Hier fût une bien longue journée. Réveillé depuis la veille à six heures du matin, je n’avais pas cessé de travailler pour tenter d’oublier Romane. Oui tenter car je ne pouvais m’y résoudre. Cette jeune femme était devenue toute ma vie, tous mon cœur et mon espoir. Je savais depuis notre rencontre que jamais plus je ne pourrais me passer d’elle. Fait qui s’était confirmé à Las Vegas où nous nous étions mariés. Pourtant depuis plusieurs mois nous étions séparés. Je n’avais que trop peu de ses nouvelles mais je ne pouvais lui en vouloir. Notre rupture était pleinement de ma faute. Même si je lui faisais entièrement confiance, je n’avais pas réussi à m’ouvrir suffisamment à ma moitié. Cette dernière croyait que je ne l’aimais de ce fait pas assez. La préférant à ma colocataire. Certes il était véridique que je partageais certaines choses avec Astor que Romane était dans l’incapacité de comprendre. Si seulement j’avais su ouvrir ma maudite bouche pour tout lui expliquer. Tout lui faire comprendre que mon cœur et mon âme étaient siens et non à mon amie. Si seulement j’avais su guérir en temps et en heure de mes souffrances du passé… Après l’enregistrement de l’émission que j’animais sur les animaux, je n’avais pris aucune pause pour déjeuner, afin d’enchaîner mon break sur l’apprentissage de mes répliques pour la série. Ces temps là, je n’étais pas en haut de ma forme. Des cernes qui dessinaient de plus en plus profondément sous mes yeux. Marquant au grand jour mon trop grand nombre d’heures d’absence de sommeil. Si je fermais les paupières, je ne pouvais m’empêcher d’imaginer Romane se mettre dans les bras d’un autre homme. Un inconnu. Qu’elle se rende compte d’avoir fait une erreur en m’épousant. Qu’elle me tentait les papiers du divorce. Feuilles déjà toutes prêtes où je n’avais plus qu’à y mettre une autographe. Romane les ayant déjà signé auparavant. C’était très égoïste de ma part, je le savais. Mais je refusais de divorcer de celle que j’aimais. Pourtant inutile d’aller jusque là. Une simple annulation de mariage suffirait étant donné que notre union n’a encore jamais été consommé. C’était une cause acceptable pour le tribunal pour faire une simple annulation à la place d’un divorce. J’aimais ma femme plus que tout au monde. Je refusais de par ce fait de la laisser partir. Lui montrant à quel point je pouvais être épris d’elle le jour qu’elle reviendra. J’étais prêt, enfin je l’espérais, à passer au dessus du cap de la relation platonique. Quitte à m’humilier encore et encore dans ses bras si au final je n’étais pas capable de la satisfaire. Il y avait d’autres solutions que celle située sous la ceinture pour combler ma dulcinée. Bref, nous y reviendrons le jour où cela se fera. Si ce jour se présente…

Après tous mes tournages, j’avais finalement accepté d’aller boire un verre avec une collègue. Histoire de mieux se connaître. Mais aussi et surtout afin de ne pas rentrer à l’appartement et de me coucher. Car si je dormais, si j’y arrivais, je ne cessais de cauchemarder sur ces satanés papiers de divorce ! Revoir encore dans mes songes les plus douloureux Romane partir au bras d’un autre m’horrifiait. Je m’en rendais malade. Depuis son départ, j’avais perdu beaucoup de poids. Trop même. Moi qui n’était déjà pas trop corpuleux à l’avance, imaginez moi donc en sac d’os. C’était mon reflet à ce jour. Astor s’inquiétait pour ma santé. Je ne mangeais quasiment plus. Ne dormais quasiment plus. Nerveusement, j’étais entrain de craquer. Mais il était hors de question que je prenne quelconque médicament ou autre stimulant pour me requinquer. C’était une promesse que j’avais faite à Romane. Il n’était pas question que je la rompe. Je préférais encore mourir que cesser à cet appel du diable.

Cela faisait environ vingt-six heures que j’étais réveillé lorsque je rentrais enfin à l’appartement. Le cœur plus gros que jamais. Depuis un certain temps maintenant, j’avais un mauvais pressentiment. Il me hantait. C’était comme si je sentais Romane s’éloigner de moi. Qu’elle partait de façon radicale et que plus jamais je ne la reverrais en vie. Je détestais cette impression. En rentrant, je fus contacter l’absence d’Astor. Très certainement partie dormir avec Joe son petit ami. Puis en m’avançant dans le salon, je fis clignoter le répondeur. Ma gorge se resserra. En appuyant sur le bouton pour écoutant le message, mon estomac se retourna. Non ce n’était pas possible ! J’étais encore dans un cauchemar ! Romane n’avait pas pu faire ça ! Non jamais elle aurait mis fin à sa vie ! Pas comme ça ! Pas sans me dire au revoir avant ! ROMANE !!!!! POURQUOI ???? A peine le bip du répondeur retentissant, le visage noyé de larmes, je partis de l’appartement oubliant de fermer la porte à clef derrière moi. Il y avait un autre message sur le répondeur, mais je ne l’avais pas écouté. J’étais déjà sur le chemin pour Los Angeles.

Pour rejoindre ma femme, je galérais à trouver un taxi. Aujourd’hui ils faisaient grève à cause d’une agresseur qui avait eu dans plus tôt dans la nuit. Pfff ! Je devais donc me résoudre à emprunter les transports en commun. Au lieu de mettre six heures, je mis plus de dix heures pour arriver à l’hôpital. A l’accueil, je demandais où était la chambre de Romane Stenfler. Ils ne connaissaient pas. Personne n’était fichée sous cette identité. Je demandais donc Romane Delmas. Là l’hôtesse trouva sa trace au service de réanimation. Elle voulait m’interdire l’accès mais étant le mari de la patiente, je l’obligeais à me guider à son chevet. Dix minutes plus tard mêlant une dispute avec les agents de sécurité, je trouvais enfin la chambre de ma femme. Elle était là allongée sur ce lit d’hôpital. Pieds et mains liées. Un tube sortant de sa trachée. Des machines l’entourant de partout. Sans compter les nombreux fils qui la maintenait encore vivante. Une fois encore, l’émotion me submergea. Je me mis à pleurer tel un enfant en s'asseyant à ses côtés. D’une main je serrai la sienne. De l’autre je lui carrerais tendrement la joue. Je lui embrassais le front. «  Romane… Mon… Mon amour… Pourquoi ? Pourquoi as-tu fait cela ?... S’il… S’il te plait, reviens ! … Reviens à moi… Je t’aime mon ange… Romane, reviens… Je t’en supplie… » Je fondis en larmes, cachant mon visage dans sa chevelure ébène.