“.I think that was the tragic truth of our relationship. If we'd met somewhere else, at different time, in a different place, we would have been soul mates. Fate was perhaps the cruelest creature on the planet. […] Can I curl up in your arms and let the beat of your heart soothe me to sleep ? Because that sounds absolutely lovely [...] I'm gonna place my bet on us. I know this love is heading in the same direction. Girl, I know we could climb back to where we were then. Feel it here in my heart, put my heart in your hand. Well, I hope and I pray that you do understand. If you did, all you have to say is : I'm waiting for you.”

Devan la contempla avec inquiétude, alors qu'elle défilait sans s'en rendre compte dans une robe patineuse à motifs bleu et blanc. Sans trop en faire, ni sans paraître négligée, Nina s'empressa d'enfiler une paire de chaussures confortables et avant qu'elle puisse atteindre la porte, Devan l'empêcha de s'enfuir trop vite en la saisissant par le coude, prêt à lui faire part de ses inquiétudes. Inquiétudes qu'elle jugea injustifiées, et balaya d'un sourire attendri. Après un baiser leste de sa part, il laissa la jeune femme, ainsi que ses petites inquiétudes s'en aller dîner avec son amie Laura. Qu'il croit. C'est aussi ce que Nina croyait aveuglément lorsqu'elle pénétra dans le restaurant. À la recherche de l'ombre féminine, accueillante et toujours indiscutablement énergique de Laura, la surprise fut de taille lorsqu'elle tomba sur l'incomparable sourire solaire de Jake. Ébranlée, ses petits talons se plantèrent au sol et elle manqua de barrer la route à un serveur qui passait par là les bras chargés de plateaux. Son regard ébahi se fixa sur ce sourire qui s'avançait vers elle, et lui semblait pourtant si loin. Elle oublia de répondre poliment à ses salutations, s'obstina à scruter son visage comme s'il était le dernier qui lui était donné de regarder avant de devenir complètement aveugle, pour enfin baisser les yeux vers ses bras tendus. « .Oh. » réalisa-t-elle, consciente qu'un air ahuri et complètement déplacé empêchait ses bonnes manières d'accueillir cet personne si exceptionnelle à ses yeux de la façon qui convenait. Elle se réfugia dans ses bras sans se laisser désirer une seconde de plus, et se délecta du parfum épicé qu'il avait toujours porté, et qui lui avait tant manqué. « .Mais… mais… mais c'est toi. » balbutia-t-elle, en se dépêtrant lentement de son étreinte, ramenant au passage ses mains de ses épaules à ses joues. Jake était quelqu'un d'imprévisible, qui se pointait où il voulait et quand il le voulait sans s'annoncer, et toujours de la façon le plus inattendue qui soit. C'était bien pour cette raison que Nina l'aimait tant. Il lui donnait un goût d'aventure qu'elle ne pouvait se dénicher toute seule, et il savait la surprendre comme il le faisait ce soir, dans une vie qui admettait si peu de détours, de surprises. Passé l'étonnement, elle trouva la force de lui adresser le plus beau des sourires. Un de ceux qui étaient saturés d'émotions, au point qu'elle aurait pu en pleurer. En pleurer de bonheur, mais quand même. Docile, elle se laissa guider vers la table et hésita à entrelacer ses doigts dans les siens de peur qu'il ne s'en aille à nouveau, mais se ravisa en se rappelant qu'elle avait certaines règles à respecter et qu'ils n'étaient plus à l'Université. L'innocence, la naïveté de croire qu'ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient et être ce qu'ils voulaient s'était achevée à la remise des diplômes et Nina, prise dans l'étau d'une relation se voulant sérieuse et qu'elle regretta aussitôt qu'il eut déposé un baiser sur son front, avait retrouvé depuis sa façon obstinée de suivre les règles qui lui étaient imposées. « .Désolé pour quoi ?. » s'enquit-elle, troublée. Pour sa fuite si soudaine ? Oui, il pouvait s'excuser pour ça. Mais au moins, son échappée l'avait forcée à se confronter à une vérité qui l'aurait d'autant plus blessée si elle avait passé plus de temps encore à ses côtés : Ses sentiments pour lui n'étaient pas réciproques. Ou du moins, ils ne l'étaient pas assez pour le convaincre de rester à ses côtés et de tenter d'améliorer leur amitié en un amour sain, comme elle l'avait envisagé avant la remise des diplômes. Pouvait-elle vraiment lui  en vouloir de l'avoir épargnée, même si inconsciemment ? Non. Elle pouvait à peine lui en vouloir de ne pas s'être donné la chance d'essayer, mais l'envie n'y était pas. Morose une brève seconde, sur ses lèvres apparut un sourire conquis devant les compliments qu'il lui adressait. « .Si j'avais su, j'aurais fais un plus gros effort vestimentaire. » répondit-elle, jugeant sa robe d'un regard déçu. Oh bien sûr, Nina Fitzmartin était toujours d'une élégance rare, et toujours teintée d'une touche de décontraction car incapable de travailler correctement si tirée à quatre épingles. Sans s'attarder plus longtemps sur sa tenue, elle buta sur le reste de ses mots. Ses pommettes s'empourprèrent, montrant ainsi son émoi visible, et, signe ultime de sa timidité maladive, elle se mordit la lèvre du bas, l'ombre d'un sourire sur la bouche. Elle lui avait donc manqué. « .C'est vrai ?. » osa-t-elle demander, émerveillée par tant d'honnêteté, sans trop s'en rendre compte. Elle savait pourtant que Jake n'était pas homme à laisser ce genre d'aveux passer la barrière de ses lèvres sans que celle-ci soit pure vérité, mais elle peina à y croire vraiment. Il s'en était allé avec tant de conviction, sans se retourner, qu'elle doutait depuis de tout ce qu'ils avaient pu vivre. Ou du moins, éprouver. Pourtant, il l'avait embrassé avant de s'en retourner à son Australie natale… « .À moi aussi, si tu savais. » avoua-t-elle à son tour. Non, il ne pourrait jamais se douter de combien il lui avait manqué, et ne se doutait pas que ses sentiments particuliers s'en allaient progressivement, mais difficilement grâce à Devan. Mais elle y arriverait, à s'en détacher. Tant qu'elle se persuaderait d'y arriver, il y avait espoir qu'elle le fasse. Néanmoins, les papillons dans l'estomac et les frémissements dans ses veines lorsqu'elle le voyait sourire, d'autant plus lorsqu'elle savait que ce sourire lui était entièrement destiné, eux, se rappelèrent à elle lorsqu'elle s'installa. « .Ta toute première soirée ? Puis-je en déduire qu'il y en aura d'autres ?. » questionna-t-elle, se demandant si sa venue saurait la combler ( de quoi ? Dieu seul sait ) durablement, ou bien si elle devrait encore pleurer son départ précipité pendant des semaines entières. « .Non, je ne t'en veux pas. » ajouta-t-elle, cependant peu convaincue. « .Ou du moins, je t'en voulais d'être parti de façon si … précipitée, et puis c'est passé. » décida-t-elle d'avouer, s'installant à table logeant la pointe de son menton dans la paume de sa main tiède. Si peu d'eau avait coulé sous les ponts, mais il en avait coulé tout de même un peu. Assez pour qu'elle trouve une épaule réconfortante en la personne de Devan, dont elle n'avait toujours pas parlé. Une moue contrite fit brièvement irruption sur sa bouche, puis s'effaça au profit d'un sourire un poil surfait. Mais un sourire tout de même.   « .Tu es là pour longtemps ?. » questionna-t-elle, tandis que le serveur chargé de leur table apportait deux menus, et un chandelier pour égayer la table d'un peu plus de lumière, et probablement d'un peu plus de romantisme pour ce couple qui n'en était pas un, mais en avait toutes les allures. Sans lui prêter trop d'attention, Nina poursuivit :   « .Et qu'est-ce qui t'as poussé à revenir  ?. » La curiosité était, selon les avis, l'un de ses plus grands défauts ou bien l'une de ses plus grandes qualités. « .En fait, pourquoi être parti, d'abord ?. » ajouta-t-elle, d'un ton suspicieux. Il ne s'était jamais justifié, et l'avait embrassé avant de tourner les talons et de partir, en la laissant les lèvres encore tièdes de son baiser, fourmillant d'un millier de questions. « .Beaucoup de questions, je sais, j'arrête. » acheva-t-elle dans un soupir, non sans y laisser un énième sourire.

“.I think that was the tragic truth of our relationship. If we'd met somewhere else, at different time, in a different place, we would have been soul mates. Fate was perhaps the cruelest creature on the planet. […] Can I curl up in your arms and let the beat of your heart soothe me to sleep ? Because that sounds absolutely lovely [...] I'm gonna place my bet on us. I know this love is heading in the same direction. Girl, I know we could climb back to where we were then. Feel it here in my heart, put my heart in your hand. Well, I hope and I pray that you do understand. If you did, all you have to say is : I'm waiting for you.”

Parfaite ? Oh elle était loin de l'être. Comme chaque femme, Nina avait un mal fou à s'accepter et s'estampillait volontiers d'imperfection vivante. Familière avec les compliments, mais jamais encline à les accepter, trouvant toujours quelque à redire sur son physique, ou sa morale, Nina faisait partie de ces femmes au charme fou qui se voilent perpétuellement la face. En gage de réponse, elle lui adressa un sourire timide, et préféra ne rien ajouter à ses compliments sous peine d'en avoir pour des heures. Pourtant, elle ne manqua pas de relever certains de ses mots, notamment ceux qui lui rappelaient combien l'absence de nouvelles de sa part fut bien cruelle. En hochant la tête, elle lui montra qu'en effet, il aurait du écrire plus souvent. Pas la peine de revenir des années en arrière en envoyer des courriers, des lettres papiers rédigées à la main – même si elle en raffolait, un simple texto aurait été suffisant. « .Certes, mais on ne change pas le passé tu sais. Donc bon, pas la peine de le ressasser. » commenta-t-elle, plus amèrement qu'elle ne l'aurait voulu. Assise à ses côtés, et aussi guindée que si elle prenait le thé un dimanche après-midi en compagnie de la Reine, Nina laissa ses doigts flirter avec la nappe crème. Prête à dîner et à faire courir le temps jusqu'à tomber de fatigue, elle fit mine de s'intéresser à chaque détails de la table, et à ne pas faire trop de conversation dans le simple but d'en avoir toujours en réserve, au cas où l'idée lui viendrait de vouloir rentrer chez lui. Dans sa chambre d'hôtel ? Ou bien chez lui ? Son ancien chez lui ? Ou bien un nouveau chez lui ? Comme par magie, ou probablement parce qu'il la connaissait si bien, Jake lui offrit la réponse qu'elle attendait accompagné d'un sourire enjôleur. « .C'est vrai ?. » demanda-t-elle, abasourdie.  Un sourire timide, mais heureux comme jamais, fit son apparition sur son visage. Ainsi donc il décidait de d'installer pour de bon. Enfin pour de bon… Avec Jake, rien n'était jamais définitif, elle mieux que personne le savait. Pourtant elle se régala de sa décision, et s'ils n'avaient pas été entouré de tant de monde, probablement se serait-elle levée pour crier de joie, et lui sauter dans les bras. Toutefois, son excitation n'était pas bien compliquée à lire. Elle avait sur les lèvres un sourire qui ne pouvait s'intensifier plus, et dégageait une telle chaleur, un tel bonheur qu'il lui était difficile de se rappeler avoir été aussi heureuse depuis des années. « .Sérieux ? Jake… Nous savons tous les deux que le sérieux n'est pas ton fort. » ajouta-t-elle, si peu consciente de ce que le mot sérieux pouvait bien signifier de sa bouche, notamment ce soir. Sans le savoir, elle creusait déjà dans ses efforts pour paraître, ou mieux, d'être sérieux. Mais elle lui connaissait une âme de vagabond, d'humoriste né, incapable d'offrir plus au monde que de la légèreté d'esprit et beaucoup de naïveté. De ce fait, pouvait-on vraiment lui reprocher son scepticisme vis-à-vis de ce prétendu sérieux ? Affaire à suivre songea-t-elle, tout en posant ses coudes sur la table, l'invitant d'un geste ample de la main à s'approcher lui aussi au dessus de la table. « .Si tu savais comme je suis heureuse. » murmura-t-elle, un sourire gourmand sur les lèvres. Sourire qui persista lorsque, aventureuse, elle décida de le gratifier d'un baiser léger sur la joue. Non, il ne pouvait pas savoir combien elle était heureuse de le retrouver. Enfin une éclaircie dans ce paysage morne. Bien sur sa relation avec Devan la ravisse, la passion n'était pas là. Pas encore, se rassurait-elle à chaque fois qu'elle y pensait. Mais elle ne pouvait s'empêcher de comparer cette relation à peine née, avec celle passée dont elle avait goulûment profité en compagnie d'Edison. La comparaison était systématique. Ni le feu, ni les papillons n'y étaient. Et le seul capable de susciter ces petites choses qui la faisait se sentir vraiment vivante, autre que Edison lui-même, se trouvait devant elle. Son meilleur ami, et plus s'était-elle imaginé un jour, lui souriait et s'empressait de répondre à ses nombreuses questions. Attentive, mais pas moins euphorique, Nina tenta pitoyablement de ne pas laisser transparaître son excitation de le savoir ici pour encore longtemps, et non juste pour une visite de courtoisie.   « .Pour moi ?. » demanda-t-elle, stupéfaite. Pour elle… pourquoi ? La suite de son récit la força à s'asseoir plus profondément dans son siège au gré de ses explications, et à réviser son bonheur fou devenu illusoire. Elle dégringola de plusieurs étage en captant les informations échappées avec trop de vitesse. À tel point que l'explication finale tourna dans sa tête durant de longues secondes de silence où son sourire retomba automatiquement en une moue contrite, et où la joie avait manifestement quitté ses yeux. Son coeur, durant de longues secondes, s'arrêta de battre. La scène se répétait de nouveau. La première fois Edison, la seconde Jake. Excepté que l'art et la manière était différente. Mais le mensonge n'en restait pas moins gros… et inacceptable. « .Pourquoi n'avoir rien dis ?. » demanda-t-elle, fixant sur lui un regard ombrageux. « .Tu sais, je t'aurais prêté de l'argent. » ajouta-t-elle, ferme. Bien sûr qu'il le savait. Et encore, prêté, c'est pour la forme. Donné était en l’occurrence plus exact. Et elle en avait… beaucoup, de l'argent. Beaucoup trop, selon elle. À tel point qu'elle veillait à reverser une partie de sa fortune à de nombreuses œuvres caritatives chaque année. Peu dépensière, pas forcément matérialiste et indiscutablement généreuse, Nina possédait un compte un banque qu'elle n'arriverait jamais à vider de son contenu, ce même si elle le voulait. Alors l'argent n'était pas un problème pour elle. Bien sûr, elle comprenait que ça le soit pour lui. Demander de l'aide n'était pas chose aisée, et encore moins lorsqu'on s'appelait Jake Fitzgerald et qu'on s'obstinait à vouloir rester dans sa mouise, plutôt que de demander de l'aide. Et s'il n'avait pas voulu lui en demander à elle, son frère gagnant de X Factor et accessoirement star planétaire aurait pu lui en prêter. Tant qu'il ne se tournait pas vers Katherine… Quoi que en ce cas présent, elle se demanda s'il n'aurait pas du le faire. « .J'en ai assez des gens qui font n'importe quoi et qui prétextent devoir partir, ou être obligé de rompre avec moi pour me protéger. D'abord Edison, et maintenant toi. » s'énerva-t-elle, veillant tout de même à ne pas attirer l'attention sur eux. Il savait pour Edison. Il était bien l'un des seuls à l'avoir su, la véritable raison qui l'avait poussée à la quitter bêtement et de la manière la plus douloureuse possible. Finalement, non, la raison n'était pas qu'Edison ne l'aimait plus, juste qu'il voulait la protéger de personnes peu fréquentables. Même scénario avec Jake. Excepté que Jake ne s'était pas caché derrière un affreux mensonge qui l'avait plongée dans un abîme. Il s'était caché derrière une vérité dissimulée qui l'avait plongée, de nouveau, dans un abîme. L'un dans l'autre, le résultat était sensiblement la même chose. « .Si tu voulais partir, Jake, tu n'avais qu'à le faire. Et si tu ne voulais pas, tu n'avais qu'à rester et me demander ce dont tu avais besoin. » gronda-t-elle, les dents serrées, refusant de croiser son regard. Elle fixa ses prunelles sur leurs mains jointes, et hésita à enlever la sienne, vexée. « .Tout ça c'est des bêtises. T'as encore pris la mauvaise décision. » Comme toujours, se retint-elle miraculeusement d'ajouter. « .Dis pas des trucs comme ça, Jake. T'as pas besoin de moi, sinon tu ne serais pas parti. » Ou tu serais revenu plus tôt, au choix. Typique de Nina. Elle refusait de voir les sentiments, le bien-fondé dans tout ça. Il n'y avait rien à ses yeux qui soit suffisant pour expliquer pareil abandon. Du moins, ses raisons à lui ne lui suffisaient pas. Il avait besoin d'elle, ça signifiait quelque chose pour elle. Du moins, ça devrait. Ça aurait signifié quelque chose le jour de la remise des diplômes. S'il lui avait fait part de ça, en utilisant les mêmes mots, elle s'en serait servi comme amorce pour déclarer à son tour ses sentiments à son égard. Quant à la façon dont elle le regardait… Elle se demanda comment elle pouvait bien le regarder. Si l'amour silencieux, et en sommeil, qu'elle lui portait se voyait tant que ça. Dans tous les cas, elle refusait toujours obstinément de le regarder droit dans les yeux, et le laissa se reculer de table à sa guise sa réagir. « .Je vais bien, merci. Un peu fatiguée par le travail, mais c'est encore plus passionnant que je l'imaginais, donc je ne regrette pas de ne pas compter mes heures. » décida-t-elle de répondre à sa dernière question, le ton monotone. S'il donnait dans la vérité, il se pourrait bien qu'elle se lance, elle aussi... « .Et puis je ... » hésitation. Elle se mordit la lèvre, avant de continuer : « .Je vois quelqu'un maintenant tu sais, et j'aimerais beaucoup te le présenter. » Tu pourras peut-être lui expliquer pourquoi tu m'as embrassé avant de t'en aller, puisque pour moi aussi, le mystère reste encore entier, pensa-t-elle pour elle. « .Il s'appelle Devan, c'est un garçon fantastique. Je suis sûre que tu vas l'adorer. » Ou pas. « .Ou au moins fais semblant, pour moi, d'accord ? Je ne te cache pas que notre relation ne fait pas l'unanimité. » Edison, pour des raisons évidentes, n'adhérait pas à leur couple (quand bien même il puisse adhérer à n'importe quel couple qu'elle pourrait former avec quelqu'un d'autre que lui). Si ses parents l'adoraient déjà, il en était tout autrement pour sa sœur jumelle, Kira, qui ne comprenait pas qu'elle puisse fréquenter quelqu'un d'autre que le prétendu grand amour de sa vie : Edison. Et mine de rien, son avis comptait beaucoup à ses yeux. Il n'en restait qu'un pour faire la différence, et lui redonner un peu plus confiance en ce couple inattendu : celui qui se tenait droit sur sa chaise devant elle. Toutefois, elle n'était pas assez idiote pour s'imaginer que Jake trouverait en Devan un nouvel ami. Le retour de Jake compliquait bien des choses. S'il aurait été aisé pour elle de faire un choix, à un moment donné, entre Devan et Edison, il devenait évidemment impossible à faire lorsqu'on y ajoutait Jake à l'équation. Mais pour l'heure, elle appartenait à Devan. Et Jake avait loupé son occasion. Quand bien même il aurait voulu la saisir, elle n'avait d'autre choix que de lui léguer à nouveau la place du meilleur ami platonique et d'ignorer bravement les papillons qui chatouillaient son estomac.

“.Here she is, all mine, trying her best to give me all she can. How could I ever hurt her ? But I didn’t understand then. That I could hurt somebody so badly she would never recover. That a person can, just by living, damage another human being beyond repair. For a long time, she held a special place in my heart. I kept this special place just for her, like a "Reserved" sign on a quiet corner table in a restaurant. Despite the fact that I was sure I'd never see her again.”

« .Mon dieu, ce que tu as bonne mémoire. » fit-elle remarquer, un sourire amusé affiché. Parfois elle-même peinait à se rappeler de son patronyme complet tant la farandole de prénoms que ses parents lui avaient attribués lui semblait long, et bien souvent absurde. Saluant l'effort d'une œillade appuyée, Nina lui offrit dans la foulée son probable dernier sourire pour la vingtaine de minutes à venir. Sa joie de retrouver ce meilleur ami qu'elle désespérait de pouvoir revoir un jour s'envola lorsque Jake la gratifia d'explications qu'elle jugea sans ménagement, et surtout sans prendre la peine d'essayer de les comprendre. écœurée qu'on puisse encore la croire faite de sucre, alors qu'en elle se tenait un véritable bunker solidement fortifié, et prétendu imprenable, Nina posa sur lui un regard consterné. Inévitablement, le rapprochement avec Edison et lui, et leurs façons bien respectives de la mettre de côté à un moment de leurs vies, s'opéra. Et si le ton que Jake employait à son égard aurait dû la froisser de plus belle, ses mots eurent au moins le mérite de la faire réfléchir. D'abord muette, elle se laissa l'opportunité de peser chaque mot qui aurait l'autorisation de passer la barrière de ses lèvres. Jake n'avait jamais été fan de sa relation avec Edison, moins encore d'Edison lui-même, et à en juger par tout ce que ce dernier s'était appliqué à lui faire subir à elle, elle n'eut aucun mal à comprendre qu'en sa qualité de meilleur ami, meilleur soutien, meilleur allié, et bien des choses encore, Jake ne pouvait tolérer la comparaison. Edison l'avait poignardée sciemment, toute lame dehors et directement dans le cœur, alors Jake s'était appliqué à dissimuler la vérité, et à l'enrober de façon à ce qu'elle soit plus simple à avaler. « .C'est vrai, excuse-moi. » se contenta-t-elle de répondre, ses joues tièdes de honte et probablement d'encore un peu de ressentiment. La comparaison avec Edison n'était pas nécessaire, certes,  mais n'en restait pas moins totalement justifiée selon elle. Elle pouvait bien lui concéder le fait que ses raisons étaient, dans le fond, tout ce qu'on trouvait de plus honorable, mais pas qu'il avait raison de s'en être allé. « .Cela dit, ne crois pas t'en sortir si facilement. Je n'ai pas besoin d'être protégée de qui que ce soit. Cesse donc de croire que je ne suis qu'une enfant, et qu'il y a des terroristes à tous les coins de rues. Ce n'est pas le cas. » qu'elle ajoute, le ton autoritaire. Naturellement, Nina ne se doutait pas  (et probablement ne voulait-elle pas savoir) avec quelles forces Jake avait fait affaire, et se plantait donc à des bornes et des bornes de ce qui pourrait éventuellement lui arriver si Jake n'était pas prudent pour elle. La direction que prenait le débat, et sa tournure la fit s'enfoncer dans son siège. Une fois de plus, et comme toujours, ils se prenaient le bec. Dix minutes, à tout casser, qu'elle était l'avait de nouveau dans sa vie et déjà, les reproches fusaient. Tout comme les regard dégoulinants d'amour qu'ils n'osaient pas soutenir, ni assumer. Plus disposés à se sermonner qu'à toute autre chose, comme toujours. Si elle peinait à le comprendre et à réprimer une grossière envie de lui balancer son verre d'eau plate à la figure, et à s'en aller, Nina jugea judicieux de se restreindre et d'absorber toute son aigreur, au profit de l'éternel masque digne et soigné. « .Pourquoi c'est si important la crédibilité, pour toi, franchement ?. » demanda-t-elle, sérieuse, digne, mais intraitable. « .Ce que je voulais c'était de t'éviter un détour par l'Australie pour rien et t'aider à arranger tes problèmes, Jake. Ça n'a rien à voir avec ta crédibilité, l'argent ou je ne sais quelle autre idiotie. » Son ton se fit plus indulgent, tout comme le regard qu'elle portait désormais sur lui, et ses traits dont elle refusait de se détacher. La malice que ses traits crayonnaient sur son visage lui avait manqué, et elle refusait de perdre une seconde de plus dans cette disette.  Elle comprenait, dans le fond. Il était un homme et les hommes étaient par définition toujours dignes dans la bêtise. Elle aurait accepté qu'il ne veuille pas de son argent, refuse catégoriquement une aide financière de sa part… si seulement il n'y avait pas Katherine qui planait toujours au-dessus de chacun de leurs entretiens. Même si rien ne liait la quinquagénaire à leur tête-à-tête, Nina ne pouvait s'empêcher d'y penser. « .Est-ce que tu as demandé à Katherine encore cette fois ?. » plutôt qu'à moi . Elle avait délibérément insisté sur '' Katherine '' et saupoudré sa supplique d'un cynisme affûté. Probablement plus jalouse qu'elle ne pouvait bien le croire, Nina planta sur lui un regard qui l'obligerait à répondre. Katherine était l'aide vers laquelle il se tournait systématiquement en cas de problème, elle ne l'était pas.Il finissait toujours par se tourner vers elle pour de l'aide, financièrement ou non. De l'aide, ou bien d'autres choses que leur relation supposément platonique ne pouvait lui offrir. Nina était de toute évidence un choix inenvisageable à ses yeux, même pour de l'argent, ou toute autre chose. Toutefois consciente qu'il n'était pas question de Katherine, et qu'elle ne voulait pas entrer une énième fois dans ce débat, Nina poussa un soupir résigné. « .Laisse tomber, ne prends pas la peine de répondre. Il vaut mieux que je ne le sache pas. Restons-en là, et fais-moi plaisir : cesse de refuser constamment mon aide, d'accord ?. » Elle tenta, avec plus ou moins de succès, de se montrer conciliante. L'ombre d'un sourire émergea sur ses lèvres, et la tournure que prenait finalement cette intermède lui réchauffa le cœur. « .C'est vrai ?. » demanda-t-elle, à la fois surprise et conquise. Well that's a first. Entre ses amis, et sa famille qui ne percevaient pas sa relation avec Devan d'un bon œil, l'espoir que Jake lui accorderait au moins le bénéfice du doute s'installa en elle et l'apaisa comme un baume le ferait. « .Génial, je verrais avec lui pour prévoir quelque chose. » ajouta-t-elle, cependant peu convaincue qu'elle le ferait vraiment. Malgré qu'ils ne s'entendent pas, elle était intimement convaincue que Jake trouverait la force de prendre Edison en pitié s'il venait à apprendre les manigances de Devan. Peut-être, peut-être pas. Quelle importance. Tourmentée, Nina se concentra sur son assiette un court instant. Parler de Devan aujourd'hui n'était finalement peut-être pas une si bonne idée, à en juger par le silence qui suivit cette révélation, et la grimace indescriptible que Jake s'obstinait à vouloir réprimer, sans qu'il puisse toutefois la duper complètement. Nina le jaugea discrètement du regard, faisant mine de suivre leur serveur avec attention. « .Tu sais très bien que je n'aurais pas pr... » pris la fuite. Elle avait débuté avec une assurance presque surprenante, et perdit son souffle, et probablement une partie de son âme, quand Jake lui souffla ses mots magiques.   « .Oh... » lâcha-t-elle, dans un hoquet de surprise. Un sourire fit une apparition brève sur sa bouche. Elle avait attendu ces mots-là depuis si longtemps qu'elle ne se rappelait plus quand elle avait commencé à l'aimer vraiment. L'espoir de l'entendre un jour lui dire qu'il l'aimait de cette façon s'en était allée avec lui à la remise des diplômes, et depuis, elle avait fait une croix dessus. L'avait-elle su ? Vraiment ? Non. Ou peut-être que si, au fond. Sinon se serait-elle vraiment donné la permission de l'aimer comme elle l'avait fait durant des mois, s'il ne lui avait pas gratifiée de quelques signes avant-coureur ? Probablement pas.  Le micmac sentimental se fraya douloureusement un chemin en elle, apportant son lot de questions, d'espoir, et de désillusions. Le cœur gonflé à bloc, elle s'apprêtait à raconter une histoire qu'elle gardait pour elle depuis trop longtemps, et qu'elle comptait encore garder une belle petite éternité avant ce soir, maintenant. Elle se mordit la lèvre de vouloir le lui avouer, se laissant la chance de se raviser une petite seconde, avant de se jeter. « .Tu sais, c'est drôle... » Non, ça ne l'était pas du tout, en réalité. Pas pour elle, du moins, et probablement que ça ne le saurait pas pour lui non plus lorsqu'il apprendrait la terrible vérité. Celle qu'elle oubliait un peu plus chaque jour grâce à la distance, au temps, et probablement un peu aussi grâce à Devan qui faisait paisiblement son œuvre sur les sentiments amoureux naissants qu'elle avait cru avoir pour Jake à une époque. Une époque pas si lointaine que ça, il fallait le craindre, car à un juger par le regard à la fois tendre et navré qu'elle portait sur Jake, ces sentiments s'éveillaient à nouveau en elle et elle regrettait déjà de passer à côté d'une si belle opportunité. L'opportunité d'une vie, peut-être. Mais le timing leur faisait affreusement défaut. Allons, Nina. Il a dit qu'il t'aimait, et quoi ? On peut aimer d'amitié, aussi. tenta-t-elle de s'assurer. Ainsi décida-t-elle d'adopter un ton plus léger, laissant un rire nerveux s'échapper de sa bouche avant de poursuivre.   « .Tu vas trouver ça idiot, mais... » ces hésitations, toujours ces hésitations. Peu vaillante, Nina se laissa aller à un soupir salvateur, avant de se lancer cette fois pour de bon : « .À un moment, j'ai cru que j'étais amoureuse de toi, tu sais. » Les mots coulaient comme du papier à musique, sans contrefaçon, ni amertume. Nina se contenta d'aller au plus simple, jugeant le tout déjà diablement compliqué. Elle savait que de cette manière, elle remettrait leur amitié en jeu. Mais rien n'avait changé. Elle l'aimait toujours d'une façon pure, et pourrait le faire de façon platonique avec quelques petits efforts. « .J'ai voulu te le dire à la remise des diplômes, mais j'ai manqué de temps, et tu as décidé de t'en aller, donc voilà. » ajouta-t-elle, se rappelant de la scène comme si elle l'avait vécue dix minutes plus tôt. Il devait s'en douter à l'époque, non ? Au moins un peu selon elle. Mais que pouvait-elle savoir après tout, Jake était si secret. « .C'était idiot, je sais et maintenant, c'est passé. C'est mieux comme ça, j'imagine. » ponctua-t-elle, en haussant les épaules, pourtant si peu convaincue.