Cela devait bien faire des mois qu’Alaina ne s’était pas sentie angoissée. Elle, qui avait toujours fait tout son possible, avec succès, pour ne pas perdre le contrôle de la situation ne serait-ce que l’espace d’une seconde, se voyait désormais totalement dépassée par le cours des événements. Et le pire était qu’elle ne voyait pas la moindre sortie à ce pétrin. Tout ce qu’elle pouvait espérer, c’était d’avoir la chance inouïe que Hunter ne regarde pas les poignets qu’il tenait fermement dans ses mains, mais cela relèverait du miracle compte tenu des regards terrorisés qu’elle lançait depuis un moment. Elle ne comprenait pas comment la situation avait soudain pu déraper à ce point. Elle ne connaissait pas cette facette de son ami, qui était certes parfois oppressant et tenace dès qu’il avait quelque chose en tête, mais qui n’avait toutefois jamais rien perdu de sa galanterie innée. À chaque fois qu’Alaina sentait que la situation pouvait devenir gênante, elle l’avait clairement signifié à un Hunter qui, bien qu’un peu grognon, laissait systématiquement tomber au plus grand soulagement de la rouquine. Mais il semblait bien qu’elle avait maintenant trop usé de cette carte, et que Hunter était décidé à ne plus se laisser remballer comme cela avait déjà été le cas plusieurs fois auparavant. Mais de toute évidence, lui aussi s’était laissé emporter par la tournure des événements car jamais elle n’aurait imaginé qu’il se montre aussi persistant, à tel point qu’il l’effrayait. Toute trace d’espièglerie avait disparu du regard noisette de son ami, qui maintenant affichait une mine impatiente et agacée par le manque de coopération de Lanie. Apparemment, il ne supportait pas, au nom de leur amitié, qu’elle lui cache ce qu’il brûlait tant de découvrir. Bien qu’extrêmement mal à l’aise, Alaina trouva encore la force de répliquer, avec toutefois moins de calme et de détermination : « Il n’y a pas de grands secrets, j’appelle ça juste ma vie privée. » Mais il y avait peu de chances que cette réponse contente Hunter. Pourtant, tous les amis d’Alaina savait à quel point elle avait horreur de faire des confidences et de raconter sa vie – c’était une pratique à laquelle elle ne s’adonnait pour ainsi dire jamais, étant extrêmement réservée et discrète, surtout par rapport à son passé, qui demeurait un mystère complet aux yeux de la grande majorité de ses fréquentations. Ce n’était en rien un manque de confiance – si Alaina était extrêmement méfiante envers chaque personne qu’elle rencontrait, il suffisait de lui montrer que l’on était digne de confiance pour qu’elle s’adoucisse. Et une fois qu’on avait gagné cette confiance, elle était totale. Hunter était dans cette position – elle ne manquait absolument pas de confiance à son égard, elle n’était tout simplement pas encline à déballer des confidences auxquelles elle évitait elle-même de penser.

Alaina crut connaître le summum de sa panique lorsque Hunter refusa de la lâcher malgré l’urgence de sa demande. Pire, il la contredit carrément, affirmant non sans raison que son étreinte n’était pas douloureuse. Désormais, Alaina ne voyait plus d’échappatoire possible. Elle lui demanda donc à nouveau de la laisser, prête à lui dire ce qu’il voulait tant savoir. Mais à peine avait-elle terminé sa phrase qu’il l’avait déjà relâchée. Elle n’avait pas manqué de remarquer le regard du jeune homme, qui s’était posé furtivement sur ses jambes auxquelles elle-même avait omis de prêter attention. Son estomac se noua – qu’avait-il vu, au juste ? Il n’y avait pas de grand doute possible, au vu de la réaction du jeune homme. Sous le choc, Alaina oublia de cacher ses poignets et n’eut pas le temps de réagir avant qu’un Hunter visiblement aussi choqué qu’elle ne pose désormais son regard sur ses avant-bras. Elle vit l’horreur se dessiner sur le visage de son ami, suivi de près par une autre expression qui eut un effet similaire à une douzaine de coups de couteau en plein cœur : à moins de s’y méprendre grossièrement, c’était bien du dégoût qu’Alaina avait détecté dans le regard de Hunter. Elle en eut le souffle coupé, incapable de prononcer le moindre mot pour se sortir de se pétrin. La gorge nouée, elle regarda, impuissante, Hunter se lever et reculer, comme si elle était un monstre. Comme s’il voulait la fuir mais se sentait à son tour pris au piège. C’était une vision insupportable pour Alaina, et la raison précise pour laquelle elle avait toujours répugné à parler de son passé peu glorieux. Elle avait toujours eu peur du jugement des autres, et la réaction de Hunter confirmait qu’elle avait eu raison de le redouter. Elle recula jusqu’à s’adosser contre le mur, jeta un coup d’œil à ses cuisses qu’elle ne jugea plus utile de cacher, maintenant que le mal avait été fait et qu’il était clairement impossible de retourner en arrière. Quelques hématomes, quelques marques rougeâtres, comme celles qui barraient ses poignets. Alaina reporta son regard sur Hunter, ne sachant quoi faire. Lorsqu’il l’interrogea, froidement, elle fut à court de mots pour a première fois depuis bien longtemps. « Hunter… Je… » Elle quoi, au juste ? Que pouvait-elle bien dire, après ce qu’il venait de voir ? Elle était totalement dépassée par la situation. Et lorsqu’elle vit qu’il fuyait résolument son regard, ce fut le coup de grâce. Avant qu’elle ait pu s’en empêcher, elle sentit les larmes lui monter aux yeux avant de couler le long de ses joues pâles. Un hoquet silencieux lui secoua les épaules, et, terriblement honteuse, elle enfouit sa tête dans ses bras, croisés sur ses genoux qu’elle avait ramené près de son corps. Elle n’avait jamais ressenti une honte pareille, ne s’était jamais sentie aussi minable. Aucun de ses amis ne l’avait jamais vue pleurer, elle qui s’était toujours efforcée de paraître forte et infaillible. Mais là, il n’était plus question de la moindre force. Tout ce qu’elle voulait, sans y croire, c’était du réconfort. Elle aurait tout donné pour que Hunter la serre contre lui, et la rassure. Mais elle ne pouvait même plus concevoir cette idée alors qu’il brûlait clairement d’envie de partir, peut-être pour ne plus jamais revenir. Car de toute évidence, la découverte qu’il venait de faire était à mille lieues de celle à laquelle il s’était attendue en se lançant dans cette taquinerie qui avait bien trop dérapé.

C’était une douce descente aux enfers. L’ambiance habituellement bonne enfant qui régnait entre les deux amis était désormais lourde et tendue, et un malaise persistant suintait de chaque recoin de la pièce. Si seulement Alaina était parvenue à maîtriser la situation, à calmer la curiosité de Hunter autrement qu’en le provoquant involontairement, ils n’en seraient pas là. Elle ne serait pas assise, se faisant toute petite, laissant les larmes couler silencieusement le long de ses joues alors qu’elle se sentait plus minable que jamais. Minable, devant un de ses meilleurs amis. Comme si cela avait le moindre sens. Comme si, habituellement, elle aurait pu ne serait-ce que concevoir qu’elle pourrait un jour se sentir mal à l’aise en sa présence, qui plus est parce qu’elle redoutait son jugement. Un jugement dont le verdict était des plus évidents à deviner – car le visage froid de Hunter trahissait des sentiments qui glacèrent le sang d’Alaina. Le regarder, c’était l’équivalent d’essuyer une violente gifle. Incrédulité, déception, dégoût, peur, même, les interprétations étaient diverses mais aucune n’était moins désagréable qu’une autre. Alors, elle avait perdu le peu de bonne figure qu’elle était parvenue à conserver jusqu’à présent, et s’était laissée aller aux larmes, témoignant ainsi pour la première fois d’un signe de faiblesse devant Hunter. Car Alaina était ordinairement bien plus pudique par rapport à ses sentiments que son physique, et avait horreur de se trahir dans les moments où ses nerfs étaient mis à rude épreuve. Raison pour laquelle même Hunter ne l’avait jamais vue pleurer… jusqu’à maintenant.

Cette vision avait dû être déstabilisante, car apparemment, les sanglots silencieux d’Alaina eurent raison d’une partie de la colère du jeune homme. Au bout de quelques longs instants de silence, Alaina sentit un contact doux, davantage un frôlement, sur le sommet de son crâne. Hésitante, elle releva la tête et croisa le regard de son ami. Celui-ci était toujours froid, un peu hésitant. Lorsqu’il lui intima de se calmer, d’une voix déjà un peu plus douce que celle qu’il avait prise pour lui adresser la parole juste avant, elle ne put s’empêcher de se jeter dans ses bras. Elle, qui était d’ordinaire peu tactile, abhorrant tout contact physique superflu, semblait désormais sur le point de mourir si cette étreinte venait à prendre fin. Elle se serra contre lui de toutes ses forces, nichant son visage trempé de larmes dans le creux du cou de Hunter. Au bout de quelques moments, ses hoquets finirent par s’espacer jusqu’à disparaître complètement. Sa respiration se fit moins heurtée et ses yeux commencèrent à sécher. Timidement, elle recula, les yeux baissés, avant de les relever vers le visage de son ami. Après quelques secondes de silence supplémentaires, elle prit la parole d’une voix encore quelque peu étranglée. « Je suis vraiment désolée de t’avoir caché ça, Hunter… Je sais que tu dois te sentir trahi, c’est juste que… » Elle prit une profonde inspiration, ne sachant pas trop comment s’y prendre. « J’ai… J’ai vécu pas mal de trucs très moches avant de venir à Berkeley. Et le seul moyen que j’ai trouvé pour me préserver, c’est de n’en parler à personne. Je sais que si j’évoque un truc, des questions suivront et je serai obligée de parler du reste. Alors, je me suis toujours tue. » Elle se mordit la lèvre, continuant péniblement son explication. « Et si je ne t’ai jamais rien dit, c’est pas par manque de confiance, loin de là. Je sais que je peux tout te confier. C’est juste que… Je me sentais pas prête à en parler. Le temps a beau passer, ça reste trop douloureux. Mais si j’avais su que ça finirait comme ça… » Alaina laissa sa phrase en suspens, ne jugeant pas utile de la terminer dans la mesure où elle se doutait bien que Hunter avait compris qu’elle aurait tout fait pour ne pas qu’ils se retrouvent dans cette situation à ce moment précis.

D’un geste pudique, elle frôla les vilaines marques qui barraient ses avant-bras, et se résigna à fournir une dernière explication, consciente qu’elle le devait bien à Hunter. « Il y a un an et demi, l’été avant mon arrivée à Berkeley… J’étais plus mal que jamais…. et j’ai pété un plomb. Les marques, c’est moi qui me les suis infligées. Les blessures étaient profondes, mais pas dangereuses. C’étaient les médicaments qui étaient censés m’emporter. Mais les médecins ont quand même réussi à me sauver, et ça m’a remis les idées en place. » Elle savait combien ce qu’elle était en train d’admettre était dangereux, car elle changeait à tout jamais l’image qu’avait Hunter d’elle – cette image où une part de rationalité la caractérisait, mais celle-ci était désormais mise à rude épreuve par ce récit des plus perturbants. « Mais maintenant, je vais mieux, et j’ai réalisé que ressasser toutes mes erreurs n’allait que me faire du mal, alors j’ai préféré laisser ça derrière moi. C’est juste qu’il y a ces cicatrices qui sont là, tous les jours, pour me rappeler à quel point j’ai été folle, dérangée. »

C’était la première fois qu’elle évoquait ouvertement ses cicatrices devant quelqu’un. Et cela la terrifiait. Aussitôt eut-elle finit de parler qu’elle détourna le regard, embarrassée et appréhensive quant au jugement de Hunter. Ça ne devait pas être facile à entendre pour le jeune homme, qui tombait probablement de très haut ce soir… mais Alaina estimait qu’il avait droit à une explication après ce qui venait de se passer, même si cette explication n’était sans aucun doute celle qu’il aurait voulu entendre.

Revirement de situation. Une fois de plus. Heureusement, celui-ci prenait des allures bien plus agréables que son prédécesseur. Soulagée et rassurée de revoir le Hunter qu’elle connaissait refaire surface, Alaina se laissa aller dans ses bras, bercée par son odeur familière. La simple idée de perdre un jour son ami la terrorisait, et plus que jamais elle réalisait combien elle tenait à lui. C’était bien plus qu’un simple ami – il était l’une des personnes à qui elle tenait le plus et avait appris à l’apprécier et à lui faire confiance en un temps record. Les apparences avaient beau privilégier son visage froid et distant, Lanie ne pouvait jamais s’empêcher de céder à la bouille d’ange de son ami. Même lorsqu’elle était d’humeur grincheuse – et c’était souvent le cas – il était capable de l’adoucir, et si ce soir avait pris des proportions excessives, il s’agissait sans aucun doute d’un cas unique – raison pour laquelle la rouquine s’était laissée aller aux larmes devant Hunter, ce qui était un phénomène inhabituel, pour ne pas dire totalement impossible dans l’écrasante majorité des cas.

Les paroles de Hunter, rassurantes et contrastant avec le ton qu’il avait employé un peu plus tôt avec elle, apaisèrent la Gamma, qui reconnaissait enfin son ami. Elle esquissa un petit sourire mouillé alors qu’il parlait et fit de son mieux pour reprendre contenance, déjà honteuse d’avoir perdu son calme. Le drame semblait déjà loin, et tout cela n’avait plus d’importance – tout ce qui comptait était le fait que cette dispute, brève mais pas moins frappante, était désormais derrière eux. Elle ne s’offusqua pas de la raideur encore présente dans les paroles de Hunter, consciente qu’il ne servait à rien de la prendre personnellement. Visiblement, tous deux réalisaient que leur conflit était le simple fruit d’un emportement et regrettaient d’avoir perdu les pédales, ne fût-ce que pendant quelques minutes. Lorsqu’il prit une de ses longues mèches rousses en main pour jouer avec, elle ne réagit pas. Il savait qu’elle abhorrait les contacts physiques inutiles, pourtant, en ce moment, elle n’aurait voulu quitter ses bras rassurants pour rien au monde. Elle se surprit à trouver le contact des doigts du jeune homme avec ses cheveux agréables, alors que d’ordinaire elle aurait déjà lancé l’une ou l’autre réplique acide pour lui faire savoir son mécontentement. Et lorsqu’il reprit la parole pour la réconforter, sans laisser transparaître le choc que pouvaient provoquer les aveux de Lanie, elle se sentit définitivement mieux. Tout semblait être redevenu normal – même s’il était clair que rien ne serait plus jamais comme avant. Pour la première fois, elle s’était livrée sans réserve, même si ce n’était pas de son plein gré. Elle avait confié l’un de ses secrets les plus sombres, s’était laissée aller aux larmes. Et il était là pour elle. La terreur qu’elle ressentait habituellement rien qu’à l’idée de devoir dévoiler une parcelle de son passé ne se fit pas ressentir. Car si Alaina protégeait aussi jalousement ses secrets, c’était en grande partie parce qu’elle redoutait que des révélations puissent lui coûter ses amitiés. Elle avait cru qu’elle en arriverait à cette extrémité, lorsque Hunter s’était éloigné d’elle quelques minutes auparavant, refusant de croiser son regard. Mais désormais, elle savait qu’elle avait eu raison de lui faire confiance. Elle se sentit plus calme et sereine, et balayée par une vague d’affection à l’égard de son ami.

Un petit rire encore légèrement étranglé s’échappa de sa gorge alors qu’il déclara qu’elle était un peu plus extrême que la moyenne dans la manière d’extérioriser ses problèmes. Du Hunter tout craché. Décidément, elle ne savait pas ce qu’elle ferait sans lui. Quelques secondes de silence s’ensuivirent, mais Lanie ne ressentit pas le besoin immédiat de combler celui-ci. Il y avait des moments où le silence était bien plus parlant que tous les mots au monde, et celui-ci en faisait partie. Elle se contenta donc de rester dans les bras de Hunter, laissant ses pensées vagabonder du côté de son passé. Sans aucun doute, celui-ci était truffé de moments difficiles et tellement atroces qu’elle se refusait habituellement ne serait-ce que d’y penser. Alaina n’était pas du genre à dramatiser les choses – bien au contraire, elle préférait toujours relativiser, persuadée qu’il s’agissait là du seul moyen de ne pas perdre la boule une fois pour toutes. Mais il était difficile de minimiser l’importance de certains moments de son passé, aussi préférait-elle tout simplement ignorer les souvenirs qui y étaient liés, en espérant qu’ils finissent par s’effacer, ou au moins devenir suffisamment brumeux pour que leur évocation fût moins douloureuse. Elle n’y était pas encore parvenue, mais réalisait désormais que le simple fait de se confier avait permis d’aller de l’avant, même si ce n’était que d’un infime pas. Jamais elle n’avait évoqué sa tentative de suicide devant quiconque. Même le psychiatre qu’elle avait été forcée de consulter après avoir été sauvée de justesse n’avait pas su tirer grand-chose de ses grands sourires forcés et des efforts démesurés qu’elle faisait pour persuader le monde entier qu’elle allait bien. Maintenant qu’elle avait enfin pris la peine de parler de cette nuit où elle avait failli perdre la vie, elle avait l’impression qu’on avait retiré un peu de venin de son corps fatigué. Et cette sensation était aussi rafraichissante qu’apaisante. Elle finit par murmurer un petit « Merci » empreint de toute la sincérité du monde, auquel succédèrent à nouveau quelques instants de silence.

Au bout d’un moment, elle se sentit à nouveau plus ou moins dans son état normal, faute d’un meilleur terme, et finit par se détacher de Hunter, lui adressant un petit sourire. Comme pour lui signifier qu’elle était toujours la même Alaina. Une jeune femme qui avait certes pété les plombs à un moment de sa vie, mais qui s’efforçait de rester forte et souriante et qui ne voulait surtout pas de la pitié des autres. Elle redoutait plus que tout d’être traitée comme une infirme, un paria ou tout simplement quelqu’un de fragile. Elle savait que Hunter comprendrait et qu’il s’en tiendrait probablement à ses habituelles taquineries. Bien sûr, il ne devait pas être facile de concilier ces deux images d’Alaina pour les assimiler à une seule et même personne, mais elle était bien décidée à faire primer l’ancienne image, sans refaire l’erreur de tenter d’effacer totalement sa partie plus fragile. Se relevant maladroitement, elle tendit ensuite la main à Hunter pour l’aider à faire de même. « C’est pas tout ça, mais j’ai cours demain, moi. Allez viens, je te laisse même dormir dans mon lit si tu veux – c’est vrai que la moquette, c’est pas ce qu’il y a de plus confortable. » Un nouveau sourire. Et l’espoir que jamais leur amitié ne cesserait d’exister.