Nos chemins s’étaient croisés par le plus grand hasard et encore aujourd’hui, je me demandais comment on en était arrivé là. C’était à chaque fois la même chose, je ne trouvais aucune réponse à ma question et à vrai dire, cela m’était complètement égal. Declan faisait partie de ces rares personnes avec qui je m’entendais bien, l’un des rares amis dont j’appréciais la présence dans ma vie. Fallait avouer qu’avec mon caractère de cochon, il était très difficile de trouver grâce à mes yeux mais, l’Anglais avait su – par je ne sais quel miracle – faire la différence et je ne m’en plaignais pas. Quoi qu’on puisse en dire, un ami, un allié était toujours le bienvenu surtout lorsqu’on était loin de chez soi. Des années déjà que je vivais aux Etats-Unis et malgré ça, il m’arrivait parfois d’avoir le mal du pays. Mon pays me manquait plus que je ne l’aurais pensé, plus que je ne le laissais paraitre et même si mes relations avec mes parents c’étaient améliorées depuis le jour où ils étaient venus me chercher à Saint-Pétersbourg, il m’arrivait souvent de penser à mes vrais parents, de me demander ce qu’aurait pu être ma vie si ma mère ne m’avait pas lâchement abandonné devant un pensionnat sans se soucier de ce qui pourrait subvenir de moi là-bas. Dire que je lui en voulais était un euphémisme, encore aujourd’hui je la haïssais de ne pas m’avoir gardé avec elle, de ne pas avoir pris soin de moi. Qui plus est, je ne croyais pas vraiment à ces histoires de bonnes femmes qui prônaient qu’elles abandonnaient leurs enfants pour leur bien, c’était juste une excuse comme une autre pour se donner bonne conscience et bien dormir la nuit. Quand on aimait quelqu’un, on faisait notre possible pour être avec lui-même si cela demandait bons nombres de sacrifices. Je secouais la tête, vivre dans le passé ne servait à rien. Repenser à tout cela ne m’avancerait pas à grand-chose et ne me ferait pas atteindre les buts qui étaient devenus les miens. Mon regard se posa sur l’heure et je dû me gifler mentalement pour laisser de côté mes préoccupations et m’activer à me préparer. Je détestais être en retard à un quelconque rendez-vous. J’étais connue pour ma ponctualité et je comptais bien le rester pendant encore longtemps. Enfin prête, je me pressais de rejoindre ma voiture et de rouler jusqu’à berkeley. Nous avions prévu, avec Declan, de se retrouver à la cafétéria de l’université ; maintenant qu’il était à San Francisco, nous ne pouvions pas ne pas se voir. Nous étions assez proches et cela risquait de l’être encore plus maintenant que nous étions sur le même continent et dans la même ville. Arrivée à destination, je laissais mon regard embrassait la foule déjà présente dans la cafét’ dans l’espoir d’y voir mon ami, sans grand succès. Il semblait qu’il n’était pas encore arrivé. Optant pour une table un peu loin des regards indiscrets, je prenais place avant de passer commande. Connaissant l’Anglais, il préférerait surement éviter tout regard pouvant se poser sur nous. Contrairement à lui, ceci me laissait indifférente. J’étais parfaite et je le savais très bien alors autant en faire profiter mes prochains, non ?! Sourire radieux illuminant mon visage, je portais mon café à mes lèvres tandis que mes prunelles se posèrent sur une silhouette que je ne connaissais que trop bien. Lui faisant signe de la main, j’invitais le nouvel arrivant de me rejoindre. Nous allions enfin pouvoir rattraper tous ces bons moments que nous ne pouvions partagés à cause de l’océan qui nous séparait. « Declan ! Je suis contente de te voir ! » Lâchais-je tandis que je déposais un baiser sur sa joue. J'étais assez tactile avec les personnes que j'appréciais et je ne m'en cachais pas.