Ce matin fut comme tous les autres matins. Alors que tu te levais péniblement de ton lit, tu faisais attention pour ne pas réveiller ton colocataire. Tu avais tout de même du respect pour son sommeil. Te tirant difficilement jusqu’à la douche, tu pris au passage un jogging léger noir et un t-shirt quelconque saisit dans ton armoire. Tu fis partir l’eau et entra dans la douche, histoire de bien te réveiller. La tête appuyé sur le mur, tu attendis que ladite douche opère. Une dizaine de minutes plus tard, un peu plus réveiller par l’eau froide qui roulait sur ton corps, tu fermas l’eau et sorti de la douche, les yeux un peu plus grands. Tu t’habillas rapidement et enfilas une paire de basket. Puis, sortant de la chambre, tu descendis dans la résidence universitaire pour aller te faire un café. Un café noir et bien corsé de préférence, histoire de te mettre d’aplomb. Tu vérifias que tes clés et ton téléphone se trouvait bien dans tes poches alors que tu saisissais de l’autre main la tasse brûlante. Le pavillon était vide, ce qui, dans un sens, était parfaitement normal. Le soleil peinait lui aussi, comme toi, à se lever. Mais il le fallait. Ne serais-ce que pour ne pas poser de lapin à Lucie.

Lucie. Non, il ne s’agissait pas là de ta copine. Elle était celle avec qui tu allais faire ton jogging tous les matins. Depuis que tu étais entré à Berkeley, tu allais faire ton jogging matinal tous les matins. Enfin, presque tout. Parfois, il arrivait que la flemmardise l’emporte et que tu restes un peu plus longtemps dans ton lit. Mais, depuis quelques temps, il était hors de question de manquer ce petit moment qui débutait bien ta journée. Alors que tu courais tranquillement, tu croisas une jolie demoiselle. Une fois, puis deux, puis tu remarquas que vous faisiez à peu près le même parcours. Décidant de discuter avec cette dernière, tu appris qu’elle était elle aussi à Berkeley. Et donc, de fil en aiguille, vous aviez fini par vous mettre d’accord et d’aller courir ensemble tous les matins. Alors, depuis cette rencontre inopinée, ton jogging matinal, c’est sacré. De toute façon, c’est toujours plus plaisant de le faire avec quelqu’un d’autre que seul. Et tu ne pouvais qu’admettre que Lucie était de bonne compagnie, une fille que tu apprenais à apprécier un peu plus tous les jours. Avec le temps et les kilomètres parcourus, elle était devenue une amie, une personne que tu voyais même en dehors de cette petite demi-heure de sport. Pourquoi te priver d’une si bonne compagnie ?

Finissant ta tasse de café, tu quittas l’enceinte de l’école pour te rendre à un parc non loin. C’était votre habituel point de rencontre. Tu aimais bien le paysage qu’offrait le Golden Gate Park. Et, souvent, à une heure si matinale, il était désert. Ce qui était encore mieux, du moins, à ton avis. T’étirant légèrement, tu attendais Lucie, qui ne tarderait sûrement pas à arriver. Après tout, elle n’était jamais en retard, celle-là. Tout comme toi. Ce petit rituel, que vous avez instauré, c’était quelque chose de sacré. Impossible pour l’un comme pour l’autre de manquer à l’appel. Pour ta part, courir te permettait de relaxer, de faire le ménage dans ta tête et de te sentir mieux. Tu ne voyais donc pas pourquoi tu passerais outre cette demi-heure qui faisait en sorte que ta journée commençait du bon pied. Alors que tu regardais autour de toi, cherchant des yeux la jolie demoiselle, tu sentis un poids s’abattre sur ton dos. Souriant doucement, tu posas tes mains sur ses cuisses, histoire qu’elle ne tombe pas. « Si. Tu n’as pas honte de m’avoir fait attendre si longtemps ? » Tu rigolas doucement alors qu’elle avait enroulé ses petits bras autour de ton cou. Faisant quelques pas, tenant toujours l’étudiante sur ton dos, tu affichais un sourire moqueur. Un rire franchit finalement tes lèvres à son commentaire. Bon, pas qu’elle soit réellement lourde, mais il ne fallait pas abuser tout de même. Courir quelques kilomètres avec environ quarante-cinq kilogrammes, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus facile. « En plus d’arriver en retard, tu essaies de faire de moi ton larbin ? Je trouve que tu y vas un peu fort ce matin, Lucie. » Pourtant, cela ne t’empêche pas de rigoler, signifiant du même coup que tu étais nullement sérieux.

Laissant la demoiselle glisser sur ton dos, tu te tournes donc pour être à côté d’elle. Lucie, en plus d’être légère comme une plume, est aussi particulièrement petite. Du moins, à côté de ton mètre quatre-vingt cinq, elle fait plutôt petite. Posant une main sur sa tête, tu lui adresses ton plus beau sourire. Elle est marrante, l’étudiante. Et c’est en parti pour cette raison que tu aimes bien être en sa compagnie. « Tu es trop petite pour courir aussi vite qu’Usain Bolt. » Tu rigoles doucement et met tes mains dans tes poches. « Et puis, il est un peu tôt pour que je décide de sprinter. » Ce qui était vrai, sans compter que ton réveil fut plutôt difficile. T’extirper de ton lit avait été une tâche fastidieuse ce matin. Il y avait des matins comme celui-ci, où l’appel du lit était très tentant. Tu serais volontiers resté coucher, profitant de la douceur de tes draps pendant encore un petit moment. Toutefois, tu ne pouvais tout de même pas faire ça à Lucie. D’un naturel ponctuel, tu t’en serais terriblement voulu de t’être désister. Ah, la conscience. Cruelle amie lorsqu’on passe trop de temps à l’écouter. « J’ignore comment tu fais pour être aussi en forme tous les matins. Ça te dit de me dire ton truc ? » Souvent, tu arrivais frais et dispo. Mais il arrivait que, comme aujourd’hui, tu ais encore l’impression d’avoir la tête dans le cul. Bon, c’était un peu la faute de tes amis aussi. Tu étais resté jusqu’à tard dans la chambre de Don et Joshua avec Damian. Les quatre ensembles, cela finissait très souvent aux petites heures du matin. « Parce que, sérieusement, ce matin, si cela n’avait pas été de toi, je dormirais encore à poing fermés. » Tu souris doucement. Un magnifique sourire. C’est sûrement l’une de tes plus grandes forces. Et puis, c’était bien vrai. Lucie avait assez d’importance dans ta vie pour que tu acceptes de te lever, tous les matins, pour courir avec elle. Même lorsque tu avais la tête dans le cul comme en cette belle journée de vacances.