Je la détestais. Je vous jure que je la détestais. J’avais envie de lui faire manger son sourire et ses cheveux roses ! J’allumais ma cigarette en craquant à plusieurs reprises mon briquet. Aller ! Il fallait toujours que ca prenne trop de temps. J’avais pas pu fumer depuis des heures, enfermé à faire cours à des saletés de gosses… Ils m’avaient tous énervé avec leurs questions stupides. Je maudissais les premières années et bénissais celles plus mûres. Je tirais sur le petit bâton de tabac dans l’espoir de me calmer un peu. Mais j’aurais pu me douter que tout ne serait pas aussi simple. Lorsque l’on parle du loup, la gamine en rose pointait le bout de son nez. Une vague de rage me submergea en la voyant me passer sous le nez avec son regard fuyant. Je fermais un cours instant les yeux en sentant le courant d’air passer devant mon visage. Sal**e

« MAIS MERDE ! BARRES TOI CONNASSE ! » Hurlais je à pleins poumons, poussant quelques têtes à pivoter vers moi.

Un professeur qui hurle après une élève ce n’était pas commun surtout avec un ton pareil. J’étais plutôt cool habituellement avec les gamins, même les plus récalcitrants. Pourtant, Aengus avait le don de me pousser à bout. J’aurais pu me douter qu’elle me volerait ma cigarette dans le but de l’écraser sous son talon sans le moindre ménagement. Elle avait toujours bousillé toutes mes clopes. Une manie chez elle ! J’étais à bout de nerfs depuis des jours. J’avais quitté l’hopital plus tard que prévu à cause de quelques ennuis supplémentaires : une infection. J’avais dû supporter les crises d’angoisse d’Angela, les éternels questionnements de mon collègue de travail et maintenant Smile faisait son grand retour. Vous saviez quels ennuis j’aurais si on apprenait que je l’avais laissé filer ? Elle m’avait reproché mon manque de sérieux dans mon travail et j’étais vexé. C’était à cause d’Aengus tout ca et savoir que la tornade puisse avoir un lien avec Smile me mettait hors de moi. Je ne m’étais évidemment pas attendu à la réaction d’Aengus. Mon visage pivotait dans une cuisante douleur et un instant je trouvais la gifle presque mérité.

Sans réfléchir, je l’attrapais par le bras pour la tirer vers l’intérieur. Elle me suivrait, de gré ou de force. J’aurais pu la trainer dans le bureau de la directrice mais à quoi bon ? J’allais régler ce problème à ma façon. Au fur et à mesure de mon avancée, je sentais Aengus fulminer derrière moi. Je patientais qu’elle arrive à un degré de saturation intense, le même que le mien, jubilant à l’idée de la pousser à bout. J’ouvrais une des salles de retenus et la jetais à l’intérieur sans le moindre ménagement. Qu’elle se mange une table ou une chaise ou qu’elle se fasse mal m’était bien égal. On aurait pu croire que je m’apprêtais à la frapper et la cogner dans un coin isolé. Je refermais la porte à clef derrière moi pour m’assurer qu’elle ne s’échapperait pas.

« Tu as menti. Tu pensais qu’on ne le remarquerait pas ? D’ailleurs es tu seulement capable de penser, ‘Gus ? Tu crois que tu peux nous rire au nez sans en payer le prix ? »

Je tapais sur une table de mon poing. Qu’elle ouvre les yeux ! Qu’elle réalise ! Il était temps d’arrêter les frais ! Je ne voulais pas finir avec une autre balle dans le corps. J’aurais peut être moins de chance pour la prochaine fois et elle aussi pouvait s’attendre à pire.

« TU FAIS CHIER MERDE ! »

Je poussais une chaise du revers de la main, repoussait une table d’un coup de pied pour mieux m’approcher d’elle, l’air toujours aussi furieux.

« CA TE TUERAIS POUR UNE FOIS D’AVOIR L’AIR NORMAL ? D’AGIR COMME TOUT LE MONDE ? TU COMPTES DETRUIRE TOUT CE QUE TU TOUCHES ? TA COUSINE , MOI, KIMBERLY, LIAM ET J’EN PASSE. »

Je l’agrippais par le col pour la redresser sans bien calculer son expression ou son immobilisme. Le souffle court, je ne pouvais plus parler. Je tentais de garder le dernier reste de contrôle que je pouvais avoir sur moi-même pour ne pas lui coller mon poing dans la figure. Si je n’avais pas pu la frapper chez Noah, ici, je pouvais parfaitement bien le faire. Je n’aurais aucun problème de conscience à défigurer l’inconsciente qu’elle était. Réalisait elle seulement que sa folie mettait en danger bien des gens, et ma sœur en premier ? Tous ceux qui l’entouraient seraient menacés par cette arme si elle le vendait aux russes. Ne pouvait-elle pas simplement rester tranquille ? Est-ce qu’elle cherchait la guerre ? Est-ce qu’elle était prête à tout détruire ? Ses idées de fins du monde me glaçaient le sang. Elle était bien capable d’être folle, l’idée ne me dérangeait pas outre mesure !

Connaissez-vous la colère ? Connaissez-vous la haine ? La passion enrôle votre esprit et vous n’êtes alors qu’un pantin entre les mains d’un marionnettiste capricieux. Les membres s’agitent et le cœur se perd en des échos lointains qui résonnaient aux creux de vos oreilles. Ce fut ainsi que sa main heurta la joue de Shawn et que la culpabilité ne pu surmonter la rage qui habitait son regard pour s’y exprimer pleinement.

A la manière d’une tortue endormie, Aengus avait rentré la tête dans les épaules pour mieux se sentir protégé des coups qui fuseraient contre elle. Il répliquerait. Les vibrations de sa rancœur arrivaient en pleine figure à la blonde qui, une fois, se transformait en vulgaire poupée de chiffon. Trainée à son insu au gré des couloirs, bousculée et repoussée dans une pièce, l’étudiante perdit l’équilibre sous la puissance de l’agent. Les mains ne purent se tendre assez rapidement pour amortir la chute. D’une part, ses réflexes se trouvaient grandement amoindrit par ses médicaments. D’autre part, elle avait préféré lutter contre la poigne de Shawn que se concentrer sur la chute. Son flanc heurta la chaise d’un des bureaux et elle roula contre l’une des tables. Le choc lui coupa le souffle mais aucune douleur ne sembla se faire sentir.

Un rire fusa des lèvres sanguines tandis qu’elle ne prenait pas la peine de se relever. Le revers de sa main cueillit la perle de rubis roulant sur sa peau opale. Dernier supplice pour bafouer sa dignité. Les meubles formaient l’unique rempart entre l’homme furieux et le corps recroquevillé qui convulsait dans quelques l’éclat d’une hilarité toute inappropriée. Le regard regardait les choses bouger dans toute la violence. Les frontières s’écartèrent pour laisser l’homme face à elle. Une fois de plus, il l’empoignait, prenait sa chair, lui passait un collier de chair pour mieux la diriger. Il dominait et elle tremblait. La lueur de dégoût et de déception dans son regard tuait lentement les faibles bâtisses d’équilibre qu’elle avait su sauvegarder. Détruire ? Détruire…

« Je ne suis pas un animal… Je… »

Écoutait il seulement ? A la lueur malsaine de son regard, la réponse semblait claire : non. Il reprenait la parole en ignorant superbement ses petits mots tout juste soufflé, presque timide qu’elle avait osé avancer. Elle comprenait ce qu’il pouvait avancer mais … alors qu’il la bloquait soudainement contre le mur du fond, elle cru tomber, chuter. Elle pouvait s’admirer, se voir, se sentir agir sans avoir le moindre contrôle sur ses faits et gestes. Le pantin qu’elle avait toujours eut l’impression d’être venait d’aboutir. La scène se regarda de l’extérieur. Aengus semblait s’être totalement dissociée de son propre corps, comme si son esprit en était ressorti. Ses poings frappèrent la chair dans un bruit sourd, ses genoux rencontraient la violence d’un autre corps. Elle poussait, bousculait et heurtait l’homme qui lui rendait chaque mouvement, la poussant plus encore.
La fenêtre… la fenêtre demeurait l’unique et dernière sortie envisageable. Alors qu’elle hurlait de toutes ses forces de ne pas ouvrir les battants aucun son ne quitta sa bouche, aucun mouvement n’agita ses lèvres. Elle assistait, spectatrice à sa propre fuite. Qu’il la sauve encore. Qu’il l’empêche de se tuer quelques mètres plus bas. Qu’il lui prouve que sa vie n’était pas juste bonne à finir écrasée contre le bitume.

Je peinais grandement à me contrôler. La blonde me faisait penser à ce fou que j’avais écrasé contre un mur dans l’espoir de le tuer. Je ne lui avais rien fait et parfois, je le regrettais avec amertume. Elle était différente. Cette lueur de douleur qui émanait de tout son corps me hurlait de continuer à pousser ses limites plus loin encore. J’étais comme enseveli sous trop de rage. Je l’attrapais sans écouter. Soudain, elle se braqua, frappant encore et encore. Je sentis ses poings évitant la majorité, attrapant ses poignets. Ce fut à ce moment qu’elle choisi de me loger son genou non loin d’une partie de mon anatomie que je qualifierais de très sensible autant physiquement que psychologiquement. Sans bien réfléchir, je la laissais s’échapper de mon emprise. J’avais espoir qu’elle se calme mais je me trompais. En me relevant, je voyais ses mains tremblantes s’acharner sur une pauvre fenêtre qui n’avait absolument rien demandé.


« Ca ne s’ouvre qu’en V tu ne pourras pas passer…C’est fait exprès pour que des tarées dans ton genre ne puisse pas sauter. »

J’étais lassée de la voir brasser de l’air continuellement, de mentir comme un arracheur de dents, de frapper et de mouliner… Un don Quichotte des temps moderne. Sauf qu’elle, elle avait belle et bien une puissante arme entre les mains.

« Aengus… »

J’attrapais son bras pour la pousser à s’assoir sur une chaise.

« Y a pas de moyen de fuir cette fois ! Je veux la vérité ! Soit tu te décides à parler, soit j’annule la protection et tu te démerdes toute seule avec les russes. Je ne suis pas idiot Aengus, personne ne résiste à la torture durant quatre jours. Si eux sont crédule, moi pas. Tu n’as pas les plans. Tu ne sais pas ou ils sont. Tu ne savais même pas ce que tu volais. Sans les plans tu n’as plus aucun intérêt pour personne… Tu le comprends ca ? Plus rien n’empêchera les russes de te buter ! Alors qui ? Smile ? Qui a les plans ? »

Je profitais de son assise pour venir taper des deux mains sur le bureau devant elle, m’approchant d’un air mauvais. J’avais vu juste. Au départ, je bluffais mais à son air, je compris que j’avais bon. Est-ce que les plans étaient passés entre les mains de ce fameux Benedikt ? Est-ce qu’il avait profité de son retour en Russie pour y déposer l’ensemble, le revendre ? Est-ce qu’ils avaient fait un sale coup aux Russes tout les deux ? Trois, si on comptait Smile ? Il y avait bien assez d’argent pour tous dans l’affaire. Smile désamorçait le système, Aengus entrait, Benedikt revendait. Le plan idéal…Ce qui m’échappait en revanche restait les motivations d’Aengus. Je la connaissais assez pour savoir que l’argent n’avait pas d’intérêt si important à ses yeux. Qu’est ce qui avait bien pu lui faire changer d’avis ? J’avais épluché ses comptes dans l’espoir de voir apparaitre une trace de l’argent. Rien. Peut être devrais je me pencher sur ceux de Benedikt ? Mais je ne souhaitais pas mettre Benedikt dans la conversation. C’était une carte qu’il ne faudrait pas jouer. Imaginez qu’elle le prévienne ? Les plans disparaitrait alors subitement… Impossible.

[HRP: Bienvenue dans le monde moderne Cactus! lol Cette fois c'est bon? Madame arrive à lire correctement? ]

corbeille