Son portable toujours en main, un large sourire venait de fendre son visage alors qu’il avait devant lui sa cavalière au bal du nouvel an, aussi connue comme étant sa prof de mathématiques, mais ce n’était qu’un détail, Jorden se félicitait intérieurement d’avoir réussi à la faire venir. Ils s’étaient quittés précipitamment le soir de la Saint Sylvestre. Après une soirée mouvementé avec une petite explosion de rien du tout (même pas peur!), Jorden avait filé avec sa frangine et son cousin préféré (ou pas) à Las Vegas histoire de fêter la nouvelle année comme il se doit. Il avait eu l’occasion de revoir Lubja en cours, mais ils n’avaient pas vraiment eu le temps de se parler plus que ça. Il avait son numéro, alors les textos étaient ce soir son dernier recours pour tenter de la revoir en dehors des heures de classe et dans un contexte beaucoup plus sympathique que celui de l’université. Il l’avait invité à une petite fête donnée par les Omégas. Après tout, elle était encore jeune elle aussi, elle devait bien sortir et s’amuser de temps en temps. Elle n’avait pas plus de cinq ans de plus que lui, il en était convaincu, et malgré tout, son statut d’enseignante la rendait inaccessible. C’est sans aucun doute la raison pour laquelle il la désirait tellement. Depuis le soir où le hasard avait fait d’elle sa cavalière, Jorden ne pouvait s’empêcher de penser à Lubja. Il voulait, plus que tout, obtenir plus d’elle qu’une simple danse. Conscient de son charme et plutôt sûr de lui, Jorden n’avait même pas hésité en envoyant ce texto. De toute façon, qu’elle vienne ou pas, il trouverait bien quelqu’un pour le raccompagner chez lui ce soir. Rentrer seul un vendredi, ce n’était pas dans ses habitudes, surtout pas après une soirée organisée par les rois de la fête à Berkeley. « Heyyy! Bonsoir! Comment tu vas? » Ignorant ses questions, il affichait toujours une mine ravie et parlait avec une voix légèrement plus grave que d’habitude. Peu importe ses intentions à lui, elle devait s’en douter de toute façon, non? Et si elle était venue, c’est que quelque part elle devait bien être intéressée, pas vrai? Donc, il n’avait pas besoin de répondre. Elle n’avait qu’à faire les déductions toute seule, comme une grande. « Un verre? » Il lui tendit un gobelet en plastique dans lequel un alcool fort avait été versé. « Ça me fait plaisir de te revoir, tu sais. Je veux dire en dehors des heures de cours, évidemment. Je suis vraiment désolé d’être parti aussi vite le soir du nouvel an, j’espère que tu ne m’en tiens pas trop rigueur. » Il eut un haussement de sourcils avant de porter son propre verre à sa bouche et d’en boire une gorgée. « T’es vachement mieux sans masque, tu sais. C’est dommage de cacher un si joli visage. Par contre, la robe t’allais un peu mieux. Quoi que la chemise, si tu fais péter un ou deux boutons, c’est franchement pas mal non plus. » Jorden eut un petit rire. Diable qu’il avait envie de lui arracher cette chemise! Avec les dents, tiens! Juste pour le plaisir. Il s’approcha un peu plus près de Lubja, sans la quitter des yeux un seul instant. Il avait envie de la troubler, mais il savait qu’elle n’était pas le genre de fille à facilement tomber dans les bras d’un homme, surtout pas quand il s’agissait d’un élève. Il était assez confiant dans l’idée qu’il finirait bien par l’avoir à l’usure quand même. Et puis aucune fille normalement constituée ne résistait jamais très longtemps à ses atouts, c’était un fait avéré. « En tout cas, c’est vraiment gentil d’être venue aussi vite. La soirée promet d’être nettement moins chiante maintenant que tu es là. » Il disait ça uniquement pour la flatter. Une soirée avec des Omégas était rarement chiante. À moins d’être d’avoir un balais coincé dans le cul, bien entendu, ce qui n’était ni son cas à elle, ni son cas à lui.

« Je vais super bien aussi. Mieux depuis que t’es là d’ailleurs. » Il lui offrit un petit sourire en coin et un regard appuyé. Ouais, il était bien content de la voir ici. Si elle la jouait un peu distante et pas forcément très chaleureuse, Jorden était à l’opposé. De toute façon, si elle était venue c’est bien qu’elle ne avait envie, pas vrai? Il était bien inutile de tourner autour du pot cent sept ans. Lubja pouvait lutter autant qu’elle le voudrait, Jorden était persuadée qu’elle finirait bien par se laisser avoir. Il y mettait même sa main à couper, tiens. Il lui tendit un verre qu’elle se hâta de finir. Good girl. Ou serait-ce l’inverse? Bad girl? Well, ça lui allait aussi. Il tenait encore à s’excuser de son départ précipité le soir du nouvel an. Il faut dire que la soirée avait été mouvementée et Jorden n’avait une qu’une seule hâte, celle de se barrer le plus loin possible de tout le drama qu’offrait Berkeley. Après une sorte de prise en otage au début d’année, c’était une explosion qui avait eu lieu. Franchement, il commençait à se croire dans un film d’action un peu naze. Plutôt lassant dans son genre. Et puis il tenait à sa peau, il ne s’en cachait pas. Hors de question de se mettre en danger. Sans compter que la St Sylvestre se devait d’être célébrée dignement. Donc, il n’avait pas vraiment eu d’autre choix que de s’envoler pour Vegas. CQFD. (Comme ça cette démonstration ne se tient pas du tout?). Lubja ne pouvait pas vraiment se plaindre, après tout il lui avait presque sauvé la vie ce soir-là. Bon, ok, pas vraiment. Mais il avait quand même eu le réflexe de la protéger au moment de l’explosion. C’était déjà ça, non? Il éclata de rire en entendant sa réponse. « Si je peux faire quoi que ce soit pour remonter ma moyenne, n’hésite pas à me le dire. » lâcha-t-il à son tour en lui rendant son clin d’oeil. Joueur, lui? Absolument pas! Ou si peu. N’empêche qu’elle était en forme. Lubja lui envoyait des piques, ce qui la rendait encore plus attirante aux yeux du jeune Epsilon. Plus on lui donnait de la difficulté et plus il était heureux. Psychopathe, va. « C’est moche de mentir. » Son visage était parfait. Il le savait, elle le savait, inutile de prétendre le contraire. Mais sa mauvaise foi l’amusait et il la laissa poursuivre. « Oh allez! Prend pas la mouche. C’était pour rire. » Elle ne lui baisserait pas réellement sa moyenne pour si peu, pas vrai? Il se mit à rire à nouveau avant de porter son verre à sa bouche. Elle le fascinait. Quelque chose chez elle le rendait fou. Il était parfaitement conscient du fait qu’elle était sa prof mais il ne pouvait s’empêcher de se sentir séduit. Lubja avait du caractère et de la répartie, deux qualités qu’il adorait chez les femmes. En plus de ça, elle était sacrément bien foutue. Oui, vraiment, elle avait tout pour elle. Lui, il était l’un des meilleurs partis de Berkeley, un tas de filles se seraient battues juste pour qu’il leur adresse la parole. Même s’il n’était pas vraiment du genre à regarder les gens de haut, Jorden avait conscience des étages de la société. Il savait que tout le monde n’était pas mis à la même enseigne et savait parfaitement qu’il se situait tout en haut de l’échelle. De temps en temps, ça ne faisait pas de mal de se la jouer connard de première, golden boy en puissance, et roi de la fête. L’instant d’après, à sa grande satisfaction, Lubja l’entraina avec elle pour danser et conserva le contact physique qui venait de s’établir. « Il faut des exceptions à tout. » déclara-t-il alors qu’elle lui mordillait le lobe de l’oreille, le prenant légèrement par surprise - ce qu’il parvint à ne pas montrer, Dieu merci - et commençant à l’embrasser dans le cou. Il finit par lui faire relever la tête, la regarda dans les yeux et l’embrassa d’un de ses baisers dont lui seul avait le secret. « Si tout le monde pouvait être chiant comme ça, la terre entière se porterait nettement mieux. » ajouta-t-il tandis que leurs lèvres se séparaient. Peace and love, frère. Faites l’amour, pas la guerre, tout ça tout ça.