S’inscrire sur un site de rencontre en ligne j’avais toujours trouvé ça stupide, et pathétique. Je pensais qu’il n’y avait que les gens en mal d’amour et qui n’étaient pas assez attrayants pour s’y inscrire. Et pourtant j’avais décidé de le faire. Alors que je n’ai jamais eu du mal à me trouver un ou même une partenaire pour partager une bonne nuit avec moi. Et là était surement mon problème. Les gens me savaient ainsi, du coup il m’était difficile de trouver une personne qui serait prête à s’investir dans une relation. Une vraie. Une relation non pas seulement basée que sur du sexe, mais avec bien plus. Tel que de l’amour. Est-ce vraiment possible de le trouver sur le net ? Je ne le croyais pas. Pas jusqu’au moment où j’avais commencé à conserver avec un homme. Un homme qui s’appelait Aro d’ailleurs. Original comme prénom. « Moi c’est Elzbieta. » A nous deux on faisait bien dans l’originalité avec nos prénoms. Depuis combien de temps parlons-nous ? Je dirais deux bonnes semaines. Ça a été assez difficile pour moi de lui parler normalement. De parler de moi. Après tout, j’avais toujours cette peur en moi que cet Aro n’était qu’un malade mental derrière cet écran. Et pourtant depuis quelques jours, je me laisse allez. A savoir pourquoi. Surement parce qu’il n’a jamais réellement demandé à voir une photo de moi, ou encore à me rencontrer. Il me semblait être une personne souhaitant me connaitre personnellement, pas seulement intéressé par mon physique. Ce qui me fit légèrement penser qu’il devait s’agir d’un geek, avec de grosses lunettes. Ah non non, je ne dois pas penser ça. Pas après avoir été moi-même chez les Alphas. Il n’y a pas que le physique qui compte. Puis un geek ça peut aussi avoir son charme. Je pensais alors à Nelligan. Ce cher Nelligan. Je n’avais plus eu de ses nouvelles depuis le temps. Qu’est-ce qu’il était devenu ? Il me manquait. Sa timidité. Sa douceur. Sa tendresse. Oui seulement ça ne pouvait pas être lui derrière l’écran. Non pas seulement parce que l’homme s’appelait Aro, mais surtout parce que Nelli n’aurait jamais mis sa vie amoureuse entre les mains d’un ordinateur. Il aurait encore plus préféré rester seul plutôt que de rencontrer une fille par ce biais. J’étais pareille. Jusqu’à maintenant. Je lus ce qu’il venait de m’écrire, et alors que j’étais sur le point de lui répondre, je le vis se déconnecter. Mince. Se confier à moi comme il l’avait fait a dû le mettre  mal à l’aise plus qu’autre chose. Ou peut-être pas enfin de compte. Je le vis se reconnecter, et me proposer un rendez-vous pour le lendemain. Très bien. J’allais enfin pouvoir le rencontrer. Et c’est avec cette idée géniale que j’allais me coucher cette nuit. J’allais enfin voir à quoi il ressemblait, et voir si nous nous entendions aussi bien face à face.

Je ne m’étais pas connectée durant toute la journée. De peur qu’il n’annule le rendez-vous. J’avais le lieu et l’heure en tête. Pas besoin de me reconnecter. Et c’est ce à quoi je pensais durant toute la journée. Ne pouvant pas me concentrer une seule seconde. Mais je n’aurais surement pas dû me mettre dans un tel état pour un homme. Un homme rencontré sur le net. Comment n’y avais-je pas pensé ? Une blague ! Oui c’était une blague, et je venais de me faire humilier dans un bar, parmi de nombreuses personnes. Et cet Aro n’avait même pas daigné faire acte de sa présence. Trop lâche. Mais au moins ses chers amis me dirent où il devait se trouver à cet instant présent. Dans un autre bar. Ils me montrèrent même une photo, pour que je le reconnaisse plus facilement. Quel connard ! Il n’est même pas canon qui plus est. Ou alors c’est juste ma colère qui parle. Les larmes aux yeux, je me dirigeais vers cet autre bar qui ne se trouvait pas si loin que ça. Une fois à l’intérieur, j’observais tout le bar, et enfin je le vis. Assis au bar. Je m’avançais vers lui, pour le tourner vers moi et lui foutre une grosse baffe. Une baffe qui fit tout le monde nous regarder. Ils devaient se demander qu’est-ce qui se passait. Je n’allais pas leur donner d’explications. A lui non plus. Il semblait bien s’amuser avec sa boisson, dans ce bar là, pendant qu’il avait envoyé ses amis m’humilier. Et lui qui m’avait semblé si gentil. Mais c’est tellement facile de se créer une autre personnalité derrière l’écran. Je comptais rentrer et me retirer de ce site tout de suite. Ça avait été une très mauvaise idée. Et enfin, je me retournais pour quitter ce bar et ne plus revoir ce minable.

Je ne savais pas du tout si Aro connaissait mon visage ou pas en arrivant près de lui. Mais apparemment pas. Il semblait apercevoir mon visage pour la première fois. Ce qui était pour le mieux vis-à-vis de la gifle que je souhaitais lui mettre. Ne me connaissant pas, j’avais ainsi pu m’approcher de lui, sans qu’il parte en courant avant. Tout avait été parfait, spécialement la tête qu’il avait pris juste après s’être reçu cette jolie baffe dans la tête. Je pensais que j’irais mieux après cela, mais pas du tout. La gifle n’avait rien fait pour mes sentiments, concernant l’humiliation que je m’étais prise un peu plus tôt dans la soirée. Et tout cela à cause de lui. Le pire dans tout cela ? C’est qu’il était plutôt mignon. Quel dommage. Il avait été si adorable sur le site. Oui, j’aurais dû me douter qu’il s’agissait là d’un piège. Les mecs aussi mignons, ça n’existent plus de nos jours. Maintenant, il n’y a plus que des garçons qui font ce genre de blagues. A croire qu’ils n’ont rien à faire de leur vie. Génial… J’aurais peut-être préféré vivre il y a de cela quelques années : quand les hommes respectaient les femmes, qu’ils en étaient obligés. C’était le bon temps pour les femmes. Plus maintenant. Fière de ma gifle, je sortais du bar. Les larmes aux yeux tout de même. Maintenant que j’avais laissé parler ma colère, je pouvais laisser parler ma tristesse. J’essayais de faire en sorte que cette blague ne m’atteigne pas, mais ça m’atteignait réellement. J’étais tombée dans le panneau. Je m’étais laissé amadouer par quelques paroles dites sur le net. Non mais sérieusement Elzbieta quoi. Qu’est ce qui m’avait pris ? Je suis aussi désespérée que ça ? A me chercher un mec sur le net. Ressaisis-toi Elzbieta. Ne laisse pas des imbéciles te mettre dans un tel état. Alors que j’étais prête à rentrer chez moi, pour regarder une émission totalement débile à la télé avec un gros pot de glace à la main, je sentis une main me retourner, et je me retrouvais : face à Aro. De nouveau. Ses paroles me mirent encore plus en colère. Bien évidemment qu’il pensait ne rien m’avoir fait, il ne savait pas à quoi je ressemblais, et n’avait pas eu le cran de m’humilier en face. Ce n’est pas un mec ça ! Il devait se trouver dans ce bar, juste pour se cacher. Mais alors quel con celui-là, je vous jure. Je plongeais mon regard dans le sien, et là ce fut un coup sur ses épaules qui sortit. Puis un autre. Et encore un autre dans son ventre. Une nouvelle gifle. Je laissais ma colère l’emporter. Mais ça ne faisait strictement rien, encore une fois. Juste me faire un peu mal aux mains. A se demander qui se faisait le plus mal avec ses frappes. On s’en fout, je me défoule et ça me fait quand même un peu du bien. Et tout en continuant à le frapper, je lui demandais. « Tu m’as rien fait ? » Des larmes coulèrent de plus en plus de mes yeux. « Tu te fous de moi Aro ? T’es qu’un con, un lâche, un imbécile, un menteur… je te déteste, je te déteste. » Voilà, je lui prouvais que je le connaissais en prononçant son prénom. Mais apparemment je ne lui disais toujours rien. Ou alors il jouait très bien la comédie. Ça doit être ça .Je ne vois que ça. Évidemment que je suis tombée dans son panneau sur le site. Puis c’est un Delta comme ses chers camarades. Ils savent comment appâter une fille. Tout ce qu’il m’avait dit devait être mensonge. Comme son histoire familiale qu’il m’avait racontée. Ça devait faire partie de sa stratégie : raconter une histoire plutôt triste pour que je craque encore plus sur lui. Vraiment un pourri celui-là. « Eh quoi ? Est-ce que t’as au moins dis un seul truc vrai sur toi ? Ou ta fais que me mentir, comme toute cette histoire sur ta famille là ? Hein ? Tu croyais qu’en te faisant passer pour un garçon à histoire triste, je craquerais encore plus pour toi c’est ça ? » Mes coups s’étaient arrêtés à cause de la fatigue, je n’étais pas habituée à frapper quelqu’un. Mon regard dans le sien, je rajoutais « Eh bah t’as réussi. » Oui, voilà le problème : j’avais eu un coup de cœur pour lui. Et tout s’était envolé lorsque la supercherie avait été dévoilée. Je lui en voulais, mais  à moi aussi. Je n’aurais jamais du croire au pouvoir d’internet, ou encore à lui. J’avais laissé parler mon cœur, et ça avait été une grosse erreur. Et maintenant c’était fait. Je ne pouvais plus revenir en arrière. J’étais humiliée à vie. A cause de lui. De ce lâche. Soupirant, je me retournais encore une fois. Je ne voulais même pas entendre ses réponses. Il m’avait déjà trop sortie d’excuses. Je ne pouvais pas lui accorder encore du temps. J’en avais fini avec cet Aro menteur.

musique Je n’avais pas eu peur de rentrer dans ce bar et de le gifler. Même s’il est assez impressionnant comme homme, physiquement. Et seulement physiquement car sa personnalité ne me faisait pas du tout peur. Ce n’était qu’un lâche. Un lâche qui avait laissé faire le sale boulot à ses amis. Pauvre con. Et non, tu ne m’impressionnes pas, et s’il le faut, je t’en refoutrais une. Juste pour le plaisir tiens. Il m’avait vraiment touché. J’avais essayé de calmer durant tout le long du trajet jusqu’au bar. De laisser couler le tout. Ne pas m’énerver, les laisser tous dans leur petit délire infantiles. Ça aurait été le mieux à faire, seulement je n’y parvenais pas. Ma colère accompagnée de la blessure au cœur, me rendait très colérique. Je voulais me venger. En le tapant, même s’il ne semblait rien sentir. Pff, mais pourquoi est-ce que je fais cela ? Ça ne sert strictement à rien. Il risque tout simplement d’en rigoler encore plus. Il doit même sourire intérieurement du bon fonctionnement de son sale plan pourri. Il a réussi. Oui, il a réussi à avoir une pauvre fille sur le net. Mais quelle conne je fais. Et le pire dans tout cela c’est qu’il continuait son petit jeu : il faisait encore mine de ne pas me connaitre. Saleté ! « Non, on ne se connait pas. Je ne veux pas connaitre une saleté dans ton genre ! » Pourtant il m’avait eu l’air très sympathique par les petites conversations qu’on avait eu par le net. Tu t’es fait avoir ma petite Elz. Tout cela ne faisait partie que du jeu. Te draguer, pour ensuite bien t’humilier. Le Aro que j’avais rencontré sur le net n’était pas l’homme que j’avais en face de moi à cet instant. Il n’existait pas cet Aro fort sympathique pour lequel j’avais craqué. Alors que je continuais à le taper, il me demanda de me calmer, ce qui eut le don de m’énerver encore plus. C’est vraiment un mec celui-là. On ne lui a jamais dit de ne pas dire à une fille de se calmer ? Ça ne fait qu’empirer la situation. Vraiment pas intelligent celui-là. Qu’il retourne derrière son écran, il est bien plus sympa à ce moment. Et enfin, il prononça mon prénom. Bravo ! Je plongeais mon regard dans le sien, avant de l’applaudir. Pour le féliciter. « Bravo ! Ce n’est pas trop tôt. Tu oublies toujours aussi facilement tes victimes ? » Parce que oui, dans cette histoire, j’étais une victime. La victime d’un plan très malsain. Et moi qui pensais que ça ne pouvait qu’exister dans les films. Ne pensant pas une seule seconde que des gens pourraient être aussi méchant. Mais comme quoi, on trouve vraiment de tout dans le monde. « Tu pensais que tes potes ne me diraient pas où te trouver ? En train de boire alors qu’ils m’humilient eux de leurs côtés. Je crois bien que tu es le pire dans cette histoire ! » Pas une seule seconde je m’imaginais qu’il ne savait pas de quoi je parlais. Pour moi, il était le seul et unique responsable de cette humiliation. Après tout, c’est bien à lui que j’ai parlé durant tout ce temps. C’est lui qui m’a donné rendez-vous. Tout est de sa faute. Même s’il ne m’a pas humilié directement, il a fait bien pire : le faire faire à d’autres. Ne même pas oser me regarder dans les yeux pendant qu’ils rigoleraient de moi. Quel sale type ! Hors de ma vue salopard.