Je m’appelle Yaseen Leny Vilhelm plus connu sur le nom de Yass. Je suis âgé de vingt-sept ans et j’étudie dans le domaine de la médecine. Je n’ai pas encore de spécialité. De toute manière cela était bien trop tôt pour le savoir. Je n’étais même pas encore sûre de ce que j’avais envie de faire dans la vie. Cela ne fait qu’à peine une semaine que je fréquente l’université Berkeley. Vous allez me dire qu’une semaine c’est bien trop peu pour se faire des amis ou même pour s’adapter à cette nouvelle vie qui s’offrait à moi. Dans ce cas, vous avez tort. Je travaille comme bénévole à l’hôpital de Berkeley. C’est d’ailleurs dans cet endroit que j’ai eu la chance de rencontrer Ryder, un gars très cool que d’ailleurs je considère comme étant un ami. Il a facilité mon intégration au sein du groupe avec qui on se tenait. Nous nous entendons à merveille, il est loin d’être compliqué, ce qui est tout à fait ce que je recherche en ce moment, de la simplicité, une vie stable. Ryder n’était guère la seule personne que j’ai eu à rencontrer cette semaine. Je suis tombé lors d’un service de nuit, sur une brunette portant le nom de Maëlle. Une fille plutôt sympa et canon je dois vous l’avouer. C’est un plaisir de discuter, se marrer avec elle. Pour une des rares fois dans ma vie, je suis capable d’être moi-même avec le sexe opposé. Il n’y a pas de doute, elle est totalement mon genre de fille. Physiquement parlant, elle est en grande forme mais, ma seule inquiétude, serait son côté plutôt émotionnel. Ma place n’est pas de la juger. Au contraire, je me porte volontaire pour veiller sur la sampi. Elle, tout comme la plupart des êtres humains sur cette terre, avait des soucis. Cela était normal pour une femme de son âge d’avoir des problèmes ici et là. D’ailleurs qui n’en avait pas? J’étais âgé de vingt-sept années et ma situation financière comme amoureuse n’était pas au sommet de sa forme. Je sens qu’avec la sampi, il y a un coup à jouer. Je me dois d’attaquer sinon elle risque de me filer entre les doigts. C’est fou j’ai l’impression de la connaître depuis longtemps. Pourtant, ce n’est pas le cas. Cela aurait été plus simple pour moi, si elle avait été déjà mise au courant. Cela était loin d’être le cas. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose. À la voir aller, un ami est ce qui lui faut présentement.

La journée avait été longue et je ne pouvais attendre plus longtemps. J’avais besoin d’une bonne douche et de boire mon cocktail habituel pour clôturer ma journée en beauté. Curieusement j’avais à peine croisé Ryder ni Maëlle sur mon chemin, aujourd’hui. Ce qui était loin d’être un problème. Puisqu’après chaque service, tout le monde se réfugiait au DNA Lounge. Je filai dans les vestiaires afin de me débarrasser de ma tenue médicale. J’aurai bien voulu prendre une bonne douche froide mais, j’étais beaucoup trop pressé de rejoindre les autres. Surtout Maëlle que je croisai dans les couloirs en me rendant aux vestiaires. Elle se trouvait à plusieurs kilomètres de moi. J’avais mon sac aux dos et je marchais en direction des vestiaires lorsque nos regards se croisèrent. Je m’arrêtai et elle fit de même, affichant sur son visage un doux sourire. Je lui rendis la politesse en lui adressant mon plus joli sourire. Elle disparut ensuite tandis que je poursuivais mon chemin vers la salle de changement.

Quinze minutes plus-tard, je faisais mon entré dans le lounge, là où j’aperçu quelques visages familiers. J’avais vu juste, Maëlle était bel et bien là. Elle était assise sur un tabouret et tenait dans sa main, un mojito qu’elle s’apprêtait à déguster. Il n’y avait personne à ses côtés, alors je pris la liberté de m’approcher d’elle. Je sortis de la poche de mon pantalon, un mouchoir blanc que j’agitai dans les airs. « J’agite le drapeau blanc. Tu sais je ne savais pas qu’il y avait une sorte guerre entre nous. Je t’ai à peine vu de la journée et lorsque je t’ai croisé, pas un mot. Tu t’es volatilisée.». Je savais qu’elle avait beaucoup de choses qui lui passaient par la tête. Mon devoir était de lui remonter le moral et de faire en sorte qu’elle s’amuse un peu. Et cela au risque de me couvrir de ridicule. « Mauvaise journée? » Dis-je tout en faisant signe au barman de lui servir la même chose que la demoiselle. Je la regardai, elle croisa mon regard aussitôt. « Je propose un toast…À une vie sans? » Je le faisais exprès, tout ce que je demandais c’était qu’elle soit impliqué dans la conversation. Espérons que cela fonctionne.

Je ne vous cacherais pas, Maelle est une très jolie jeune femme. L’idée de la retrouver sans ses fringues, sur mon lit, m’avait bien entendu traversé les esprits, et cela plus d’une fois. Il n’y avait rien de mal à ça, j’étais un homme après tout. Je ne savais pas grand-chose sur elle et la même chose s’appliquait pour la brunette. Cette dernière ne savait rien de moi ce qui faisait mon affaire. Je n’ai jamais été ce qu’on appelle un grand fan de raconter ma vie aux gens. La vie semblait simple ainsi. Vingt-sept ans de vie, de nombreux visages rencontrés et pas une seule de ces personnes n’avaient la moindre idée de qui j’étais et d’où est-ce je venais. Je ne restais jamais trop longtemps à la même place. J’étais seul au monde, sans parents ni amis avec qui parler ou même avec qui m’amuser. Je dirais même que je n’ai aucune notion de ce que pourrait être l’amitié. Le manque de stabilité, était un facteur important. Aujourd’hui était une toute autre histoire. Je suis maintenant surveillé de très près par les autorités. Je n’ai donc plus droit à l’erreur. J’entamais une nouvelle vie à présent. C’est-à-dire adieu les arnaques, adieu les voyages à travers le monde, adieu les faux papiers. Je n’avais guère d’autres choix que d’accepter San Francisco comme refuge permanent. Je dois vous avouer que me faire des amis sera un peu difficile. Il m’était très difficile d’accorder ma confiance à qui que ce soit. Baisser mes gardes ne fais pas parti de mon rituel de vie. Par contre, lorsque cela arrivait, mon cœur finissait par prendre des coups et se briser en mille morceaux. Cela m’était arrivé une fois et il était hors de question de l’expérimenter une deuxième fois.

Il y avait ce petit quelque chose qui m’attirait chez Maelle. Quelque chose de plus important que sa beauté. J’ignore comment l’expliquer. C’était l’une des rares filles sur cette planète qui m’intriguait. Depuis notre première rencontre, j’ai tout de suite senti le besoin de la connaître. Je n’en avais jamais eu le courage, avant aujourd’hui bien-sûre. Je pris place à ses côtés, sourire aux lèvres. J’étais plus qu’aux anges, elle me demanda poliment de m’asseoir à ses côtés, ce que je fis sans trop me prendre la tête. Elle avait raison nous étions dans le même bateau. Afin d’arriver à nos fins, il y avait sur nos chemins des défis à relever, des obstacles à franchir. Et dans notre cas, des soirées et des heures de sommeil à travailler. Ces temps-ci, dormir était loin d’être une option pour moi. Mes notes étaient loin d’être satisfaisante et ma situation financière était loin d’être au bout fixe. Mais bon, je n’allais pas trop me plaindre. Ce n’était pas donné à tout le monde de se retrouver dans un bar avec une femme aussi canon que madame Silverwood.

Si seulement cela existait, il y aurait moins de gens avec les cheveux blancs. Je laissai échapper un sourire, avant de poursuivre la dévorant du regard. Pour être honnête, je la trouvais très drôle mais, je me retins de rire, de peur de me ridiculiser.

Je vais être franc avec toi, c’est un sentiment que je n’ai jamais ressenti. J’ai longtemps vécu en solo et la présence de gamins autour de moi se faisait rare. Une chose est sûre, si j’avais un gamin malade je te le confierais.Dis-je sourire en coin. Avant de perdre mon sourire lorsqu’elle me demanda d’où est-ce que je venais. Comme je disais plus haut, parler de moi n’avait jamais été ma plus grande force. Il était hors de question pour moi, de gâcher la conversation. Je me devais de dire quelque chose. Et cette fois-ci, ce qui allait sortir de ma bouche, provenait tout droit de mon cœur, nulle part d’autre. Je pris une gorgée de mon verre avant de me prononcer, le regard rivé sur la brunette.

Je viens de San Francisco mais, je suis né à Johannesburg, en Afrique du Sud et toi? Laisse-moi deviner New York? Non humm new Jersey? Ah non oublie !Je rigolai un court moment.

Je savais que je me plantais carrément dans mes choix. Ce sont les deux seules villes que j’ai eu la chance de visiter aux États-Unis. N’importe quel être humain rêve de mettre les pieds à New York. N’importe quel individu vivant à l’extérieur des Amériques, a rêvé une fois de mettre les pieds dans la métropole. Dans mon cas, mon rêve est devenu réalité, il y a de cela quelques mois.

corbeille.