Bruce & Kitty
Voir si c'est un bon coup

A Berkeley depuis trois mois, trois mois à arpenter les allées de cette immense fac, les rues de cette immense ville, j'ai pas encore beaucoup d'ami, pas encore beaucoup de contact, juste quelques noms griffonner sur un carnet, quelques numéros enregistrés et la profonde solitude, bordel moi qui souhaitait m’épanouir ici, changer de vie, je n'arrive déjà pas à me changer. Puis je me suis souvenu de cette note laissé sur le tableau du cours d'étude du jeu d'acteur, je me souviens l'avoir prise, avoir noté le numéro. Un casting, une prise de rendez-vous pour tourner dans une publicité, une pub pour des cosmétiques, l'annonce était simple "un homme -différent- avec un corps plutôt bien entretenu". qu'entendait-elle par différent ? je ne sais pas, mais cette annonce m'intriguait, me hantait, je voulais réussir, toucher mon premier objectif, décrocher un projet. Bien souvent des performeurs du coin, des cinéastes ou même des productions de standing n'hésitaient pas à venir piocher des figurants ou des acteurs de pubs dans les écoles ou les facs de cinéma, des jeunes talents qui souvent jouent pour rien, juste histoire de prendre de l'expérience, juste histoire d'augmenter leur CV souvent bardé de diplôme, de recommandation de professeurs mais dépourvue de concrêt, de projet ancrée dans la pratique, c'était ma chance, à ne pas louper !

Le premier rendez-vous, j'en ai qu'un vague souvenir, on a discuté de salaire, de rôle, de mon expérience, je suis sûr que lui parler d'avoir interpréter Roméo dans ma fac l'an dernier l'a pas forcément enchanté, un rôle que tout mec qui fait du théâtre est amené à jouer à ses débuts, un classique qui est même appris et jouer dans les cours de maternelles.

Ah, je repense à ce jeu, à ma partenaire, une cruche blondasse, pétasse qui passait plus de temps à vouloir son brushing en accord parfait avec sa robe, sommaire représentation d'une véritable robe d'époque plutôt qu'à apprendre son texte, ah merci le chuchoteur de l'avoir tant sorti de sa misère et de nous avoir permis de faire une belle représentation pour finir l'année.

Je me dirigeais donc pour le deuxième rendez-vous, direction un studio photo à San Francisco, dans l'est de la ville, je ne connaissais pas encore ce coin là, j'en profitait pour visiter, faire du tourisme, c'était pittoresque, atypique, loin du quartier de la fac, ici c'était plus calme et dynamique, ça me rappelait un peu ma visite dans certains quartier parisiens dans ma jeunesse avec pas mal de locaux qui discutent en terrasse. J'allume une cigarette et m'approche du lieu-dit, un bâtiment qui se fond parfaitement dans le décors, aucune apparence extérieur d'un lieu de culture ou de photo, ou autre, juste un immeuble assez propre avec sa lourde porte, je fini ma clope profitant de l'air frais. Je ne sais pas vraiment dans quoi je m'aventure, ni vers quoi je me destine, je sais juste que j'ai rendez-vous dans dix minutes avec cette femme, cette grande blonde qui m'a paru très glacial lors de notre premier rendez-vous, cette grande femme qui semblait tellement exigeante et si peu en dévoiler. Je ne sais même pas si je serais pris, un fameux casting pour voir si je "fais l'affaire", elle m'a juste préciser en me donnant ce rendez-vous qu'elle voulait quelqu'un capable de "magnétiser les regards, de déboussolée le téléspectateur"... Qui parlait de début hasardeux ? En tout cas j'y suis ! Je tire une dernière latte sur ce morceau de papier enroulant goudron et autres matières biochimiques et je la jette sur le sol.

Je pousse la lourde porte et pénètre dans le hall, des panneaux indique c'est au deuxième étage, je gravit les marches une à une sentant un stress monter en moi, une légère boule dans l'estomac, comme à mes derniers examens, je suis pas d'un nature stressé mais je ne sais à quoi m'attendre. J'arrive devant la porte, je sonne et pousse cette dernière. Un studio visiblement des spots, des draps partout, ça m'intrigue je me retrouve déstabilisé dans un univers que je maitrise mal, j'entends alors des pas, je m'écrie alors vêtu d'un vieux jeux jean et d'une veste en cuir couvrant un petit t-shirt assez sobre de couleur sombre "Bonjour"

BY .TITANIUMWAY

Bruce & Kitty
Voir si c'est un bon coup

Elle semblait souriante, charmante, loin de la femme austère et froide du premier rendez-vous, je me sentais à l'aise rapidement à l'aise, en m'avançant vers le café pour m'en servir un, même si j'aurais préféré ce petit loisir d'un café-clope pour me motiver et pas faire les deux en différés... "c'est un quartier, que je ne connais pas, mais c'était bien indiqué".

Je détaillais le studio autour de moi, du matériel photo et vidéo à ne plus savoir qu'en faire, des draps partout et cette femme d'un age certains mais qui restait encore une possibilité à qui compter fleurette qui se dressait, perchée sur ses hauts talons, me surplombant presque. *Chasses tout esprit, chasses toute pensée, pense au boulot !" me répétais-je plusieurs fois dans ma tête. La musique se déclenche, je repose la tasse pour enlever ma veste et la posée sur un porte-manteau à l'entrée. C'était ma première pub, mon premier cast, mon premier véritable essai dans le monde professionnel, même si je me doutais de la marche à suivre, je ne puis m'empêcher d'avoir l'air un peu bête devant tous ses appareils, et je fini la gorgée de mon café que je repose sur la table avant de lui poser une question salvatrice pour la suite des opérations.

"On commence par quoi ?"

Je pris le temps de détailler une mâle posée dans un coin avec de nombreux vêtements, des choses plutôt légères, un peu brut, le stéréotype de la marque de parfum par excellence, n'empêche que bosser pour Armani ça serait la classe ultime ! Surtout pour une première expérience. Je passe ma main dans ses vêtements, imaginant un peu le contexte, les choses à faire, et essayant de me remémorer des pubs qui pourraient m'aider, d'ailleurs j'ai bouquiné un peu sur le sujet hier, enfin vite fait avant de dormir, j'ai vu une petite dizaine de pubs de marque de parfum qui cartonnent actuellement, en général les hommes sont souvent très féminins, on penserait presque à des pubs dans le but d'attirer des hommes par les hommes à moitié vêtue, mais je ne pense pas au vu du premier entretien qu'il s'agira de ce type de pub. Je reste pensif avant de lui détourner une nouvelle question.

"Les tenues là ? Je dois me changer ?"

Une voix marquant un peu le dédain, comme une défiance à l'idée de ne pas forcément me déguiser en pseudo gladiateur gay des temps modernes. j'arque alors un sourcil en attendant la réponse de la réalisatrice que j'ai, en face de moi. KEW de son pseudonyme, mais Kitty Weiss de son vrai non. J'ai bouquiné rapidement sur elle avant le premier entretien pour savoir exactement ce qu'elle attendait, une performeuse, une femme qui aime captiver par son originalité, par des choses hors du commun. Mais comment faire une pub ? Jouer une pub pour une grande marque de parfum en suivant les codes tout en allant dans l'originalité. L'idée de la parodie ? Non ça ne sera pas vendeur, il faudra surement se la jouer mauvais garçon, provoquer sans tomber dans l'excès ni dans le ridicule... La tache s'annonce rude mais rien n'est impossible, il va falloir faire preuve de créativité et d'originalité pour y arriver.

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Bruce & Kitty
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"J'avais l'idée de commencer par un simple shooting photo . . . Ca me permettra de voir ce que tu sais faire, et de nous adapter l'un à l'autre. Ne t'en fais pas pour les vêtements, on va dire que c'est de l'option, si toi, tu en as l'utilité . . Je n'ai pas envie de te mettre de grosses barrières sur ce projet . .  Sois toi . . "

Les vêtements une option ? Bruce allait devoir se foutre à poil ? C'est la première pensée qui lui traversa l'esprit après la prononciation de ces quelques phrases par la jeune femme, c'est donc ça le principe de la promotion canapé ? Ou en tout cas, celui qui consiste à se foutre à poil pour réussir ou décrocher un casting ? La jeune femme continue de plus belle, monopolisant l'attraction du regard du jeune homme et suscitant une sorte d'attraction sexuelle, il se sentait un peu abusé, comme un jouet entre les mains d'une manipulatrice, d'une illusionniste, il sourit gêné un instant quand elle prononça la phrase suivante "Donne toi à moi, et à l'image", à ces mots, il ne sue s'il devait lui sauter au cou, ou au contraire s'il devait prendre ses distances. D'habitude très sûr de lui avec un égo immense, le jeune apprenti acteur se sentait comme un petit enfant, ou un oiseau dans les griffes d'un chat. La main de cette femme mûre heurta alors son visage pour replacer une mèche de cheveux rebelle en arrière, un délicieux frisson parcourut le corps du jeune homme, qui la regarda s'éloigner et se mettre derrière l'appareil. Il repéra alors l'endroit pour se situer, il s'y dirigea promptement et se mit en place...

Un peu timide, un peu farouche, il mit quelques temps à se déconnecter de son existence, à devenir l'homme, la bête souhaité, d'abord crispé, son regard semblait jouer, et on sentait l'acteur qui débute sortir de lui... Après quelques pauses qu'il sentait dans le regard de la jeune femme et de son propre aveu à lui aussi, pas forcément en accord avec la vision de la chose, il se mit alors à se diriger vers les tenues proposées et en essayant une, une espèce de débardeur vintage totalement ringard, il se dévêtit alors, faisant apparaitre son torse svelte mais sculpté à la femme en face de lui, avant d'enfiler ce vêtement qui datait d'un autre temps. Il sourit un instant, en enfilant ce petit haut, il devenait quelqu'un d'autre, le sentiment de ne plus jouer, mais de se lâcher, il se replaça alors au milieu de l'objectif et se mit à prendre des poses loin d'être suggestives, mais son regard devenait comme furieux, provocateur alors que doucement son corps se mettait à rejoindre cette même suggestion cette même fureur bestiale qui sommeillait en lui.

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Les photos défilaient sur l'appareil, Madame Weiss semblait heureux de la prestation, un léger sourire se posa sur le visage du jeune homme, et il sentait le doux parfum de la trentenaire venir parcourir sa cloison nasale et pénétrer en son fort intérieur, un délicieux parfum très efféminè et très brut, loin de ce que portait les jeunes femmes. Alors qu'il regardait les photos il se prit un instant à divaguer vers des pensées plus obscures, moins contenue, moins correct alors que la voix de sa partenaire, de sa patronne du jour vient percer le silence. Un bon début, ces mots raisonnaient de manière satisfaisante à l'oreille du jeune homme, un sourire satisfait se posa alors que son visage. Il prit une seconde d'inspiration, s'approche d'une bouteille d'eau dont il engloutit plusieurs gorgées avant de retourner au travail. Il recommença la séance, puis au bout de quelques clichés, il enleva ce débardeur se retrouvant à présent à moitié nue devant le jeune femme, le regard perçant il jouait de l'objectif, même s'il évita deux-trois poses suggestives se sentant ridicule s'il était amené à le faire. Après une bonne heure de shooting intense il s'assied sur un tabouret, regardant Kitty qui scrutait les photos sur son appareil. Il soupira un instant passant la main dans ses cheveux légèrement humidifié, car mine de rien, une séance de shooting quand on est pas habitué c'est éprouvant physiquement.

Quelques gouttes de sueur commençaient à perler le long de son front, il prit alors le débardeur démodé qu'il passa sur ce dernier comme pour l'éponger, avant de soupirer un instant, puis de parler en regardant le sol "je ne pense pas pouvoir donner plus aujourd'hui, vous savez, c'était ma première séance photo, ça change du théâtre", le jeune Bruce sourit un instant avant de regarder la jeune femme, puis se mit à nouveau à fixer le décor, détaillant le moindre objet de décoration mural avant de se remémorer cette séance photo qu'il venait d'avoir. Est-ce que les photos seront saisissantes ? suffisantes pour le projet que la trentenaire voulait faire ? Un petit job pour parvenir à subsister et à se payer quelques sorties et quelques cours de théâtre, voilà l'objectif de ce casting, voilà l'objectif de cette rencontre professionnelle.

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Bruce & Kitty
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Kitty s'allongea presque sur le canapé, pied nue, ce corps était exquis et réveilla les pulsions masculines dans le corps du jeune homme, il reprit un instant son souffle en enfilant son t-shirt alors qu'elle semblait transférer les photos sur son ordinateur. Il s'assit un instant, l'observa quand la jeune femme lui déposa un chèque pour les services rendues sur ses genoux, il regarda le montant, conforme à la discutions précédentes, conforme à ce qu'il pensait, il sourit un bref instant en prenant le chèque, le pliant en quatre pour pouvoir le glisser dans sa poche de jean, puis il observa la femme, si belle, si féline étendue devant lui qui ne disait plus un mot, assise sur l'accoudoir de son fauteil, la folle envie de lui sauter dessus se décuplait en lui, et une gêne profonde se mariait à l'excitation, ses joues rougissaient légèrement, alors qu'il se redressa, l'air timide, il prit la direction de la porte et remis sa veste sur les épaules, puis regarda la jeune femme... Elle était si envoutante, si charmante que la tentation de poursuivre cet entretien autrement que professionnellement était trop grande pour partir sans rien dire. Il fini par briser le silence en balbutiant avec hésitation les mots suivants

"Du coup, hmmm je suis pris ? Enfin je veux dire, vous m'avez choisis ?"

Il sorti de sa poche le chèque pour le glisser dans son porte-feuil afin de ne pas le perdre en cours de route puis détailla à nouveau le studio, il observait autour de lui ce qui s'y passait, puis fini par dire gêné.

"Enfin, on en a fini là ? Je veux dire, la prestation est finie ? Je suis censé partir ?"

Bruce se met alors à rigoler sentant la situation cocasse dans laquelle il se trouvait à ce moment là, il venait de faire son premier casting photo et ne savait pas les coutumes et les us d'une telle chose, d'un tel travail, mais il sait que généralement tu paie un homme à la fin d'une prestation, donc en théorie tout était fini en cet instant.

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