Nous avions quitté le complexe sportif en même temps ainsi que Berckeley. Nous nous étions retrouvé aujourd'hui après deux semaines sans nouvelles l'un de l'autre. J'avais décidé de mettre de côté l'horreur dans laquelle j'avais plongé sans sa présence et profitais qu'elle soit à mes côtés. Dans la voiture, je ne parlais pas, elle non plus. De temps à autre, nous nous contentions de nous regarder, un sourire aux coins des lèvres, heureux de pouvoir nous retrouver et souvent, ma main se serrait sur la sienne au lieu de passer des vitesses. J'étais heureux de croiser des feux rouges afin de pouvoir la regarder et m'apercevoir qu'elle était belle et bien là, qu'elle n'était pas juste qu'une illusion. Finalement, je me garais en face d'un grand bâtiment. C'était là que je vivais, dans un des appartements. Je descendais de la voiture et allait rapidement à elle, l'entrainant dans la cage d'escalier puis dans l'ascenseur. Je ne pouvais pas la lacher d'une semelle comme étant devenu soudain vraiment collant. Et autant dire que ça n'était pas mon genre d'ordinaire. La porte de l'ascenseur s'ouvre et je pénètre dans le couloir, accompagné de Lennox. Cette femme qui, en un instant, m'avait volé mon cœur sans que je ne puisse rien faire. J'ouvrais la porte de mon appartement et la faisait rentrer à l'intérieur. Ce n'était pas forcément luxueux, ce n'était pas très grand mais c'était bien rangé et je m'y plaisais. Dans ses lieux, je me sentais bien. Toute fois, quelques affaires de la veille traînais dans le salon et j'y entrais vite pour ôter les bouteilles vides et le cendrier remplie de mégo de joint. Je lui souris, gêné.

« Je n'ai pas fais le ménage, tu m'excuseras. »

Je ne pensais juste pas la revoir et encore moins l'inviter ici. Je mis le tout à la poubelle et l'invitait à s'asseoir sur le canapé.

« Tu veux boire quelque chose ? »

Je la regardais, m'émerveillant de l'avoir ici, chez moi. Bon, pas sûr que je la laisse repartir par contre.

Si elle pensait que j'étais un garçon sage, c'était forcément faux. Je faisais des erreurs, tout comme elle, sûrement. Je n'étais pas un ange et je ne méritais pas d'être considéré comme tel. Personne n'est parfait et moi, je suis loin de l'être même si, à nos yeux, nous étions semblables à des êtres saints, purs et parfaits. L'amour rend aveugle, n'est-ce pas ? Mais dans tous les cas, moi, ça me convenais et je refusais d'être réveillé. Je voulais resté en sa compagnie peu importe le nombre d'heure que ça durerait. Je savais qu'elle finirait par m'échapper de nouveau pour retourner à sa vie si différente de la mienne et je ne pouvais pas être égoïste au point de lui demander de tout abandonner pour moi. Jamais je ne ferais une chose pareille même si l'envie était grande. Au moins, si elle n'aimait pas quand c'était trop propre, elle était servie. J'imagine que si elle allait dans ma chambre, elle ferait une crise cardiaque en voyant la pagaille que j'y ai mise. Ce n'est jamais un plaisir de faire le ménage et ça faisait deux semaines que je n'avais pas pris un seul balais au moins pour ôter les poussières du sol. Autant dire qu'en deux semaines, j'avais eu le temps de faire venir un paquet de miette à terre. Je me dirigeais dans la cuisine, ouvrant le frigo pour y trouver une petite bouteille d'eau encore neuve. Je la lui sortais et prenais un verre que je posais sur la table de la cuisine. Je la servit au moment même où elle arrivait, se collant à mon dos. Je sentais mon cœur battre à tout rompre comme s'il désirait sortir de ma poitrine. C'était indéniable, je n'avais jamais ressentit l'effet qu'elle me faisait à peine elle me frôlait ou que je la voyais. Je me retournais entre ses bras pour lui faire face, posant mes mains sur ses joues et chassant, au passage, quelques mèches brunes qui gênaient mes gestes.

« Mon deuxième souhait serait que tu restes ici cette nuit. »

J'inclinais la tête, m'approchant de ses lèvres. Est-ce que c'était trop tôt de lui demander d'être avec moi cette nuit ? Autant dire que, dans ma tête, l'idée de la faire dormir dans mon lit était une éventualité mais j'imagine qu'elle ne serait pas d'accord pour que ça soit aussi rapide... Du moins, je m'en inquiétais.

« J'aimerais dormir en t'ayant dans mes bras. J'en ai rêvé pendant deux longues semaines. Mais si tu ne le veux pas, je prendrais le canapé. »

Mon regard se figea dans le sien et je retraçais le contour de ses lèvres de mon pouce. Mon troisième souhait ? Nous verrons plus tard. J'avais de l'huile sur le feu. Ou presque. Je m'extirpais à contre-coeur de ses bras et ouvrait la partie supérieur de mon frigo, à savoir le congélateur pour en sortir une boite.

« Pizza, ça te dis ? C'est surgelé, mais je n'ai que ça... »

Il faut dire qu'étant un piètre cuisinier, je préférais toujours m'acheter des aliments surgelés pour être sûr de toujours avoir à manger et essayer de ne jamais rien faire cramer. Je la regardais, tenant la boite en suspens, attendant son approbation ou bien une autre idée de sa part.

Je ne sais pas vraiment ce qui me prenait à agir de façon si attentionné. Je l'étais, bien entendu, mais pas avec les premières venues. Je m'attachais encore moins vite à ses personnes que je ne connaissais pas. Je l'avais vu qu'une fois. En fait, ça faisait la deuxième fois. Auparavant, nous communiquions par texto, par mail, jamais vocalement. Alors en deux rendez-vous, être autant accro à elle, ça méritait bien de prendre un peu de recule, non ? Je n'y pensais même pas une seconde, obnubilé par ce qu'elle faisait, la façon dont elle me regardait et même ses lèvres quand elle prononçait la moindre parole. J'aimais les expressions de son visage, la façon qu'elle a de se mouvoir dans l'espace. J'étais irrémediablement en train de tomber sous son charme. Non, je l'étais déjà. En fait, j'étais en train de tomber amoureux d'elle. Je sais bien que j'aurais dû tirer la sonnette d'alarme mais plus rien ne réagissait en moi. J'étais complètement ailleurs, dans une autre galaxie. Je la laissais venir à moi, m'embrasser, se dévêtir un peu pour de nouveau m'embarquer contre son corps. J'avais, d'ailleurs, pu mettre la pizza au four en seulement une minute avant qu'elle ne m'accapare à nouveau pour mon plus grand bonheur. Contre elle, je posais mes mains sur ses hanches, me glissant entre ses cuisses alors qu'elle était assise sur le plan de travail. Mes yeux se fermèrent, bien décidé à profiter de ses lèvres qui, doucement, coulèrent le long de ma machoir puis de mon cou. Je réprimais avec difficulté un frisson et l'observais de nouveau. Mon troisième souhait... Il allait rapidement se réaliser si je ne m'arrêtais pas. Je la repoussais doucement, me reculant de quelques pas.

« Je te le dirais après manger. Il faut que je fasse attention que ça ne crâme pas. »

Je fis face au four, observant la pizza à l'intérieure. Si elle me déconcentrait, c'est sûr, nous n'aurions rien à manger ce soir. A moins que c'était son but ? D'ailleurs, j'avais chaud. La scène précédente, il faut dire, m'avait particulièrement plu et avait légèrement fait grimpé la température de mon corps. Je devais m'ôter de la tête toute idée obscène qui pouvait se passer avec elle. Mais tout de même, j'étais un homme et elle m'attirait et, qui plus est, me collait vraiment de trop près pour que je puisse garder les idées claires. Je poussais un petit soupire et, sans la regarder, je lui dictais les minutes restantes.

« Encore cinq minutes. »

Tout ça pour éviter que je ne me noie dans son regard et pour éviter que je ne craque. Pourquoi me faisait-elle autant d'effet ?

Les cinq minutes passèrent vite. Trop vite peut-être ou pas assez. J'en étais devenu indécis. Je la repoussais quand elle tenta de m'aider à sortir le plat du four, je ne voulais pas qu'elle se brûle. Imaginez qu'elle rentre chez elle blessée ? Pour sûr, John me ferait la tête au carré si encore il me laissait l'honneur d'avoir une tête. Je soupirais et la suivait malgré moi, sachant, à ses paroles, que je devrais trouver quelque chose pour engager la conversation et non pas pour laisser le silence guider dangereusement ma libido. Mais elle en avait déjà décidé autrement et à peine j'étais assis sur le canapé qu'elle reprenait ses baisers là où elle les avait laissé, se permettant même de s'asseoir à qualifourchon sur moi. Etait-elle devenu inconsciente ? Je posais mes mains sur ses cuisses, la regardant tendrement. Ne t'approche pas si près de moi, je vais perdre les pédales... Mon troisième souhait ? Je devrais réellement lui dire ? Je m'apprêtais finalement à inventer quelque chose quand elle me coupa par des mots que j'aurais ne pas aimer entendre. Elle ne savait pas tout. Elle ne pouvait pas savoir, je ne lui avais jamais dis mais vraiment, est-ce qu'elle pouvait m'obliger à lui dire maintenant ? Je cherchais mes mots, pour ne pas la brusquer, pour ne pas la vexer ou la blesser ou pour ne pas dire quelque chose qu'elle pourrait mal interprêter.

« Je suis assez méfiant avec les sentiments. Il m'est arrivé une fois de tomber amoureux et ça m'a jouer un mauvais tour. Je voudrais prendre le temps de réellement apprécier ce qui se passe entre nous. »

Mes doigts replacent, derrière son oreille, ses cheveux et je lui caresse la joue ensuite, la dévisageant complètement, sans me gêner. Je me mordille la lèvre, faisant courir mes doigts sur son nez puis sa bouche.

« Je ressends beaucoup de choses pour toi que ça en deviens limite flippant. Tu es la seule depuis des années qui me rend comme ça. Est-ce que c'est ça aimer ? »

Je figeais mon regard dans le sien, mes mains retrouvant leur position sur ses hanches. Je finissais par me demander si elle allait réellement comprendre le sens de mes paroles. Doucement, j'approchais mon visage du sien, cherchant ses lèvres pour un langoureux baiser.

Quand elle me posa la question, j'avouais avoir soudainement assez de mal à lui répondre même si, en tout et pour tout, je l'aimais. J'étais devenu méfiant à cause du passé et je ne pouvais m'empêcher de penser qu'elle aussi elle pourrait finir par me détruire un jour. Je ne connaissais rien d'elle après tout, et j'avais seulement appris à notre première rencontre qu'elle était une duchesse. Trop d'information en une seule fois, je perdais rapidement pied et ma peur reprenait le pas sur le reste. Je m'étais refusé longtemps à tout sentiment amoureux et elle débarquait pour tout me faire rater sur mes principes. Que voulait-elle que je fasse ? Que je le cri haut et fort sans même m'en laisser le temps. Ses lèvres m'échappèrent, son corps aussi alors qu'elle se levait, m'abandonnant. Assit sur le canapé, je soupirais, poussant un profond soupire. Elle voulait que ça soit rapide mais ça ne ferait rien de bon que de se précipiter. Je me levais à mon tour, allant jusqu'à elle tandis qu'elle était soudainement attirée par la pizza. Tout ce qu'elle pu me dire me fit du bien même si ça paraissait comme un message d'adieu. C'était donc comme ça ? Elle ne me donnait pas le temps alors elle partait ? Après deux semaines d'absence, elle fuyait à nouveau ? Son baiser ne me fit l'effet que d'une amert douleur. Elle s'éloignait vers la porte et j'étais incapable de lui dire quoi que ce soit, pourtant il le fallait parce que si elle passait cette porte, j'étais sûr de ne jamais la revoir parce que je l'abandonnerait à mon tour. Mon corps agit de lui-même. Je traversais la pièce et pendant qu'elle ouvrait la porte je refermais cette dernière assez violemment en plaquant ma main contre. Elle me tournait le dos et c'était mieux. Je n'avais pas envie qu'elle me regarde. Elle faisait face à la porte et moi, j'étais derrière elle, la main contre le bois.

« Si tu t'en vas, tout s'arrêtera Si tu pars d'ici, je ne te connaitrais plus ensuite et je ferais tout pour t'oublier. »

Ce n'est pas ce que je voulais et elle non plus. Je poussais un soupire, mon visage presque dans ses cheveux tant ce que je m'apprêtais à lui dire m'était difficile.

« Tu es seulement la deuxième fille que j'ai fréquenté de cette façon mais la première à me rendre aussi dingue. Je voudrais que tu comprennes que ça me fait peur et que j'ai besoin d'un peu de temps pour te dire ses mots. Ne m'embrasse pas si ça te fait mal. Ne couchons pas ensemble si ça te fais peur. Ne faisons rien entre nous si tu appréhendes. Est-ce que ce n'est pas juste suffisant, pour l'instant, d'avoir assez de sentiments pour une relation ? »

Ma voix était faible, comme si je lui murmurais ses mots. Ma main chercha le verrou de la porte et je le tournais, l'empêchant de sortir. Je posais mes mains sur ses épaules et la retournait face à moi, la plaquant contre la porte. Je lui faisais face, mon regard planté dans le sien.

« Je ne serais jamais prêt à quoi que ce soit si tu me fuis encore et encore. Ne pars pas à chaque fois qu'une difficulté s'installe ou je risque vraiment de m'agacer. »

Je la regardais, sans la relâcher, attendant simplement qu'elle parle. Qu'elle dise quelque chose en réponse à mes paroles. Qu'elle me rassure ou peut-être qu'elle soit à l'opposé de mes convictions. Qu'elle fasse juste une chose pour me conforter ou l'inverse.