Alors que je tournais en rond dans la villa, Holly dans les bras, je soufflais légèrement. Nous étions le dix huit décembre et ce soir se déroulait le bal de fin d'année. Cette année, il n'y aurait ni prince ni princesse et cela n'était pas une mauvaise chose. Je ne voyais pas l'intérêt de mettre en avant une bonne de crétin. Où était l'intérêt de mettre en avant un couple qui ne durerait que quelques mois ? J'étais sceptique sur tout ce qui touchait à l'amour mais ce n'était un secret pour personne. Alors que ma fillette s'endormait, je me demandais bien avec qui j'allais pouvoir aller à ce bal. Ma confrérie l'organisait et il était strictement hors de question que je me pointe seule, comme une femme en peine. J'avais besoin de compagnie et pas qu'un peu. Je devais y aller avec ma meilleure amie. Elle ne me dirait jamais non, c'était impossible. Nous étions si différentes et pourtant si complète. Meleya était ma moitié et tant qu'elle était à mes côtés, j'étais persuadée que tout irait bien. Déposant délicatement Holly dans son lit, je sortis de la chambre sur la pointe des pieds et attrapa mon téléphone. Il fallait que j'appelle la baby-sitter et que je prévienne Meleya de mes plans. J'espérais vraiment qu'elle n'y allait pas avec son cher et tendre. La brunette serait bien capable de me proposer d'y aller avec eux mais il était hors de question que je me retrouve à tenir la chandelle. L'an dernier, j'avais encore un sacré ventre puisque j'avais accouché depuis un seul petit mois... Ce bal était comme une façon de refaire mon apparition dans une soirée universitaire digne de ce nom. Composant le numéro de Meleya, je tomba rapidement sur la messagerie et lança « J'espère que t'es pas entrain de tomber enceinte Meleya. Ce soir on va au bal ensemble. Je viendrais te chercher pour vingt heures et n'invites pas ton cher mari, c'est une soirée entre fille » Je raccrocha rapidement et me laissa tomber sur le canapé. Quand on y pensait, j'étais plutôt calme et douce avec Meleya, même si je n'y allais jamais par quatre chemins. Je lui expliquais tout à ma façon et même si les mots et images étaient souvent plutôt crues, c'était ma façon de parler. Je n'aimais pas perdre mon temps à passer par des subterfuges. Il fallait aller droit au but, nous n'avions pas de temps à perdre. Levant les yeux vers l'horloge qui se trouvait au dessus de la télévision, un léger se dessina sur mes lèvres. J'avais encore deux bonnes heures avant de me mettre en route pour le bal. J'allais enfin ressortir ma plus belle robe blanche, robe que je ne portais jamais. Lorsque je sortais, j'enfilais une robe colorée pour relever le teint plutôt palot que je me trimbalais depuis le début de mon traitement contre mon cancer du sein. Rattachant grossièrement mes cheveux, j'attrapais la télécommande et commença ma danse préférée : le glissement de mon pouce sur les touches de la télécommande. Il n'y avait pas grand chose d'intéressant à la télévision. J'aimais noël mais les films sur cette période encombraient nos écrans et ça, c'était bien moins agréable.

Ajustant mon chignon relevé, je me regarda dans la glace et un léger sourire se dessina sur mes lèvres. Je n'étais pas si mal que cela quand on y pensait. La maladie ne m'avait pas tant ravagé que cela et je bénissais mon médecin de tester un nouveau traitement beaucoup moins invasif qu'une chimiothérapie. Il était sept heure quarante et je devais retrouver Meleya devant la confrérie dans peu de temps. J'avais échappé à cette habitation pour la simple et bonne raison que je devais éviter le contact avec autrui au maximum. Mon système immunitaire était affaibli et il était strictement impossible pour moi de vivre dans cette énorme immeuble revisité en résidence étudiant. Sans compter qu'il était impossible que je puisse cohabiter avec ces crétins de sigma. Les entendre chantonner et se prendre pour des stars allaient rapidement mener à une émeute et ce n'était pas ce que voulait le Doyen. Me dirigeant vers la porte d'entrée, j'embrassais ma fillette sur le front et quitta rapidement la villa. Je ne voulais pas être en retard, ce serait vraiment mal vu de la part de Meleya. Me garant près de la maison étudiante, je la vis au loin et lui fis un signe. Je me dépêcha de la rejoindre et la prit dans mes bras « Tu es magnifique Mele ! Je me demande ce que tu fais avec Gaulthier sérieusement, tu mérites mieux, physiquement parlant » Moralement, cet homme semblait être un amour mais physiquement, c'était tout autre chose. À mes yeux du moins. Après tout, j'étais une grande chieuse en matière d'homme et ce n'était pas pour rien. « On y va ? Je ne sais même pas vraiment ce qui c'est préparé pour le bal alors que c'est ma confrérie qui a tout préparé... Je ne suis vraiment pas la plus douée qui soit dès qu'il s'agit de faire équipe » Un léger rire s'échappa de mes fines lèvres. Je n'étais pas vraiment le genre de jeune femme qui travaillait à plusieurs. J'aimais me débrouiller seule et au moins, on ne pouvait jamais être déçu. Discutant de quelques banalités sur le chemin, je poussa la porte de la faculté et fut subjuguée par la décoration sobre et classe qui était placée dans la faculté. J'espérais que ce soir ne finirait pas aussi mal que la saint valentin... Sinon, ce serait vraiment la fin du monde et ma belle robe blanche dos nu serait foutue. « C'est vraiment magnifique. Il faudra que je félicite Augusto même si tout le monde a du le faire pour moi » Mes talons claquaient sur le sol lustré de cette immense salle plus que magnifique. J'avais l'impression d'être une Cendrillon mais je ne cherchais pas de prince. « Que la fête commence ! » J'espérais vraiment que tout irait bien pendant cette soirée. Me dirigeant vers les boissons, je servis un verre à la brune et en pris un. Portant mes lèvres à ce dernier, je la regarda et dis « Comment sa fait-ce que ton prince charmant ne t'ai pas emmené au bal ? Ça va bien vous deux ? » question anodine mais pourtant.. Je ne voulais pas que Meleya divorce à peine mariée. C'était vraiment un schéma qui m'horripilait, encore plus pour une jeune femme douce comme elle l'était.

Un bal n'était peut être pas ce qu'il me fallait en ce moment. J'avais besoin de calme, de repos mais surtout de compagnie. Me retrouver entourée d'une tripotée d'inconnus ne me plaisait guère mais je faisais avec. Après tout, c'était moi qui avait proposé à Meleya de nous rendre à cette soirée et je devais avouer que voir le travail de ma confrérie me ferait plaisir. Ces gens me manquaient tellement, je devais bien l'avouer. Depuis quelques temps, j'évitais la confrérie comme la peste. Ma mine faisait peur à voir avec le traitement que je prenais et les heures d'internat que j'enchaînais. J'étais l'une des plus prometteuse de ma promotion et je ne comptais pas laisser cela me filer entre les doigts. Il fallait que je me batte – deux fois plus que les autres – et je le faisais autant que je le pouvais. La motivation me manquait vraiment ces deux derniers jours ! Il fallait que je me reprenne et rapidement. Attendant ma brunette préférée, je lui fis un léger compliment en la voyant arriver. Elle était magnifique, comme toujours et cela était déprimant ! Elle n'avait pas besoin de couches de maquillage pour ressembler à quelque chose et cela n'était pas dû à tout le monde. J'en étais presque jalouse quand on y pensait. Son teint était parfait alors que je ressemblais à Casper sans ma couche de fond de teint. Après tout, nous n'avions pas la même vie et c'était ce que je tentais – vainement – de me rentrer dans la tête. « De ce que je peux apercevoir de ta tenue, tu es sublime aussi! Et tu sais, Gaulthier a des atouts que tu ne soupçonnerais pas ! » La regardant, je la gratifié d'un sourire pour sa première phrase mais leva les yeux au ciel en entendant sa deuxième. Gaulthier, des qualités ? Étrangement, je n'en voyais aucune. Je ne connaissais pas vraiment le jeune homme – pour ne pas dire pas du tout – mais une chose était claire et nette, je ne le portais pas dans mon cœur. Le mariage qui avait uni ma meilleure amie à cet epsilon était toujours coincé en travers de ma gorge. Se marier aussi tôt, c'était de la folie ! Elle avait bien vu le désastre sentimental des trois quart des jeunes américaines et pourtant, naïve comme Meleya pouvait l'être, elle avait dit oui. J'aurai pu m'enfuir avec elle et Holly mais non, elle s'était liée à un homme qui n'en avait pas grand chose à faire d'elle ; du moins à mes yeux. Elle n'avait rien de prévu pour cette soirée et cela montrait un certain manque d'intérêt du jeune homme, manque d'intérêt qui me servait plutôt pas mal. « Oh tu sais, c'est comme chaque année, de belles décorations, des statues de glaces sublimes, de la bonne musique, de l'alcool à foison et le tour est joué! Et puis, tu étais déjà bien occupée avec Holly pour pouvoir t'intéresser à un bal ! » Elle n'avait pas tord. M'occuper d'Holly me prenait tellement de temps. J'avais constamment peur qu'elle attrape un rhume parce que, si c'était le cas, la petite devait aller ailleurs le temps de se soigner. Je ne pouvais pas rester trop près de microbes pour éviter de chopper une merde. Ce putain de cancer me pourrissait la vie comme pas possible. À chaque examen, je lui offrais un petit k.o mais il était tenace. « Oui enfin, je vais éviter de provoquer mon propre suicide social, ce serait con quand même » Et pas qu'un peu. En arrivant à Los Angeles, j'avais foulé le sol de nombreuses boites, de nombreuses soirées. J'avais été la petite nouvelle avec son accent frenchie, celle que bien des hommes avaient voulu s'arracher et maintenant, j'étais une mère célibataire. J'en voulais à Noa d'être aussi absent que le soleil en cette période de l'année. J'avais su à quoi m'attendre avec lui et pourtant, j'avais foncé tête baissée. Coupe de champagne en main, je contemplais le boulot que ma petite confrérie – et celle des rouges – avait fait pour que cette soirée soit parfaite. La salle était déjà presque pleine et même si je ne connaissais pas grand monde, j'appréciais voir mes amis. Seulement ce soir, il ne s'agissait pas d'eux mais de Meleya. Je voyais très bien que quelque chose la tracassait mais quoi ? Je n'en avais aucune idée... Est-ce que je voulais le savoir ? Oui, pour la réconforter mais, d'un autre côté, je n'avais pas vraiment la tête à l'entendre pleurnicher à cause de Gaulthier. Les hommes n'apportent que des problèmes et ça, je lui avais longuement notifié avant de se faire passer la bague au doigt. Je jeta d'ailleurs un coup d'oeil furtif à sa main. « Sincèrement? Je préférais y aller en ta compagnie. Nous nous disputons comme beaucoup de couples c'est indéniable. Mais la réconciliation sur l'oreiller qui suit est toujours un délice alors tu sais… Non je vais être honnête. Nous avons des hauts et des bas comme tout couple, mais j'ai découvert une lettre, qui change toute la donne…» Un rictus prit place sur mon visage. Les réconciliations sur l'oreiller étaient toujours un pure délice mais si cela voulait forcément dire souffrance et frisbee party avec les assiettes, autant éviter. Arquant un sourcil, je bus une nouvelle gorgée de ma coupe de champagne et la questionna légèrement. « Une lettre ? Tu as trouvé le brouillon des scénarios pornographiques de Gaulthier ? » Je ne savais rien de la gravité de ce bout de papier qu'elle avait trouvé et qui semblait lui faire tellement de mal. « Je te l'ai déjà dis, les hommes n'apportent qu'un sac d'emmerdes lorsqu'ils débarquent dans ta vie » Et encore, c'était plutôt une valide de merde qu'ils apportaient avec eux. Je tentais de rester 'gentille' mais c'était bien trop difficile pour moi. Elle souffrait et je ne pouvais pas faire comme si de rien était. Tendant ma coupe de champagne pour qu'on me la remplisse à nouveau – j'avais la descente facile – je montra une table vie à la brunette et me dirigea vers cette dernière. Faisant attention à ne pas faire de faux pli sur ma robe, je regarda la brunette et dis « Y avait quoi dans cette lettre Mele ? Ne me mens pas parce que tu ne sais pas mentir et aussi parce qu'on croirait que t'as vu un mort » Elle était pâle, blanche comme un linge et si nous pouvions éviter un malaise, cela m'arrangerait pas mal pour ne pas dire énormément.

Ces derniers temps, ma vie allait à cent à l'heure, pour ne pas dire mille. J'étais de moins en moins maîtresse de mon destin et cela était quelque chose d'insupportable pour moi. Dieu que je regrettais les années lycées où j'avais pu faire ce que je voulais de tout le monde, faire ce que je voulais de ma propre vie. Aujourd'hui, je devais faire attention à ma fille mais aussi à ma maladie. L'envie de tout abandonner me démangeait plus que mais je ne le pouvais pas. Je n'étais plus seule maintenant et ça, je l'avais décidé en toute connaissance de cause. Ma petite tête blonde était ce qui me permettait de me battre mais qui me retenait aussi, de temps à autre. Ce soir, rien à l'horizon et je pourrais donc faire ce que je voulais, avec qui je voulais. Le bal de noël était un cadre magnifique pour faire de belles rencontres même si je doutais que ce soir, je deviendrais la princesse de quelqu'un. Meleya et moi étions deux princesses – de statut social seulement pour ma part – et, comparé à ma meilleure amie, je n'avais pas trouvé chaussures à mon pied. Personne n'arrivait à me toucher, à dépasser le stade du jeu avec moi et c'était bien dommage. Après tout, avais-je le temps et l'envie d'avoir un homme dans ma vie ? Sûrement pas. Les hommes étaient tous décevants, fatigants et inintéressants. Je ne comprenais pas pourquoi Meleya avec dit 'oui' si jeune, elle avait la vie devant elle ; pas d'enfants dans les pattes, pas de maladie pour lui rappeler qu'ici, c'était la guerre. Elle avait la vie que je rêvais d'avoir et pourtant, elle l'avait gâché il y a quelques mois déjà. C'était de la folie, pure et dure mais ça, elle n'était sûrement pas prête à le voir ou à se l'avouer. Je ne pouvais pas la blâmer. À sa place, moi aussi, j'essayerais de me faire croire que Gaulthier était une perle rare, un homme comme on en trouve plus sur la terre. J'essayerai oui, mais pas sûre d'y arriver. Je n'avais plus foi en l'être humain depuis bien longtemps et c'était peut être ça qui me jouait des tours. Seulement, quand je voyais le ton pâle de mon amie, je tentais de croire que je faisais le bon choix. Pas d'attaches, juste une bonne poignée d'amitié améliorée et fini. C'était peut être ça la recette magique pour réussir sa vie... Voyant Meleya être à la limite de tourner de l'oeil, je grimaça légèrement. La miss drama queen n'allait pas être moi aujourd'hui mais bel et bien la jeune bulgare ! Mes yeux suivaient chacun de ses mouvements – plutôt fébriles et inquiétants – et lorsqu'elle posa ses fesses sur une chaise, je fis de même. Était-elle enceinte ? Parce qu'elle avait tous les symptômes ; le teint livide, les vertiges et le côté déprimant à la simple idée de prendre du poids et de ne plus retrouver son corps. Heureusement, j'avais retrouvé le mien. « Tu connais un peu l'histoire de Gaulthier ? Son passé ? Ses ex ? Autumn Rowen Glaswell ? » Franchement, non, je ne connaissais rien de ce jeune homme mais ce n'était pas pour me déplaire. Il ne m'intéressait point, je ne lui portais aucun intérêt et pourtant, nous avions été élevés avec – plus ou moins – les mêmes valeurs et notre langue était la même. C'était peut être les seules choses que j'avais en commun avec lui pour tout dire. Et vu la façon dont se comportait Meleya, je n'étais pas prête de me lier – d'une façon ou d'une autre – avec le jeune Levy-Carcenac. « Autumn lui a écrit une lettre quelques jours après le mariage, une lettre où elle lui déclarait sa flemme, en long en large et en travers. Je n'avais jamais vu une lettre aussi pleine d'amour. Elle m'a rendue malade… » Arquant un sourcil, j'avais un peu de mal à comprendre le problème. La Iota lui avait écrit une lettre et alors ? Il semblerait que la manipulation soit un art courant chez les gens de nos jours alors, peut être avait-elle mentie. Je tentais de voir les choses de cette manière mais je n'étais pas la femme folle amoureuse dans l'histoire. Tout changeait une fois que l'on tentait de se mettre à la place de la jeune bulgare. Elle n'était que la troisième roue du carrosse, celle qui arrivait après la belle blonde. Je comprenais – avec un train de retard – ce qu'elle traversait. Cette sensation de délaissement, de voir sa vie défiler sous ses yeux et de ne rien pouvoir y faire. Elle n'était sûrement plus la numéro un, quoi que... Toujours muette, je l'écoutais m'avouer que Gaulthier ne savait pas qu'elle était au courant et qu'elle ne savait pas quoi en faire. Un léger sourire en coin prenait place sur mon visage. « Eh bien, si tu veux, tu peux m'inviter chez toi, m'indiquer précisément où est ce bout de papier larmoyant et je me charge du reste. Il n'y a pas mieux que ce genre de preuve pour descendre la blonde qu'est Autumn. Après, je ne garantis pas qu'il n'y ait pas de dommages collatéraux. En tout cas, je prendrais toute la responsabilité et la colère de Gaulthier si c'est ce dont tu as peur. Il a peut être besoin de se voir montrer du doigt par l'université pour faire un choix. Mariage pluvieux, mariage heureux. Il ne fallait pas te marier en été Meleya » Je n'avais plus vraiment le rôle de la bonne copine à ce moment même. Une personne normale lui aurait remonté le morale, aurait tenté de lui dire qu'il l'avait choisi elle sinon il serait parti mais je n'étais pas de cet avis. S'il était toujours là, c'était peut être parce qu'il ne savait pas où aller. C'était regrettable comme situation mais Meleya apprenait, une fois de plus, sur le tas. « Enfin, Gaulthier n'y est pour trop rien là dedans. Enfin je pense. C'est elle qui a écrit une lettre, pas lui. Jusque preuve du contraire du moins » Il ne manquait plus qu'il ait commencé l'échange de lettres, ce serait vraiment le comble ! « Tu sais, toutes les ex se rendent compte de ce qu'elles ont perdu quand c'est trop tard. Il doit avoir un truc ce Gaulthier mais quoi, j'en sais rien ! » C'était ma façon de lui remonter le moral. Drôle de façon mais tout de même.. « Maintenant, la seule chose que j'espère, c'est de ne pas croiser la blonde, je risque de ne pas être très agréable. » Un léger rire s'échappa de mes lèvres. Ne pas être très agréable serait peut être l'ultime façon de retourner la Iota contre le jeune marié. Après tout, comment allait-elle réagir en apprenant que son 'cher et tendre' avait laissé ces doux mots traîner à l'oeil de n'importe qui. « A tous les bals il y a un combat de coq, il semblerait que ce soir, tu sois l'une des deux combattante ! » J'haussai légèrement les épaules et attrapa deux coupes de champagne sur le plateau que trimbalait le guignol en costume. Nous avions besoin d'alcool et pas qu'un peu. « Franchement Mele, tente d'oublier cette lettre pour le moment. T'as pas de gosses, vous vous êtes mariés mais on se demande pourquoi alors si jamais vous venez à divorcer, ça ne choquera personne. Il n'est pas fait pour toi et ne le sera jamais. Tu es un peu trop parfaite pour lui. Je sais bien que ce ne sont pas les mots que tu attendais mais je ne vais pas te mentir, c'est un crétin alors il y a une chance sur deux qu'il fasse un choix de crétin » Je fis une petite moue avant de faire tinter ma coupe de champagne avec la sienne. « Seulement on s'entend que, Gaulthier n'est pas un ange mais ne va pas profiter de ça pour aller voir ailleurs. On sait tous qu'un homme qui trompe sa femme c'est pas grave mais l'inverse, un peu plus.. » Vérité accablante mais pourtant... Je ne supporterais pas de la voir passer pour une traînée alors que c'était lui qui avait mis le feu aux poudres.