Tout le monde connaît la légende des casinos. Ces endroits où les jeux d’argent sont légions et où leurs seuls objectifs est de plumer tous les gens ayant de l’argent en réserve. La première fois que j’ai mis les pieds dans un tel endroit… J’étais persuadée que je serais l’exception à la règle. Manque de bol, la jolie somme que j’avais avec moi a vite disparu. Ça m’a servi de leçon et j’ai juré de faire attention à chaque fois que je viendrai dans ces lieux hautement tentateurs. Sauf que cette fameuse promesse, elle a connu le même sort que les résolutions qu’on fait en début d’année. Vous savez ces trucs qu’on ne tiendra jamais même avec toute la volonté du monde. Voilà pourquoi, j’avais déjà perdu un peu d’argent alors que ça faisais à peine vingt minutes que j’étais là. Si ça continuait, j’allais me ramasser un énième savon de la part de mes parents. Chose dont je me passerais volontiers. Je m’arrêtais un instant pour admirer les jolies hôtesses. Il n’y avait pas à dire… Elles étaient canons. J’étais persuadé que certaines personnes venaient ici uniquement pour mater. Ça se voyait aux regards lubriques qui se posaient volontiers sur le corps de ces jeunes femmes. Visiblement, ils ne connaissaient pas la discrétion. Je poussais un soupir tout en lançant un regard appuyé à un de ces vieux pervers. Le message ? Elles sont trop jeunes pour toi. Tu ne les auras jamais même avec tout l’or du monde.

Je ne savais pas vraiment pourquoi j’avais décidé de venir ici, au final. Hormis que je m’ennuyais ferme à l’université depuis qu’on nous avait interdits de partir en vacances alors que l’année scolaire était terminé. Sûrement que le mélange de frustration et de colère m’avait poussé à partir dans un endroit où j’étais sûr de me changer les idées. Même si il y avait de grandes chances que je finisse ruiné, encore une fois. Je n’étais pas du genre accro aux jeux habituellement mais, là, c’était plus fort que moi. L’idée d’avoir une chance aussi infirme soit elle de rapporter encore plus d’argent à la maison était tentant. De plus, il y avait fort à parier que le directeur du casino n’apprécie que moyennement qu’un mec lambda gagne le pactole. C’était jouissif. Ça devait se voir sur mon visage vu l’expression bizarre que d’autres clients arboraient en passant devant moi. J’étais tellement dans mon trip que je ne vis la créature de rêve qui se trouvait non loin de moi. Une étudiante de Berkeley comme moi… mais pas n’importe laquelle. Camélia Pelizza Da Volpedo. Notre relation était plutôt étrange. Il y avait une indéniable attirance entre nous deux. D’ailleurs, ce n’était pas rare que nos soirées se finissent sous la couette mais passons. Malgré tout ce qui se passait entre nous, bizarrement, je ne cherchais pas à m’engager dans une relation plus ou moins officielle avec elle. Je savais d’avance que ça ne l’intéressait pas. J’interrompis un instant le fil de mes pensées pour accrocher un sourire et m’avancer vers elle. J’ignorais si elle m’avait repérée par contre.

Si j’avais su que tu serais présente, ce soir… J’aurais choisi une tenue beaucoup plus classe. J’ignorais que tu ne pouvais déjà plus te passer de moi…

Je souriais intérieurement à la phrase que j’avais sortie. Typique du dragueur à deux balles bien lourd. Evidemment, je savais que c’était totalement faux. Qu’elle n’était pas accro à ma présence et qu’elle allait sûrement me rembarrer aussi sec mais, c’était amusant. Avec elle, je n’avais pas à jouer le petit copain parfait ou l’ami attentionné. Je pouvais garder mon rôle d’emmerdeur de première classe avec la pointe de séduction en bonus. Camélia, ce n’était pas le genre de fille qui criait à l’aide. Elle avait besoin de personne. Elle se débrouillait très bien toute seule. J’en avais conscience. Je savais également qu’elle était du genre autoritaire et qu’elle n’appréciait que moyennement qu’on lui fasse faux bond. Manque de bol, ma belle, si j’arrive à sortir avec Leyna… Tu vas passer au second plan et tes menaces n’y feront rien. Enfin, c’était l’idée première mais, cette fille m’attirait tellement que je n’étais pas sûre de rester fidèle à la sigma si elle corsait le jeu. Peut-être que c’était ma dernière entrevue avec elle en terrain neutre avant que je déclenche volontairement la troisième guerre mondiale.

Alors Princesse, qu’est ce qui t’amène ici ? Tu fuis l’ambiance plus ou moins paranoïaque de l’université ou t’as un besoin impérieux de jeter ton fric par les fenêtres en le dilapidant au jeu ?

Remarque, elle était tellement pleine aux as que ce qui m’apparaîtrait comme une perte d’argent énorme ne serait qu’une simple contravention pour elle. On vivait dans deux mondes différents. Je vivais aisément mais, je faisais toujours attention à mes finances alors que mon interlocutrice devait se noyer avec tous les zéros que contenait son compte en banque. C’était comme ça. Il y avait les riches et les pauvres. Ceux qui dominaient le monde et les autres. Ainsi fonctionne le monde. Je pris mon temps pour reluquer l’Epsilon. Elle avait un don pour choisir des tenues qui la sublimaient à chaque fois. Elle était magnifique et elle le savait. Elle en jouait même et bizarrement, j’adorais ça. Ça faisait toujours plaisir de voir une femme si confiante, si sûre d’elle. Ça changeait de toutes ces pleurnichardes incapables de contenir leurs émotions. Après, il y a des personnes qui ont vraiment du mal à gérer leurs émotions. J’en connaissais mais, certaines utilisaient leurs larmes uniquement pour manipuler, pour amadouer… pour forcer leurs copains ou amis à exaucer leurs moindres désirs. C’était pathétique. Mon visage se renfrogna bien malgré lui. J’arrivais à me foutre en rogne tout seul. C’était tout un art. N’empêche, avec cette compagnie aussi magnifique qu’inattendue, je me demandais comment allait se finir la soirée. Une chose est sûre, mes chances de sortir ruiné du casino s’amenuisait drôlement. La raison ? J’avais trouvé un nouveau jeu beaucoup plus sympathique et excitant… Il ne restait plus qu’à décider des règles du jeu… Honneur aux dames.