Humm, ok. I bet you $100
you're going to turn me down.
LEXINGTON CLUB + Berkeley, California

La musique a fond, les vitres devaient trembler au vu de l'intensité des décibels. En aucun cas je faisais le cas social sur la route avec ma voiture tuning et la musique de plouc à fond de balle. Non, je roulais au volent de ma magnifique voiture de luxe, un coupé sport, particulièrement agréable à conduire. En musique, disons que j'écoutais quelques classiques de mon répertoire en version acoustique. En temps normal, il m'arrivait de pousser la chansonnette mais pas ce soir, pas en ce moment. J'avais la tête remplie de soucis et l'esprit complètement ailleurs. D'un sens ce n’était pas si mal, je n'ai jamais chanté très bien et je ne me destinais pas vraiment à une grande carrière dans la chanson. Je roulais depuis quelques minutes déjà et je n'avais qu'une seule envie pour le moment : quitter Berkeley, changer de ville et de vie par la même occasion. Je vivais très mal la séparation avec Marni. D'un côté, c'était la première nana pour qui j'avais ressenti de vrais sentiments mais d'un autre côté, ces sentiments semblaient tellement dérisoires face à notre situation. J'étais complètement perdu, une partie de moi tenait encore énormément à Marni mais une autre partie de moi semblait vouloir oublier cet épisode fâcheux qui avait fait irruption si brutalement dans ma vie. J'avais trop changé pour une fille qui n'a pas hésité à me larguer ainsi comme une pauvre merde. Elle m'avait quitté il y a quelques semaines mais aussi étrange que cela puisse paraître, je n'avais toujours pas reçu les papiers du divorce. Je ne sais pas si cette situation l'amuse ou quoi, mais j'étais clairement en train de faire une dépression. Partagé entre deux choses, soit m'accroché à ce mariage qui ne tient pas debout ou soit, laisser tomber toute cette histoire absurde et passer à autre chose. Je ne me reconnaissais pas. En temps normal, j'aimais faire la fête, draguer et dépenser du fric pour rien et là, je restais bien sagement dans mon coin à déprimer comme un petit malheureux. Rien que le fait de repenser à cette histoire, j'étais énervé. La route défilait autour de moi, je roulais vite mais en ce moment, c'était le seul moyen pour moi de me sentir vivant. J'avais l'impression de ne plus vivre, d'avoir appuyé sur le bouton pause et ne plus trouver le play. Je ne souriais presque plus, je n'avais plus le goût à rien - sauf aux études mais cela est une autre histoire. L'aiguille des vitesses basculait dangereusement vers la droite alors que mon esprit lui, divaguait totalement. Il fallait que ça change, ma vie ne pouvait pas ressembler à ça, je ne pouvais pas rester sans rien faire alors que Marni me manipulait à son aise. Lâchant la route trente secondes des yeux, je pris mon portable dans la poche de mes vestes et tâtonna les touches à l'aveuglette. Je réussis tant bien que mal à envoyer un message à Jules, il devait ressembler à quelque chose du genre : Lexington, 22 heures. De toute façon, qu'elle vienne ou pas, j'avais bien l'intention d'y aller. Pourquoi Jules ? Bonne question. Par esprit de contradiction, je savais pertinemment que Jules était l'une des rares filles que Marni ne pouvait pas voir, surtout en ma compagnie. Du genre jalouse comme moi, elle m'avait déjà fait le coup avec Sheena. Inconsciemment, je voulais faire réagir Marni, qu'elle prenne conscience de certaines choses ou alors qu'elle m'envoie directement les papiers du divorce. Pas la peine de me les remettre en main propre si vraiment ma présence l'insupporte à ce point-là, elle n'avait cas les déposer dans la boîte aux lettres. C'est pour ça que je fais appel à Jules mais aussi parce que c'est une fille avec qui je m'entends très bien, je peux me confier à elle. La petite Iota est une fille d'une extrême beauté et même si j'ai toujours eu un faible pour les blondes, Jules est bien l'exception qui confirme la règle. D'ailleurs, si ce n'était pas aussi bizarre entre nous depuis le début, je crois que j'aurais déjà tenté ma chance depuis bien longtemps. Autant Marni a su me séduire par son corps de déesse, autant Jules c'est plus subtile. De caractère très proche du mien, elle me ressemble beaucoup. Non mais je vous assure, parfois c'est flippant, elle a les mêmes réactions que moi. Ce qui pourrait me plaire le plus chez la belle Jules c'est son regard. Voilà que je pensais à ses yeux maintenant, pour une fois que je ne pensais à ce foutu mariage. Un petit sourire s'afficha sur mon visage. Jetant un petit coup d'oeil à ma montre, je vis l'heure approcher. En fait, il faisait déjà nuit et j'avais un peu prévenue Jules à la dernière minute. Peu importe, elle avait le temps d'arriver. Le bruit du moteur ronronnait, la musique me donnait une motivation à sortir ce soir. J'essayais de me persuader que cette soirée allait me donner le déclic tant attendu. La carte bleue dans la poche, la belle voiture sur le parking, les belles filles de sorties pour le week-end, Jules conseillère en séduction, tout était réunis pour que la soirée soit bonne. Je débarquais donc à toute allure sur les boulevards avant de garer soigneusement ma voiture et de me diriger en direction du Lexington club. Une fois sur place, le vigile fut un peu surpris de me voir débarqué comme ça et me tapa la discute. Il était tout juste 22 heures, j'avais largement le temps de m'allumer une cigarette. Eh ouais, je n'étais pas sorti depuis quelque temps, cela allait me faire le plus grand bien. Ah oui, je m'étais bien entendu préparé pour l'occasion. Coiffure et style parfait. Pour la première fois depuis mon mariage, j'avais l'alliance chez moi, je ne voyais pas l'intérêt de la porter, surtout en ce moment. A ma grande surprise, je vis Jules arriver au loin. Rouuur, elle aussi avait sortie la petite tenue d'occasion. Le vigile me parlait, j'écoutais à peine ce qu'il me disait. Dans ma tête, cela ne fit qu'un tour : ce soir allait être une bonne soirée. Le monde commençait à arriver. Une fois que Jules arriva à ma hauteur, je lui fit un large sourire avant de lui faire la bise. Dis donc, il y avait longtemps que je n'avais pas eu le sourire aux lèvres. « Content que tu sois là. » dis-je tout naturellement. Bah quoi ? C'est vrai ! Connaissant Jules, je n'allais pas regretter d'avoir fait appel à elle, du moins, je l'espérais.