Damian & Léonie

Same direction Hoobastank

Je haïssais mes voisins à un point inimaginable, que le vendredi, le week-end ils fassent la fête jusqu'à pas d'heure je pouvais parfaitement le comprendre mais qu'ils le fassent aussi dans la semaine c'était tout simplement insupportable. Ça faisait trois jours de suite que je ne dormais pas, que je passais mes journées à essayer de rattraper mes heures de sommeil en faisant des siestes. En priant chaque nuit pour que une fois le raffut s'arrêtent. Je n'avais jamais aimé le métal, même dans mon adolescence, en pleine crise je n'écoutais pas du métal mais du heavy métal ce qui n'était absolument pas la même chose. On ne pouvait pas dire que le heavy métal était du métal, comme on ne pouvait pas dire que du gruyère était de l'emmental. Il y avait une différence en chaque chose et moi je la percevais parfois mieux que d'autre, surtout quand je n'arrivais pas à dormir à cause d'une musique de merde !! Il était rare que je m'énerve mais quand ça m'arrivait il valait mieux ne pas être dans les parages. Pour faire passer cette nuit d'horreur j'avais revu avec un certain plaisir et énervement 300, suivi de Sin city et finir avec Spirit tous les trois de Frank Miller. Oui je sais ça fait beaucoup de film à la suite mais il fallait bien clôturer cette nuit blanche par le sourire éclatant de blancheur de Samuel Jackson, son rire et sa façon de dire qu'il n'aimait pas avoir des œufs sur le visage. Je n'avais pas compter le nombre de fois où il le disait dans ce film mais il le disait bien une dizaine de fois c'était sur.

Je barbotais dans mon bain depuis une bonne heure déjà, les yeux clos je savourais l'eau chaude, elle était tiède désormais vu que je barbotais depuis un moment. Ma teinture brune était définitivement partie laissant découvrir ma chevelure rousse, colorant l'eau en marron. Je m'en moquais, j'étais bien là, essayant de me détendre au maximum. Mon chat, Athéna me regardait en ronronnant, elle avait trouvé un observatoire depuis le meuble du lavabo. Hors de question que Madame se mouille les pattes, non elle voulait rester bien au sec et éviter la mousse du bain. Je pensais bien pouvoir rester toute la journée ainsi mais soudain je me souvenais que j'avais rendez-vous avec Monsieur Quincy pour un cours particulier d'histoire.

Eh merde !

Je sortais du bain, je ne pouvais m'empêcher de sursauter en voyant l'heure à ma montre. Il allait arriver dans une demi heure et je n'étais pas habiller, l'appartement était en désordre. Je m'étais en quatrième vitesse un jean et un t-shirt à manche longue, je m'affairais à mettre un peu d'ordre dans mon appartement, j'ouvris les fenêtres histoire de faire un peu d'air. Sinon ça allait trop sentir le renfermer, je ne supportais pas l'odeur du renfermé, surtout dans mon appartement que j'essayais de tenir le plus propre possible. Soudain la sonnette retentit. Je m'arrêtais dans mon élan et alla ouvrir la porte.

Bonjour monsieur Quincy, entrer

J'ouvris la porte en grand et m'effaça sur le côté pour le laisser entrer quand je vis la balle en mousse de mon chat rouler entre ses jambes. Mon chat courait pour essayer de rattraper sa balle. Dans un élan, je devais paraître ridicule pour courir après un chat mais je ne voulais pas le perdre, il m'avait déjà fait le coup en allant jouer dans les escaliers. Je bondis me retrouvant à quatre pattes devant Damian pour attraper ma boule de poil, je pris la balle en mousse dans ma main et entra dans l'appartement. Je le posais par terre avec sa balle et le regardais méchamment, il n'avait pas à faire ce genre de chose sinon j'allais finir par vraiment m'énerver. Je me retournais vers le professeur, je me montrais impoli devant mon hôte, je devais me rattraper après tout nous étions là pour travailler et non s'amuser avec un chat fugueur.

Je m'excuse, vous voulez un thé ? Installez-vous

« LEONIE & DAMIAN »

Damian n'a jamais été impatient, parce qu'il a toujours du temps à perdre. Cependant ça faisait déjà un petit moment qu'il glandait sur le palier et Léonie ne se pointait pas encore. Il aurait volontiers attendu encore un petit peu s'il n'avait pas déjà le doute de s'être trompé de maison, surtout que personne ne débarquait. Tant pis, alors ! « Désolé ! Je voulais juste vendre des papayes ! » s'écria-t-il en se retournant à moitié, s'apprêtant à partir. Et c'est pile à ce moment-là que Léonie apparut, tiens ! L'appel des papayes a du l'interpeller !« Bonjour monsieur Quincy, entrez. » Damian sourit par réflexe, grâce à son timing irréprochable mais également à sa manie –tout à fait logique d'ailleurs- de le vouvoyer. Il acquiesça en guise de salut (que voulez-vous, trop flemmard pour ouvrir la bouche) et était sur le point d'entrer lorsqu'il vit... une balle en mousse rouler entre ses jambes. Puis un chat. Puis Léonie ? Woah, la demoiselle avait une manière très sympathique de communiquer avec son animal ! Imiter la bête pour mieux l'approcher, très judicieux ! Le jeune professeur s'écarta sur le côté, regardant la scène avec un sourcil haussé sans tout de même lâcher son sourire. Il faut dire que c'était très particulier comme situation, quoi.

« Je m'excuse, vous voulez un thé ? Installez-vous. - Ca ira, merci. »

Damian retira sa veste et la posa à côté de lui en s'asseyant. Il répliqua ensuite. « En fin de compte, j'aimerais bien un thé, s'il te plaît. » Le mec pas du tout chiant, stp ! Il faisait toujours ça, d'ailleurs. Refuser "par politesse" pour faire bonne figure, et puis tout d'un coup, hop, il change d'avis ! N'empêche, c'est une technique assez intelligente, qu'est-ce qu'on aurait l'air con à répondre du premier coup "oui s'il te plaît, et mets deux sucres dedans d'accord !". Enfin, c'était un truc tout con, elle ne lui en voudrait pas pour ça voilà tout. Damian s'enfonça légèrement dans le canapé et regarda autour de lui. Il sentit alors la boule de poils ambulante se frotter à ses jambes, ce qui le fit sourire encore une fois. « Elle s'appelle comment, déjà ? » Oui, "déjà". Léonie avait sûrement déjà du lui en parler. Enfin, il ne s'en souvenait pas du tout, de la même manière que, si elle lui avait déjà dit, il ne s'en souvenait pas non plus. Il s'était dit ça juste par déduction, parce que d'habitude les propriétaires d'animaux finissent toujours par en parler un jour ou l'autre. De toute façon ça ne lui servirait pas à grand-chose de connaître le nom de l'animal, il avait dit ça au pif. Mais tout compte fait ça pouvait toujours servir un jour ou l'autre, si jamais la bestiole lui volait une précieuse possession et qu'il voudrait l'interpeller pour récupérer son bien. Parce que, pas sûr que l'animal réponde à la mention de "eh, machin chose !".

Bref, tout ce bordel interne était fort fascinant mais ça n'avançait pas le jeune homme à grand chose. En attendant il ne savait toujours pas ce qu'ils allaient faire. C'est drôle, parce qu'il avait beau être le professeur, c'était presque toujours Léonie qui menait le cours. En même temps, elle ne suivait pas un programme scolaire, elle apprenait selon ses envies, donc le sujet dépendait toujours d'elle. Ce pourquoi Damian repassait en revue pratiquement tout ce qu'il savait de l'histoire, se demandant ce dont ils pourraient bien parler aujourd'hui. Allait-il lui dévoiler la mort de rire littérale de Chrysippus après avoir vu un âne manger des figues, ou plutôt lui apprendre que les fausses dents de George Washington étaient faites à partir d'ivoires d'hippopotame?

Damian & Léonie

Une fois la porte de mon appartement bien fermé je lâchais mon chat par terre et mis la balle en mousse dans un coin, il serait dommage que Damian se casse la figure en marchant dessus. Ce qu'il me dit m'étonnait, un anglais qui refusait de boire du thé, j'avais du rester un peu trop longtemps dans le bain, ça m'avait ramollis les neurones. Et puis quelques minutes après il revint sur sa décision, je ne pus m'empêcher de sourire. Le thé et les anglais une grande histoire d'amour ! J'allais mettre sur la table les deux tasses ainsi que du sucre, je ne savais pas s'il en prenait au moins le pot de sucre serait là au cas où. J'attendis un petit moment que l'eau finisse de chauffer pour la verser dans une théière et laisser le thé inffuser.

Athénaïs comme la maîtresse de Louis XIV

Quoi ? Mon chat était tout aussi beau et gracieux que la célèbre favorite du plus grand des roi de France. Je posais sur la table basse la théière, je versais le liquide chaud dans les deux tasses et m'assit à côté de lui sur le canapé. Pas trop proche on se savait jamais ce qui pouvait se passer dans la tête des gens et puis Damian n'avait pas l'air d'apprécier quand on était un peu trop proche de lui.

Pourquoi des papayes ? Vous voulez vivre sur une île plutôt que d'enseigner l'histoire à des gosses de riches

J'avais parfaitement entendu sa remarque sur le fait que je n'arrive pas à temps à ouvrir la porte. C'était une excuse que l'on n'entendait pas souvent, un vendeur de papaye, je me demandais bien pourquoi il avait dit cela, il aurait pu se prétendre vendeur de n'importe quoi, aspirateur, climatiseur. Que sais-je encore ? Je me demandais s'il aimait son métier, c'est vrai pourquoi se faire passer pour un vendeur et ne pas dire directement qui il était. Non on dirait qu'il n'aimait pas sa vie, peut-être qu'il aurait aimé être archéologue, écrivain. Il y avait des jours où j'aimerais être quelqu'un d'autre, avoir une autre vie ou tout simplement revenir en arrière. Je buvais une gorgée de mon thé lentement, il était vraiment chaud et je n'avais pas envie de me brûler en me précipitant dessus.

Vous connaissez bien la Grèce antique ? Ou vous voulez qu'on aborde un autre sujet ?

« LEONIE & DAMIAN »

Après la feinte du "non je veux pas de thé, en fait si j'en veux" –qui avait du l’étonner d’ailleurs, parce que les anglais et le thé c’est comme Kim Kardashian et la stupidité, inséparables !- Damian s'installa sur le canapé et s'y enfonça confortablement, observant les alentours comme à son habitude. Et non, il ne comptait pas sursauter d'un coup en s'exclamant "Aha !" parce qu'il n'était en fait pas un prof, mais un décorateur qui s'infiltrait chez Léonie uniquement pour observer sa décoration et en repérer les failles pour les réparer. Il avait juste l'habitude de regarder autour de lui pour passer le temps. Et puis, la décoration et lui, ça fait deux. Après tout il vit dans un appartement à moitié meublé, tapissé de vêtements et avec des cartons toujours pleins qui traînent partout. C'est pas vraiment dans ce genre d'endroit qu'on imaginerait Valérie Damidot vivre, hein. Trêve de bavardages (enfin c'est pas vraiment un bavardage vu que je monologue, oui pardon je reviens au rp), Damian sentit la bestiole se frotter à ses jambes et il se dit qu'il pourrait demander son nom, tiens. Ca ne lui servirait pas à grand chose mais au moins ça meublerait la conversation. Et puis, ça restait une information en plus.

« Athénaïs comme la maîtresse de Louis XIV. »

Le jeune professeur sourit encore une fois. C'était plutôt joli comme prénom, très intellectuel aussi. Il s'en foutait pas mal aussi, mais ça restait joli ! Et puis, c'était déjà plus recherché que le nom son chat à lui, qui était noir et s'appelait... Salem. Et non, Damian n'est quand même pas fan de Sabrina la sorcière. Bon okay, juste un peu alors. Mais c'est quand même cool comme nom, Salem ! « C'est un très joli nom. » murmura-t-il en caressant la chose touffue (haha ça sonne faux) avant de la laisser partir pour reporter son attention sur sa maîtresse (celle de la chose, pas de Damian, hein). Il la regarda préparer le thé avec attention –il faut dire que ça lui avait manqué, il n’avait pas bu de thé depuis un bon bout de temps, ces temps-ci il avait toujours la tête fourrée dans le whisky- puis lorsqu’elle eut fini, s’empara sans plus attendre de la tasse qui restait et y mit deux morceaux de sucre, avant de remuer avec le petit doigt levé, comme le snob qu’il était. (Mais nooon, Damian est un mec très modeste voyons)

« Pourquoi des papayes ? Vous voulez vivre sur une île plutôt que d'enseigner l'histoire à des gosses de riches. »

Ben voyons, tout était préférable à être prof dans une école de gosses de riches ! S'il y avait un type de personnes qui pouvaient potentiellement être plus chiantes que les lycéens, c’était les universitaires, mais pas n’importe lesquels, les riches surtout. Enfin, Damian a lui aussi été riche pendant la plus grande partie de ses études universitaires (jusqu’à ce qu’il se fasse lâcher par la mifa parce qu’ils n’acceptaient pas qu’il soit born this gay, eh oui la vie est dure) mais il ne comptait pas, c’était une exception, un cas à part, Damian était unique et au-dessus de tout –euh oui, ou pas. Il se contenta de rire à cette remarque avant de reprendre une gorgée de thé. « Vous connaissez bien la Grèce antique ? Ou vous voulez qu'on aborde un autre sujet ? » Ah ben tiens, lui qui voulait tant parler un jour à ses élèves de la mort de Chrysippus, c'était maintenant ou jamais. « Non, c'est parfait comme sujet. » Il sortit un gros livre d'histoire bien barbant de son cartable (je n'avais pas précisé qu'il en avait un? eh bien il n'est jamais trop tard !) et alors qu'il feuilletait les pages à la recherche du chapitre sur la Grèce Antique, il se dit que Léonie devait le prendre pour un type grave chelou (pas qu'il soit normal). Il n'en avait pas grand chose à faire, mais il préférait quand même qu'elle continue à le prendre au sérieux parce que c'est elle qui le paie quand même non mais oh, faut pas déconner. Il lança alors tout en continuant de feuilleter le livre. « C’est juste pour laisser une impression au cas où je me trompe de maison. Je n’aimerais pas n’être qu’un simple passant. » Eh oui, Damian était égocentrique jusqu’au bout, il refusait qu’on oublie ses passages. Mais en fait non, pas vraiment, il préférait qu’on lui foute la paix. Il était juste naturellement excentrique et très décalé, normal qu’il fasse toujours tout de façon très originale. Il cherchait juste une bonne raison pour convaincre Léonie que son rêve n’était pas de devenir vendeur ambulant de papayes. Ce n’était pas assez ambitieux sur lui. Quoi que, sur une île déserte, ça pouvait être un challenge digne de lui. Surtout parce qu’il n’y aurait personne à qui vendre en fait. Ce serait d’autant plus intéressant de tenter de marchander avec la faune. Enfin bref. C'était toujours pas assez pour se faire prendre au sérieux, en fait c'était même pire ! « À vrai dire, j'ai toujours voulu être archéologue. » Mais j'ai pas pu parce que j'ai abandonné mon doctorat pour mon fiancé et maintenant qu'il s'est barré je suis dans la merde ! mais on va éviter d'ajouter cette partie, hm.

Damian & Léonie

Oui Athénaïs était un joli nom, j'avais hésité à lui donner aussi Thétis comme prénom, c'était la mère d'Achille. Personnellement j'adorais les prénoms grecs, il finissait la plupart du temps en "i", on disait qu'il fallait donner un nom à un animal qui finit par un "i" pour que celui-ci comprenne mieux quand on l'appelait. Mon chat ne répondait pas forcement mieux à son nom que si je l'avais appelé Paulette. Mais ça faisait moins classe Paulette et tellement frnaçais, Athénaïs aussi surtout si on savait les raisons de mon choix mais ça sonnait grec alors c'était bien pour moi en tout cas. Le chat semblait apprécier lesj ambes de Damian, j'espérais qu'il ne soit pas allergique sinon il allait se mettre à éternuer pendant un moment et la présence du chat l'indisposerait. Je prenais la petite balle en mousse et la fit rouler jusque dans la cuisine, dès que le chat entendit le bruit de la balle, elle se figea et courut dans la direction de la cuisine pour aller jouer. Enfin il pouvait se détendre il n'y avait plus de boule de poil pour reniffler ses chaussures, c'était un défaut de mon chat, elle adorait sentir les chaussures des gens, étrange ?

Parfait alors dites moi ce que vous voulez sur la Grèce antique

Cette époque me passionnait véritablemen alors il pouvait me dire ce qu'il voulait ce dont il avait envie, je n'étais pas l'éducation nationale qui imposait des sujets à aborder avec les élèves. Il pouvait être totalement libre avec moi et parler de sujet qu'il ne ferait probablement jamais avec ses élèves. J'aurais pu lui demander de me parler encore d'Alexandre le Grand mais je savais déjà assez sur lui et sa vie que je ne pourrais rien apprendre de bien nouveau, en plus j'avais beaucoup de livre sur lui sur mes étagères. Il pouvait toujours m'apprendre ou se cachait son corps.

C'est sur qu'on ne va pas oublier votre passage, j'aurais bien aimé que vous veniez avec une vraie papaye, c'est super bon

Je buvais une gorgée de mon thé en faisant attention de ne pas me brûler au passage, je ne pouvais m'empêcher de sourire en le voyant touiller son thé, le petit doigt en l'air. Je trouvais un peu ridicule les personnes qui avaient cette manie, je ne dis rien pour ne pas le vexer, mes journées seraient bien tristes s'il ne venait plus me donner des cours.

Archéologue, je suis sur que vous auriez enfin trouvé le corps d'Alexandre le Grand, aux dernières nouvelles il serait à Venise

« LEONIE & DAMIAN »

« Parfait alors dites moi ce que vous voulez sur la Grèce antique. » Damian acquiesça en sortant un livre de son cartable. Tandis qu'il le feuilletait il expliqua son arrivée décoiffante et rit au commentaire de Léonie. Laisser comprendre à quelqu'un que son plus grand but dans la vie c'est être vendeur de papayes n'est pas vraiment la meilleure manière de faire bonne impression, ce pourquoi Damian se rattrapa immédiatement en révélant qu'il a toujours voulu être archéologue. Il n'était pas du genre à parler ainsi de lui-même, mais il jugeait tout de même important de sauver son image auprès de Léonie. Après tout, même si elle n'était plus une gamine, si elle ne prenait pas son propre professeur au sérieux, il risquait d'avoir du mal à lui inculquer quoi que ce soit. Et puis c'était la loose quand même, faut l'avouer ! « À vrai dire, j'ai toujours voulu être archéologue. » confia-t-il donc.

C'est vrai ; depuis tout petit déjà Damian rêvait de devenir archéologue. Il ne pouvait tout simplement pas s'imaginer faire quoi que ce soit d'autre, encore moins professeur -et surtout pas d'histoire, c'était bien trop barbant pour lui ! L'histoire, il aurait aimé la découvrir de ses propres yeux, pas lire ce que de vieux historiens ennuyeux avaient à dire dessus. Mais le destin en a décidé autrement et Damian s'est un jour trouvé contraint d'abandonner son rêve, se contentant de s'éloigner le plus possible de tout ce qu'il avait pour devenir professeur d'histoire à Berkeley, ce qui n'était tout de même pas mal -mais pas suffisant pour lui. Le jeune homme avait, après tout, renoncé à son doctorat pour son fiancé, pour qui il avait également abandonné sa famille. Ayant tout perdu à son départ, y compris les parents qui servaient à financer ses études, Damian s'était retrouvait seul. Même s'il avait de nouveau les moyens financiers pour reprendre ses études, il ne pensait pas être capable de le faire sans repenser sans cesse au passé. Il faut dire que ça avait été une expérience quasiment traumatique pour l'anglais.

« Archéologue, je suis sur que vous auriez enfin trouvé le corps d'Alexandre le Grand, aux dernières nouvelles il serait à Venise. »

Damian sortit de ses pensées et soupira. Il savait bien toutes les choses qu'il aurait pu faire, ou du moins tenter d'accomplir s'il n'avait pas renoncé à ses études, s'il avait eu le courage de confronter sa famille, s'il avait tenté de faire autre chose, s'il n'avait pas fui, si, si, si... Il sentait une vague de regret l'envahir, et il tenta de la repousser avec une énième gorgée de thé. « Oui, ç'aurait été une découverte mémorable. C'est vraiment dommage que je n'aie pas pu aller plus loin. » Damian pensait que c'était bien plus que "dommage". Il le regrettait amèrement, comme on regretterait d'avoir mis le chat de la voisine dans la machine à laver parce qu'au final ce n'est pas une mégère. Mais il n'en laissait rien paraître, évidemment, et il ne le ferait jamais. Il refusait de dire quoi que ce soit sur lui-même, principalement par fierté, et aussi parce qu'il n'était pas là pour discuter de sa vie privée et pleurer sur les genoux de Léonie parce qu'il l'aimaiiiit, qu'il aurait du s'en douteeer, qu'ils auraient pu toujours être ensemble à l'heure qu'il eeeest etc etc etc., mais pour lui enseigner un peu d'histoire.

Il remarqua que depuis un bon bout de temps, il feuilletait aveuglément le bouquin, ses yeux ne se décollant pas des pages tout comme ses pensées ne se décollaient pas du passé, mais qui regardaient tout de même dans le vide. Damian ferma alors le livre d'un geste vif et le jeta à côté de lui, sur le canapé. Il fixa ensuite Léonie, se rappelant une information sur la Grèce Antique assez vite pour que la jeune femme ne commence pas à avoir peur et se demande si elle devrait appeler la police (on sait jamais, et puis il fait un peu flipper, quand même) et c'est la voix dénuée de toute conviction qu'il lui révéla cette info. Lorsque Damian repensait à son passé, ne serait-ce qu'en le survolant de l'esprit, il n'arrivait pas à en détacher ses pensées pendant un bon moment, ce pourquoi il était devenu alcoolique ; car ça l'aidait à oublier plus vite. Et maintenant qu'il y avait repensé, même vite fait, il n'était pas prêt de se dire "et puis merde, j'ai autre chose à faire moi !". Mais bien sûr, il ne devait rien en laisser paraître. Monsieur porte de prison, bonjouuur.

« Savais-tu que, dans la Grèce Antique, les soldats se lavaient les cheveux avant les batailles pour mourir en beauté? »

Damian & Léonie

Et vous ne pouvez pas reprendre cette activité à côté de votre métier ? C'est courant que les archéologues soient professeur ou écrivain en même temps. Selon moi son corps est éparpillés aux quatre coins du monde et c'est pour ça qu'on ne le retrouve pas

Il avait l'air de bien regretté son choix de laisser tomber ses études d'archéologie, je ne voyais pas pourquoi il ne combinait pas son métier et sa passion, c'était monnaie courant que des professeurs fassent autre chose à côté de leur métier. Je ne voulais pas non plus me mêler de ce qui ne me regardait pas, il menait sa vie et je n'avais rien à y redire, après tout il faisait ce qu'il voulait. Je m'assis en tailleur sur le canapé pour l'écouter, cherchant dans son livre ce qu'il allait bien pouvoir me raconter, quelques secondes après il se ravisa pour me dire quelque chose qui n'était pas dans les manuels d'histoire. Les grecs se lavaient les cheveux avant la bataille, ils avaient pas autre chose à penser ?

Tous ? Ou vous parlez juste de ceux qui avait les moyens de se payer le luxe de se laver ?

Je savais que dans les temps anciens la mort était un sujet très important, il fallait être parfait dans l'autre monde pour être bien vu par les dieux. J'avais entendu dire que le rituel mortuaire était de laver le corps du mort et ensuite de lui poser deux pièces sur les yeux pour le passeur et ensuite on le brûlait, mais je pensais qu'il n'y avait que les personnes haut placées qui pouvaient se permettre un tel enterrement. J'avais un peu de mal à le croire, à quoi cela rimait puisque pendant la bataille les hommes suaient, leur cheveux était donc sales au final. Je levais un sourcil et une moue pour lui signifier que j'étais dubitative quand à sa réflexion sur les soldats.

C'est étrange parce qu'après le combat les hommes puent la sueur et on de la terre sur eux... Vous venez juste de l'inventer ou vous l'avez lu ?

« LEONIE & DAMIAN »

Damian avait considéré le fait d'être archéologue à côté de son métier de professeur plusieurs fois. À vrai dire, c'était la seule chose à quoi il pensait vraiment -mais sans son doctorat, il ne pouvait pas faire grand-chose, sinon il n'aurait pas besoin d'une alternative car il ne serait jamais devenu professeur en premier lieu. Cette indisposition lui mettait donc énormément les bâtons dans les roues ; il s’en sentait presque handicapé. « Je n'ai pas pu terminer mon doctorat, et... c'est un peu trop tard pour reprendre maintenant. Donc je suis coincé avec des gosses de riches, comme tu dis. » lui adressa-t-il d’un air rieur sans décrocher ses yeux de son livre. Il n’avait pas trop envie de lui parler de ses problèmes financiers qui expliquaient son incapacité à reprendre ses études, ni la querelle avec sa famille qui était à l’origine de tout cela, ce pourquoi il fit subtilement (ou pas) le détour avec humour, en reprenant l’expression de Léonie. Il ferma ensuite le gros bouquin et enchaîna avec une information qu'elle ne connaissait sûrement pas ; que les soldats se lavaient les cheveux avant les batailles pour être beaux dans l'au-delà. Il aurait pu lui parler de quelque chose de plus important, certes, mais elle devait déjà en savoir pas mal sur la Grèce Antique. Le genre de choses bateau que tout le monde connaît. Les habitudes capillaires des soldats, ça, par contre, personne n'en a jamais entendu parler !

« Tous ? Ou vous parlez juste de ceux qui avait les moyens de se payer le luxe de se laver ? »

Damian leva les yeux au ciel, l'air de réfléchir, avant de hausser légèrement les épaules et de répondre. « Il n'y a rien de précis à ce sujet. Je suppose que c'était une espèce de rituel d'ensemble, que tous les soldats passaient un par un se faire un brushing ! » Le jeune homme sourit pour lui faire comprendre qu'il plaisantait (on ne sait jamais, certaines personnes prennent un peu tout au sérieux et ce ne serait définitivement pas bon pour sa carrière qu'on se dise qu'il pense que Frank Provost existait dans la Grèce Antique). De toute façon Léonie devait sûrement être déjà en train de se foutre de sa gueule à l'heure qu'il est, à se demander quel genre de prof enseigne ce genre de choses à ses élèves ou soit convaincu qu'elles étaient vraies. Néanmoins il n'était pas surpris par son air perplexe ; lui-même n'y avait pas cru au début. Il faut dire qu'une coupe/shampooing, c'est la dernière chose à laquelle on devrait penser avant de se faire sans aucun doute charcuter dans un grand bordel poussiéreux spectaculaire.

« C'est étrange parce qu'après le combat les hommes puent la sueur et on de la terre sur eux... Vous venez juste de l'inventer ou vous l'avez lu ? »

Damian feignit d'être vexé. Lui, inventer ? Au diable, jamais il ne ferait ça ! Il acquiesça fermement pour assurer que c'était bel et bien un fait réel. « Et bien je suis plutôt convaincu de sa véracité, surtout que j'ai lu ça assez souvent. » Il arbora un air pensif pendant un moment avant de poursuivre. « Enfin, je voulais te parler de quelque chose d'un peu moins... commun que d'ordinaire, mais je doute que ces "connaissances" te servent à quoi que ce soit, à part te laisser perplexe bien sûr. Et si on parlait de la Mésopotamie ? » La Mésopotamie était un sujet bien trop peu abordé à son goût. C’était une époque fort fascinante, majestueuse et resplendissante, d’autant que le jardin de l’Eden était sensé se situer là et que, par conséquent, c’était là que le destin de l’humanité s’était joué. Quoi de mieux comme sujet pour une intéressante séance d’histoire ?