Invité Invité
 |  Sujet: back off (evan) Lun 3 Mar - 21:04 | |
| "le changement on aime pas ça, ça nous fait peur. mais on ne peut pas empêcher les choses de changer. soit on s’adapte, soit on reste en arrière" c'était la plus belle douille de la semaine. celle dont il se serait bien passé.
en haut du podium. largement devant le fait de s'être fait coller la veille, ou plutôt d'être contraint à des corvées un samedi matin tout ça pour avoir fumé une misérable clope sur le toit de l'université. il n'avait même pas cherché à se cacher ou à enfreindre les règles pour le plaisir de jouer le rebelle, juste à être tranquille cinq pauvres minutes en tête à tête avec le ciel. et voilà où ça le menait; à passer la matinée avec evan daniels. comme si devoir se lever tôt à l’orée du week-end n'était pas déjà assez lourd, il fallait que parmi tous les sanctionnés de l'université, et il devait y en avoir un paquet, il tombât sur lui. osborne était entré -dix minutes en retard- dans la salle de classe qu'on lui avait assignée, et son cœur avait loupé un battement en voyant son ami de toujours déjà présent, à regarder d'un œil las le surveillant amener un espèce de charriot blindé de dossiers et de bouquins. l'homme se dispensa de lui faire une remarque sur son approximative ponctualité mais l'invita à entrer d'un bref hochement de tête. emrys ne s'était malheureusement pas trompé d'endroit, donc. merde. evan sembla un peu surpris également en le voyant débarquer, pas plus ravi que lui non plus, mais em' ne prit pas le peine de maintenir le contact visuel bien longtemps. ça n'avait pas d'importance. des joutes comme celles-ci ils avaient eu le loisir de s'en jeter toute leur enfance durant, ils ne s'aimaient pas, et tous deux en étaient parfaitement conscients. « vous allez me trier ça, les garçons. les dossiers par dates, les livres par genres. vous êtes priés de faire ça correctement, ou vous reviendrez la semaine prochaine. » le pion leur adressa un sourire sournois en accord avec le ton de sa voix avant de fermer la porte derrière lui et de les laisser là. tous les deux. seuls. silence. emrys passa une main nerveuse dans sa chevelure brune, jeta sa veste sur une chaise et se racla la gorge. son regard vint alors se poser sur leur "cargaison" de documents. putain, les papiers débordaient de partout, il entraperçut un livre de philosophie juste en dessous de ce qu'il déduisit être un roman.. bref, un gros bordel, et on se servait d'eux pour faire le boulot chiant. la façon dont la chose était présentée ne l'aida pas à relativiser quant à la tâche qui lui était donnée, il se sentait comme un élève de primaire à qui on essayait de donner une leçon, et ce simple détail suffisait à l'échauder de l'intérieur. le jeune homme avait toujours été de nature facilement irritable, mais de devoir coopérer avec l'individu qu'il abhorrait sans doute le plus était.. le coup de grâce. évidemment, c'était enfantin. évidemment, c'était immature. emrys fit un pas vers evan et vers le charriot, il empoigna vigoureusement une pile de dossier et il la déposa sur une table. sans se donner la peine de regarder son comparse, il laissa glisser froidement d'entre ses lèvres; « on essaie de faire ça vite, histoire que j'aie pas à gâcher toute ma journée avec toi. » un rictus à la fois peint de ressentiment et de mesquinerie étira alors ses lèvres, en même temps qu'un rire léger, faux et imperceptiblement douloureux s'éleva dans les airs. « d'abord l'enterrement de lenny.. ça m'embêterait qu'en plus tu flingues une de mes journées de repos. » il aurait bien pu s'arrêter à sa première réplique déjà dégoulinante de reproches. mais il n'avait pas pu s'empêcher de poursuivre. les mots lui avaient brûlés la langue, les lèvres, il avait été forcé de les laisser s'évader. déverser son fiel, les doses de venin en trop qu'il gardait en lui comme un fardeau. avec daniels dans les parages, c'est tout ce qu'il avait toujours su faire, même lorsque son jumeau était toujours en vie. c'était des trucs de gamins, à l'époque. à tout âge, on a des affinités ou des différends avec d'autres. et gosse, on ne se pose pas réellement les bonnes questions. on aime pas donc on est vilain. CQFD. et à force de l'entretenir en grandissant, l'idée finit par s'enraciner dans l'esprit et dans le cœur. voilà. c'était simple, presque innocent. en toute honnêteté, avant que lenny ne décède, emrys aurait été incapable de fournir des raisons fondées quant à cette haine et rivalité que les jumeaux osborne vouaient à daniels et son ami samson. seulement, aujourd'hui, emrys s'en était trouvé des en béton armé qu'il n'était pas prêt de laisser de côté. il ne lui pardonnerait jamais le coup des funérailles. il ne lui pardonnerait jamais les regards lancés à sa petite sœur. ni l'inverse, d'ailleurs. en dépit de l'indifférence qu'il affichait par rapport à nora depuis bien trop longtemps -contre son gré-, il gardait constamment un œil sur elle d'une manière ou d'une autre, et ce genre de chose ne lui échappait pas. soit, s'il aurait éventuellement pu cracher davantage, le jeune homme préféra en rester là et se mura dans un mutisme, focalisé sur l'épluchage de ses dossiers. aujourd'hui, il n'était pas d'humeur conflictuelle, et son seul objectif était de finir cette tâche ingrate et de quitter cette pièce ainsi qu'evan au plus vite. les minutes s'égrenaient (trop) lentement, seuls les bruits de pages qui se tournent et de couvertures qui se referment luttaient avec le silence installé dans la pièce. concentré -quand osborne faisait quelque chose, même si ça lui déplaisait, ce n'était pas à moitié-, emrys en oublia presque que son compagnon de galère était daniels, si bien qu'ayant attrapé un dossier daté de deux tampons différents, il se retourna, le document dans sa main levée, puis lança platement; « y'a deux dates différentes sur celui-là, j'en fais quoi? » ses iris croisèrent celles d'evan, em' eut comme un électrochoc, un flash qui lui fit réaliser, tellement fort qu'on aurait presque pu entendre le déclic s'opérer dans sa tête. « nan c'est bon en fait, j'vais me démerder. » hop. il ne mit pas une seconde pour réagir en conséquence, ses muscles tendus comme des cordes d'arcs. il se remit au travail, dos à l'autre étudiant, pestant intérieurement contre lui même. emrys était ridicule. mais passer outre sa rancœur était au dessus de ses forces. |
|
Invité Invité
| | Sujet: Re: back off (evan) Lun 28 Avr - 15:29 | |
| |
|
