle est très douce et si dure à la fois, mais dure seulement pour elle qui y cherche des mots (d’amour) qui ne viennent pas. Dans la voix d’Alexis il n’y a pour elle que de l’inquiétude et une chaleur terrible et puis sale aussi qui le retourne l’estomac parce que c’est pas de cette chaleur là qu’elle veut, pas d’une chaleur comme ça.
Pas d’une chaleur hommage à Leïla.
Elle le lirait presque dans ses yeux : je prendrai soin de Lalou pour toi. Mais Alexis, tu sais, Leïla, elle s’en fout(ait). Mais le souci il est là, Alexis ne sait pas, comme le reste comme le monde, ils ignorent tous ce que pensait sa grande sœur d’elle et ils font bien puisque justement, elle n’en pensait rien. Ou alors pas du bien.
Alors en attendant qu’une bombe-révélation qui n’explosera jamais le fasse, Lalou continue à deviner entre les mots d’Alexis ceux qu’ils ne dit pas.
Il est toujours aussi près et elle a du mal à le regarder, elle a peur de l’éclabousser de son amour débordant, et peur surtout qu’il le devine au fond de ses yeux éteint comme elle devine ce qu’il tait si bien au fond des siens.
Non, non, Alexis, je ne dormais pas parce que tu sais je dors jamais ou alors rarement, je dors jamais parce que je peux pas, pas avec toi si près si loin, pas avec une tête pleine de cauchemars vivants pas avec tous les trucs accrochés à des chevilles déjà trop abîmées. Elle a mal tout le temps Lalou, et ça l’empêche de dormir ça l’empêche de rêver correctement parce qu’il y a toujours un ou deux cauchemars au goût de vrai pour venir jeter leur grande cape d’ombre par-dessus des rêves à peine frémissants. Lalou fait non de la tête en souriant faiblement.
- Non… non, mais ne t’inquiète pas. J..je lisais un livre, il était juste un peu trop prenant, je suppose… souffle-t-elle doucement.
Le temps s’étire comme un gros chat sous le soleil et Alexis s’est éloigné, un peu, comme son regard à elle qui fuyant préfère se poser sur l’assiette abandonnée. Mais ces temps de répit faux et brûlant ne durent jamais longtemps et déjà il revient vers un corps tremblant et malmené par les courants trop forts des rapides de l’amour unique. Elle voudrait lui montrer, glisser la main sous son sein et en sortir son corps qui pèse si lourd, si lourd d’amour et de douleur, et lui mettre au creux des mains. Elle voudrait lui montrer ce que ça fait d’être une danseuse pour un public d’aveugle et de sourds pour qu’ils ne puissent même pas deviner les mouvements de ses pieds avec le heurt de son talon sur le plancher. Lui ouvrir les yeux pour lui montrer un peu tous les bleus sur sa peau à force de glisser sur le parquet trempé des pluies de son esprit et de son palpitant éventré incapable de l’oublier.
Mais de tout ça elle ne fera jamais rien parce que ça ne ferait que le blesser lui et quitte à choisir, elle se choisit elle parce qu’elle est comme ça, Lalou, elle est comme ça et c’est plus fort que tout et qu’elle surtout, elle a beau souffrir à en crever elle ne supporte pas de voir les autres saigner. Surtout pas lui.
Surtout pas Alexis.
Et Alexis justement, en attendant il la couve de ses regards qui lui brûlent la peau comme des millions de soleil qui tournent en boucle autour de son corps, et beaucoup trop près. Lui aussi il est beaucoup trop près.
Et l’armée de soleil font brûler ses joues et son visage entier se fait brasier sous son regard lance fusée, tandis qu’à lui elle ne peut donner que des paroles accidentées et des regards-moitié.
- Je ne me dérange pas pour toi Lalou. Je ne me sens obligé de rien.
Et tout de suite il enroule autour de ses joues volcaniques ses mains de lave incandescentes. Pourquoi tu fais ça Alexis ?
Pourquoi tu me fais ça, à moi ?
Elle n’a rien demandé Lalou, rien de tout ça, et pourtant elle l’a tellement voulu. Tellement voulu mais pas comme ça. Alors tandis qu’il la tient entre ses doigts prison elle fond entre les coulées de lave qui s’envolent hors de son cœur pour couler le long de sa gorge et remplir sa bouche. Ca a un goût de beaucoup et de trop peu, c’est dégueulasse et puis si bon, mais faut pas le libérer, ça, faut pas le libérer et pourtant ça cogne contre ses dents. Un amour aussi sauvage et violent il ne faut pas le lâcher, surtout pas pour un homme qui n’est pas prêt à en être recouvert et ne le sera jamais.
Jamais. Ja-mais. Mais justement, justement rien. C’est tout et c’est comme ça et elle essaye, essaye de les ravaler mais ça redescend pas, c’est là et ça remonte vers ses yeux qui eux aussi ne demandent qu’à déborder de coulées plus amères et salées.
-  Je veux passer du temps avec toi. Parce que tu comptes pour moi. C’est compris ? continue Alexis.
Et quand il plante son regard dans le sien qui ne peut-veut plus s’échapper Lalou trésaille et Lalou se rend. Elle lui dit prend moi prend tout Alexis. Elle a perdu et elle s’est perdue à la minute où elle l’a vu, il y a maintenant cinq ans de ça. Ca lui fait mal un peu trop souvent de savoir que ça fait si longtemps.
Ca lui fait mal tout le temps.
- Arrête de te sentir de trop. Arrête d’être mal à l’aise d’exister Lalou. Tu es une belle personne. Et tu devrais avoir confiance en toi.
Puis pour ponctuer sa phrase il serre entre ses bras la fille au corps de grenade qui s’abandonne à lui et à son amour-bombe nucléaire condamné à irradier de l’intérieur. Lalou tandis qu’il ne la regarde plus laisse ses lèvres trembler et fixe sur le mur de coton son regard débordé et débordant de larmes qui ne doivent surtout, surtout pas sortir. Elle déglutit avec difficulté et fronce les sourcils en disparaissant dans le creux de son épaule tandis qu’il ébouriffe sur son crâne ses cheveux fil électrique qui à chaque contact de sa main font sauter son cerveau. Ça dure une éternité et elle suffoque mais lui ne voit rien, comme à chaque fois. Tant pis, c’est pas grave, ça non plus. C’est comme tout.
Comme rien.
Elle ne sait pas, ne sait (plus) rien. Et puis ce n’est pas vraiment comme si elle avait déjà su. Mais su quoi ? Su qu’il ne l’aimerait pas ? On sait pas, elle sait pas. Pas vrai, Lalou ? Hein dis nous Lalou si quand tu l’as vu tu as su que c’est à Leïla qu’il donnerait les clefs de son cœur alors qu’à ses pieds gisaient déjà celles du tien ?
- Je ne te lâcherai pas tant que tu n’auras pas confiance en toi.
Toujours (trop) près il jette sur elle son regard aux teintes de soleil tout noir et tant qu’il dit :
- Maintenant, fais-moi un beau sourire.
Elle arrache du plus profond de son estomac un sourire très très faux en écho au sien qui a des couleurs de presque bonheur. Mais ça suffira. S’il te plaît, Alexis, contente-toi de ça. Et alors qu’il s’éloigne (enfin ?) de son corps palpitant elle s’interroge encore sur s’il faut répondre à tout ça ou pas. Parce qu’elle n’a rien à dire Lalou, ou plutôt, elle n’a pas envie de mentir. Tout n’est que mensonge chez elle, même ses sourires. Surtout ses sourires.
Elle fixe le sol pour ne pas le fixer lui qui ouvre le frigo pour en sortir elle ne veut pas savoir et ne désire que ça, pour ne pas le regarder s’asseoir à table parce que c’est tellement plus facile de le deviner. Elle fait ça souvent, Lalou, deviner les gens et le deviner lui.
Deviner Alexis de l’autre côté du couloir avec des filles qui ne sont pas elle et ne sont plus Leïla, ça oui, elle sait (trop bien) faire ça. Tant pis si ça fait mal.
Elle n’y peut rien à son esprit qui tourne toujours à mille à l’heure en orbite autour de la planète Alexis.
- Merci.. (pour tout (ça), mais ça ne sort pas)
Qu’elle finit par jeter à ses pieds avec sa voix pleine de poussière qu’on entend qu’à moitié, toujours à moitié hésitante parce qu’elle n’est jamais sure, surtout pas là (surtout pas avec Alexis) de ce qu’il faut et de ce qu’elle va dire. Les mots sont toujours tranchants dans sa bouche et elle a peur de se couper alors elle fait attention, mais souvent ce n’est pas assez et elle les regrette mais c’est trop tard parce que déjà leurs lames empoisonnées se sont glissées entre ses dents. Les mots sont tellement blessants et elle voudrait, jamais, n’avoir à en user. Chanter seulement ceux qui sont doux.
Même si elle n’a personne à qui les réciter, personne pour qui en inventer.
Se résignant enfin à porter vers la table son regard lourd comme du plomb elle avise le verre rempli qu’il lui a servi et ses œufs qui ne fument plus sous le soleil qui inlassablement ricoche sur les épaules les cheveux le nez les mains les dents d’Alexis qui toujours lui sourit et la regarde avec des éclats de bonheur au fond des yeux. Ils sont aussi coupants que les mots, tu sais, Alexis, et faut pas les promettre comme ça. Ce n’est pas d’un bonheur comme ça qu’elle veut, Lalou. Lalou ce qu’elle veut, c’est un bonheur à deux.
Lentement elle s’avance vers la table et sa chaise déserte pour venir s’y déposer comme un oiseau de malheur et attraper le verre en soufflant un autre merci à peine audible. Elle attrape entre ses doigts de squelette vivant le verre froid qu’elle ne boira pas. Elle a en travers de la gorge un reste de lave séchée qui ne veut pas s’en aller.
Ce caillot de lave là, il ne s’en va jamais.
Surtout pas quand il est là (Alexis).
- Dis moi Lalou, quels sont tes rêves de petite fille ? Quelles sont tes envies les plus folles ?
Sa question lui tombe dessus comme une avalanche et elle se ratatine sur son siège en se noyant par les yeux dans la mer orange qui palpite contre le verre brûlé brûlant sans doute, au contact de ses mains de volcan éteint (jamais pour lui cependant). Elle relève pourtant vers lui son visage d’enfant infiniment vieux et cherche au fond de ses iris des réponses qu’il attend. Elle doit encore mentir, Lalou, elle doit toujours faire ça.
Toujours mentir et surtout là parce que comment lui dire que justement, des rêves elle n’en a pas n’en a jamais eu, ou plutôt en a eu tellement, tellement mais qu’ils n’ont jamais achevé leur formation parce que toujours la réalité est venue trancher leurs fondations faites de bouts de riens de nuages d’étoiles éteintes déjà, de trucs comme ça bien trop fragiles et peu fiables ou pas fiables pour elle. Chez les autres, pourtant, ils restent.
Ils restent et restent droit, les rêves, et même les fragiles, surtout les fragiles, y en a qui s’écroulent parfois mais ils ne s’éteignent pas et continuent à vibrer sur le sol en attendant qu’on les récupère et qu’on les réparer. Mais les siens, de rêves, ils ont ce problème de s’éteindre avant même de s’écrouler. Il y a dans la mécanique un soucis technique et elle ne l’a pas encore trouvé.
Elle ne l’a pas trouvé parce qu’elle n’a pas besoin de chercher, Lalou, pour savoir et pour voir le boulon qui cloche, elle n’a pas besoin de ça parce qu’elle le sait déjà, Lalou, elle le sait déjà qu’avoir un cœur si plein de malheur ça empêche la machine à rêve de tourner. C’est comme ça, ça passera (ou pas).
Ça passera un jour et en attendant elle attend et cherche au fond des yeux des gens comme (son) Alexis des rêves tout faits tout construits pour lui servir tout illuminés de leur fausseté sur un plateau trop brillant.
Mais au fond du regard d’Alexis elle ne trouve rien ou peut-être ne veut rien trouver, de peur de voir que ce qu’il attend d’elle et de son imaginaire mort est tellement, tellement lumineux qu’elle s’y brûlerait les yeux. Car en elle la seule chose lumineuse c’est sa peine et même elle, elle ne brille pas comme il faut.
Tu sais, Alexis, (ta) Lalou, des rêves d’enfants princesse et de prince charmant elle n’en a jamais vraiment eu, pas plus que des rêves d’aventures ou des envies de grandes maisons de chiens de beaux enfants parce qu’il y a toujours eu l’ombre d’une aînée empoisonnée pour y glisser beaucoup trop de réalité vérité qui criait que tout ça, ça n’arriverait jamais. Il y a en Lalou un truc qui déconne qui déraille sur le chemin qui mène vers les étoiles de désirs plus ou moins désirés. Alors elle cherche plus fort.
En elle et puis aussi en lui.
Toujours en lui.
Puis souriant faiblement elle hausse les épaules et ses cils reviennent caresser la surface immobile de frémissements du jus d’orange. Elle se déteste à cet instant précis et elle sent déjà s’enfoncer dans ses gencives les lames des paroles qui se précipitent vers ses lèvres encore fermées. Elle se déteste mais elle a l’habitude de faire ça, se haïr et puis se sentir bête aussi, se sentir vide, vide, vide.
Toujours vide.
Se sentir fade et sans couleurs parce qu’elle a une vie en noir et blanc et que tout chez elle est gris, même ses envies.
Surtout.
Surtout et puis pas tellement parce que c’est très trompant, très trompeur les paroles qu’elle dit, aussi. Et ses paroles, bien souvent sont très grises elles aussi.
Très souvent ça veut dire tout le temps.
- J’ai pas vraiment de rêves, j’ai pas vraiment d’envies, je.. enfin c’est pas très intéressant tu sais, Alexis, pas vraiment… fou, justement. (elle fait rouler chaque lettre de son prénom comme des bonbons sur sa langue)
Elle sourit faiblement et pour elle-même, elle sourit et elle se dit bon sang Lalou t’es conne t’es conne t’es conne et puis tu sers à rien. Elle se dit tout ça comme elle se le dit souvent et elle sourit pour se moquer de sa connerie. Mais connerie ce n’est pas vraiment le mot, y a pas de bon mot pour quelqu’un qui vit sa vie en deux tons. Puis, dessinant du bout du doigt le contour ovale du verre elle cherche timidement le regard probablement déçu – pourtant c’était si prévisible parce qu’elle sait si bien faire ça, Lalou, ne pas surprendre les gens, ne pas faire de vagues surtout – du garçon et lui demande à son tour :
- Et les tiens ?


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