Après quasiment 5 mois sans toucher à sa guitare, Jimmy s’était levé avec une envie plus que pressante de remettre la main dessus. Pendant près de 10 ans, il ne s’était pas passé – hormis à de rares occasions – une seule journée sans qu’il ne gratouille un riff, une idée, un simple jam et bien sûr beaucoup plus lors des enregistrements d’albums ou encore les concerts. Mais le décès de Matt avait changé la donne, tout simplement parce que même de manière totalement infortune, Jimmy avait en quelque sorte rejeté la faute de sa mort sur la musique, sur leurs instruments, sur le groupe et sur la vie en tournée. Cette vie faîtes de concerts, de voyages et de soirées avait détruit Matt jusqu’à le rendre totalement addict à cette connerie qu’est la drogue, n’importe quelle drogue en sus. Le seul lien avec cette vie qu’il n’avait pas renié, c’était celui de ses amis, eux aussi dévasté par la disparation d’un ami. Tous les 4 prenait le temps de s’envoyer des textos et de s’appeler le plus souvent possible surtout depuis que chacun vaquait à ses occupations et celle de notre protagoniste se trouvait ici à San Francisco, Californie pour les 4 prochaines années au minimum au sein de la prestigieuse université de Berkeley.

Malgré ce soudain changement de vie et de revirement face à la musique, Jimmy n’était pas parti de son ancien appartement sans emmener son attirail avec lui. Guitares en pagailles, amplis et pédales d’effets à foison, voici ce qui constituait le souvenir récent d’une vie qui n’était – pour le moment du moins – plus qu’un chapitre dans le livre de sa vie. Il fit un premier tour pour emmener sa guitare acoustique ainsi que sa guitare électrique préférée à sa voiture avant d’entamer un second périple pour prendre un ampli. Le temps à l'extérieur était magnifique, comme d’habitude en Californie et cela permettait à Jimmy de passer sa vie en tee-shirt. Au volant de sa voiture, cheveux au vent, il se dirigea vers le Golden Gate Park. Au cours de ses deux premières semaines ici, il avait aimé passé du temps à flâner dans ce lieu immense et très propice au repos. Cette fois-ci, la quiétude serait perturbée par le son de sa guitare, pour le plaisir de certains et le désespoir du reste. En attendant de tripoter les cordes, il se mit en tête de garer sa voiture à l’ombre ce qui était un tantinet difficile dans cet endroit. Après 15 minutes à tourner en rond, il en trouva enfin une. Chargé comme une mule avec tous le matos, il se traina jusqu’à un banc à l’ombre, protéger du soleil par une forêt d’arbre touffue. Il déballa tout d’abord sa guitare électrique qu’il brancha à l’ampli avant de sortit simplement de sa pochette, la guitare acoustique. Il entendit près de lui un klaxon de vélo, il se retourna et aperçut un garçon qui vendait des boissons fraiches. La particularité des vendeurs ambulants dans les parc de la baie d’Oakland, c’est qu’il vous rendait ¼ de ce que vous aviez payé si vous rameniez votre cannette après l’avoir consommé, tout cela dans un soucis de préservation de l’habitat naturel, une brillante idée. Il lui commanda un Ice Tea et vu qu’il n’avait pas de monnaie, lui fila un billet de 5$.

Assis sur le banc, guitare sur le genou, il passa tout d’abord une dizaine de minute à l’accorder complètement. Cela lui procura une sensation assez étranger d’ailleurs, cela faisait bien longtemps qu’il n’accordait plus ses guitares lui-même avant les concerts. Une pensée se dirigea alors vers Alex, son roadie, qui avait perdu son travail avec l’arrêt du groupe. Une pointe de remord lui pinça l’estomac. Peut-être serait-il bien de prendre de ses nouvelles, un petit texto était la moindre des choses.

Il rangea son téléphone dans sa poche et commença à gratouiller un riff. Le premier qui lui vint à l’esprit était celui de Smoke On The Water des légendaires Deep Purple puis il enchaina sur du Iron Maiden, du Metallica et ne put s’empêcher de se lancer dans l’historique de son groupe, Beyond Hell/Above Heaven. Le temps passait mais lui continuait de jouer, sans prêter attention à ce qui se passait autour de lui.