the great escape
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C'est pas de la famille, que j'suis venu chercher.

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MessageSujet: C'est pas de la famille, que j'suis venu chercher. C'est pas de la famille, que j'suis venu chercher. EmptyJeu 5 Sep - 6:01



Il est vingt heures, les cours sont déjà terminés depuis bien longtemps à Berkeley. Si les étudiants sont majoritairement en train de dîner, c'est loin d'être mon cas, j'ai un repas nettement plus appétissant que je viens de consommer directement dans ma chambre. Dans un dernier soupir, je relâche le corps d'une fille que j'ai croisée en colle tout à l'heure, une Bêta aux longues jambes et à la chevelure blonde. Perdus dans un trip particulier, je suis chargé comme jamais, je plane à mille lieues du lit dans lequel je me trouve. Un sourire niais et reposé prend place sur mes traits repus alors que je l'observe se rhabiller à la hâte. Elle est en train de parler rapidement, je la regarde avec ce même air shooté et détaché, incapable de mettre le moindre mot concret sur les sons qui sortent de sa bouche. Faire l'amour en étant défoncé, certains disent que ça n'a rien de glorieux, personnellement je trouve que c'est une sensation d'abandon on ne peut plus agréable. Tu n'as aucune pensée rationnelle, ton corps travaille tout seul pendant que ton esprit regarde la scène dans un plan astral différent. Le pied total. Lorsqu'elle claque la porte, je soupire et je me laisse tomber sur mon lit, les bras au-dessus de la tête. Des étoiles passent devant mes yeux même si je n'ai pas sommeil. Après dix bonnes minutes passées à planer, je me redresse : il est vingt heures quinze, je dois prendre mes médicaments. Un premier cachet, un deuxième, le tout avalé avec un trait de soda. Il m'en faut un troisième... Il est où, le troisième ? Je fronce les sourcils avec une soudaine inquiétude sans trouver la boîte correspondante à mon traitement. Lorsque je cherche à descendre de mon lit, la drogue et les autres médicaments me font chuter au sol, mes jambes sont aussi molles que de la guimauve. C'est donc à quatre pattes que je cherche cette foutue boîte désespérément, sans avoir pris le temps de me rhabiller. Un quart d'heure plus tard, toujours rien. Mon système sanguin hurle ce manque à mes oreilles comme une infernale petite voix qui parlerait dans un mégaphone juste à côté de mes tympans. C'est dans un grognement agacé que je me relève en m'appuyant sur mon bureau pour aller chercher mes fringues éparpillées par l'autre nymphomane de tout à l'heure. Lorsque je suis affublé d'un t-shirt et d'un jeans, je quitte le pavillon en marchant de façon tout à fait incertaine. Je ne remarque même pas mon reflet dans la glace du hall d'entrée, mes traits sont tirés et mon regard de zombie indique que ma raison est enfouie sous une bonne dose de produits illicites et hallucinogènes. Mon objectif est simple : le pôle médical de l'université. J'suis étudiant, non ? Donc je pense pouvoir me servir dans le stock du campus sans que ça gêne personne. Et si ça gêne, je m'en balance. Les règles, c'est pas mon hobbie. Après être arrivé au pôle, j'essaie de lire les étiquettes sur les bureaux, mais c'est flou et il fait sombre. Tant pis, j'appuie sur la poignée d'une porte qui est déjà entrouverte, sans penser un instant que son occupant est peut-être juste parti pendant quelques minutes. À l'intérieur, des papiers et des instruments de médecine. J'arrive à une grande armoire vitrée où se trouvent des dizaines de boîtes remplies de cachets et autres produits... Un sourire victorieux s'empare de mon visage. Je force l'ouverture avec serrure puis j'ouvre en grand pour retourner tout ce qui se trouve là. Des cachets rose, ce sont des cachets rose qu'il me faut, c'est à ça qu'ils ressemblent. Je jette par terre les boîtes qui ne correspondent pas jusqu'au moment où je trouve enfin ces foutues pilules. Bizarre, il y a une moitié rose et une moitié blanche... ce sont des gélules, en prime. J'hausse les épaules, j'en avale deux, et je continue me recherchés dans l'espoir de trouver les vrais cachets qu'il me faut. Trop affairé à saccager le stock, je n'entends pas la personne qui rentre, du moins pas jusqu'elle donne de la voix. Je sursaute dans un vent de panique puis je me retourne en manquant de tomber. L'homme en blouse blanche. Un peu apeuré par ceux qui se trouvent en blouse dans un milieu médical et complètement déchiré par le mélange drogue/alcool/médicaments, je cherche à reculer en titubant... Je finis par tomber dans son fauteuil, avachi comme une loque. "Je... J'faisais rien, je... cherchais des médocs, j'en ai plus... Z'avez pas des petits cachets rose ? J'en ai plus, il faut que j'en prenne, c'est imp... important..." J'aperçois l'ombre blanche et masculine s'avancer, je recule sur le fauteuil à roulettes d'un air farouche mais peu assuré de ses moyens. "Non, m'approchez pas, me touchez pas ! Dites-moi où ils sont, vos foutus cachets, et j'me casse après !"
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MessageSujet: Re: C'est pas de la famille, que j'suis venu chercher. C'est pas de la famille, que j'suis venu chercher. EmptyJeu 5 Sep - 9:04



Je n’ai pas passé une très bonne journée. A dire vrai, cela fait bientôt deux semaines, que je passe de mauvaises journées. Rien à voir avec les étudiants, ces chers petits anges, ni avec le surplus de travail à l’hôpital central. Ca, j’y suis habitué. Le travail m’a toujours aidé à tenir le coup lorsque tout allait mal, jusqu’ici. Pas cette fois. Parce que cette fois, mon mal vient d’ailleurs. Regagnant par les couloirs le pôle médical après avoir fait un tour aux toilettes du personnel pour tousser sans me faire remarquer – les gens ont tendance à regarder de travers un médecin qui serait malade. Mais biensûr que non, un médecin, ça ne tombe jamais malade, pensez-vous ! – je me hâte jusqu’à mon bureau. Là, je fronce les sourcils. Tiens, la porte est ouverte. Bizarre, en règle générale, la secrétaire-infirmière ou moi-même verrouillons toujours avant de sortir. Pour éviter que des petits chapardeurs viennent fouiner dans notre armoire à pharmacie. Et justement, ce jour-là, j’en tenais un. Bien campé dans ses baskets, tout occupé à renverser un important stock de boîtes de médicaments de toutes formes et de toutes espèces sur le sol, il ne m’a remarqué que lorsque je me suis raclé la gorge et ai refermé la porte derrière moi, pour l’empêcher de prendre la poudre d’escampette. Croisant son regard paniqué, j’en déduis rapidement que soit, le fait d’avoir été pris sur le fait le rend balbutiant et ahuri, soit, les blouses blanches l’impressionnent par nature. Parfait, j’avais au moins ça pour moi. Car, je n’avais naturellement pas l’intention de porter plainte, comme le réclamait le règlement de l’université dans ce type de cas. Ni d’appeler la sécurité. Par contre, je veux savoir qui il est, d’où il vient, ce qu’il cherche, et ce pourquoi il n’arrête pas de trembler comme un disque rayé. « C’est une drôle de façon de faire des fouilles, jeune homme. » commençai-je en faisant référence au bordel qu’il avait mis dans mon bureau. « Il va falloir ranger, maintenant. » Non, je n’ai pas l’intention de le faire. Je ne suis pas méchant, mais il faut savoir assumer la responsabilité de ses actes, c’est ainsi que l’on m’a éduqué. « Détendez-vous, je n’ai pas l’intention de vous toucher. » Je fronce à nouveau les sourcils. Ces tremblements ne sont pas cousins de la peur. Je miserai plus, au vu de son ton et de son impatience à dénicher les fameux pilules roses, pour un effet de la drogue qu’il doit régulièrement consommer. Serait-il en manque ? « Je me présente : Noah Clives. Docteur, Noah Clives. » Au cas où la blouse n’avait pas été suffisamment éloquente. « Tu sais, des cachets roses, il y a beaucoup ici. Tu n’as pas plus précis ? Et d’ailleurs, il te faut une prescription, je ne peux t’en fournir sans t’avoir consulté au préalable. » lui assurai-je en m’installant sur le devant de mon bureau, croisant les bras sur mon torse tout en continuant de l’observer l’air sérieux, et inquiet de son état de santé.

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MessageSujet: Re: C'est pas de la famille, que j'suis venu chercher. C'est pas de la famille, que j'suis venu chercher. EmptyJeu 5 Sep - 18:41



Je regarde le type qui se trouve en face de moi avec le peu de lumière disponible dans la pièce. Blanc. Trop blanc. Des boucles trop bien formées, un air trop calme. Typique du bonhomme propre sur lui et bien organisé qui m'horripile. Pire que ça : ça me file les jetons, les gens cadrés comme lui. Toujours assis sur son fauteuil que j'ai rejeté en arrière pour ne pas qu'il me touche, je triture mes mains pour éviter de laisser voir les tremblements qui pourraient presque faire croire que je suis atteint de la maladie de Parkinson. Non merci, j'ai déjà des tas d'autres bricoles qui feraient la joie des psychanalystes du monde entier, donc on va s'arrêter là. Mon regard se fixe sur lui en biais, un peu comme un chat qui adresserait un sérieux avertissement à un être humain pour lui faire comprendre qu'approcher est de loin la pire solution qui soit au problème. Fous-moi la paix, fais-toi oublier en sortant de ton bureau et tu reviendras quand j'aurais trouvé ce que je cherchais. Mais non, Monsieur croise les bras sur son torse et semble décidé à rester. Je scrute la porte de temps en temps, une lueur narquoise habite mes pupilles dilatées. S'il pense que c'est une porte fermée qui m'empêchera de me tirer d'ici… "J'range pas." lâchai-je sur un ton laconique et presque naturel. Ce n'est pas contre lui, c'est carrément une institution. J'ai horreur de ranger de manière générale, j'aime vivre dans un joyeux bazar. Les gens pensent que je ne suis pas soigneux et pourtant, je retrouve toujours tout dans mon barda. Les choses rangées, c'est stressant, ça me rappelle l'hôpital, les bonnes petites familles parfaites… à vomir. Par conséquent, soit il rangerait lui-même, soit il allait devoir faire appel au service d'entretien, mais il est hors de question que je m'abaisse à ranger ce que j'ai saccagé. Depuis quand les cambrioleurs jouent aux fées du logis après un larcin ? Jamais, on est d'accord. Je ne lui répond même pas suite aux présentations qu'il vient de faire. J'donne pas mon nom aux docteurs, médecins, chirurgiens ou que sais-je encore. La dernière fois, j'ai failli ne pas pouvoir sortir de cet asile de fous, j'ai d'ailleurs dû m'en échapper, alors je ne veux plus avoir à faire à ces gens-là. "Bah faut croire qu'il y en a pas tant que ça, j'arrive pas à les trouver." Dans un sens, c'est peut-être aussi l'effet du manque, de l'addiction et des résidus de drogue consommée il y a une heure ou deux… j'ai une vision et un repérage de couleurs assez aléatoire. Ma prescription ? Je pouffe de rire sans pouvoir me retenir, creusant quelques marques sur mon visage qui ont pour coutume de faire fondre ceux qui me regardent à ce moment-là. La prescription, t'es sérieux, Bouclette ? "T'aurais pas la patience de tout lire, mon vieux…" soufflai-je entre deux rires. Passer de la peur à l'hilarité en un quart de seconde, pas de doute : je ne suis pas maître de moi-même pour le moment. Je finis par me lever et essayer de contourner discrètement le bureau. Ok, il me voit quand même, mais rêvons. "Euh… elle doit être dans ma… ma chambre. J'vais aller la chercher… J'reviens." Mon œil. Je vais ouvrir cette porte, la flanquer et me mettre à courir tellement vite que même un léopard serait essoufflé. Je titube pas mal en me tenant au bureau, j'ai la tête qui tourne à cause de ces mouvements brusques et ces mélanges peu recommandés. Le sang bat dans mes tempes, ma vue se brouille. Pourtant, je dois me barrer d'ici au plus vite, je ne veux pas que ce médecin me capture comme les derniers. "Vous bougez pas, hein… j'vais revenir…" Maintenant, je rase les murs en mettant le plus de distance possible entre lui et moi, chose difficile vu la taille du bureau. Ma main s'approche de la poignée, je tourne et je commence à regarder en côté. Départ express dans 3, 2, 1…
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MessageSujet: Re: C'est pas de la famille, que j'suis venu chercher. C'est pas de la famille, que j'suis venu chercher. EmptyVen 6 Sep - 18:56



Je hausse les sourcils, surpris. Je vois. Un réactionnaire. Me voilà bien en veine. Quoiqu’a contrario de certains de mes collègues, leurs esprits vifs et rebelles m’avaient toujours amusé ou intrigué, plutôt que de m’exaspérer. Très bien, ne range pas. Je le ferai moi-même, si ça peut te faire plaisir. Non, je ne suis soumis, et je n’ai pas peur de cet enfant. Un enfant, parfaitement oui. Parce qu’un adulte ne se serait pas comporté d’une manière aussi peu élégante. A moins d’être un con né, ce dont je doute à propos de ce jeune homme. Il me fait d’ailleurs un peu pensé à Benedikt, celui-ci. La même lueur farouche dans le regard, le même air insolent – du moins, lorsque Beni venait de débarquer aux Etats-Unis – mais surtout, son accent. Sans être un spécialiste, je l’aurai reconnu entre milles pour l’avoir entendu maintes et maintes fois dans la bouche du Gamma. Alors non, peut-être qu’il n’est pas Russe à proprement parler, mais il vient d’un pays de l’Est, j’en mettrais ma main à couper. « Il faut savoir chercher. » répliquai-je avec un sourire sans même bouger de ma place. Si tu crois que je vais te donner n’importe quel antalgique sans savoir la maladie que tu traînes derrière toi, mon bonhomme, tu te mets le doigt dans l’œil. « Dr Clives. Pas mon vieux. Et détrompez-vous, j’adore la lecture. » Et pour cause, puisque je suis moi-même écrivain. Bref, j’avais bien compris là où il voulait en venir. A savoir : que je n’aurai pas son dossier à moins d’un miracle. Très bien, nous allons donc rester ici à nous regarder dans le blanc des yeux pendant que … « Hep hep, où allez-vous comme ça ? » Je le vois qui se lève, manque de trébucher, et s’éloigne en direction de la porte de sortie. Ou d’entrée, c’est vous qui voyez. « Non non, c’est inutile, je vais le faire transférer. Vous étiez dans quel établissement avant…est-ce que vous vous sentez bien ? » L’œil hagard, limite la bave à la commissure des lèvres, la démarche peu assurée, pas besoin d’être médecin pour comprendre que ce jeune homme allait tourner de l’œil s’il ne se décidait pas à rester en place. « Non, je regrette, je ne vous laisserai pas quitter ce bureau… » commençai-je en fronçant légèrement les sourcils et bloquant la porte de tout mon corps. « …tant que je n’aurai pas fait quelques examens. Vous êtes malade, je le vois bien. Et en tant que médecin, et être humain surtout, je ne peux pas vous laisser repartir dans cet ét…vous m’entendez ? » Il dort debout ou c’est moi ? « Bon, j’ai compris, direction l’hôpital. Et si vous refusez, j’appelle la sécurité. De toutes façons, vous y passerez. A vous de voir si vous préférez de gré ou de force. » finis-je par souligner en tentant de l’empoigner pour l’aider à se tenir droit, à défaut de manger le carrelage.

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MessageSujet: Re: C'est pas de la famille, que j'suis venu chercher. C'est pas de la famille, que j'suis venu chercher. EmptySam 7 Sep - 5:51



Il se moque de moi, en prime ? Ou c'est juste de l'humour que seuls les types dans son genre peuvent comprendre ? Je n'ai même pas la tête à chercher ce qu'il veut dire par là, je pense tout simplement que ce serait plus abordable d'indiquer clairement les comprimés pour peu que ceux qui viennent les voler passent moins de temps à retourner tous les stocks. Je titube très maladroitement vers la porte de son bureau, tentant une sortie lentement mais sûrement afin de m'échapper et ne pas lui laisser l'opportunité de me serrer. Tout à coup, j'ai l'horrible sensation que les murs se rapprochent. J'avoue, je suis claustrophobe au point de paniquer rien qu'à l'idée de prendre l'ascenseur ou de rentrer dans une voiture sans fenêtre ouverte. C'est pour ça que je préfère la moto, c'est à l'air libre. Quoiqu'il en soit, je tiens à faire remarquer que le fait de se coller devant la seule issue probable n'est absolument pas une bonne idée. Mais vraiment pas. "Ça va, j'vous dit... Laissez-moi..." grognai-je comme une bête acculée qui ne laisserait personne l'approcher. J'aime pas qu'on s'inquiète de mon état de santé, ça me mène souvent dans les instituts, chez les spécialistes, et je ne veux plus retourner là-bas. Plus jamais. J'en tremble encore. Il hausse le ton et se met à dire que je ne sortirai pas d'ici sans faire d'examen. Si j'avais eu toute ma tête, j'aurais rétorqué qu'il est impossible de faire des examens dignes de ce nom dans cet habitacle sinistre... Mais là, je ne pense qu'à une chose : à ce médecin qui veut me retenir prisonnier. Cette blouse blanche qui s'acharne à croire que je vais lui obéir sagement. Une peur panique hante le fond de mes pupilles dilatées, je commence à avoir des hallucinations redoublées. Je me revois dans cette salle capitonnée, le docteur blond semble avoir les traits d'un infirmier. Non, je ne l'entends plus. J'ai les yeux qui se ferment peu à peu malgré un esprit embrumé qui m'assaille de peurs obscures. Je ne ferai pas d'examens, je ne veux même plus mes médocs. Si je n'avais pas avalé ces gélules tout à l'heure, ça aurait pu s'arranger. Je lui en ai piqué deux, mais je n'aurais pas dû les ingérer avec mon cocktail préalable. Je tremble de tout mon corps jusqu'à ce que sa main se referme sur mon bras. Par instinct, j'ouvre grand les yeux. Le coup de fouet de l'adrénaline. Je l'attrape à deux mains par le col de sa blouse et je le plaque violemment contre le mur de son bureau. "Ta gueule !! Tu m'emmèneras nulle part ! J'veux pas y aller, j'veux pas, t'entends ?! J'veux juste qu'on me laisse tranquille, j'veux ces satanées pilules !" Je le pousse contre le mur sans plus de cérémonie puis je bondis hors du bureau. Cependant, après seulement quatre ou cinq mètres dehors, l'adrénaline chute aussi vite qu'elle a monté. J'ai l'impression d'avoir été brutalement vidé de mes batteries. J'oscille à gauche, à droite. Ma tête me semble peser une tonne alors que mes jambes sont en guimauve. L'esprit séparé du corps, je ne tiens pas plus longtemps : je trébuche et m'effondre sur le sol, pris de convulsions terribles qui durent pendant à peine dix longues secondes avant que je ne sombre dans un état second. Inconscient. Mes membres tremblent encore tous seuls, comme si le corps réagissait aux mélanges des substances qui coulent dans mon sang, alors que je ne suis plus au fait de ce qui se passe. J'entends une voix masculine près de moi. Impossible d'ouvrir une paupière, je me laisse prendre par ce sommeil qui n'a rien de réparateur. Début d'overdose.
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MessageSujet: Re: C'est pas de la famille, que j'suis venu chercher. C'est pas de la famille, que j'suis venu chercher. EmptySam 7 Sep - 19:18



C’est qu’il est borné, en plus, ce garnement. Il m’en rappelle un autre, tiens. Quoique j’ai comme l’impression que Benedikt m’aura donné moins de mal. Peut-être que celui-ci a davantage de problèmes. Exception faite de la drogue, j’entends. Parce qu’il était évident que ce gamin se droguait. Or, je suppose que je devrais appeler les autorités. Surtout s’il s’agissait d’un cocktail détonant, comme le disent les jeunes de nos jours. Sauf que je n’avais pas envie que ce pauvre gosse se retrouve entre les mains de brutes sans scrupules qui n’hésiteraient à le passer au crible sans faire attention à sa santé physique, et sûrement morale, déjà fragiles, pour obtenir ce qu’ils désiraient. Aussi, je prendrais sur moi de me faire radier de l’ordre des médecins et d’être – une fois n’est pas coutume – sur la liste noire de nos amis les policiers, si jamais ils me prenaient en train d’apporter mon aide à ce jeune ‘délinquant’ en manque. Encore faut-il que nous parvenions à sortir d’ici sans trop de peine. « Non, ça ne va pas. Tu es en manque, alors ne me prends pas pour plus stupide que je ne le suis. » Pourquoi est-ce que je me mets à le tutoyer tout à coup ? J’avoue que le réflexe est aisé lorsqu’on travaille dans un établissement supérieur d’éducation. On a tendance à devenir familier et parfois même très proche – au sens uniquement amical du terme – de certains étudiants, parfois en quête de soutiens psychologiques, physiques ou juste de conseils dans le cadre de leurs études ou même dans leur vie de tous les jours. C’est alors que, sans prévenir, et je crois d’ailleurs que sans avoir suivi des études de médecine approfondies, ce gosse aurait effectivement réussi à m’effrayer et à me dégoûter définitivement du métier – il me sauta à la gorge, m’empoignant avec toute la force dont il était encore capable pour me coller au mur derrière moi. Ola, on se calme ! « Non, attends … !! » Je n’ai aucun mal à le rattraper. Sans doute que s’il avait dans son état normal, j’aurai eu plus de mal à lui courir après, mais ce n’était pas le cas ce jour-là. Je le retrouve donc, quelques mètres plus loin après qu’il ait réussi à quitter le pôle médical, en pleine détresse respiratoire au départ, et aussi flasque qu’une guimauve la seconde suivante. « Allez, du calme, ça va aller, je vais te conduire à l’hôpital. » murmurai-je inquiet, une fois à ses côtés. Le positionnant de côté pour éviter qu’il n’avale sa langue en cas de vomissements, je tapote rapidement le numéro de l’hôpital général sur mon portable, afin qu’il m’envoie au plus vite une ambulance. Le temps que dure leur arrivée, je reste à ses côtés, tout en vérifiant régulièrement son pouls.

Plus tard, à l’hôpital, je suis toujours à ses côtés. Ou plutôt, je suis toujours à l’hôpital, en train de faire les dernières analyses, et j’ai expressément demandé à une infirmière de rester aux côtés du patient le temps qu’il se réveille, et de le sangler aux barreaux du lit pour éviter d’avoir affaire à la même scène de panique incontrôlable à laquelle j’avais fait face il y a tout juste une heure de cela. Les résultats viennent de tomber. Je n’en crois pas mes yeux. « Il doit y avoir une erreur. » Pourquoi est-ce moi qui ai fait ces tests et non pas l’un des membres du personnel de l’hôpital ? J’ai horreur de donner du travail en plus aux infirmières. Et, sachant que je n’étais pas censé être ici aujourd’hui, le travail en plus m’en revenait. Logique. « Monsieur Pavel K. Mikhaïlovitch ? » Ca y est, il est enfin réveillé. Après une heure et demi à purger son organisme de toute la drogue médicamenteuse qu’il avait ingurgitée. « Comment vous sentez-vous ? Mieux, je présume. » Lui laissant le temps de s’habituer à son nouvel environnement, je garde en main les résultats de ses analyses, les sourcils légèrement froncés. « J’ai ici votre extrait de naissance, et quelques résultats de tests sanguins. Avez-vous conservé votre dossier médical ? Je sais que certains hôpitaux, notamment dans les pays de l’Est, autorisent le patient à les conserver lui-même, notamment dans les cas de changements de nationalité ou de pays de résidence ? Pouvez-vous me communiquer le nom de vos parents, je vous prie, afin de les prévenir de votre ‘accident’ ? » ajoutai-je, stylo en main. Le nom de sa mère, surtout, m’intéressait au plus haut point.

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MessageSujet: Re: C'est pas de la famille, que j'suis venu chercher. C'est pas de la famille, que j'suis venu chercher. EmptySam 7 Sep - 20:08



J'ai à peine le temps de voir une forme s'accroupir près de moi que je perds l'audition. Une sorte de bruit sourd envahit mes oreilles avant de me rendre imperméable à tout son extérieur. Je n'entends que le son erratique de mon souffle ainsi que mon cœur qui bat beaucoup trop vite avant que je ne sombre dans l'inconscience. Pourtant, je ne veux pas qu'on m'emmène, je ne veux plus laisser les blouses blanches m'approcher. Plus jamais. Laissez-moi tranquille, repartez dans votre bureau et laissez-moi agoniser tranquillement sur ce sol froid. Ce ne serait pas la première fois. Avec un peu de chance, je ne me réveillerai pas forcément… si la vie n'est pas aussi idyllique en Amérique que les gens ont l'habitude de le dire, alors inutile de se battre davantage.
L'audition est finalement le premier sens que je récupère. Des "bip" à répétition, des gouttes qu'on entend à peine dans une poche. Je reconnaîtrais ce son entre mille. Il y a du passage, des conversations autour de moi. Je cherche à me relever, mais je me retrouve bloqué fermement. Intrigué, j'ouvre les yeux et je suis aveuglé par l'overdose de blanc et de lumières multiples. Non, pas ça… pas l'hôpital. Il a fini par m'y envoyer, cet abruti. Dès que je le retrouve, je lui saute à la gorge et je serre jusqu'à lui arracher son dernier souffle. Non, calmes-toi, Pavel. Ca, tu l'as déjà fait et ça t'as coûté cher, deux années dans l'antichambre de l'Enfer. Je soupire, les battements de mon cœur s'accélèrent. Je suis parfaitement clean et c'est une sensation qui fait ressortir ma terreur à l'idée qu'on me retienne prisonnier, que ce soit dans un espace clos ou avec des sangles comme celles qui m'empêchent de bouger. Je cherche vainement à me débattre, la panique hante mes pupilles jusqu'à ce que le grand blond de tout à l'heure ne fasse à nouveau son apparition près de moi. Comment il connait mon nom, celui-là ? Des papiers. Il a des papiers à la main. Je pince les lèvres en regardant les feuilles qu'il tient avec des yeux haineux et anxieux à la fois, ne sachant pas à quel type d'information il a eu accès. Avant de m'envoler pour la Californie, j'ai veillé à effacer toutes les traces possibles de mon existence judiciaire. Mon casier a "mystérieusement" disparu, idem pour mon dossier médical qui est planqué dans ma chambre sur format numérique pour éviter que les papiers ne traînent entre de mauvaises mains. Et vu le verrou que j'ai placé sur les données, les plus grands génies seraient bien incapables de parvenir à faire sauter cette sécurité immatérielle. Je me contente d'hocher vaguement la tête en retombant sur mon lit. "Détachez-moi. J'aime pas être attaché, ça me… enfin, j'aime pas ça." Ca me fait peur, mais hors de question que je le dise. Je ne réponds même pas à sa question. Mon corps va certainement mieux, mais pour le reste, rien n'est moins sûr. Objectivement, je suis attaché sur un lit d'hôpital et à la merci des médecins qui le polluent… conclusion : non, ça va encore moins bien que tout à l'heure à l'université. Il m'annonce qu'il a le résultat d'analyses sanguines ainsi que mon extrait de naissance. Mon pedigree, comme j'aime à l'appeler. C'est pas avec ça qu'il va pouvoir me classer comme un criminel, à moins que ces choses-là soient génétiques. "J'vous répondrai à condition d'être détaché." Je le fixe droit dans les yeux en grognant. "J'ai dit que j'aimais pas ça. Et puis si vous dites que je vais mieux, ça sert à rien de me mettre des sangles. Si on m'énerve pas, j'ai pas de raison de faire du mal à qui que ce soit." J'arque un sourcil en soutenant son regard. Autrement dit, si jamais tu ne m'obéis pas, je vais te tomber dessus comme la misère sur le monde et tu ne t'en relèveras pas, Boucles d'Or. Je sens ces pulsions agressives qui me caractérisent monter doucement à mon esprit, signe qu'en purgeant mon organisme, ils ont également annihilé l'effet des stabilisateurs que je dois prendre pour me garantir un équilibre mental minimum. Cependant, puisqu'il ne semble pas disposé à répondre à la menace, je soupire et me résigne à coopérer. "Non, j'ai pas mon dossier médical. J'ai dû le paumer avec le reste de mes affaires en arrivant ici." Faux. A moins de mener des recherches très pointues sur le territoire russe, j'ai pris soin de faire en sorte que ce fameux dossier soit totalement inaccessible. J'ai pas envie que tout le monde sache que je suis un vrai malade mental en liberté et littéralement échappé d'un asile. "J'ai pas de parents." Constat simple et cruel, mais terriblement vrai. Quoique la réponse exacte serait sans doute "j'ai eu tellement de parents que je ne sais même plus lesquels le sont". Je comprends néanmoins qu'il doit parler de ceux qui m'ont donné la vie. "Mon père, c'est monsieur Mikhaïlovitch. J'l'ai jamais vu, il m'a déposé dans une famille d'accueil à ma naissance." Je n'avais pas envie de donner son identité complète, ni même préciser qu'il appartient à la maison des Romanov. Vous vous voyez balancer de but en blanc que vous êtes un héritier impérial russe, sanglé sur un lit d'hôpital pour une cure express de désintox ? "Et ma mère, j'en sais encore moins. C'était juste une Russe qu'il a mise en cloque pour avoir un gosse, elle a pondu et a renoncé à sa maternité tout de suite après. J'sais juste qu'elle s'appelait Natacha. Bon, vous m'laissez partir, maintenant ?"
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MessageSujet: Re: C'est pas de la famille, que j'suis venu chercher. C'est pas de la famille, que j'suis venu chercher. EmptySam 7 Sep - 22:57



Même si répugnais d’ordinaire à user d’une telle pratique pour parvenir à mes fins, il fallait bien avouer que Pavel l’avait bien cherché. Non, ce n’était pas une question de vengeance ou de rancœur que j’aurai contre le jeune homme qui m’avait incité à l’attacher à ce lit d’hôpital pour pouvoir l’interroger. Je n’avais juste pas envie d’avoir à nouveau mon cou entre ses mains. Oui, mon col de chemise, si vous préférez. La nuance n’est pas de taille quand on considère l’instabilité de l’individu. En prime, je ne veux pas non plus faire prendre ce risque à nos charmantes infirmières. Ce pourquoi, je me contente de l’observer, longuement, avant de baisser les yeux sur son dossier médical. Je me doute bien que tu n’aimes pas être attaché, mon garçon. Sauf que ne pas aimer quelque chose ne te donne pas le droit de ne pas agir en adulte responsable. Oui, là, je parle du rangement des médicaments dans mon bureau, au pôle médical de l’université. Passons. « Si on ne vous énerve pas ? » Dois-je comprendre que si l’une de mes questions le porte un peu trop sur le système, il me sautera à nouveau à la gorge ? Pardon, mais je préfère que tu gardes tes attaches, au moins le temps de l’interrogatoire. Ensuite, nous verrons. De toutes façons, tu n’as pas le choix. Soit tu parles, soit je te libère et la police sera enchantée de faire ta connaissance. Surtout que je présume qu’un garçon aussi débordant d’affection que toi doit avoir déjà un casier judiciaire ? Si ce n’est pas pour violence, peut-être pour possession de substances illicites, je me trompe ? Non, je ne suis pas méchant, ni paranoïaque. J’ai horreur de la violence, la nuance est importance. Depuis mon enlèvement, depuis ce qui est arrivé récemment en Ecosse, j’ai une haine viscérale pour toutes formes de violence, qu’elles soient physiques ou morales. Normal, je suis médecin, me direz-vous. Lorsqu’il m’annonça froidement être orphelin, une lueur de sympathie brilla dans mes yeux clairs, juste le temps de croiser les siens, avant de retourner à mon rapport. Pauvre môme. J’ai horreur de voir un enfant souffrir. Et il était évident que celui-ci, sous ses dehors de caïds mal lunés, n’avait pas eu une vie facile. Comme Benedikt, tiens. A la différence près que Beni lui, avait trouvé une famille ici, aux Etats-Unis. Avait un père, un frère, une petite-amie, une mère adoptive même. Mais Pavel… que s’était-il passé pour qu’un enfant naisse sans parents ? Je ne comprendrais jamais comment certaines personnes peuvent trouver faciles de répondre à une telle question. Je note, sans mot dire, le cœur gonflé par la tristesse. Lorsqu’il énonce enfin le prénom ‘Natacha’, je me stoppe dans mes écrits, relevant aussitôt le nez vers le jeune homme, les lèvres pincées. « Merci pour…toutes ces précisions. Détachez-le Geneviève. Mais veillez à ce qu’il ne sorte pas de cette chambre. Une bonne nuit de repos vous fera le plus grand bien. Le temps que je procède à de nouvelles …analyses. » ajoutai-je dans un bref sourire avant de quitter précipitamment la chambre. Quelques minutes plus tard, et j’étais en pleine conversation téléphonique avec Benedikt Shark-Alekseïevi. A défaut d’avoir pu joindre Joe pour qu’il me dise la marche à suivre, j’avais pris la décision de moi-même. Vous voulez savoir quel est le problème ? Benedikt et Pavel ont les mêmes caractéristiques génétiques. Les examens le prouvent. Je les ai refait deux fois. Pas d’erreur possible. Et maintenant que Pavel m’a indiqué le prénom de sa mère, qui se trouve être celui de la mère défunte de Benedikt, je me dis que la coïncidence est trop grande. Que ces deux-là sont de la même famille. En comparant les dates de naissance, celle de la mère des deux jeunes pour plus de sûreté, je peux déduire avec certitude qu’ils sont … frères. Deux pères différents, mais la même mère. « Tu es sûr de ce que tu avances ? » grogna vingt minutes plus tard Beni en arrivant en trombe dans mon bureau. J’opine du chef. Je le vois qui commence à faire les cents pas, passer une main sur son crâne, me demander ce qu’il doit faire, s’il doit revenir avec Joe, comment il est, pourquoi il se trouve à l’hôpital, s’il est au courant… des questions parfois, qui n’ont pas de réponse. Finalement, il se décide à entrer, après mon approbation. « Euh…salut. » Sauf qu’il est encore trop choqué pour aligner deux mots et ne pas regarder Pavel, allongé sur son lit, comme un terrien observerait ET.

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MessageSujet: Re: C'est pas de la famille, que j'suis venu chercher. C'est pas de la famille, que j'suis venu chercher. EmptyDim 8 Sep - 6:05



Oui, si on ne m'énerve pas. Et toi, mon vieux, t'es loin d'être dans le top 5 des gens qui sont sûrs de ne pas se recevoir une salade de phalanges dans la figure dès qu'on m'aura détaché. Pendant que je me dis qu'il ne va certainement pas obtempérer, je regarde un peu partout s'il n'y a pas le moindre objet tranchant avant de me lancer dans une simulation d'arrêt cardiaque ou quelque chose d'assez grave qui les invite à au moins desserrer les sangles. C'est que je peux être sacrément obstiné quand j'en ai envie. Je finis par répondre à ses questions d'une façon assez vague pour le renseigner sans trop en dire. Je perçois de la compassion dans son regard, comme si je n'étais qu'un pauvre petit enfant seul et abandonné... Je le suis depuis que je suis né, pas la peine que cette blouse blanche se prenne pour mère Theresa. La seule réponse que je daigne accorder à son attitude est un air franchement agressif et menaçant. Ne t'avises surtout pas de me dire que tu es désolé si tu ne veux pas que tes chances de survie s'amenuisent davantage. Je suis né sans réel cocon familial et j'ai toujours rejeté l'idée d'en avoir un, comme si je me refusais d'appartenir à une sorte de grande mascarade qui mimerait de l'affection pour moi. On m'avait toujours donné l'impression d'être ce jeune chiot russe qu'en sort de sa cage pour le sortir un peu, pavaner avec, avant de s'en lasser dès les premières bêtises et le rendre à la fourrière au plus tôt. Ou à l'orphelinat, appelez-ça comme vous voulez. J'ai grandi avec un cœur de pierre et tous les troubles qu'on peut imaginer. Rien que le mot famille me provoque des nausées et des airs blasés. La famille, c'est rien d'autre qu'une illusion qui rassure les plus faibles qui ont besoin de se sentir aimés. Est-ce que je jalouse ceux qui en ont une ? Faux. Lui, le grand blond avec son questionnaire et son air de bon samaritain, il a forcément grandi en étant choyé et aimé par ses parents. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Sinon pourquoi passerait-il sa vie à vouloir soigner les gens ? Parce que papa et maman Boucles d'Or ont fait de lui un homme bon, centré sur les autres. Adorable. Pathétique, aussi. Quand je lui donne le prénom de ma mère biologique, il a l'air surpris. Ma mère, c'est rien de plus qu'un mythe. Je me la suis parfois imaginée, m'interrogeant sur ce qu'aurait ou être ma vie si mon père n'avait pas voulu me garder comme le stipulait le contrat avant de me remettre à une autre famille. À quoi ressemblait-elle ? Était-elle encore en vie ? Ce n'était rien de plus qu'une anonyme russe qui a donné ses ovules et loué son ventre contre de l'argent. À cause de ça, je me suis toujours considéré comme étant le fruit d'une transaction sans sentiments. Ce docteur, il ne peut pas comprendre ce que ça fait de se dire qu'on n'est le fruit que d'un contrat, pas d'un enfant né de l'amour. Ni même de l'accident. On a prémédité et calculé ma naissance comme on prévoit la naissance d'un veau après une gestation. "Des analyses ? Encore ?! Ça va, j'suis clean, laissez-moi partir ! J'veux dormir dans ma chambre sur le campus..." Trop tard, il est parti. Je grommelle puis, une fois que Geneviève m'a détaché, je cherche à partir sans me démonter. Néanmoins, quand j'ouvre la porte, je remarque un mastodonte de deux mètres de haut, des bras comme mes cuisses et un air franchement pas aimable sur le visage. Tout compte fait, si c'est juste pour une nuit, ça ne peut pas faire de mal. "J'ai faim." lançai-je à la fameuse Geneviève. Ils ont des prénoms bizarres, les occidentaux. Elle opine du chef puis quitte la pièce pour revenir avec l'un des derniers plateaux repas. Sans avoir le temps de me dire de quoi il s'agit, elle me regarde me jeter sur la nourriture comme quelqu'un qui sortirait d'une longue période de jeûne. J'en étais à la moitié du plat principal - purée et poisson vapeur - lorsqu'un jeune homme rentra dans ma chambre. J'allais l'envoyer royalement paître mais, en relevant la tête, je fronce les sourcils. C'est bizarre, il... il me rappelle quelqu'un. Il me ressemble au niveau de certains traits du visage. Et en un mot, je lui trouve un fond d'accent russe. "Salut." On se regarde comme deux parfaits idiots pendant une poignée de seconde puis la faim me pousse à reporter mon attention sur le plateau. Après deux bouchées conséquentes, je l'observe de nouveau. "T'es qui ? Si c'est pour du baratin d'un S.O.S. Drogués ou je ne sais quoi, tu peux repartir, j'collectionne les brochures depuis un moment." grognai-je sur un ton sarcastique. J'attaque le dessert, une compote de pommes. "Tu vas rester planté là longtemps ? J'aime pas qu'on me fixe comme ça. Et l'autre blondinet avec sa blouse, c'est lui qui t'envoie ?" Amabilité niveau zéro, l'accueil est loin d'être chaleureux. Mais à ma place, je suis sûr que ce type en aurait fait autant.
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