« A un de ces quatre, ma jolie. » Olivia acquiesce, enchaîne les oui faussement niais et descend de la voiture. Une audi grise qu'elle croit avoir vu dans un film de James Bond mais à dire vrai, elle n'en est pas sûre du tout. Olivia n'y connait rien aux voitures. Elle pourrait facilement vous détailler la recette du coq au vin ou même vous indiquer la meilleure boutique du centre-ville mais parler pendant des heures sur des pneus, du cambouis non ça, elle peut vraiment pas. Néanmoins Olivia sait qu'elle arrive facilement à jouer l'ame en détresse à la sortie du campus dans l'unique but qu'une belle voiture s'arrête devant elle et que son propriétaire -en général la quarantaine avec des cheveux grisonnants et un début de calvitie certain- lui propose de la déposer quelque part. Olivia a très vite compris comment ça marche avec les hommes. Il suffit d'un beau sourire, d'un corps joli à regarder et d'un air niais et innocent pour qu'ils baissent la garde. Elle s'est même prise au jeu. En débarquant sur la côte californienne, la belle blonde a cherché à s'adapter et à se fondre dans la population. Beaucoup de gosses de riches friqués avec des voitures de star mais aussi des vieux en manque d'amour et qui se sentent très seuls. Olivia observe. Du moins dans un premier temps car la jeune fille n'est pas du genre à jouer la jolie plante dans le fond du tableau. Disons qu'elle tâte le terrain avant de faire sa grande entrée. La jeune fille ferme la portière tout en fixant son chauffeur du jour. Encore un gros lourd qui a essayé de l'inviter à diner dans l'unique but de passer la nuit avec elle. Mais que ce soit clair, Olivia n'a rien d'une fille de joie. Elle est juste très maligne et sait user de son charme pour avoir ce qu'elle veut. En l'occurence, un chauffeur pour aller dans le centre ville. La belle blonde a conscience qu'elle joue à un jeu dangereux et qu'un jour l'un des frustrés qui la prend en stop ne l'amènera pas là où elle le veut et qu'il aura très vite le contrôle sur elle. A ce moment-là il sera trop tard et elle ne pourra s'en prendre qu'à elle-même mais pour l'instant elle est bien loin de tout ça. Olivia refuse de penser à ça. Ayant trop peur de s'engager dans une relation sérieuse au risque de finir avec le cœur brisé, elle a trouvé une alternative qui lui plait bien. Elle préfere s'occuper à charmer des vieux plutôt que coucher à droite et à gauche comme certaines. Pendant près de dix minutes, elle est le centre d'attention d'un homme qui semble réellement s'intéresser à sa vie et ses projets. Ensuite elle arrive à destination, elle descend de la voiture et elle lui fait croire qu'ils se reverront rapidement. Sa routine est rodée maintenant. Olivia ressort à 100% gagnante dans l'histoire et puis elle procure dix minutes de plaisir à un homme. L'Audi s'éloigne et le sourire crisqué de la jeune fille s'efface pour laisser ses yeux se lever au ciel. Les hommes sont d'une naïveté affligeante ! La belle tourne les talons pour se diriger vers la boutique de chaussures qu'elle préfère dans le centre-ville, qu'elle connait déjà par cœur. Oui, elle a vingt-quatre ans et elle n'a pas de voiture. En contrepartie, elle a un placard rempli d'un nombre incalculable de chaussures. Tout cela est logique pour elle. Le permis de conduire n'est pas un investissement rentable. La preuve elle trouve un moyen de se déplacer sans dépenser des mille et des cent dans l'essence, l'assurance et l'entretien d'une voiture. Il n'y a pas à dire les chaussures restent une valeur sûre. D'un pas sûr ses longues jambes l'amènent dans la boutique. Olivia jette un œil à la vitrine. En quelques secondes, elle sait déjà quelles paires elle va essayer. Ses doigts parfaitement manucurés poussent la porte d'entrée et le bruit qui annonce son entrée coincide avec le moment où une vendeuse se dirige vers elle. Olivia a beau être en Californie depuis quelques mois, elle est déjà connue par les commerçants. Une silhouette comme la sienne avec un caractère de feu ça se remarque très vite. Surtout dans les magasins, dans lesquels elle est encore plus exigeante que d'habitude. Olivia s 'installe dans un siège et se déchausse. La jeune fille essaye plusieurs paires d'escarpins mais aucun de lui va. Blessée dans son ego de ne pas être bien dans ces chaussures qui sont sublimes, Olivia s'enerve. Très vite. Elle a envie d'en acheter. Elle les trouve canon. Elle voit déjà avec quelle robe elle pourra les marier mais voilà le bon dieu en a décidé. Il a décidé qu'aujourd'hui elle n'acheterait pas de chaussures. Seulement c'est mal connaître la miss. Elle refuse de repartir sans avoir sorti sa carte de crédit alors que pourtant faire des économies lui ferait du bien. « C'est quoi ces chaussures là ? C'est impossible que ce soit des Jimmy Choo. Elles me vont toutes en 38 normalement. Il faut voir avec votre fournisseur. » Pour l'instant elle est gentille mais elle commence à s'impatienter quand la vendeuse lui annonce qu'elle n'a plus sa taille en rouge puis quand elle fait tomber la boite sur son pied nu. « Mais quelle incompétente celle-là ! Hors de question que vous vous occupiez de moi ! Je veux la responsable du magasin. Tout de suite. » Le ton de la jeune fille est élevé et furieux. Olivia a décidé aujourd'hui qu'elle ferait chier son monde. Elle arrive toujours à ses fins.