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Tear down the wall ! [Part 1] Feat Agnès

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MessageSujet: Tear down the wall ! [Part 1] Feat Agnès Tear down the wall ! [Part 1] Feat Agnès EmptyLun 11 Nov - 1:01

Alexiane regardait les étudiants rassembler leurs affaires. Elle était lasse. En plein cycle de colloques, elle avait assuré la modération de trois heures de débats sur l'état des lieux de la Science Fiction après l'oeuvre d'Asimov. Elle avait ensuite fait deux heures de cours sur la littérature francophone, après avoir avalé un sandwich sur le pouce. Le temps d'une cigarette et elle avait enchaîné avec une heure de tutorat, pour achever sa journée. Elle n'avait plus aucune énergie. Les dernières quinze minutes lui avaient paru s'allonger sur des siècles. Mais c'était terminé.


Et tant mieux, parce que ses mains tremblaient. Il lui fallait sa dose de nicotine. Elle passa une main sur son visage. Une étudiante restait devant la porte. Visiblement, elle devrait faire quelques minutes supplémentaires. Alexiane se vit violence. Cela ne faisait que quelques mois qu'elle était présente à Berkeley, et pourtant ses cours étaient déjà plus ou moins reconnus. En tout cas elle était parvenue à fédérer sa communauté d'étudiants, ce qui n'était pas quelque chose dont elle était peu fière. L'étudiante en question, une discrète première année de littérature, qui ne comprenait pas un mot de français, avait quelque chose de touchant. Et Alexiane ne rechignait jamais à aider quelqu'un. Même si elle aurait donné sa vie pour pouvoir rentrer chez elle et faire un break.


Si elle avait tenu toute cette journée sans trop broncher, c'est parce qu'elle avait quelque chose de prévu, dans la soirée. Cela n'était pas trop étonnant : Alexiane était férue de sorties. Au final, elle n'avait pas tant de cours que ça, cette journée infernale n'étant finalement que l'exception confirmant la règle. Noctambule amoureuse, attirée par les néons colorés comme un papillon un soir d'été, enchaînant les verres avec une descente que peu aurait le courage de remonter en vélo. A moins d'être dopé, mais c'était là un autre débat. 


Alors qu'elle venait d'arriver, la jeune française, perdue dans cet écosystème à la consommation galopante et à l'hystérie qui ferait passer un retard de métro parisien pour une franche rigolade, avait décidé de s'impliquer dans différentes activités. Elle avait donc baroudé dans le quartier - surtout celui du Castro, par convictions personnelles, bien évidemment -, mais aussi dans tous les pôles où elle pouvait exercer sa créativité et son amour des lettres. A ce stade, on pouvait qualifier la jeune française de boulimique. Mais elle n'avait rien d'autre que cette fureur du travail et de la créativité, puisque sa vie sociale s'approchait dangereusement du zéro pointé.


Elle était donc parvenue jusqu'à un café. Il ne payait pas de mine, mais ressemblait à ces troquets un peu désuets dans le quartier de Saint Germain des Près à Paris. Parfaitement son univers, donc. Elle avait jeté son dévolu sur cet endroit où les poètes les plus aguerris côtoyaient les écrivains de rues, le temps d'un café, d'une bière ou d'un Irish coffee. Cela avait quelque chose de magique et d'hors du temps. Une ambiance qui avait séduit immédiatement Alexiane. Elle s'était essayée à l'écriture de textes et de poèmes. Etant plus férue de romans, elle avait eu du mal à produire des textes satisfaisants à ses yeux. Puis elle les avait lus devant cette assistance, croisé le regard de cette blondinette, et s'était concentrée sur ses iris pendant qu'elle déclamait son texte. Ca avait débuté comme ça, quelques mots un peu rougissants, puis des échanges de texte, jusqu'à ce qu'elles se découvrent un goût commun pour le cinéma d'auteur. Depuis, Agnès Faure et elle se voyaient régulièrement, et la jeune femme était pour elle une bouffée d'air frais nécessaire pour se sortir de ses journées parfois difficiles. Alex ne voulait pas se l'avouer, mais elle était réellement ravie à l'idée de la revoir. Un peu trop pour qu'elle l'affiche.


Une fois débarrassée de l'étudiante, elle éteignit le vidéoprojecteur et rangea son pc dans son sac. Elle avait déjà dégainé son Zippo argenté avant d'être sortie de la salle. Elle le claqua d'un coup sec à peine dehors, inhalant la fumée avec fébrilité. Elle vérifia qu'elle avait bien tout dans son sac et consulta l'heure. Elle aurait un chouïa de retard, si les transports en commun ne lui faisaient pas défaut. D'ordinaire, elle utilisait une petite moto noire - avec sa taille, qui culminait à 1m55, piloter une grosse BMW était juste impensable - qui lui permettait de se glisser proprement dans le trafic sans perdre de temps. Mais ce jour-là, elle s'était contentée d'emprunter les bus. Grave erreur.


Elle descendit sur Ocean Avenue.  Son sac en bandoulière, la capuche de son sweat rabattue sur son visage. Il pleuvait. Foutu automne. L'eau pénétrait violemment dans ses vêtements pourtant épais et son visage ne tarda pas à ruisseler. Comme à l'accoutumée, elle lui avait donné rendez-vous à la librairie du quartier, réputée par la qualité de ses livraisons. Evidemment, Alex grognait régulièrement dans les rayonnages, outrée de trouver Montaigne mais pas Le Roman de Troye en bilingue. Mais c'était pour la forme, et entre deux rangées de bouquins, elle se sentait parfaitement dans son élément. 


Elle glissa parmi les différents clients, avisant la silhouette familière, plongée dans le rayonnage des ouvrages techniques du cinéma. Alex ne pouvait s'empêcher d'esquisser un sourire. Elle s'approcha, silencieusement, se racla doucement la gorge et dit, en français : 


- J'espère que mademoiselle Faure aura l'extrême bonté de pardonner mon retard. 


Et elle lui sourit. Alex avait la réputation d'être une étrangère dure, intransigeante et peu souriante. Les premiers contacts étaient souvent difficiles. Mais maintenant qu'elle était en pleine confiance avec Agnès, elle se laissait aller à ces familiarités. Elle était donc là, sa main gauche posée sur la bandoulière de son sac de cours, le visage dégoulinant de l'eau de pluie, quelques mèches brunes collées à son front. 
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MessageSujet: Re: Tear down the wall ! [Part 1] Feat Agnès Tear down the wall ! [Part 1] Feat Agnès EmptyLun 11 Nov - 5:02



« Tear down the wall ! »



La journée avait été assommante. Comme à son habitude, Agnès l’avait passé, la tête dans les nuages, à rêvasser des jours prochains. Son cours d’histoire du cinéma asiatique prendrait fin dans une dizaine de minutes, c’était ces quelques milles secondes qui la séparait de la soirée qui l’attendait. Exactement 9 minutes et 43 secondes après la réflexion de la Faure, le petit homme trapu qui gesticulait devant la marée humaine libérait enfin ses élèves. Et ce, au plus grand bonheur de la tête blonde au fond de l’amphithéâtre. Celle-ci enfila son épais manteau de duvet bleu poudre, attrapa ses cahiers, les fourra dans le large sac de cuir que sa mère lui avait légué et s’empressa de s’échapper de l’atmosphère austère de la faculté. Elle avait toujours abhorré les cours, l’effort de concentration insupportable qui ça lui demandait et évidemment tout l’investissement et les responsabilités qui venaient avec.

Le temps était pluvieux et le ciel pourtant d’usure cobalt de la région s’était habillé d’un linceul cendré.  Ce soir Agnès sortait avec Alexiane. Une amie rencontrée par un heureux hasard dans une nuit de poésie d’un café des environs. La Danoise avait été tout de suite fascinée par la facture poétique de la Française, son exquise conception, bref son talent. Elles s’étaient partagées une pinte et, depuis, se voyaient ponctuellement, pour se boire un verre et partager cette culture que les deux étudiantes estimaient tant. La blonde admirait le travail de la Lewis, mais c’était bien plus qu’un simple engouement. Elle appréciait le temps qu’elles passaient ensemble, le réalisme et le calme que sa compère dégageait. Agnès n’était pas d’un pragmatisme instinctif, mais se plaisait à croire qu’elle pouvait être un peu plus mature le moment venu.

Elles devaient se rejoindre dans une librairie non loin de là. Nomade, la Faure n’avait jamais prit le temps d’apprendre à conduire. Elle s’était toujours déplacée à bicyclette et avait apprivoisée les transports en commun depuis les 10 ans. Elle enfourcha son vieux vélo et se mit à pédaler sous la pluie rugissante qui lui coulait comme un glaçon dans le dos. Fidèle à elle-même, elle perdit la notion du temps et de l’espace et en oublia sa destination.  Elle reprit ses esprits et se rendit à la boutique, son pardessus de peluche complètement imbibé d’eau glacé. Un fin rictus se dessina sur ses lèvres tremblotantes. Elle était de ses gens qui se plaisaient à sentir la pluie plutôt qu’à s’insurger d’être trempés et frissonnants.

Non sans difficulté, elle réussit à essorer ses vêtements avant d’entrer dans le leu du rendez-vous fixé. Il ne fallut pas une minute pour qu’elle soit arrimée à la section cinéma, la biographie de Woody Allen à la main. Soudain, elle entendit la voix familière de son amie. « J'espère que mademoiselle Faure aura l'extrême bonté de pardonner mon retard. » Un large sourire s’imposa sur son visage blafard avant d’y laisser s’échapper de grands éclats de rire bien sentis. Elle se précipita pour enlacer son amie, en profitant pour combiner l’humidité de leurs vêtements. Elle était particulièrement heureuse de voir Alex surtout après une journée si monotone.  Elle se pressa de lui répondre du ton amusé qu’elle portait en quasi-permanence : « Insolence! Si jamais tu me refais ça encore une fois, je vais devoir te crucifier ! » Rapidement, elle jeta l’ouvrage qu’elle feuilleta sur l’étalage et ajouta d’une voix dénuée de la moindre pointe de subtilité : « Ça te dit d’aller ailleurs ? J’ai eu une journée pénible t’as pas idée, j’ai juste envie d’une bière froide et de nachos extra fromage ! »




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MessageSujet: Re: Tear down the wall ! [Part 1] Feat Agnès Tear down the wall ! [Part 1] Feat Agnès EmptyLun 11 Nov - 18:02

Cela lui faisait toujours un drôle d'effet d'enlacer Agnès. La rigueur militaire qu'elle n'était jamais parvenue à oublier lui avait toujours intimé de respecter une certaine distance dans les relations humaines. Et là, l'avoir dans ses bras, leur deux tiédeurs se mêlant à l'humidité de leurs vêtements... Cela lui faisait plus de bien que ce qu'elle aurait bien voulu avouer. Elle se laissa d'ailleurs aller à poser son menton une seconde sur l'épaule de la jeune femme. 


Agnès la rassura sur son retard - et d'ailleurs elle n'attendait pas moins d'elle - et la française sourit de plus belle. Elle saisit le livre qu'elle avait renvoyé sur son rayonnage du bout de ses longs doigts de guitariste et l'examina un instant, un sourire esquissé sur son visage, un peu taquin.


- Me crucifier ? 


Elle se tourna vers elle et planta son regard sombre dans le sien, une lueur de malice dans le fond de ses prunelles.


- Il faudrait une bien petite croix alors. Et des petits clous. 


Elle garda le livre en main et réajusta son sac sur ses épaules. Elle n'avait pas vraiment réfléchi à la manière dont elles pourraient poursuivre leur soirée : d'ordinaire elles parvenaient toujours à débusquer un endroit cool et inédit où elles pouvaient s'amuser autour d'un verre, discuter jusqu'à des heures indécentes. Le temps passait vite auprès d'elle. 


- Eh bien écoute, avec plaisir. J'ai eu une journée pourrie aussi. 


Elle emboîta le pas à sa compagne d'un soir et se dirigea vers les caisses. Elle déposa le livre sur le comptoir et sortit son portefeuille de cuir. 


- J'ai un peu de mal à m'adapter à la méthodologie américaine, mais ça viendra. Par contre, j'ai l'impression qu'ils sont aussi paumés que les premières années en France. Comme si je leur parlais chinois parfois. Mais bon.


Elle paya le livre et remercia la caissière. Elle n'avait pas rangé ses affaires qu'elle adressait un sourire un poil carnassier à Agnès :


- Je les fouetterai. Ca les motivera peut-être. 


Elle lui tendit la biographie.


- Maintenant explose ce minable et va rivaliser avec Terrence Malick.


Plus un mot. Alexiane rabattit sa capuche sur son visage et affronta de nouveau la pluie, qui s'infiltrait même sous le auvent de la librairie, forcée par le vent. 


- Tu préfères quoi? Un verre dans un bar du coin ? A moins que tu sois au courant de la programmation du cinéma, je n'ai pas eu le temps de m'y intéresser cette semaine. Et je crois que j'aurais bien besoin d'une toile. Choisis, j'ai confiance en tes goûts.


Elle lui adressa un clin d'oeil et patienta sous la pluie. 
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MessageSujet: Re: Tear down the wall ! [Part 1] Feat Agnès Tear down the wall ! [Part 1] Feat Agnès EmptyMer 13 Nov - 19:23



« Tear down the wall ! »



La compagnie de la Leyris lui plaisait toujours. Le pragmatisme des autres donnait un sens à la folie qui l’habitait. Elle n’était pas particulièrement férue des choses conforme. Elle connaissait ses piètres limites, mais elle ne s’en souciait pas, en fait, elle n’y pensait pratiquement jamais. Sa vie était d’une grandeur infinie et pas même ses propres limites ne l’empêcherait de vivre le plus intensément chaque seconde. Lorsque son amie lui tendit le livre, ses grands yeux s’ouvrirent encore davantage. Elle dévorait le petit ouvrage rose et blanc du regard, comme si elle n'avait jamais posé les yeux sur du papier . Elle passa doucement ses doigts sur la couverture, effleurant les coins ronds avec une prudence risible. C’était typique d’Agnès. Elle s’impressionnait toujours beaucoup trop des petites choses. Non pas qu’elle fut toujours si précieuse avec ses livres, mais la nouveauté avait une douceur à laquelle elle ne pouvait résister. Alex le lui avait offert et, la marque d'amitié qui venait avec la touchait, elle était ravie. Elle pressa le petit roman contre son nez et regarda son amie avec un air taquin : « C’est drôle, tu sens un peu comme un livre neuf » Elle appréciait beaucoup l’étudiante en littérature. Elle avait cette façon bien à elle de dire les choses. Elle semblait si authentique, si vraie. Le naturel, la vérité, voilà ce qui faisait vibrer la Danoise.

Les deux étudiantes sortirent de l'établissement sous une pluie toujours aussi hardie. « Tu préfères quoi? Un verre dans un bar du coin ? A moins que tu sois au courant de la programmation du cinéma, je n'ai pas eu le temps de m'y intéresser cette semaine. Et je crois que j'aurais bien besoin d'une toile. Choisis, j'ai confiance en tes goûts. » Elle avait bien entendu parler d'une projection un peu à l'est dans une salle de sous-sol. Un genre de documentaire sur la vie d'une chanteuse Punk de la scène féministe des années 90. Il y aurait probablement une soirée dans un des bars punk de la ville. « Y'a ce film, docu.. enfin sur la meuf de Bikini Kill tu sais? Enfin une soirée punk féministe! Ça te dit? » Agnès avait toujours aimé ce genre d'ambiance. S'immiscer dans des groupes si extrêmes complètement dévoués à leurs idéaux. Selon elle, c'était aussi poétique qu'un vers de Beaudelaire. Il y avait une beauté inéluctable dans cette ferveur immuable. Et elle ne manquait jamais une occasion d'aller cabrioler sur du punk bien senti.

Le ciel pleurait de plus belle et les deux filles, frigorifiées, ne faisait que patienter. À l'idée de leur immobilisme sous une telle pluie, Agnès eut un sourire. Elle saisit la main de sa complice et l'entraîna avec elle dans un taxi arrêté à la lumière. Ses cheveux flavescents volaient derrière sa longue silhouette, rythmant d'éclats de rire sa démarche de poupée brisée si personnelle. Une fois assise sur la banquette de la voiture. L'étudiante en cinéma se leva pour s'adresser au chauffeur. Elle lança à travers son sourire: « J'ai 32$ sur moi, emmenez-nous le plus loin que vous pouvez avec ça! » Une fois rassise elle s'adressa à la Française « Ou on peut aller voir le Chagrin et la Pitié ou aller au Nacho Libre et nous faire passer pour des stars du porno? Tu choisis, mais j'avais besoin de sec. » La Faure installa ses pieds sur le banc de cuir et déposa sa tête trempée sur l'épaule de son amie.



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MessageSujet: Re: Tear down the wall ! [Part 1] Feat Agnès Tear down the wall ! [Part 1] Feat Agnès EmptySam 16 Nov - 0:50

La réaction de la jeune femme remplit le coeur de la française d'un tendre ravissement. Puisqu'elle disposait à la fois des bourses, des restes de la pension que ses parents lui versaient - et sa mère n'hésitait pas à rajouter ça et là quelques étrennes, à l'insu du lieutenant-colonel Leyris -, ainsi que de son salaire de Normalienne - parce que oui, les étudiants de l'Ecole Normale Supérieure sont rémunérés pour aller en cours hahaha -, la jeune femme n'hésitait pas à se faire plaisir et à offrir des cadeaux à ses amis. Et elle n'allait pas s'en cacher, le rosissement sur les joues d'Agnès avait le précieux d'une rosée vespérale. Alex esquissa un sourire satisfait. 


Au fond, c'était aussi le grain de folie de la jeune danoise qui plaisait à Alexiane. Elle qui avait toujours été condamnée à vivre une existence rangée et rigoureuse, entrée comme une voleuse dans le monde de la nuit, restait néanmoins fidèle à la nature qu'on lui avait inculquée dès sa plus tendre enfance de jour : elle avait déjà cette attitude de prof, un peu éthérée et nonchalante, mais extrêmement rigoureuse et droite comme la justice - ce qui ne l'empêchait pas de balancer des blagues graveleuses quand le texte ou la situation s'y prêtaient. 


La remarque d'Agnès l'interpella. Elle rougit légèrement et tâcha de dissimuler ça en regardant ses pieds. Elle sourit.


- Un livre neuf? C'est cool en un sens, parce que tu vas me dévorer, puis tu me laisseras moisir sur l'étagère d'une bibliothèque.


Elle aurait voulu rajouter un truc, une connerie romantique dont elle avait le secret, un de ses regards de chien battu et un murmure du bout des lèvres : "promets-moi que tu m'abandonneras pas?", mais elle avait largement dépassé ce stade de drague adolescente. Enfin. C'est ce qu'elle croyait. Elle ravala donc ses mots et se contenta de suivre la jeune femme. 


- Bikini Kills? Je ne connais pas du tout. Mais pourquoi pas, je suis plus métalleuse que punk, il faut bien que je découvre un peu quand même !


La curiosité d'Alexiane était sincère. Elle avait le goût pour tout, éclectique et peu regardante. Aussi étonnant que cela puisse paraître, cela se traduisait dans les trois domaines qu'elle chérissait le plus - le cinéma, la littérature et la musique. Quant aux jeux vidéo, elle était aussi très bon public. Elle n'avait pas de genre particulier, passant de Proust à Duras, en passant par Tolstoï et Chrétien de Troyes. Elle écoutait Jacques Brel, passait par Gainsbourg, repartait sur Tchaikovski, terminait la journée sur Epica. Elle regardait Melancholia, épongeait ses larmes sur un des films de la trilogie du Cornetto, repleurait sur Sam, je suis Sam, et se heurtait à l'abîme d'une oeuvre de David Lynch. Elle adorait faire des découvertes et combattre ses éventuels a priori, mais elle devait avouer que la présence de la blonde était une importante source de motivation. 


Elle serra brièvement sa main contre sa paume alors qu'elles étaient à la poursuite d'un taxi. Un grand rire montait dans la poitrine d'Alexiane, si bien qu'elle s'en surprit : ce n'était pas le genre de la maison. Mais une extraordinaire sensation de liberté s'emparait d'elle, dès qu'elle était avec Agnès. Elle se sentait redevenir une adolescente éperdue, émerveillée par n'importe quoi. Elle ne la quittait pas des yeux en souriant, ses fringues trempées. Mais était-ce réellement important ?


Essorant ses vêtements, épongeant ses cheveux qui retombaient sur son visage, elle écouta les propositions d'Agnès. Une vadrouille, un cinéma, un simple verre, une boîte, des nachos. Tant de choix, si peu de temps pour trouver une réponse ! 


- J'ai aussi une AmEx. On peut se réserver un verre pour après, même si me faire passer pour une star du porno a toujours été mon rêve. Je sais que dans le Castro, ils repassent Harvey Milk et le documentaire de Shilft dans la même foulée. Ca a dû commencer d'ailleurs. Ca peut être l'occasion de rentrer dans le merveilleux monde de l'inversion assumée.


Elle sourit à la jeune femme. Elle habitait le Castro, par choix purement personnel. Elle aimait cette âme qui planait encore sur le quartier, bienveillante, et qui avait changé, l'espace de quelques années, la figure de l'homosexualité dans le monde. C'était un hommage et une fierté, et elle s'était rapidement appropriée le quartier comme si elle y avait toujours habité. Elle laissa le choix à Agnès et entoura ses épaules de son bras droit, quand elle posa sa tête sur son épaule, tout à fait naturellement et librement. Alexiane souriait. Heureuse.
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MessageSujet: Re: Tear down the wall ! [Part 1] Feat Agnès Tear down the wall ! [Part 1] Feat Agnès EmptyDim 12 Jan - 22:58

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