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long time no see, anything you wanna tell me? ❥ THAÏS&ALAINA

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MessageSujet: long time no see, anything you wanna tell me? ❥ THAÏS&ALAINA long time no see, anything you wanna tell me? ❥ THAÏS&ALAINA EmptyDim 9 Déc - 12:43



Long time no see, anything you wanna tell me?

THAÏS, ALAINA


long time no see, anything you wanna tell me? ❥ THAÏS&ALAINA Tumblr_mdl6jfWCop1r1z42fo2_250Après des mois et des mois de doutes, de douleur, de peine, d’interrogation, d’injustice, la vie d’Alaina Selwyn semblait enfin prendre du sens. Oui, pour la première fois depuis plus longtemps qu’elle pouvait s’en souvenir, elle allait bien. Elle se sentait heureuse, ne ressentait plus d’inquiétude, de tristesse ou de stress en permanence. Sa vie semblait enfin avoir pris un sens. Tous les soucis, le pessimisme et autres joies de la vie s’étaient envolés. Désormais, quand la rouquine souriait de toutes ses dents, ce n’était plus pour camoufler l’un ou l’autre malaise, mais tout simplement parce qu’elle était sincèrement épanouie. Elle n’avait pas goûté au bonheur depuis belle lurette... Des années et des années, pour être exact. Pendant tout ce temps, Alaina avait toujours été tourmentée. Et certes, une partie de ses tourments persistait, car certains démons du passé ne peuvent tout simplement pas partir du jour au lendemain. Mais une chose était indéniable : Alaina s’était considérablement améliorée.

Une raison pour expliquer tout ce bonheur apparemment sorti de nulle part ? Il s’agissait d’un garçon. Et la situation était loin d’être des plus probables – car pendant des mois, il avait été une des sources principales des tourments de la jeune femme. Il l’avait blessée plus d’une fois, et pas seulement psychologiquement. Et Alaina avait beau être forte, indépendante et autonome, elle n’avait jamais réussi à lui tenir rigueur de ces accès de rage qui faisaient de l’agneau qu’il était habituellement un monstre méconnaissable. Résultat, il avait en vain tenté de quitter sa vie, de la laisser évoluer en son absence. Mais ils avaient tous deux réalisé au bout d’un petit moment que ce n’était en rien une solution. Et au final, ils avaient décidé de tenter le coup. Alaina ne savait pas ce qu’elle ressentait pour Lennon. Elle ne savait pas si un jour, ce serait le véritable amour, celui dont tout le monde lui avait parlé, celui décrit dans tous les films les plus célèbres, celui sur lequel elle rêvait de tomber un jour depuis qu’elle n’était qu’une petite fille. Mais en tout cas, il devait y avoir quelque chose – si ce n’était pas de l’amour, c’était au moins quelque chose d’extrêmement fort, car désormais, Lennon était officiellement le seul homme de tout Berkeley, de tout San Francisco, de tout l’État, du monde entier, à pouvoir se vanter d’être parvenu à avoir Alaina. La jeune femme, dont tout le monde savait qu’elle était intouchable, impossible à séduire et avec qui personne n’avait jamais conclu, avait enfin ouvert son cœur à quelqu’un – à défaut de lui ouvrir les jambes. Mais tout le monde savait que ce n’était qu’une question de temps.

Alaina ne savait pas vraiment comment c’était possible, mais tout le monde semblait être au courant de sa nouvelle situation amoureuse – elle avait même l’impression que des personnes à qui elle n’avait jamais parlé et qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam savaient avec qui elle sortait. Pourtant, elle n’était pas particulièrement populaire. Elle avait juste cette réputation, en soirée, de la fille désirable à tel point que c’en était indécent, et tout aussi intouchable… À croire que le contraste entre cette réputation et sa nouvelle situation amoureuse avait transformé Alaina en célébrité à l’échelle du campus. En temps normal, cette situation l’aurait révoltée, et elle se serait montrée très peu conciliante. Horripilée par les rumeurs et les personnes qui se mêlaient de ce qui ne les regardait pas, elle aurait fini par provoquer une scène mémorable avec la première personne manquant de discrétion – et on sait tous que cela n’aurait pas duré longtemps. Mais rien ne semblait pouvoir atteindre Alaina. Elle vivait sur ce petit nuage de bonheur et ne prêtait pas la moindre attention à ce qu’on disait à son sujet. Tout ce qui comptait, c’était qu’elle était heureuse, pour la première fois depuis si longtemps.

Depuis quelques semaines, donc, Alaina avait la manie agaçante d’afficher un sourire béat en permanence. Elle débordait d’une joie qu’elle tentait à peine de masquer, le genre de joie qui n’avait qu’un effet sur les autres : les horripiler au possible. D’ordinaire, Lanie n’aurait eu qu’un réflexe : masquer tant bien que mal ces émotions un peu trop exubérantes. Tout d’abord, parce qu’elle n’aimait pas montrer ce qu’elle ressentait, en particulier à une foule d’inconnus. Et ensuite, parce qu’elle détestait raconter sa vie et que quand on affichait une tête presque abrutie par tant de bonheur, cela suscitait forcément des questions. Du coup, quand questions il y avait, Alaina se contentait de sourire sans jamais s’éterniser. Pour être franche, elle n’aimait pas la compagnie de grand monde à Berkeley, et se contentait toujours de rester avec les quelques personnes qu’elle appréciait réellement, peu encline à faire preuve de diplomatie ou de politesse alors qu’il n’y avait pas le moindre sentiment sincère derrière ces efforts. Elle était l’adepte numéro un de l’adage qui disait qu’il valait mieux être seule que mal accompagnée. Aussi n’était-il pas rare qu’elle se rende à un endroit seule, sans se soucier de rencontrer quelqu’un sur place ou non. Rien de très étonnant à ce qu’elle se rende seule au bar de l’université – elle passa commande et se rendit aussitôt sur la terrasse, coca à la main. C’était là un des plus gros avantages de la vie en Californie – même en décembre, on pouvait se permettre de s’installer à la terrasse sans craindre le froid. Alors qu’elle s’apprêta à s’asseoir, elle repéra un visage familier et sa mine s’éclaira d’un sourire, qui pour une fois n’avait aucun rapport avec Lennon. Elle se dirigea vers la jeune femme qu’elle venait de reconnaître et la héla, taquine : « Tiens, tiens, je connais quelqu’un qui ne semble pas juger nécessaire de me donner le moindre signe de vie… Il faut que je t’envoie une carte postale, ou une invitation, pour espérer entendre la moindre nouvelle ? » Le sourire malicieux d’Alaina démentait son reproche, et la demoiselle ne semblait absolument pas tenir rigueur à ThaÏs de son silence. Elle s’installa face à la jolie Alpha, celle-ci faisant partie des rares personnes avec qui elle appréciait de passer du temps. « Ça fait une éternité que je t’ai pas vue, ma vieille. Il doit y avoir un milliard de trucs que t’as à me raconter ! » À commencer par la situation locomotrice de Thaïs – depuis quelques temps, elle avait commencé à retrouver peu à peu l’usage de ses jambes, et Alaina avait rarement été aussi enthousiaste et dévouée envers son amie qu’au moment où elle avait découvert que celle-ci allait peut-être enfin pouvoir retrouver une vie normale. Alaina n’avait jamais traité Thaïs d’une manière particulière parce qu’elle était en chaise roulante, au contraire, elle s’était toujours efforcée de la faire se sentir aussi normale que possible. Mais il y avait forcément des situations dans lesquelles il était difficile de prétendre que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Maintenant que cela allait peut-être changer pour de bon, Alaina était plus qu’heureuse d’assister Thaïs dans cette importante transition. Mais ces derniers temps, elle n’avait pour ainsi dire pas eu la moindre nouvelle de Thaïs, n’ayant, de son propre côté, envoyé que quelques messages sans réellement se fouler davantage. Sans doute dépassée par sa vie un peu trop rose. Non pas qu’Alaina ait la moindre leçon à donner à qui que ce soit à propos de donner des nouvelles… Après tout, cela faisait désormais plus d’un mois qu’elle évitait de donner la moindre nouvelle au frère de Thaïs – comme le monde est petit. Mais ça, c’était encore une autre histoire. Elle chassa rapidement cette pensée de son esprit, avide d’entendre ce que Thaïs avait à lui raconter.


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MessageSujet: Re: long time no see, anything you wanna tell me? ❥ THAÏS&ALAINA long time no see, anything you wanna tell me? ❥ THAÏS&ALAINA EmptyDim 9 Déc - 20:51

« . GOD KNOWS WHAT IS HIDING IN THOSE WEAK AND DRUNKEN HEARTS . »
Dans un rayon de lumière matinale, la silhouette menue de Thaïs se trouvait sous les draps blancs froissés de sa grande chambre commune universitaire. La veille, elle s'était mise au lit comme une enfant sage, seule et parfaitement sobre, après la lecture de l'œuvre littéraire d'Emily Bronte. Pourtant ce matin, la sonnerie mélodieuse de son téléphone portable la fit sursauter, vibrant au fond de sa sac en bandoulière noir. Surprise, elle y fouilla d'une main, le buste légèrement penché sur le bord du lit, et les yeux rivés à la recherche de la machine chansonnante. Puis, de ses lèvres légèrement pincées, elle finit par décrocher, en espérant ne pas avoir réveiller l'un de ses camarades, endormis à ses côtés. « Allô … Thaïs ? .. Je ne t'ai pas réveillée au moins ? » La voix familière et aimante de sa mère fit apparaître sur son visage un tendre sourire, et des tâches rosées sur ses joues fraîches. La jeune française passa délicatement sa main gauche dans sa chevelure brune, tout en jetant un regard avisé sur l'immense horloge de la pièce. 7:20. Spontanément, elle lâcha un vif juron, et balança ses draps sur un côté pour extirper ses jambes immobiles de son lit. « Non, non, pas du tout. J'étais en train de.. » Il lui fallu un court instant avant de répondre, un laps de temps où elle se creusa la tête pour trouver une excuse valable et plausible à faire avaler à sa mère héroïne. Un sourire nerveux baignant les courbes régulières de ses lèvres roses, Thaïs se redressa au bord de son lit, attrapa sa béquille couleur grisâtre, et s'en servit savamment pour se lever. « … écouter de la musique. Tu sais, la chanson de Simba quand il est dans la jungle avec Nala ? Oh, je l'adore, elle est tellement bien ! » s'exclama la jeune fille, en déclenchant le fonctionnement de son ipod haut-gamme. Elle fit mine de murmurer les paroles avec son accent français peu appliquée, et avança du mieux qu'elle le pouvait pour sortir de la chambre. Sur son passage, elle contempla les visages endormis de ses camarades blottis sous leurs masses de couettes blanches, et se félicita de ne pas avoir perturber leurs sommeils. « Baisses donc la musique un moment, je ne t'entends plus. » Sa mère gloussa, un peu agacée, et Thaïs l'imaginait parfaitement bien à cet instant, en train de battre des cils avec cet air résigné qu'elle chérissait tant. « Bien. Ma fille ne cessera donc jamais d'être une enfant. » poursuivit-elle sur un ton attendrie, tandis que la jeune étudiante, le téléphone toujours collée à son oreille gauche, s'engouffra dans les couloirs dans la résidence Victor Hugo, sous les regards intrigués des étudiants dont les visages surgissaient un à un. Ils la dévisagèrent d'un œil curieux, observant son petit short blanc en laine, et son vieux tee-shirt gris délavé qu'elle portait pour dormir. Faisant mine d'ignorer l'attention qu'ils lui partait, Thaïs, amusée, se mit à rire à gorge déployée en appuyant les paroles de sa mère. Bien sûr que non, elle ne grandira jamais. Elle a toujours été cette petite fille amoureuse de la vie, des princesses et des royaumes, des fées et des créatures magiques. Elle se définit elle-même comme la descendante des héroïnes de Disneys, tellement saisie par le courage de Belle, et la liberté de Pocahontas. Le récit de sa vie se voulait mordant et réaliste, doublée par une histoire d'amour incontestable avec un beau prince charmant. Les affres du monde entier s'étendaient à ses pieds sans ne jamais l'atteindre. Cette force, cette raison croissante qu'elle contenait en elle, avaient plantées leurs racines dans ces contes enfantins, qu'elle lisait chaque soirs lorsqu'elle était enfant. « Tu avais quelque chose de particulier à me dire ? » A cet instant, Thaïs franchisa la porte de la grande salle commune de la résidence, y trouva son grand fauteuil imposant, et finit par s'y jucher. Malgré ses récentes prouesses de rééducation, elle ne parvenait pas à marcher longuement sans s'épuiser, la fatigue de ses muscles faisant frémir le haut de ses cuisses, et les os de ses genoux. « Oh, je voulais simplement prendre de tes nouvelles. Tu m'avais l'air si triste ces derniers temps, j'avais si peur, tu sais. Mais ne crois-pas que je joue encore ces mères ultra protectrices qui s'inquiètent pour un rien ! Ce n'est pas mon genre. » Sa voix s'enflamma d'un seul coup, s'embruma dans une profonde sensibilité : elle martela ses propos avec une grande ferveur. De son côté, Thaïs y perçu l'intonation basse et douloureuse de sa voix. Pour autant, elle esquissa un léger sourire en silence, et laissa sa mère poursuivre, ne sachant quoi répondre. Elle l'entendit cette fois-ci, plus grave et affectueuse. « Tu me manques tellement. » Son aveu fut si vif et intense que Thaïs eu un mouvement de recul. Elle se raidit, sentit le bout de ses doigts trembler, son cœur frapper contre sa poitrine. Totalement immobile sur son fauteuil en acier, la jeune française, étonnée, tâcha de dissimuler son embarras. Sa mère avait toujours veillée à l'intégrité de ses enfants, et avait souvent concoctée d'un œil embué et d'un sourire confiant, des petits plats français aux parfums somptueux. Embarrassée, elle s'humecta les lèvres du bout de la langue, emprunta à nouveau les couloirs lumineux de la résidence, et prit la direction des douches communes des filles. Thaïs finit par sentir un grand chagrin l'envahir. Sa mère se faisait du soucis pour elle, réclamait son attention, dévoilait ses sentiments cachés de femme trop secrète, et elle était incapable de lui répondre. La bouche entrouverte, le regard vide, l'expression fermée de son visage d'enfant. Il y eu un bref silence, puis, de sa voix la plus douce de petite fille, elle répondit. « Ne t'en fais pas, je vais bien. Très bien même. J'avais juste besoin de régler quelque chose avec moi-même, c'est tout. » Elle marqua une pause, assez longue pour reprendre sa respiration. « A un moment donné, nous passons tous par des moments difficiles, n'est-ce pas ? » Conquise, sa mère appuya sa remarque savante, laissant sa fille ravie d'avoir éluder la question interdite. Elle écouta ensuite sa diatribe interminable, contant ses histoires rocambolesques marquées par ses séances de yoga le samedi matin, ses cours de cuisine, et sa passion pour les animaux. Sa mère était une femme formidable d'une beauté saisissante, aimante, et aimée de tous, autant d'éléments incontestables qui la rendait si fière d'être sa fille. Son sac en bandoulière déposée sur ses genoux, elle ouvrit d'une main la double porte de la salle de bain, et aperçut la longue file d'attente qui longeait la pièce. Elle lâcha un vaste soupir, résignée, retourna dans la salle commune, et troqua son immense fauteuil pour sa fine béquille en argent. Elle quitta les lieux, et entreprit de regagner les douches communes. Stupide idée, songea t-elle, un peu agacée. De sa démarche vacillante, ses pieds se croisèrent avec une allure étrange, épousèrent difficilement le sol. Ses genoux tremblèrent, déjà faibles et éreintés. Son bras gauche élançait sa canne d'appui, et ses jambes suivirent dans le même mouvement, sec et raide. Essoufflée et ralentie derrière sa montagne d'efforts, Thaïs finit par couper l'éternel monologue de sa mère dans un élan de lucidité. « Je passerai ce week-end si tu veux, et je t'apporterai les premières lignes de mon scénario. Oh, tu vas sans doute rire, mon écriture est minable, je dirais même profondément détestable ! » bougonna t-elle, avant d'entendre le rire tendre de sa mère résonner au creux de son oreille. Elle prêta quelques minutes à lui expliquer pour quelles raisons sa tentative d'aboutissement à une œuvre cinématographique était vaine. Or, de tous les textes qu'elle avait pu écrire et abandonnée depuis ces deux dernières années, celui-ci fut le premier à être totalement achevé, et avait éviter de justesse ce rituel propre aux écrivains et aux autres artistes de la littérature, celui de balancer avec rage son œuvre au fond de sa poubelle d'étudiante. Son scénario, qu'elle appelait communément gribouillis ou ébauche inachevé, tenait pourtant parfaitement la route, et était empreint d'un talent inouï que Thaïs, de ses yeux bien trop modestes, peinait à entrevoir. Sa mère tâcha en vain de la persuader du bien fondé de son œuvre, essayant de démolir cette idée de déni qu'elle avait finie par ancrer dans son esprit. La jeune alpha finit par abréger la discussion, déterminée à ne pas laisser sa place filer. « Je dois te laisser, on parlera de tout ça plus tard. !. » déclara t-elle à voix basse, avant de raccrocher et de se précipiter dans l'une des cabines de douche disponible. Le teint parfumé aux fruits rouges; ses longs cheveux bruns humides déversés sur ses frêles épaules, Thaïs et sa béquille d'argent s'extirpèrent de la salle brumeuse, saisie par une chaleur étouffante, et prirent le chemin de l'université. Sa vieille silhouette de danseuse, abimée par les anti-douleurs et les médicaments qu'elle absorbait chaque jours, s'étirait dans la douceur du mistral californien, sur les allées dégagées du campus. Vêtue d'un jean basique, et d'une veste caramel, elle portait aux pieds ses incontournables converses, toujours assorties au reste de sa tenue. Une écharpe fleurie s'enroulait autour de son cou, et lui donnait l'allure d'une petite frenchie, au regard adorable et aux yeux bruns affectueux. L'air charmant aux coins de ses lèvres roses, elle se rendit au bar de l'université, The Albatross, et renifla l'odeur chaude de la pâtisserie. Au même instant, elle sentit le creux de son ventre marmonner un long ronflement qu'elle seule, su attendre. Pour rien au monde, la petite Thaïs manquerait de savourer son petit-déjeuner. C'est sacré, s'exclammait-elle toujours, devant ses nombreuses copines de lycée dont le simple fait de sauter plusieurs repas pour conserver leurs silhouettes longilignes, était devenu une triste habitude. Un verre de jus d'orange pressé dans une main, son sachet rempli de viennoiseries à la crème dans l'autre, elle s'installa près de la rambarde d'un terrasse, son sac déposé sur la chaise voisine. Avec le coeur émerveillé d'une petite fille, Thaïs dégusta les saveurs sucrés de son déjeuner, le visage rayonnant sous le soleil. D'un bref instant, elle vit apparaître la jeune gamma, Alaina, une de ses plus grandes amies à Berkeley. Cette dernière l'accosta d'un air ravie, et lui fit remarquer son manque de présence. Heureuse de retrouver sa complice, la française étira les traits de ses joues dans un large sourire. Elle manqua de s'étouffer, sentant un rire naître au fond de sa gorge. « Que veux-tu, c'est ça d'être célèbre. On n'a plus une minute pour soi ! » plaisanta t-elle, en couvrant sa voix de ce ton théâtrale, imitant avec grâce l'attitude désinvolte des Bêtas. A croire que la cohabitation commençait sérieusement à lui taper sur le système. Amusée, elle se leva légèrement, ses mains tendues sur la table, le visage en avant, et embrassa son amie. Une fois rassis, Thaïs vu stupéfaite son sachet vide dans ses mains, restant quelques miettes orangés seulement éparpillés tout autour d'elle. Elle mangeait comme une enfant, avec ce coeur innocent, et aimait laisser des couches de lait recouvrir le haut de ses lèvres. Son verre de jus à la main, elle écouta les dires d'Alaina avec attention et frénésie, et y répondit sur le champ. « Oh tu sais, la routine. Non, franchement, rien de bien palpitant. » Thaïs ria, et passa une main dans ses cheveux. Le regard perché vers le sol, elle attrapa sa béquille, sa nouvelle héroïne, et la montra à son amie. « Les choses se passent plutôt bien. Et tu vois, ça ? Je crois que je n'ai jamais été aussi heureuse de pouvoir m'en servir. Et de laisser mon bon vieux fauteuil pourrir dans le grenier. » poursuivit-elle, toujours aussi enthousiaste. D'un seul coup, elle se sentit gênée, comme si des douleurs enfouies la submergeaient de chagrin. Son sourire resta stoique sur son visage, mais son regard, ce regard d'enfant se perdit sur le verre en plastique qu'elle tenait entre ses mains. « Enfin... rien n'est vraiment gagné. Les médecins disent que c'est un miracle si j'ai réussie à remarcher. J'espère simplement que ça durera, c'est tout... » Elle haussa ses épaules d'un air hésitant et incertain, puis afficha un sourire timide sur ses lèvres. Thaïs avait toujours espérée, sans trop le montrer. Elle restait distante, insaisissable à ce sujet. Une forteresse géante la protégeait, et elle s'était battue pour la maintenir. Déterminée, elle secoua brusquement sa tête, et bouscula la nappe de ses peurs en dehors de son esprit. « Et toi alors, comment tu te sens ? » s'enquit-elle intriguée, en feignant d'évoquer son frère jumeau, même si la flamme de sa curiosité embrasait le bout de sa langue. « Tu vas dire que je suis chiante, oh j'en suis sûr ! Mais il faut que tu me dises pour Matty. » se pressa t-elle de déclarer, incapable de se retenir. Son coeur de princesse s'accéléra d'une seconde à l'autre, impatiente de découvrir la suite de cette histoire rocambolesque, à la manière de ses livres de Disneys, où le suspens et la tension étaient le fil conducteur de ces tendres romans. Un silence sépara les deux jeunes femmes, un goût d'enfance extasia la petite Thaïs.


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MessageSujet: Re: long time no see, anything you wanna tell me? ❥ THAÏS&ALAINA long time no see, anything you wanna tell me? ❥ THAÏS&ALAINA EmptyVen 14 Déc - 21:54



Long time no see, anything you wanna tell me?

THAÏS, ALAINA


long time no see, anything you wanna tell me? ❥ THAÏS&ALAINA Tumblr_mdl6jfWCop1r1z42fo2_250La compagnie de Thaïs avait un effet presque magique sur Alaina. L’innocence, l’optimisme et la candeur de la jeune femme de la jolie française étaient contagieux et quand Alaina était avec elle, elle avait l’impression que tous ses soucis disparaissaient. L’optimisme débordant de Thaïs était impossible à ignorer. Son sourire était communicatif, tout comme chacun de ses rires, et ses yeux pétillaient avec une malice qu’on ne trouvait habituellement que chez les enfants qui avaient jusqu’alors été à l’abris de tous les malheurs et de la moindre douleur. Sauf que Thaïs n’était pas une enfant, et qu’elle avait déjà vécu son lot de douleurs et d’épreuves à traverser – à commencer par l’accident qui avait provoqué son handicap. Thaïs n’était clairement pas la plus chanceuse des personnes qu’Alaina avait eu l’occasion de rencontrer, mais elle était de loin la plus énergique et la plus courageuse. Pas une seule fois, Alaina ne l’avait vue succomber, céder aux difficultés qu’elle avait à confronter. Elle ne se plaignait pas de ses jambes, préférait se fixer sur les progrès qu’elle faisait plutôt que de se lamenter sur le long chemin qu’il lui restait à parcourir. Alaina ne pouvait donc faire autrement que de relativiser, à force de fréquenter une Thaïs aussi optimiste et positive. Ses propres problèmes lui semblaient tout de suite moins importants, lorsqu’elle voyait à quel point Thaïs arrivait à minimiser les siens. Oui, Alaina éprouvait une admiration significative pour son amie et ne manquait jamais de le lui montrer – tout comme elle ne cherchait pas à cacher à quel point elle trouvait la présence de la demoiselle bénéfique pour son propre moral. Sans aucun doute Thaïs était-elle l’une des plus belles trouvailles d’Alaina à Berkeley. Pas un seul moment, elle ne regrettait d’avoir pris la peine d’apprendre à connaître l’Alpha, tant celle-ci était bourrée d’agréables surprises et de bons moments à découvrir.

Là encore, le chaleureux accueil que lui réserva Thaïs arracha un sourire à Alaina – être accueillie avec une touche d’humour empreinte de cette innocence qui était propre à Thaïs, c’était quelque chose que la Gamma adorait. Alaina arbora une moue sceptique lorsque Thaïs dit ne rien avoir de spécial à raconter et ne se priva pas de remettre en question la réponse de la demoiselle. « Comment ça, rien de palpitant ? Bientôt, tu pourras faire ton premier marathon ou devenir pro du saut en longueur, et tu me dis qu’il y a rien de palpitant ? Tu sais quand même que t’as pas besoin de me raconter une rencontre avec Obama pour m’intéresser, j’espère ? » Alaina adorait taquiner Thaïs de la sorte, ne serait-ce que pour la faire parler davantage – et apparemment, cela fonctionna car Thaïs se pencha pour ramasser sa béquille. Alaina afficha une moue appréciatrice et esquissa un sourire ravi lorsque Thaïs lui confia qu’elle parvenait à se déplacer rien qu’avec cette béquille. La jeune rousse étouffa une exclamation de joie, l’air aussi excitée qu’un enfant à l’arrivée de Noël. « Tu parles ! On va le brûler, ce fauteuil ! C’est vraiment génial que tu progresses autant. Et j’ai tellement hâte que tu puisses te débarrasser de toute cette galère… » Alaina s’interrompit toutefois en voyant l’air désormais sceptique qu’affichait son amie. Apparemment, même si Thaïs était du genre optimiste et positive, elle n’en restait pas moins terre-à-terre en ce moment, et manquait de conviction. Alaina soupira et prit la main de Thaïs, arborant toujours un sourire confiant. « On s’en fout de ces médecins, ma vieille. C’est peut-être un miracle, mais regarde-toi : t’es un miracle sur pattes ! Crois-moi, tôt ou tard, tu marcheras, et sans béquilles. Et là tu pourras leur en boucher un coin, à tous tes médecins ! » Alaina n’était pas du genre à faire preuve d’un optimisme débordant, au contraire, même si elle s’efforçait de voir le bon côté de chaque situation, elle ne perdait jamais de vue que tout pouvait également mal se passer. Mais étrangement, la magie de Thaïs semblait avoir déteint sur la jeune femme et elle ne pouvait concevoir que cette magie puisse déserter son amie au moment où celle-ci en avait le plus besoin… Ce serait tellement injuste que Thaïs soit privée du bonheur de pouvoir marcher à nouveau, alors qu’elle méritait d’être heureuse et de vivre une vie plus simple. Et s’il fallait se battre pour que Thaïs finisse par retrouver l’usage complet de ses jambes, Alaina allait soutenir son amie jusqu’au bout. Tôt ou tard, Thaïs finirait par revivre une vie normale, et Alaina était prête à en faire le serment. De plus, la Gamma avait foi en son amie. Elle ne l’avait jamais vue baisser les bras et ne s’attendait pas à la voir désespérer maintenant, alors qu’elle était si proche du but qu’elle espérait atteindre depuis bien trop longtemps.

Mais la conversation prit soudain un autre tournant, et Alaina était loin de se douter ce que Thaïs avait derrière la tête. Lorsqu’elle lui demanda comment elle allait, la rouquine esquissa un large sourire et répondit avec un enthousiasme qu’on lui connaissait rarement. « Mieux que bien, pour tout te dire. J’ai l’impression que ma vie est parfaite pour la première fois depuis des années. Ça m’avait manqué. » Si Alaina évitait soigneusement de déballer ses états d’âme au premier énergumène venu, il en allait autrement avec Thaïs – alors que la Gamma protégeait jalousement la moindre de ses émotions et se refusait à les partager, trop effrayée à l’idée de s’exposer plus que de raison, elle se confiait volontiers à Thaïs. Une chose était sûre, la française avait su la mettre en confiance et pas un seul instant, Alaina ne doutait de la gentillesse et de la bonté de son amie. Elle lui témoignait une confiance sans limites, et il était de notoriété publique que c’était là un événement des plus rares. Alaina faisait partie des personnes les plus méfiantes du campus, ne se laissant approcher que difficilement, et au prix d’une ténacité et d’une patience à toute épreuve. Elle avait été trop blessée de par le passé, et on lui avait toujours appris à se méfier des autres et à leur mentir pour préserver une réalité trop honteuse. Et même si Alaina faisait de son mieux pour se débarrasser de tout ce que lui avaient inculqué ses grands-parents, leur éducation laissait toutefois des séquelles, parmi lesquelles figurait cette difficulté maladive à se laisser aller aux confidences en présence de autres. Même lorsqu’elle s’entendait à merveille avec quelqu’un, Alaina conservait son jardin secret et une certaine réserve, se refusant à telle ou telle confidence, persuadée que tout ce qu’elle révélait pouvait finir par se retourner contre elle. Mais avec Thaïs, la jeune femme se transformait en parfaite adolescente, confiant ses états d’âme sans aucune réserve, heureuse, même, de pouvoir exprimer ce qu’elle ressentait à une oreille qu’elle savait attentive et digne de confiance. Et jusqu’à présent, Thaïs ne l’avait pas déçue une seule fois, et ne lui avait jamais réservé la moindre mauvaise surprise…

Mais apparemment, cette fois-ci, Thaïs semblait déroger à ses habitudes – car la surprise tomba quelques secondes à peine après qu’Alaina lui ait répondu. La jeune rousse tomba de haut en entendant ce que lui dit Thaïs, ses yeux s’écarquillant légèrement sous le coup de la surprise. Matty, elle avait dit Matty. Soudain, Alaina se sentit quelque peu mal à l’aise. Que savait Thaïs, au juste ? Bien entendu, il n’y avait rien de bien étonnant à ce que Thaïs mentionne Matthias, dans la mesure où il était son frère, jumeau de surcroît. Mais Alaina ne s’était toutefois absolument pas attendue à entendre ce prénom de la bouche de son amie. Pour être tout à fait sincère, Alaina avait passé les dernières semaines à éviter le bel Iota. Non pas qu’elle eût quoi que ce soit à lui reprocher – au contraire, Matthias s’était montré des plus corrects, respectables et chevaleresques lors de leur dernière entrevue, à la mémorable soirée des Omega. Il l’avait retrouvée dans un état pitoyable, au bord du coma éthylique, et l’avait ramenée chez Thaïs, les maisons de confrérie étant inaccessibles. Les souvenirs que conservait Alaina de ces moments passés avec Matthias étaient rares et brumeux, et c’était justement la raison pour laquelle elle évitait le jeune homme depuis ce fameux soir. Ce n’était pas à cause de lui, mais bien parce qu’elle redoutait ce qu’elle avait pu faire, et dire. Elle ne savait toujours pas comment elle avait agi et ce qu’elle avait révélé à Matthias, mais elle se connaissait suffisamment pour savoir qu’elle avait sans doute commis une dizaine de belles bourdes. Et elle savait également que si elle venait à découvrir en quoi celles-ci consistaient , la situation pouvait virer à la catastrophe. C’était sans doute assez lâche de jouer à l’autruche de la sorte, mais Alaina ne voyait pas comment agir de la sorte. Elle avait bien trop de secrets qui n’attendaient qu’une occasion comme celle-ci pour être révélés, et pour être honnête, la jeune femme redoutait énormément le jugement de l’ancien militaire. Elle n’était pourtant pas du genre à se soucier de ce que pouvaient penser les autres d’elle. Mais avec Matthias, c’était… différent. Il était différent. Il n’était pas comme tous les autres jeunes hommes de son âge, ne se souciait pas des mêmes choses, n’avait pas les mêmes centres d’intérêt, ni les mêmes critères de jugement. Il n’avait que peu en commun avec les autres étudiants de Berkeley, et c’était une des raisons pour lesquelles Alaina l’appréciait autant. Mais elle s’était toujours montrée sous un jour plutôt favorable auprès de lui – et cette affirmation n’était plus du tout aussi vraie depuis leur entrevue chez les Omega. Elle avait honte. Honte de ce qu’elle avait pu dire, faire, et de la manière dont elle avait pu agir. C’était sans doute puéril, mais Alaina ne pouvait faire autrement. Elle avait toujours tenu à entretenir une relation différente avec Matthias de celles qu’elle entretenait avec les autres garçons de Berkeley. Peut-être ce désir n’était-il pas innocent – si Alaina arrêtait de se mentir et de fuir la vérité, elle réaliserait peut-être que Matthias lui plaisait autrement qu’en ami. Et de toute évidence, c’était une observation que Thaïs avait déjà faite à sa place. Mais il n’était pas question qu’Alaina puisse admettre ne serait-ce que la possibilité que ce fût vrai. Tout d’abord, parce qu’elle était avec Lennon, qu’elle était heureuse à ses côtés, et qu’elle ne voudrait pour rien au monde changer de situation. Ensuite, parce que perdre le contrôle sur ses émotions la terrifiait, et qu’elle était déjà en train de vivre avec difficulté cette situation avec Lenny. Pas besoin de créer un bordel encore plus monstrueux avec Matthias. Alors, elle se contentait de le fourrer dans un coin lointain de son esprit. Ce qui avait plutôt bien fonctionné… jusqu’à ce que Thaïs se décidé à l’en ressortir en le mentionnant avec des airs de conspiratrice que les filles n’arboraient que lorsqu’on parlait de garçons – et pas en termes d’amitié. Alaina perçut la lueur enfantine qui illuminait le regard de Thaïs, comme si celle-ci voyait dans cette relation entre son amie et son jumeau un potentiel conte de fée en devenir.

À cette pensée, Alaina s’empressa de démentir. « Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Ça fait un bail que je l’ai pas vu. Et je doute qu’il veuille encore me revoir après le spectacle que je lui ai offert à la soirée des Omega. » Un petit sourire embarrassé se dessina sur les lèvres d’Alaina, et celle-ci poursuivit, mue par une facilité d’élocution qu’elle n’avait jamais, sauf quand elle était avec Thaïs – ou quand elle était bourrée, Matthias pouvait en témoigner. « J’étais complètement bourrée, et il m’a ramenée chez toi. Je me souviens de rien, mais bon, il ne s’est rien passé, tu connais Matthias. Il m’a sans doute mise au lit en se disant combien j’étais pitoyable. » Alaina haussa les épaules, comme si c’était une fatalité qui ne l’affectait pas plus que ça. « Mais bon, de toute façon, je suis avec Lenny maintenant, et tout est parfait. » renchérit-elle, comme pour se convaincre en même temps que Thaïs. Elle savait que Thaïs voyait une potentielle romance là où il n’y en aurait jamais une, et espérait être parvenue à démentir. « Pourquoi tu me demandes ça, d’ailleurs ? » Alaina se retint de demander ce que Matthias avait dit à Thaïs à son sujet. Ce serait là une confirmation de cette ambiguïté qu’avait devinée la frenchie et qu’Alaina voulait absolument nier. Et puis, elle savait qu’elle aurait été déçue par la réponse. Il y avait très peu de chances que Matthias se soit confié à sa sœur au sujet d’Alaina. Pour dire quoi ? Qu’il l’avait tenue plutôt haut dans son estime, jusqu’à ce soir où elle était descendue sous le niveau zéro ? Qu’il la trouvait ridicule ? Qu’elle était extrêmement décevante ? Non merci. Elle n’avait pas besoin d’entendre des aveux du genre.

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MessageSujet: Re: long time no see, anything you wanna tell me? ❥ THAÏS&ALAINA long time no see, anything you wanna tell me? ❥ THAÏS&ALAINA EmptyJeu 3 Jan - 18:38



“ - Ta maman est née comme ça. Elle a quasiment bondi hors de mon ventre pour atterrir dans le vaste monde. Dés le premier jour, elle n'a pas cessé de courir, toujours et encore. - Courir pour fuir ? -Non, chou, jamais pour fuir, sache-le. Toujours pour aller de l'avant. ”
.le ciel est partout.
Lorsqu'elle était petite, Thaïs appartenait à ce genre de fillettes aux regards pétillants, devant des robes à volant, parsemées de lamelles brillantes. Au sein de sa demeure familiale à Paris, enserrée dans l'effluve rosé de sa chambre d'enfant, elle enfilait en cachette ces bouts de tissus argentés, contemplait avec curiosité la manière dont sa peau brune faisant ressortir cet univers de paillettes et de fantaisies. Elle parcourait avec ses petits jambes son coin de jeux colorée et démembrée, serpentait entre ses peluches et ses poupées blondes. Certainement, Thaïs était enfermée dans sa maison du bonheur. La nuit, sa mère lui contait des histoires de fées et de petits princes, embrassait sa joue chaude avec un amour infini. La petite Thaïs rêvait souvent d'atteindre ces royaumes enchantés, appartenir à ces groupes d'individus que l'on ne croise que dans les livres, ceux qui rendent le monde moins sombre, et la vie plus sereine. Outre son légendaire grand écart et ses exploits de danseuse étoile, ses camarade de classe connaissaient d'elle son irrésistible sourire malicieux, ses yeux chocolats délicieux. Thaïs aimait raconter des histoires, s'inventer une vie de princesse, imaginer un monde spectaculaire avec des lutins et des lionceaux à la face bienveillante. L’œil brillant et le rire chantant, elle a toujours eu cette lueur d'enfant en elle, malgré la douleur et les épreuves, son éternel courage est resté embellir les nuages lugubres du quotidien. Son éternelle candeur faisait d'elle un ange rare et solide comme un roc, une petite fille émotive en surface et pourtant empreint d'un courage fascinant. Amoureuse de tout, et surtout de la vie, elle esquissa un large sourire tandis qu'elle buvait les paroles enthousiastes de son amie, qui semblait si ravie d'apprendre la nouvelle. « Comment ça, rien de palpitant ? Bientôt, tu pourras faire ton premier marathon ou devenir pro du saut en longueur, et tu me dis qu’il y a rien de palpitant ?  [ ... ] » La jeune rouquine sut lui arracher des rires, certes furtifs et silencieux, mais bien réels et sincères. Elle chérissait l'attitude d'Alaina, sa manière de se fondre elle aussi, dans son univers d'amour et de bonté. Thaïs écouta, les yeux palpitants, la suite de ses intonations enflammées, et ne put se résoudre à se taire. « Moi ? Courir ? … Ça se voit que tu ne m'as jamais vu faire un 100 mètres. Heureusement d'ailleurs. Je ressemblais à un escargot boiteux – même si je sais très bien que les escargots n'ont pas de pattes ! - J'étais incapable de franchir la ligne d'arrivée ! » La petite française parlait toujours avec une douceur musicale teintant sa voix d'enfant, une mélodie débordant d’élégance et de justesse dans chacune de ses notes calmes et paisibles. Adolescente pourtant, Thaïs écoutait des groupes de rock britanniques, s'enfermait des heures dans sa chambre pour écrire sur des papiers blancs ses vagues idées de scénariste amateur. Elle sortait le soir avec ses amis rebelles faire le tour de Paris, tous engoncés dans une vieille voiture des années 90, prêts à fumer des joints. Bien loin de la jeune étudiante sage et apaisée qu'elle est devenue, sa vie, à cette époque, était rythmée par ses virées nocturnes, où elle abîmait souvent son corps athlétique et froissait sa jeunesse lumineuse. Elle tombait amoureuse de ses bandits de la nuit, ceux qui guettait la dernière lueur du soleil pour dealer dans l'insouciance. Elle avait découvert l'adrénaline et la soif des interdits, l'envie de tout foutre à l'envers, retourner ciel et terre, clamer sa propre révolution, comme les étudiants de mai 48. Quand elle parvenait à s'isoler dans sa chambre de rebelle, elle écoutait des chansons semblables à son image dégradée. Devant son petit miroir mural, juste au dessus de son bureau gavé de papiers et d'auto-collants, elle chantait souriante et coiffée d'une queue de cheval de rockeuse, Cherry Bomb et Bad Reputation, reprenant les allures déjantées de Joan Jett. A Berkeley, peu de personnes ne saurait la reconnaître dans cette période sombre et brumeuse de son existence. Personne, si ce n'est ses deux frères jumeaux, et Alaina, une gamma à la folie contagieuse. « On s’en fout de ces médecins, ma vieille. C’est peut-être un miracle, mais regarde-toi : t’es un miracle sur pattes ! Crois-moi, tôt ou tard, tu marcheras, et sans béquilles. Et là tu pourras leur en boucher un coin, à tous tes médecins ! » Sous les paroles réconfortantes de son amie, les prunelles brunes de Thaïs furent au bord des larmes. Une peau de douceur qui lui fendit le cœur, si sensible et si attachant. Jamais, elle n'aurait tenue sans eux, sans leurs sourires, leurs mots réjouissants. Il lui a fallu combattre l'épreuve dans l'épreuve, s'armer de courage et de force, oublier la fatigue des nuits sans sommeil, la douleur de son bassin fracturé, vaincre ses déluges de larmes. Elle a appris à ouvrir les barrières de son cœur, laisser les autres découvrir son quotidien, cesser de dire merci toutes les deux minutes. Apprendre à recevoir la délicatesse d'une main, d'une présence familiale et amicale. Car, quoi qu'en pensait son cœur, l'être humain ne peut accepter naturellement l'aide d'autrui, il s'accoutume à la situation. Alors par dessus-tout, Thaïs voulue croire aux dires d'Alaina, croire qu'un jour peut-être, elle dévalera la scène, avec cette allure gracieuse et électrisante qu'on lui connaît tant. Elle participera au Lac des Cygnes, sera celle à la robe blanche pure et virginale, aura ses cheveux laqués dans un chignon sec et rigide. Elle songea au plaisir intense qu'elle éprouverait, cette sensation de liberté frivole et fragile, balancée et portée au bout de ses pieds. « De toute évidence, je ferais mieux d'arrêter de songer à tout ça. Je devrai m'en réjouir – ce qui est plus ou moins le cas – mais je n'y arrive pas vraiment. Quoi qu'il en soit, cessons de parler de moi ! » fit-elle les joues rougies par la chaleur du soleil frappant contre sa chair blanche. La jeune française laissa alors son amie poursuivre, puis, elle remarqua le froissement progressif de son visage lorsqu'elle se mit à évoquer Matthias. Elle contempla ses yeux bleus écarquillés, et sentit une légère frustration dans son regard.De suite, les lèvres rosées de la petite Thaïs s'étirèrent dans une moue sentencieuse. L'euphorie lui fait tourner la tête. Ses pensées lointaines resurgirent, trimbalant leurs idées féeriques dans son esprit. Était-ce mentir, si elle dévoilait à son amie qu'elle l'imaginait depuis des mois, au bras de son frère jumeau ? Ses iris brillèrent, tel une petite fille distinguant l'ombre gigantesque du château de la Belle au bois dormant. Matthias était un gaillard, un être vaillant et combattant, qui avait fait la fierté de toute sa famille. Quel plaisir ce serait de les voir réunis l'un et l'autre ! Mais, elle ne pouvait pas jouer les entremetteuses, et s'était toujours interdite d'intervenir dans les relations sentimentales de ses frères – ayant toujours cette expression haineuse plaquée sur son visage au teint halé, lorsqu'eux s’introduisaient volontiers dans les siennes – Et puis, ce genre de truc, ça n'arrivait qu'au cinéma, ou dans les films enchantés de Walt Disney. Certainement pas dans la vraie vie. Légèrement dépitée, les coudes dressés contre la table en bois, la jeune alpha déposa nonchalamment sa joue chaude contre la paume de sa main aux doigts effilés. Son cœur amoureux ne voulut s'infliger la triste vérité de la situation. Depuis qu'elle sortait réellement avec Zéphyr, tout semblait béni à l'enchantement du célèbre Cupidon, ce mythique Dieu de l'amour dont les charmes et l'allégresse faisaient frémir ses délicieuses proies. Thaïs n'eut qu'à plonger ses prunelles noisettes dans le regard bleu d'Alaina, pour comprendre trop tard qu'elle avait tort. « Mais bon, de toute façon, je suis avec Lenny maintenant, et tout est parfait. » Complètement tort. Désormais, il ne reste rien de la fébrilité fugace qui l'enflammait, quelques minutes plus tôt. Les trais fins de son visage d'ange, parfaitement dessinés, se figèrent d'un air triste dissimulé sous l'apparition d'un léger rictus affecté. Elle se tut un instant, en se demandant ce qu'elle pourrait bien faire pour arranger ça. Cesse donc d'agir ainsi, tu ne vois donc pas que c'est foutu ?. Paumée dans ses pensées, la jeune française ne put se résoudre à abandonner l'idée qui avait germée dans son esprit. Peine perdue petite cœur, un jour, ton engouement pour les bonnes choses te perdra. « Pourquoi tu me demandes ça, d’ailleurs ? » D'un seul coup, Thaïs se redressa d'un air illuminé, et reprit peu à peu espoir. Un large sourire marqua son visage d'enfant. « Oh, tu sais, je suis toujours un peu curieuse. Et puis, ce n'est pas comme s'il m'avait dit quelque chose de particulier à ton sujet. » avoua t-elle sur un ton candide et indécis. Ce n'était pas la première fois qu'elle se retrouvait face à des confidences délicates. Par chance, elle savait pertinemment ce qu'on attendait d'elle. « Et puis, tu l'as dis, tu es avec Lenny maintenant. Je ne devrais même pas te parler de ça ! » finit-elle par poursuivre, avec cet air de copine mi-déçue, mi-convaincue. Ses épaules menues se hissèrent légèrement, alors qu'elle tint entre ses mains gracieuses un verre en plastique vide. Du bout de ses doigts, elle s'amusa à faire craquer le petit gobelet, un bruit grinçant s'évaporant dans le silence. Puis, son regard enchanté se riva sur son amie, perdue dans l'ambivalence de ses sentiments. « Enfin … tu serais surprise de savoir combien de fois Matty m'a retrouvé torchée. Je suis certaine qu'il ne t'en veut pas. Qui pourrait t-en vouloir ? » s'enquit-elle avec une intensité si flamboyante, qu'elle en fut elle-même surprise. Elle rit un peu nostalgique, en se remémorant ces souvenirs d'antan où son frère jumeau prenait soin de s'occuper d'elle, lorsque l'alcool lui était monté à la tête. Elle portait encore ses jeans délavés, au tissu troué contre ses genoux, et sa veste en cuir matelassée. Véritable contraste face à l'image juvénile et bienveillante qu'elle insufflait autour d'elle. « Tu ne sais même pas ce qu'il pense vraiment de toi, pas vrai ? … Je pense que tu devrais lui parler – bon évidemment évite de boire une bouteille d'alcool avant, ou là, il va vraiment te prendre pour une pochtronne – Parle-lui. Juste pour voir. » poursuivit-elle, toujours avec cet air enflammé. Bonne joueuse, elle esquissa un large sourire, persuadée d'avoir agie comme une véritable princesse le ferait. Avec légèreté et amabilité. Pleine de fierté, elle dégagea d'un mouvement de tête sa chevelure brune de ses épaules. Puis, ramassant d'une main l'ensemble de ses déchets, elle les jeta habilement dans la poubelle dressée juste en face, toute amusée. Elle s'adossa contre sa chaise, et attrapa dans la volée son sac fétiche en bandoulière. « Fais moi confiance, je sais de quoi je parle. Et après, tu reviendras vers moi les yeux larmoyants pour me remercier ! » conclut-elle, le sourire aux lèvres, en s'imaginant déjà la scène. Non, elle n'était pas romantique. Seulement un peu bohème. Une jolie Belle, rêveuse des belles histoires. Enfin décidée à déguerpir de l'Albatross, Thaïs s'empara de sa béquille couleur argent, et prit la peine de se lever, une main appuyée sur le rebord de la table pour lui donner de l'élan. « Bon, on ne va quand même pas rester ici toute la journée ! » Elle attrapa son maigre poignet, et lui emboîta le pas, son sac coincée contre son épaule. D'une démarche un peu chancelante, elle quitta le restaurant universitaire, puis fondue dans la masse humaine, elle se tint debout, juste en face de son amie, l'esprit illuminé comme si elle venait d'avoir l'idée du siècle. « Tiens, prends les clés de ma voiture. Par pitié, je ne veux pas rester ici, à croupir entre ces murs ! » s’exclama t-elle dépitée par les évènements. Un bras enroulé autour du cou d'Alaina, Thaïs contourna avec malice le sens du courant, marcha maladroitement devant cette masse d'étudiants, tous hâtés de se rendre en cours. La jolie alpha se laisserait-elle enivrer par ses vieux démons ? Il semblerait qu'aujourd'hui soit une exception. Let's go be psychos together.
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MessageSujet: Re: long time no see, anything you wanna tell me? ❥ THAÏS&ALAINA long time no see, anything you wanna tell me? ❥ THAÏS&ALAINA EmptyMer 13 Fév - 17:26



Long time no see, anything you wanna tell me?

THAÏS, ALAINA


long time no see, anything you wanna tell me? ❥ THAÏS&ALAINA Tumblr_mdl6jfWCop1r1z42fo2_250Alaina repensa à l’époque où, elle aussi, elle se complaisait à arborer des allures de princesse évoluant dans un monde féérique et enchanté. Elle se souvenait de la façon dont sa mère, douce et aimante, brossait sa longue chevelure de feu qu’elle avait héritée de son père tout en lui confiant combien elle était belle et ferait des ravages quand elle serait plus grande. Elle n’était pas plus haute que trois pommes, mais entourée de tout l’amour maternel dont on aurait pu rêver. Felicidad Selwyn portait bien son nom. Elle rendait le bonheur contagieux, comme Thaïs le faisait aujourd’hui. C’était une des raisons pour lesquelles Alaina s’était autant attachée à la jeune frenchie, car elle lui rappelait la douceur et la candeur de sa propre mère, disparue trop tôt et de façon trop tragique pour parvenir à lui transmettre la même faculté. Lanie repensa à son sourire et à tout l’amour qu’elle dégageait d’un simple regard. Elle repensa à la première robe qu’elle avait reçue, un événement dans une ville aussi minuscule que la sienne, qui ne comportait même pas de magasin de vêtements. Le soir, sa mère lui contait des histoires – ou plutôt une histoire, car c’était toujours la même qu’Alaina voulait écouter. Cendrillon par-ci, Cendrillon par-là, Cendrillon en veux-tu en voilà. Quand elle jouait avec ses poupées sous le regard curieux de sa petite sœur, Cassie, elle se laissait emporter dans ce monde féérique auquel elle croyait dur comme fer. Persuadée qu’elle aussi avait sa marraine la bonne fée et que ce n’était plus qu’une question de semaines avant qu’elle ne lui apparaîtrait, elle prit leur déménagement pour Las Vegas comme sa première manifestation. Emerveillée par l’immensité de cette ville, en comparaison avec le petit bled dont elle venait, elle s’était crue en plein rêve. Tenant son grand frère par la main et sa petite sœur par l’autre, elle avait posé son regard d’enfant partout sans jamais en avoir assez, sans jamais avoir le temps de tout voir. Pour Alaina, le monde n’était qu’une vaste étendue de possibilités, qui n’attendaient qu’une chose : qu’elle s’en saisisse.

Mais le rêve eut tôt fait de virer au cauchemar, et quelques mois suffirent pour assurer ce revirement de situation inattendu et tout aussi douloureux. Un beau soir, Felicidad était morte. Pas par hasard, non. Elle avait été tuée de la main d’un homme – le sien. Pourquoi quiconque pourrait vouloir du mal à Felicidad, c’était une question à laquelle n’importe qui serait bien incapable de répondre. Et on avait encore plus de mal à comprendre comment son propre mari avait pu commettre ce terrible crime, alors qu’elle était indubitablement la meilleure chose qui lui fût arrivée. Mais Jimmy Perks n’était pas connu pour sa reconnaissance ou son bon sens, et c’était là la seule explication à son comportement monstrueux. Alors qu’elle n’était qu’une enfant, Alaina assista à toute la scène depuis un couloir plongé dans l’obscurité, tétanisée devant ce spectacle abominable qui continuait à la hanter toutes les nuits, encore aujourd’hui. Il va de soi qu’à partir de ce jour-là, tous les rêves et les illusions de Lanie s’étaient évaporés pour de bon, balayées sauvagement par la cruauté de son propre père. Jimmy Perks fut arrêté et condamné à l’emprisonnement à perpétuité, Felicidad fut incinérée et ses cendres répandues dans l’océan Pacifique, et leurs trois enfants, après avoir changé de nom de famille pour prendre celui de leur mère, allèrent habiter chez leurs grands-parents maternels. Si l’une ou l’autre petite fée avait pu survivre à ce premier drame, elle fut aussitôt balayée par la froideur des grands-parents Selwyn. On était désormais bien loin de la douceur et de l’affection des étreintes maternelles de Felicidad – désormais, le maître mot était la discipline. Alaina passa une adolescence atroce, constamment muselée par des grands-parents qui ne s’occupaient d’elle que par obligation et sans une once d’amour. Dépossédée de la moindre liberté, elle n’avait d’autre choix que de faire ce que voulaient M. et Mme. Selwyn, songeant d’abord de temps en temps avec mélancolie à l’époque où la féérie faisait encore partie de sa vie de petite fille. Mais la petite fille qu’elle avait été s’était vue contrainte de grandir beaucoup trop vite et de laisser ce monde enchanté derrière elle pour affronter la dure réalité de la vie. Et bientôt, il ne resta plus rien de ses rêves innocents ; elle grandit pour devenir une jeune femme désabusée et désillusionnée, encore profondément traumatisée mais œuvrant constamment pour paraître plus forte qu’elle ne l’était en réalité – car quelque part au fond d’elle sommeillait encore cette fillette qui réclamait qu’on lui conte jour après jour l’histoire de cette princesse qui, le temps d’une nuit, vivait son rêve et qui se voyait forcée de revenir à la réalité sitôt celle-ci terminée.

Aujourd’hui, elle ressentait cette petite fille revivre, timidement mais sûrement. Et cela, elle le devait à Thaïs, son regard émerveillé et son optimisme débordant, quelquefois taché par la dure réalité de sa vie – à ces moments, Alaina puisait dans ses souvenirs d’enfance, ceux qu’elle avait vécus avant que le drame ne vienne frapper sa famille, et trouvait dans ces souvenirs la force de soutenir Thïs et la convaincre que tout irait bien. Elle y croyait d’ailleurs dur comme fer – le contraire était impossible, tout ce qui entourait Thaïs devenait magique à son simple contact, et il était impossible qu’une nouvelle catastrophe ne vienne la frapper alors qu’elle méritait une seule chose : enfin un peu de bonheur et de paix. Après tout, c’était de toute évidence tout ce qu’elle souhaitait aux autres, alors, selon Alaina, il allait de soi que Thaïs avait, elle aussi, droit à sa propre dose. Amusée par la description que donnait l’Alpha d’elle-même en train de courir, Alaina secoua la tête et laissa échapper un petit rire en s’imaginant la scène. Qu’importent les talents, ou l’absence de talents, de Thaïs en matière de course à pied, le message était passé : Alaina était persuadée que d’ici quelques temps, Thaïs aurait retrouvé toutes ses facultés motrices et les éblouirait tous en déambulant de sa démarche, que Lanie imaginait aérienne et aussi légère que son sourire ou son regard mutin. Arborant un petit sourire contrit lorsque Thaïs déclara avec fermeté qu’il valait mieux ne plus trop songer à tous ses soucis médicaux, Alaina acquiesça, quoi qu’elle ne fût pas enchantée à l’idée d’être le centre de la discussion. Discrète et réservée par nature, Alaina se sentait très rapidement envahie dès qu’on commençait à lui poser des questions sur sa vie privée. Thaïs avait toutefois ce talent qui lui était bien propre et qui convainquait Alaina de lui confier absolument tout ce qu’elle avait sur le cœur – mais cela ne rendait pas la tâche aisée pour autant, et Lanie n’en devenait pas plus friande de raconter les moindres détails de sa vie. Pourtant, rien que pour voir le visage de son amie illuminé d’une expression avide et rêveuse, elle se prêtait volontiers au jeu et évoqua sa relation avec Lenny, et celle, plus compliquée à définir, qu’elle entretenait avec Matthias. Elle ne savait pas pourquoi elle ne pouvait s’empêcher de ressentir cette étrange sensation au creux de son estomac lorsqu’elle pensait au Iota, ce malaise, ce sentiment d’inaccompli. Elle ne savait pas non plus pourquoi elle ressentit un sentiment qui s’apparentait clairement à de la déception lorsque Thaïs déclara que Matthias ne lui avait rien dit à son sujet, ou pourquoi elle ne se sentait pas pleinement satisfaite lorsque son amie admit que maintenant, elle était toute à Lenny. Elle se contenta d’esquisser un petit sourire, pas des plus convaincants, tout en regardant Thaïs jouer avec son gobelet. Comme si elle acquiesçait, mais davantage par obligation que par conviction réelle. Pourtant, c’était bien elle qui s’était empressée de détromper Thaïs et de mettre les choses en clair, affirmant avec zèle que son cœur appartenait entièrement à Lenny. Alors, pourquoi se sentait-elle tout à coup aussi peu sûre d’elle-même ? Quelque part, Lanie espérait malgré elle que Thaïs ne changeât pas de sujet. Elle espérait qu’elle poursuivrait la discussion, sans même savoir pourquoi. Et elle se sentit satisfaite lorsque Thaïs lui confia que Matthias l’avait retrouvée, elle aussi, dans un état pas possible. Alaina sentit son estomac réagir bizarrement à la simple entente du prénom du jeune homme et s’efforça de l’ignorer. Esquissant un nouveau sourire, elle répliqua toutefois : « Peut-être, mais tu oublies que t’es sa sœur – jumelle, qui plus est. Moi, je ne sais même pas si je peux dire qu’on est amis, et il m’avait toujours vue comme une fille studieuse et sérieuse. Donc… je sais pas. » Avant cette fameuse soirée, Matthias ne connaissait qu’un aspect de la Gamma, celui qu’elle daignait montrer lorsqu’elle était en cours, cette image studieuse et assidue qui était bien plus glorieuse que le spectacle qu’elle offrait en soirée, où elle finissait systématiquement dans un état second proche du coma éthylique. Elle aurait préféré que Matthias ne découvre pas cet autre aspect de sa personnalité, ayant comme un pressentiment qu’il ne l’apprécierait pas autant que celui qu’il avait pris l’habitude de côtoyer en fréquentant Lanie. Thaïs lui demanda si elle savait ce que pensait réellement Matthias d’elle, visiblement convaincue que ce n’était pas le cas, et Lanie ne put lui donner tort. Matthias était si difficile à cerner qu’elle en aurait pour des semaines si elle voulait avoir la moindre idée de ce qui se tramait dans son esprit. Songeuse, elle écouta le conseil de Thaïs sans réagir dans un premier temps, cogitant par rapport à ce qu’elle lui avait dit. Elle regarda Thaïs s’essayer à des talents inavoués de basketteuse en lançant ses déchets dans une poubelle qui, à première vue, semblait un peu trop éloignée pour ce petit jeu, que Thaïs réussit toutefois avec brio. Alaina n’ouvrit la bouche que lorsque Thaïs surenchérit, lui assurant qu’elle lui avait donné le bon conseil. Pensive, elle commença à parler d’abord lentement, avant de retrouver son rythme d’élocution habituel. « La vérité, c’est que je ne suis même pas sûre de vouloir savoir… C’est pas tant le fait qu’il m’ait retrouvée torchée ce soir-là qui m’inquiète, mais ce que j’ai bien pu lui dire… Me connaissant, j’ai dû lui sortir des trucs qu’il n’est pas près d’oublier, et qui ont sans aucun doute affecté l’image qu’il avait de moi – déjà qu’elle devait pas être des plus glorieuses vu à quel point j’étais bourrée… Enfin bon, je lui ai expressément demandé de ne jamais mentionner ce que j’ai bien pu lui dire, vu que je n’ai pas le moindre souvenir de ce qui a pu me passer par la tête, et je me dis que c’est peut-être mieux comme ça… » Thaïs n’était pas sans savoir qu’Alaina transportait sa dose de secrets avec elle chaque jour – des secrets qu’elle avait déjà en partie confié à son amie, d’autres dont elle avait simplement mentionné l’existence, précisant toutefois qu’elle n’avait pas encore le courage d’en parler. Thaïs ne l’avait jamais poussée à dire plus que ce qu’elle était prête à révéler, et c’était une des raisons pour lesquelles Lanie avait la confidence relativement facile avec elle, surtout en comparaison avec d’autres qui n’avaient pas la moindre idée de ce qui pouvait bien se tramer dans l’esprit de la rouquine.

Enthousiasmée par la proposition de Thaïs lorsque celle-ci, se levant d’une démarche incertaine mais admirable, affirma qu’il était grand temps de quitter la cafétéria, Lanie suivit son amie de près, s’assurant que celle-ci puisse s’appuyer sur elle en cas de souci. Elles progressèrent lentement mais sûrement dans la foule compacte d’étudiants et Lanie acquiesça sans l’ombre d’une hésitation lorsque Thaïs lui proposa de prendre la voiture pour s’en aller vers des lieux plus réjouissants. Un sourire malicieux dessiné sur son visage d’ange, Lanie guida précautionneusement son amie jusqu’à l’aire de parking de l’université, attendit qu’elle s’installe avant de prendre place derrière le volant. Elle alluma la radio, tourna le volume au maximum, ouvrit les fenêtres et démarra, rejoignant rapidement les rues de la ville de San Francisco avec une idée bien précise de l’endroit où elle emmènerait Thaïs.

Elle gara la voiture le plus près possible, soucier de ménager les efforts de Thaïs et l’aida à sortir du véhicule. À côté d’elles se dessinait le Maritime National Historical Park de San Francisco, son endroit de prédilection lorsqu’elle avait besoin de s’évader. Elle y avait son propre coin fétiche, à l’abri des foules de passants et de visiteurs. Alaina adorait s’installer dans l’herbe à l’ombre d’un des grands arbres et contempler les vieux navires amarrés dans l’eau de la même couleur que le ciel qui s’étendait sans être masqué par le moindre gratte-ciel. C’était son havre de paix. Elle remarqua avec satisfaction que les passants étaient plutôt rares aujourd’hui – l’un des mérites de ce petit coin dont elle s’était amourachée. Au loin, des bribes de voix leur parvenaient, formant avec les cris des mouettes et autres animaux marins un bruit de fond étonnamment plaisant. Lorsqu’elles se furent installées confortablement dans l’herbe, le soleil californien leur caressant la peau, Alaina sortit tout un petit attirail de son sac – un sachet, un paquet de cigarette, une fine feuille blanchâtre. Quelques minutes plus tard, elle alluma le joint qu’elle venait de rouler avec son Zippo et le tendit à Thaïs, comme une bougie d’anniversaire solitaire et illégale. « C’est faute de t’avoir préparé un gâteau à la crème pour fêter ça… À ta rééducation et tes futurs marathons, qu’ils soient couronnés de succès ou pas ! » Elle adressa un sourire radieux à Thaïs. « Pour ça aussi, j’en peux plus d’attendre que tu sois enfin débarrassée de toutes ces emmerdes – j’ai hâte de t’emmener dans les endroits les plus fous de la ville, aller aux soirées les plus improbables que t’aies jamais vues… À chaque fois que j’y vais, je me dis que j’ai hâte de sortir quelque part avec toi, et n’avoir à se soucier de rien d’autre. » Fêtarde dans l’âme, Lanie s’était de nombreuses fois représenté les soirées de folie qu’elle pourrait passer avec son amie, dans tous ces endroits étranges et déjantés que lui avaient fait découvrir les membres de sa confrérie. Bien sûr, il n’était pas sûr que Matthias approuverait – il y avait bien plus de chances que le Iota devienne rouge de fureur, aussi écarlate que sa confrérie, en apprenant les projets qu’avait la rouquine pour Thaïs. Mais Lanie s’efforça de ne pas penser au jeune homme – c’était déjà suffisamment ardu comme ça, inutile de se torturer plus que nécessaire.

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MessageSujet: Re: long time no see, anything you wanna tell me? ❥ THAÏS&ALAINA long time no see, anything you wanna tell me? ❥ THAÏS&ALAINA EmptyVen 8 Mar - 19:39



Hello daddy, hello mom, i'm your cherry bomb !
( the runaways bitch ) THAÏS BECOMING JOAN JETT .
RUN LITTLE GIRL, THE FIRE WILL DROW YOU . ▶ . C'était un jour de février, dans le froid pétrifiant d'un hiver parisien. Des tonnes de bracelets ornant ses poignets, une fine couleur rouge colorant la pâleur de sa bouche, une grande veste noir posée sur ses épaules, et des jolies boucles brunes tombant sur son visage séraphique. Pour la première fois de sa vie, la plus téméraire des De Calendre séchait un cours. D'ordinaire assidue, très bonne élève et dotée d'une intelligence suprême, la petite étoile de la famille était une perle rare, étincelante sous les lumières de la scène à mouvoir son corps dans une danse éternelle. Une prodige hors pair, vouée selon ses professeurs à un avenir brillantissime. Adepte du piano, prêtresse du cinéma, cette gamine, aussi frêle et petite soit-elle, était une merveille de la nature, un bonheur sensationnel qui irradiait sa jeunesse et sa bienveillante d'une rare générosité auprès de ces hommes et femmes familiers ou bien inconnus à ses beaux yeux havanes. Fraîche et amusée, son regard ambré s'étirait ce jour-là sur les grandes marches du métro de la capitale, en toute insouciance. Elle venait de célébrer son seizième anniversaire il y a quelques semaines à peine, et entrait désormais dans la délicate phase de la rébellion. Sa chevelure brune, s'étirant sur sa poitrine grandissante, et son visage raffermi attestait de son grand âge protestataire. Un éclair de défi traversait souvent l'éclat de ses prunelles noisettes : sa taille s'affinait, ses courbes se dessinaient, et jours après jours, la sublime danseuse de ballet s'étirait de cet univers enfantin qui colorait encore les murs de sa chambre. Sa maison des rêves et des livres enchantés se transformait en caverne rock'n'roll, tapissée de posters de groupes anglais, de billets de festival, et d'auto-collants par milliers. Sous les regards impuissants de ses frères, Thaïs s'aventurait de rives en rives vers l'ombre de l'enfer. Un aller, sans retour. Un rai de lumière réchauffait sa chair de porcelaine à la sortie du métro, où ses bras étaient enroulés dans ceux de ses amis. Une véritable bande de camés, ceux là. Un tourbillon d'adolescents fumant et buvant à n'importe quelle heure de la journée, brûlant leurs temps à bousiller leurs âmes juvéniles, sans se soucier du danger. De ce jour de révolte naquit en elle une créature détestable, joueuse et intenable. De jours en jours, Thaïs apprenait leurs codes, assimilait leurs manières d'être, recopiait leurs allures, cette manière si hautaine et méprisable de rejeter ses cheveux en arrière avec ce geste séditieux aux bouts des doigts. Enfermée dans cet univers ténébreux, loin des fils dorés de son enfance, la belle parisienne fumait tous les soirs, en rentrant du lycée. Sous la silhouette Eiffel, elle exerçait ce rituel d'un air innocent et libertaire. Puis, de soirées en soirées, elle s'était mise à fumer du shit et de l'herbe, comme tant d'autres jeunes de son âge, sans doute, ' pour voir ce que ça fait '. Elle volait, planait au dessus de Paris, se sentait grande et vivante. C'est ça, elle existait. Elle aspirait ce monde ou ce monde l'aspirait, peu importe le sens, l'endroit, le jour ou la nuit, sous l'effet de ces drogues – cachées soigneusement dans une petite boîte métallique dans le deuxième tiroir de son bureau – elle était bien. Des soirs, elle s'en allait de la maison familiale pour prendre l'air, soit disant. Faux, archi faux. Ce n'était qu'une simple ruse pour échapper à la surveillance envahissante de ses parents, et évidemment de ses deux frères. La nuit, le petit oiseau de la Lune s'ouvrait telle une fleur aux couleurs troublantes de ce monde sans règles ni lois, sans limites ni échappatoire. Des lunettes noires posées sur le nez, un joint tenu fermement entre ses doigts, une chanson de Gainsbourg aspergeant ses tympans, elle était devenu le véritable profil d'une rebelle type. Camée au L.S.D, à ses tee-shirts en noirs et blancs, et à ses bad boys façonnant son nouveau quotidien, la jolie princesse était la seule spectatrice de son naufrage. Pendant des mois, Thaïs vécut recluse, hors de la réalité, absorbée dans les entrailles profondes d'une droguée. Derrière ses yeux de junkie, on pouvait discerner tous ses comprimés ingurgités, tous ses joints consommés, toutes ses souffrances du passé. On ne captait plus son regard brillant, époustouflant, devenu si fade et lointain. Oui, elle était loin, comme protégée de la vérité, actrice de sa propre débauche. Si jeune et pourtant si fragile. Elle se croyait puissante, hissée dans un monde qu'elle ne connaissait pas, maîtresse de ses gestes, conductrice de ses actes. Et, avec le temps, le vide s'était installée en elle, comme les jours et les années venus lui rappeler l'essence même de la vie. De la sienne, jadis si pure. Avec bravoure, et sans que personne ne sache véritablement pourquoi, elle s'était relevée, avait changé d'amis, et s'était promis de ne plus jamais recommencer. Des grands mots pour une parole de gamine, devant encore en apprendre des pages sur la vie. Un passé sulfureux creusé et refoulé durant de longues, et longues années, pour courir à nouveau à ses pieds. Car la mémoire enregistre tout, et ses lointains jours tâchés de délits seront toujours présents en elle, délivrés dans ses veines, un des ingrédients de sa propre personne. Et dans un court instant d'inattention, ses vieux démons resurgiront ce qui s'était dilué, évaporé, ce qu'elle a mit tant de temps à faire disparaître.

OLD FOLKS SAY, '' YOU POOR LITTLE FOOL '' . ▶ . Son joli visage ouvert au vent, le cœur en ébullition, la petite fraise des bois découvrit l'horizon pacifique dressé devant elle. Escortée par son amie gamma, elle lui décocha un sourire satisfait, en balayant du regard l'eau bleutée et les silhouettes immenses des navires flottant à la surface. L'une à côté de l'autre, elles se hâtèrent vers l'étendu de verdure pour se fondre parmi les ombres mouchetées des arbres. Le corps éreinté par tant d'efforts, Thaïs resta étendue sur l'herbe, sa main gauche soutenant le poids de sa tête. Un rictus figé aux lèvres, elle observa Alaina rouler un joint à l'aide de son briquet, en restant incrédule, avant de sentir son joli cœur de fée se retourner dans sa poitrine lorsque son ami lui tendit le précieux bijou avec une grande joie. Muette et désorienté, Princesse Courage le cala entre l'index et le majeur, sans le perdre du regard. D'une voix enthousiaste, la gamma exprima ses désirs d'évasion de débauchée avec la sage alpha, pour qui les fêtes étudiantes se faisaient rares et presque absentes de son quotidien. Depuis son accident, elle avait découvert un différent monde de l'intérieur : sa bonté éclorait désormais de l'aube jusqu'au crépuscule. Ses joies et tous ses sourires généreux renfermaient son envie de vivre. Elle voulait exister à sa façon. C'était ses jambes brisées, son malheur, son choix. Bien au-delà de sa volonté, cette nouvelle devise s'était inscrit en elle la veille de son vingtième anniversaire, lorsque, fauchée par un camion, son destin avait majestueusement basculé. Le lendemain du désastre, elle était toujours là, installée dans son lit d'hôpital, sentant les larmes chaudes de sa mère se verser sur sa main. Et c'était elle, qui de toute sa splendeur, l'avait réconforté. Elle était comme ça Thaïs : un petit ange qui embellissait les cœurs. Elle rêvait d'une vie bien remplie, tournée vers les autres. Une vie dévouée à voler au dessus des nuages. Continuer à battre des ailes. Se battre, encore et toujours, pour retrouver l'équilibre fragile de son corps, autrefois, si athlétique et élastique. Enjouée, sa grande copine l'était, s'imaginant milles scènes à explorer avec la jolie hirondelle de Paris. Sous le cri délicieux des mouettes et des oiseaux marins, elle porta le joyau d'herbe à ses lèvres doucereuses, et l'aspira, réveillant tous ses sens lointains. Les papilles en exaltation, Thaïs contempla son amie, visiblement ravie. Elle lui faisait entièrement confiance, et Lanie en avait bien conscience. « Tu es complètement fêlée, tu le sais ça ? ( … )» plaisanta t-elle en lâchant un rire entre deux bouffées de fumée. Perspicace, la française savait pertinemment que la gamma était une adepte des soirées de beuverie, certains d'ailleurs ne la connaissait que pour ça. Mais elle, au contraire, s'était intéressée à sa vraie personne, à celle qui lui confiait ses plus grands secrets et qui n'avait pas honte de lui délivrer les détails sombres de son passé. Elle détenait cette capacité de déceler chez les autres la profondeur de leurs âmes, leurs souffrances, leurs douleurs, et les faisaient siennes. Thaïs aimantait les gens par son sourire et sa malice, mais avant tout, par la beauté de son cœur. De confidences en confidences, elle avait tissée une relation fusionnelle avec Lanie et la chérissait plus que tout. Princesse Courage aimait sa tignasse de feu et ses folies de rebelle. Peut-être parce qu'elle lui rappelait étrangement la jeune fille, désinvolte et mutine, qu'elle fut autrefois. « ( … ) Mais tu as de la chance que je te préfère ainsi. » lança t-elle le visage rayonnant sous les couches dorés du soleil. C'était une confession brève et évasive, marquant son retour à l'état sauvage. L'animal de la nuit, aux yeux d'ébènes, sortait pour la première fois de son camp des anges. Par la suite, les dires de la Selwyn, tout sourire, laissèrent en Thaïs un profond goût de mélancolie. « Seigneur, ça fait tellement longtemps que je n'ai rien fait de tout ça. » Sortir et boire à s'en rendre malade, crier dans la rue au plein milieu de la nuit, aborder un bel inconnu dans un centre commercial et lui subtiliser avec tout ses charmes sa carte de crédit. Sapristi, elle avait bien grandit. Et sous les paroles de son amie, la reine des rires se souvint de cette période décalée de sa vie, où si jeune, elle s'amusait à enfreindre la loi. Était-elle encore cette fille-là ? « Tu as raison. » affirma t-elle, les yeux rivés sur la rive et les navires au loin. Toutes ces mouettes qui volaient au dessus des arbres. Le regard vide, la voix timide. Elle osait. « J'ai besoin de voir autre chose, de faire d'autres choses. J'ai tenu bon pendant des années. Maintenant, je veux vivre. » Elle détourna son attention sur son amie, un léger sourire rêveur sur le bout des lèvres. « Emmènes-moi où tu voudras ! Du moment que je m'amuse, je te laisse le champ libre. » déclara t-elle d'une voix euphorique, en brandissant en l'air son fameux présent comme un trophée de victoire. Poussière, fumée blanche, et délires. Malgré son allure de jeune femme posée et sereine, son cœur, quant à lui, jubila, en cognant fortement contre sa poitrine. Une vague idée germant dans ses pensées, Thaïs se redressa, pliant avec douleur ses deux jambes pour s’asseoir en tailleur. Une véritable épreuve qui lui arracha une petite grimace, et vint lui rappeler que l'impossible route de la guérison était infinie. Qu'importe, elle attrapa des branches de bois abandonnées au pieds de l'arbre et les rassembla en face d'elle. Princesse Courage s'empara du Zippo de son amie, déclencha cette flamme vacillante et trouble qui vint embraser la petite pyramide boisée. Le visage fermé, elle contempla ce feu de camp improvisé, en continuant à le nourrir à coups de branches et d'innombrables objets qui lui passait sous la main. Odeur de fumée, mélange d'herbe et de cendres. Une lumière dorée et une chaleur incendiante jaillirent de l'embrasement flambé. Sans prononcer le moindre mot, simplement murée dans son silence et sa raison, elle prit son sac en bandoulière sur les genoux, y trouva un disque et des papiers qu'elle renversa sur le feu. Sans sourires, sans larmes. Juste un regard. Du jour où elle s'était réveillée, invalide, dans sa chambre d'hôpital jusqu'à celui où, en septembre dernier, elle avait entreprit d'entamer une rééducation, elle portait avec elle, en elle, ces objets ayant traversés l'espace du temps. Son disque, et les musiques qu'elle écoutait des heures pour se donner du courage. Les lettres de soutien de ses amis de Paris qu'elle avait reçue par vagues successives. Les photographies de ses frères jumeaux, de sa mère et son père, et le petit Thybalt, le dernier de la fratrie, mort par leurs fautes. Un décès brutal que Thaïs ne s'était jamais pardonnée. . Les feuilles de rendez-vous avec le cachet de l'hôpital. Ses boîtes de médicaments vides. Tout devant ses yeux brûlaient, se tordaient sous la chaleur, pour se calciner aussitôt et envoler en fumée les trois dernières années de sa vie. Elle pensa à toutes ces fois où elle avait craint de faiblir, toutes ces fois où son corps ne lui répondait pas. Là où elle était allée, elle n'avait rien pu emporter. Et pourtant, quoi qu'elle fasse, elle le savait. La douleur, comme les nuits d'insomnies et les cauchemars à l'infini, rien de tout ça ne partirait vraiment. Prisonnière du néant, bouillant d'un mal intérieure qu'elle camoufla sans soucis, elle resta là un long moment, en regardant des morceaux de sa vie brûler et disparaître à jamais. Des images lointaines traversèrent ses esprits. Elle revit sa mère la prendre dans ses bras, ses frères lui tenir chacune de ses mains, et elle, pourtant si heureuse, clamant une journée merveilleuse. Elle revit son retour à la maison, des semaines après l'accident, et sa silhouette fracassée devant son dressing. Elle se souvint à quel point la rage s'était emparée d'elle à cet instant. A quel point elle avait eu envie de jeter tout ses jeans, robes et talons hauts. Tout ces trucs et bidules insignifiants qu'elle pensait ne plus avoir à porter. Et, elle revit encore les jours où, retournant dans sa Bretagne ancestrale, elle contemplait, jalouse, ces foules de vacanciers nageant dans l'eau salé de l'Atlantique. Pointe de mélancolie. Entre ces flammes jaunâtres et cette chaleur enflammant sa chair, elle se remémora ces instants interminables, se gondolant entre la joie et la tristesse. Sans cesse. « Voilà, c'est fini. » fit-elle seulement dans un souffle. Enfin, elle daigna détourner son regard du feu de camp pour le river sur le visage de son amie. Un léger sourire offert comme pour lui répondre un énième ' je vais bien ne t'en fais pas '. Une ambiance de veillée encerclant leurs deux silhouettes tamisées sous les bras des arbres, Thaïs se saisit d'un filtre, d'un peu de shit, et d'un briquet. Deuxième joint pour planer, comme autrefois. Ces gestes, non, elle ne les avait pas oubliés. Alors, elle le fuma comme le premier, comme le suivant, et tout les autres à venir.

La nuit tomba, et elles restèrent là, à admirer la lueur pâle des phares et les lumières d'or émanant des navires. Le feu, lui continuait de vivre, et laissait s'évaporer une épaisse couche de cendres et de poussières. Défoncée, la petite alpha passa des heures durant à conter à son amie des histoires loufoques et invraisemblables, riant sans cesse à gorge déployée. Un instant, elle lui confia son envie de se faire tatouer les bras, ou bien les jambes, peu importe. Un jour, elle le ferait. Elle adorerait. « Tu viens, on part ! » s'exclama t-elle en lui tirant le bras, le corps allongé, les cheveux remplis de brins d'herbe. Forcément, à force de se rouler par terre. « On se casse ensembles, et on va se faire une soirée démeeeeente ! »
. THE EVIL QUEEN, WELCOME BACK.
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:out:
si vous voulez reprendre le rp envoyez moi un mp :plop:
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