Theazio ♥

∂ « Il est encore temps de reculer, vite, parce qu'après, il sera trop tard et moi, je vais t'aimer très fort devenir ton chéri, et tu ne me connais pas, je deviens très pénible dans ces cas là.» Frederic Beigbeder

San Francisco General Hospital, un certain samedi, 17h52. 'Gregory Masterston? C'est à vous.' Un homme d'un mètre 80 se leva avec grande difficulté de sa chaise. Il devait avoir une petite trentaine et à vue d'oeil, quelques kilos en trop qui lui donnait un mal fou à se déplacer par un temps si ensoleillé. Tazio avait posé un regard bienveillant sur cet homme. Il avait appris à ne pas juger les personnes, à les prendre telle qu'elles étaient et à faire son travail correctement. De toute évidence, l'homme avait besoin de soin. Son bras gauche était enroulé dans une écharpe et on pouvait facilement voir que le sang commençait à faire son apparition sur le tissu bleu. Tazio s'effaça pour laisser passer son patient dans la salle d'examen. Le jeune homme se retint alors de pousser un soupir. Il avait très souvent travaillé aux urgences et il était donc habitué à voir des cas de ce genre. Ici, son travail consistait à faire un premier bilan avant que le médecin prenne en charge le patient. Rien de bien extraordinaire et même si cela faisait six mois qu'il n'avait plus mis le pied dans ce service, il n'avait rien oublié de cet entretien qui pouvait être pénible quand la personne n'était pas collaborante. Fort heureusement, ici ce n'était pas le cas. Mais il se souvenait qu'il avait déjà été insulté et même une fois frappé par une patiente totalement désorientée. Le métier d'infirmier comprenait certains risques mais n'était jamais sans surprise surtout aux urgences. Les urgences... Tazio n'avait jamais vraiment apprécié ce service, peut-être justement parce que le patient ne fait que passer et que la prise en charge est donc très courte. Non, lui préférait travailler avec les enfants. Il avait d'ailleurs obtenu un contrat en pédiatrie il y avait de cela six mois, son avenir était donc tout tracé. Et pourtant, il se retrouvait encore là. La cause? 'Samedi et manque de personnel aux urgences. Monsieur Pacchioni, vous êtes le dernier arrivé, c'est vous qui allez en renfort' Tazio avait observé la réaction de son chef de salle, qui n'avait pas essayé de le retenir. L'ordre venait de la direction des infirmiers et le directeur adjoint se trouvait face à eux. Ils n'avaient donc pas le droit de rouspeter. Et tant pis si son service tournerait plus lentement aujourd'hui. Aujourd'hui, les petits patients devraient se passer de Tazio et de son sourire légendaire. C'était donc en traînant un peu les pieds que Tazio s'était rendu aux urgences. Il avait d'ailleurs jeté un coup d'oeil à sa tenue: sa blouse blanche avait des écussons des personnages de Walt Disney. Normal pour un infirmier pédiatrique. La situation serait certainement plus cocasse devant des patients d'âge mûr. Il allait certainement perdre un peu de sa crédibilité mais il n'avait pas le choix: il n'avait pas songé à prendre une autre tenue au cas où. Sa bonne humeur revint seulement quand il retrouva sa collègue préférée. Il avait 25 ans et elle avait l'âge d'être sa mère mais une complicité s'était liée entre eux et c'était un peu sa meilleure amie ici. Sa pause passerait donc plus vite. Parce que l'après-midi & la soirée en urgence un samedi était synonyme de débordement assuré et de longue attente pour les patients qui devenaient donc souvent grincheux. Mais il savait qu'avec sa collègue, ils seraient efficace. Elle travaillait vite et bien et lui, malgré le fait qu'il aimait discuter, tenait très bien le rythme. Tazio avait donc déjà vu défiler quelques patients avant de prendre en charge le dénommé Gregory Masterston. Après un premier bilan, Tazio questionna l'homme sur son accident. Il taillait les haies dans son jardin quand sa tête s'était mise à tourner. Il était tombé de son échelle et s'était coupé le bras avec sa tronçonneuse. Des accidents de ce genre était plus que courants en été. 'Bien, le médecin va bientôt passer. On se revoit après'Tazio adressa un sourire réconfortant au patient, passa poser le dossier médical dans le bureau du médecin de garde et se rendit ensuite dans la salle des infirmiers où une tonne de dossiers l'attendaient encore. C'est donc d'un geste vif qu'il attrappa le dossier au dessus de la pile et qu'il lut machinalement le prénom de la patiente suivante. Thea. Son sang ne fit qu'un tour. Sa Thea ici? Il vérifia alors le nom de la jeune femme et poussa un soupir de soulagement. Ce n'était pas elle qui se tenait dans la salle d'attente. Dans un sens, il se demandait si il était heureux qu'elle ne soit pas blessée ou plutôt heureux de ne pas la voir. Tazio était resté quatre ans avec cette jeune femme. Elle avait été son seul amour, celle avec qui il voyait très bien son avenir. D'ailleurs, ils avaient fini par se fiancer. C'était à la fin de ses études que tout avait été plus compliqué. Il travaillait énormément, n'avait donc plus beaucoup de temps pour la demoiselle, et cela ne plaisait pas à cette dernière. Ils avaient fini par rompre et Tazio avait un jour bêtement appris qu'il avait été trompé par celle qu'il considérait comme la femme de sa vie. Depuis, il était devenu un être dénué de sentiments, s'amusant avec les femmes comme si c"était de vulgaires jouets. Alors, même si cela faisait trois ans que son histoire avec Thea était terminée, cela lui avait fait un petit choc de voir son prénom sur un dossier. Tazio secoua la tête pour remettre ses idées au clair avant de se diriger vers la salle d'attente où sa nouvelle patiente devait se trouver. Coup d'oeil machinal sur la date de naissance. C'était une jeune femme. Il y en avait deux parmi les blessés du jour. Impossible donc de savoir à laquelle s'adresser. "Mademoiselle Thea Isiris Mika Hunter Gray-Scott?'Il posa son regard sur une petite brunette à l'allure quelconque avant de le déposer sur une belle demoiselle blonde. Cette jeune femme était vraiment splendide. Il fronça un sourcil. Il n'avait pas le droit de penser ça, il était au travail, il se devait d'être professionnel. Tazio attendit donc qu'une des deux demoiselles réponde à l'appel de son nom.

Fiche (c) Espe

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Cela faisait maintenant trois ans que Tazio travaillait en tant qu'nfirmier. Alors des femmes, il en avait vu. Des minces, des grosses, des belles, des laides,... Il était habitué à les voir défiler pour tout genre de blessures. Et pourtant, malgré le fait qu'il avait cette habitude, il ne pouvait s'empêcher aujourd'hui de regarder d'un oeil différent la belle blonde qui se trouvait dans la salle d'attente. D'accord, cette fille était blonde & répondait au même prénom que son ex-fiancée, mais la ressemblance s'arrêtait là. Alors pourquoi est-ce que cette demoiselle le troublait? Pourquoi n'arrivait-il pas à la voir avec des yeux de professionnel qu'il était? Et encore, là, ce n'était que le commencement car il savait très bien la suite des choses. Il allait la faire rentrer dans la salle de soin, allait s'occuper d'elle et automatiquement, il serait plus proche de cette belle jeune femme dont il connaîssait les quelques données qu'elle avait rempli deux heures auparavant. Il n'avait jamais imaginé que son métier pourrait lui rendre ce genre d'avantage. Car il fallait bien avouer que là, il avait une longueur d'avance sur elle, qui ne savait pas encore à qui elle avait à faire. Aujourd'hui, c'était peut-être le jour de chance du jeune américo-italien. Il observa donc, ou plutôt déshabilla discretement du regard, la demoiselle qui se levait avec toutes les difficultés du monde. Tazio aurait pu aller l'aider mais il pronait l'autonomie du patient & puis il savait que son métier lui interdisait de sortir avec l'une d'elle. Alors, le moins de contact il aurait avec cette splendide demoiselle et le mieux il se porterait. Sinon, il se connaissait, il céderait à la tentation, au risque de perdre son boulot. D'un seul coup d'oeil, il devina qu'elle venait ici dans le but de se faire soigner la cheville. Sa démarche claudiquante était son premier indice et il ralentit le pas pour qu'elle puisse être à sa hauteur. Il lui tint ensuite la porte pour la laisser entrer dans la salle de soin numéro deux. Il avait appris la galanterie tout petit. C'était un peu un signe qu'il appartenait à une famille de la haute société et pourtant Tazio n'était pas du genre à crier sur tous les toits que son paternel était un brillant neurochirurgien italien et que son beau-père était directeur de banque. Il savait donc que quoiqu'il arrive, il ne manquerait de rien. Même si il aurait préféré faire la manche que de demander quoique ce soit à un membre de sa famille. Fierté masculine oblige, il se devait de subvenir à ses besoins tout seul. Et là, il n'avait pas à se plaindre niveau financier.
La belle Thea était donc entrée dans la salle et s'était installée sur la table de soin. Tazio avait pris soin de refermer correctement la porte derrière eux. L'intimité était une chose fort respectée dans le domaine médical et il savait parfaitement qu'un patient se confiait plus difficilement si il avait l'impression qu'une personne étrangère pourrait l'entendre. Se confier à Tazio était plus facile quand on savait qu'il était lié au secret professionnel. Tout ce qui se disait donc à l'hôpital restait dans l'enceinte de l'hôpital même. Mais revenons à notre situation. « Je me suis tordu la cheville et elle me lance de là à là. » La dénomée Thea venait de reprendre la parole sans même attendre qu'il lui ait demandé les causes de sa venue ici. Elle avait montré avec sa main les points les plus douloureux et Tazio n'avait pas pu s'empêcher de remarquer que ses ongles étaient parfaitement manucurés. Il suivi du regard son autre main quand elle replaça sa mèche folle derrière son oreille. Ce geste était rempli de sensualité et cela perturba énormément le jeune infirmier. Tazio secoua légèrement la tête, fit mine de se plonger un peu plus dans son dossier. Il ne fallait surtout pas qu'elle remarque qu'il était interessé par elle, sinon il serait totalement perdu. « Pouvez-vous m'expliquer plus en détail comment cette blessure est arrivée? » Tazio s'était installé derrière son bureau, avait déposé le dossier face à lui et avait empoigné un bic dans sa main droite. Pas un seul regard pour la belle demoiselle. Il se contrôlait parfaitement. Jusque là tout allait bien! « Comment vous appelez vous ? Vous connaissez mon nom en entier, il devrait en être de même pour vous. Non ? » Tazio releva machinalement la tête de son dossier. La demande de sa patiente l'étonnait et il lui lança un regard interrogateur. Il ne voyait pas très bien en quoi son nom & son prénom allait aider la demoiselle dans sa situation. Tazio intercepta alors son sourire charmeur et son regard aguicheur. Il comprit alors qu'il ne laissait pas la demoiselle indifférente. Là, il était dans de beaux draps. Mais bon, qu'à cela ne tienne, il allait effectuer son travail impeccablement. Et puis pourquoi pas s'amuser de cette attirance. C'était risqué et il risquait de tomber dans son propre jeu? Pas grave, il aimait jouer avec le feu. Tazio reposa son bic et planta son regard brun malicieux dans les yeux de la belle Thea. « En temps normal, je n'ai pas pour habitude de révéler ce genre d'information. Quoique cela ne devrait pas être difficile pour vous de trouver la réponse à votre question... » Tazio faisait référence à son badge d'identification qu'il portait accroché à la poche gauche de son tablier blanc et qui reprenait ses noms & prénoms, ainsi que sa fonction habituelle: infirmier pédiatrique. Le jeune homme n'attendit pas de réponse de la part de Thea et enchaîna « Je me nomme Tazio Naël Idriss Tiago Wernik-Pacchioni. » Tazio n'avait pas quitté des yeux le regard de la belle demoiselle. « c'est très douloureux. J'ai l'impression que je ne pourrais pas mettre des talons avant un bon moment. Me tromperais-je ? » Tazio laissa échapper un petit sourire en coin quand il entendit la question de la demoiselle. Elle avait peut-être la cheville en milles morceaux et tout ce qui l'intéressait était de savoir quand elle pourrait de nouveau reporter ses chaussures à talons. « Il est vrai que les talons sont en général proscrit même quand il s'agit de petite entorse. Mais je suis certain que vous pourrez trouver de très jolies baskets qui vous soutiendront correctement la cheville » Il avait dit ça sur un ton amusé, parce que oui, imaginez cette jeune demoiselle en basket l'amusait énormément. Etrangement il ne l'imaginait vraiment pas enfiler un training et des baskets pour faire un jogging. Tout en elle respirait la classe et l'argent. Tazio se leva enfin de sa chaise et s'approcha de sa patiente. «Bien. Observons un peu la fautive» Et sans attendre la permission de Thea il prit délicatement la cheville de la demoiselle et la palpa. «Est-ce que cela fait mal quand je fais bouger votre pied?» D'abord, vérifier si ce n'était qu'une simple entorse et pas une fracture plus profonde. Ensuite, il l'enverrait faire une radio et après sa visite chez le docteur, il finirait sa prise en charge par un bandage. Enfin, ça c'était dans le meilleur des cas. On était jamais à l'abri d'une complication.

Fiche (c) Espe & Bazzart pour le gif

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Depuis le temps qu'il était redevenu célibataire, Tazio était passé maître dans l'art de la séduction. On pouvait d'ailleurs considérer le jeune homme comme un beau-parleur, qui savait parfaitement quoi dire à une demoiselle pour l'attirer dans son lit et puis la laisser tomber comme un mouchoir le lendemain, quand il avait eu ce qu'il voulait. Ne jamais tomber amoureux, était sa règle numéro un. Et rester célibataire endurci, allergique à l'engagement, était son nouveau mode de vie. Car après tout, pourquoi choisir une seule femme alors qu'on pourrait les avoir toutes? De plus, se mettre en couple comportait des risques, comme celui de souffrir. Et la souffrance Tazio connaissait trop bien et ne voulait plus jamais replonger dans ce chemin. Il n'avait donc pas le choix et accumulait les demoiselles. Sa prochaine proie? Il ne le savait jamais à l'avance, ne calculait pas. Tazio marchait au coup de coeur, au feeling. Mais aujourd'hui, sa tâche serait certainement plus ardue. Parce que là, un coup de coeur, il en avait bien eu un quand il avait apperçu la belle Thea. Et le feeling semblait plutôt bien passé, la demoiselle lui plaisait et cela était probablement réciproque. Le seul hic c'est que Tazio ne pouvait pas aller plus loin avec la demoiselle. Alors s'amuser oui, flirter oui mais ne pas sortir avec une patiente ou alors tout du moins attendre qu'elle ne soit plus patiente de cet hôpital. Dans ces cas-là, Tazio pourrait alors faire ce qu'il voulait et il était clair qu'il aurait aimé passer une soirée en compagnie de cette jolie blonde. Mais pour l'instant, il se devait de prodiguer les meilleurs soins possibles à Thea. Le jeune infirmier s'était installé derrière le bureau et avait plongé son regard dans le dossier, comme si il trouvait les questions fort passionnantes. Il en avait d'ailleurs posé une à sa patiente. En effet, il voulait absolumment savoir comment la belle avait bien pu s'amocher la cheville. Il aurait été prêt à parier que c'était à cause des talons hauts de ses chaussures, sans vraiment savoir pourquoi. L'expérience sans doute, ou alors les clichés. Thea semblait venir d'une famille aisée et il n'était pas rare de voir les demoiselles marcher pendant des heures avec des talons aiguilles. Souffrir pour être belle et admirée. A coup sûr cela provoquait des dégats sur le corps. « Mon talon s'est coincé dans une plaque d'égout et quand j'ai relevé mon pied, il a fait un angle bizarre. »Un mince sourire se dessina sur les lèvres du jeune infirmier. Il imaginait parfaitement la situation et il fallait bien avouer que celle-ci était risible. Tazio essaya cependant de se contenir. Rire à la tête d'une patiente, ce n'est pas très professionnel. Le jeune américo-italien effaça donc le petit sourire de son visage, espérant que ce dernier soit passé inapperçu. Il ne dit d'ailleurs rien, hocha simplement la tête et se contenta de relater l'accident dans le dossier. Alors qu'il notait sa dernière phrase, Thea orienta la conversation sur lui. Ou plutôt sur son identité. Tazio avait d'abord été surpris, puis avait repris ses moyens et avait décidé de jouer le jeu de la provocation avec la belle demoiselle. Au risque de se brûler les ailes, voir de se brûler le coeur. Qui pouvait savoir réellement ce qui pouvait se passer suite à cette rencontre? Pour l'instant personne. Tazio s'était donc présenté avant de se lever de son siège et de s'avancer vers sa patiente du moment , patiente qui venait de s'inquièter à voix haute de l'avenir de ses chaussures. Là, le jeune infirmier n'avait pas pu s'empêcher de laisser échapper un petit sourire en coin. Décidément, il serait toujours étonné des réactions imprévisibles que pouvait avoir certaines personnes. Tazio s'était alors amusé à parler de baskets. L'information était totalement correcte mais à voir la tête de la demoiselle et la grimace qui avait suivi l'évocation des chaussures, le spectacle était fort marrant. Tazio attrappa alors la cheville de la jeune femme avec précaution. Il savait que la douleur pouvait être vive et donc c'est avec douceur qu'il entreprit de faire bouger le pied de Thea de haut en bas et de gauche à droite tout en lui demandant de prévenir quand cela faisait mal. La douleur. Un jour l'un de ses professeurs lui avait dit qu'un bon infirmier se devait de tenir compte de la douleur des patients. D'abord pour la soulager et ensuite car cette dernière pouvait être un indice précieux pour diagnostiquer certaines blessures, voire maladies. Ici, elle était bien présente quand il faisait bouger la cheville de sa patiente vers la droite ou vers la gauche. Thea avait de nouveau grimacé et cette fois-ci, Tazio n'avait pas sourit. Concentré sur son observation clinique, il avait pourtant remarqué que Thea avait rétracté sa jambe, signe qu'elle ne mentait pas, mais la fermeté de ses gestes faisait qu'il avait gardé le pied dans ses mains. «On va en rester là avec les manipulations alors.»Tazio garda cependant encore quelques secondes le pied de Thea en mains avant de le reposer avec délicatesse sur la table de soin. « Alors le verdict Tazio ? » Tazio? Le jeune infirmier ne pu s'empêcher de penser que sa patiente était culottée de l'appeler par son prénom. Bien entendu, ce n'était pas la première fois que cela se passait. Travaillant en pédiatrie, c'était courant que les enfants l'appelent ainsi. Cela faisait plus familial. Mais là, il n'avait pas un enfant de 8 ans face à lui mais une belle demoiselle. Encore une fois, Thea l'avait pris au dépourvu. Il avait haussé un sourcil, marquant sa perplexité avant de décider de ne pas faire attention à ce détail et répondre simplement à la question.«Je pense que vous souffrez d'une entorse. Rien de bien grave, mais j'aimerais tout de même que vous passiez faire une radiographie Mademoiselle Gray-Scott» Le jeune infirmier avait appelé Thea par son nom de famille. Il lui signifiait, d'une certaine manière, qu'il avait bien entendu qu'elle l'avait appelé par son prénom mais qu'il préférait garder ses distances et rester professionnel. Il ne savait pas si elle avait compris le message mais il n'eut pas le temps de réfléchir à la question. Thea avait plongé son regard dans ses yeux et il l'avait soutenu. Elle avait des prunelles bleues magnifiques, cela pouvait en devenir perturbant. Il ne vu d'ailleurs pas où elle voulait en venir et il se fit de nouveau surprendre par la suite des évènements. « On peut se tutoyer ? Ça me gêne de dire vous alors qu'on doit pratiquement avoir le même âge. » De toute évidence, Thea n'avait pas compris son allusion de tout à l'heure. Et de toute évidence, Tazio ne semblait pas dans une bonne position pour pouvoir dire non. Le regard de Thea l'envoutait et il perdait pied face à cette situation compliquée. Il se fit donc avoir comme un débutant et il s'entendit répondre:«Cela ne me pose aucun problème, vraiment. Faites-le si vous le souhaiter. Par contre vous comprendrez que je ne peux vous tutoyer... Ici tout du moins. » De cette manière, il avait révélé à Thea qu'il serait interressé de la revoir en dehors. Et zut! Dans quelle galère s'était-il engouffré? Pour essayer de reprendre le contrôle de la situation, qui de toute évidence lui échappait complètement, Tazio détourna les yeux. Il savait qu'il devait aller remplir la demande de radio mais il ne fit pas un pas pour se rendre à son bureau. D'ailleurs, Tazio n'en aurait pas eu le temps, Thea avait embrayé sur une autre question, personnelle cette fois-ci. « D'ailleurs quel âge as-tu ? »Que faire dans cette situation? De toute évidence, Tazio se devait de répondre. Alors soit, il remettait l'église au milieu du village en spécifiant que cela ne regardait nullement Thea, soit il répondait à sa question et s'enfonçait un peu plus dans le petit jeu que menait d'une main de maître la demoiselle. Puisqu'il était incapable de remballer une patiente, puisque cette dernière lui plaisait et enfin puisqu'il avait inconsciemment décidé de jouer, Tazio ne mit que quelques secondes pour reprendre la parole. «25 ans. Nous n'avons pas une grande différence d'âge, en effet. » Tazio lança un sourire, suivi d'un clin d'oeil à Thea. Il ne bougeait pas avant d'enfin se diriger vers son bureau et de se rassoir. Il attrapa d'un geste vif une demande de radiographie et remplit les champs obligatoires d'une assez belle écriture. Une fois cela fait il se releva et se rapprocha une nouvelle fois de Thea et lui tendit le papier.«Est-ce que cela ira pour vous rendre à la radio? Ou est-ce que vous avez besoin d'un peu d'aide? »Mais depuis quand proposait-il son aide pour une simple entorse? Et l'autonomie du patient dans ce cas? Ho il pourrait toujours dire qu'il se devait d'aider une demoiselle qui souffrait mais il n'était pas dupe: le fait qu'elle lui plaisait avait beaucoup pesé dans la balance. Sinon, il n'aurait pas proposé son aide et aurait envoyé le brancardier conduire la jeune femme ainsi il aurait pu être là où on avait besoin de lui. Sa trop grande attirance pour Thea le perdait.

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