Début octobre, les soirées commençaient à être fraiches, ou du moins on sentait que l'été était loin. Après les cours de la journée et avoir révisé et fait quelques devoirs, le garçon prit une veste et décida de sortir en ville... pour... en fait il ne savait pas ce qu'il allait y faire exactement. Il était à peine dix huit, et il préférait attendre au moins deux-trois heures avant d'entrer dans un bar. Jonah décida de faire un petit tour en ville histoire de passer le temps, et en profita pour s'acheter des DVDs. Oui, des fois il s'achetaient des vêtements là aujourd'hui, il avait préféré viser sur quelque de plus "culturel" si on peut dire ça comme ça. Alors qu'il allait chercher un endroit où il pouvait manger, il croisa par le plus grand des hasards quelques amis qui justement allaient grignoter quelque chose au fast food du coin, avant d'aller se bourrer la tronche dans un bar. Parfait, c'était tout simplement parfait... Exactement le programme rêvé pour décompressé d'une semaine éprouvante. Il était un peu plus de vingt-deux heures lorsque l'étudiant remarqua un jeune homme qui venait d'arriver, la personne en question devait peut-être avoir une dizaine d'années de plus que lui mais il était sacrément sexy. Jonah savait qu'il l'avait déjà vu à l'université, peut-être même qu'il était un professeur, mais en tout cas le sien... Après avoir hésité quelques instants et un peu poussé par ses amis -et par le fait que les quelques verres d'alcools qu'il avaient déjà bus commençaient très légèrement à se faire sentir-, le brun se leva pour aller s'asseoir pile à côté de ce mec en question. Pour l'instant il n'avait qu'une envie le foutre dans son lit, après tout lui était un étudiant lambda et vu le monde qu'il y avait à l'université il y avait très peu de chance pour que le professeur l'ait déjà "repéré". Se passant une main dans les cheveux, il se dit qu'après tout il n'avait rien à perdre, sauf peut-être se rendre ridicule. Lui décochant un grand sourire, il le regarda dans les yeux, avant de souffler Bonsoir. Je peux vous offrir un verre ?! Peut-être un peu radical comme approche, mais après tout c'était peut-être mieux-oupas-. Maintenant, il n'y avait plus qu'à attendre la réponse du plus âgé, en espérant qu'il n'allait pas se faire envoyer sur les roses... et vu l'air étonné qu'avait Pacey ce n'était pas franchement gagné. Pour être certain qu'ils soient à peu près sur la même longueur d'onde, il crut bon de rajouter C'est bien à vous que je parle. Oui, le vouvoiement était toujours de rigueur, du moins pour l'instant.

On approchait de la mi-octobre. Il y a un an de cela, j’avais fait la plus belle rencontre de ma vie. Une rencontre qui me changea du tout au tout. C’était la rencontre avec une fille. Elle était brune aux yeux verts. La peau plutôt claire. Pas très grande non plus. Mais peu importait ses qualités ou ses défauts, Viktoria était tout simplement parfaite à mes yeux. Dès le premier regard mon cœur s’était mis à battre pour elle. Elle était une de mes étudiantes. Comme elle était commencé son année inversitaire peu après les autres, je l’avais convoqué dans mon bureau pour faire plus ample connaissance. Et ce fut là que notre histoire d’amour avait commencé. Moi qui était si timide avec les femmes, j’avais osé par je ne sais quel miracle faire le premier pas vers elle. Je l’avais embrassé. Ce baiser était encore gravé dans ma tête comme s’il s’était produit hier. Il avait d’abord été timide, puis la timidité avait laissé sa place à la tendresse et la passion. Il avait été langoureux. Et pour tout dire ce fut mon premier véritable baiser. Cette fille m’avait rendu fou et accro d’elle comme jamais. Jamais je n’aurai cru que l’amour puisse être aussi fort. Quel bonheur ce la avait été d’être avec la belle Sampi. Inutile de vous préciser le déchirement que cela avait été à notre rupture. Notre relation interdite entre le professeur et son élève avait été dévoilé au grand jour. Pour sauver ses études, j’avais pris toute la responsabilité et avait été renvoyé quelques temps de mon poste d’enseignant. Notre relation n’avait plus été la même. J’avais perdu la confiance de Viktoria lorsqu’elle avait appris la vraie raison de notre séparation. C’était comme si je l’avais trompé. Pire encore… Aujourd’hui je m’en voulais toujours. Je l’avais fait pour elle. J’avais tout fait pour elle. Jusqu’à lui trouver le rôle principal de ce broadway pour lequel elle s’était exilé à New York. Jusqu’à lui faire rencontrer l’homme pour qui elle m’avait quitté. Matthias qui était un de mes plus vieux amis était devenu à ce jour le mec qui avait volé ma vie. Il m’avait pris la femme de ses rêves. Et à croire que cela ne suffisait pas, il lui avait demandé récemment sa main. Et Viktoria l’avait accepté. Elle était enceinte de lui. La totalité de mes fantasmes, elle les réalisait avec lui. Comment le savais je ? La réponse était simple… Hier j’avais revu Viktoria. C’était une surprise inexpérée pour moi qui croyait au destin. Hier jour pour jour, ça aurait fait un an que nos aurions été en couple. Je l’avais croisée dans ce même bar. Elle sortait avec des copines. Elle s’amusait et avait beaucoup bu. Elle était venue pour aider son jumeau Eirik à déménager. Croyant que tout était fini avec Matthias, elle avait venue à la maison. Nous voulions passer un peu de temps ensemble. Enfin surtout moi. Nous nous étions rapprochés jusqu’à nous embrasser devant le feu de la cheminée. Heureux de la revoir et sous la magie du moment, je lui avouais que je l’aimais encore. Chose que je n’aurai jamais dû faire car elle me rejeta avant même que les choses redeviennent sérieuses entre nous. En réalité je semblais si pathétique à ses yeux qu’elle avait eu pitié de moi. Elle avait juste voulu coucher avec moi sans rien de plus. Et lorsqu’elle vit que je l’aimais toujours autant elle a coupé les ponts avec moi. Notre histoire lui avait juste servi à oublier Mikaël pour passer à autre chose. En tournant la page sur lui, elle l’avait fait aussi sur moi. Elle a été jusqu’à prétendre qu’elle ne m’avait jamais aimé. Qu’elle s’était servie de moi pour lancer sa carrière. Honnêtement j’avais des doutes. Mais j’avais encore du mal à la croire. A croire que la femme que j’aimais désespérément à la folie puisse être manipulatrice. Quoiqu’il en soit, cette fois ci c’était définitivement fini avec elle. Et je ne l’acceptais pas. La vie n’avait plus lieu d’être vécue. Non pas sans elle.

Ce soir j’étais revenu dans le bar de la veille. Espérément secrètement retrouver ma dulcinée. Mais elle était aux abonnées absentes. J’allais donc m’asseoir seul pour noyer mon chagrin. L’alcool, il n’y avait rien de tel. Enfin c’était ce que l’on disait… Un garçon vint m’aborder et me proposa de me payer un verre. Je regardais d’abord autour de moi en pensant qu’il parlait à une autre personne. Mais non c’était bien à moi.

Pacey : " – Euh… Bonsoir oui merci pourquoi pas… Après tout… “

Bien entendu, il avait fallait qu'il tombe sur quelqu'un qui n'avait pas l'air dans son assiette, cela pouvait se voir rien qu'aux yeux du professeur. D'un certain point de vue, il pourrait peut-être lui remonter le moral en lui faisant passer une bonne soirée. Jetant quand même rapidement un coup d'œil à ses amis qui ne loupait rien de la scène, Jonah avait finalement adressé la parole au plus âgé, et d'ailleurs il y était allé plutôt d'une manière franche qui pouvait le caractériser dans certains moments. Voyant bien que Pacey ne semblait pas capter que c'était à lui qu'il parlait, l'étudiant rajouta une petite phrase pour effacer le "doute" qui devait peut-être planer dans l'esprit de l'autre garçon. Pendant un moment il crut que Stenfler allait tout simplement lui rire au nez et lui dire que c'était l'heure d'aller au lit vu son âge.... ah non, pardon, c'est sûrement ce que tout adulte censé aurait fait auprès d'un mineur, mais vu ce qui c'était passé durant l'année avec une certaine sampi dans le nom lui échappait à présent -merci les journaux "people"- ça ne serait certainement pas le cas, la jeune femme devait avoir juste un an de plus que lui. Bref, autant dire que tout devrait aller comme sur des roulettes, et d'ailleurs Pacey accepta le verre e, finissant sa phrase par un "après tout" qui devait en dire long... Après tout, c'est vrai il n'avait rien à perdre le professeur, ce n'était qu'un verre. Lui faisant pour le coup un grand sourire, Jonah en profita pour rapprocher légèrement son siège de celui de Pacey -seulement de quelques centimètres- mais juste histoire de pouvoir mieux disons discuter -et mieux profiter de la vue aussi-.

Vous voulez prendre quoi ?! Oui, parce que c'était bien joli de vouloir boire mais cela ne lui disait pas ce que le plus âgé allait prendre comme boisson. Après avoir hésité quelques secondes, finalement l'étudiant finit par poser une question qui lui brûlait la langue. Pourquoi "après tout...." ?

Oui, s'il disait cela c'est qu'il devait bien il y avoir une raison ! Il aurait presque pu entendre son père lui dire que la curiosité était un vilain défaut et qu'il fallait qu'il se mêle un peu plus de ce qui le regardait. M'enfin, ce que pouvait bien dire son paternel il s'en contre fichait royalement ! D'ailleurs, si jamais quelqu'un de sa famille apprenait qu'il était à l'heure actuelle dans un bar, à "draguer" un mec qui plus est professeur à son université et d'une dizaine d'année certainement son aîné, Jonah se ferait tout bonnement tuer. Se mordillant doucement la lèvre Whyzer chercha ensuite une ou deux questions à poser histoire de faire la conversation. Sujet à éviter ce qu'il faisait dans la vie... c'était trop "risqué", alors le jeune homme partit sur tout autre chose. Se passant une main dans les cheveux, il lui fit à nouveau un sourire des plus radieux, avant de lui glisser sur le ton de la confidence:

Vous venez souvent ici ? Il se tut quelques instant avant de rajouter: Ca serait possible que l'on se tutoie, parce que le vouvoiement ça fait quand même un peu con, là.

Oui, oui il respectait Pacey et tout le blabla habituel que l'on peut sortir, mais bon, tutoyer quelqu'un c'était quand même plus amical, non ?! Jugeant qu'il en avait assez dit, le garçon se tut et attendit une quelconque réflexion du professeur, il espérait en pas être allé trop loin dans la conversation, et ne pas l'avoir "effrayé". Pourquoi effrayé ? Tout simplement parce que le plus âgé semblait avoir beaucoup de qualités, mais draguer n'était pas visiblement son fort.