« make her shout down »

On lui avait dit avant qu’il ne vienne ici que l’avion représentait comme un portail pour une nouvelle vie, qu’à l’université tout était plus que merveilleux et qu’il s’y plairait comme une mouche dans les poubelles. Il avait l’air de faire confiance à son père quand ce dernier lui disait que Berkeley, c’était magnifique mais il ne voulait pour rien au monde abandonner son Angleterre. Pourquoi partir loin ? Des universités, il y’en a pas mal en Angleterre, de très bonnes mêmes. Mais oui, la série. On aurait dit que les membres de la série c’étaient passés le mot pour choisir Berkeley. Dans quelle université Jovani voulait rentrer ? Il n’en avait aucune idée, il ne voulait juste pas être loin de ses potes, mais étant donné que la majorité remporte toujours, il a décidé d’être neutre et de suivre ses collègues, choix qu’il ne regrette pas le moins du monde. A l’université, il n’était presque jamais sous pression, grâce à l’emploi du temps qu’il s’était fixé, même si parfois, entre les répétitions, les devoirs, les cours, les appels téléphoniques d’Angleterre ou d’ailleurs sans queux ni têtes qui duraient des heures pour rien, le jeune brun se voyait victimes des plus sombres envies suicidaires et son lit devenait son meilleur ami.

C’était un mercredi après-midi et contrairement aux derniers jours passés dans les basse températures, il faisait un peu beau. Un peu… Le soleil se cachait encore derrière quelques nuages biens sombres, comme s’il attendait qu’on vienne le chercher. Pendant la matinée, Jovani avait cours de sciences sociales et humaines. Au début, ce cours était plus un passe-temps, certain qu’il n’aurait rien d’autre à faire en dehors des heures d’infographisme. Mais le cours devenait beaucoup plus passionnant que ça et apprendre divers aspects de la réalité humaine commençait à dangereusement demander trop de temps au jeune brun qui avait sacrifié le temps qu’il prenait à réaliser des dessins pour faire des devoirs de sciences humaines. Il était plutôt libre cette après-midi, les devoirs qu’il avait à rendre ne devaient être prêt que pour la semaine prochaine et il avait décidé de prendre cette soirée pour se remettre à l’art. A peine arrivé chez lui, il cherchait déjà la toile sur laquelle il avait pris le temps de dessiner il y’a une semaine de cela, pour achever l’œuvre. Il s’appliquait comme à chaque fois à mettre la bonne couleur au bon endroit, à bien jouer sur les œuvres et à feindre de ne pas voir son téléphone vibrer sur la table basse, affichant « Papa ». Son père l’avait déjà appelé la veille pour le supplier de rentrer à la maison et se présenter à la cérémonie de mariage de sa tante. Jovani ignorait s’il pouvait prendre quelques jours d’absences justifiées pour un tel évènement et il s’en foutait bien. Il n’avait jamais aimé ce genre de fête où les pauvres croyants s’amusaient à jurer devant Dieu que ce serait la mort qui les séparerait, pour commencer à se lancer des OVNI entre deux meubles, puis des injures devant un papier de divorces. En plus, le jeune Sigma n’appréciait particulièrement pas qu’on le dérange en pleine inspiration et son père pouvait bien attendre un peu plus longtemps, du genre après que le mariage soit finit. Un dernier coup de pinceau dans un coin et fier de lui, il alla déposer le tableau dans sa chambre avant de revenir se servir à manger, en prenant son téléphone qu’il remit sur profil normal et son casque audio pour encore se couper du monde mais cette fois avec la musique. Dans la chanson, l’homme parlait d’une fille à un oiseau mort, c’était à la fois agréable et intriguant qu’il explique ses légers problèmes de cœur à un poulet sans vie. M’enfin, chacun sa manière de percevoir les choses dans ce monde. La musique douce se coupa brusquement pour faire place à un son beaucoup plus violent qui arracha une grimace au visage du jeune brun. A peine qu’il eu décroché, son pote de divagation et collègue de confrérie lui exposait déjà la problématique, il ne pu qu’accepter et sortait déjà de chez lui pour se diriger dans la demeure de son ami. Il lui avait déjà parlé de sa petite sœur, elle devait avoir onze ou douze ans et elle était déjà assez turbulente, trop turbulente. Aidan était légèrement plus surchargé que Jovani, parce qu’en plus de s’occuper de sa sœur, il travaillait dans un magasin multimédia. Jovani devait être assez créatif pour occuper la petite pendant un bon moment – ou pas – mais question baby-sitting, responsabilité d’une personne que lui-même, ça allait être compliqué. En effet, Jovani est le cadet de sa famille et il n’a qu’une grande sœur qu’il estime et qu’il méprise à la fois. Trois fois. Il appuie trois fois sur la sonnette, toc oblige. « Bonjour ! » Puis, il rentre dans la maison en analysant chaque recoin du regard pour se familiariser. « Alors, qu’est-ce qu’il se passe ici ? J’ai pas tout saisi au téléphone… »

Le téléphone raccroché, Aidan le déposa sur la table basse à côté de son ordinateur et lia ses mains entre ses genoux, laissant ses doigts pendre dans le vide, alors que son regard se retournait vers sa petite sœur. Elle semblait retenir son souffle, comme en attente que quelque chose ne se déroule. Les yeux grands ouverts, elle fixait son aîné sans bouger ne serait-ce que d’un millimètre. Sans réellement comprendre ce à quoi elle jouait, Aidan entrouvrit alors la bouche de sorte à lui demander si quelque chose n’allait pas, mais il n’eut pas le temps de prononcer ne serait-ce qu’un seul mot : Eileen s’était à nouveau relevée pour sauter sur le canapé. Passant une main sur son visage, le brun soupira longuement et reporta son attention sur l’écran de son ordinateur, tentant vainement de couper tous ses sens pour ne plus faire attention à sa petite sœur. Mais celle-ci insista, encore et encore, sautillant sur le fauteuil sans s’arrêter. L’irlandais ne parvint pas à tenir plus qu’un quart d’heure ainsi. Finissant par perdre patience, il se leva et se jeta presque sur Eileen, l’attrapant pour la faire s’arrêter. « Bon tu as fini là ?! » s’exclama-t-il, sentant ses nerfs beaucoup trop tendus. La petite s’arrêta alors et resta debout sur le canapé, regardant le jeune homme de ses grands yeux bleus. Elle resta silencieuse, une mine boudeuse se dessinant progressivement surs on visage. La relâchant, Aidan ne la lâcha pas du regard, restant dressé face à elle en attendant qu’elle prononce un mot, quoi que ce soit. Mais il regretta bien vite d’avoir attendu une simple réaction de la part de sa sœur cadette. « T’étais plus patient quand Logan était encore là... » marmonna-t-elle. C’est tout simplement fou comme les enfants savaient se montrer cruels quand ils le souhaitaient. Il ne fallait pas plus comme parole pour que le cœur d’Aidan se serre. La gamine savait pertinemment que Logan était un sujet sensible qu’elle se devait d’éviter si elle ne voulait pas déclencher une réaction négative chez son frère, que cela soit de la colère ou de la tristesse. Mais dans le cas présent, l’évocation de sa petite amie dans ce contexte où il était déjà tendu par le comportement de sa cadette ne fit que tendre encore un peu plus le châtain qui attrapa immédiatement les épaules d’Eileen, la forçant à le regarder alors qu’il la fixait d’un air sévère. « Continue à dire ce genre de choses et je te jure que… » Mais il fut entrecoupé dans ses paroles par la sonnerie de l’entrée qui résonna trois fois, signe que Jovani était arrivé. Soupirant longuement, Aidan relâcha alors les épaules de sa sœur et tourna les talons afin de se diriger vers l’entrée. Tournant son buste pour regarder l’enfant, il pointa un doigt menaçant dans sa direction, fronçant les sourcils. « Sauvée par le gong. Tu as de la chance ! » Oui, elle avait eu de la chance, car il avait été à deux doigts de la sermonner et de la punir. Il ne supportait pas quand Eileen se servait de Logan pour le blesser quand elle était contrariée et, dans un instant pareil, il aurait été incapable de réagir autrement envers sa petite sœur.

Atteignant l’entrée, il s’empressa alors d’ouvrir la porte et fut soulagé de voir apparaître son ami. « Bonjour ! » s’exclama-t-il dans son habituelle bonne humeur. Levant les yeux au ciel de soulagement, l’irlandais parvint à sourire très légèrement et se décala de la porte de sorte à laisser le passage à Jovani tout en le remerciant à sa manière d’avoir répondu à son appel au secours. « Tu me sauves la vie ! Entre, je t’en prie. » Il laissa ensuite le Sigma entrer et détailler les lieux alors que lui-même refermait la porte d’entrée avant de retourner dans le salon. « Alors, qu’est-ce qu’il se passe ici ? J’ai pas tout saisi au téléphone… » lui demanda-t-il alors qu’ils entraient dans la pièce. Là, il retrouvèrent la petite à genoux face à la table basse, positionnée devant l’ordinateur de son grand frère, à faire bouger la souris dans les divers dossier de son Finder. Agacé, Aidan pressa le pas pour la rejoindre et se positionna derrière elle pour se pencher et attraper ses avant-bras, la forçant à délaisser son ordinateur. Puis il la tira pour l’obliger à se relever, fermant l’écran de son ordinateur pour s’assurer qu’elle ne continuerait son exploration qui était évidemment mise en place pour le rendre encore plus fou qu’il ne l’était déjà. « Il se passe que mon énergumène de sœur ne me laisse pas bosser. » répondit-il alors en baissant la tête pour fixer sa cadette d’un regard sévère, sourcils froncés, lui tenant toujours les avant-bras. « T’avais qu’à jouer avec moi. » Soupirant, Aidan la relâcha et elle s’empressa d’aller s’asseoir au fond du fauteuil, croisant les bras contre son ventre, la mine boudeuse à souhait. L’irlandais la fixa un instant, lui faisant alors comprendre par un simple échange de regard que se mettre en position de victime n’allait pas l’attendrir. Puis il reporta son attention sur Jovani, se lançant ensuite dans de rapides présentations, étant donné que le Sigma n’avait encore jamais rencontré Eileen. « Voilà, je te présente l’énergumène en question : Eileen. Eileen, voilà Jovani, un ami de la fac. » La petite ne répondit rien, se contentant de diriger son regard azure vers le jeune homme qu’elle ne connaissait pas. Décidément, il y avait vraiment des jours où elle avait le don de s’entêter et de faire tourner son frère en bourrique, alors que d’autres jours elle pouvait se montrer adorable, polie et souriante. Mais à croire que cet après-midi là, elle était bel et bien décidée à l’embêter jusqu’à ce que le soleil se couche. « Je pense bien que tu n’as pas de diplôme de baby-sitter mais… ça t’ennuierait de l’occuper juste un moment ? Histoire que je puisse bosser un minimum. » demanda-t-il alors à Jovani, une légère grimace prenant place sur son visage. Il était conscient qu’il lui en demandait beaucoup : généralement, on ne demandait pas à nos amis de garder notre petite sœur afin de pouvoir travailler ses cours tranquillement dans le même appartement. Mais Aidan était tellement désespéré qu’il n’avait vu aucune autre solution que celle d’appeler le Sigma à l’aide.