Les dernières soirées ont plutôt été mouvementées, tout du moins de mon côté. Entre les révisions et autres devoirs, les stages que je venais à l’hôpital et la relation que j’entretenais avec mon supérieur là-bas, le fait que je travaillais pour retrouver les souvenirs disparus suite à mon accident d’il y a quelques mois, le cheerleading et le temps que je consacrais au reste de mes amis ainsi qu’aux soirées, j’avais l’impression de ne plus avoir un seul instant pour ma propre personne. En me levant le matin, je ne me consacrais que très peu de temps pour manger, mais également pour me préparer et cela m’étonnait d’avoir une mine des plus fraiches et une tenue des plus correctes à chaque fois. Je paraissais toujours rayonnante et débordante d’énergie alors qu’au fond, j’étais complètement vide et très souvent, les autres me parlaient de détails ou autres qu’ils avaient pu me confier par le passé et dont j’aurais dû me souvenir, ce qui n’était pas souvent le cas et mon état se dégradait un peu plus dés cet instant. Je voyais chaque souvenir perdu comme une pièce d’un puzzle et après, à moi de l’assembler, de recoller les morceaux afin de retrouver toute ma tête. Cela avait d’ailleurs été un sujet de plaisanterie de ma chère Aengus, mon ancienne colocataire qui était passée dans une toute autre confrérie, une jeune femme dont j’étais très proche jusqu’à ce qu’elle ne disparaisse pour réapparaitre plusieurs semaines plus tard. Une accro du poisson d’avril qui m’avait gentiment écrit Mémoire de poisson sur le visage à l’aide d’un stylo fluorescent, ceux qui se manifestaient dés lors que vous vous retrouviez dans le noir. J’avais donc eu le plaisir de voir mes camarades rire le matin qui a suivi sa plaisanterie alors que je faisais un exposé des plus importants. Bien évidemment, je l’avais incendié mais quelques jours après sa blague, je n’avais réussi à effacer que les deux premiers mots, le mot poisson, laissant encore une faible trace sur ma joue gauche. Assise sur mon lit, des tonnes de feuilles autour de moi et quelques livres grands ouverts, je croulais sous le travail tout comme mon actuelle colocataire, elle-même assise dans son propre lit. Je poussais alors un long soupir après une heure de travail, décidant que pour ce soir, nous avions un peu trop travaillé. Je claquais le livre qui se trouvait sur mes genoux, jetant un regard à Caroline qui semblait elle aussi au bord de l’explosion cérébrale. « Tu crois pas qu’on mérite une pause pour ce soir ? J’ai l’impression d’avoir travaillé des heures là ! » Je n’attendais même pas sa réponse pour rassembler mes feuilles volantes et les glisser dans le premier livre ouvert qui me tomba sous la main, j’aurais tout le temps de les ranger correctement demain matin, peu importe à quel moment de la journée. J’avais besoin de décompresser, de retrouver quelque peu Caroline. Nous avions beau être les meilleures amies du monde, cela faisait un moment que nous n’avions pas discuté de nos vies respectives ou alors cela n’était que pour un bref moment. J’avais l’impression de ne discuter que de médecine avec cette dernière bien qu’une phrase personnelle arrivait toujours entre deux explications. « Ça fait un moment qu’on a pas eu de discussions… sérieuses toi et moi. Alors dis-moi tout, quoi de beau de ton côté ? » J’adressais alors un sourire à la blondinette, attendant avec grande impatience sa réponse. A peine lui avais-je posé la question que je me demandais déjà ce que je pourrais lui raconter pour ma part, il y avait tant de choses à raconter après tout.

La chambre était calme, les feuilles volaient partout, pas une mouche ne brisait le silence avec son bourdonnement, nos respirations étaient calmes, et aucunes de nous deux ne parlaient de peur de déranger l'autre. Entre Kirby et moi, c'est une solide amitié et même dans le travail, alors qu'on est ensemble et savons faire les pires conneries ensemble, on peut être calme et concentré afin de réussir notre année. C'est ce que j'aimais chez ma blonde, cette complicité même dans les moments les plus sérieux. Elle savait pratiquement tout de moi à part l'aggravation de ma leucémie. J'avais peur de lui dire, peur de la faire s'inquiéter outre mesure. Non, je gardais ça pour moi pour le moment. Je ne l'avais même pas dit à Garett, mon partenaire de cancer et de couchette. Je gardais ça pour moi. Encore une fois, ma méfiance naturelle envers les autres refaisait surface et je ne savais pas comment gérer cet état de fait. Kirby était à bout dans le travail, ça se voyait, elle commençait à s'agiter de plus en plus comme si une petite puce s'amusait à la piquer. Moi même, je commençais à saturer avec les cours que les professeurs nous demandait d'apprendre par coeur. La médecine tenait bien sa réputation de filière difficile où les étudiants devaient s'accrocher pour continuer. Une heure que nous travaillons et sans faire de pause. Même pas pour aller aux toilettes. Mon paquet de Lucky était à côté de moi. Ces céréales étaient mon allié contre le manque d'énergie en période de révision intensive comme à présent. Kirby et moi étions meilleures amies, mais ces temps-ci, on était tellement épuisée après nos cours que l'on ne prenait même plus le temps de se parler. Il était temps de changer ça, quitte à prendre un peu de retard sur notre travail. Et apparemment, mon amie était d'accord avec moi sur ce point. Assez de travail pour ce soir. . Oui. Pause ! Ma tête va exploser avec tous ces schémas. . Allez, au diable la chimie organique et passons à un bon moment entre amie. Les feuilles dans les classeurs, l'ordinateur éteint, et le portable sur vibreur au cas où l'un de mes camarades de classes vienne me demander des infos. Allez, je file m'installer sur le lit de ma copine blonde. . Et bien, commençons par le positif, si tu veux bien. Hum, Sween ne me laisse pas indifférente, mais j'ai rencontré un jeune homme qui m'a demandé si il pouvait me dessiner. Genre à la Jack dans Titanic, tu vois. . Toujours commencé par les bonnes nouvelles avant de dire les mauvaises. Je n'avais pas encore le courage de lui dire pour la leucémie. Déjà, je ne croisais plus Hunter dans les couloirs de l'université, ce qui était une bonne chose sinon je l'aurais étripé un jour ou l'autre. Il fallait que je puisse sortir toutes les choses plus ou moins futile d'abord avant d'aborder les sujets sérieux. . Et toi ma belle blonde ? Un homme aurait-il ravi ton coeur ? . Entre ma blonde et moi, il n'y avait pas photo. On faisait des ravages avec les hommes, mais parfois, eux aussi faisait un ravage dans nos coeurs. Pas du genre à nous faire perdre la tête et nous monter l'une contre l'autre. Mais des troubles, des sourires qui font craquer, des flirts. La preuve, avec Jai de la confrérie, j'étais dans un jeu permanent du chat et de la souris, qu'en avec Sweeney, c'était une ambiguïté proche de la folie qui nous liait. La plupart du temps, ce n'était qu'un jeu qui durait un temps, et parfois, ça découlait sur une amitié assez forte parce qu'on se rendait compte qu'on ne pouvait pas être plus que des amis. Trop de ressemblances, trop de taquineries. On devenait proche comme des frères et soeurs mais pas comme un couple. De plus, méfiante comme j'étais, je prenais du temps pour faire confiance et envisager une quelconque relation suivie. Ceux qui s'accrochait, je les larguais au bout de quelques semaines. Je n'étais pas faite pour être en couple, c'était sur et certains. Et pourtant, ce n'était pas ce qui me manquait. Je me sentais beaucoup trop seule depuis un moment. Depuis ma conversation avec Nélye d'ailleurs. Ma vie sentimentale ne se résumait qu'à des coups réguliers ou d'un soir. Pas un n'arrivait à être retenue dans mon coeur assez longtemps pour que je veuille le revoir sérieusement. . Je me sens seule Blondie. J'ai envie d'un mec. . Et paf, je m'étale sur son lit.

J’étais plus que soulagée que Caroline vienne à se ranger de mon côté, acceptant de faire une pause dans son travail. Malgré tout je m’en voulais de l’interrompre de la sorte, après tout les études c’était sacré pour elle comme pour moi, je le savais car je la connaissais tout aussi travailleuse que je ne pouvais l’être. La médecine, dure filière dans la laquelle nous nous étions engagées, filière qui nous avait également pas mal rapproché avant que nous devenions colocataires. Je me souvenais partager cette chambre avec Aengus avant l’arrivée de la blonde, le changement radicale mais j’avais gagné une amie, une sœur, et je n’allais pas m’en plaindre bien que ma Aengus me manquait au quotidien. Laissant Caroline prendre place sur mon lit, je la dévisageais tout en la gratifiant d’un sublime sourire, lequel je ne perdis guère en entendant sa réponse. Ce fameux Sween, je savais qu’elle lui tournait autour mais je ne savais pas si les choses étaient sérieuses entre les deux jeunes gens, si c’était juste un camarade de jeux comme un autre où s’ils étaient simplement amis. « Entre le mec qui te demande de te déshabiller afin qu’il puisse te dessiner et Sween, franchement ma belle, y’a pas photo, jette-toi sur le second. » Sérieusement, les types qui veulent vous dessiner complètement nue sont bien souvent des psychopathes à la recherche de chaire fraiche, hors de question de laisser ma meilleure amie entre les griffes d’un possible pervers. Certes cela fera une conquête de plus à ma belle, mais je ne voulais guère devoir me retrouver à la morgue à devoir identifier son corps coupé en morceau. Bon d’accord, je m’imaginais bien souvent le pire des scénarios possibles alors que parfois, cela n’en valait pas la peine mais elle était mon amie et je ferrais tout et n’importe quoi pour elle. « Et moi rien. Enfin pas d’homme en particulier, à les entendre, je n’ai de toute manière pas envie de passer plus qu’une nuit en leur compagnie. Entre ce stupide correspondant que j’ai et qui s’avérait être l’un de mes amants et… les autres, je ne crois pas être prête pour cela. » Je ne l’étais pas, sure et certaine. J’aimais bien trop ma vie actuelle, celle qui consistait à me retrouver dans le lit de deux ou trois types différents par semaine. J’aimais bien trop les hommes en général pour me concentrer sur un seul en particulier, mais je devais avouer que ces derniers temps, il y en avait un qui me faisait douter. Je voyais Clapton différemment depuis quelques temps maintenant mais ce n’est pas pour autant que nous ne nous consacrions uniquement l’un à l’autre. Je savais qu’il était comme moi, à courir à droite et à gauche comme je le faisais et je ne pouvais guère lui en vouloir puisque j’étais exactement comme lui Puis je me souvenais des premiers mots qu’avaient prononcé la blondinette et je fronçais les sourcils en y repensant, me sentant obligée de la questionner alors qu’une lueur de peur fit irruption en moi. Qui dit positif dit négatif après tout. « Et comment ça commençons par le positif ? Tout va bien j’espère ? » Ma voix s’était emplie d’inquiétude à cet instant et ce, sans que je ne puisse y faire quoi que se soit. L’observant donc attentivement, je pouvais sentir les battements de mon cœur s’accélérer à chaque nouvelle seconde qui venait à s’écouler. La peur d’apprendre de mauvaises nouvelles, d’entendre quelque chose de plutôt grave qui la concernerait. Il suffit de quelques instants avant que la jeune femme ne vienne à s’écrouler sur mon lit. Je l’imitais donc, tombant en arrière afin d’avoir les yeux rivés sur le plafond. « Il faut d’abord arrêter de leur courir après et je suis sure que tu trouveras chaussures à ton pied. Mais entre toi et Sween, il n’y a vraiment rien, sérieusement ? » Je souriais à l’idée que ma meilleure amie se soit permise de me dissimuler de telles informations. Si après tout il se passait quoi que se soit avec le jeune homme, j’avais bel et bien le droit de le savoir non ?

Je savais que mes proches s'inquiétaient pour moi. Ils voyaient bien que j'étais fatiguée ces temps ci, que je n'avais plus la même pêche même si je m'efforçais de prouver le contraire. Je faisais tous ce que je pouvais pour ne pas sombrer et garder la tête haute comme je l'avais toujours eu. Alors, en cette soirée entre filles où les seules présentes étaient Kirby et moi, je m'efforçais de ne pas montrer que j'avais une envie incroyable de dormir pendant des heures.Je lui avait raconté l'histoire avec Isaac qui voulait me dessiner. Ma référence à Titanic n'avait apparemment pas été la bonne. Ma blonde pensait qu'il voulait me dessiner nue comme Jack avec Rose. Et non, faux ma chère. . Il ne va pas me dessiner nue, Kirby. Juste me dessiner. . J'étais morte de rire sur son lit. Imaginer Isaac me dessinant nue était improbable. Et puis même si, il n'était pas trop mon style. Pas que j'avais quelque chose contre les hommes en fauteuil roulant, mais j'avais déjà assez de problèmes moi même pour m'occuper d'un comme celui là. Parce que qui dit dessin, dit pose, dit attente, et dit confidence. Pourtant, il ferait un très bon ami, même si la tension entre nous était parfois à coupé au couteau. Il faudrait mettre ça au clair mais en même temps, ça me faisait plaisir de me sentir désirer par lui. En même temps, quand les hommes me voulaient, ils n'arrivaient pas à m'avoir. Aussi incontrôlable et insaisissable que le vent. . Sween est aussi imprévisible que moi. Je ne sais pas ce qui se passera si un jour, par miracle, on en viendrait à aller plus loin. Et tu sais combien j'aime avoir le contrôle. Alors, ... .Quant à Sween, je n'avais aucune idée de ce que un nous pourrait donner. Mais vraiment pas. Il était imprévisible, autant que moi alors son attitude avec moi pourrait changer d'un moment à l'autre. J'étais pareille et je savais que ce n'était pas tout le temps apprécié par les autres. Je faisais des efforts avec mes proches amis, mais quand je passais presque du rire à la colère, ils ne savaient pas forcément comment agir. Ma blonde n'avait personne en vue. Non, attendez, stop. Son correspondant était un des ses amants. Seigneur, il me fallait l'histoire en entier. . Raconte tout à Tatie Caro! . Il n'était pas rare que l'on tombe par hasard sur un ancien amant dans les rues de San Francisco. En général, je gardais de bons contacts avec eux parce qu'ils étaient avertis dès le début que ce n'était qu'une affaire d'une nuit, que je ne cherchais rien d'autre que du plaisir et non une relation. La vie d'une étudiante en médecine n'était pas facile à suivre, surtout quand elle était moi. Volage et parfois infidèle, je n'avais de cesse de penser à autres chose qu'à moi en général. De plus, j'avais souvent des flashs de ce baiser avec ce jeune homme à une fête en Angleterre il y a quatre ans. Arthur qu'il s'appelait. Je l'avais appris quelques semaines après cette fameuse fête. Puis vint le sujet épineux. Moi et ma santé. . Disons que ma leucémie ne me laisse pas de répits ces temps ci. Je suis fatiguée et je n'ai pas pu aller aux entraînements depuis quelques semaines. . Je détestais admettre mes faiblesses. Lui dire que ma leucémie faisait sa grande sortie était trop fort pour moi, alors je préférais lui dire qu'elle était plus présente que d'habitude. Point à la ligne. Je savais qu'elle pourra me faire être mieux, mettre tout en oeuvre afin que je sois plus en forme. Mais je ne voulais pas. J'avais vécu quatre ans sans qu'on ne me chouchoute en permanence - chose que je ne supportais qu'à de très rares occasions - alors je ne voulais pas redevenir cette enfant un peu pourrie gâté que j'étais en Angleterre. Je préférais grandement celle que j'étais maintenant. Libre et indépendante. Mon corps affalé sur le lit de ma meilleure amie, je lui confiais mon envie de ne plus être seule dans ma vie. . J'ai arrêté. De toute façon, je suis trop fatiguée ces temps ci pour aller en soirée ou quoi. Je me repose et espère qu'un beau prince charmant vienne m'emmener alors que je suis à la bibliothèque en train de réviser la dermatologie. Et entre Sween et moi, je ne préfère pas qu'il y ait quelque chose. On est trop semblable pour que ça puisse marcher. . J'avais omis de lui parler de Steven.

Bon d’accord, peut-être que j’avais vu les choses un peu trop grandes mais rien d’étonnant, la scène de Titanic était tellement célèbre que l’image me vint directement en pleine figure. J’avais du mal à imaginer Caroline devoir s’allonger complètement nue sur un sofa afin qu’on lui tire le portrait, que voulez-vous, la référence faisait cet effet. Face au rire de la blondinette, je compris l’erreur que je venais de commettre mais peu m’importait, au moins cela la faisait rire. « Oh mon Dieu, tu m’as fait peur ! Tu me parlais de Titanic alors j’ai cru que… oh non oublie ça, je t’en prie ! » Les gaffes en tout genre, c’était dans mes gênes, bien que je n’avais rien d’une blonde écervelée, j’avais suis la référence que la belle m’avait donné, rien de plus. Peut-être que ce type n’était finalement pas un pervers psychopathe, juste un artiste comme un autre qui adorait s’exprimer du bout de son crayon. Un homme sage sans aucun doute. « Je sais bien, mais sait-on jamais, un miracle peut vite arriver après tout. » Je connaissais ma colocataire sur le bout des doigts, je savais que son caractère était tout aussi intrépide que le mien, sa manière d’agir avec les hommes tout aussi similaire que la mienne. Je comprenais parfaitement de quoi elle parlait et je ne voulais pas la pousser dans les bras du premier gars dont elle me parlait, c’était à elle de faire ses propres choix, je n’étais là que pour l’aider mais surtout la soutenir dans ses décisions. Je n’avais parlé de personne de la relation que j’avais avec mon correspondant, hormis à Nélye qui s’avérait être la cousine de ce dernier, une cousine bien en colère avec qui j’avais monté un plan diabolique afin de faire vivre un enfer à ce menteur de Benn. « Tu sais, j’ai piraté l’ordinateur d’une professeur afin d’obtenir un correspondant, je voulais à tout prix participer à cet échange et c’est le seul moyen que j’ai trouvé. J’ai commencé à parler avec ce certain Benn et on a sympathisé. Et je l’ai vu... A la première grande soirée et… Je me suis rendue compte que j’avais passé quelques jours avec lui pendant des vacances à Londres. Il m’a menti, il s’est fait passé pour un autre à cette époque. Alors tu vois, je suis loin d’être prête à pouvoir un jour faire confiance à un homme. » Là n’était pas la seule explication, cela en était une parmi tant d’autres. J’aimais ma liberté, j’aimais le fait d’avoir différents partenaires, de pouvoir faire la fête jusqu’à pas d’heure sans représailles et il y avait tant d’autres choses qui feraient de moi la pire petite amie au monde. Au moment où la belle me parla de sa leucémie, je regrettais d’avoir pu poser une telle question. Je ne voulais pas la mettre mal à l’aise ou paraître comme une fille qui l’a plaignait à longueur de temps, après tout, elle n’était pas ma meilleure amie à cause de cette maladie, elle l’était parce que nous avions le même caractère, parce que nous étions sur la même longueur d’onde. Hors de question de la prendre par pitié. « Tu me le dirais si c’était grave… N’est-ce pas ? » Je ne pus m’empêcher de poser la question, en tant que meilleure amie, je devais quand même m’assurer que les choses allaient bien pour elle. Je détestais parler de ce sujet, mais parfois, c’était tout simplement plus fort que moi. Je la considérais comme une autre après tout, faisant comme si elle n’avait rien, cela était peut-être mieux de la sorte mais au fond, j’avais peur. Un sourire s’étira sur mon visage lorsque la blondinette parla du prince charmant, c’était bien ce que toutes les femmes cherchaient après tout. « Tu le trouveras un jour, j’en suis convaincue, peut-être même plus tôt que prévu cela dit. Peu importe que se soit Sween ou un autre, il y en un qui doit t’attendre quelque part, quelqu’un qui te mérite et qui saura te rendre heureuse. » J’espérais qu’un jour elle trouverait cette personne, qu’un jour elle sera heureuse au bras de quelqu’un. Peu importe quel homme cela pouvait être, je voulais juste que ce dernier puisse la rendre heureuse.

Kirby avait beau être une fille très intelligente, parfois elle avait des attitudes de vraie blonde. En fait, à nous deux, Kirby et moi, on faisait la paire de blonde complètement folle qui était incontrôlable, on se ressemblait, s'assemblait et se comprenait. C'est ce qui faisait notre force, notre amitié, notre amour l'une pour l'autre. On était semblable comme des jumelles dans notre caractère. Deux blondes. Alors quand elle a cru que je disais que Isaac allait me dessiner nue, j'ai explosé de rire. C'était vraiment son genre de faire des références comme ça, des rappels à des scènes assez particulières. Moi qui n'avait pas rie depuis un bon moment, j'étais servie. Essoufflée, je me suis laissée tomber sur son lit. J'aimais ses moments avec ma meilleure amie, ils étaient précieux car rares. . Oui, mais il ne faut pas trop rêver non plus. Je ferma les yeux quelques instants, et me remémora le sentiment que j'avais eu quand ce mystérieux garçon m'avait embrassé un an avant que je ne parte d'Angleterre. Il avait touch quelque chose en moi et je n'ai toujours pas compris ce que c'était. Il a fallu d'un baiser, d'un contact de ses lèvres sur les miennes et me voilà encore troublé. Je l'avais déjà croisé dans les couloirs de Berkeley, mais pour le moment, je ne savais pas son nom. Je préservais un mystère qui n'avait sans doute pas lieu d'être, mais c'était attirant et je n'étais pas encore en totale confiance en lui. J'ai ouvert les yeux quand elle a commencé à parler de piratage d'ordinateur pour trouver un correspondant qui plus ait. Non, mais j'ai raté beaucoup trop d'épisode avec mon amie, ce n'était pas possible. . TU AS PIRATE UN ORDINATEUR DE L'ETABLISSEMENT ? . Merde, j'avais crié ça dans la chambre comme une folle. Et flap, ma main devant ma bouche qui avait un don pour l'ouvrir quand il ne fallait pas. Et beaucoup trop fort qui plus ait. Elle me raconta l'histoire avec son correspondant qu'elle ne connaissait que trop bien. Et qui l'avait trompé en se faisant passé pour un autre. Il y avait vraiment des tordus sur Terre et surtout en Angleterre. . Tous des tordus les mecs. Ce ne sont même pas des hommes, juste des petites tapettes qui n'assument rien. . J'avais des déboires avec beaucoup trop d'hommes pour ne pas avoir ce jugement sur eux. Sur le côté relationnel, une femme pour une autre femme était plus conseillé mais je n'avais jamais rien engagée de sérieux avec l'une d'elle, ayant l'envie au plus profond de moi même de ce chevalier blanc en armure qui me protégerais de tous les dangers. Je lui ai parlé de ma leucémie qui me jouait des tours. Mais je ne lui avais pas encore annoncé pour mon départ de la confrérie. . J'ai reçu une lettre qui me demande de partir de la confrérie pour la fin de la semaine. Il n'avait pas vu que j'étais leucémique et cela ne les a guère enchanté que je ne l'ai pas souligné en fluo rose et des pailettes. . Et oui ! Les Iotas, c'était fini pour moi. Plus de réunions dans les chambres avec mes amis, plus de compétitions et d'entrainement avec les cheerleaders. . Mais ne t'inquiète pas, je ferais tous pour qu'on garde contact. Je serais probablement chez les Betas. . Je la pris dans mes bras, cachant les larmes qui menaçaient de couler de mes yeux et me recoucha par la suite. Kirby était ma meilleure amie, non elle EST ma meilleure amie alors il n'était pas question que je la perde à cause d'un changement de confrérie. . Oui, moi aussi je le souhaite. Pour nous deux. . Les hommes étaient notre plus grande peur et notre plus grand désir.

Spoiler:

Que serait une agréable soirée sans quelques dérapages ? C'était la clé pour une soirée réussie à vrai dire et j'en connaissais un sacré rayon à ce sujet. Bien évidemment, la référence à Titanic n'était pas sortie bien erreur, c'était tout simplement mon interprétation qui se voulait être plus que déplacée, mais pas d'inquiétude, je connaissais parfaitement la mélodie pour savoir que cela m'arrivait plus souvent que ce que les gens pouvaient imaginer. Une pure blonde, je l'avouais moi-même, mieux valait en rire qu'en pleurer après tout et j'étais loin de prendre mal ce genre de remarque. C'est ce qui faisait une partie de mon charme, ma façon, d'être de celles qui préféraient rire de bon cœur plutôt que de se prendre la tête, au moins l'ambiance était au rendez-vous. « Pitié, ne répète cela à personne, je connais bien toutes les langues de vipère de cette université et je n'ai pas vraiment envie de me faire renvoyer à cause d'une petite idiotie dans ce genre. » Le cri de détresse que venait de pousser Caroline m'avait affolé et je devais m'estimer heureuse que nous étions seules dans cette chambre, il ne restait plus qu'à espérer que ce hurlement ne s'était pas étendu aux chambres voisines au risque de me voir quitter l'établissement dans les prochaines. C'était sans aucun doute la pire des choses qui pouvaient m'arriver, me faire renvoyer à cause d'un abruti d'Anglais alors que j'avais fait des choses bien pires, comme partager le même lit que un ou deux professeurs, mais sur ces détails, je préférais garder le silence. C'était déjà peu évident de garder le secret à deux, de faire comme si de rien n'était, alors à trois, je n'osais imaginer la situation et je ne voulais pas que quelqu'un, soit impliqué dans ces histoires qui au fond, n'avaient que peu d'importance à mes yeux. « Je vais me faire lesbienne je crois, à mon avis, j'aurais largement moins de problèmes. » Cela n'était ni plus ni moins qu'une simple plaisanterie, histoire de dire que les filles devaient sans aucun doute être plus fidèles que les hommes. Je n'étais pas cet exemple, mais peu importait. Loin d'avoir envie d'appartenir à un seul être, je n'étais pas du genre à mentir pour arriver à mes fins, et même si cette aventure avec mon correspondant n'avait eu que très peu d'importance, je n'en restais pas moins dégoûtée par cette attitude fort puérile. Quoi qu'il en soit, et bien que je ne m'étais jamais encore aventurée sur ce terrain, je restais ouverte au changement et aux nouveautés. M'inquiéter pour mes amis avait toujours été une priorité pour moi, m'assurer de leur bonheur et de leur bien-être et à cet instant, j'étais quelque peu inquiète pour Caroline. Je savais pour sa leucémie, mais est-ce que les choses allaient bien ces derniers temps ? Finalement, je fus complètement retournée en l'entendant, mon cerveau ayant eu l'intelligence de se déconnecter entre temps, n'arrivant que très peu à encaisser cette nouvelle. Son départ de la confrérie. Je restais bouche-bée alors qu'elle vint doucement à m'enlacer, me retenant tant bien que mal de pleurer. Me priver de ma meilleure amie, ils n'avaient pas le droit. « Non... Ils n'ont pas le droit, j'ai besoin de toi... Promets-moi que cela ne nous empêchera pas de nous voir... De passer d'agréables soirées à papoter de tout et n'importe quoi. » Mes paroles semblaient plus que confuses et cela ne m'étonnait guère, secouée par cette annonce, il était difficile pour moi de garder la tête haute et de savoir quels mots je devais employer. Tout était confus et tout comme Caroline, je finis par m'allonger, cette fois-ci à ses côtés. Impossible de se rendre compte qu'il ne nous restait que quelques nuits à partager dans cette chambre. « Tôt ou tard. » Peut-être que si l'une décidait enfin à se poser, l'autre suivrait. Je souriais à cette idée, je ne perdais pas espoir.

Spoiler:

Si les départs étaient dures, rester en sachant qu'on n'avait pas sa place l'était encore plus. Alors, le fait de quitter les Iotas pour les Bétas, bien que cela me chagrinait, ne m'anéantissait pas. Je savais j'aurais du signaler ma maladie dès mon inscription à Berkeley, si j'avais eu le moindre problème, c'était le doyen Fredericksen qui aurait prit le relai de me faire dire les quatre vérités, et cela n'aurait pas été très agréable. J'ai appris à accepter la fatalité avec ce montre qui me rongeait tous les jours depuis ma naissance et à faire la part des choses. Quitter les Iotas ne m'éloignera pas de mes amis, je continuerais la même vie qu'avant, mais avec des personnes différentes au quotidien. Rien ne m'empêchera de passer une nuit chez Kirby et de rentrer avant la nuit tombé. Au pire, je pourrais toujours dire que je me suis endormie sans y prendre garde. Et puis mon statut de leucémique pourra m'éviter certaines déconvenue. Si ils insistent, je dis " désolé, je suis leucémique et fatiguée ", une ou deux larmes fictives et me voila lavée de tous soupçons. Pour le moment, la chambre dans laquelle je me trouvais était encore la mienne pour quelque temps, ensuite je déménagerais. . Tu ne peux pas me demander celle là par contre. . J'éclatais encore d'un grand éclat de rire, juste pour m'en souvenir. J'aimais ces moments de complicités absolu avec ma meilleure amie. On avait traverébeaucoup de choses ensembles. Son accident, sa mémoire défaillante, ma maladie à présent qui prenait le dessus. On était soudée et là l'une pour l'autre. . Je suis bi, je te rappelle. Question problème, avec les meufs, y'en a moins, mais pour autant, les garçons nous attirent toujours. Ils ont ce trucs qui fait que ... tu ne peux même pas l'expliquer. . Et oui, la belle Caroline est bixsexuelle. Je ne l'avais jamais caché à qui que ce soit, mais je n'en faisais pas étalage non plus. Je n'en n'avais pas honte, bien au contraire. J'assumais mon orientation, je flirtais aussi bien avec des hommes qu'avec des femmes, mais c'était par périodes. Ces derniers temps, seuls les hommes attiraient mon attention, avec plus ou moins de succès. J'avais un coeur fragile, mais en béton, dès qu'on y entrait, y ressortir prenait du temps, pour autant, y entrer demandait force et motivation. . Je ne peux pas faire autrement Kirby. J'ai menti pendant quatre années, il est temps que j'aille dans une confrérie dans laquelle je ne crains pas d'être renvoyé tous les matins. Et oui, ne t'inquiète pas, je passerais si souvent te voir que tu te demanderas si j'ai vraiment changé de confrérie. . Partir et laisser ma meilleure amie était dur, mais on y arriverait. Ce n'était pas parce que je changeais de chambre et de confrérie que j'allais perdre ma blonde. L'amitié était quelque chose de tellement précieux pour moi, car si rare quand il était sincère de nos jour que je ne pouvais pas imaginer me séparer, couper les ponts avec celle qui était là avec moi pour me soutenir dans tous les défis que la vie mettait devant moi, et vice versa de ma part. Lors de son accident, j'étais l'une des seules personnes dont elle se souvenait. Cela m'avait tellement touché et en même temps brisé que je m'étais promis ce jour là de tous faire pour que cette cette blonde qui avait déjà eu son lot dans la vie, ne décroche pas et continue à espérer et vivre normalement. Aussi normalement que possible avec moi tout du moins. Allongée sur le lit, nous rêvâmes de nos futurs amours. Ces perles rares encore inconnus au bataillons qui feront chavirer nos coeurs un beau jour. . Oui, un jour, nos princes viendront. . 

Spoiler: