Say goodbye to the sunlight, we own the nighttime.

Je regardais ma montre pour la énième fois. Elle était en retard et pas qu'un peu. J'espérais seulement que rien de grave ne lui était arrivée. J'avais fait la connaissance de Milena chez les sigmas, ma nouvelle confrérie. Et dès qu'elle m'avait demandé de lui donner des cours de guitare, j'avais - bien entendu - accepté sans la moindre hésitation. J'aimais aider les gens et lorsque cela coïncidait avec ma passion, je n'en étais que plus ravie. Malheureusement, aujourd'hui la Sigma était en retard et elle n'avait même pas pris la peine de me prévenir. J'en déduisais donc qu'elle avait peut-être un problème. Je n'avais pas pour habitude de penser à mal des personnes qui m'entouraient, on ne m'avait pas élevé de la sorte. Bien au contraire. Je me plaisais à croire que la bonté humaine existait, quoi qu'on puisse en dire. On avait tous un bon côté en nous et même si certains œuvraient corps et âme pour la cacher au plus profond de leur être, il existait. Je posais à nouveau le regard sur ma montre. Trente secondes de plus que la dernière fois. Si ça continuait, je risquais de percer cette pauvre montre à force de la regarder. Ca n'allait pas faire avancer le temps plus vite et ça n'allait certainement pas faire venir Milena. Je sortais de la salle dans l'espoir de la voir arriver et tandis que je scrutais les visages des étudiants qui passaient à la recherche de mon élève, je laissais mes pensées vagabonder. J'avais quitté l'Angleterre et Oxford pour venir m'installer à San Francisco pour être plus proche de mon frère. Enfin, demi-frère même si pour moi, c'était exactement la même chose. Nael était mon frère, un point c'est tout. Et comble de l'histoire, j'avais intégré la même confrérie que lui, sans même le vouloir. Si cela n'était pas un signe. D'aussi loin que je m'en souvienne, je n'avais jamais émis le souhait de faire la connaissance de mon père et puis, les années avaient passé et j'avais voulu savoir. Je voulais connaitre cet homme grâce à qui j'étais là aujourd'hui. Ma mère n'avait émis aucune objection et la rencontre s'était faite le plus rapidement possible. Tout s'était enchainé que je n'avais pas voulu y croire dans un premier temps. Ce n'est  que lorsque j'avais croisé le regard de mon géniteur que mes doutes s'étaient évaporés comme par magie. Il était là, en face de moi et je n'avais qu'un pas à faire pour que le rêve devienne réalité. Le courant passait très bien entre nous, on s'entendait bien et il ne semblait pas détester l'idée d'avoir une fille. Soupirant de frustration, je retournais à l'intérieur et je tentais de joindre la brunette, en vain. Elle ne répondait pas et l'angoisse que le pire se soit produit s'empara de moi. Je retentais l'expérience une seconde puis une troisième fois avant de me rendre à l'évidence. Je ne réussirais surement pas à la joindre. Je me résolu à laisser tomber et à l'attendre bien sagement. Qui sait, elle n'avait peut-être qu'une panne d'oreiller et elle n'entendait pas son téléphone sonnait. Ca pouvait arriver à n'importe qui, non ?! Mes pensées retournèrent vers ma famille qui - je devais bien l'avouer - était un peu spécial. Ce n'était pas plus mal. Je me demandais encore comment se passerait la rencontre avec le fils Silvano. Voudrait-il d'une sœur ? Voudrait-il seulement d'un autre membre dans la famille ? Lorsque j'avais décidé de faire mes valises et de tout plaquer en Angleterre pour venir m'installer aux Etats-Unis, pas à un seule moment l'idée que Nael ne veuille rien savoir de moi m'avait traversé l'esprit. Pour moi, le choix avait été simple. J'avais un frère et je voulais le connaitre. Aujourd'hui que j'étais sur place, plus près de mon but que jamais, je me mettais à douter. De tout. Je n'eus pas le temps de pousser plus loin mes tergiversions que je voyais Milena arriver vers moi. A sa démarche, elle ne semblait pas avoir subit un quelconque accident mais, on n'était jamais sûr de rien. Je ne lui laissais donc pas le temps de se poser que je la prenais déjà dans mes bras, en soufflant un bon coup comme pour laisser évacuer toute cette tension accumulée. « Je suis contente que tu n'aies rien, je pensais vraiment qu'il t'était arrivé malheur ! » Ce n'était pas le meilleur des accueils, je le savais bien mais, j'avais tellement eu peur. Si son retard avait perduré, j'aurais surement fini par contacter la police. « J'ai essayé de te joindre mais, comme tu ne répondais pas… » Je ne préférais pas continuer. Elle était là, c'était le plus important. Je ne connaissais pas Milena depuis si longtemps que ça mais, je me souciais de son bien être et je ne m'en cachais pas.