Le théâtre avait toujours été une passion pour la jolie brune, même si certaine personne avait eu du mal à croire que la belle brune aux yeux océans pouvait se passionner par autre chose que sa propre personne. C’était ainsi qu’on la voyait, une jolie fille qui était plus intéressait parce qu’elle allait revêtir aujourd’hui que par des rêves qu’elle voulait réaliser. Cela dit, le regard des autres ne l’avait jamais affecté, il y avait eu un temps où le regard d’une personne, de cette personne lui aurait retourné l’estomac mais, cet homme lui avait bien fait comprendre qu’il ne la regarderait jamais que comme la fille qui avait détruit sa vie. Calyope ne l’avouerait jamais mais pendant longtemps, les paroles de son père avaient résonné dans son esprit. Seulement, elle ne culpabilisait plus aujourd’hui, du moins, elle faisait de son mieux pour ne plus culpabiliser. Ce n’était pas facile mais, avec l’âge, elle avait gagné en maturité, ce qui lui permettait de voir au-delà des choses. Son père ne se remettait pas de la perte de sa femme et la solution la plus facile avait été de blâmer sa fille. Alors, Calyope avait dû redoubler d’effort pour prouver à son père qu’elle était quelqu’un de bien et qu’elle réussissait malgré tout et le théâtre faisait partie de ces rêves qu’elle était parvenue à réaliser. Le professeur avait travaillé dur pour arriver là où elle en était aujourd’hui, elle n’avait eu aucun soutien à part son grand-père qui avait toujours cru en elle, la seule personne ayant toujours cru en elle. C’était un peu pour ça qu’elle avait demandé à Stephen Winston-Carter d’intégrer son équipe, elle voyait en lui un véritable potentiel qui méritait d’éclater au grand jour si seulement il voulait bien laisser son caractère de côté de temps en temps. Facile à dire, difficile à faire. Ce qui ne rendait pas le travail très facile non plus. Il y avait souvent des accrochages avec le reste de l’équipe, il n’avait pas sa langue dans la poche et les autres le savaient, utilisant même cette information pour tenter de le faire virer de l’équipe. Elle le savait mais, elle ne leur ferait jamais ce plaisir.

« Désolée de te le dire jeune homme mais, ici c’est moi le boss, c’est moi qui décide qui travaille pour moi et qui ne le fait pas et malheureusement pour toi, tu continues à travailler pour moi…Alors, dépêches-toi de te remettre au boulot, on a des délais qu’on doit respecter ! »

La belle O’Bannion s’apprêtait à retourner à ses occupations lorsqu’elle entendit ce que le Sigma venait de lui dire.

« Et après ? Je ne te demande pas de sortir avec eux ou de les inviter à manger chez toi, je te demande juste de faire ton boulot sans te soucier d’eux. » Elle marqua une pause, cherchant ses mots avant de reprendre. « Qu’est-ce que tu comptes faire, fuir une opportunité à chaque fois qu’il y a un con dans les parages, je peux t’assurer que tu risques de ne rien faire de ta vie, des cons, il y en a partout mais, la meilleure façon de leur clouer le bec c’est de leur montrer que tu es bien meilleur qu’eux. »

Le professeur de danse et de théâtre ne pouvait guère en vouloir à cet étudiant d’être aussi énervé contre ses camarades, à sa place, elle aurait surement fait bien pire que crier dans toute la salle. Beaucoup pire. Elle aurait pu leur faire avaler leur matériel d’éclairage que ça ne l’aurait pas déranger. Seulement, elle n’était pas une étudiante, elle était bel et bien une enseignante dans une prestigieuse université et comme dans son entreprise, elle ne permettait pas de perdre de bons éléments juste pour des bêtises.

« Je peux faire bien plus si je le veux et tant que ton travail ici ne sera pas terminé, tu vas devoir les supporter. »

Calyope n’avait rien contre lui, bien au contraire, elle l’appréciait même si cela pouvait paraître bizarre. Elle ne voulait pas qu’il risque de gâcher son avenir pour ce genre de futilités et encore moins à cause de personnes qu’il n’appréciait guère.

« Tu me rassures, je préfère travailler avec les meilleurs... » Elle garda le silence quelques secondes avant de reprendre. « Donc tu n’as aucune raison de quitter cet salle… »

La jeune femme ne comprendrait jamais pourquoi certaines personnes s’encombraient avec l’avis d’autrui surtout quand cela concernait leur vie et leur avenir. Attendre la bénédiction d’une quelconque personne n’était qu’une perte de temps, de son point de vue. Certes, il y avait quelques exceptions mais, en règle générale, il ne fallait pas attendre qui que ce soit pour faire de ses rêves des réalités au risque de se voir déçu à l’arrivée.

« Je ne suis pas là pour me faire des amis, ils vont devoir trouver quelqu’un d’autre pour t’enfoncer parce que je n’ai pas l’intention de laisser partir un aussi bon élément sans me battre… »

La belle O’Bannion n’avait rencontré Stephen que grâce à ce projet de théâtre qu’elle avait monté, rien ne les liait et elle n’avait aucune raison de prendre sa défense devant les autres enseignants mis à part le fait qu’elle trouvait que ce jeune homme avait assez de potentiel pour faire de sa vie autre chose que se mettre le monde entier à dos. La brunette n’aurait su l’expliquer mais, elle croyait en lui et tant qu’elle serait là, elle ferait de son mieux pour l’aider à rester dans cette université afin qu’il exploite son talent. Etudier à Berkeley était une chance qui ne s’offrait qu’une seule fois dans une vie, il n’était donc pas question que le Sigma la gâche à cause de son caractère. Elle y veillerait personnellement.

« Tu tiens vraiment à te faire virer de Berkeley ? Tu as beaucoup de talent, tu pourrais faire de grandes choses avec alors pourquoi tu ne te bats pas pour ça ? »

Calyope était ainsi, lorsqu’elle avait décidé quelque chose, personne ne pouvait lui faire changer d’avis. Ce n’était pas un genre de caprice non, c’était seulement de la détermination et lorsque cela concernait sa vie professionnelle, elle était encore plus déterminée. Elle avait vu en Stephen un potentiel, un talent et ne pas l’aider à le mettre à profit serait du gâchis. C’était la seule raison qui l’avait poussé à le vouloir dans son équipe et c’était pour ça aussi qu’elle s’obstinait à le laisser continuer son travail même s’il préférait être ailleurs. Elle ne connaissait pas les raisons qui avaient poussé ce jeune homme à refuser cette opportunité qui s’offrait à lui et elle ne savait rien de lui, ni de sa vie mais cela ne l’empêchait pas de croire en lui et de se battre pour qu’il reste dans cette université.

« N’en sois pas si sûr, je ne suis pas réputée pour changer d’avis comme on change de chemises…Tu resteras ici jusqu’à ce que je décide du contraire et ce n’est pas demain la veille…Et qui sait peut-être que je te confierais un autre travail à la prochaine pièce de théâtre… »

Calyope se souvenait très bien de ses années de fac, elle était brillante et studieuse mais elle n’était pas le genre à se laisser faire et il ne fallait pas non plus trop la chercher. Un sale caractère, c’était le moins qu’on pouvait dire. Elle venait d’une famille riche, elle savait ce qu’elle voulait et elle se battait toujours pour obtenir ce qu’elle voulait. Mais malgré son caractère, elle n’avait jamais laissé l’opportunité à qui que ce soit de la rabaisser ou de la faire virer de l’université. Jouer les rebelles était bien mais risquer de se faire renvoyer d’une prestigieuse université comme Berkeley était stupide. Le professeur de danse avait remarqué cet étudiant parmi les autres, elle trouvait son travail excellent et gâcher un tel talent serait inconcevable.

« Tu as raison, c’est mon temps et j’en fais ce que bon me semble… »

Calyope O’Bannion ou l’art des réponses incomplètes. Elle ne répondait jamais comme on se l’attendait, elle ne laissait pas entrevoir ses intentions ou ce qu’elle voulait et ce genre d’attitude avait le don d’énerver plus qu’autre chose. Seulement, certaines personnes prenaient leurs jambes à leur cou dès que la vérité apparaissait au grand jour et certaines personnes n’appréciaient pas de se faire aider. Elle était ce genre de personne, elle faisait partie de ces gens qui préféraient se débrouiller plutôt que de demander de l’aide à autrui mais, elle avait appris à ses dépens que cela était loin d’être la meilleure solution surtout lorsqu’on se retrouvait seul sans aucun soutien.

« Je n’aime pas voir un talent gâché pour n’importe quoi…Ce que je ne comprends pas moi, c’est pourquoi refuses-tu toute aide ? Je ne suis pas ton ennemie et je ne vais pas l’être à l’avenir…J’apprécie ton travail, je trouve que tu as un véritable talent et ce serait dommage de ne pas en profiter… »

On la trouvait froide, distante, une peste sans cœur et qui ne se préoccupait de rien d’autre à part sa petite personne. Ce rôle lui convenait à merveille et ce n’était surement pas elle qui allait changer l’image que les autres avaient à son égard. S’ils pensaient ça et bien tant mieux, elle n’aimait pas qu’on la perce à jour, qu’on puisse un jour découvrir qu’en fin de compte, elle ressemblait à tout le monde, qu’elle avait un cœur en or ou presque. Qu’on connaisse la vraie Calyope, avec ses faiblesses et ses secrets, jamais. Etre exposée aux autres regards, pas question. Elle aimait bien cette part de mystère qui émanait d’elle et qui la rendait encore plus attirante. Les hommes aimaient bien les femmes mystérieuses mais, malheureusement, ce n’était surement pas pour eux qu’elle gardait une partie de sa vie secrète, loin de là. La meilleure solution avec elle était de ne pas trop chercher à la comprendre parce qu’à la seconde où elle se sentait en danger, elle se refermait sur elle-même. Chacun se protégeait de tout danger comme il le pouvait, Calyope le faisait aussi surtout que sa vie n’était pas la seule en jeu, il y avait aussi son fils qu’elle devait protéger contre tout. A peine eut-il terminé sa phrase que la jolie brune éclata de rire, ce n’était en rien une moquerie mais, le caractère de Stephen laissait à désirer et il semblait en être conscient.

« Vous avez un sale caractère, ça c’est sûr… Je suis désolée de vous l’annoncer de la sorte mais, niveau caractère, vous allez devoir vous débrouiller tout seul, on me dit souvent que le mien aussi laisse à désirer… Maintenant, si les gens ne vous acceptent pas comme vous êtes, c’est leur problème et bon débarras… Mon grand-père vous aurez surement dit que ceux qui ne vous apprécie pas comme vous êtes, ne méritent pas votre amitié et j’aime à croire qu’il avait raison… »

Ils avaient presque le même caractère, à quelques différences. Elle aussi ne plaisait pas à grand monde et à dire vrai, c’était le dernier de ses soucis. Pour elle les véritables amis se comptaient sur les doigts d’une main et c’était bien mieux ainsi plutôt que de s’encombrer de personnes plus hypocrites les unes que les autres.

« On a tous fait des conneries à un moment ou à un autre et je serais très mal placée pour vous juger… Je n’y étais pas, je ne sais donc pas dans quelles circonstances vous étiez et quoi que vous ayez fait, c’est entre vous et votre Dieu ! »

La belle O’Bannion était bien la dernière personne qui pouvait se permettre de le juger, premièrement parce qu’elle n’était pas comme ça, elle savait que les apparences étaient souvent trompeuses, elle en était même la preuve et deuxièmement parce qu’elle-même trainait derrière elle un passé assez lourd et pas très glorieux pour beaucoup de gens.

« Vous pouvez aller très loin si vous le voulez, laissez-moi vous aider à réaliser vos rêves et croyez moi, quand vous y arriverez, tout ceci vous paraitra d’une telle futilité que vous en rirez… »