Donc la capitale de l'Argentine est... Je marquai une pause attendant la réponse de l'étudiant assis en face de moi. Ce dernier me regardait, les yeux grand ouverts on aurait dit que je parlais en chinois. Un indice. Buen... Ah oui, Buenos Dias. Je me figeai. Je n'y croyais pas. Un étudiant à Berkeley, en deuxième année de Droit international et ne savait même pas qu'elle était la capitale de l'Argentine. Parfois je me demande comment je peux toujours tenir après ces cours de tutorat. Je fis une grimace essayant de cacher mon fou rire avant de lui faire comprendre que le cours était terminé. C'était l'argent -essentiellement qui me poussait à aider ces étudiants en difficulté. J'en avais vraiment besoin. Le fait de faire partir de Beta, d'avoir un certain cercle amical demandait de plus en plus d'argent. Je me retrouvai à dépenser des sommes inimaginables rien qu'en une seule soirée. Il fallait que je me contrôle, que je fasse des économies ou que je travaille doublement. C'était hors de question de demander à mes parents de m'envoyer de l'argent. Je les avais enfin convaincu à quel point je pouvais me débrouiller toute seule, être indépendante et c'était donc hors de question de les décevoir, à présent. Ramassant mes bouquins rapidement, je jeta un coup d'oeil à mon téléphone qui ne cessait de vibre depuis deux heures. C'était Cassandra, ma meilleure amie m'annonçant le programme du week end. Je laissai échapper un soupir. Je voulais pourtant me reposer; je menais un rythme de vie très accéléré et je n'avais presque plus le temps de dormir. J’enchaînais les fêtes, les soirées l'une après l'autre. J'étais encore toute jeune - certes mais il fallait pas non plus abuser. Le pire c'est que je fournissais plus d'efforts que mes amis. J'essayais de jongler entre mes études et ma vie. Oui, disons que le fait d'être la première de ma classe ou encore de l'université fait partie de mes principes, carrément. Il était hors de question que mon niveau d'étude baisse ou que je me retrouve parmi les trois derniers. Il fallait que je sois la première, la meilleure de toute l'université. J'ai toujours été comme ça et ce n'est d'ailleurs pas pour rien que j'avais obtenu un bourse à presque toutes les universités de la planète. Quittant donc l'université, je montai dans ma voiture. Direction chez moi. Heureusement, il n'y avait personne. Mes colocataires étaient sûrement à l'université. Cyann devait être à une de ces fêtes bien trop peace & love de sa confrérie, Pacey sûrement en train de se chercher une future copine et finalement Cassandra qui devait être déjà à Vegas. Je pris rapidement quelques affaires, mit une robe noire simple, des talons et quittai le loft. Vegas, here i come.

Je te trouve très jolie tu sais. Cette approche m'aurait sûrement fait exploser de rire mais cette fois ce n'était pas le cas, c'était différent. Les tonnes d'alcool présents dans mon organisme paralysèrent mon cerveau et ma raison. Je trouvai cette façon d'aborder une fille très charmante et j'affichai au bel inconnu se tenant en face de moi mon plus beau sourire. Il était beau. Oui ça sans doute. Je ne pouvais me concentrer sur son visage mais ses traits avaient l'air d'être dessinés d'une façon vraiment parfaite. Je me laissai alors aussitôt embarquer dans une soirée de folie avec ce jeune inconnu, abandonnant ma meilleure amie - déjà entourée de milliers d'hommes en chaleur - au comptoir. Je ne tenais pas vraiment l'alcool et mon compagnon se trouvait apparemment dans la même situation que moi. On enchaîna les verres l'un après l'autre, on changea d'endroits trouvant certains plus ennuyeux que les autres. Bref, on passa toute la nuit ensemble à boire et faire des conneries dans la mesure du possible... jusqu'au moment ou le jeune homme prononça la pire des phrases. Je suis certain que tu ne serais même pas capable de faire un truc de fou avec moi. Une suggestion qu'on allait forcément regretter le lendemain en nous levant le matin avec un mal de crâne pas possible. Cependant, prenant le temps de redessiner de mes lèvres le contour de celles du jeune homme, j'affichai un sourire moqueur avant d'ajouter: Ne me tente pas, je te préviens. Il ne fallait surtout pas essayer de m'intimider, de me défier même en étant sobre. Alors imaginez maintenant. Je sentais déjà l'excitation monter en moi. Ma curiosité commençait - elle aussi - à monter en crescendo et je voulais à tout prix lire ses pensées. Mais ô malheur. Qui aurait cru que le truc de folie était le synonyme de épouse-moi. Pourtant j'aurais du m'en rendre compte. C'était un coup classique. A Vegas, tout le monde se marie. La chapelle de Vegas est bien connue pour ça. Mais à ce moment précis tout s'était effacé : mes repères, mes principes, ma raison; absolument tout. C'était l'alcool qui guidait mes pensées, mes pas, contrôlait mes faits et gestes.

L'alcool et moi, ce n'est vraiment pas une grande histoire d'amour. Je n'ai jamais été le genre de fille à se bourrer la gueule et se retrouver le lendemain à poils entrain de tendre la pelouse sans se rappeler de la soirée de la veille. Bien au contraire. J'ai toujours été LA fille raisonnable, sage qui tenait surveillait ses amies les plus proches si jamais celles-ci abusaient en faisant la fête. Le fait de traîner dans les toilettes ou de vomir après une bonne cuite, toute ceci ne me charmait guère. J'étais donc la fille qui tenait les cheveux de sa copine bourrée par la situation inverse. Et ce soir apparemment, tout allait changer. Une première. Moi ? Complètement ivre et irresponsable ? La bonne blague. On ne pouvait trouver quelqu'un de plus raisonnable et responsable que moi mais ce soir je fus submergée par une envie folle de m'amuser, me déchaîner. Et l'alcool - comme toujours, guettant la moindre petite faille était donc au rendez-vous prêt à me faciliter la tâche. On enchaînait les verres l'un après l'autre et se retrouvant toujours assoiffés d'alcool on passa au niveau supérieur: les bouteilles de vodka. Oui, les petits verres ne suffisaient vraiment plus maintenant c'était le tour des bouteilles à cul-sec. C'était vraiment suicidaire mais que voulez-vous à Vegas tout était permis, tout était vraiment possible. Mon partenaire de soirée me défia donc de faire quelque chose de fou en sa compagnie. Et naturellement j'acceptai sans même y penser. Déjà qu'en étant sobre je n'hésitai face à le moindre défi alors que dire ce soir ?! Je suis prêt à en assumer les conséquences. Ma belle, veux-tu devenir ma femme? Je marquai une longue pause essayant de chauffer mon cerveau qui s'était arrêté de fonctionner. Décidément, l'alcool endommageait mon cerveau. Cela me prit donc dix minutes pour réaliser le sens des paroles de Tazio. J'explosa de rire. Non vraiment, je fus saisie d'un fou rire incontrôlable. Arrivant enfin à me calmai, j'affichai un large sourire avant d'ajouter: Oh oui, je ne peux m'imaginer mariée à quelqu'un d'autre. C'était ma façon à moi de dire "OUI" en gros. Comme pour affirmer ma réponse et sans même hésiter, je collai mes lèvres contre celles de Tazio pour déposer un long baiser avant de m'écarter lentement faisant durer ce moment. Comme si rien de vraiment spécial venait de se passer à l'instant, je commençai à sauter un peu partout faisant des pirouettes tout en criant: On va se marieeeeeer. Qu'on fasse péter le champagne, deux pires ennemis viennent à l'instant de prendre la pire décision de toute leur existence. Une décision qui allait absolument tout changer et chambouler le lendemain. Balayant rapidement du regard le quartier dans lequel on se trouvait à présent je plaquai la main contre la bouche avant de lâcher surexcitée : Oh mais t'es un médium. Regarde justement, il y a une chapelle. Je marquai une pause faisant mine de réfléchir avant d'ajouter les yeux grand ouverts : Alors soit tu es médium... soit notre amour est tellement fort que BOUM une chapelle a débarqué de nulle part rien que pour approuver notre union. Suuuper. L'alcool ne me rendait pas seulement stupide mais en plus désespérément romantique. Je saisis alors rapidement la main de Tazio et le sourire aux lèvres nous nous dirigeâmes vers la chapelle à présent synonyme d'enfer.

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